DIABÈTE 17 © Lille/Phanie © Alix/Phanie Sommaire • Poids économique et social • Diabète de type 2 • Insulines • Insulinorésistance • Diabète et grossesse • HTA et hypercholestérolémie • Artériopathie • Affections oculaires • Insuffisance rénale • Activité physique et nutrition • Obésité Réalisé avec la participation de notre publication Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition Métabolismes Hormones Diabètes N et utrition Diabète sucré Une réalité galopante L e diabète sucré est un des premiers responsables du “risque cardiovasculaire”. C’est un des fléaux de nos sociétés occidentales, car il est cause de complications qui altèrent le quotidien des sujets touchés et est responsable d’un nombre considérable de décès. Pour les points importants, quatre aspects essentiels qui sans être exclusifs peuvent être soulignés : la fréquence croissante du diabète sucré, son meilleur dépistage, la sensibilisation aux nécessités de prise en charge et les progrès thérapeutiques. Un symptôme biologique L’inflation glycémique n’est qu’un symptôme biologique qui relève de mécanismes physiopathologiques variés. Deux entités dominent la scène : le diabète de la maturité, dit de type 2, qui relève d’un mécanisme composite associant la résistance tissulaire à l’action de l’insuline et un défaut relatif de l’insulinosécrétion, d’une part, et le diabète de type 1, par insulinopénie absolue liée à la destruction des cellules ß des îlots de Langerhans pancréatiques responsables de la production d’insuline, d’autre part. Si le diabète de type 1 a une incidence relativement constante, le type 2 voit sa fréquence s’accroître de façon exponentielle dans les pays industrialisés, dont le nôtre. >> DOSSIER Dia = à travers, beten = passer. L’éthymologie du mot diabète décrit bien la réalité pathologique. À l’instar du diabète insipide, où le rein laisse échapper l’eau, ou du diabète sodé de l’addisonien incapable d’empêcher la fuite sodée, le diabète sucré est caractérisé par l’impossibilité pour l’organisme de retenir le glucose. Ce dernier suit un chemin de traverse sans être utilisé. Les conséquences directes ou non en sont multiples, infectieuses, dégénératives et surtout vasculaires. Le diabète sucré est une réalité galopante aux objectifs thérapeutiques heureusement de mieux en mieux ciblés. Modes de vie aberrants Pourquoi ? Parce qu’à une prédisposition polygénique s’associent des phénomènes révélateurs, parmi lesquels dominent les aberrations diététiques et la sédentarité. Ces deux facteurs essentiels ont pour conséquence une tendance au surpoids et, consécutivement, à “l’insulinorésistance”, élément géniteur clé de l’inflation glycémique et de ses redoutables complications. Par ailleurs, l’abaissement du seuil de glycémie définissant le diabète sucré (< 1,26 g/l à jeun, soit 7 mmol/l, et/ou 2 g/l en postprandial, soit 11 mmol/l) participe à cette inflation de la fréquence du diabète. Il ne s’agit pas là d’une vue alarmiste mais bien d’une reconnaissance plus précise du rôle délétère de l’élévation glycémique sur le risque de complica- >> Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 18 DOSSIER >> DOSSIER >> Infos ... Les îlots de Langerhans En 1869, Paul Langerhans décrivit les îlots qui portent son nom et qui sécrètent l’insuline. À cette époque, on n’avait pas encore individualisé l’insuline et on disait : “Le diabétique, s’il ne se soigne pas, sera emporté par la tuberculose ; s’il se soigne, il succombera au coma acétonémique.” Source Alfediam tions, notamment oculaires et cardiovasculaires. Le diabète de type 2 est aujourd’hui bien souvent identifié lorsqu’il a déjà engendré ses complications vasculaires. Le challenge est donc à la fois de le dépister précocement, de prévenir ses complications et, de façon optimale, d’empêcher son apparition chez des sujets prédisposés. Traitements Le dépistage ne repose pas sur la détection de la glycosurie, mesure de l’âge des “goûteurs d’urines” des siècles passés, mais sur la détermination de la glycémie à jeun, qui est heureusement de plus en plus usuelle dans les bilans biologiques actuels. Une fois identifié, le diabète impose un traitement pour en prévenir, à juste titre, le retentissement. Application de règles diététiques (suffisamment adaptées au patient pour être suivies), réduction de la sédentarité et, si besoin, action médicamenteuse contre l’insulinorésistance représentent une première approche. Dans cet objectif, la metformine et les plus récemment disponibles thiazolidinediones représentent des armes thérapeutiques de choix. Il s’agit là d’une première mesure de prévention des complications. Lorsqu’à l’insulinorésistance s’associe un déficit relatif de la production d’insuline, le recours à des médications stimulant l’insulinosécrétion par les cellules ß des îlots de Langerhans devient légitime. C’est l’objectif de la prescription de sulfamides hypoglycémiants. À ces outils, dont certains sont déjà anciens, s’adjoindront dans un proche avenir d’autres médications insulinosécrétrices comme les analogues du GLP-1 (Glucagon-Like Peptide), puissant stimulant physiologique de la sécrétion d’insuline. La cellule ß langerhansienne n’est cependant pas inépuisable, et le recours à l’apport exogène d’insuline s’avère de plus en plus sou- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 vent nécessaire pour l’obtention d’un meilleur équilibre glycémique. En attendant l’insuline orale ou nasale, encore du domaine de la recherche thérapeutique, l’insulinothérapie optimisée par pompe externe ou implantable (couplée à un capteur de détection du glucose) se développe et a pour objectif l’obtention d’un équilibre glycémique le plus physiologique possible, toujours dans le but de prévenir les complications dégénératives. Au demeurant, celles-ci nécessitent une approche thérapeutique spécifique incluant antihypertenseurs, néphro-protecteurs (comme les inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou les antagonistes de l’angiotensine II), antiagrégants plaquettaires et hypolipémiants. Dans ce dernier domaine, les inhibiteurs de l’HMGCOA réductase (les “statines”) ont démontré, dans de nombreuses études prospectives, leur efficacité dans la prévention des accidents cardiovasculaires chez les diabétiques. Les progrès obtenus dans le domaine des greffes de cellules ß pancréatiques sont indiscutables, mais les possibilités restent à ce jour limitées aux diabètes de type 1 incontrôlables par les autres méthodes thérapeutiques. Le reconditionnement de cellules souches en cellules insulinosécrétrices est d’un avenir prometteur, mais est encore du domaine de la recherche. Détection précoce Dans l’immédiat, la meilleure approche reste donc celle d’une détection précoce du diabète, d’une éducation du patient, étape où le rôle de l’infirmière est essentiel, et d’une optimisation de l’équilibre glycémique à l’aide de la diététique, de la promotion de l’exercice physique et des médications stimulant ou mimant la sécrétion d’insuline et/ou luttant contre l’insulinorésistance. Il s’agit là, en effet, d’un facteur pathogène majeur dans l’apparition des complications. Si les progrès dans les thérapeu- tiques du diabète avéré sont considérables, le meilleur traitement en reste la prévention (ainsi que celle de ses complications) associée aux efforts d’éducation à la santé. L’éducation et la responsabilisation des patients sont dans ce domaine des facteurs essentiels. Une telle politique devrait, à terme, porter ses fruits. Pr Jean-Marc Kuhn rédacteur en chef de Métabolismes, Hormones, Diabètes et Nutrition Service d’endocrinologie, diabète et maladies métaboliques, CHU Rouen. Un peu d’histoire Susruta, dès l’Antiquité, évoquait ce qu’il appelait : “l’urine de miel, cette maladie qui frappe les riches... le malade maigrit, se fatigue, la soif est importante, les mictions nombreuses. Les fourmis s’attroupent autour de l’urine, les infections sont fréquentes”. Au cours des siècles, on comprit que le pancréas était l’organe nécessaire pour la régulation de la glycémie. En 1855, Eduard von Jaeger décrivit une rétinopathie diabétique et en fit le dessin ; on y voit des exsudats et des hémorragies. Le développement de l’ophtalmoscope permit l’essor de l’examen du fond d’œil du diabétique. Avec l’utilisation de l’insuline en 1923 par Banting et Best, qui leur valut le prix Nobel, le traitement du diabète s’améliora nettement à compter de cette date. Le premier vrai traitement de la rétinopathie diabétique (RD) fut fait par Meyer-Schwickerath dans les années soixante, par photocoagulation. L’introduction de l’angiographie fluorescéinique permit de mieux définir les stratégies thérapeutiques. Source Alfediam DIABÈTE 19 Poids économique et social Des coûts difficiles à chiffrer, mais réels Le diabète est une maladie redoutable par ses complications. Celles-ci comprennent notamment la rétinopathie diabétique, l’insuffisance rénale, les cardiopathies, la neuropathie diabétique, l’ulcération des pieds et l’amputation. La maladie, considérée comme une épidémie mondiale, requiert à elle seule environ 8 % en moyenne du budget total de la santé des pays développés. Les différents coûts Les coûts du diabète ne sont pas seulement d’ordre financier. Ils se mesurent d’abord en souffrances, inconfort, anxiété et autres désagréments diminuant la qualité de vie. Ainsi, le diabétique peut devoir renoncer à certaines activités pour se faire soigner, faire l’objet de mesures discriminatoires à son travail, avoir davantage de difficultés à trouver un emploi et voir sa vie professionnelle abrégée en raison des complications entraînant des incapaci- tés prématurées, voire la mort. Les relations sociales, les loisirs, la mobilité peuvent aussi être entravés. Enfin, le traitement du diabète, notamment l’injection d’insuline et les contrôles, peut demander beaucoup de temps et entraîner des désagréments et de l’inconfort. En ce qui concerne les coûts matériels proprement dits, on peut distinguer les coûts directs et les coûts indirects. Les coûts directs atteignent en premier les malades et leurs familles. Ce sont, entre autres, ceux des soins médicaux, des médicaments, de l’insuline et autres dispositifs. À cela peut s’ajouter, par exemple, un relèvement des cotisations d’assurance vie et d’assurance automobile. En second lieu, pour l’Assurance maladie, les coûts directs englobent ceux des services hospitaliers et des prestations médicales, des examens de laboratoire et de la prise en charge quotidienne (insuline, seringues, agents hypoglycémiants administrés par voie orale, analyses de sang, etc.). Ils deviennent extrêmement élevés quand il s’agit d’hospitalisations de longue durée nécessaires au traitement des complications. Dans la plupart des pays, les hospitalisations pour les complications à long terme (accidents vasculaires cardiaques ou cérébraux, insuffisance rénale, pathologies des membres inférieurs) représentent le poste le plus important de dépenses relatives au diabète. Certains coûts dits indirects sont induits par la diminution de la productivité. En effet, certains dia- bétiques ne sont plus en mesure de travailler ou, du moins, de travailler aussi efficacement qu’avant leur maladie. D’où les congés maladie, les incapacités, les mises à la retraite anticipée et les décès prématurés liés au diabète, etc. Il n’est certes pas facile d’estimer les coûts de cette perte de productivité pour la société, mais ils existent. La prévention Pourtant, en diagnostiquant rapidement le diabète, en informant efficacement les patients et les professionnels et en assurant des soins globaux sur le long terme, les complications du diabète qui en sont les causes pourraient régresser. Par ailleurs, une prévention efficace passe par celle de l’apparition du diabète lui-même (prévention primaire) et, à défaut, par celle de ses conséquences immédiates ou à plus longue échéance (prévention secondaire). La prévention primaire concerne les modifications du mode de vie (régime alimentaire approprié et augmentation de l’activité physique, avec la baisse de poids qui en résulte) et les programmes éducatifs continus, qui, en outre, ont des effets sur l’obésité, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. La prévention secondaire repose, entre autres, sur le dépistage, la prévention et le traitement précoces. Le traitement de l’hypertension artérielle et de l’hyperlipémie ainsi que le contrôle de la glycémie peuvent réduire sensiblement le risque de complica- >> DOSSIER L e diabète prélève une part toujours plus importante des budgets nationaux de la santé alors que le nombre de ceux qui en sont atteints augmente partout dans le monde. Or, en l’absence de prévention primaire, l’épidémie de diabète va continuer de s’étendre. En 1985, on estimait à 30 millions le nombre des diabétiques dans le monde. En 1995, il était monté à 135 millions et, selon les dernières estimations de l’OMS, il était de 177 millions en 2000 ; il devrait atteindre au moins les 300 millions d’ici à 2025. Le nombre de décès attribués au diabète a été estimé à un peu plus de 800 000, mais on sait depuis longtemps que ce chiffre a été largement sous-estimé. En réalité, il est plus probable qu’il se situe aux alentours de 4 millions de morts par an, soit 9 % de la mortalité totale. La plupart de ces décès se produisent à un âge prématuré où les personnes sont encore économiquement actives dans la société. >> Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 20 DOSSIER >> DOSSIER >> tions et ralentir leur évolution dans toutes les formes de diabète. Des soins appropriés des pieds permettent d’obtenir une diminution de la fréquence et de la durée des hospitalisations, et de réduire notablement l’incidence des amputations. Le dépistage et le traitement précoces des rétinopathies permettent d’éviter la cécité. Le traitement de la protéinurie est une autre mesure qui permet de prévenir ou de ralentir la progression vers l’insuffisance rénale. Les mesures visant à diminuer la consommation de tabac contribuent également à la prise en charge du diabète. Par exemple, on a établi que le tabagisme associé à un mauvais contrôle de la glycémie a une forte relation de cause à effet avec l’hypertension et les cardiopathies chez les diabétiques, comme chez les nondiabétiques d’ailleurs. Lorsqu’on parle de diabète, il s’agit principalement du diabète sucré. Le diabète de type 1 Infos ... Contrôler sa glycémie Les diabétiques de type 2 peuvent habituellement contrôler leur taux de glycémie en suivant un régime alimentaire spécifique et en adoptant un programme régulier d’activité physique. Lorsque ces mesures s’avèrent insuffisantes, on aura recours à des médicaments oraux qui ont pour effet de stimuler la production d’insuline ou d’augmenter son absorption. Avec 10 % des cas, le diabète de type 1, ou insulinodépendant, est beaucoup moins fréquent que le diabète de type 2. Il touche essentiellement le sujet jeune et reste très contraignant. Seules des injections quotidiennes d’insuline faites au bon moment en utilisant un lecteur de glycémie pour évaluer le taux de sucre dans le sang permettent de contrôler la maladie, sans toutefois la guérir. Le diabète de type 1 est provoqué par l’autodestruction des cellules bêta situées dans le pancréas. Ces cellules sont en fait spécialisées dans la production de l’insuline, seule hormone capable de faire baisser le taux de sucre dans le sang. En cas de diabète, les cellules bêta, détruites, ne remplissent plus leur fonction. Le diabète de type 2 Diabète non insulinodépendant, le diabète de type 2 est le plus courant et le plus préoccupant aujourd’hui. Il apparaît généralement vers l’âge de quarante ans Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 et touche souvent les personnes qui ont une histoire familiale de diabète ou qui souffrent d’obésité. Cependant, son apparition est encore souvent fortuite, alors qu’il a déjà commencé sournoisement et lentement son œuvre de détérioration. On estime que près de la moitié des personnes qui souffrent de ce type de diabète ne sont pas diagnostiquées. Dans ce type de diabète, l’insuline produite par le pancréas est insuffisante ou, si elle est suffisante, l’organisme est incapable de s’en servir pour métaboliser le sucre. Si l’on ne connaît pas les mécanismes en cause on croit cependant que des antécédents génétiques jouent un rôle. ALP Petit lexique • Acido-cétose : carence en insuline provoquant un accroissement du catabolisme lipidique aboutissant à la formation d’acides gras libres, favorisant la synthèse des corps cétoniques. Terme ultime de la décompensation métabolique du diabète sucré. • ADO – Sulfamides hypoglycémiants : stimulent la sécrétion d’insuline basale et induite par le glucose. Potentialisent le transport de l’insuline et le stockage du glucose. – Biguanides : potentialisent l’action de l’insuline au niveau des cellules cibles (foie et muscle). Réduisent la néoglucogénèse hépatique et l’absorption intestinale des glucides. – Inhibiteurs de l’α-glucosidase : inhibent le dernier stade de la digestion des sucres. – Glinides : stimulent la sécrétion d’insuline induite par le glucose. – Thiazolidinediones : potentialisent la sensibilité à l’insuline. • Coma hyperosmolaire : survient le plus souvent chez un sujet âgé à l’occasion d’une déshydratation. • Microangiopathie : altération de la paroi des microvaisseaux et du contenue vasculaire, les organes touchés sont la rétine et le rein. • Macroangiopathie : athérosclérose qui peut atteindre tous les vaisseaux. • Neuropathie : atteinte des systèmes nerveux périphériques, plus rarement atteinte du système végétatif. • Diététique : il est primordial quel que soit le type de diabète, de : – contrôler son poids en assurant un apport nutritionnel équilibré et adapté ; – éviter ou minimiser les fluctuations glycémiques ; – participer au contrôle des facteurs de risques cardio-vasculaires ; – aider à réduire l’évolution de certaines complications microvasculaires. • Éducation : fondamentale car la prévention des complications aiguës et chroniques dépend de la compréhension de la pathologie. • HbA1c (Hémoglobine glycosylée) : pourcentage de fixation du glucose sur l’hémoglobine, elle reflète la moyenne des glycémies sur les 2 à 3 derniers mois (N : 4-6 %). • Hypoglycémie : complication aiguë la plus fréquente, glycémie < 0,60 g/l (3,3 mmol) : – Signes cliniques : modification du comportement, sueurs, troubles visuels, tremblements, fringales... • Syndrome X : Hypertension artérielle, Hyperglycémie, Hyperinsulinisme, Insulino-résistance, Dyslipidémie. • Syndrome cardinal : polyurie, polydipsie, polyphagie, amaigrissement. • Insulinothérapie : de nombreuses techniques de traitement sont utilisées, qui visent toutes à concilier confort et efficacité. Il n’existe pas de technique idéale pour tous les diabétiques mais une certaine technique pour un diabétique donné. La répartition de l’insulinothérapie doit être étudiée pour respecter les besoins théoriques totaux, en fonction de l’activité physique, de l’alimentation, et du rythme de vie. Source Alfediam DIABÈTE 21 Diabète de type 2 De nouvelles stratégies thérapeutiques L’ un des enjeux majeurs des années à venir est de répondre à la forte augmentation de la prévalence du diabète de type 2 et de combler les insuffisances de la prise en charge de cette pathologie : retards diagnostiques, irrégularité du suivi, fréquence des complications, sous-estimation du potentiel évolutif de la maladie. Surveiller l’équilibre glycémique Les bénéfices liés à une prise en charge intensive de l’équilibre glycémique et des autres facteurs de risque cardiovasculaire (HTA, dyslipidémies, tabagisme) sont démontrés. Comme le montrent des grandes études d’intervention dans le diabète, une baisse de 1 % de l’hémoglobine glyquée permet une réduction de 25 % des complications microvasculaires. Force est de constater que le diabète apparaît comme une défaillance insulinosécrétoire progressive et que cet épuisement semble inexorable, quel que soit le mode thérapeutique. Le pancréas est le coupable désigné. Mais il faut savoir que les premières manifestations biologiques remontent à bien avant l’apparition du diabète. Elles sont associées à l’insulinorésistance, laquelle impose des besoins accrus en insuline auxquels le pancréas n’arrive pas à faire face. En revanche, un sujet obèse sans anomalie du pancréas (on peut être obèse sans être diabétique) répondra par une hyperinsulinémie permettant de maintenir l’homéostasie glycémique. Les causes de cette insulinodéficience progressive restent débattues (gènes candidats, sédentarité). Cette anomalie du pancréas est d’abord de nature fonctionnelle, au moins pendant un certain temps. L’hyperglycémie chronique intervient par un mécanisme de glucotoxicité au niveau des cellules bêta des îlots de Langerhans, et on s’est aperçu plus récemment que ces derniers peuvent aussi être la cible des acides gras circulants (lipotoxicité). D’où l’aggravation de la défaillance des cellules bêta. Il existe aussi une anomalie organique de la sécrétion d’insuline dans le diabète de type 2, à savoir une diminution de 20 à 40 % de la masse des îlots de Langerhans. Cependant, on ignore quand celle-ci apparaît dans l’histoire évolutive du diabète. Régime et activité physique Rappelons que le traitement du diabète débute toujours par 4 à 6 mois d’un régime visant à améliorer l’équilibre alimentaire et par l’augmentation de l’activité physique. La contraction musculaire augmente l’utilisation du glucose et, à plus long terme, améliore la sensibilité à l’insuline. Si ces mesures sont insuffisantes, l’Anaes propose le schéma d’empilement des médicaments, en commençant par un seul médicament, avec comme objectif idéal une hémoglobine glyquée (HbA1c) à 6,5 %, et à 7 % chez les plus de 60 ans. Les chiffres supérieurs à ces valeurs justifient le passage à une bithérapie, qui s’impose si l’HbA1c est supérieure ou égale à 8 % ; la décision est laissée au au prescripteur sur la base du rapport bénéfice/risque lorsque l’HbA1c se situe entre 6,5 et 8 %. À noter que l’HbA1c doit être dosée tous les 3 à 4 mois afin de vérifier si le diabète est suffisamment contrôlé par le traitement et si le patient bénéficie d’une prévention des complications de micro- et de macroangiopathie. En cas d’échec de la bithérapie à doses maximales (association glibenclamide 15 mg + metformine 2 550 mg), l’insulinothérapie doit être discutée. Selon le Dr S. Jacqueminet, le niveau d’HbA1c définissant l’échec thérapeutique des hypoglycémiants oraux a été fixé arbitrairement à 8 %. Toutefois, il semble plus cohérent de le fixer à 7 %, ce qui correspond à une glycémie moyenne de 1,50 à 1,60 g/l. Concernant les deux études portant sur la trithérapie (metformine + sulfamide glitazone), le bénéfice est apparu variable en fonction de la capacité insulino-sécrétoire résiduelle : si cette dernière est trop faible, il ne faut pas retarder l’heure de l’insulinothérapie. De même, aux yeux du Dr S. Jacqueminet, les recommandations de l’Anaes sont dépassées quant au choix de la metformine à partir d’un index de masse corporelle supérieur à 28, car ce médicament devrait être conseillé dès qu’il existe une surcharge pondérale (soit un index de masse corporelle supérieur ou égal à 25). En outre, il a été démontré que le bénéfice par l’augmentation des sulfamides aux doses maximales est très inférieur à celui noté avec l’association à la metformine. >> DOSSIER Actuellement, en France, on compte environ 2 millions de diabétiques de type 2 connus, avec une augmentation annuelle de 3 %. On attend que la nouvelle stratégie thérapeutique basée sur la physiopathologie fasse ses preuves, tant au niveau de la défaillance insulinosécrétoire progressive qu’en ce qui concerne le bénéfice cardiovasculaire de l’insuline et des glitazones. >> Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 22 DOSSIER >> DOSSIER >> Infos ... Quelques chiffres En France, 90 % des diabétiques sont de type 2, 10 % de type 1. Parmi tous ces patients, tous types confondus, après 10 ans d’évolution, 10 % auront une rétinopathie et 20 % une coronaropathie. Pour éviter, dans la mesure du possible, ces complications, le challenge est de déterminer au mieux le schéma thérapeutique optimal. Par ailleurs, il serait logique d’associer la metformine à une glitazone dans l’espoir de freiner le processus de défaillance insulinosécrétoire, la metformine agissant préférentiellement au niveau du foie et les glitazones au niveau du muscle. Quant aux glinides, ils semblent avoir un intérêt essentiellement pour contrôler les pics hyperglycémiques postprandiaux suivant le petit déjeuner et le dîner, tout en évitant de provoquer des hypoglycémies de fin d’après-midi. Les médicaments À l’heure actuelle, cinq classes médicamenteuses hypoglycémiantes sont disponibles. • La metformine, qui diminue la production hépatique du glucose, n’entraîne pas de prise de poids. Son bénéfice sur la morbimortalité cardiovasculaire et son bénéfice cardiovasculaire, indépendamment de son action hypoglycémiante, ont été démontrés au cours de l’étude UKPDS (une diminution de 36 % de la mortalité globale). Son point faible réside dans l’existence d’un risque d’acidose lactique, certes faible (1/30 000 patients/an), mais grave, qui impose le respect des contre-indications, à savoir essentiellement l’insuffisance rénale ou hépatique, mais aussi l’insuffisance cardiaque. • Les sulfamides hypoglycémiants agissent en stimulant l’insulinosécrétion. Leur tolérance est en général bonne en dehors des rares allergies aux sulfamides, mais ils s’accompagnent d’une prise de poids (2 à 5 kg) et ont pour inconvénient de provoquer l’hypoglycémie, redoutée notamment chez le sujet âgé. • Les inhibiteurs des alpha-glucosidases ralentissent l’absorption intestinale des glucides et abaissent donc la glycémie postprandiale. Cependant, leur puissance d’action est faible et le traitement est souvent abandonné en raison de sa mauvaise tolérance digestive. • Les glinides (répaglinide) agissent de façon similaire aux sulfa- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 mides hypoglycémiants. Toutefois, leur durée d’action est plus courte (6 à 12 heures), mais ils entraînent moins d’hypoglycémies et peuvent être prescrits en cas d’insuffisance rénale. • Les glitazones (pioglitazone et rosiglitazone) sont des nouvelles venues de la pharmacopée antidiabétique. Ces molécules “sensibilisatrices” sont des agonistes des récepteurs nucléaires PPAR gamma qui se trouvent principalement au niveau du tissu adipeux. Certes, les glitazones entraînent une prise de poids, mais il s’agit d’une modification de la répartition des graisses, avec une diminution de la graisse périviscérale au profit du tissu adipeux périphérique, fait de petits adipocytes très sensibles à l’insuline. Cet effet permettrait de stocker les acides gras circulants, dont on connaît le rôle central dans la genèse de l’insulinorésistance. Il a été suggéré que leur effet protecteur éventuel vis-à-vis des cellules insulinosécrétrices pourrait s’expliquer par leur action sur le cercle vicieux de la gluco-lipotoxicité. L’étude TRIPOD a montré, sur une période de 2,5 ans, une réduction de l’apparition du diabète de 56 % chez les femmes ayant eu un diabète gestationnel, bref une possibilité de protéger ces patientes au moins pendant un temps. Les glitazones n’ont obtenu l’AMM qu’en bithérapie et leur principale contre-indication est l’insuffisance cardiaque. Ludmila Couturier Entretiens de Bichat 2004 L’éducation du patient : une mission pour les infirmiers L’éducation thérapeutique consiste pour les soignants à transmettre au patient leurs savoirs et pratiques afin qu’il puisse soigner sa maladie. Le patient diabétique doit être le principal acteur du traitement de son diabète. C’est pourquoi le patient diabétique doit recevoir toutes les informations nécessaires au bon suivi de sa maladie. Aussi, l’éducation thérapeutique est un soin et fait partie intégrante du traitement des patients atteints de diabète. En diabétologie, l’éducation est un travail d’équipe qui relève de nombreux domaines. L’objectif est d’obtenir un équilibre glycémique satisfaisant et d’encourager le patient à mener une vie saine. Tous les soignants sont donc acteurs dans cet apprentissage du patient : – le médecin pour la connaissance de la maladie, des traitements et de leur adaptation, – l’infirmier et l’aide-soignant pour le savoir-faire technique de l’autosurveillance et de l’administration des traitements, – le diététicien pour la connaissance de l’équilibre alimentaire, – les autres acteurs de santé, souvent moins présents mais tout aussi importants : podologues, psychologues, kinésithérapeutes. L’éducation doit être un dialogue s’appuyant très souvent sur des événements passés, des mises en situation... Elle doit être évaluée afin d’être améliorée et validée. Il ne s’agit pas pour les soignants d’enseigner la diabétologie, mais de s’assurer du savoir-faire des patients diabétiques dans le traitement quotidien du diabète et dans des situations particulières telles que l’hypoglycémie, la maladie (vomissements, nausées...), les voyages, le sport, etc. Les choses évoluant dans la vie du patient mais aussi dans les études scientifiques, le patient diabétique doit avoir des contacts réguliers avec les soignants afin d’actualiser ses connaissances et d’améliorer ses pratiques dans le traitement de sa maladie. DIABÈTE 23 Insulines Quand l’indication devient incontournable La surveillance des taux d’hémoglobine glyquée, notamment, permet de déterminer le moment adéquat où, le régime diététique et un traitement oral ne suffisant plus, le passage à l’insuline devient inévitable. Celui-ci peut se faire en urgence, en cas de complications, en cas de grossesse... L La mise sous insuline des diabétiques de type 2 est, en France, de plus en plus fréquente. Il s’agit de patients non équilibrés par le traitement oral et n’ayant pas perdu suffisamment de poids. Un des critères de choix est alors le taux d’hémoglobine glycosylée. Si le taux de cette dernière est supérieur à 6,5 %, l’objectif est considéré comme atteint et les risques du diabète sont limités. Si le taux est compris entre 6,6 et 8 %, la monothérapie est fonction du poids. Si l’IMC est inférieur à Diabète de type 2 Régime et activité physique échec HA1c > 8 % 6,6 < HA1c < 8 HA1c < 6,5 % Monothérapie monothérapie garder le même traitement Échec bithérapie à doses maximales Échec insulinothérapie 28 kg/m2, on prescrit des sulfamides hypoglycémiants, et, s’il est supérieur à 28 kg/m2, de la metformine. En cas d’échec au troisième mois, on prescrira une bithérapie orale. Pour certains, dès ce stade, l’insulinothérapie est indiquée lorsque le taux d’hémoglobine est supérieur à 8 %, associée ou non à la metformine. Quelles sont ces insulines ? Les insulines sont des protéines produites dans le pancréas. On distingue trois sortes d’insulines : les insulines animales, les insulines humaines et les analogues de l’insuline. La première insuline utilisée en thérapeutique, aujourd’hui retirée du marché, a d’abord été extraite du pancréas de porcs ou de bovins, l’insuline de porc différant de l’insuline humaine par un acide aminé, celle de bovins par trois acides aminés. On a cherché une purification de plus en plus poussée de cette insuline d’origine animale, purification obtenue par chromatographie, ce qui a permis d’obtenir des insulines appelées “monopic” ou “mono-composé”. Dans un deuxième temps, l’insuline animale a été remplacée par de l’insuline humaine, obtenue soit par transformation de l’insuline de porc par procédé chimique, soit par synthèse bactérienne de la chaîne A puis de la chaîne B, qu’il faut lier chimiquement et purifier par la suite. L’intérêt d’avoir des insulines de plus en plus purifiées et, si possible, identiques à l’insuline humaine, est de diminuer, entre autres, le risque de formation d’anticorps. >> DOSSIER Les raisons du changement Arbre décisionnel © Raguet/Phanie e passage à l’insuline peut se faire dans différentes situations : en urgence et, de manière indiscutable, en cas de complications telles que la survenue d’une acidocétose ou d’un coma hyperosmolaire, en cas de grossesse et de contrôle insuffisant de la glycémie par un traitement oral. Il est aussi nécessaire de passer à l’insuline en cas d’infections sévères et d’apparition d’une complication neuropathique ou néphropathique, coronaropathique. L’indication est incontournable également lorsqu’une chirurgie lourde est envisagée, s’il existe une contre-indication à un traitement par voie orale ou lors d’une alimentation parentérale. A côté de ces situations aiguës, les conditions sont également réunies en cas d’insuffisance du traitement oral maximal, lié à une perte de poids diététique elle aussi insuffisante. L’existence de signes révélateurs de complications est aussi un baromètre de passage nécessaire à une insulinothérapie. >> Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 24 DOSSIER >> DOSSIER >> Infos ... Les lecteurs de glycémie Les lecteurs de glycémie sont indispensables pour les diabétiques de type 1. En effet, c’est en fonction des mesures pluriquotidiennes de la glycémie que le traitement est adapté, évitant ainsi un surdosage ou un sous-dosage de l’insuline. Les diabétiques de type 2 bien équilibrés n’ont a priori pas besoin de lecteur glycémique. Cependant, cette autosurveillance peut permettre au patient de prendre conscience de sa maladie, de suivre ses progrès, d’adapter luimême son traitement et de détecter une aggravation ou un échappement au traitement instauré. Les insulines humaines ont la même structure que celle de l’insuline formée dans le pancréas humain et sont fabriquées exclusivement par génie génétique, c’est-à-dire à partir de bactéries ou de levures génétiquement modifiées. Aujourd’hui, des analogues de l’insuline se distinguent de l’insuline humaine par un ou deux acides aminés. Ces produits sont également obtenus par génie génétique et diffèrent légèrement des insulines humaines par leur cinétique (début de l’effet thérapeutique rapide ou différé). Les insulines diffèrent entre elles par leur formulation et/ou par la composition de leurs acides aminés, facteurs qui déterminent la rapidité d’initiation de l’action thérapeutique, le moment où cette action est la plus forte et sa durée. Les insulines à action prolongée sont utilisées pour contrôler le taux de glucose dans le sang entre les repas ou pendant la nuit. Les insulines à profil d’action rapide sont en général administrées avant un repas dans le but de contrôler l’élévation du taux de glucose qui se produit après le repas. Comme pour tout médicament produit par génie génétique, les règlements et les exigences qui s’appliquent sur le plan international, et qui garantissent une qualité bien définie et constante, doivent être satisfaits. La sécurité et l’efficacité des insulines humaines et des analogues de l’insuline ont été confirmées par des études cliniques. Ces insulines font aujourd’hui partie intégrante de l’arsenal thérapeutique du diabète. Dosage et complications Une complication bien connue de tous les traitements à l’insuline, et pouvant mettre la vie en danger, est l’hypoglycémie (taux de glucose trop faible dans le sang). On atteint le stade de l’hypoglycémie quand le corps reçoit plus d’insuline qu’il n’en a besoin à un moment donné. Il est important de respecter la régularité des Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 injections et des repas. Des changements ayant trait à la posologie journalière, au fabricant, au type d’insuline ou à son espèce peuvent nécessiter une adaptation du dosage. La plupart des patients sont capables de reconnaître d’euxmêmes et à temps les signes d’une hypoglycémie. Cependant, chez certains patients, les signes d’alarme de l’hypoglycémie peuvent être affaiblis. Cet état de fait est à prendre particulièrement en considération lorsque le taux de glucose dans le sang est ajusté à un niveau aussi bas que possible, chez les patients diabétiques de longue date, et lors d’un changement d’insuline. Les formes d’administration Aujourd’hui les injections d’insuline sont faites grâce à des stylos, qui facilitent le traitement et préser- vent la qualité de vie du patient. Chaque fabricant d’insuline recommande l’utilisation d’un stylo particulier. Cependant, certaines cartouches de fabricants différents ont le même format, et sont utilisables dans les mêmes stylos. En bref, les cartouches diffèrent par la mise en place de l’aiguille, plus ou moins longue, par un diamètre plus ou moins petit, etc. Il existe une cinquantaine de présentations d’insuline humaine, toutes contenant 100 unités par millilitre. L’administration d’insuline par pompe à vitesse d’injection programmable, pompes externes et pompes implantables, est possible. L’administration par voie nasale et l’apport d’insuline par des greffes de cellules de Langerhans en sont actuellement à des stades plus ou moins avancés de la recherche. ALP L’insuline et ses effets indésirables • Hypoglycémie se traduisant par une sensation de faim, des sueurs, un épuisement musculaire, des troubles neuropsychiques, voire un coma en cas de surdosage. L’hypoglycémie peut être corrigée par la prise de sucre par voie buccale ou, si nécessaire, par perfusion intraveineuse, ou encore par injection d’un hyperglycémiant comme le glucagon ou le diazoxide, dans l’attente de la prise de glucose. • Insulinorésistance nécessitant une augmentation de la posologie. • Réactions locales aux injections d’insuline : prurit, induration, atrophie ou hypertrophie du tissu adipeux local. • Diminution du potassium plasmatique. Conservation de l’insuline Règles à mémoriser : – les flacons, cartouches ou stylos jetables en réserve doivent être conservés au réfrigérateur ; – les flacons, cartouches ou stylos jetables entamés doivent être conservés à température ambiante ; – en dehors des patients qui ont de très petits besoins d’insuline (< 10 unités/ jour), la dégradation de l’insuline à température ambiante est, le plus souvent, trop lente pour avoir des conséquences ; – l’insuline craint beaucoup plus le gel que la chaleur ; elle doit donc être gardée dans le bac à légumes du réfrigérateur et ne doit pas voyager au contact d’un pain de glace dans une glacière ou dans la soute d’un avion. Aux sports d’hiver, la garder dans une poche intérieure du manteau ; – l’insuline craint les chaleurs élevées et la lumière ; – toujours injecter l’insuline à la même température (cela limite un facteur de variabilité dans son absorption) ; – les insulines à longue durée d’action doivent êtres agitées au moins 10 fois avant l’injection, de haut en bas, jusqu’à complète homogénéité. Novonordisc, p. 9 26 DOSSIER Insulinorésistance Infos ... Classification de diabète Depuis 1997, la classification des diabètes sucrés a changé puisqu’elle repose sur les mécanismes physiopathologiques responsables du diabète et non plus sur le type de traitement. Ainsi, les termes “insulinodépendant” et “noninsulino-dépendant” sont dépassés et remplacés respectivement par “diabète de type 1” et “diabète de type 2”. L’insulinorésistance est définie comme une réduction de l’action de l’insuline sur les tissus cibles, d’où une altération du métabolisme glucidolipidique. C’est aussi un facteur de risque vasculaire, tant pour les événements coronariens que pour les événements vasculaires neurologiques, et ce dès le stade de l’intolérance au glucose. L’ insulinorésistance peut s’observer dans des situations physiologiques comme la grossesse ou la restriction calorique. Dans des situations pathologiques telles que le stress en réanimation, la stéatose hépatique non alcoolique, l’obésité et certaines thérapeutiques (corticothérapie, immunosuppression du greffé, traitement antirétroviral du sida), le risque d’évolution vers le diabète dépend probablement de nombreux facteurs, dont une prédisposition génétique. Le syndrome métabolique Dans l’histoire naturelle du diabète non insulinodépendant, il semble que l’insulinorésistance augmente au fur et à mesure de l’aggravation de l’obésité androïde, passant, à un moment donné, à l’intolérance au glucose, puis au diabète de type 2. Ce n’est pas non plus un hasard si l’insulinorésistance s’associe fréquemment à un profil lipidique athérogène, à une HTA et à un surpoids. On appelle cette association le syndrome métabolique (ou syndrome X), qui atteint quasiment 100 % de la population diabétique de type 2. Il convient de préciser que la répartition de la graisse a un rôle majeur dans l’homéostasie glucidique et lipidique. En effet, pour un même poids, l’excès de masse grasse au niveau sousombilical ne s’associe pas à un risque d’insulinorésistance, alors que c’est le cas pour l’obésité androïde (intra-abdominale, périviscérale). Pour quantifier l’insulinorésistance, on utilise, en recherche clinique, la technique du clamp euglycémique hyperinsulinique, ou une autre technique qui consiste à Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 doser l’insulinémie et la glycémie simultanément, le matin à jeun. Le fait que l’hyperinsulinisme ne provoque pas de chute de la glycémie est une preuve biologique du défaut de l’insuline. Néanmoins, l’interprétation des variables glycémie/insulinémie est parfois difficile, et le dosage de l’insuline représente un coût considérable. Ainsi, à l’échelon individuel, l’insulinorésistance est définie sans dosage de l’insulinémie qui doit prendre en compte son intégration dans le syndrome métabolique. Cette définition inclut donc un certain nombre de paramètres faciles à obtenir et que l’on recherchera chez un même individu, à savoir : – glycémie à jeun > 6,1 mmol/l, – tension artérielle > 130/85 mmHg, – triglycérides > 1,7 mmol/l, – HDL-cholestérol < 1,0 mmol/l chez l’homme et < 1,3 mmol chez la femme, – une répartition androïde du tissu adipeux, qui est définie par un tour de taille > 102 cm chez l’homme et > 88 cm chez la femme. La glycémie permet de différencier le stade normoglycémique, l’intolérance au glucose (entre 6 et 7 mmol/l) et le diabète (> 7 mmol/l) et, en fait, il est important de savoir quel est le niveau d’insulinémie correspondant que si le patient présente d’autres facteurs de risque cardiovasculaires. Comme le rappelle le Dr F. Andreelli : « Dans l’idéal il faudrait intervenir très tôt, au stade d’insulinorésistance asymptomatique afin de réduire non seulement le risque ultérieur de devenir diabétique mais aussi le risque plus immédiat d’événement cardiovasculaire ». LC Entretiens de Bichat 2004 © Lille/Phanie >> DOSSIER Quels modes d’exploration ? Pour les spécialistes, il n’est pas très facile de définir cliniquement un diabète de type 1 qui repose plutôt sur les marqueurs de la destruction auto-immune des cellules ß des îlots de Langerhans : Ac anti îlots (ICA) et anti GAD par exemple. Par ailleurs, sa vitesse d’apparition peut varier d’un sujet à l’autre et l’âge de survenue être très variable même si le diabète de type 1 est le plus fréquent des diabètes de l’enfant et de l’adolescent. Ainsi, l’âge < 40 ans relève d’une décision arbitraire du groupe de travail mais n’exclut pas des âges de survenue plus avancés. Toutefois, l’acidocétose ou la cétose sont caractéristiques du diabète de type 1 et l’insulinodépendance y est observée dans la grande majorité des cas. L’histoire naturelle du diabète de type 2 est l’intrication de deux phénomènes : apparition d’une insulinorésistance (génétique, acquise ou les 2 à la fois) et déficit progressif de l’insulinosécrétion, dont les parts respectives et la chronologie varient d’un patient à l’autre. Toutefois, c’est bien le développement de l’insulinorésistance métabolique, conséquence du changement de mode de vie, qui est à l’origine du développement de l’épidémie de diabète dans le monde. Travaux de la SFC et l’Alfediam pour l’Anaes DIABÈTE 27 Diabète et grossesse L’importance du dépistage systématique La prévalence du diabète gestationnel, qui se définit par un diabète ou une intolérance au glucose apparus ou découverts pendant la grossesse, est estimée à 1 à 7,5 %. Le dépistage systématique est désormais largement recommandé, tout comme une prise en charge diabétologique et obstétricale rapide. Apparition sournoise On sait qu’à partir du second trimestre de la grossesse, une insulinorésistance physiologique est normalement compensée par un hyperinsulinisme. Néanmoins, certaines femmes sont plus que d’autres à risque de voir leur insulinorésistance se majorer, d’où l’importance d’un dépistage du diabète gestationnel ; d’autant que, dans la majorité des cas, celui-ci n’occasionne aucune manifestation clinique. De plus, 30 à 40 % des femmes présentant un diabète gestationnel n’ont aucun facteur de risque (absence d’antécédents familiaux de diabète, âge < 35 ans, pas de surcharge pondérale, prise de poids normale en cours de grossesse, etc.). Il existe deux méthodes de dépistage : le test de O’Sullivan (dosage de la glycémie veineuse une heure après ingestion de 50 g de glucose, que la femme soit à jeun ou non), lequel doit être suivi d’un test diagnostique, et la méthode plus simple permettant dans le même temps de réaliser un dépistage et un diagnostic (critères de l’OMS et de l’ADA). Cette méthode consiste en la réalisation d’une glycémie, à jeun puis deux heures après l’absorption de 75 grammes de glucose. Le test est positif en cas de glycémie à jeun > 5,3 mmol/l et de glycémie postcharge > 7,8 mmol/l. La principale complication du diabète gestationnel demeure la macrosomie fœtale (poids fœtal > 4 000 g) avec risque de dystocie des épaules. En revanche, le taux de malformations fœtales n’est pas influencé, contrairement à ce qui est observé avec un diabète préexistant. Quant aux complications maternelles, elles sont rares, bien que la survenue d’un hydramnios ou d’une HTA soit plus fréquente. Toutefois, le diabète gestationnel est à haut risque de récidive au cours de la prochaine grossesse et, d’ailleurs, la majorité de ces femmes développeront un diabète permanent dans les années suivantes (50 % à cinq ans, 60 % à dix ans). Surveillance diabétologique La surveillance diabétologique comprend l’autosurveillance glycémique quotidienne à l’aide d’un lecteur de glycémie capillaire, la recherche pluriquotidienne d’une cétonurie à l’aide de bandelettes urinaires réactives et la mesure des glycémies veineuses à jeun et 2 heures après le repas tous les 15 jours. Les objectifs glycémiques sont une glycémie à jeun < 5,3 mmol/l et une glycémie mesurée après chaque repas < 6,7 mmol/l. On retiendra qu’une prescription diététique adaptée à chaque cas après enquête alimentaire est le plus souvent suffisante. L’alimentation doit comporter 50 % de glucides, en privilégiant les glucides de faible index glycémique ; la ration totale doit être répartie en trois repas et trois collations, le niveau énergétique quotidien pouvant être réduit en cas d’obésité, sans descendre en des- sous de 1 600 Kcal. Par ailleurs, la présence d’une cétonurie fréquente incite à élargir la ration énergétique. L’insulinothérapie doit être instaurée d’emblée si la glycémie à jeun est > 7,2 mmol/l ou si, malgré une à deux semaines du régime diététique, les glycémies à jeun sont > 5,3 mmol/l et/ou les glycémies mesurées 2 heures après un repas sont > 6,7 mmol/l. Surveillance obstétricale En ce qui concerne la surveillance obstétricale, il est indispensable d’étudier la croissance et la vitalité du fœtus en vue d’une éventuelle extraction. En cas de macrosomie, une césarienne est indiquée à 39 SA ; sinon, le déclenchement de l’accouchement est programmé à 38-39 SA. L’enfant bénéficie à la naissance d’une surveillance accrue, avec la réalisation d’une glycémie par prélèvement capillaire à 1 heure de vie, renouvelée toutes les 2 heures pendant au minimum 24 heures. La mère doit être encouragée à allaiter, d’autant que l’allaitement contribue au retour à la normale de la tolérance au glucose à distance de l’accouchement. Lorsque l’hyperglycémie de la mère persiste, il faut évoquer la possibilité d’un diabète prégestationnel ou d’un diabète de type 1 démasqué par la grossesse. Comme le souligne le Dr M. Benchimol (Bondy), le choix d’un contraceptif doit être prudent, car certains progestatifs utilisés seuls ou en traitement combiné pourraient favoriser l’évolution vers le diabète de type 2 chez une femme ayant eu un diabète gestationnel. LC >> DOSSIER O utre la prise en charge diabétologique et obstétricale, on met aussi l’accent sur une surveillance régulière de la mère et de l’enfant dans la période postnatale et à long terme, sans oublier l’importance d’une éducation nutritionnelle. Entretiens de Bichat 2004 Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 28 DOSSIER HTA et hypercholestérolémie >> DOSSIER Un impact très délétère Focus ... Éviter le stade d’artérite et de neuropathie Il est nécessaire d’adopter une bonne hygiène de vie : – respecter les objectifs glycémiques fixés par le diabétologue, – ne pas fumer, – contrôler la tension artérielle et le taux de cholestérol, – se laver les pieds tous les jours en séchant bien entre les orteils, et appliquer de la crème hydratante en insistant sur les zones cornées, tout en évitant les espaces interdigitaux, – choisir des chaussures adaptées, souples et suffisamment larges, – ne pas utiliser d’objets blessants. Dans le diabète de type 2, la prévalence de l’hypertension artérielle est de 1,5 à 3 % plus importante que chez les non-diabétiques. Plusieurs études ont montré que la correction de l’HTA avait un impact sur les complications micro- et macrovasculaires et sur la mortalité. Par ailleurs, l’hypercholestérolémie augmente également la gravité du diabète. L e diabète est un facteur de risque de maladie cardiovasculaire, mais l’HTA comme l’hypercholestérolémie sont des conséquences de la maladie métabolique, qu’elles compliquent en retour. Le traitement du diabète ne doit pas se limiter à faire baisser la glycémie, même si l’on considère qu’une diminution de 1 % de l’hémoglobine glycosylée réduit de 14 % les risques d’infarctus du myocarde et de 21 % ceux de mortalité. L’HTA Les complications micro- et macrovasculaires du diabète font la gravité de cette maladie chronique, étant donné qu’elles sont responsables de cécité, d’insuffisance rénale terminale, d’accidents coronaires et vasculaires cérébraux et d’artériopathie des membres inférieurs. Parmi les facteurs de risque, l’HTA atteint plus de 50 % des patients diabétiques. Il est intéressant de rapporter les résultats de l’étude UKPDS, menée au Royaume-Uni, et qui a visé à analyser les effets de la correction de l’HTA sur l’apparition et la progression des complications. Par rapport au groupe des patients diabétiques soumis à un contrôle tensionnel non strict, soit un objectif tensionnel fixé à moins de 180/105 mmHg, le groupe avec des objectifs à moins de 150/85 mmHg a bénéficié d’une réduction de l’ensemble des événements micro- et macrovasculaires de 24 %, des décès liés au diabète de 32 %, des infarctus du myocarde de 21 %, des AVC de 44 %, et des aggravations de rétinopathie de 34 %. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 D’autres études d’intervention ont confirmé qu’il est important d’obtenir des chiffres tensionnels bas, inférieurs à 130/80 mmHg, et encore plus bas en présence d’une néphropathie. Par ailleurs, il en ressort qu’il est nécessaire d’associer plusieurs classes d’antihypertenseurs pour atteindre ces objectifs. L’efficacité de certaines classes d’antihypertenseurs, comme les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, les diurétiques thiazidiques, les bêtabloqueurs et les inhibiteurs calciques, est apparue comparable. Par contre, les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine 2 n’ont pas fait la preuve de leur efficacité sur la réduction de la mortalité et des événements cardiovasculaires, observe le Dr P.J. Guillausseau (Paris). A noter que le traitement de l’hypertension artérielle requiert une réduction des apports en sel et d’autres modifications des habitudes alimentaires (diminution de la consommation d’alcool, augmentation des aliments contenant des fibres et des antioxydants), associées à l’entraînement physique. L’hypercholestérolémie Prendre en charge un malade diabétique, c’est s’assurer, certes, d’une bonne régulation tensionnelle, mais également des taux de HDL- et de LDL-cholestérol. En effet, la moitié des diabétiques n’est pas correctement traitée pour le cholestérol. Il suffirait pourtant de réduire le LDL de 0,8 à 0,5 g/l pour faire baisser de 25 % le risque d’accident cardiaque, notamment de maladie coronarienne. Pour faire diminuer le cholestérol, l’emploi d’une sta- tine est le plus indiqué. En cas d’insuffisance du résultat (objectif < 1 g/l pour le LDL-cholestérol), on pourra utiliser une nouvelle molécule bloquant la réabsorption intestinale du cholestérol. En cas de taux élevés de triglycérides, l’emploi de fibrates est préféré, voire l’association des deux. Mais certains traitements peuvent modifier les concentration de HDLcholestérol et de LDL-cholestérol dans le sang, notamment l’insuline, la vitamine C, les antiépileptiques, les œstro-progestatifs (contraception) et les médicaments hypolipémiants. On peut rappeler que l’on distingue le cholestérol lié à des lipoprotéines nommées HDL (high density lipoproteins) et celui lié aux LDL (low density lipoproteins). La décision d’un traitement hypocholestérolémiant est aujourd’hui essentiellement fondée sur le taux de LDLcholestérol. Le taux de LDL est calculé, grâce à une formule nommée formule de Friedewald, à partir des concentrations sanguines de cholestérol total, de HDL-cholestérol et de triglycérides. En revanche, une diminution du HDL-cholestérol est considérée comme un facteur de risque de maladies cardiovasculaires et est souvent présente au cours de certaines maladies comme le diabète sucré et chez les obèses. À l’inverse, une élévation de ce taux semble protéger des maladies cardiovasculaires. Les moyens de contrôler efficacement le cholestérol existent donc. Là aussi, la prévention commence par un régime alimentaire adapté et par de l’exercice physique régulier. LC et JB Entretiens de Bichat 2004 DIABÈTE 29 Artériopathie L’amputation du pied : une négligence médicale Le trop rare examen des pieds Pour le Dr P. Gouny (CHU Brest), « l’amputation du diabétique apparaît comme une négligence médicale, vu que seuls 12,3 % des médecins examinent les pieds de leurs patients diabétiques en consultation ». Il faut savoir que la lésion trophique sous-estimée par le patient peut avoir une évolution torpide avec l’extension et l’infection des lésions. Aussi faut-il toujours rappeler au patient diabétique la nécessité de prendre toutes les mesures préventives pour préserver ses pieds, notamment une hygiène rigoureuse (se laver les pieds tous les jours et les sécher correctement), la surveillance attentive de la survenue de mycoses, le soin immédiat d’une petite blessure. De même, il est recommandé d’éviter les chaussures qui font mal et de ne pas utiliser de lime à ongles en métal, etc. Rechercher l’origine ischémique Devant un trouble trophique des membres inférieurs, la recherche d’une origine ischémique s’impose et comprend plusieurs examens : l’examen clinique du pouls du membre inférieur, l’écho-dop- pler artériel, avec l’étude des pressions distales à la cheville en mmHg, ainsi que la recherche d’autres atteintes de l’athérome, de facteurs de risque associés (obésité, sédentarité, HTA, tabac, hyperglycéridémie, hypercholestérolémie) et de facteurs péjoratifs (mauvaise hygiène, alcoolisme, mauvais équilibre glycémique, insuffisance rénale). Il s’agit de faire aussi un diagnostic de gravité. Si l’ischémie n’est pas critique, la stratégie thérapeutique repose sur les soins locaux, l’équilibration du diabète et la prise en charge des autres facteurs de risque. L’ischémie est considérée comme critique en présence de douleurs ischémiques de décubitus ayant nécessité régulièrement un traitement antalgique de plus de deux semaines et d’une ulcération ou gangrène du pied ou des orteils, avec une pression systolique ≤ 50 mmHg à la cheville et/ou ≥ 30 mmHg à l’orteil. La réalisation d’une artériographie, d’un angioscanner ou d’une angio-IRM implique des précautions pour éviter l’insuffisance rénale chez ces malades. En outre, il est capital de dépister tôt la surinfection du trouble trophique (l’ischémie favorise l’infection et empêche la diffusion des antibiotiques) afin de la traiter énergiquement par débridement chirurgical et une antibiothérapie adaptée. Revascularisation chirurgicale Comme le souligne le Dr P. Gouny, la microangiopathie du pied du diabétique ne doit pas faire récuser des revascularisations de jambe par des pontages saphènes, qui don- nent habituellement de bons résultats. En l’absence de veine saphène interne utilisable, les saphènes externes ou les veines du membre supérieur peuvent être prélevées. On réalise des pontages de plus en plus distaux sur les artères de la cheville ou du pied. La revascularisation est suivie d’une greffe de peau, qui favorise une guérison plus rapide. « Pour la plupart des équipes chirurgicales, les patients diabétiques représentent la moitié des indications pour sauvetage de membre. Actuellement, les progrès en chirurgie permettent de sauver des membres encore considérés, il y a peu, comme condamnés. La morbidité, le retentissement psychique et fonctionnel de l’amputation sont bien supérieurs à ceux d’une chirurgie restauratrice », indique le DR P. Gouny. Plusieurs études ont montré qu’être informé réduit significativement le risque de plaie et d’amputation. LC >> DOSSIER L a micro- et la macroangiopathie sont à l’origine des ulcérations et de la gangrène du pied du diabétique. La survenue d’un trouble trophique peut être liée à l’artériopathie, d’autant que les artères de jambes sont souvent occluses et calcifiées chez le diabétique. © Alix/Phanie On admet que 5 à 10 % des patients diabétiques seront un jour amputés d’un orteil et que le risque d’amputation des membres inférieurs est multiplié par 15 chez les diabétiques par rapport aux non-diabétiques. Face à ce constat alarmant, il faut insister, d’une part, sur la prévention et, d’autre part, sur la possibilité du traitement de revascularisation chirurgicale. Entretiens de Bichat 2004 Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 30 DOSSIER Affections oculaires >> DOSSIER Comment le diabète affecte-t-il les yeux ? Focus ... Le diabète cause de cécité Le diabète est une des cinq principales causes de cécité en Europe. Son traitement exige une étroite collaboration entre l’ophtalmologiste, le diabétologue et le médecin généraliste. L’équilibre du diabète et un éventuel traitement par laser sont les garants d’une vision conservée. Un taux de sucre mal contrôlé et trop élevé dans le sang peut modifier la fonction optique de l’œil, ce qui brouille la vue. Cela peut aussi nuire à la capacité de focaliser de l’œil. Outre la formation de cataractes ou la diplopie, la cause la plus importante de handicap visuel chez les diabétiques est la rétinopathie diabétique. L e diabète est une des cinq principales causes de cécité en Europe. La cause la plus importante de handicap visuel chez les diabétiques est la rétinopathie diabétique. La prévalence en est de 2 à 2,5 % dans la population française, et de 90 % chez les patients ayant un diabète de type 2 depuis plus de 20 ans. Maladie du capillaire rétinien La rétinopathie diabétique est une maladie du capillaire rétinien, qui, devenant anormal, est responsable de la pathologie oculaire. Les péricytes (cellules qui entourent les capillaires) disparaissent et ne régulent donc plus les cellules endothéliales, qui deviennent plus volumineuses et plus nombreuses. On note également une membrane basale qui devient 3 fois plus épaisse que la normale. La conséquence de l’altération des jonctions interendothéliales est une rupture de la barrière hémato-rétinienne. Ainsi, une hyperperméabilité du réseau capillaire, reflétée par la diffusion du colorant lors de l’angiographie fluorescéinique. Des anomalies hémorrhéologiques perturbent alors encore plus le fonctionnement des capillaires. On décrit une augmentation de l’agrégabilité plaquettaire et érythrocytaire, et des variations des concentrations en divers facteurs (antithrombine III, facteur VIII...). La néovascularisation est l’aboutissement de ces dysfonctionnements. La modification de l’architecture des capillaires provoque des zones d’ischémie rétinienne qui vont être le point d’appel de néovaisseaux. Sans traitement, Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 ceux-ci sont responsables d’hémorragies dans le vitré, de voiles gliaux, de décollements de rétine, de cécité. La rétinopathie simple Dans les premières phases de la maladie, appelée alors rétinopathie simple ou non proliférante, les petits vaisseaux sanguins s’affaiblissent et laissent s’écouler du liquide ou de petites quantités de sang, ce qui déforme la rétine. À ce stade, le sujet peut conserver une vision normale ou constater au contraire que sa vue change ou se brouille. Les diabétiques qui sont atteints de rétinopathie simple le sont à des degrés divers, mais, en général, leur état ne s’aggrave pas davantage. La rétinopathie proliférante À un stade plus avancé, les vaisseaux sanguins de la rétine sont bouchés ou obstrués complètement, ce qui entraîne la mort de certaines parties de la rétine. La rétinopathie diabétique proliférante atteint environ 5 % des diabétiques et survient lorsque de nouveaux vaisseaux sanguins anormaux viennent remplacer les anciens. Ces nouveaux vaisseaux, fragiles, éclatent souvent et saignent dans l’œil. Des tissus cicatriciels se forment, rétrécissent et déchirent la rétine, la faisant saigner ou se détacher de la partie postérieure de l’œil, ce qui peut entraîner une baisse importante de la vision, voire la cécité chez une petite minorité de diabétiques. Dépistage et traitement On a assisté à des progrès importants dans le traitement de la réti- nopathie diabétique, pathologie fréquente mais sous-estimée ou négligée. Le traitement associe un équilibre aussi parfait que possible du diabète et une photocoagulation laser. Les recherches ont démontré qu’un traitement au laser peut empêcher ou retarder une baisse importante de l’acuité visuelle causée par la rétinopathie, mais seulement si celle-ci est diagnostiquée assez tôt. On peut repérer et localiser avec précision la rétinopathie diabétique en photographiant la rétine au moyen d’une angiographie à la fluorescéine. Le traitement par photocoagulation au laser a pour but de sceller les vaisseaux rompus et d’empêcher la croissance de nouveaux vaisseaux anormaux. Cependant, il présente des risques et comporte des effets secondaires qu’il faut évaluer cas par cas en regard du bénéfice qu’il peut procurer. Mais, à un stade avancé de la maladie, les avantages l’emportent généralement sur les risques. Malgré le traitement, ou parce qu’ils n’ont pas été traités, certains diabétiques doivent subir une vitrectomie. Cette opération délicate se fait au microscope. Il s’agit de retirer de l’œil le sang et les tissus cicatriciels. Par ailleurs, certains diabétiques doivent aussi recourir à la chirurgie pour soigner un décollement de la rétine. On ne devrait plus détecter de rétinopathie diabétique au stade de complication. Une éducation de la population et des acteurs de la santé semble importante pour éviter nombre de cécités. ALP DIABÈTE 31 Insuffisance rénale Combattre les causes et les conséquences Compte tenu du vieillissement de la population, la fréquence des diabètes de type 2 est en augmentation. L’insuffisance rénale (IR), conséquence fréquente d’une HTA, ellemême complication d’un trouble glycémique, risque de voir sa fréquence croître. L’intérêt de prévenir cette maladie grave est donc accru lorsqu’il s’agit d’un patient diabétique. Le patient hypertendu Toute altération portant sur l’arbre vasculaire rénal est susceptible de causer une insuffisance rénale : une HTA, par exemple. Chez tout patient hypertendu, il convient donc de mesurer régulièrement la filtration glomérulaire au moyen de la formule de Cockcroft (voir encadré), selon les recommandations de l’Anaes. Le dosage de la créatininémie est en effet moins fiable, son élévation étant tardive. Selon l’étude américaine, le quart des insuffisances rénales observées provient de l’HTA, qui, par ailleurs, a tendance à augmenter avec l’âge. Ce phénomène est lié à la néphroangiosclérose qui accompagne l’HTA, et qui diminue considérablement le diamètre des vaisseaux. Pour un hypertendu, le risque de faire une insuffisance rénale est variable. La prévalence varie de 1,5 à 3 %, avec une nette augmentation lorsque la tension est mal régulée et demeure supérieure à 130/80 mmHg. Cependant, l’atteinte des vaisseaux peut aussi être d’origine diabétique. Elle touche alors essentiellement la paroi des petits vaisseaux. C’est pourquoi, chez un patient porteur d’un diabète de type 2, il convient de pratiquer régulièrement un dosage, certes, de l’hémoglobine glyquée, mais aussi de la créatininémie et, mieux, de la clairance. Ce bilan biologique sera régulièrement accompagné d’un fond d’œil vérifiant l’état des microvaisseaux et d’un ECG à la recherche de signes de complications cardiaques, HTA et diabète étant souvent des facteurs de risque associés et conjointement présents en cas de syndrome de surcharge. En cas d’échec de la régulation de l’HTA ou de nouvelle apparition du symptôme, chez un diabétique, il faut, devant une insuffisance rénale, craindre une sténose de l’artère rénale. L’écho-doppler montre alors une asymétrie des reins ou une modification du flux artériel rénal. Des réponses seront précisées par une angioIRM ou un angio-scanner, voire, en pesant les indications, une artériographie. Selon l’importance de la sténose, les indications thérapeutiques changent, mais, de toute manière, l’évolution spontanée ne peut être que défavorable, d’où la nécessité d’agir. Risque cardiovasculaire Si l’HTA augmente, le danger est de voir apparaître une insuffisance rénale qui majore le risque d’apparition d’une affection cardiovasculaire. Chez la personne diabétique, notamment, le risque cardiovasculaire est déjà accru par rapport au reste de la population. Qu’elle présente une insuffisance rénale, et le risque de départ, déjà multiplié par quatre, l’est alors par dix, voire par vingt. D’où, là encore, la nécessité de calculer la filtration glomérulaire régulièrement chez le diabétique selon la formule de Cockcroft. JB – Entretiens de Bichat 2004 – New England Journal of Medicine – 6e Réunion de la Société de néphrologie et de la Société francophone de dialyse 2004 La formule de Cockcroft Cette formule tient compte de l’âge, du sexe, du poids et du taux de créatinine. C’est le rapport : 140 – âge en années x poids en kilos x K/créatinémie en µ/l (K = 1,23 chez homme ; K = 1 chez la femme). • Entre 100 et 120 ml/mn : fonction rénale normale avant 40 ans. • Entre 60 et 90 ml/mn : IR modérée. • Entre 30 et 60 ml/mn : IR sévère. • Entre 15 et 30 ml/mn : décompensée. La valeur seuil est de 60 ml/mn, à laquelle une évolution défavorable est hautement probable. À côté de la mesure de la clairance, on doit s’attacher à rechercher une microalbuminurie, annuellement ou bisannuellement. Si ces deux facteurs sont présents, et alors prédictifs d’une insuffisance rénale, il faut assurer un blocage médicamenteux efficace du système rénineangiotensine. >> DOSSIER G râce à l’appréciation précise de la filtration glomérulaire par la mesure de la clairance de la créatinine rapportée à la masse corporelle, l’insuffisance rénale est mieux diagnostiquée. Si l’on considère, comme le font les auteurs américains dans une étude parue dans le New England Journal of Medicine, une valeur seuil de 60 ml/mn/1,73 m2 de surface corporelle, plus de 40 % des personnes ont une filtration comprise entre 45 et 60 ml/mn, soit en dessous du seuil critique. D’où cela provient-il ? >> Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 32 DOSSIER Activité physique et nutrition Infos ... Éducation du patient L’éducation thérapeutique consiste, pour les soignants, à transmettre au patient leurs savoirs et pratiques afin qu’il puisse soigner sa maladie. Le patient diabétique doit recevoir toutes les informations nécessaires au bon suivi de sa maladie. Aussi, l’éducation thérapeutique est un soin et fait partie intégrante du traitement des patients atteints de diabète. Elle concerne également une éducation à la nutrition et un encouragement à l’exercice physique. D’ici à 25 ans, selon l’OMS, la population adulte vivant avec le diabète à travers le monde passera de 194 millions à 333 millions. Les spécialistes parlent dorénavant d’une épidémie mondiale, épidémie qui touche aussi bien les pays développés que les pays en développement. Les habitudes alimentaires et la réduction de l’activité physique sont des causes démontrées. S elon l’OMS, en 2025, avec 82 millions de cas, la région du monde qui comptera le plus grand nombre de diabétiques sera l’Asie du SudEst. La prévalence de cette région (7,5 %) restera toutefois inférieure à celles de l’Amérique du Nord (9,7 %) et de l’Europe (9,1 %). Nouveaux modes de vie La progression du diabète de type 2 est intimement liée à l’évolution des modes de vie : urbanisation croissante, modifications des habitudes alimentaires et réduction de l’activité physique. Elle dépend également du niveau d’obésité. On estime actuellement que plus de 1,1 milliard de personnes sont en surpoids dans le monde et, parmi elles, 320 millions sont considérées comme obèses. D’où l’intérêt de la prévention de l’obésité. La grande étude américaine Diabetes Prevention Program (DPP) a définitivement démontré qu’un exercice physique régulier, associé à d’autres modifications du style de vie, en particulier sur le plan diététique, réduisait de 50 % le risque d’être diabétique. D’autres études montrent aussi, clairement, qu’une réduction du poids même modeste peut prévenir le développement du diabète de type 2 chez les adultes prédisposés. Exemple : le programme de prévention du National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases (NIDDK), aux États-Unis, qui montre qu’une perte de poids, obtenue grâce à un régime et à une activité physique plus inten- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004 se, avait permis d’éviter plus de 75 % de nouveaux cas de diabète chez les plus de 60 ans. Lien entre obésité et diabète En fait, l’inactivité et l’embonpoint représentent les principaux facteurs de risque de la maladie. Les chiffres sont éloquents : 85 % des diabétiques sont obèses. Il existe pourtant des moyens simples de prévenir l’apparition du diabète : bouger plus et contrôler son poids en mangeant mieux. Cette solution pourtant simple va à l’encontre de la tendance lourde de notre société. Or, même avec du diabète, on peut bien manger. Une alimentation équilibrée et moins riche en calories suffit souvent à maîtriser la maladie. Les aliments riches en fibres (produits à base de céréales complètes, légumes, fruits ou légumes secs) sont particulièrement indiqués, parce qu’ils évitent à la glycémie de monter trop vite après le repas. Le sucre peut être consommé mais avec modération et toujours dans le cadre d’un repas, au dessert, par exemple. De nombreux aliments manufacturés contiennent du sucre ; il faut donc vérifier la liste des ingrédients, qui doivent figurer dans l’ordre décroissant des teneurs. Les boissons les plus indiquées sont l’eau minérale et le thé ou les infusions sans sucre. Alcool et diabète Il est possible de consommer de l’alcool quand on est diabétique, mais en quantité limitée. En plus des risques connus de tous (troubles du comportement...), il faut aussi connaître les risques pro- © Photo EyeWire >> DOSSIER Les piliers de la prévention pres au diabète. Donc : pas plus de 2 verres d’alcool par jour (un verre d’alcool = 1 verre de vin [120 cm3] ou 250 cm3 de bière ou 50 cm3 d’apéritif). Les contreindications sont la grossesse, un antécédent d’alcoolisme, plusieurs épisodes d’hypoglycémie sévère (= ayant nécessité l’aide d’une tierce personne). La prise d’alcool est aussi déconseillée en cas d’antécédents de pancréatite, en présence d’un diabète compliqué d’une neuropathie, ou si le taux sanguin de triglycérides est élevé, la prise même modérée d’alcool augmente le risque d’hypoglycémie. Pour une durée de 12 à 18 heures, une prise d’alcool le soir augmente le risque jusqu’au lendemain midi. Et le risque devient majeur si l’alcool est bu en dehors d’un repas. De plus, l’alcool contient du sucre, qui peut donc faire monter la glycémie, et beaucoup de calories dans un faible volume, ce qui expose donc à la prise de poids. Attention, la bière sans alcool contient plus de sucre que la bière normale ! ALP DIABÈTE 33 Obésité Une véritable maladie L’obésité est devenue un problème de santé publique dans la plupart des pays industrialisés. Du simple surpoids à l’obésité grave, elle touche une fraction grandissante de leurs populations, notamment les sujets jeunes. Ce facteur de risque majeur de diabète affecte déjà 300 millions de personnes dans le monde, dont environ 194 millions souffriraient d’un diabète de type 2. Comment est répartie l’obésité ? La distribution de la masse lipidique accrue peut être généralisée, ou localisée dans certaines régions du corps. Scientifiquement, selon sa répartition dans l’organisme, on distingue plusieurs types d’obésité. • Type I : répartition “harmonieuse” de l’obésité. • Type II : dite gynoïde, portant sur le bas du corps (hanches, bassin). Elle caractérise plutôt l’obésité féminine. Elle est celle qui comporte le moins de risques médicaux. • Type III : dite viscérale. C’est l’obésité des organes internes, comme les viscères abdominaux. Elle est donc peu apparente au regard extérieur, mais c’est celle qui entraîne le plus de risques pour la santé sur le long terme. • Type IV : dite androïde, portant sur le tronc. Elle caractérise plutôt l’obésité masculine et est également dangereuse. Pourquoi facteur de risque ? L’obésité est un facteur de risque du diabète, car le tissu adipeux entraîne une résistance à l’insuline. Les scientifiques ont en effet découvert que le tissu adipeux ne se contente pas d’entreposer les graisses. Il produit des substances, dont certaines, les cytokines, jouent un rôle dans la résistance à l’insuline. Cependant, bien qu’obésité et diabète aillent de pair, tous les obèses ne sont pas diabétiques, et vice versa. Les chercheurs tentent donc de trouver le chaînon manquant entre diabète et obésité. En revanche, l’augmentation du diabète de type 2 est en grande partie due à la prise de poids. Près de 80 % des cas de diabète de type 2 sont liés au surpoids et à l’obésité, abdominale en particulier. « Les deux épidémies actuelles d’obésité et de diabète de type 2 sont hors de contrôle et pourraient réduire, à l’avenir, l’espérance de vie », ont déclaré des experts de l’International Society for the Study of Obesity et de l’International Diabetes Federation, lors du 13e Congrès européen sur l’obésité à Prague, au mois de mai. Inquiétude pour les enfants Le nombre d’enfants et d’adolescents obèses ou en surpoids est tout particulièrement préoccupant. L’OMS estime que, dans le monde, 10 % des enfants d’âge scolaire, entre 5 et 17 ans, ont une surcharge pondérale ou sont obèses, et la situation s’aggrave : aux États-Unis, par exemple, la fréquence de l’obésité et du surpoids chez les enfants et les adolescents de 6 à 18 ans est passée de 15 % dans les années 1970 à plus de 25 % dans les années 1990. L’Europe commence à être atteinte. Ainsi, le diabète de type 2, jusque-là considéré comme une maladie limitée aux adultes, s’avère toucher de plus en plus d’enfants obèses ou en surpoids. En 30 ans, le nombre des diabé- tiques devrait ainsi augmenter, aux États-Unis, de 57 %. Dans certains pays, comme au Moyen Orient et en Asie, ce nombre devrait doubler. Pourtant, au moins la moitié de la totalité des cas de diabète pourrait être éliminée si la prise de poids était prévenue. Prévenir la prise de poids Même une faible perte de poids, d’environ 5 %, diminue ou ralentit le risque de développer un diabète de type 2 ou certaines de ses complications. L’abondance et la promotion des aliments riches en graisses et en sucre ont profondément modifié les habitudes alimentaires des enfants par rapport à celles de leurs parents au même âge. Ils ne font plus autant d’exercice physique non plus. La situation varie d’un pays à l’autre, mais les raisons pour lesquelles les enfants d’aujourd’hui sont moins actifs que ceux de la génération précédente sont généralement l’urbanisation et la mécanisation, la modification des systèmes de transport et un grand nombre d’heures passées devant la télévision ou les ordinateurs. « Les mauvaises habitudes alimentaires et le manque d’activité physique vont probablement perdurer, ce qui expose les jeunes d’aujourd’hui au risque d’avoir un diabète de type 2 dans le futur », prévient le Pr Pierre Lefèbvre, président de la FID. La prévention passe donc par le renversement de ces tendances, par l’éducation et par des initiatives comme, par exemple, des cours de diététique dans les écoles. ALP >> DOSSIER L a définition de l’Organisation mondiale de la santé est simple : l’obésité est un excès de masse grasse entraînant des conséquences néfastes pour la santé (rapport de 1997). Aujourd’hui, dans le monde, le diabète et d’autres maladies liées à l’obésité sont chaque année responsables de plus de décès que le sida. 13e Congrès européen sur l’obésité, Prague 2004 Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004