
tions, notamment oculaires et
cardiovasculaires. Le diabète de
type 2 est aujourd’hui bien sou-
vent identifié lorsqu’il a déjà
engendré ses complications vas-
culaires. Le challenge est donc à
la fois de le dépister précoce-
ment, de prévenir ses complica-
tions et, de façon optimale, d’em-
pêcher son apparition chez des
sujets prédisposés.
Traitements
Le dépistage ne repose pas sur
la détection de la glycosurie,
mesure de l’âge des “goûteurs
d’urines” des siècles passés,
mais sur la détermination de la
glycémie à jeun, qui est heureu-
sement de plus en plus usuelle
dans les bilans biologiques
actuels.
Une fois identifié, le diabète
impose un traitement pour en
prévenir, à juste titre, le retentisse-
ment. Application de règles diété-
tiques (suffisamment adaptées
au patient pour être suivies),
réduction de la sédentarité et, si
besoin, action médicamenteuse
contre l’insulinorésistance repré-
sentent une première approche.
Dans cet objectif, la metformine
et les plus récemment dispo-
nibles thiazolidinediones repré-
sentent des armes thérapeu-
tiques de choix. Il s’agit là d’une
première mesure de prévention
des complications. Lorsqu’à l’insu-
linorésistance s’associe un déficit
relatif de la production d’insuline,
le recours à des médications sti-
mulant l’insulinosécrétion par les
cellules ß des îlots de Langerhans
devient légitime. C’est l’objectif
de la prescription de sulfamides
hypoglycémiants. À ces outils,
dont certains sont déjà anciens,
s’adjoindront dans un proche ave-
nir d’autres médications insulino-
sécrétrices comme les analogues
du GLP-1 (Glucagon-Like Pep-
tide), puissant stimulant physiolo-
gique de la sécrétion d’insuline.
La cellule ß langerhansienne n’est
cependant pas inépuisable, et le
recours à l’apport exogène d’insu-
line s’avère de plus en plus sou-
vent nécessaire pour l’obtention
d’un meilleur équilibre glycémi-
que. En attendant l’insuline orale
ou nasale, encore du domaine de
la recherche thérapeutique, l’insu-
linothérapie optimisée par pompe
externe ou implantable (couplée
à un capteur de détection du glu-
cose) se développe et a pour
objectif l’obtention d’un équilibre
glycémique le plus physiologique
possible, toujours dans le but de
prévenir les complications dégé-
nératives. Au demeurant, celles-ci
nécessitent une approche théra-
peutique spécifique incluant anti-
hypertenseurs, néphro-protecteurs
(comme les inhibiteurs de l’en-
zyme de conversion ou les anta-
gonistes de l’angiotensine II),
antiagrégants plaquettaires et hy-
polipémiants. Dans ce dernier do-
maine, les inhibiteurs de l’HMG-
COA réductase (les “statines”) ont
démontré, dans de nombreuses
études prospectives, leur effica-
cité dans la prévention des acci-
dents cardiovasculaires chez les
diabétiques. Les progrès obtenus
dans le domaine des greffes de
cellules ß pancréatiques sont in-
discutables, mais les possibilités
restent à ce jour limitées aux dia-
bètes de type 1 incontrôlables par
les autres méthodes thérapeu-
tiques. Le reconditionnement de
cellules souches en cellules insuli-
nosécrétrices est d’un avenir pro-
metteur, mais est encore du
domaine de la recherche.
Détection précoce
Dans l’immédiat, la meilleure
approche reste donc celle d’une
détection précoce du diabète,
d’une éducation du patient,
étape où le rôle de l’infirmière
est essentiel, et d’une optimisa-
tion de l’équilibre glycémique à
l’aide de la diététique, de la pro-
motion de l’exercice physique et
des médications stimulant ou
mimant la sécrétion d’insuline
et/ou luttant contre l’insulinoré-
sistance. Il s’agit là, en effet, d’un
facteur pathogène majeur dans
l’apparition des complications. Si
les progrès dans les thérapeu-
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 59 • novembre 2004
tiques du diabète avéré sont
considérables, le meilleur traite-
ment en reste la prévention
(ainsi que celle de ses complica-
tions) associée aux efforts d’édu-
cation à la santé. L’éducation et la
responsabilisation des patients
sont dans ce domaine des fac-
teurs essentiels. Une telle poli-
tique devrait, à terme, porter ses
fruits.
Pr Jean-Marc Kuhn
rédacteur en chef de Métabolismes,
Hormones, Diabètes et Nutrition
Service d’endocrinologie, diabète et maladies
métaboliques, CHU Rouen.
Infos ...
Les îlots de
Langerhans
En 1869, Paul
Langerhans décrivit
les îlots qui portent
son nom et qui
sécrètent l’insuline.
À cette époque,
on n’avait pas
encore individualisé
l’insuline
et on disait :
“Le diabétique,
s’il ne se soigne pas,
sera emporté
par la tuberculose ;
s’il se soigne,
il succombera au
coma
acétonémique.”
Source Alfediam
DOSSIER
18
>>
>> DOSSIER
Un peu d’histoire
Susruta, dès l’Antiquité, évoquait
ce qu’il appelait : “l’urine de
miel, cette maladie qui frappe
les riches... le malade maigrit, se
fatigue, la soif est importante,
les mictions nombreuses. Les
fourmis s’attroupent autour de
l’urine, les infections sont fré-
quentes”.
Au cours des siècles, on comprit
que le pancréas était l’organe
nécessaire pour la régulation de
la glycémie.
En 1855, Eduard von Jaeger
décrivit une rétinopathie diabé-
tique et en fit le dessin ; on y
voit des exsudats et des hémor-
ragies. Le développement de
l’ophtalmoscope permit l’essor
de l’examen du fond d’œil du dia-
bétique.
Avec l’utilisation de l’insuline en
1923 par Banting et Best, qui
leur valut le prix Nobel, le traite-
ment du diabète s’améliora
nettement à compter de cette
date.
Le premier vrai traitement de la
rétinopathie diabétique (RD) fut
fait par Meyer-Schwickerath
dans les années soixante, par
photocoagulation. L’introduction
de l’angiographie fluorescéi-
nique permit de mieux définir
les stratégies thérapeutiques.
Source Alfediam