L'OBJET DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE 1.1 1 .2 1 .3 1 .4 1 .5 1 .6 1 .7 Définition de la science économique Approche positive et approche normative de la science économique Science économique et politique économique La science économique est la science des choix La loi des rendements marginaux décroissants Les économies d'échelle Microéconomie et macroéconomie Sommaire 3 4 4 5 10 12 13 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) l'OBJET DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE 2 Toute société quelle qu'elle soit, quel que soit son degré d'évolution, quel que soit le systè1ne économique qui la régit, est a1nenée à répondre d'une façon ou d'une autre à trois questions fondamentales et interdépendantes : • quels biens faut-il produire, en quelle quantité et à quelle époque? Faut-il produire aujourd'hui plus de nourriture ou conviendrait-il, au contraire, de détourner de la production de nouniture, des ressow·ces (main-d'œuvre, machines ... ) qui serviront à produire plus d'automobiles ou de logements? Est-il opportun d'utiliser une part ünportante des ressources disponibles à produire des biens que l'on consommera aujourd'hui ou est-il préférable de constn1ire maintenant un plus grand nombre de machines qui pe1111ettront de consommer plus plus tard? Chaque pays doit-il pro­ duire exactement la quantité de chaque bien dont il a besoin pour sa consomma­ tion intérieure ou vaut-il n1ieux qu'il produise, en se spécialisant, une quantité plus importante de certains biens qu'il échangera contre d'autres biens produits ailleurs? On pourrait proposer au lecteur une infinité d'exemples montrant la complexité des choix auxquels chaque individu ou chaque société est confronté dans la vie de tous les jours. • conment ces biens doivent-ils être produits? Quelles ressources doivent-elles être utilisées pour les produire? Faut-il utiliser plus de travailleurs ou, au contraire, plus de machines? Les produits agricoles doivent-ils fafre l'objet d'une production inten­ sive alliant une grande quantité d'agricultetLrS à une faible quantité de tene ou d'une production extensive combinant une moins grande quantité d'ag1iculteurs à une plus grande quantité de terre? Parmi tous Les procédés techniques pem1ettant de produire différents biens lequel ou lesquels convient-il de choisir? • pour qui ces biens doivent-ils être produits? Quels individus disposeront-ils des biens et des services fournis par l'économie? Se pose ici la question de la répartition des revenus entre les agents écono1niques: cmninent le revenu global de l'économie sera­ t-il réparti entre les familles pour lelrr permettre de consommer les biens produits? Est-il opportun, notamment, que les pouvoirs publics influencent, par leur politique, la répaitition du revenu au sein de L'écono1nie? Si ces trois questions se posent de cette manière, c'est pour une raison bien sitnple. La toute grande majorité des ressources (les ressources naturelles, la terre 1nais aussi les machines et les travailleurs) permettant de produise des biens et des services directement consommables par les individus n'existent qu'en quantité limitée. Il s'agira, par consé­ quent, de les utiliser le mieux possible pour satisfaire les besoins individuels. On parlera alors d'une allocation optimale ou d'une allocation efficiente des ressources. Au contraire, si ces ressources étaient illimitées, si une quantité ù1finie de chaque bien pouvait être produite, donc si les besoins humains pouvaient être complètement satisfaits, il n'y aurait aucun inconvénient à produire trop d'une marchandise spécifique quelconque, ni à conjuguer dans des proportions défectueuses, les quantités utilisées de tàcteurs de production. Étant donné que chaque individu pourrait d'autre part se procurer ce qui Lui plaît, la distribution du revenu entre Jes individus ou les ménages composant l'écono1nie serait un problème sans aucune signification. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Définition de Io science économique 3 Malheureuse1uent, à part quelques biens libres tels que l'air existant en quantité illilnitée, les biens économiques sont rares. C'est la nature de ces biens (les denrées ali­ mentaires conune les logements, les services bancaires comiue les outils., les véhicules automobiles cornn1e les services d'enseignement) de n'exister qu'en quantités limitées. 1.1 DÉFINITION DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE Parmi les no.mbreuses définitions de la science économique, les plus concluantes sont celles qui 1nettent l'accent sur la volonté d'expliquer comment les individus (agissant seuls ou en groupes) affectent à la satisfaction de besoins illinlités des ressources rares ou lin1itées. La science économjque: • penuet de cotnprendre les choix individuels (ceux du producteur lorsqu'il décide les biens qu'il offrira, le prix qu'il demandera et les techniques de production qu'il emploiera, ceux du consommateur qui en raison d'un revenu limité est astreint à choisir entre plusieurs biens,... ) et les choix collectifs (ceux du gouve111e1nent lorsqu'il opère un arbitrage entre les objectifs de plein-e1nploi et de stabilité des prix ou lorsqu'il recueille, par l'in1pôt, les ressources nécessaires au financement de ses activités. . . ) ; • cherche à savoir pourquoi ces choix ne conduisent pas toujours à uti liser les ressources rares le plus efficacement possible (surproduction de certains biens n1ais sous-produc­ tion d'autres biens, sw·investissernent à certaines époques nrnis sous-investissement à d'autres moments, chômage maintenant sans emploi une part plus ou rnoins impor­ tante de la population active...) ; • propose des solutions destinées à améliorer l'utilisation que font les individus des res­ sources économiques. L'objet de la science économique est, par conséquent, bien plus vaste que ce qu'on a eu, parfois, tendance à penser: • il ne se li1nite pas à l'analyse d'un ensemble d'activités faisant usage de la 1nonnaie. Sans vouloir minilniser l'importance des phéno1nènes monétaires, la science écono­ mique ne concerne pas leur seule étude. Les sociétés prünitives ignoraient souvent la monnaie. Qui oserait prétendre qu'il n'y avait pas d'activités écono1niques dans ces sociétés? • ce serait égalen1ent le restreindre excessivement que de .le ramener à l'étude du com­ merce entre les nations. Les relations économiques internationales ne peuvent être ignorées par l'économiste. Celui-ci a cependant de non1breuses autres préoccupations. Par ailleurs, la science écononuque ne peut se contenter de rechercher co!Illnent les ressources rares sont affectées à la satisfaction des besoins des populations à un n1oment donné ou à une époque bien déterminée. Le temps y prend en effet une place considérable.. Utiliser aujourd'hui des ressources naturelles non renouvelables revient à ne plus pouvoir disposer de ces ressources à L'avenir. Et augmenter, en investissant, l a production de biens Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) l'OBJET DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE 4 d'équipement en renonçant à celle de biens de cons01nmation conduit à consommer moins aujourd'hui, nrnis à consommer plus dans 5 ans, 10 ans ou 20 ans ... 1 .2 APPROCHE POSITIVE ET APPROCHE NORMATIVE DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE Cette définition de la science économique nous amène à opérer la distinction entre« l'éco­ nomie positive» et« l'économie normative» : • l'approche positive : elle décrit, analyse et explique les faits et les c01nporte1nents économiques. Comment les consommateurs vont-ils réagir à une augmentation du prix des produits qu'ils achètent? Comment ks producteurs vont-ils adapter au progrès technique les processus de production qu'ils utilisent ? Quels seront les effets attendus d'une baisse de la fiscalité ou d'une augn1entation des dépenses gouvernementales? Quelle influence la fluctuation des taux de change aura-t-elle sur les échanges inte111a­ tionaux ? Et ainsi de suite ; • l'approche no1mative : elle in1plique des jugements éthiques ou des jugements de valeur. Chacun JI n'y a pas de bonnes ou de i1rnuvaises réponses aux questions qu'elle pose. y réagit en fonction de sa propre sensibilité. faut-il privilégier l'objectif de plein emploi ou, au contJaire, faut-il accorder plus d'attention à la stabilité des prix? Dans quelle mesure la politique de taxation et celle de transferts gouvernementaux doivent-elles s'assigner des objectifs de redistribution des revenus? Convient-il d'en­ courager les états à n1aintenir une fo1te stabilité des taux de change? Il s'agit là de toute une série de questions auxquelles chacun répond selon ses propres convictions. 1 .3 SCIENCE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE ÉCONOMIQUE De cette distinction entre approche positive et approche normative de la science éco­ nomique, il convient de rapprocher celle qu'on établit entre la science et la politique économique. La science éconotnique est une science. Nous avons dit que la tâche de l 'écono­ n1iste consiste à décrire, à expliquer, à analyser, à 1nettre en perspective les évolutions de la production, de l'emploi, des prix, des taux d'intérêt et d'un ensemble de grandeurs ana­ logues. Il dira si une augmentaüon de la masse monétaire en circulation dans l 'écononue affecte les prix et comn1ent. li répondra à la question de savoir si une augmentation des salaires payés aux travailleurs a, ou non, un effet significatif sur le volume de l'emploi. li ve1Ta les conséquences d'un allonge1nent des fins de can·ière, d'une baisse de la fiscalité ou du développement des échanges internationaux. Il doit remplir cette fonction en faisant abstraction de ses préférences et de ses répugnances personnelles. Son rôle est un rôle d'explication et non uo rôle d'action. Sa 1nission est d'expli­ quer, pas d'agir. Ce n'est pas à lui à dire s'.il faut privilégier l'objectif de plein-emploi ou Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) s Lo science économique es/ la science des choix celui de stabilité des prix ou s'il faut relancer l'activité économique par une baisse de la fiscalité plutôt que par une augmentation des dépenses publiques. C'est en effet, là, le rôle de la politique économique (à ne pas confondre avec l'économie politique) : agir sur les faits en fonction d'un certain non1bre ·d'objectifs spécifiés. Ce n'est qu'une fois qu'il aura fixé ses objectif.'> que le responsable politique prencfra conseil auprès de l'écono1niste pour savoir comment les réaliser. Celui-ci s'efforcera de l'éclaircir en toute objectivité, mais iJ ne prendra pas position personnellement. S'ils sont, en règle générale, plus ou 1noins d'accord sur les méthodes permettant de rencontrer une séiie d'objectifs donnés, les économistes sont loin de l'être en matière de politique économique. D'ilnportants désaccords se marquent entre eux quand il s'agit de déterminer les objectifs à privilégier et de sélectionner la tnéthode la plus adéquate pour les atteindre. Certains prôneront un faible taux d'inflation alors que d'autres donneront une plus grande importance au volume de l'etnploi. Certains plaideront pour une baisse de la fiscalité, les autres pour une hausse des dépenses gouve1nementales. Tout simplement, en inatière de politique écononùque, il existe entre les économistes des différences du nlême type que celles qui se marquent au sein de l'ensetnble de la société. 1.4 LA SCIENCE ÉCONOMIQUE EST LA SCIENCE DES CHOIX Les ressources économiques ne sont pas infi11ies. Nous l'avons vu. À tout moment de son existence, l'ho1nme se voit contraint d'etîectuer des choix entre des biens relativement rares. Choix du consommateur entre les différents produits qu'il peut acquérir. Choix de l'épargnant entre consom1ner aujourd'hui ou consommer dans l'avenfr. Choix du travail­ leur entre prester une heure de travad sl!.lpplémentaire o u disposer d'une heure de loisir additionnelle. Choix de l'entrepreneur quant à la quantité du produit qu'il fournira, quant au prix auquel il le vendra et quant au processus de production qu'il utilisera pour le fabri­ quer. .. Cette nécessité d'effectuer des choix est parfaiten1ent illustrée par la courbe des possibilités de production de l'économie. 1 .4. 1 La courbe des possibilités de production Envisageons, à un mon1e11t donné, une économie dont la population, les connaissances techniques, le sol, les usines et l'outillage, les ressources naturelles disponibles sont connus une fois pour toutes. Admettons aussi, par souci de simplification, qu'il n'existe que deux biens différents susceptibles d'être produits dans cette économie, par exemple du pain et des logements. Supposons dans un premier temps que l'ensemble des ressources soient affectées à l a production de pain. Cotnpte tenu de l'importance de ces ressources et des techniques existantes, il sera alors possible de foLu-nir 20 millions de tonnes de pain. Si, au contraire, ces ressources avaient été utilisées globalement dans le secteur de la construction, on aurait pu construire 10.000 logements. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) l'OBJET DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE 6 Tableau 1.1 Pain (en millions de tonnes) logements (en milliers d'habitations) A 8 ( D E F 20 0 19 2 16 4 12 6 7 8 0 10 Il n'est point indispensable cependant d'envisager l'un ou l'autre de ces cas extrêtnes. Certaines ressources seront en effet vraisemblablement affectées à la production à la construction de logements. Par exe1uple, étant donné les ressources existantes, il serait possible de produire conjointe1nent 1 9 mil­ lions de tonnes de pain et 2.000 logements. Ou encore, en détounrnnt certaines ressources de la production de pain vers la construction de logements, 1 6 millions de tonnes de pain et 4.000 loge1nents. Et ainsi de suite. Le tableau ci-dessus représente les différentes com­ de pain alors que les autres resteront utilisées binaisons de pain et de loge1nents que peut fourniJ" l'écono1nie co1npte tenu du caractère lin i ité des ressources dont elle dispose. Ce barème est représenté par la figure suivante sur laquelle on mesure, en ordon­ née, la production de pain et, en abscisse, la construction de logements. Si l'on joint les points A, B, C, D, E, F, en incluant, par là, toutes les positions intermédiaires, celles correspondant à des fractions d'un n1illion de tonnes de pain ou d'un millier d'habitations, on trace la courbe des possibilités de production de l'économie. La signification en est particulièren1ent simple: il s'agit de l'ense1nble des com­ binaisons de biens, ici le pain et les loge1nents, que l'écono111ie peut produire en utili­ sant pleinement toutes les ressources productives dont elle dispose. De telle so11e qu'une économie de plein emploi, quand elle produit une plus grande quantité d'un bien, doit nécessairement renoncer à un peu d'un autre bien. Par exemple, si l'économie se situe 1 6 millions de tonnes de pain et 4.000 logements, et si, à ce moment, la société désire disposer de 2.000 logements supplé1nentaires, elle initialement en l'état C, produisant alors doit nécessairement renoncer à consommer 4 millions de tonnes de pain. La courbe des possibilités de production de l'économie représente donc l'ensemble des combinaisons de biens entre lesquelles la société peut faire son choix. Nous verrons plus loin en fonction de quels critères on en arrivera à sélectionner un point de cette courbe, en décidant d'affecter une partie (pouvant être nulle) des res­ sources à la production de chaque bien. Ceci est vrai pour une économie de plein emploi. Mais qu'en est-il si le chômage est étendu, si des machines restent inen1ployées, si l'on n'utilise pas toutes les ressources natureUes que l'on pourrait exploiter? Dans ces circonstances, on ne se situerait plus sur la frontière des possibilités de production. Si une certaine quantité de ressources reste sans emploi, on produira par exemple, 8 millions de tonnes de pain et 6.000 logements, cet état de l'économie étant représenté Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 7 Lo science économique es/ la science des choix 16 Pain (millions 12 de tonnes) 8 4 2 4 6 Logements (milliers d'habitations) 8 F 10 Figure 1.1 par le point H situé à l'intérieur de l'aü-e délin1itée par les axes de coordonnées et la courbe AF. En fait, ce qui distingue une situation de sous-en1ploi d'une situation de plein emploi, c'est que dans la pren1ière hypothèse iJ est possible d'accroître la production d'un bien sans devoir diminuer celle de l'autre, e11 utilisant des ressources productives jusqu'alors inutilisées (graphiquement, en se déplaçant par exemple du point H vers le point D), alors que dans la seconde, ce n'est pas vrai. 1 .4.2 Les nombreuses possibilités d'utilisation de la courbe des possibilités de production Nous venons de voir une des principales applications de la courbe des possibilités de pro­ duction: choisir la quantité de deux biens qui sera produite dans l'économie compte tenu des ressources rares y existant et des procédés techniques disponibles. Cette courbe cependant est susceptible d'illustrer de nombreux autres cas écono­ miques que nous aurons l'occasion de développer dans la suite de l'ouvrage. En voici deux exernples soulevant des problèmes sur lesquels nous reviendrons par la suite : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) l'OBJET DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE 8 a) Consommation et investissement Adtnettons que nous ayons le choix entre la production de biens qui seront conso1n1nés immédiatement et celle de biens d'équipement (on dira alors qu'on investit) qui permet­ tront, dans l'avenir, de produire des biens qui seront consolllinés alors. Economique1nent, investir c'est détourner des ressources productives de la production de biens de consom­ mation (on réduit la consommation actuelle) pour les allouer à la production de biens de capital qui permettront d'accroître la consonuua tion future. Contentons-nous, poLu· J'ins­ tant, de cette définition. A D 0 B Demain figure 1.2 Envisageons un diagram.me sur lequel nous mesw·ons, en ordonnée, la consom­ tnation actuelle (« aujow·d'hui ») et en abscisse, la conson1mation future (« demain »). Si toutes les ressources productives dont dispose l'économie sont utilisées pour la produc­ tion de biens de conson1mation, cette cons01nmation est égale à OA. Pendant ce temps, puisqu'aucune nrnchine 11 'a été construite pour pern1ettre de produire des biens qui seront consommés dans l'avenir, la consommation future est nulle (on adn1et, implicitement, que seules les machines consttuites aujourd'hui serviront à produire demain). Si, au contraire, toutes les ressources avaient été utilisées à la construction de n1achines, la consommation présente serait nulle tandis que la conso1nmation future (on suppose q11e tous les biens produits alors seront consommés) vaudrait OB. En pratique, bien sûr, une certaine quantité de ressources sera utilisée pour pro­ duire des biens consom1ués immédiatement tandis que le reste servira à construire des machines et sera donc investi. Les points de la courbe des possibilités de production AB représentent par conséquent (les deux situations extrên1es étant décrites par les points A et B), l'ensernble des combinaisons de la conson1I11ation présente et de la consommation future susceptibles d'être réalisées dans l'écono1nie compte tenu de la quantité de res­ sources disponibles. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 9 Lo science économique es/ la science des choix Plus on se déplace du point A vers le point B le long de cette courbe, pl.us on consacre de ressources à la production de biens d'équipe1nent (on investit) au détriment de la consommation présente. Supposons que, de tous les points de la courbe AB, celui préféré par la société soit le point C. Nous ne nous demandons pas pour l'instant pourquoi il a été sélectionné plutôt qu'un autre. Quelle sera la consommation actuelle? Quelle sera l'épargne (la partie non consomn1ée des revenus qu'on mettra à la disposition des entre­ preneurs pour leur permettre d'acquérir des biens d'équipement)? Quelle sera la consom­ mation future? La réponse à ces questions est imn1édiate. On consommera aujourd'hui une quantité de produit égale à OD alors qu'on aurait pu consonuner OA. On renoncera donc à consommer une quantité de biens égale à DA (c'est l'épargne) pour pouvoir en conso1nmer une quantité OE dans l'avenir. b) Progrès technique et prospérité Envisageons cette fois notre société dans un cadre dynamique. Plus un pays est prospère, plus les ressources dont il dispose sont i1nportantes, plus les teclmiques acquises par sa main-d'œuvre sont développées, plus il hui est possible de produire chaque bien en grande quantité. La courbe des possibilités de production se déplace vers la droite. Pas néces­ sairement parallèle1nent à elle-même. Les ressources nouvelles, les nouveaux procédés de production pourraient en effet fort bien contribuer plus efficacement à la production de certains biens qu'à celle des autres. On pounait très bien in1aginer que si on e1nploie l'ensemble des ressources disponibles à produire du pain, ces nouvelles ressources ou ces nouveaux procédés permettraient d'en doubler la production (40 millions de tonnes). Par contre, dans le cas où l'on ne produirait que des logements, la production n'augmenterait peut-être que de 20 % (12.000 logements) (voir figure 1.3). A' Pain A B' Logements Figure 1.3 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) l'OBJET 10 DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE A' A Consom. publiq. B' Consom. privée Figure 1.4 L'étude du déplacen1ent de la courbe des possibilités de production au fur et à nlesure qu'une société devient plus prospère nous pern1et de décrire un certain no1nbre d'évolutions de la structure des dépenses des individus. Il est bien connu, en effet, que cette structure dans une société prospère est très différente de ce qu'elle est dans une éconon1ie 111oins prospère. Par exemple, la répartition des dépenses entre la consomma­ tion privée et la conson1mation publique (routes, défense nationale, recherche, éducation) évolue en fonction du degré d'avancement des économies. Dans une société peu évoluée, la proportion des ressow·ces que l'on attribue à l'Etat est faible. Cette situation est.représentée par le point C Je long de la courbe des pos­ sibilités de production AB (figure 1.4). Par contre, lorsque l'écono1nie s'engage dans la voie de la croissance, le pays décide de consacrer une part plus i_mportante de son revenu aux services publics. La courbe des possibilités de production se déplace de AB en A'B' située plus à droite : on se situerait alors au point C' Je long de la courbe A'B'. On montre ainsi conunent les citoyens doivent choisir enitre les biens privés qu'ils acquièrent person­ nelleinent et les biens publics obtenus, en grande partie, par le produit de l'impôt. 1 .S LA LOI DES RENDEMENTS MARGINAUX DÉCROISSANTS Revenons-en à notre premier exemple numérique et supposons que l'on se situe initiale­ ment au point A. L'économie produit 20 111iUions de tonnes de pain mais ne bâtit aucun logement. Si, à ce nloment, on désire réaliser la construction de 2.000 logements, on sera a1nené à renoncer à la consommation d'un million de tonnes de pain. Que se passera-t-il Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo loi des rendements marginaux décroissants 11 alors si on continue à substituer des logements au pain? Supposons que l'on se trouve en D et que l'on désire à nouveau accroître de 2.000 unités le nombre de logements. Faudra-t-il encore renoncer à consommer un nlillion de tonnes de pain? Non, 5 nlillions de tonnes, cette fois. Comment peut-on expliquer ceci? Par une des lois les plus célèbres de l'analyse économique, la loi des renden1ents 1narginaux décroissants. De quoi s'agit-il? Non pas d'une relation entre deux produits telle que celle décrite par la courbe des possibilités de production mais d'une relation entre un facteur de production et la quantité cotTespon­ dante du bien à la production duquel ce facteur contribue. Elle concerne la production additionnelle qu'il est possible de réaliser en augmentant légèrement la quantité utilisée du facteur de production en question, la quantité employée des autres facteurs restant, pour sa part, inchangée. Mais, tout d'abord, quels so11t les facteurs de production? On en distingue géné­ raletnent trois sortes: la main-d'œuvre (le travail), la s0t1u11e des biens d'équipement acquis par l'hoinme au tenne d'un processus d'investissement (le capital), le sol et les ressources naturelles. Souvent d'ailleurs, se limite-t-on à ne prendre en compte que le travai1 et le capital. Envisageons l'exen1ple suivant. On dispose d'une swface fixe que l'on désire affecter à la production de blé. S'il n'y a pas de main-d'œuvre pour réaliser cette pro­ duction, celle-ci sera, bien entendu, nulle. Attachons ensuite à cette surface tme unité de travail. La production de blé sera égale à 5.000. En d'autres termes, la production de blé qui sera due à la première unité de main-d'œuvre utilisée vaudra 5.000. Que se passera-t-il si en maintenant la superficie de la terre inchangée, on y 1uet au travail une seconde unité de main-d'œuvre? La production de blé sera-t-elle alors égale à 10.000? Pas nécessairement. Elle sera n1ême vraisemblablement inférieure. Disons qu'elle sera de 9.000. La production moyenne de chaque travailJeur sera égale à 4.500. On dit qu'il s'agit de la productivité nioyenne du travail. La production additionnelle de blé due à l'utilisation d'une seconde unité de main-d'œuvre ne sera cependant que de 4.000. Il s'agit là de la productivité marginale du travail. Nous aurons l'occasion de revenir sw· ces notions dans le cadre du chapitre consacré à la théorie de la production. Leur importance cependant est tell.e que nous avons cru bon de les introduire dès à présent. Qu'adviendra-t-il de la production de blé si l'on emploie successivement une troisième, puis une quatrième, puis une cinquiè1ne... unité de n1ai.n-d'œuvre? La produc­ tion additionnelle retirée de l'utilisation de chacune de ces unités de travail di.n1inuera vraisen1blablement au fur et à 1uesu1·e que le nombre d'unités employées augn1entera. C'est la loi des rendements n1arginaux dé .croissants. L'aug1nentation de la quantité utilisée d'un facteur de production, la quantité employée des autres facteurs restant inchangée, doit normale1uent faire augmenter la production ; cependant, à partir d'un certain point, la production due à l'emploi d'une unité additionnelJe du facteur variable di1ninue au fur et à 1nesure qu'augmente la quantité utilisée de ce tàcteur. Elle est parfaitement décrite par l'exemple suivant: Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) l'OBJET 12 DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE Tableau 1.2 Nbre d'unités de main-d'œuvre utilisées Production de blé Productivité moyenne du travail Productivité marginale du travail 0 1 2 0 5.000 9.000 12.000 14.000 15.000 15.600 0 5.000 4.500 4.000 3.500 3.000 2.600 5.000 4.000 3.000 2.000 1.000 600 3 4 5 6 Cet exemple nous amène à formuler deux remarques. La première. La loi des renden1ents marginaux décroissants n'apparaît souvent qu'à partir d'un certain seuil de production. La productivité marginale des prenlières uni­ tés de main-d'œuvre peut parfaitement rester co11stante, voire niê1ne augmenter. La pro­ ductivité marginale du facteur variable ne diminuerait seulement que lorsque la finne engagerait des travailleurs supplémentaires au-delà de ce seuil. La loi des rendements n1arginaux décroissants est la conséquence de la rareté des facteurs de production fixes (dans notre exen1ple, la terre) par rapport au facteur variable (la main-d'œuvre). Plus la quantité utilisée du facteur variable augmente, plus bien entendu, Je(s) facteur(s) fixe(s) est (sont) rare(s). La seconde fait l'objet de la section suivante. 1 .6 LES ÉCONOMIES D'ÉCHELLE Les expériences de la vie quotidienne nous apprennent cependant qu'il est souvent moins coûteux de réaliser certains biens à grande écheUe plutôt que séparé1nent. 11 est n1oins coûteux de fabriquer 1.000 voitures à la chaîne dans une usine spécialisée que de les fabriquer séparé1nent dans 1.000 petits ateliers artisanaux. N'y a-t-il pas contTadiction dès lors, entre cette vérité et la loi des renden1ents décroissants que nous venons d'énon­ cer? Pas du tout. Supposons que nous doublions l'échelle d'opération d'une firme. Que nous dou­ blions la quantité qu'elle utilise de chaque facteur de production, aussi bien les ressources naturelles ou le capital que la main-d'œuvre. Co1nment sa production va-t-elle évoluer dans ce cas? Doublera-t-elle exactement? Fera-t-elle plus que doubler? Fera-t-elle moins que doubler? Chacune de ces trois hypothèses est possible. C'est dans un tel contexte que l'on parle d'éconornies et de déséconomies d'échelle; la finne est susceptible de faire varier la quantité qu'elle empl.oie de tous Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 13 Microéconomie el macroéconomie les facteurs de production. On dira alors qu'jl y a des rendements globaux croissants à l'échelle si la production augmente plus que proportionnelle1nent à l'accroissement de la quantité utilisée des facteurs de production, des rende1nents globaux décroissants à l'échelle dans l 'hypothése inverse. Lorsque nous définissions la loi des rendements décroissants, nous maintenions inchangée la quantité utilisée de certains facteurs de production alors que nous faisions varier la quantité employée d'un autre facteur. La loi des rende1nents décroissants n'appa­ raissait que parce que les facteurs fixes se faisaient progressive1nent de plus en plus rares par rapport au facteur variable. Quoiqu'il y ait des relations entre ces deux concepts - les rendements globaux à l'échelle et la loi des rendements décroissants - ils représentent, faut-il le noter, des situa­ tions totalen1ent différentes. 1 .7 MICROÉCONOMIE ET MACROÉCONOMIE La science éconorillque est la science des choix. Ces choix, elle les étudie tout aussi bien au niveau de l'individu ou de la firme individuelle, qu'à celui. de l'enseinble du système économique. On essayera de savoir comment le cons01n1nateur réparti t un budget limité entre les différents biens qu'il peut acquérir sur le n1arché, ou encore comment l'entrepre­ neur détennine les biens qu'il produira, en quelles quantités, en faisant appel à quel(s) procédé(s) de production et à quels prix il les vendra. On se demandera aussi c01nrnent l'épargnant choisit entre diverses formes possibles de place1nents de son épargne. Et ainsi de suite. Mais on ne négligera pas pour autant d'essayer de savoir comment le système économique réagit, dans son ensemble, à un accroisse1nent des dépenses publiques ou à une augmentation de la quantité de 1nonnaie en circulation. On verra conunent le gouver­ nernent peut se servir des instrurnents de politique écono1nique qu'il a à sa disposition, les taxes et les dépenses publiques notamn1ent, pour agir sur le volume de l'e1nploi ou sur le taux de croissance des prix. Cette distinction, comportement individuel d'une part, comportement du système économique dans son ense1nble d'autre pait, est approximative1nent celle que l'on trace communément entre la microéconomie et la rnacroéconon1ie. Nous ne pouvons, ni ne voulons d'ailleurs, nier qu'il existe des liens étroits entre ces deux don1aines de la science économique. On ne peut construire valabletnent une théorie macroécono111ique de l'in­ vestissement sans se demander en fonction de quels mobiles l'entrepreneur individuel investit. On détermine une fonction de demande globale de monnaie pour ! 'ensemble d'un pays. Cette fonction cependant ne peut être définie indépendamment de la façon dont les agents économiques individuels, les conso1111nateurs, les firmes, choisissent de détenir de la monnaie plutôt que d'autres actifs. Il en va de même en ce qui concerne la fonction de consommation globale et les choix effectués individuellement par chaque consomtnateur. 11 existe une théorie Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) l'OBJET 14 DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE microéconomique des finances publiques tout cormne il en existe une théorie macroécono­ mique. On ne peut nier qu'elles sont complémentaires l'une de l'autre. C'est le cas égale­ ment de la théorie niicroéconomique et de la théorie macroéconomique de la monnaie, de la théorie 1nicroéconomique et de la théorie macroéconomique de l'investissement ou du commerce international. Parfois même des instrun1ents d'analyse analogues sont utilisés dans le cadre de la théorie microéconomique et dans celui de la théorie iuacroéconomique. Force nous est cependant de reconnaître que les manuels le plus souvent cités opèrent une distinction entre l'aspect microéconomique et l'aspect macroéconomique des choses. Bon no1nbre d'ouvrages ne sont consacrés qu'à la théorie microéconon1ique, d'autres qu'à la théorie macroéconomique. C'est peut-être regrettable. Mais nous non plus, pour des raisons pédagogiques, nous ne pourrons éviter cette distinction. Nous commen­ cerons par aborder l'aspect individuel des choix économiques avant d'en venir à l'aspect global. À tout moment cependant, le lecteur devra se souvenir que la science économique fonne un tout et que si nous l'analysons comme nous le faisons, c'est pour lui pem1ettre d'en acquérir les rudiments dans le cadre le plus logique possible. Mais il veillera aussi, au cours des premiers chapitres swiout, à ne pas inférer de comportements individuels des règles qui, comme nous L'avons déjà dit, ne sont peut-être plus vraies pour le système économique dans son ensemble. IÛSUMÊ l. L'objet de la science économique est d'expliquer comment les individus, agis­ sant seuls ou en groupes, affectent à la satisfaction de besoins illimités des res­ sources rares ou limitées. La science économique (l'économie politique) est donc la science des choix. Elle décrit, analyse, explique les évolutions de la production, de l'emploi, des prix et des phénomènes analogues. 2. 3. Par contre, le rôle de la politique économique est d'agir sur les faits en fonction d'objectifs que l'on a préalablement fixés. La courbe des possibilités de production de l'économie regroupe l'en­ semble des combinaisons de biens qu'une économie est susceptible de produire, compte tenu de ses connaissances techniques, si elle utilise pleinement les res­ sources productives dont elle dispose. Elle représente, par conséquent, l'ensemble des combinaisons de biens entre les­ quelles la société peut faire un choix. 4. Lorsque le chômage est étendu et lorsque des machines restent inemployées, l'éco­ nomie se situe en-dessous de sa frontière des possibilités de production. Il lui est alors possible d'accroître la production d'un bien, sans d i mi nuer celle des autres, en utilisant des ressources productives jusqu'alors inutilisées. Cette situation décrit une économie de sous-emploi. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 15 Résumé 5. la courbe des possibilités de production permet de décrire les choix entre la consom­ mation et l'investissement, donc entre la consommation actuelle et la consommation future. Investir consiste à détourner des ressources productives de la consommation pré­ sente pour les utiliser à la fabrication de biens de capital qui permettront d'accroître la consommation future. 6. Sous l'effet du progrès technique, la courbe des possibilités de production se déplace vers la droite exprimant ainsi la possibilité de fournir les différents produits en plus grande quantité. 7. lorsqu'on ne produit que deux biens dont on mesure les quantités respectives le long des axes de coordonnées, la courbe des possibilités de production tourne sa concavité vers l'origine des axes. C'est une conséquence de l'existence de rende­ ments marginaux décroissants. 8. la microéconomie analyse les comportements de l'individu ou de la firme indi­ viduelle, tandis que la macroéconomie explique le fonctionnement du système économique dans son ensemble. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LE SYSTÈME DES PRIX ET LES CHOIX ÉCONOMIQUES 2.1 2.2 2.3 2.4 Système des prix et libre initiative privée Libre formation des prix et imperfection de la concurrence Libre formation des prix et répartition des revenus Le capitalisme avancé et l'activité économique de l' État Sommaire 18 22 24 24 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 18 LE SYSTÈME DES PRIX ET LES CHOIX ÉCONOMIQUES Lorsqu'on décri t et qu'on explique les faits écono1niques, il est indispensable de définir préalable1nent le cadre historique et géographique de la réflexion. En effet, de tout temps et à tout endroit, les honm1es n'ont pas été souinis aux 1nêmes lois, ni gouven1és par les mêines systè1nes économiques mên1e si souvent le marché a joué un rôle prédominant. Cet ouvrage d'éconon1ie politique concerne l'étude des mécanismes économiques dans les sociétés industrielles occidentales de la fi n du xx• siècle et du début du XXJ• siècle, bref J'étude des mécanis1nes économiques dans les sociétés capitalistes avancées. Lorsque nous verrons conm1ent l'entrepreneur détennine le processus de production qu'il utilisera pour fabriquer son produit, ce sera en supposant tout naturelle1nent qu'il a personnelle­ ment la possibilité de choisir entre plusieurs procédés. Et, quand nous nous demande­ rons comn1ent une modification des goûts des consotnmateurs affectera les prix des biens qu'ils consomment, ce sera évidemment en admettant que ces prix ne sont pas fixés de façon arbitraire en dehors des marchés. Nous nous attacherons donc à l'étude des 1nécanjsmes écono1niques dans les sociétés capitalistes avancées. Qu'est-ce à dire ? Notre systè1ne économique n'est plus le capitalisme pur tel qu'on le connaissait et qu'on le définissait il y a plus d'un siècle. C'est le néo-capitalis1ne ou systè1ne «1nixte» d'iniitiative capitaliste. Si, toutefois, le système capitaliste pur se définit par un ensemble de caractéristiques bien précises, on ne peut en dire autant du « néo-capitalisme ». Nous dirons tout simplement de lui qu'il doit être considéré co1rune une adaptation du systè1ne capitaliste à un certain nombre de besoins actuels de la société en permettant que les décisions qui seront prises le soient davantage dans une perspective confonne à ce qui est esti1né être l'intérêt général. Aussi, envisage­ rons-nous tout d'abord les principales caractéristiques du système capitaliste, notamnent r le rôle que joue en son sein le systèn1e des prix. Ensuite, nous ve1Tons pourquoi ce système fut critiqué, permettant alors, à côté de celle des ménages et des firmes, l'intervention de l'É tat dans le fonctionnement des mécanis1nes économiques. 2.1 SYSTÈME DES PRIX ET LIBRE INITIATIVE PRIVÉE Dans un système de libre initiative privée, aucun individu, aucun groupe d'individus, ne se préoccupe consciemment et directen1ent de l'intérêt général. Aucune auto1ité ne coordonne la nlultitude de décisions économiques. Chaque individu, chaque groupe ne poursuit que des fins égoïstes visant tantôt, s'il est consommateur, à maximiser son niveau de satisfac­ tion, tantôt, s'il est producteur, à maximiser son profit (nous verrons très longuement, par la suite, les conséquences de tels comp01ienJents). Or un tel système fonctionne, il n'est voué ni au chaos, ni à l'anarchie, un grand nombre d'exe1nples histori ques sont là potu­ nous le prouver. Qui plus est, on montre que, sous certaines conditions (sur lesquelles nous reviendrons ci-dessous en notant qu'elles ne sont jamais pleinement réalisées), chaque individu, en poursuivant exclusiven1ent ses fins égoïstes, sera conduit, comme par une main invisible, à réaliser les fins les plus avantageuses pour tous de telle sorte que, dans ces conditions, toute interférence de l'É tat dans la Libre concu1Tence entraînerait presque inévitable1nent des conséquences néfastes. Ce principe, un des principes de base de la Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Système des prix et libre initiative privée 19 science économique contemporaine, fut déjà énoncé par Adam S1nith (dans La Richesse des Nations) dès la fin du XVIII" siècle. Mais comment un tel système fonctionne-t-il? Quelles en sont les lignes maîtresses ? Le principe de base est très simple. Chaque chose, quelle qu'elle soit, a un prix. Qu'il s'agisse du kilo de pain ou du kilo de beurre, du kilo de blé ou de la tonne d'acier, de l'automobile ou du poste de télévision, du travail de l'employé ou de celui du professeur d'université (dans Le cas du travail humain, on parlera de « taux de salaire »), de l'hectare de terrain (son prix est la « rente foncière») ou de la maison d'habitation, chaque chose a un prix. Chacun reçoit de la 1nonnaie pour c e qu'il vend (son travail, du blé, de ]'acier, le droit de cultiver son champ ou d'habiter la maison dont il est le proprié­ taire... ) et chacun emploie cette monnaie pour acheter ce qu'il désire (du pain, du beurre, une auton1obile, un poste de télévision. . . ). Pour chaque chose donc un prix se forme. Tl n'est pas ürunuable cependant. Admettons, en effet, qu'à un certain mo1nent, la demande des ménages pour les logements aug1nente lorsque, dans le même temps, celle pOLtr les véhicules automobiles se réduit. La demande des ménages po11r les Logements augmente. Dans les faits, ces ménages vont déverser un tlot de comn1andes nouvelles chez les vendeurs-constructeurs de logen1e11ts. Co1n111ent peut-on représenter cette situation graphiquen1ent? Nous mesurons en abscisse la quantité de logements demandée par les ménages et celle offerte par les vendeurs, en ordonnée le prix des logements. Nous traçons deux courbes (nous les représentons ici, par simplicité, par des segments de droite) : une courbe de den1ande, décroissante, expriinant la relation entre le prix des logements et la quantité de logements demandée par les 1nénages (plus le prix est bas, plus la quantité de1nandée est élevée) et une courbe d'offre, croissante, donnant, pour chaque prix, la quantité de logements offerte par les vendeurs (plus le prix est élevé, plus les vendeurs sont disposés à offrir un grand nombre de logements). Nous verrons plus loin quels sont les facteurs détemlinant l'orientation générale de .ces courbes. L'équilibre du 111arché se fixe à la rencontre de la courbe d'offre et de la courbe de demande. Le prix d'équilibre (Pa) est, en effet, celui qui permet d'égaler les quantités offerte et demandée de Iogetnents (Q0 = Q/- Q/). Ceci est aisé à c01nprendre. Adtnettons que J e prix des logements soit de P1 (P1>P0). A c e prix, la quantité de loge1nents offerte par les vendew·s (Q/) est supérieure à celle demandée par les ménages (Q/). Un certain non1bre de vendeurs ne parviennent pas alors à écouler leur production, ce qui se traduit par une baisse du prix. Si, inversement, le prix des loge1nents était de P2 (P2<P;J, la quan­ tité de logements de1nandée (Q/) serait supé1ieure à celle offerte (Q/). Certains acheteurs ne sauraient alors être satisfaits c e qui se traduirait par une hausse du prix. L'accroissement de la demande pour les loge1nents aura cotnme effet que, quel que soit le prix de ces logements, la quantité qLti en sera maintenant demandée est supé­ rieure à celle qui était demandée auparavant : la courbe de den1ande de logements se dépla­ cera vers la droite et vers le haut. À l'ancien prix d'équilibre, P0 la demande de logements Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 20 LE SYSTÈME DES PRIX ET LES CHOIX ÉCONOMIQUES Offre p - - - - - - - - _ _ _ _ _ _ _ _ 1 1 1 1 1 1 1 L 1 1 1 1 1 1 1 1 - - - - - - - - - - - - _ _ _ _ __ Q� _ _ _ _ _ 1 1 j 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 _ _ _ __ 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 Q� Q� Q Marché des logements Figure 2.1 deviendra donc supérieure à la quantité offerte. l.'équilibre sur ce marché ne se rétablira alors que pour un prix Pd supérieur à P0 : à ce prix seulement, compte tenu des conditions nouvelles, les ménages désirent obtenir exactement la 1nên1e quantité de loge1nents que celle que les vendeurs acceptent de leur offrir à savoir Q�. Les commandes accrues de logements auront, par conséquent, comme effet de faire monter les prix et d'inciter les fabricants à u ne production plus importante. Dans le 111ême temps que la demande pour les logements a augmenté, celle pour les véhicules auton1obiles a diminué. Pour tout niveau du prix de ces véhicules, la quantité qui en est demandée est inférieure à ce qu'elle était précédem1nent. La courbe de den1ande pour les automobiles se déplace donc vers la gauche et vers le bas. Au prix, P1, qui prévalait initiale1ne11t sur ce marché, la quantité de véhicules demandée par les acheteurs est alors inférieure à celle offerte par les vendeurs. Sous l'effet de la concurrence, le prix des automobiles düninue. L'équilibre entre quantités offerte et demandée de véhicules automobiles ne se rétablit alors qu'au p1ix P; inférieur à Pr La diminution de la demande d'automobiles aura donc conune effet d'en faire baisser le prix et d'inciter les fabricants à une moindre production. Ce qui est vrai pour les biens de consommation l'est également pour les factetu-s de production, la rnain-d'œuvre, le sol, les biens inst1un1entaux. Si une économie dispose Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Système des prix et libre initiative privée 21 p Offre p'0 Demande finale Po Demande initiale Q Marché des logements Figure 2.2 p p'1 a; Q Marché des automobiles Figure 2.3 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LE SYSTÈME DES PRIX ET LES CHOIX ÉCONOMIQUES 22 de trop d'informaticiens (on verra plus loin comment se forment l'offre et la demande de travail) mais de trop peu d'écononùstes, le «prix» (le taux de salaire horaire) des infor­ n1aticiens diminue tandis que celui des éconon1istes augn1ente. Qui plus est, pendant ce temps, toutes autres choses restant égales, une partie de la main-d 'œuvre se déplace du secteur de l'informatique vers celui de l'analyse écono1nique. Le système des p1ix pro­ voquera donc un déplacement de la n1ain-d'œuvre vers l'activité la plus recherchée par l'industrie. Dans le 1nê1ne ordre d'idées, un hectare de terre sera affecté à l'activité offrant à son propriétaire le meillew· rendement. Ainsi, si le prix du sucre augn1ente par rapport à celui du blé, il ne serait nullement étonnant de voir certaines terres affectées jusqu'alors à la production de blé, l'être à celle de plantes à sucre. Dans un tel système concurrentiel de pertes et de profits, les objets qui seront pro­ duits sont déterminés par le vote des consom1nateurs chaque fois qu'ils décident d'acheter tel article et non pas tel autre. La façon (le comment) dont ces objets seront produits est déterminée par la concunence entre les producteurs incitant ceux-ci à rechercher à tout moment la méthode de production la moins onéreuse et à utiliser les facteurs dans une proportion adéquate. Le producteur qui atU"a n1iS au point la n1éthode de production la plus efficace disposera d'un avantage certain sur ses rivaux. Finalement - et nous bouclons ainsi la boucle - lorsque le consommateur achète son logement, son automobile, son kilo de pain ou son kilo de beurre, il verse une certaine somn1e d'argent qui sera utilisée à payé!' les salaires, les loyers, les dlvidendès des faétètuS ayàJJt contribué à la production de ces biens. Les taux de salaire, les rentes foncières, les profits des capitaux seront déter1ninés c01npte tenu des techniques utilisées par les producteurs, par la loi de l'offre et de la demande sur les marchés des facteurs de production. Le revenu des individus, donc finale1nent le « pour qui les biens sont produits », sera par conséquent égalen1ent fixé par la seule loi du 1narché. 2.2 LIBRE FORMATION DES PRIX ET IMPERFECTION DE LA CONCURRENCE Voilà donc, semble-t-il, résolu à la satisfaction <le tous, le u·iple problè1ne du choix des biens à produire, de la façon de les produire et des personnes à qui ils sont destinés. Ce n'est pas sûr. En effet, en deux siècles, la l.oi ,d'Adam Sn1ith a donné lieu à de nom­ breuses discussions parmi les économistes. PotLr finalement arriver à la conclusion que si les vertus attribuées à la concunence peuvent être réalisées ce n'est que moyennant la satisfaction de conditions préalables particuUèrement restrictives et notamn1ent celle certainement la plus in1portante - que tous les n1archés de l'économie soient des nrnrchés parfaitement concurrentiels. Qu'est-ce à dire ? Que sur chaque marché, les marchés de produits com1ne ceux de facteurs de production, aucw1 individu, qu'il soit acheteur ou vendeur, n'est capable d'influencer le prix pratiqué par son propre comportement. Dès que cette condition n'est pas satisfaite, que la quantité d'un bien ou d'un facteur de production demandée ou offerte Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Libre formation des prix el imperfection de la concurrence 23 par un individu ou par un groupe coordonné d'individl1S est suffisamn1ent importante pour permettre à cet individu ou à ce groupe d'en influencer le cours dans un sens ou dans l'autre, un certain degré d'imperfection s'introduit dans le jeu des transactions avec comn1e conséquence que le système des prix n'assure plus alors une bonne utilisation des ressources de l'économje. Qui plus est, 1uême si, en présence de tels éléments d'imperfec­ tion de la concurrence, certains marchés demeurent parfaitement concurrentiels, tien ne garantit que l'affectation des ressources sur ces marchés soit l'allocation optimale. Or, nous le verrons, des éléments de monopole apparaissent sur la grande majo1ité des marchés de l'écono1nie. Sur presque tous les marchés, des individus ou des groupes d' individus achètent ou vendent un bien en quantités suffisantes pour être en mesure d'agir sur son prix. Certes lorsque plusieurs frrmes existent qui produisent des biens identiques ou presque identiques, chaque entrepreneur ne pourra pas fixer son prix sans tenir c01npte de ceux de ses rivaux. Mais dans bon 1101nbre de cas il vendra une quantité suffisamment in1portante de ce produit pour pouvoir influencer son prix par son seul comportetnent. Souvent même aussi achètera-t-il personnellement une suffisamment grande quantité de certains faceurs t pour être également en n1esure d'influencer leurs prix à lui seul. Répétons-nous. L'existence de firmes rivales, donc d'une certaine concurrence, ne veut pas nécessaire1nent dire concuITence parfaite. Encore faut-il que chacun, individu ou groupe, soit incapable, par son propre comportement, d'agir sur les prix. Qui plus est, lorsque les entreprises ont avantage à produire sur une grande échelle, on s'écarte naturellement des hypothèses de la concurrence parfaite puisque cha­ cune a une production suffisante pour avoir une influence sw· le prix. La nature des coûts est alors telle que la concurrence parfaite ne saw·ait perdw·er. Si donc, dans Le monde dans lequel nous vivons, l'existence d'iinportants élé­ ments de monopole en1pêche le modèle concurrentiel de fonctionner convenablement, il en va de nlême de l'instabilité et de la non-transparence des préférences des consomma­ teurs. Ignorant quand Les goûts des consommateurs changeront, les entreprises peuvent surproduire dans certaines branches et sous-produire dans d'autres. Et si finale1nent les entreprises finissent par s'adapter aux leçons de l'expérience, il y a fort à penser qu'alors les préf érences des consommateurs se seront à nouveau modifiées. Dans le mêrne ordre d'idées, on peut égale1nent avancer l'argun1e11t suivant. Beaucoup de producteurs ignorent à peu près tout des méthodes de production plus effi­ caces utilisées par leurs concurrents ; les producteurs n'ont pas une connaissance parfaite de l'ensemble des techniques disponibles. Et lorsqu'ils l'acquerront, celles-ci auront à nouveau évolué. Mais pourquoi, direz-vous, les économistes ont-ils fait tant d'efforts, ont-ils consacré tant de te1nps à l étude de la concurrence parfaite puisqu'il s'agit d'une forme utopique d'organisation de ]a société qui n'a jamais pu être expé1imentée ? Tout sin1plement parce qu'elle va Leur servir d'étalon par rapport auquel ils jugeront les fonnes d'organisation des n1archés qu'ils rencontreront dans la réalité. Mais cela est une autre histoire sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir. ' Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 24 LE SYSTÈME DES PRIX ET LES CHOIX ÉCONOMIQUES 2.3 LIBRE FORMATION DES PRIX ET RÉPARTITION DES REVENUS Même si le modèle concurrentiel fonctionnait parfaiten1ent, même si la concurrence par­ faite était généralisée sur tous les marchés de l'écononlie, l e système capitaliste pur ne serait peut-être pas encore, pour une autre raison, l e système idéal. Rien ne garantit en effet que la répartition des revenus qui résulterait des lois du marché puisse être considérée comme équitable ou souhaitable. Lorsqu'il s'agit d'élire ses représentants au Parlement, chacun a droit à une voix. Ce n'est pas le cas dans le cadre de la vie économique. Co1npte tenu de la rareté des ressources économiques, chaque unité de produit ira à celui qui sera prêt à payer le prix l e plus élevé pour l'obtenir. Or si ce prix dépend des goûts du cons01nmateur, il est éga­ le1nent fonction de son revenu : généralement, plus celui-ci est haut, plus on accepte de payer un prix élevé pour toute unité supplémentaire d'un bien. Dans cette perspective, un ménage riche pourrait être prêt à payer plus pour acquérir un troisièn1e ou un quatrième véhicule automobile qu'un ménage pauvre pour en obtenir un premier. Il en retirerait cependant une moins grande satisfaction. Laisser les salaires se fonner librement par le jeu de l' offre et de la demande conduirait à réduire les revenus de travailleurs disposant d'une qualification qui est peu demandée par l'industrie. Dans le 1nême ten1ps, une des conséquences du progrès technique ou du développement des relations économiques internationales serait vraisemblablem.ent de réduire de façon substantielle le pouvoir d!'achat de certains tout en augmentant, dans une mesure plus large, celui d'autres. Faut-il que les revenus soient détenninés uniquement par le résultat d'une lutte concurrentielle ou est-il préférable que les pouvoirs publics interviennent, par la percep­ tion de taxes et l'at:t:Jibution de transfe1ts sociaux, pour en rendre la répartition plus égali­ taire ? Il s' agit là, nous l'avons déjà dit, d'une question de nature nonnative qui ne relève pas de l ' objet du cours, l a compréhension des mécanis1nes économiques. Encore faut-il être conscient qu'elle peut se poser. 2.4 LE CAPITALISME AVANCÉ ET L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DE L'ÉTAT Ce sont les raisons que nous venons de citer (imperfection de la concurrence, 111auvaise infonnation des agents économiques, volonté de redistribuer Je revenu) qui ont justifié l' intervention croissante de l'É tat dans le processus économique. Nous ne vivons plus, nous l'avons dit, dans un régin1e capitaliste pur n1ais dans un régin1e néo-capitaliste, dans un système mixte au sein duquel des éléments de conlTôle étatiste se con1binent avec des élé1nents de marché pour organiser la produc6on et la consom.mation. Il convient donc de s'inteJToger sur les motivations de ! 'É tat lorsqu'il intervient dans la vie écono1uique et stu­ les inodalités de son intervention. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Le capitalisme avancé et /'activité économique de l'État 25 a} Les motivations de l'intervention des pouvoirs publics La littérature assigne généralen1ent trois fonctions bien particulières à la branche budgé­ taire du secteur public: • une fonction d'allocation des ressources ; • une fonction de redistribution du revenu ; • une fonction de stabilisation de l'activité économique. La fonction d'allocation des ressources Elle répond principalement à l'existence de biens qui, par leur nature, ne peuvent faire l'objet de transactions dans un systèn1e de marché. Ces biens sont appelés biens publics pour les distinguer des biens privés qui, quant à eux, peuvent faire l'objet sans problème de telles transactions. Cette distinction entre biens privés et publics est donc basée exclu­ sivement sur les caractéristiques techniques propres à chaque type de biens. Le bien public est conso1nn1é conjointement, sans rivalité, par plusieurs personnes (tous les habitants d'un quartier, d'une co1n1nune, d'w1e région, d'un pays ou, même, d'un groupe de pays) alors que le bien privé fait l'objet d'une consommation individuelle (le litre de lait ou l'ordinateur portable par opposition aux services de défense nationale ou de protection de l'environnen1ent). La consommation du bien privé est, d'autre pa11, soumise au paiement d'un prix (si on n'accepte pas de payer le prix, o n renonce à la consomn1ation du produit), ce qui n'est pas le cas du bien public, caractérisé par l'absence de possibilité d'exclusion par les prix. Ceci conduit les consommateurs de biens faisant l'objet d'une consotmnation (totale­ ment ou, rnême, partielle1nent) collective à adopter une attitude de« passager clandestin». Chacun tâchera de participer à la conson1mation de ces biens sans avoir à en supporter la charge. Si tout le monde adopte cette attitude, de tels biens ne pouJTont jamais être offerts dans le cadre d'un processus de marché. C'est pourquoi l'offre de biens publics ne peut être laissée à l'initiative privée. Le gouvernernent intervient, dans ce cas, pour coniger une défaillance du marché. li intervient aussi pour corriger d'autres formes de défaillances du 1narché. Notanunent, lorsque les décisions d'agents économiques entraînent des coûts ou des avan­ tages pour d'autres agents économiques qui ne sont pas pris en c01npte dans le calcul économique (on parle de coûts ou de bénéfices « externes»). On peut expliquer ainsi la lutte contre la pollution et les dégradations de l'environne111ent compte tenu du coût social qui en résulte, ainsi que l'organisation de services de santé ou d'un réseau d'enseigne1nent étant donné le plus grand attrait pour chacun de vivre au sein d'une société 1nieux soignée ou 1nieux éduquée. Le secteur public intervient également pour corriger l'offre ou la demande de biens présentant, cependant, toutes les caractéristiques du bien privé. Certains de ces biens sont qualifiés de biens méritoires et leur consommation est encouragée (l'accession au logement ...) ; d'autres, au contraire, sont estimés peu désirables par les pouvoirs publics (alcool, tabac ... ) et leur conson1mation est découragée. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 26 LE SYSTÈME DES PRIX ET LES CHOIX ÉCONOMIQUES Finalement, les pouvoirs publics sont, totalement ou partiellement, propriétaires de certaines entreprises et intervieru1ent à C·e titTe dans la production de biens faisant l'objet d'échanges sur le marché. Les transports en commun, les télécommunications, la distribution d'eau ou celle de gaz et d'électricité sont des branches d'activité, au moins pariiellement, aux mains du secteur public ou largement régulées par celui-ci. Les entre­ ptises publiques sont donc celles qui sont placées sous l'autorité de 1 'État. Cornme toute autre entrep1ise, cependant, elles produisent des biens et des services en vue de les vendre sw· le .marché, à un prix couvrant approximativetuent leurs coûts. Pour sa part, !'adminis­ tration publique (les services adn1inistratifs) regroupe toutes les unités économiques dont la nlission est de mettre à la disposition du public des biens et des services, gratuite1nent ou, tout au moins, à un p1ix sans rapport avec leur coüt. La fonction de redistribution du revenu La volonté du secteur public de redistribuer le revenu entre les me1nbres de la collectivité déte1111ine en grande partie sa politique de taxati.on et de transferts. La répa1tition de l'im­ pôt entre les contribuables, sa plus ou moins grande progressivité, les conditions d'octroi des transferts sociaux, les modes de :financement de la politique sociale constituent en effet les principaux instruments de la politique de redistribution du revenu menée par les pouvoirs publics. La quantité de ressources (richesse, revemu...) dont chaque ménage disposera fina­ lement, les transfe1ts monétaires qu'il recevra, ne sont cependant pas les seuls éléments à prendre en compte au moment d'effectuer le bilan d'une politique de redistribution. Il ne tàut pas oublier, en effet, que par les biens qu'il founut (des services d'enseignement, des services de logen1ent offe1is sans la perception d'une contribution con-espondante...), le gouvernen1ent influence également de façon significative la répatiition du revenu entre les individus. La manière dont sont réalisés les objectifs de la fonction d'allocation des ressources n'est, par conséquent, pas sans effet sur la réalisation de ceux de la fonction de redistribution du revenu. La fonction de stabilisation de /'activité économique Les pouvoirs publics utilisent aussi leur politique fiscale pour réaliser -ou tout au moins pour essayer de tendre vers leur réalisation- un certain 1101nbre d'objectifs 111acroécono1niques : un haut niveau d'emploi, un degré raisonnable de stabilité des prix, une balance des paiements équilibrée, un taux acceptable de croissance de l'écono1nie. Aussi, comme nous le verrons dans la seconde partie de l' ouvrage, le budget de l'État (les dépenses gouvernementales mais aussi les taxes et les transfeits sociaux) est-il souvent utilisé potff essayer de réduü·e les fluctuations que connaît l'activité économique. Par ce1tains de ses aspects même, la politique budgétaire remplit un rôle de stabilisateur auto1natique. Elle contient en son sein un certain nombre d'instruments dont la fonction est de répondre immédiatement, sans délais, à des facteurs indlicateurs d'une instabilité de la situation éco­ nomique. On peut citer, comme exemples de stabilisateurs automatiques, la progressivité de l'i1npôt direct ou encore les allocations aux travailleurs sans e1nploi. Qui plus est, les nléthodes de financement d'un budget en déséquilibre peuvent donner lieu à toute une Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Le capitalisme avancé et /'activité économique de l'État 27 sé1ie d'effets dérivés sur l'activité économique. Ce sont là des thèn1es que nous aurons l'occasion de développer par la suite. Les résultats de la fonction de stabilisation du budget public ne seront pas sans effet sur ceux des fonctions d'allocation des ressources et de redistribution du revenu. Réduire les dépenses publiques négligera vraisemblablement le fait que ces dépenses répondent à des besoins spécifiques de fta population ou assurent une n1eilleure réparti­ tion des revenus. Les accroître dans u11 objectif de stabilisation, sans donner la possibilité aux ménages d'auginenter leur consornmation privée, risque d'entraîner le développement d'un secteur public de taille excessive. Pour nous résumer, 1' État intervient dans le processus économique avec une triple mission. Fournir les biens et les services collectifs ainsi que corriger, dans certains cas, l'utilisation des ressom·ces qui résulterait du simple jeu des forces du marché dans un sens plus conforme à l'« intérêt collectif». Adapter la distribution du revenu entre les individus de façon telle que ce revenu soit réparti de façon plus égalitaire. Agir sur le niveau d'acti­ vité économique de la nation en employant à cet effet les instruments adéquats. b) Les modalités d'intervention des pouvoirs publics Les pouvoirs publics vont rencontrer leurs objectifs de différentes façons : • en créant un cadre légal au sein duquel ! 'activité économique va se développer. Empêcher certains co1nportements, en rendre d'autres obligatoires . . . modifie fon­ dainentalement les conditions dans lesquelles l'activité économiq11e s'exerce. En l'absence des règles existantes, encadrant l'activité économique, le monde serait cer­ tainen1ent très différent de ce qu'il est aujourd'hui ; • en mettant des biens et des services publics à la disposition de la population. Ces biens et ces services sont destinés à rencontrer des besoins qui ne peuvent pas être satisfaits dans le cadre d'un processus de marché. Nous verrons aussi que les dépenses publiques constituent, au même titre que les dépenses de consommation des ménages et les dépenses d'investisse1nent des entreprises, une des composantes de la demande de produits adressée à l'écono111ie et peuvent être utilisées, de ce fait, comme un ins­ trument de politique macroécono1nique ; • en prélevant des itnpôt<; (politique fiscale) et en finançant une politique de transferts sociaux. Ces politiques devront être, à la fois, équitables et efficientes. Elles devront être équitables dans la mesure où elles pennettront de rencontrer les objectifs de redis­ tribution que les pouvoirs publics se sont assignés. Elles devront aussi être efficientes puisqu'il s'agira pour elles d'influencer le moi.os possible la majorité des comporte1nents que les agents économiques adopteraient en leur absence. Or nous verrons, par plusieurs exemples, que ces agents économiques réagissent le plus souvent à la fisca­ lité et aux aides sociales en 1nodifiant leurs comporte1nents et en essayant, notamment, de reporter partiellement la charge de l'impôt vers d'autres unités économiques. Par ailleurs, en faisant varier la pression fiscale ou le montant des aides sociales, les pou­ voirs publics modifieront aussi le revenu que les ménages consacrent au finance1nent de leurs dépenses de consommation. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 28 LE SYSTÈME DES PRIX ET LES CHOIX ÉCONOMIQUES c) Les choix collectifs Nous avons vu qu'en offrant à la population des biens et des services répondant à des carnc­ téristiques spécifiques, les pouvoirs publics réagissent à des situations de défaillance du 1nar­ ché. Quelle incitation les habitants d'un pays aw-aÈent-ils à révéler la valew· que représentent pour eux la politique de défense ou celle de justice puisqu'ils savent qu' ils ne poutTont en aucun cas être écartés des avantages de ces poliitiques? Pourquoi chacun révélerait-il le plai­ sir qu' il retire à vivre au sein d'une société mieux soignée ou p lus éduquée puisque, de toute façon, nul ne poutTa l'empêcher de profiter d'une telle situation ? Pourquoi un entrepreneur tiendrait-il compte, lors de ses choix, des coüts additionnels (on dira des « coûts externes ») que son activité fait supporter à d'autres agents écononuques ou pourquoi, lorsqu'il fait la file à l'entrée d'une ville, l'auton1obiliste pressé prendrait-il en considération le temps d'attente suppléinentaire que sa présence impose aux. autres automobilistes ? Lorsque les agents économiques sont an1enés à se con1porter en « passager clan­ destin », un processus de décision politique se substitue au système de prix. Dans le monde politique, tout comme sur le marché, plusieurs groupes d' agents économiques coexistent et agissent en fonction de leurs propres objectifs : • les électeurs é1nettent des choix entre plusieurs politiques (démocratie directe) ou entre plusieurs candidats chargés de les représenter (démocratie représentative). Ils essayent de se montrer rationnels en choisissant la politique ou le candidat leur permettant de rencontrer le mieux possible leu rs objectifs personnels. 1l n' empê che qu'on peut mon­ trer (théorème de l'impossibilité de Arrow), qu'à moins de poser des hypothèses res­ trictives sur les choix des électeurs, un système de vote parfait, absolument cohérent, n'existe pas ; • les fem1nes et les hommes politiques qui, en démocratie représentative (les électeurs dés ignent des représentants au sein d'assemb lées é lues), agissent généralement dans le cadre coordonné de partis . Certaines théories établissent une sorte d'analogie entre le fonctionnen1ent des marchés de produits et de facteurs de production et celtù du monde politique (on parle égalen1ent de « marché politique »), Elles arrivent à la conclusion que, sous certaines conditions (les électeurs peuvent être classés en fonction de leurs préf érences politiques Je long d'un axe allant de la gauche à la droite et sont obli­ gés d'é1nettre un choix entre les politiques proposées), si tant les électeurs que leurs représentants (ils chercheraient unique1nent à maximiser le n01nbre de votes qu'ils recueilleraient) se co111portent de façon égoïste, ces représentants finiraient par retenir les politiques que leurs électelLrS auraient choisies en démocratie directe. Assüniler les femmes et les hollllnes politiques à des êtres sans âme, intéressés uniquement par leur popula1ité, simplifie cepen dant la réalité d!e façon excessive. À côté de cet objectif, ils s'en fixent d'autres : un certain pouvoir ou un certain prestige personne l, une bonne ünage de marque, la satisfaction d'objectifs personnels également. Souvent d'ail leurs, puisque les élections sont espacées dans le temps de façon régulière, ils essayeront de rencontrer leurs idéaux personnels au début de la période séparant deux élections, recherchant essentiellement, par la suite, la plus grande popularité. Il s'en suivra le développement d'un « cycle politico-économique » ; Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Le capitalisme avancé et /'activité économique de l'État • 29 l'administration publique est indispensable aux fe1nmes et aux honunes politiques qui, sans elle, ne powTaient mener lettr action à bien. C'est, en e ffet, J'adn1inistration qui exécute les décisions politiques ; c'est elle aussi qui les nourrit par divers rapports, notes, études . . . Les dirigeants de !.'administration (on les appelle parfois les « bureau­ crates ») vont profiter de l'information dont ils disposent (ils connaissent parfaitement leurs coûts ainsi que Je budget que les responsables politiques sont prêts à leu r octroyer mais ces derniers, par manque de points de co1nparaison, ne peuvent juger l'efficacité avec laquelle ! 'administration remplit sa tâche) pour imposer leurs propres objectifs. Ceux-ci sont nombretLX : le prestige et le pouvoir, le niveau de rémunération, des acti­ vités variées, un personnel i mportan t des possibilités de promotion, une gestion aisée de 1 'administration, une grande faculté d'adaptation... On les résume souvent par la volonté des «bureaucrates» de maxitniser le budget de l'administration à condition, toutefois, que celui-ci soit suffisant pour couvrir le coût des activités attendues par les femmes et les hommes politiques. , UsUMÉ 1. Dans un système de libre iniitiative privée1 aucun individu ou aucun groupe coordonné d'individus, ne se préoccupe consciemment et directement de l'intérêt collectif. Aucune autorité ne coordonne la multitude de décisions économiques. Chacun se comporte de façon purement égoïste cherchant tantôt à maximiser son niveau de satisfaction, tantôt à maximiser son niveau de profit. Sous certaines conditions, cependant, ce système fonctionne parfaitement en conduisant à la meil­ leure utilisation possible des ressources économiques. C'est la loi d'Adam Smith. 2. Dans un système de libre formation des prix, chaque chose, tant les facteurs de production que les produits, a un prix. Ces prix, cependant, ne restent pas immuables mais évoluent au cours du temps sous l'effet des forces d'offre et de demande. 3. La libre formation des prix ne conduit à une utilisation optimale des ressources que si tous les marchés de l'économie sont parfaitement concurrentiels. Sur chaque marché, les marchés des biens de consommation comme ceux des facteurs de production, aucun i ndividu ne doit être capable d'influencer le prix pratiqué par son seul comportement. 4. Rien ne garantit que la répartition du revenu qui résulterait des forces du mar­ ché puisse être considérée comme équitable ou comme souhaitable. Les pouvoirs publics peuvent alors être amenés à intervenir, par la politique fiscale ou par la politique sociale, pour la modifier. 5. Le néo-capitalisme est un système mixte au sein duquel des éléments de contrôle étatiste se combinent avec des élléments de marché pour organiser la production et la consommation. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 30 LE SYSTÈME DES PRIX ET LES CHOIX ÉCONOMIQUES 6. Les pouvoirs publics interviennent dons le système néo-capitaliste avec une triple mission : répondre à l'existence de biens qui, par leur nature, ne peuvent pas foire l'objet de transactions sur le marché et corriger les défaillances du marché (imperfection de Io concurrence, économies et déséconomies externes) ; redistribuer le revenu entre les membres de Io communauté, tendre vers Io réalisation d obiec tifs macroéconomiques (haut niveau d'emploi, stabilité des prix. . . ) ' · . Ils créent u n cadre légal ou sein duquel l'odivité économique se développe, mettent à Io disposition de Io population des biens et des services publics, prélèvent des impôts et financent une politique de transferts sociaux. 7. Les choix collectifs se justifient par la te·ndonce qu'ont les individus à adopter, dons certaines circonstances, un comportement de « passager clandestin » . Dons le monde politique, tout comme sur le marché, plusieurs groupes d'agents coexistent el agissent en fonction de leurs propres objectifs : les électeurs, les femmes et les hommes politiques, les hauts fonctionnaires, les responsables de groupes de pression. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) PARTIE 1 L'APPROCHE MICROÉCONOMIQUE Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 1 0 Lo demande pour un bien La théorie de l'utilité et de la demande Lo théorie de la production De la théorie de Io production à la théorie des coûts Lo concurrence parfaite Les formes d'imperfection de la concurrence. Le monopole La concurrence monopolistique et l'oligopole Les marchés de facteur de production Sommaire 35 59 75 101 121 151 181 201 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 32 PotmouE ÉCONOMIQUE Nous avons décrit, dans le chapitre précédent, les p1incipales caractéristiques du système capitaliste. Nous avons écrit que, dans ce régime. auctme autorité ne coordonne la multitude des décisions économiques. Chaque individu, q11'il soit producteur, consommateur, travailleur ou épargnant, poursuit égoïstement ses propres objectifs sans se soucier en quoi que ce soit du « bien collectif ». Pourtant, avons-nous dit, un tel systèn1e fonctionne et conduit, sous certaines hypothèses, à une bonne utilisation des ressour-ces. S'il en est ainsi, c'est grâce à l'existence, en son sein, d'un systèn1e de prix (ne parle-t-on pas, d'ailleurs, du régùne de libre formation des prix?).Chaque c11ose, chaque bien de consommation ou d'investissement co1nme chaque facteur de production, a un prix. Or c'est le prix des choses qui constitue l'infonnation que requiert l'action des agents écono1niques et qui les guide dans leurs décisions. Mais co1111nent les prix se fonnent-ils sur les différents marchés de l'économie (pour chaque bien et pour chaque facteur, on définit un 1narché sur lequel se rencontrent l'offre et la demande)? Comme le montrent les exemples ci-dessous (figures 0.1), les prix de certains produits (comme le pain) restent stables au cours du temps et n'augmentent que progressivement en fonction de la hausse du coût de la vie, tandis que ceux d'autres biens (l'or ou le baril de pétrole) peuvent fluctuer dans des proportions importantes d'une année à l'autre. C'est que ces prix dépendent tout autant des conditions de la production, l'offre, que du revenu et des goûts des c onsonlillateurs, La demande. Certes parmi les écoles de pensée qui se sont succédées au cOtlrS du temps, certaines attribuaient-elles Prix du pain (pain gris en 800 g) 2,2 IJ) 0 ... 2,0 c: QI 1,8 .5 1,6 ::s "C 1,4 ::s QI IJ) ·;: Ol Cil Q. )( ·;: a. à l'offre le rôle principal dans la détermination des p1ix alors - 1,2 1,0 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Année Source : Belgostat Online (BNB) figure 0.1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 33 L'approche microéconomique Cours de l'or (London Gold PM 1800 Q) 0 s:: 0 ... (Il Q. ... .!!! 0 't:l (/') :> Fix) 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0 I{) "Ql ..... ",.... Ql ..... 0) ,.... Ql ..... ..... (X) Ql ..... ("') (X) Ql ..... I{) (X) Ql ..... ,,.__ CO O> ,.... O> OO O> ..... ..... 0) Ql ..... ("') 0) Ql ..... I{) 0) Ql ..... "Ql Ql ..... 0) 0) Ql ..... Année ..... 0 0 (\j ("') 0 0 (\J I{) 0 0 (\j "0 0 (\j O> 0 0 (\j ..... ..... 0 (\j Source : Kitco Pétrole brut (UK Brent blend) 120 ; (Il .a 100 ; ... (Il Q. Ill ... .!!! 0 't:l (/') :> 80 60 40 20 0 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 Années Source : Energy Information Administration Figure 0.1 (suite) que d'autres attribuaient ce rôle à la de1nande. Aujourd'hui, on peut leur accorder la 111ê1ne in1portance, sans cependant vouloir méconnaître le fait que, pour certains biens, les fluchiations du prix suivent essentielle1nent les fluctuations de l'offre, alors que, pour d'autres, elles suivent en ordre principal les fluctuations de la de1nande. Toutefois, les prix dépendent égale1nent du caractère plus ou 1noins concurrentiel des marchés de l'économie. Ainsi, pour une demande et pour une offre données, s'établissent-ils de façon différente sur un marché concurrentiel et sur un marché où soit le vendeur, soit l'acheteur dispose d'un pouvoir de monopole. Or, répétons-le, pour que le système capitaliste pur soit le système idéal, il est nécessaire qu'un certain nombre de Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 34 PotmouE ÉCONOMIQUE conditions soient remplies et, panni celles-ci, que tous les marchés de l'économie soient parfaitement concurrentiels. Force nous est cependant d'admettre ici que l'équilibre concurrentiel n'est pas, loin de là même, la seule situation observable dans la réalité. Dès lors, l'objectif de cette prenuère partie de l'ouvrage sera-t-il double : • nous nous interrogerons tout d'abord sur l'orientation générale des courbes d'offre et de demande, tant pour les produits que pour les facteurs de production. Nous définirons les notions de base de la théorie de la demande et de celle de la production et des coûts. Sur ce dernier thètne, nous verrons notrunment comment déduire, en fonction de la quantité de bien produite, les coûts de production de la finne étant donné les technologies dont elle dispose et les prix des facteurs de production qu'elle utilise. Nous serons alors à tnême de comprendre com1nent les prix se fonnent sur les rnarchés et aussi comment il est possible, en e1nployant les instruments de politique économique adéquats, de les influencer ainsi que la quantité consoffiJnée de chaque bien. Rappelons sitnplement que les courbes d'offre et de de111ande établissent une relation entre le prix d'un bien ou d'un facteur de production e t la quantité que les vendeurs acceptent d'en vendre (par exemple, sur un marché du travail, le travailleur offre des heures de travail) ou que les acheteurs souhaitent en acheter (les entrepreneurs achètent ainsi des heures de travail) ; • nous verrons aussi comment le prix et la quantité, vendue et achetée, de chaque bien se fixent sur les différents 1uarchés de l'économie compte tenu du caractère concurrentiel ou non de ces marchés. Nous cotnparerons la fixation des prix dans un système parfaitement concurrentiel à celle dans un régime où un agent économique ou un groupe dispose, qu'il soit vendeur ou acbeteur de biens et de services, d'un pouvoir de monopole. Nous introduirons brièvement quelques questions liées à la fixation des prix sur les marchés des facteurs de production en raison de l'existence, sur ces marchés, de groupes organisés. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LA DEMANDE POUR UN BIEN 3.1 3 .2 3.3 3.4 3. 5 3.6 3.7 3.8 3.9 Formulation du problème La demande individuelle pour un bien L'élasticité-prix de la demande pour un bien La dépense du consommateur Courbe de demande et revenu du consommateur Courbe de demande et prix des autres biens Les goûts du consommateur, les anticipations et l'effet de cliquet Introduction à la théorie de la valeur. La notion de surplus du consommateur Demande individuelle et demande du marché Sommaire 36 38 40 45 47 49 52 53 54 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 36 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Puisque chacun ne dispose que d'un revenu limité, il est amené à effectuer des choix entre les différents produits qu'il est susceptible d'acquérir. Toutes autres choses res­ tant égales, plus un bien est désiré, plus il sera acheté. Mais lorsque son prix augmentera, le consommatew· s'en détoun1era vraisemblablernent pour acquérir des biens 1noins onéreux. Au contraire, en règle générale, moins un bien sera cher, plus sa consommation sera forte. Comment un consom1nateur, quel qu'il soit, ou un groupe de consommateurs va-t-il réagir aux fluctuations du prix d'un bien ? C'est la question à laquelle nous allons essayer de répondre dans ce chapitre. Le comportement de demande va s'expliquer en ad1nettant que, de façon ration­ nelle, le consommateur, qui dispose d'un revenu limité, cherche à tout 1non1ent à maximi­ ser le niveau de satisfaction qu'il en retire. C'est de cette attitude du consommateur que nous déduirons les caractéristiques de la demande individuelle pour un bien. 3.1 FORMULATION DU PROBLÈME a) La fonction d'utilité du consommateur Nous envisageons le cas d'un consomtnateur quelconque qui a le choix entre n biens acquis respectivement en quantités : x 1 , x2 xn. • ... Les goûts (les préférences) de ce consommateur à l'égard de ces produits se tra­ duisent par sa fonction d'utilité : U (x1 , X, .. . , X ) - Il Elle exprùne le niveau d'utilité (niveau de satisfaction) du consommateur en fonction de la quantité qu'il consonlffie des n biens. On reconnaît que l'utilité marginale (l'augmentation du niveau de satisfaction du consommatew· due à la conso111mation d'une unité supplémentaire du bien ou, si l'on préfère, l'utilité retirée de l'unité additionnelle de produit) retirée de la consotnmation de chaque bien est, à la fois, positive et décroissante. Qu'est-ce à dire ? Supposons que notre cousom111ateur dispose d'une quantité donnée de (n-1) biens et qu'il ne soit susceptible que de faire varier seulement la quantité consomtnée du dernier bien. U est, dès lors, logique d'adn1ettre que plus grande sera la quantité consom1née de ce bien, plus élevé sera son niveau d'utilité. Lorsque, toutes autres choses restant égales, une personne consonm1e davantage d'un produit, l'utilité totale dont il jouit augmente (axiome de non saturation). L'utilité marginale retirée de la consomma­ tion du bien en question est positive : la conso1runation de toute unité additionnelle de ce bien se traduit toujours par une augmentation du degré d'utilité du consom1nateur. Dans le même temps, on peut raisonnab:len1ent penser que la satisfaction supplé­ mentaire retirée de la conso1u1nation d'une pren1ière unité du bien «variable» est supé­ rieure à celle obtenue de la consomn1ation d'une lOème ou d'une l OOème unité du mê1ne bien. C'est la loi de l'utilité inarginale décroissante : au fur et à mesure que, toutes autres choses restant égales, un individu consom1ne des unités additionnelles d'un n1ême bien, Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 37 Lo demande pour un bien Degré de satisfaction du consom. Figure 3.1 l'utilité dont il jouit s'accroît mais elle le fait de plus en pJus lentement au fur et à mesure qu'augn1ente le nombre d'unités conson1mées de ce bien. L'utilité marginale est donc décroissante. (pour i = 1, . .... n) et b) La contrainte budgétaire du consommateur Notre consommateur n'estjamais rassasié. Plus grande est la quantité de chaque bien dont il dispose, plus élevé est son degré de satisfaction. Une contrainte cependant l'empêche de pouvoir bénéficier d'une quantité infiniment grande des différents produits : son budget qui est limité. Soit R ce budget (le revenu du consommatew·) alors que les prix des n biens accessibles par le conso1n1nateur restent fixes et valent respectivement : p1 , p2 . . p11 pour les biens 1 , 2 . . . . n En aucun cas, ce consommateur ne peut dépenser plus gue son revenu ; sa dépense totale est, donc, au plus égale au revenu : P 1X1 + p�2 + ... + PnXn < R Il ou 2. P;X; � R i= 1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 38 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE c) Le problème posé Le conso1nmateur cherche à retirer de sa consonunation l'utilité la plus élevée possible. Il cherche donc à maxüniser son niveau de satisfaction. Dans le même te1nps, les paniers de biens (toutes les combinaisons possibles des n biens disponibles) accessibles sont limités par sa contrainte budgétaire. Il recherchera donc, panni ces paniers de biens, celui lui procurant le plus de satisfaction. li se fixera co1n1ne objectif de : Maximiser u (x1, x,• ... xn) co1npte tenu de sa contrainte budgétaire fl L PiXi � R i= l 3.2 LA DEMANDE INDIVIDUELLE POUR UN BIEN Le consonunateur n1axùnise son niveau de satisfaction sous la réserve de ne pas dépenser plus que son revenu. De la façon dont nous venons de fonnuler ce problème, on déduit que la quantité qu'il achètera d'un bien i quelconque (x) va dépendre du prix de ce bien (p), de son revenu (R), des prix des autres biens (p 1 • • .P;.i p1+i • • .p,,) ainsi que de ses goûts (représentés par sa fonction d'utilité) : • x; = x; (p;;R;p, . . . fJ;-1p;+1 . . . p,, ; goûts) . Admettons que les prix des biens autres que i, le revenu et les goûts du consom­ mateur restent inchangés. Seul Je prix (p) du bien i varie. S'il augmente, la quantité de ce bien que le consommateur souhaite acquérir dùninue vraisemblable1nent ; s'il dùninue, la quantité demandée du bien augmente. ' Le barème (et la courbe) de demande d'un consoIDJnateur individuel pour un bien exprùne donc la relation, dans l'hypothèse où les autres variables susceptibles d' illfluen­ cer la demande restent illchangées, entre le prix de ce bien et l.a quantité qui en est deman­ dée par le consom1nateur. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 39 Lo demande pour un bien Le barème ci-dessous (représentatif d'une relation linéaire entre le prix et la quan­ tité demandée du bien) pourrait parfaitement représenter la den1ande du consommateur pour le bien i : Tableau 3.1 Prix unitaire du bien i (p) Nombre d'unités demandées du bien i (x) l 45 2 40 3 35 4 30 5 25 6 20 7 15 8 10 Pour chaque individu, la courbe de demande individuelle pour la majorité des biens est décroissante. On ne peut toutefois pas exclure l'existence de cootre-exe1nples. Les goûts des consommateurs en effet peuvent être tels que, pour certains biens, une augmentation du prix -souvent dans une marge de variation relativement étroite­ entraîne un accroissement de la quantité demandée. Cette forme particulière de courbe de demande est connue, dans la littératuTe économique, sous le nom de « bien de Giffen ». On cite fréquen1ment à ce propos l'exemple suivant. Dans une conuuuoauté pauvre, les individus ne consomment que du pain et un peu de viande. Si le prix du pain vient à augmenter, il est fo1t possible que les consom.mateurs, dont le pouvoir d'achat se réduit, réagissent alors en consominant encore plus de pain et en se détournant complètement de la consommation de viande. Dans de telles sociétés, lorsque le prix du pain augmente, la demande pour le pain augmente égaletnent. Un bien de Giffen est donc un bjen dont la quantité demandée par le consomma­ teur augmente (resp. diminue) lorsque son prix augmente (resp. di111inue) toutes autres choses restant égales par ailleurs. Il s'agit là cependant d'un cas très particulier qu'il convient de considérer comme tel. Un autre cas, plus souvent rencontré celui-là, est celui de la com·be de demande parfaitement inélastique. Un bien est destiné à satisfaire un besoin tel du conson1n1ateur que sa demande reste insensible à toute variation du prix. En d'autres mots , la quantité detnandée du bien est indépendante du prix. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 40 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE D (courbe de demande) Prix (Pi) Quantité demandée (xi) Figure 3.2 3.3 L1ÉLASTICITÉ-PRIX DE LA DEMANDE POUR UN BIEN Ce dernier cormnentaire nous permet d ' introduire un outil fondamental de l'analyse éco­ nomique, l'élasticité. Revenons à notre exemple ch.iffré. Tableau 3.2 P. ' 2 3 4 5 6 7 8 X; Dépense totale (P,.x) 45 40 35 30 25 20 15 10 45 80 105 120 125 120 105 80 Élostidté/prix -3/17 -1/3 -7/13 -9/1 1 -11/9 -13/7 -3 S'il est maintenant bien établi que, généralement, la quantité demandée d'un bien diminue lorsque son prix augn1ente, il convient néanmoins de s'interroger sur la façon la plus rigoureuse possible de mesurer la sensibilité de la demande pour ce bien tion de son prix. Sommaire à une varia­ (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 41 Lo demande pour un bien Une pre1nière démarche pou1Tait consister à calculer le rapport 6 X; t.p; entre la variation de la quantité demandée du bien et celle de son prix. Si le prix augmente de 4 à 5 unités 1nonétaires (!lp; = 1 ), la de1nande se réduit de 5 unités de produit (&1 = -5) : t. x ; 6.p; = -5 Le calcul de ce rapport est, cependant, peu approprié à la 1nesure de la sensibilité de la de1nande au prix. En effet, un même rapport peut représenter des situations totale­ ment différentes sur le plan économique. L'exe1nple ci-dessous, relatif à la de1nande d'un conso1nn1ateur pour les biens et 2, nous en convaincra aisément : 1 Tableau 3.3 Bien 1 Bien 2 P1 x, 1 25 2 16 2 73 966 3 10 3 73 960 4 6 4 73 956 s P2 X2 73 975 s 4 73 954 Une augmentation du prix de chaque bien de 2 à 3 unités 1nonétaires entraÛle une même rédt1ction de la de111ande, 6 unités de produit : On observe cependant que la quantité demandée du premier bien s'est réduite dans une proportion importante (la dernande est fort sensible à la variation du prix) alors que celle du second est restée virtuellement stable (la den1ande est très peu sensible à une variation du prix). Ceci nous amène à définir et à calculer l'élasticité-prix de la de1nande (l'élasticité de la quantité demandée d'un bien par rapport à son prix). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 42 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE D'une façon tout à fait générale, l'élasticité d'une variable Y par rapport à une autre variable Z se définit comme le rappo1t des variations relatives (variations propor­ tionnelles) de ces vaiiables : t.Y e(Y. Z ) = y 6. Z z - /::,. Y 1::,.z Z · y-· En adoptant cette démarche, on définit l'élasticité-prix de ta demande comme te rapport entre la variation proportionnelle de la quantité demandée du bien et ta variation proportionnelle de son prix : e = e<X;./); ) = · t.x, _.!.!...._ t.p; /Ji = /::,. x; 1::,. p; -- · Pi - X; Puisque, saLtf cas exceptionnel, la de1nande pour un bien est une fonction décrois­ sante du prix, !),xi et /::,.p; sont de signes contraires de telle sorte que l'élasticité-prix de la denrnnde est négative. On est alors amené, généralement, à exprimer cette élasticité en valeur absolue : .ÔX. _ , 1 e1 -- 1e(xi.pi) 1 - X.-'i - -!),x'. ·p.' !::,.p /::,.p X. - f I Lorsque l'élasticité, en valeur absolue, de la de1nande pour un bien par rapport à son prix est supérieure à 1 , on dit que cette den1ande est élastique. Lorsqu'au conh·aire, elle est inférieure à l , on dit que la den1ande est rigide ou inélastique. On est, dès lors, amené à distinguer les cas suivants : 1e1 � oo ou e � 1 e 1 > l ou e < -1 1 e 1 = l ou e = - 1 1 e 1 < l ou e > 1 - lel = e = O : : : - oo : de1nande parfaitement élastique demande élastique élasticité unitarre demande rigide ou inélastique demande parfaitement 1igide (ou parfaite1nent inélastique). Il est de tradition de représenter une demande fortement élastique par une droite de faible pente (en valeur absolue) et une de1nande faiblement élastique par une droite de forte pente (en valeur absolue). C'est approxi1111ataf. Ces procédés de représentation ne sont en fait valables que dans les cas extrêmes d'une demande paifaitement élastique ou d'une den1ande parfaitement inélastique. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo demande pour un bien 43 Pi Pi �p1 = O de telle sorte que lel Xj Xi �x1 = O de telle sorte que lei = ex Demande parfaitement élastique = O Demande parfaitement inélastique Figure 3.3 Par contre, puisque l'élasticité dépend des pourcenages t de variation des variables et non de leurs variations absolues, toute droite de demande (autre que la ve11icale ou l'horizontale représentées ci-dessus) décrit, pour certaines valeurs du prix et de la quantité demandée, des situations de demande inélastique et, pour les autres valeurs, des situations de de1nande élastique. Pi A Demande élastiq1Ue M xof2a B xof2 Xo Xj Figure 3.4 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 44 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Ceci se démontre aisément en utilisant la fom1e générale d'une droite de demande x; = x0 - ap; ou P; = �(x0 - x; ) : où x0 et a représentent des constantes positives. égale à : On calcule que l'élasticité-prix de la demande, exprimée en valeur absolue est On en déduit que : lei = l si lei > l si lei < 1 si X0 - X. xo x.' ' = 1, donc si X x; = ; (point M) - x, > 1, donc si -"; < xo x, 2 X ( à gauche de M) X0 - X. ' < l , doncsix. > �(à droitede 1\1) 2 X1 1 Entre les points A et M, la den1ande est élastique par rapport au points M et B, elle est inélastique. i prx ; entre les C'est: uniquetnent par souci de sitnplicité qu'on représente généralen1ent le barème de detnande par une droite. Rien, en effet, ne garantit qu'il en soit bien ainsi. Or, si Pi Élasticité constante et unitaire Xi figure 3.5 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 45 Lo demande pour un bien ce que nous venons d'écrire est vrai pour une droite de demande, ce ne l'est pas toujours lorsque l a fonction de demande x.(p 1 1 ) n'est pas linéaire. On signalera par exemple que lorsque la demande pour un bien se représente par une hyperbole équilatère d'équation p1xi = k = Cte, l'élasticité-prix de la demande en tous points de cette courbe est constante et unitaire. Comment calculer, en pratique, le coefficient d'élasticité de la de1nande par rap­ po1t au prix ? Nous l'avons défini comme Je rapport entre les variations proportionnelles de ces variables. Par conséquent, si la valeur de cette élasticité dépend de t:.x; et de t:l/Jp elle dépend aussi de xi et de Pr Quelles valetLrS, les valetLrs initiales ou les valeurs finales, faut-il choisir pour ces variables ? Lorsque la variation étudiée est faible - lorsqu'on étudie une va1iation marginale du prix et de la quantité demandée - cette remarque n'a guère d'ü11portance. Lorsqu'elle est plus fo1te, le résultat peut être influencé sensiblement par le choix effec­ tué. Aussi propose-t-on généralement, de choisir pourP; et x; la moyenne arithmétique des valeurs initiales et finales de ces variables : e = (x / + xf )12 D.p, (v! + pf )12 x2I - x 11 p; - p] pJ + PT )• 1 X 1· + X 7 1 3.4 LA DÉPENSE DU CONSOMMATEUR L'évolution de la demande d'un conso1nn1ateur pour un bien i - la quantité xi qu'il sou­ haite en acquérir - peut être différente de celle de la somme qu'il dépense pour obtenir ce bien. Cette dernière, la dépense du consonnnateur unitaire du bien (B;), est égale au produit du prix (p;) et de la quantité (x) qui en est demandée à ce prix : Revenons-en à notre exe1nple numérique (tableau 3.2). Dans un pre1nier temps, l'augmentation du prix du bien entraîne une aug1nentation de la dépense totale du consom­ rnateur. Tant que la demande est rigide. On comprend intuitive1nent que, dans cette hypo­ thèse, l'effet de la hausse du prix l ' emporte sur celui de la diminution de la quantité demandée puisque celle-ci ne se rnodifie que faible1nent. Ensuite, lorsque la dernande devient élastique par rapport au prix, l'effet de la diminution de la demande est p lus in1portant que celui de l'augmentation du prix et la dépense totale du conso1nmateur dimitnue. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 46 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Mathé1natiquement, D.B.I = xI !l.pI + pI!l.x.I = x.!l.p. I I ( 1 +�t:. p. ' 1 �X. ' ·ô.p. ) 1 = x;�; (l + e) ' ou • /).xi e = -·; · - p X; �; . ' represente l'élasticité-prix de 1a demande pour le bien i. Si le prix P; du bien i augmente (!lp; > 0) : !l.B; > 0 si 1 + e > 0, donc si e > -1 (lei < 1 ) , c'est-à-dire lorsque la de1nande pour le bien i f:,13; < 0 si 1 + e < 0, donc si e < -1 (lei > l ) , c'est-à-dire lorsque la demande potu- le bien i est ü1élastique par rappo11 à son p1ix ; • est élastique par rappot1 à son prix. En résumé, • lorsque la demande est élastique, une augmentation du p1ix du bien entraîne une dimi­ nution de la dépense que le consommateur lui consacre ; une dii11inution du p1ix pro­ voque un accroissement de cette dépense ; • lorsqu'au contraire la demande est rigide, une augmentation de prix conduit à une augmentation de la dépense, une diininution du prix à une diminution de la dépense. Le tableau suivant synthétise parfai ten1ent ces résultats : Tableau 3.4 Demande inélastique Élosticilé unitaire Demande élastique Housse de prix Augmentation de Io dépense Dépense inchangée Diminution de Io dépense Boisse de prix Diminution de Io dépense Dépense inchangée La figure Augmentation de Io dépense 3.6 permet de vérifier les effets d'une modification du prix d'un bien sur la dépense globale du consommateur pour ce bien : • l 'aire du rectangle Op;2Bx/ est supérieure à celle du rectangle Op/Ax/. La diminution du p1ix du bien a entraîné une augmentation de la dépense totale du consommateur. Le long de cette portion de la droite de demande (à gauche du point M), la demande est élastique par rappo1t au prix ; • J'aire du rectangle Op14B 'x,4 est, par contre, inférieure à celle du rectangle Op/A 'x/ . A une dilninution du prix conespond, cette fois, une diminution de la dépense totale du conso1n1natetu-. Le long de cette partie de la droite de demande (à droite du point M), la demande est inélastique par rapport au prix. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 47 Lo demande pour un bien p,1 1 P? -----}--1 1 1 1 1 1 l 1 1 pf - - - - - Pt _ _ _ _ _ i t :1 - - - _ _ _ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - x11 � � 1 x.3 1 X·4 1 _ _ _ _ 1 1 x2 1 B' 1 _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 1 1 1 O � J : 1 1 Figure 3.6 3.S COURBE DE DEMANDE ET REVENU DU CONSOMMATEUR Répétons-le. La courbe de de1nande a été tracée en supposant constants les prix des autres biens, le revenu et les goûts du conso1n1nateur. Qu'advient-il, alors, de la demande pour le bien si, à prix constants, le revenu de ce conso1n1nateur se modifie ? Vraisemblablen1ent, la quantité demandée ne restera pas inchangée : elle augmentera si le revenu s'accroît, elle diminuera dans l'hypothèse inverse. Il s'agit là du cas normal. Lorsque le revenu d'un conson1mateur augmente, ce dernier accroît la quantité qu'il demande de chaque bien. Un bien supérieur (ou nonnal) est donc un bien dont la quantité demandée par un conso1nmateur augmente (resp. duninue) lorsque son revenu aug1nente (resp. diminue). On ne peut toutefois pas exclure l'hypothèse que, pour certains types de biens, il n'en aille pas ainsi. Prenons l'exemple de la consommation de lard, de celle de pommes de terre ou 111ên1e de celle de pam. On a coutun1e de dire qu'il s'agit là de la nomTiture des pauvres. Lorsque son revenu s'accroît, l e consomn1ateur a alors tendance à consommer moins de lard, moins de pommes de terre ou moins de pain et à remplacer ces biens par des biens plus onéreux. On qualifie de biens inférieurs, de tels biens dont l'individu diminue la demande au fur et à m.esure que S·On revenu augmente (on peut égale1nent envisager des biens qui sont inférieurs dans un intervalle donné de variation du revenu et qui sont supérieurs autrernent). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 48 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Un bien inf érieur est, par conséquent um bien dont la quantité demandée par un consommateur ditninue (resp. augmente) lorsque son revenu augmente (resp. diminue) toutes autres choses restant égales. On est alors amené à définir L'élasticité-revenu (l'élasticité de La demande pour le bien par rapport au revenu du consonunateur). Elle est égale au rapport entre la variation proportionnelle de la quantité deman­ dée du bien et la variation proportionnelle du revenu du consom.1nateur qui l'a entraînée : /Ji,.Îj' Xi ex;, R = t;R R l:ix; R l:i R X; Cette expression est positive lorsque le bien envisagé est un bien supérieur, elle est négative s'il s'agit d'un bien inf érieur. Finalement, on opère une distinction supplémentaixe, parmi les biens supérieurs, selon que l'élasticité-revenu de la demande est inférieure ou supérieure à 1 : • lorsque l'élasticité-revenu est inf érieure à 1 , on dit qu'il s'agit de biens nécessaiJes ou de première nécessité. Dans Je cas d'tm accroissement du revenu du conso1nmateur, la demande pour ces biens augn1ente moins que propottionneJJement de telle sorte que, dans cette hypothèse, les achats des biens en question représentent une part consta.m­ ment plus faible du budget du consommateur ; • lorsque l ' élasticité-revenu est supérieure à 1 , un accroissement du revenu entraîne une augn1entation plus que proportionnelle de la demande. Les biens satisfaisant Xj à cette X· 1 Accroissement du revenu du consommateur : bien intérieur Accroissement du revenu du consommateur : bien supérieur figure 3.7 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 49 Lo demande pour un bien condition sont qualifiés de biens de luxe. Les dépenses pour les acquérir représentent une part toujours plus in1portante du budget du cons01runateur lorsque son revenu s'accroît. Qu'advient-il de la position de la courbe de de1nande du consommateur lorsque son revenu augmente ? Nous avons v u que cette courbe de demande décrit, toutes autres choses restant égales, une relation entre le p1ix du bien et l a quantité qui en est den1andée. Supposons qu'il s'agisse d'un bien supérieur. Nous venons de montrer que, dans ce cas, pour tout niveau donné du prix du bien,, la quantité qu'on en acquiert, augmente. Pour chaque valeur du prix, la demande s'accroît. En d'autres tern1es, sur un graphique où l'on p01ie la quantité en abscisse et le prix en ordonnée, la courbe de de1nande se déplace vers érieur, à toute valeur du prix la droite. Si, au contraire, le bien envisagé avait été un bien inf eût correspondu une diminution de la quantité demandée. Dans cette hypothèse, la courbe de demande se serait déplacée vers la gauche. 3.6 COURBE DE DEMANDE ET PRIX DES AUTRES BIENS ln1aginons que le consomtnateur ne puisse cons01runer que deux biens, i et}, entre lesquels il répartit tout son revenu. Le prix du bien) varie alors que, dans le mêm.e temps, le revenu du consommateur et le prix unitaire du bien i restent inchangés. Quel sera l'effet de cette variation de p . (le prix unitaire du bien)) sur la quantité, x;, du bien i demandée par le consommateur ? } Nous ne pouvons pas apporter de réponse catégorique à cette question. Nous avons montré que plus un bien est cher, plus le conson1mateur dépense pow· l'acquérir lorsque la demande est inélastique par rapport au prix. Par contre, si la demande est élastique, la dépense ditninue. Par conséquent, lorsque le bien j devient plus cher consommateur augmente (11B > (tipj > 0), la dépense du 0 où B.J = p.x.) si la demande pour ce bien est inélastique ./ J par rapport à son prix et din1inue (M. < 0) si elle est élastique. J ) Puisque le revenu du consommateur est constant (M = 0), s'il dépense plus pour acheter un bien, il dépense moins pour acquérir l'autre : R = B. + B. et M l J = 0 = D..B. + 6.B , ' J Donc M1 = p/ix; = - Mr b.x. , __ 6.pj Lorsque M > 0 (la demande pour le bien) est inélastique), M; < 0 et !lx; < i 0: < 0. Par contre, lorsque M. < 0 (la demande pour le bien j est élastique au prix), M1. > 0 et&1> 0: & _ ; 6.p . J J > 0. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) so L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Dans l'hypothèse où le consotrunateur n'a le choix qu'entre deux biens, on est donc incapable de dire, a priori, quel sera l'effet sur la demande pour l'un d'une augn1en­ tation ou d'une düninution du prix de l'autre. Il en va, afortiori, également ainsi lorsque le choix du consommateur porte sur un plus grand nombre de biens. Admettons que, toutes autres choses restant égales, Je prix de l'électricité vienne à augmenter. Il est probable qu'alors la consommation de gaz augn1en­ tera également en se substituant à celle d'électricité. L'électricité et le gaz sont, en effet, des biens substituts susceptibles d'être utilisés iindifférenlffient pour satisfaire un inême besoin des consommateurs. Par contre, il y a fort à penser qu'au n1ême moment (si l'aug­ mentation du prix de l'électricité est suffisa1nmenl significative), les achats d'appareils électron1énagers (fiigos, téléviseurs, lave-vaisselle . . . ) di1ninueront. En effet l'électricité et ces appareils électron1énagers sont des biens con1plé1nentaires ; ils doivent être ntilisés simultanément pour rencontrer certains besoins des consomn1ateurs. Et qu 'adviendra-t-il, dans ces conditions, de la demande de vêtements, de celle de services bancaires ou de celle de véhicules automobiles ? On ne s'avance guère en déclarant qu'elle de1neurera virtuellement inchangée. Nous son11nes maintenant en mesure de définir l'élasticité croisée de la den1ande d'un bien i par rapport au prix d'un autre bien} ; il s'agit, simplen1ent, du rapport entre la variation proportionnelle de la quantité demandée du bien i et celle du prix du bien j qui l'a entraînée : e c(i,J) &i x; t,pJ - -- - P1 - - t.x. p . .1 Clp . ' -- _ J X. 1 _ Cette élasticité croisée est positive lorsque 6.x.1 et t:i.p. sont de mêtne signe : lorsque ./ le prix du bien j augmente (resp. ditninue) la demande pour le bien i augtnente (resp. diminue). Les biens i etj pourraient être alors qualifiés de biens « substituts ». Par contre, l'élasticité croisée est négative si fu-1 et !:J.p sont de signes contraires : les biens seraient .1 alors qualifiés de biens « complémentaires ». , Cette façon de distinguer les biens substituts des biens complémentaires est cependant approxünative. On observe, en effet, que l'augrnentation du prix de certains produits (les com­ bustibles, par exe1nple) appauvrit substantielle1nent les ménages les plus pauvres qui y consacrent une part importante de leur budget. Ceux-ci réagissent à cette situation en modifiant la quantité désirée des autres biens. De façon plus générale, plus les biens qu'un conson1mateur peut acquérir deviennent onéreux, plus, à revenu inchangé, son pouvoir d'achat dirninue. 11 réagit à cet « effet de revenu » en réduisant la quantité achetée des biens supérieurs et en augn1entant celle des biens inférieurs. L'effet de revenu, provenant de la variation du prix d'un des deux biens, doit être négligé lorsqu'on détern1ine si deux biens sont substituts ou complémentaires. On ne Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Sl Lo demande pour un bien prend en compte que l' effet de substitution obtenu en nrnintenant, fictivement, inchangé le niveau de satisfaction (ou d'utilité) du cons01nmateur. Deux biens sont donc substituts si, en 1naintenant le niveau d'utilité du consom­ n1ateur constant, leur élasticité croisée est positive ; ils sont c01nplémentaires lorsqu'elle est négative. Cette distinction ne conduit, cependant, à des conclusions différentes de celle présentée plus haut que si les achats du bien dont le prix varie constituent une part suffi­ samment ünportante du revenu du conso1nn1ateur. Tout ce qui accenh1e Je caractère nécessaire d'un bien en réduit l'élasticité-prix de la demande. Par conséquent, lorsque ce bien est complémentaire d'un grand no1nbre d'autres biens, cette élasticité tend à din1inuer. On ne renonce pas, en effet, à son frigo ou à son poste de télévision parce que le prix de l'électricité aug1nente. La demande d'élec­ tricité n'en est que plus rigide. Dans Je sens contraire, l'existence de proches substituts à un bien en accroît l'élas­ ticité-prix de la demande. Le consommateur réagit d'autant plus aisément à une hausse de prix en détournant sa consommation vers d'autres biens satisfaisant approximativement le même besoin. Revenons-en finale1nent au diagran1me de la courbe de demande pOLtr le bien i. Qu'advient-il de sa position lorsque P, augn1ente ? Cela dépend. Si, à la suite de cette angruentation de prix, la quantité de1111andée de diminue, quel que soit le prix de ce bien, cette courbe de den1ande se déplace ver:..:i la gauche. Si, au contraire, la demande pour i augmente à la suite de l'accroisse1nent de p1. , la courbe de den1ande pour i se déplace vers la droite. L'une et l'autre de ces situations sont représentées graphiquement (figw·e 3.8). i L'augmentation de Pi entraîne une diminution de la demande pour i L'augmentation de Pi provoque une augmentation de la demande pour i Figure 3.8 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 52 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 3.7 LES GOÛTS DU CONSOMMATEUR, LES ANTICIPATIONS ET L'EFFET DE CLIQUET Le revenu du consommateur, les prix des autres biens ne sont pas les seuls facteurs suscep­ tibles d'expliquer un déplacement de la courbe de demande potu· un bien. Nous citerons ici une série d'autres raisons 1notivant le déplace1nent de cette courbe. a) Les goûts du consommateur Les goûts du consommateur ne sont pas immuables. Lorsqu'ils se tnodifient, il y corres­ pond, pour une valew· donnée de son revenu et des prix des différents biens, une modifi­ cation de sa demande pour chaque bien. Ces goûts sont, eux-mè1ues, gouvernés par une série de variables de l'environne­ n1ent économique, politique et social du consornn1ateur. Nous citerons, à titre d'exemples uniquement, l 'àge, le sexe, la con1position du inénage, les traditions culturelles ou reli­ gieuses, le groupe social auquel le consommateur appartient (les fonctions de demande individuelles ne sont pas indépendantes l'une de l'autre, 1nais bien interdépendantes. Les ménages s'intègrent à des groupes sociaux plus ou 111oins homogènes qui adoptent un mê1ne standard de consommation), les modes (un goût vif ou un engouement pour cer­ tains biens)... Qui plus est, les goûts du cons01mnateur sont influencés également tantôt par l'information objective relative aux produits qu'il consomme (il suffit de penser à la mission des associations de conso1nmateurs, par exe1nple), tantôt par la publicité. C'est le rôle de la publicité, en effet, que d'altérer les goûts des consommateurs de manjère tell.e que, toutes autres choses étant égales, une de1nande accrue se porte sur certains produüs. b) Les anticipations Le prix des produits pétroliers augmente. S'il est possible que les consommateurs réa­ gissent no11nalen1ent à cette hausse de prix en dü11inuant leur demande, ce n'est cependant pas du tout certain. n ne faut pas exclure, en effet, l'idée qu'un certain no1nbre d'entre eux se ruent alors sur les stocks existants. Est-ce parce que les produits pétroliers seraient des « biens de Giffen » ? Certes non. C'est tout simplement parce que, craignant une série d'autres hausses de prix, ces conso1nmateurs préfèrent acheter aujourd'hui ce qui risque de devenir encore plus cher. En raison des anticipations sur les prix futurs, on assiste, toutes autres choses étant égales, à un accroissernent de la de111ande de produits pétroliers. Il en va de même des anticipations que font les consommateurs à propos de leur revenu futur. Toutes autres choses étant égales, pl us le revenu futur attendu par un consom­ mateur est élevé, plus sa demande, pour les biens supérieurs tout au moins, est forte. c) L'effet de cliquet Le revenu préalabletnent atteint par l'individu influence également son cotnportem.ent de consomn1ation. En effet, lorsque le revenu dilninue, un certain no1nbre d'habitudes prises précéden1n1ent conduiront le consommateur à ne pas y réagir i1U1nédiatement. l l y aura Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 53 Lo demande pour un bien w1e certaine rigidité à l a baisse de la consomn1ation en raison d'un comportement passé de l'individu. Cet effet est qualifié «d' effet de cliquet». Dès lors, toutes autres choses étant égales et notan1111ent le revenu actuel du consom111ateur, la consommation d'une personne qui disposait jadis d'un revenu plus important tendra à être plus forte que celle d'une per­ sonne qui disposait d'un revenu moins élevé que ce qu'il est actuelle1nent. Nous retrouve­ rons cet argument plus loin lorsque, lors de la présentation de la théorie macroéconomique de la conson1mation, nous développerons l'hypothèse du revenu relatif. 3.8 INTRODUCTION À LA THÉORIE DE LA VALEUR. LA NOTION DE SURPLUS DU CONSOMMATEUR L'eau est indispensable à la vie. Son prix cependant reste bas. Au n1ême moment, le diamant est cher. Personne n'osera, toutefois, affitmer qu'il est Lmpossible de vivre sans diainant. Co1n1nent expliquer cette situation qui, a priori, peut sembler bizarre ? En recon­ naissant que le prix auquel le conso1nmateur acquiert chaque unité d'un bien est différent de la valeur qu'il attribue à la conso1runation d'une quantité donnée de ce bien. La courbe de demande pour uo bien exprime, nous ! 'avons vu, quel qu'en soit le prix, la quantité du bien que le consomnrnteur souhaite acquérir. C'est là, la façon tra­ ditionnelle d'Lnterpréter un tel diagran11ne. Mais on peut aussi le lire verticalement. Pour chaque unüé du bien, il exprime alors Je: prix maximum que ce consomJ1Jateur est prêt à payer pour l'obtenir. Lu verticalement, le diagrarrune de la demande individuelle pour un bien représente donc aussi la valeur que le consomtnateur attribue à chacune des unités du bien. Adtnettons que la droite ci-dessous représente la detnande d'un consommateur pour le bien i. Quel prix ce consomtnateur est-il prêt à payer pow· la x.I1êmc unité de ce bien ? p/ En effet, lorsque le prix unitaire du bien est supérieur à p/, le consomn1ateur en conso1nme 1noins de x.J1 unités ; il renonce donc à la conso1runation de cette x.I 1èm• unité. En revanche, lorsque le prix du bien est inf érieur ou égal à p/, la quantité consom­ mée est supérieure ou égale à x/ ; notre x/0m• unité est alors bel et bien consommée. Il n'empêche que le prix qu 'Ull consomn1ateur paie pour obtenir un bien, puisqu'il en achète chaque unité au même prix, n'est égal qu'à la valeur de la dernière unité consom­ mée. Pour toutes les autres unités du bien qu'il achète, il est prêt à payer un prix supérieur à celui qu'il paie effective1nent. Dès lors, plus une tnarchandise devient abondante, plus son prix diminue et plus la désirabilité de la dernière unité fléchit. Sa contribution au bien­ être du consom1nateur augmente cependant. C'est ce qui explique pourquoi l'eau, dont le prix reste relativement bas, contribue largement au bien-être de 1 'hunianité. On est donc amené à distinguer la conttibution d'un bien au bien-être de l ' indi­ vidu, de la dépense effectuée par ce consotnmateur pour l'acquérir. Quelle sera la dépense Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 54 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE A B 0 x1.1 X· 1 Figure 3.9 ' consentie par notre consonunatei.1r pour disposer de x, unités du bien i ? Puisque chaque unité est achetée à un prix identique p1 1 , elle est égale à p/x1 ' et est représentée graphique­ ment par l'aire du rectangle Op;1 Dx/. Quelle sera, par contre, la contribution au bien-être du consonunateur de la conson1mation de cette quantité du bien i ? Tout simplement, la somn1e de la valeur qu'il atttibue à chaque UI1ité du bien qu'il acquie1t. Graphique1nent, elle se représente par la superficie du trapèze OADx,'. La différence entre la contTibution d'un bien au bien-être d'un consonunatenr et la dépense qu'il supporte po1u- l'obtenir (dans notre exemple graphique, la superficie du triangle p1 1AD) est appelée le surplus (ou la rente) du consomnrntetu-. Cette notion peut être illustrée d'une auitre façon. Chaque unité d'un bien qu'ac­ quiert notre consonunateur lui coûte le prix qu'il paye pour la dernière unité. Cependant les unités précédentes ont, de son point de vue, davantage de valeur que la dernière. Chacune de ces unités « pré-margù1ales » lui procure donc un surplus de jouissance. Mais quand donc le consomn1ateur cessera-t-il d'acheter ? Tout sùnple1nent, lorsque l'acquisi­ tion d'unités supplétnentaires additionnelles du bien ne lui procurera plus de surplus ; en d'autres tennes, lorsque la valeur qu'il leur att:tibuera sera inférieure à leur prix. 3.9 DEMANDE INDIVIDUELLE ET DEMANDE DU MARCHÉ Notre analyse a consisté jusqu'à présent à décrire la courbe de demande d'un consomma­ teur pour un bien. Cependant, de manière générale, ce ne sera pas la courbe de demande d'un conson11nateur qui intéressera l'écono1niste, mais bien celle de l'ensemble des consommateurs. En d'autres termes, la courbe de deinande du 1narché. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) SS Lo demande pour un bien n n'est guère difficile de comprendre que si, à un prix de 10, Paul de1nande 3 unités du bien i et Fabienne 2 unités, ensen1ble ils en de1nandent 5 unités. Et si on tient compte d' Én1ilie qui deniande 1 unité et de Jean qui, à ce prix, ne souhaite pas conso1nmer i, la demande globale est égale à 6 unités. Et, ainsi de suite, on recominence la même opé­ ration pour tout niveau du prix du bien. Pour dégager la demande du 1narché, il suffit donc que l'on totalise toutes les demandes individuelles des consommateurs. Si ces de1nandes étaient toutes identiques et s'il existait un million de conso1u1nateurs, nous pourrions représenter la courbe de demande du marché comme chaque courbe de de1nande indivi­ duelle grossie un million de fois. En réalité, cependant, les consommateurs ne sont pas tous identiques. Le revenu de certains d'entre eux est plus élevé que celui des autres. Certains consomn1ent beaucoup tel bien, d'autres lui préfèrent d'autres biens. L'exemple ci-dessous représente une situa­ tion où seules trois personnes désirent acquérir un bien donné. La courbe de demande du marché est donc égale à la somn1e horizontale des courbes de de1nande individuelles de ces trois consommateurs. Lorsque le prix du bien est supérieur à p/, personne n'en demande. Lorsque ce prix est inférieur àp/ tuais supérieur à p/, seul le consommateur A souhaite en consommer. Pour cette gamrne de prix, la de1nande du nlarché est égale à la de111ande du seul individu A . Lorsque le prix est inférieur à p/ mais supérieur à p/, la de1nande des consommateurs A et B est tion nulle, celle de C, par contre, Eeste nulle. De telle so1ie que la demande du n1ar­ cbé est égale à la so1rune des demandes de A et B. Finalement, lorsque le prix est inférieur à p/, tous les consommateurs demandent le bien. Pour calculer la demande du marché, on Courbe de demande du marché -- - - - - 0 1 1 -- - - X1B x.A 1 X1C c x4 1 Figure 3.10 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 56 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE additionne horizontalement, pour chaque valeur du prix, les demandes individuelles. Au prix p/, par exemple, la denrnnde du marché Ox/ est égale à la sonune des trois demandes individuelles, OxA , Ox.B et Ox.c . / 1 1 Dans notre exemple, la demande du 1narché est représentée par une ligne brisée. C'est parce qu'on suppose qu'il n'y a que trois consoffilnateurs. Dans la réalité cependant, un grand nombre de personnes sont susceptibles de demander le bien. Tout co1n1ne les demandes individuelles, la demande du 1narché peut alors être représentée par une courbe lisse, inclinée vers le bas et vers la droite. BSUMÊ 1. Les préférences (les goûts) d'un consommateur se représentent par sa fonction d'utilité. Celle-ci exprime son niveau de satisfaction en fonction de la quan­ tité qu'il consomme des différents produits. Si ce consommateur est rationnel dans ses choix, il cherchera à maximiser ce niveau de satisfaction en tenant compte qu'il ne peut dépenser plus que ce que son revenu lui permet de faire. 2. lorsque le consommateur accroît, toutes aiutres choses restant égales, la quantité qu ' il consomme d'un bien, l'utilité marginale qu'il en retire est positive (axiome de non saturation) mais décroissante. 3. La courbe de demande pour un bien exprime la relation entre le prix de ce bien et la quantité qui en est demandée par un consommateur ou par un groupe de consommateurs. Elle est tracée dans l'hypothèse où « toutes autres choses restent égales » , notamment le revenu du(des) consommateur(s) et les prix des autres biens. 4. L'élasticité-prix mesure la sensibilité de la demande aux variations du prix. Elle est égale au rapport entre la variation proportionnelle de la quantité demandée du bien et la variation proportionnelle de son prix. lorsque, en valeur absolue, cette élastidté est supérieure à 1 , la demande est élas­ tique par rapport au prix ; lorsqu'elle est inférieure à 1 , la demande est inélastique. 5. la façon dont la dépense qu'un consommateur consacre à l'achat d'un bien réa­ git à une variation de son prix dépend de l'élasticité-prix de la demande. Lorsque le prix augmente (resp. diminue), la dépense augmente (resp. diminue) lorsque la demande est inélastique par rapport au prix, elle diminue (resp. augmente) lorsque cette demande est élastique. 6. L'élasticité-revenu se calcule par le rapport entre la variation proportionnelle de la quantité demandée du bien et la variation proportionnelle du revenu qui lui a donné lieu. On qualifie de supérieur tout bien dont, toutes autres choses restant égales, la quantité demandée augmente (resp. diminue) lorsque le revenu du consommateur augmente (resp. diminue). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo demande pour un bien 57 Est un bien inférieur celui dont, toutes autres choses restant égales, la quantité demandée diminue (resp. augmente) lorsque le revenu du consommateur augmente (resp. diminue). 7. Parmi les biens supérieurs, les biens de luxe sont ceux dont l'élasticité-revenu de la demande est supérieure à 1 . llls représentent une part toujours plus importante du budget du consommateur lorsque son revenu s'accroît. 8. L'élasticité croisée de la demande pour un bien i par rapport au prix d'un autre bien j est égale au rapport entre la variation proportionnelle de la quantité deman­ dée de i et celle du prix de j qui l'a entraînée. Il n'est pas possible de déterminer avec certitude, sur la base de cette élasticité croisée, si les biens concernés sont concurrents ou complémentaires. 9. Tout ce qui accentue le caractère nécessaire d'un bien (par exemple, un grand nombre de produits complémentaires) en réduit l'élasticité-prix de la demande ; tout ce qui diminue ce caractère (un grand nombre de produits concurrents) en augmente l'élasticité-prix de la demonde. 10. Puisque le prix qu'un consommateur paie pour obtenir chaque unité d'un bien est le même, il est égal à la valeur, pour ce consommateur, de la dernière unité consom­ mée du bien. Plus une marchandise devient abondante, plus la désirabilité de sa dernière unité fléchit. Le surplus (ou la rente) d'un consommateur est égal à la différence entre la contri­ bution d'un bien à son bien-être et la dépense qu'il supporte pour l'obtenir. EXERCICES PROPOSÉS 1. Un consom1nateur, qui dispose d'un revenu donné, a le choix enre t deux biens, de la viande et des vêtements. On sait que l'élasticité-prix de la demande de viande est constante et vaut- 1 ,25. Supposons que le prix de la viande diuiinue alors que celui des vêtements reste inchangé. La courbe de demande pour les vêtements se déplace-t-elle alors et si oui, dans quel sens ? 2. Un consomnrnteur a le choix uniquement entre deux biens, a et b, de prix unitaires res­ pectifs P. et p•. La demande pour ces biens s'exprime comme suit : • • pour le bien a : Xa = 6 5R p,, pour le bien b : x1, = ...!L 4pb où R est le revenu du co11son11naterur. Calculez l'élasticité-revenu de la demande pour le bien a et l'élasticité-prix de la demande pour le bien b. Quelles conclusions pouvez-vous en tirer? Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 58 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 3. Un consommateur, de revenu R, a le choix entre trois biens : a, b et c. La demande pour ces biens s'exprime de La façon suivante : R - l 6J7 + 9pb 400 R -20pb + l Opc Xb = 1 70+ SOO R - 1 8p + 8pb . X = 140+ 200 = 6, p1 = 4 et p = 8. X = 20Q+ 0 c ° - c - initialement, R = 8000, p a) Le bien a est-il un bien inférieur, un bien supérieur de pre1nière nécessité ou un bien de luxe ? b) Quel est l'effet d'une augmentation du prix unitaire du bien b sur la dépense totale que le consou11nateur lui consacre ? Justifiez votre réponse. c) Qu'advient-il de la position de la courbe de demande polir le bien c lorsque : (( • , (_' Le prix de ce bien augmente ? Le prix du bien a diminue ? Justifiez vos réponses. • 4. Un consommateur qui dispose d'un revenu donné (R) a le choix seulement entre deux biens, a et b, de prix unitaires respectifs p0 etpb. On sait que l'élasticité-prix directe de la demande pour le bien b est constante et égale à - 0,4. Panni les trois expressions suivantes de la demande pour le bien a, laquelle pounait-elle convenir pour décrire cette situation ? X0 = 0,3R - 20pa Xa = 0,2R 5. - Spa - 6pb x,, = 100 - O,lR - 3p(, + 4 Pb · La demande d'un consommateur pour un bien est une fonction linéaire décroissante de son prix d'équation x = 300 - 6p. Tracez cette « droite de demande » et fa.ites apparaître sur votre graphe la zone dans laquelle une din1inution du prix du bien entraîne une augmentation de la dépense que le consommateur lui consacre. Justifiez votre réponse mathématiquement. 6. La quantité qu'un consommateur demande d'un bien a s'exprime par l'équation X = 200. . . 0,2R a . . • 2p a . . . 51), 1 ·, où R est le revenu du conson1matetu- ; p0 et p6 les prix uniaires t des biens a et b. a) On sait que le bien a est un bien infërieur dont la den1ande est une fonction décrois­ sante du prix. On sait, par ailleurs, que l'élasticité croisée de la demande pour ce bien a par rapport au prix du bien b est positive. En tenant compte de ces infonua­ tions, détem1inez les signes nlanquaot dans la fonction de demande du consomma­ teur pour le bien a. b) Si p" = 10, p1, = 4 et R = 8000, déterminez comment varie la dépense totale du consommateur pour acquérir le bien b si le prix du bien a diminue (le consollllna­ teur n'a le choix qu'entre ces deux biens). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LA THÉORIE DE L'UTILITÉ ET DE LA DEMANDE 4.1 4.2 4.3 4.4 L'équilibre du consommateur La variation du prix d'un bien et la courbe de demande pour ce bien Demande pour un bien et revenu du consommateur Demande pour un bien et prix des autres biens Sommaire 60 69 71 72 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 60 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Dans le chapitre précédent, nous insistions sur les caractéristiques de la courbe de demande individuelle pour un bien. Nous avons vu aussi que la demande s'explique de façon rationnelle en adn1ettant que le conso111mateur, qui dispose d'un revenu limité, cherche à tout mon1ent à maximiser le niveau de satisfaction qu'il en retire. C'est cette attitude du conso1nnrnteur quj fera l'objet de ce chapitre. 4.1 L'ÉQUILIBRE DU CONSOMMATEUR Le consommateur dont nous allons étudier le comportement n'a le choix qu'entre deux biens, l et 2, consom1nés respectivement e,n quantités x1 et x2• Si nous utilisons un exemple aussi restrictif, c'est seulement dans le souci de représenter aisétnent, au moyen de gra­ phiques, la démarche de notre raisonnement. Il va sans dire que les résultats que nous obtiendrons resteront parfaiten1ent valables quel que soit le nombre de biens à la disposi­ tion du consommateur. Celui-ci dispose d'un revenu égal à R et achète les biens 1 et 2 à des prix unitaires constants p1 et p2. Il se fixera com1ne objectif de maximiser son niveau de satisfaction tout en respectant sa contrainte budgétaiJe : Maximiser u(x1 , x2) sous la contrainte ; P , x, + p2 x2 < R. a) Lo carte d'indifférence du consommateur Nous appelons « panier de biens » toute combinaison possible des biens disponibles pour le consommateur. li s'agit ici de toutes les c01nbinaisons possibles des biens 1 et 2. Parmi cette infinüé de pailiers de biens, envisageons-en deux à titre d'exe1nples, X1 et X2 : X, associe 4 unités du bien l à 1/2 unité du bien 2, tandis que X2 cornprend 3 unités du bien l et l unité du bien 2. Admettons que le consommateur soit capable de con1parer ces deux paniers de biens et, de façon générale, tous les paniers de biens possibles. li peut donc dire : • • • s'il préfère le panier x, au panier x2 ; si au contraire, il préfère consom1ner le panier X2 plutôt que le panier X, ; ou si, finalement, il est indifférent entre la conso1nn1ation de ces deux paniers. Supposons qu'il soit indifférent entre la consommation de X, et celle de X2 • Peu irnporte donc, pour lui, de consoinmer 4 unités du bien l et l/2 unité dt1 bien 2 ou de consornmer 3 unités du bien l et l unité du bien 2. Mais si notre consonunateur est indifférent entre cons01nmer les deux paniers X, et X2 , il est aussi indifférent entre consommer ces paniers et d'autres paniers de biens tels que les présente le tableau 1 . On dira que ces 4 paniers de biens X1 , X2 , X3 et X4 procw·ent au consomn1ateur le mê1ne degré de satisfaction ou le nlême niveau d'utilité. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de l'utilité et de la demande 61 Tableau 4.1 unités du bien x1 (x,) unités du bien x2 (x2l x, 4 xi 3 2 2 xl x4 1 1 2l 2 5 Ce tableau va nous permettre de définir un concept fondan1ental de l'analyse 1nicroécononuque, celui de « taux marginal de substitution » (TmS). Il s'agit, dans le cas présent, du taux nrnrgiual de substitution entre deux biens ou entre deux produits. Imaginons que notre consollllnateur dispose initiale1nent de 3 unités du bien 1 et d' 1 m1ité du bien 2. À quelle quantité du bien 2 accepterait-il alors de renoncer pour obte­ nir une unité supplén1entaire du bien [ tout en gardant un nlêtne degré de satisfaction ? À Yi unité de ce bie11. Le taux liiarginal à Yi. de substitution du bien2 par le bien 1 est alors égal Mais si le consom1nateur avait disposé initialement d ' l unité du bien 1 et de 5 unités du bien 2, le taux marginal de substitution n'aurait pas été égal à Yi. Dans cette hypothèse, en effet, ce conson1n1atewr aw·ait été prêt à renoncer à 2 unités 1/2 du bien 2 pour obtenir une unité additionnelle du bien 1 . Le taux n1arginal de substitution aurait été égal à 2 12. Le taux marginal de substitution entre deux biens n'est donc pas indépendant de la quantité des biens dont le conso1nmateur dispose. Dans le cas présent, pour un niveau de satisfaction donné du consommateur, il est d'autant plus grand que ce consonm1ateur dis­ pose d'une grande quantité du bien 2 et, par conséquent, d'une petite quantité du bien Nous reviendrons plus loin sur cette observation. 1. Jusqu'à présent, nous avons supposé que les quantités des biens l et 2 à la dis­ position du consommateur n'augmentaient ou ne diminuaient que par unités entières. fi est plus réaliste d'admettre que l'un et l ' autre de ces biens sont parfaitement divisibles. Rien n'e1npêche, en effet, un individu de consommer 2,83475 unjtés du bien l et 1 ,43679 unité du bien 2. Et rien, non plus, n'empêche ce consommateur d'être indifférent entre la consommation de ce panier et celle de l'un des quatre paniers de notre exemple précédent. Aussi, à tout panier de biens, peut-on associer une infinité d'autres paniers qui procurent tous, au consommateur, le mên1e niveau de satisfàction que Je preinier. On définit alors la courbe d'indifférence du consommateur, correspondant à un niveau d'utilité donné u0, comme l'ensemble (l'infinité) des paniers de biens qui procurent tous à ce consommateur ce niveau d'utilité. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 62 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 5 2 .!. 2 1 1 2 1 2 3 4 X1 Figure 4.1 Le consommateur envisagé (mais, attention, pas nécessairement les autres consommateurs à moins de faire l'hypothèse irréaliste que chacun aurait les mêmes goûts) est indifférent entre les quatre paniers X,, X2, �1 et X4 mais également entre ces paniers et une infinité d'autres paniers. Tous ceux situés le long de la courbe u = u0• Tous les points, tels que A, sit'ués à droite de cette courbe d'indifférence u = u0, représentent des paniers de biens prOCLLrant au consommateur un degré de satisfaction supé1ieur à u0. Tous ces paniers sont dès lors préférés à ceux représentés par la courbe d'indifférence. Tous les paniers, tels que B, situés à gauche lui procurent au contraire un niveau d'utilité infé1ieur à u0. Les paniers de u = u0 leur sont dès tors préférés. -Nous sommes 1naintenant en tnesuire de définir la « carte d'indifférence du conso1nmateur ». Jusqu'à présent, nous nous sommes contentés de privilégier une de ses courbes d'indifférence, celle correspondant à un niveau d'utilité u0. Or nous venons de voir que tout panier de biens peut être co111paré à tout autre panier. Tous les paniers situés à gauche de u = u0 procurent au consom1nateur, un degré de satisfaction inférieur, ceux situés à droite, un degré de satisfaction supérieur. Mais le consommateur est égale1nent indifférent entre chacun de ces paniers et une infinité d'autres paniers. Par chaque point de I'orthant positif (correspondant à l'ensemble des valeurs positives de la quantité des biens composant le panier), il est dès lors possible de tracer une courbe d'indifférence. La carte d'indifférence d'un consommateur est alors composée de l'ensemble (une infinité panni lesquelles nous n'en représenterons que quelques-unes) de ses courbes d'indifférence. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de l'utilité et de la demande 63 Figure 4.2 Les courbes d'indifférence d'un consonunateur ne peuvent en aucun cas s'inter­ secter. S'il n ' en était pas ainsi, la courbe u = u 1 comprendrait à la fois des paniers de biens procurant au conso1nmateur un degré de satisfaction inférieur à u0 et d'autres paniers lui procurant un degré de satisfaction supérieur. Ce qui n'est pas possible puisque tous ces paniers procure.nt au consommatew· le m,ême niveau de satisfaction u1• Figure 4.3 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 64 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Les courbes d'indifférence sont décroissantes et toun1ent leur convexité vers l' origine des axes: • elles sont décroissantes. Lorsque deux biens seulen1ent sont conso1runés, s'il y a indif­ férence entre deux paniers de biens, c'est que l'un contient une quantité plus impor­ tante d'un bien et l'autre une quantité plus importante de l'autre bien. S'il n'en était pas ainsi et si, par exemple, le panier X, contenait bien l et du bien à la fois une plus grande quantité du 2 que le panier X2, il lui serait nécessairement préféré en vertu du fait que l'utilité marginale est positive. • elles tournent leur convexité vers l'origine des axes. Lorsqu'on se maintient le long d'une courbe d'indifférence donnée, plus la quantité consomn1ée du bien l augmente et plus, par conséquent, celle du bien 2 diminue, plus la pente de la tangente à la courbe d'i ndifférence est faible en valeur absolue. Or souvenons-nous de la définition que nous avons donnée du taux marginal de substi­ tution entre ces biens: c'est la quantité du bieu 2 à laquelle le consotnmateur est prêt à renoncer pour obtenir une petite quantité supplémentaire du bien l tout en continuant à jouir d'un même degré de satisfaction : , = (- .6x2J 1mS 6x , ut.este Si on envisage des variations devena nt infiniment petites des quantités conso1111nées des deux biens , TmS = lim 6x, - 0 ( ) - ôx2 ôx, n1.cs1e le taux mari:,rinal de substitution entre ces deux biens se représente, graphiquement, par la valeur absolue de la pente de la tangente à la courbe d'indifférence au point auquel le consom1nateur se situe le long de cette courbe. Affinncr que la courbe d'indifférence tourne sa convexité vers l'origine des axes revient, par conséquent, quantité du bien à reconnaître que plus le conson1mateur dispose d'une grande 1 , et, donc, d'une petite quantité du bien 2, plus le taux 1narginal de substitution du bien 2 par le bien 1 diminue. à la co11so1nmation de .ô.x2 unités du bien 2 pour obtenir une quantité supplémentaire .ô.x1 du bien 1 . Ceci signifie aussi que l a pe1te de satistàction pour le consomnrnteur d'une moindre consonm1ation du bien 2 Notre consommateur est donc prêt à renoncer est parfaitement con1pensée par la satisfa·ction accrue d'une plus grande consomma­ tion du bien 1 : (.ô.x1 x util.marg.x1) + (tu:2 x util.marg.x) = 0 ou TmS = ( �\'.2 ) - -- .ô.x1 - Ill.CSJe util.marg.x1 � - util.marg.x2 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de l'utilité et de la demande 65 Figure 4.4 Le taux marginal de substitution entre les deux biens s'exp1ime donc aussi par le rap­ port de leurs utilités marginales respectives. L'évolution du taux marginal de substitution le long d'une courbe d'indifférence donnée s'interprète aîsén1ent en fonction de celle de l'utîlîté margînale respective de chaque bien : plus la quantité conso1nmée du bien l augtnente, au délliment de celle du bien 2, plus l' utilité marginale du bien 1 diminue relativement à celle du bien 2. b) La contrainte budgétaire du consommateur Nous avons vu que le consotrunateur a'est jamais rassasié. Son revenu, limité, l' etnpèche cependant de pouvoir consomtner une quantité infiniment grande de chaque bien. Nous avons aussi admis que tant le prix unitaire p 1 du bien l que le prix unitaire p2 du bien 2 restent inchangés quelle que soit la quantité consommée de chaque bien. Le consomn1ateur n'achèterait donc pas ces ibiens en quantité suffisainment grande pour pou­ voir en influencer le prix. Par conséqttent , Pf, + P:11 < R La contrainte budgétaire du conson1rnateur est alors la droite d'équation : Pr1 + P:r-r1 -R con1prenant tous les paniers de biens que le consommateur est susceptible d'acquérir à condition de dépenser intégralement son revenu. La pente de cette contrainte budgétaire (expriinée en valeur absolue) est égale au rappo1t entre le prix du bien 1 et celui du bien 2 : ÂX 1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 66 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE A Figure 4.5 Le long de sa contrainte budgétaire, le consom1nateur consacre l'ensemble de son revenu à l'achat des biens, l et 2. JI peut ne pas en être ainsi. Toujours est-il que, compte tenu du caractère limité du revenu, un certain nombre de paniers de biens seulement sont accessibles pour ce consommateur. Lesquels ? Ceux situés à l'intérieur ou sur le pourtour du triangle OAB. Le panier C est un panier de biens accessible ; le panier D ne l'est pas, le consommateur ne disposant pas d'un revenu suffisant pour se l'approprier. c} La position d'équilibre du consommateur Le consomn1ateur cherche à retirer de sa consommation le niveau de satisfaction le plus élevé possible. Parmi l'ensemble des paniers. de biens accessibles, il va choisir celui ou ceux lui procurant le plus d'utilité. Quel sera le panier sélectionné ? Un de ceux situés à l'intérieur du triangle OAB ? Non, puisque pow· tout panier de biens tel que C, il est toujours possible pour le consom­ n1ateur de disposer d'un autre panier accessible contenant une plus grande quantité d'un bien au moins et lui procurant, par conséquent, un niveau d'utilité supérieur. Le panier choisi sera donc, obligatoiren1ent, un de ceux situés le long de la contrainte budgétaire AB. Le conso1nmateur cherchant à maximiser son degré d'utilité s'appropriera-t­ il alors le panier D ? Non plus. Parce que, en se déplaçant vers la droite le long de sa contrainte budgétaire, donc en achetant plus du bien l et moins du bien 2, il est susceptible d'accroître son niveau de satisfaction. Il rencontre en effet successivement des courbes d'indifférence correspondant à des niveaux supérieurs d'utilité. Jusqu'à un certain point cependant. Jusqu'au moment où la droite AB sera tangente à une courbe d'indifférence, donc jusqu'au point E. Par la suite, s'il continuait à substituer des unités du bien l à des Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de l'utilité et de la demande 67 A F B X1 Figure 4.6 unités du bien 2, le consommateur rencontrerait des courbes d'indifférence con-espondant à des niveaux d'utilité de plus en plus bas. Le conso1nn1ateur po1te donc son choix sur le panier de biens E (en raison de la fo1me des courbes d'indifférence, il est unique) pour lequel sa contrainte budgétaire est tangente à la courbe d'indifférence lui procurant le degré de satistàction maximu1n qu'il puisse atteindre. À 1'équilibre, il y a donc égalité entre la pente (en valeur absolue) de la contrainte budgétaire, le rapport entre les p1ix respectifs des deux biens, et celle de la tangente à la courbe d'indifférence du consommateur, le rapport entre leurs utilités marginales, de telle sotte que : p1 p2 = util.marg. x 1 util.marg. x2 ulil.marg. x 1 P1 = util.marg. x2 P2 Cette dernière égalité nous pennet de refonnuler le compo1te1nent du consom­ n1ateur à la recherche du panier de biens. lui procurant le plus de satisfaction. Supposons Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 68 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE à nouveau que cette personne choisisse initialement le panier de biens D. En ce point, la pente de la tangente à la courbe d'indifférence est plus forte, en valeur absolue, que celle de la contrainte budgétaire : x1 p1 �>- util.marg. - util.marg. util.mar g. x2 x1 p2 ou util.mar g. x2 �>--= P1 P2 Il est alors optimal pour le consomn1ateu1-, s'il agit de façon rationnelle, de détour­ ner une certaine partie de son revenu de la conso1runation du bien 2, là où l'utilité margi nale du dernier euro dépensé est plus faible vers celle du bien 1 , l à où elle est pl u s élevée. ­ , Dans le même ordre d' idées, si le util.marg. x1 --- P1 panier F avait été initialem.ent choisi, < util.marg. P2 optimal pow· le consom1nateur de renoncer à au profit de celle du bien 2. il eût été bien l x2 et une paitie de sa consomniation du Un consommateur disposant d'un revenu donné parvient, donc, à sa position d'équilibre lorsque le den1ier euro consacré à chaque bien lui procure la n1ê1ne utilité marginale. De façon générale, lorsque le conso1nmateur a le choix entre n biens (1,2, . . . ,n) de prix unitaires respectifs p1 , p2, , p11, il maximise son niveau de satisfaction lorsque : • util.marg. x 1 • • = util.marg. x2 = = util.marg. x,, P11 On pourrait cependant opposer à ce raisonnement l'objection suivante. Lorsqu'un individu doit détenniner la façon dont il va répartir son budget et choisir les biens qu'il va consornn1er, il ne se pose pas les questions q11e nous nous so1runes posées dans le cadre de cette section. Beaucoup de ces décisions, il les prend inconsciemn1ent ou par routine, sans faire appel aux concepts de carte d'indifférence et de contrainte budgétaire. Ne doit011 pas, dès lors, nlettre en doute les résultats de cette analyse ? Non, car on peut avancer que si les goûts et les actes de ce consomn1ateur sont suffisainment cohérents, s'il évite à chaque mo1nent de renouveler les erreurs qu'il a commises dans le passé et qui l'ont privé de certains biens qu'il désirait, la théorie scientifique qui vient d'être exposée donne une bonne approximation de la réalité. En fait, les choses se passent comme si le consomma­ telu- agissait de façon purement rationnelle en choisissant parmi tous les paniers de biens qui lui sont accessibles, celui qui lui procure le degré de satisfaction le plus élevé. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de l'utilité et de la demande 69 4.2 LA VARIATION DU PRIX D'UN BIEN ET LA COURBE DE DEMANDE POUR CE BIEN Nous disposons inaintenant de l'ensemble des instn1ments d'analyse nécessaires pourjus­ tifier l'orientation de la courbe de demande individuelle pour un bien. Rappelons que cette courbe exprune la quantité demandée du produit en fonction de son prix dans l 'hypo­ thèse où les autres variables influençant la demande restent inchangées. Panni celles-ci, le revenu et les goûts du conso1nmateur ainsi que les prix des autres biens. Admettons que le prix du bien 2 (p2), le revenu et les goûts (la carte d 'indiffé­ rence) du consomn1ateur restent inchangés. Seulp1 varie. On suppose qu'il augmente. Nous savons que la pente de la à contra inte budgétaire du consommatetu- est égale P i . L'augmentation de p se traduit, par conséquent, par une augmentation de la pente, 1 P2 en valeur absolue, de cette droite. Dans le même temps, il est évident que notre consom1nateur ne modifie pas son comportement s'il utilise son revenu unique111ent pour acquérir le bien 2. Par contre, il doit se satisfaire d'une quantité moindre du bien seulement ce bien. On assiste donc 1 dans l'hypothèse où il décide d'acheter à m1 déplace111ent vers la gauche de la contrainte budgétaire par rotation autour de son point d'intersection avec l'axe des ordonnées (elle se déplace de la position AB en la position AB'). Le consommateur continue à s' efforcer, mais en tenant compte cette fois de la nouvelle position de sa contrainte budgétaire, de rechercher parmi les paniers de biens accessibles celui qui lui procure le plus de satistàction. Il choisit, dès lors, co1nme nouvelle position d'équilibre le panier E', à savoir celui correspondant au seul point de tangence de la droite AB' et d'une courbe d'indifférence, celle qui l'atnène de ce fait au niveau maxi­ mun1 d'utilité qu'il peut atteindre. 1 Alors qu'avant l'augmentation de pl' le consommateur souhaitait disposer de x1 Wlités du bien 1 , il n'en demande plus maintenant quex� unités. D réagit à l'augn1entation du prix en diminuant sa conso1nmation du bien. De façon générale, plus le prix d'un bien augmente (resp. duninue), toutes autres choses restant égales, plus la quantité gui en est demandée par chaque conson1mateur diminue (resp. augmente). Graphiquement, en fonction de p 1 , la contrainte budgétaire du consoJUJnateur pivotera autour du potnt A (vers la gaucbe sip1 augmente et vers la droite s'il diminue). En chaque position de cette contrainte budgétaire, le point de tangence avec une courbe d'indifférence permettra de déterminer la quantité souhaitée du bien 1. La demande pour un bien s'exprime donc comme une fonction décroissante de son pnx : dx. avec -' < 0 dpi Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 70 A 0 X1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 X1 1 B' B Xt Figure 4.7 A 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 X1 1 X1 2 B' B X1 figure 4.8 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de l'utilité et de la demande 71 Des exceptions existent cependant. Lorsque la de1nande pour le bien est partài­ tement rigide (parfaitement inélastique) ou encore lorsque le bien conson1mé est nn bien de Giffen. Il s'agit là d'un bien, rappelons le, dont la quantité den1andée est une fonction croissante du prix. Sur le diagramme ci-dlessous, le bien 1 est un bien de Giffen puisque le 2 consommateur réagit à une hausse de son prix (déplacement de la contrainte budgétaire de AB en AB') en en augmentant la quantité demandée (de x1 1 à x1 ). 4.3 DEMANDE POUR UN BIEN ET REVENU DU CONSOMMATEUR Nous supposons que le revenu du consonlffiateur augmente. Par exe1nple, il vient à dou­ bler. En consacrant tout son revenu à l'acquisition du bien 1, ce consommateur peut, main­ tenant, en obtenir une quantité deux fois plus importante. Et cela est vrai aussi pour le bien 2 s'il décide de n'acheter que ce bien. Par ailleurs, les prix unitaires des deux biens restant inchangés, la pente de la contrainte budgétaire ne se 1nodifie pas. Cette contrainte se déplace tout simplement vers la droite (elle se déplacerait vers la gauche dans l'hypo­ thèse d'une dinlinution du revenu du consommateur), parallèlen1ent à elle-même. Parmi le plus grand nombre de paniers de biens cette fois accessibles, le consom­ tnateur va à nouveau sélectionner celui qui lui procure le plus de satisfaction. Sa position A' x21 ----------- figure 4.9 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 72 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Figure 4.10 d'équilibre se déplace du point E au point E'. On constate, dans le cas présent, qu'à cette nouvelle position d'équilibre du consommateur correspond une augmentation de la quan­ tité demandée de chaque bien. C'est le cas normal. Lorsque le revenu du consommateur augmente, ce dernier accroît la quantité qu'il detnande de chaque bien. Il s'agit donc de biens supérieurs. Au bien supérieur, nous avons opposé le bien inf érieur que nous avons défini corn.me un bien dont la quantité de1nandée diminue (resp. augmente) lorsque le revenu du consommateur augmente (resp. diminue}. Ce bien est donc consommé en quantité moindre lorsque le consommateur voit croître son revenu. Sur le graphique 4.10, si le bien 2 demew·e un bien supérieur, le bien 1 est un bien inférieur. En effet, lorsqu'il se déplace de E en E' à la suite de l'augmentation de son revenu, le consomn1ateur réduit la quantité qu'il de1nande du bien 1. 4.4 DEMANDE POUR UN BIEN ET PRIX DES AUTRES BIENS Nous avons montré, au chapitre précédent, que lorsque le consommateur n'a le choix qu'entre deux biens, on est incapable de dire a priori quel est l'effet sur la de1nande pour l'un d'une augmentation ou d'une düninution du prix de l'autre. Une augmentation du p1ix p2 du bien de la contrainte budgétaire vers la gauche 2 se traduit graphiquement par une rotation autour du point B, la position d'équilibre du Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de l'utilité et de la demande 73 A A A' A' 0 Accroissement de la demande pour le bien 1 1 1 1 1 1 1 1 1 X1 2x1 1 Diminution de la demande pour le bien 1 Figure 4.1 1 consommateur se déplaçant de E en E'. Dans Je p remier cas, l'augmentation de p2 entraîne un accroissement de x1 (l'élasticité croisée de la demande pour le bi en l par rapport au pr ix du bien 2 est positive) ; dans le second cas, une duninution de x, (l'élasticité croisée est négati ve) . L'effet sur la quantité demandée d'un bien d'une variation du prix d'un au tre bien est, a fortiori, également indéterminé lorsque le choix du. consommateur se porte sur un grand non1bre de produit s . RÉSUMÉ 1 . Un panier de biens est une parmi l'ensemble des combinaisons possibles des biens disponibles pour le consommateur. 2. Une courbe d'indifférence, correspondant à un niveau d'utilité donné, ras­ semble l'ensemble des paniers de biens qui procurent tous, au consommateur, ce niveau d'utilité. La carte d'indifférence d'un consommateur est l'ensemble de ses courbes d'indifférence. Lorsque le consommateur n'a le ·choix qu'entre deux biens, et si on mesure le long des axes de coordonnées la q1Uantité consommée de chaque bien, les courbes d'indifférence sont décroissantes et tournent leur convexité vers l'origine des axes. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 74 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 3. le taux marginal de substitution entre deux biens mesure Io quantité d'un bien à laquelle le consommateur est prêt à renoncer pour obtenir une unité supplémentaire de l'outre bien tout en continuant à jouir d'un niveau de satisfaction identique. Il est égal ou rapport des utilités marginales de ces biens et dépend, dès lors, des quantités dans lesquelles ils sont consommés. 4. Lo contrainte budgétaire du consommateur est une droite (lorsque le consom­ mateur n'a le choix qu'entre deux biens de prix unitaires constants) qui englobe tous les paniers de biens qu'il est susceptible d'acquérir en dépensant intégralement son revenu. 5. Un consommateur disposant d'un revenu donné parvient à sa position d'équilibre le dernier euro consacré à chaque bien lui procure la même utilité marginale. lorsque EXERCICE PROPOSi 1. Un consommateur qui dispose d'un revenu de 1 2 a le choix entre la consommation de de:ux biens : le pain dont le pr ix unitaire est égal à l et le vin dont le p1ix unitaire est de 3. On connaît le barème de l'utilité marginale de chacun de ces biens pour le consommateur. Pain Unités consommées 2 3 4 5 6 7 8 9 Vin Utilité marginale Unités consommées Utilité marginale 10 l 9 8 7 6 5 4 3 2 2 3 4 5 6 7 8 9 10 18 15 13 11 9 7 5 3 2 10 a) Quelle quantité de chaque bien ce cons01ru1iatetu- va-t-il acquérir s'il se fixe comme objectif de maxirniser son niveau d'utilité ? b) Dites pourquoi chacun des deux cas suivants ne peul constituer sa position d'équilibre : - l l achète 4 unités de vin et 2 un ités de pain, c) - Il achète 3 unités de vin et 3 unités de pain. Que devient la position d'équilibre du c.onsommatew· si son revenu s'accroît et est égal à 1 8 ? Quelles conclusions pouvez-vous en tirer quant à la natw·e des deux biens ? Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LA THÉORIE DE LA PRODUCTION 5 .1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9 La fonction de production La durée de vie respective des facteurs de production. La distinction entre le très court terme, le court terme, le long terme et le très long terme La fonction de produit total à court terme de la firme Rendements marginaux croissants et décroissants et la loi des rendements non proportionnels Fonction de produit toto! à court terme et variation du stock de capital La fonction de produit total à long terme de la firme. La nature des rendements globaux à l'échelle La position d'équilibre de la firme dans le long terme Le progrès technique Une forme particulière de fonction de production : la fonction Cobb-Douglas Sommaire 76 81 82 86 89 90 92 95 96 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 76 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Les chapitres précédents étaient consacrés à l'étude de la fonction de demande (du conso1nmateur ou du 1narché) pour un produit donné. Nous allons maintenant aborder les aspects de l'offre de produits en définissant la fonction de production de la fim1e avant d'en dégager la fonne générale de sa courbe de produit total à court tenne et de sa courbe de produit total à long tenne. Nous disposerons alors des outils nécessaires pour présenter, dans le prochain chapitre, les caracté1istiques des courbes de coût (à co11rt tenue et à long tem1e égale1nent) de la finne. 5 .1 LA FONCTION DE PRODUCTION 5. 1. 1 Définition de la fonction de production Aucune fume ne pourrait produire si elle ne disposait pas d'un ou de plusieurs travailleurs (il peut s'agir du proptiétaire de l'entreprise) et d'une certaine quantité de biens d'équi­ pen1ent. Toute production n'est possible qu'en combinant les facteurs de production (le travail, le capital et, éventuellement, la terre) en quantités diverses. La fonction de production exprime, pow· toute combinaison de facteurs qu'une finne est susceptible d'utiliser, le volu1ne de production maxin1um qu'elle peut réaliser. li s'agit donc d'une relation pure1nent technique (l'économiste ne joue aucun rôle pour l' ins­ tant ; c;est au technîcîen à déterminer quels processus de production la finne peut utiliser) chiffrant la quantité de produit susceptible d'être réalisée avec tel ou tel assortin1ent de facteurs de production spécifiques. La fonction de production chiffre, pour toute cotnbinaison de facteurs, le volume de production maximum que la finne peut réaliser. On fait donc l'hypothèse, qu'à tout moment, l'entrepreneur fait preuve d'une parfaite efficacité technique en produisant la quantité maximum possible c01npte tenu des tàcteurs qu'il emploie. Par ailleurs, la fonction de production est établie à un n1oment précis compte tenu des connaissances techniques de l'époque. li va de soi que si l'entreprise dispose de tra­ vailleurs mieux formés et plus qualifiés ou si elle utilise des n1achines plus perforn1antes, donc si un progrès technique intervient, elle peut, pour toute manière de combiner les facteurs de production, atteindre un niveau de production plus élevé. 5. 1.2 Les isoquantes Adtnettons que si notre finne peut réaliser une production maximun1 de 20 unités en combinant 1 0 unités de travail et 10 unités de capital, elle peut égaletnent produire la .mêtne quantité de biens en co1nbinant 5 travailleurs et 20 unités de capital ou en utilisant conjointement 1 8 travailleurs et 5 unités de capittal. Ces trois c01nbinaisons de facteurs, à côté d'autres, permettent à la finne de réaliser, au maximum, le même volume de produc­ tion. Elles appartiennent à la tnêtne isoquante. Nous définirons alors l'isoquante comme la courbe représentant l'ense1nble des combinaisons de facteurs de production pennettant toutes, à la finne, de réaliser un même niveau de production maxin1um. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 77 A Capital (K) 10 5 - - - - - - - 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 L 1 1 1 - - - - - - - : L - - - - - - - 1 1 1 1 5 - - - - - - - 1 � 1 1 1 1 q - - - - - - - - - - = 20 18 10 B Travail (L) Figure S.1 Pour une technologie donnée, à tout volu1ne de production de la fi1me conespond donc une et une seule isoquante. Si, d'autre part, on suppose que les facteurs de production sont parfaite1nent divisibles et que la firme a, à sa disposition, une infinité de technologies possibles, les isoquantes seront représentées par des courbes décroissantes tournant leur convexité vers 1'01igine des axes. Le ctiagramme de la figure 5. l représente l'isoquante de la firme correspondant à un niveau de production égal à 20 unités de produit (q 20). = Plus on se déplace, le long de cette isoquante, vers le point A, plus on utilise des processus de production alliant une moins grande quantité de travail à une plus grande quantité de capital. On dira qu'on utilise des techniques de production capitalistiques. Au contraire, plus on se déplace vers le point B, en con1binant une moins grande quantité de capital et un plus grand nombre de travailleurs, plus les méthodes de production utilisées sont laboristiques. 5. 1 .3 Le taux marginal de substitution entre les facteurs de production Nous allons définir ici le taux marginal de substill1tion entre les facteurs de production, plus précisément le taux marginal de substitution du capital par le travail. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 78 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE n exprime la quantité de capital à l'utilisation de laquelle la firme pourra renoncer si elle dispose d 'trne unité supplémentaire de travail et si elle désire, par ailleurs, 1naintenir inchangé son volume de production maximum : ( ) TmS = - Af( ô..L productio11-q-co11s1an1e (le taux marginal de substitution est positif puisque �K et �L sont de signes contraires). Graphiquement, en supposant des variations infiniment petites des quantités en1ployées des facteurs de production, le taux marginal de substitution se représente par la valeur absolue de la pente de la tangente à l'isoquante au point correspondant à la combi­ naison de facteurs de prodt1ction actuellement utilisée par la fim1e : TmS = .... ( iiK) /.un 0 t!.L - 6.L q. CSI< A production donnée (la firme se situe donc le long d'une isoquante donnée), plus la firme associe de travailleurs à peu d'unités de capital (les techniques de production utilisées deviennent de plus en plus laboristiques), plus le taux marginal de substitution, tel que nous venons de le définir, diminue. Par contre, lorsque la firme utilise des tnéthodes de production devenant de plus en plus capitalistiques, le taux marginal de substitution augn1ente. On montre finalement que le taux tnarginal de substitution entre les facteurs de production est égal au rapport de leurs productivités tnarginales physiques : ( Af() TmS = - M ( L) Productivité rnarginale physique du capital ( K) Productivité marginale physique du travail q..<$1e En effet, si tout en continuant à produire la même quantité de biens, la firme renonce à l'utilisation de Af( unités de capital puisqu'elle dispose de M unités de travail supplémentaires, la production perdue en utilisant moins de capital (M x productivité marginale physique K) est parfaitement compensée par la production additionnelle prove­ nant d'une utilisation plus importante du travail (M x productivité marginale physique L). Donc, (M< x productivité marginale physique K) + (D.L x productivité marginale physique L) =O. 5. 1.4 Des formes particulières d'isoquantes Nous avons admis jusqu'à présent, pour justifier la forme des isoquantes, que les facteurs de production que la firme utilise sont parfaitement divisibles alors que cette fu-1ne a à sa disposition une infinité de techniques de production différentes. Sans remettre en question la prenùère de ces hypothèses, il se peut toutefois que la f111ne ne puisse utiliser qu'un nombre limité de techniques de production. Peut-être mê1ne, n'a-t-elle à sa disposition qu'un seul processus de production. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 79 5. 1.4. 1 La firme ne dispose que d'un seul processus de production Pow· toute unité de bien produite, la fume doit utiliser les tàcteurs de production dans une proportion constante. Il n'y a donc pas de possibilité de substitution entre les facteurs, la quantité employée de chacun d'entre eux dépendant alors uniquement du niveau de pro­ duction de la firme. Si q0 représente ce volume de production, les quantités utilisées de travail et de capital valent respective1nent : L = al · q0 et K=a K · q0 , où a'- et aK sont les quantités de travail et de capital nécessaires à la production d'une unité de bien. K q = Qo 0 L Figure S.2 Les facteurs de production sont donc utilisés dans la proportion : a'­ aK Toute quantité d'un des facteurs qui serait utilisée en supplément de la propor­ tion indiquée ne pe1mettrait pas d'obtenir une production plus grande et serait, dès lors, gaspillée. 5. 1.4.2 La firme dispose de plusieurs processus de production Imaginons qu'une firme dispose de quatre processus de production distincts et qu'elle se fixe un volume de production égal à q0. Le tableau 5 . 1 nous donne, pour chaque processus, la quantité de facteurs nécessaire à la Téalisation de ce niveau de production. Lorsqu'on passe progressivement du processus 1 au processus 4, la technique de production utilisée devient de plus en phts capitalistique. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 80 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Tableau S.1 Proc. l Proc. 2 L =Ou·% L = o2rqa K = azr K = a1K"q0 L K L on K Proc. 3 L = 031.% QIK L = 041.q, K = a4X"% K = aJK"qa qa L 02L K -=- -=- Proc. 4 L 03L K -=- 02 1 o4L -=- all a« ou> a21 > aJt > 04r a,x < o2K < aSK < o�r Pour réaliser un volume de production égal à q0, la finne pourra alors se situer en un des points A (proc. l), B (proc.2), C (proc.3) ou D (proc.4) du diagramme de la figure 5.3. Admettons toutefois que cette finne puisse combiner ces processus deux à deux, réalisant une production égale à ,uq0 (0 < µ < 1) en utilisant le premier processus et une production égale à ( 1 µ)q0 en utilisant le second. Alors, - K L 0 figure S.3 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 81 Toute combinaison linéaire de deux processus de production représentera donc aussi une des 1nanières possibles de produire la quantité souhaitée, q0. Remarquons toutefois que seule une con1binaison linéaire de deux processus de production adjacents (le 1cr et le 2•, le 2e et le 3•, le 3• et le 4°) pennet à la frm1e de pro­ duire q0 tout en minimisant la quantité employée de chaque facteur. En effet, si cette firme combine le processus 1 et le processus 2, elle se situe le long du segment de droite AB ; 2 et le processus 3, elle se trouve le long de BC. Mais si elle décide de combiner le processus l et le processus 3, elle se déplace le long du si elle utilise simultanément le processus segment AC, en utilisant alors une quantité plus in1portante des facteurs de production que le long de AB ou de BC. L'isoquante de notre firme, correspondant au volume de production q0, se repré­ sente alors par la « courbe brisée » ABCD. 5.2 LA DURÉE DE VIE RESPECTIVE DES FACTEURS DE PRODUCTION. LA DISTINCTION ENTRE LE TRÈS COURT TERME, LE COURT TERME, LE LONG TERME ET LE TRÈS LONG TERME La firn1e, nous l'avons dit, utilise si1nultanément plusieurs facteurs de production. Cependant, il ne lui est pas possible de modifier avec la mê1ne facilité la quantité qu'elle e1nploie de chacun d'entre eux. Le « ten1ps » tient une grande place en science écono­ mique. Dans certains cas, la période d 'adaptation de la firme est brève ; dans d'autres cas, elle est beaucoup plus longue. Aussi l' économiste est-il amené à distinguer quatre périodes suivant l'in1portance des adaptations que la finne peut apporter à son con1porten1ent : 5.2. 1 La très courte période (ou /'instant) La firme est incapable de modifier la quantité qu'elle utilise tant du facteur travail que du facteur capital. Sa production, par conséquent, ne peut pas varier. Tout ce qu'elle peut faire, si elle s 'attend par exemple à une hausse du prix de vente de son produit c'est stoc­ ker - et, encore, faut-il que ce soit techniquen1ent possible- une paitie de cette production. , 5.2.2 La courte période En courte pé1iode, la fim1e peut certes modifier sa production. Elle continue cependant à utiliser un stock de capital inchangé. C'est donc unique1nent en adaptant la quantité de travailleurs qu'elle emploie qu'elle peut faire varier cette production. L'équipen1ent dont elle dispose den1eure donc pour sa part inchangé. La courte période est une période trop courte pour que la firme puisse accroître ou diminuer son stock de capital. Elle est suffisatrunent longue cependant pour lui permettre d'embaucher des travailleurs additionnels ou de Licencier une partie de sa main-d'œuvre. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 82 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 5.2.3 La longue période Cette période est suffisamment longue pour que la firme puisse 1nodifier la quantité qu'elle emploie de chaque facteur de production, aussi bjen le capital, cette fois, que le travail. La firme peut donc augmenter ou diminuer sa capacité de production tout comn1e elle peut faire varier sa main-d'œuvre. 5.2.4 La très longue période C'est la période pendant laquelle interviennent des innovations techniques qui déplacent la carte des isoquantes de la firme. La très longue période est une période suffisam1nent longue pour que Je progrès technique puisse apparaître. S.3 LA FONCTION DE PRODUIT TOTAL À COURT TERME DE LA FIRME ·Nous so1mnes dans le court terme. La finne est libre de faire fluctuer cotnJne elle l'entend la quantité de travailleurs qu'elle emploie. Son stock de capital est cependant fixe et elle ne peut le tàire varier. Corrunent la production de cette firme va-t-elle, dès lors, évoluer en fonction du seul facteur de production variable, le travail ? Considérons la carte de ses isoquantes. Le stock de capital qu'elle utilise est égal à K0. Au fur et à mesure que notre firme associe de plus en plus de travailleurs à son stock de capital fixe, K0 , elle se déplace du point A vers le point B le long du seg1nent AB. Elle rencontre alors successive1nent des isoquantes correspondant à des niveaux de Capital (K) A K0 E B Travail (L) 0 figure S.4 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 83 production de plus en plus élevés. En d'autres termes, plus la fim1e utilise de travail­ leurs, plus elle produit. Qui plus est, en règle générale, lorsque le nombre de travailleurs e1nployés est petit, chaque travailleur additionnel contribue plus au produit de la firme que ne le faisaient les travaillew·s engagés précéde1n1nent. Mais dès que l'e1nploi devient suffisamment Îlnportant, puisqu'on associe de plus en plus de travailleurs à un équipement restant inchangé, la loi des rendements tnarginaux décroissants, que nous avons déjà pré­ sentée, apparaît. Est-il vrai, cependant, que plus la firme emploie de travailleurs plus elle produit '? Jusqu'à un certain point, oui. Mais il demeure parfaitement possible que, compte tenu de l'équipernent existant, au-delà d'une certaine quantité utilisée de travail, la courbe de produit total à court terme de la finne atteigne un rnaxünum puis com1nence à décroître. Graphiquen1ent, le seginent AB serait tangent à une isoquante (au point E sur notre gra­ phique) puis intersecterait successivement des isoquantes correspondant à des niveaux de production de plus en plus bas (les isoquantes ne seraient plus, dans ce cas, des courbes constamment décroissantes). Le tableau 5 .2 présente un exetnple réaliste rnontrant l'évolution de la production d'une firme en fonction du n01nbre d'unités de travail qu'elle emploie tout en continuant à disposer d'un équipement inchangé. Graphiquement, cet exemple se représente par la figure 5.5. Une fois définie la fonction de produit total à court tenne de la firme (sa produc­ tion expriinée en fonction du nombre de travailleurs qu'elle emploie), il devient aisé d'in­ troduire les notions de productivité. Elles se présentent sous la forme de rapports entre, d'une part, la production et, d'autre part, la quantité de facteurs, travail ou capital, dont elle est le résultat. Tableau S.2 Nbre d'unités de travail utilisées 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Production totale Productivité moyenne Productivité marginale 4 10 18 24 28 31 33 34 33 30 4 5 6 6 5,6 4 6 8 6 4 3 2 5,2 4,7 4,25 3,7 3 Sommaire .1 .3 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 84 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Produit total D (q) 34 ,A 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 ' 1 1 1 1 32 28 24 18 ' ' 1 1 1 ' ' 10 4 Travail (L) 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Figure S.S 5.3. 1 La productivité moyenne physique d'un facteur JI s'agit du rapp011 entre la production de la firme et la quantité d'un facteur qu'elle utilise. La productivité moyenne physique du travail est donc égale au rapport : P M phys L = g_ L (q = production de la ftrme ; L = no1nbre d'unités de travail utilisées) Par analogie, la productivité moyenne physique du capital s'écrirait : P M phys K = !L (K = nombre ct•unités de capital utilisées) K Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 85 Par exemple, si la firn1e utilise 7 unités de travail, elle réalise, compte tenu de son stock de capital fixe, un volwne de production égal à 33 unités de produit. La productivité 1noyenne physique du travail est égale à 33/7. Graphiquement, elle se représente par la pente du segment OA joignant I '01igine au point de la courbe de produit total de coordonnées (7,33). 5.3.2 La productivité marginale physique d'un facteur Supposons que la finne décide d'augn 1 enter la quantité qu'elle utilise du facteur variable. Sa production se modifie-t-elle en conséquence ? Augmente-t-elle ? Diminue-t-elle ? Et si oui, de combien ? La réponse à ces questions est fournie par Je calcul de la productivité marginale physique de ce facteur variable. La productivité marginale physique du travail est égale au rapport flq P m phys L = AL Il s'agit de la variation de la production de la firme provenant, toutes autres choses restant égales, d'un accroissement 111argiual unitaire de la quantité utilisée de travail. Lorsque le facteur variable est le capital, la productivité marginale physique du capital s ' exprime par P m phys K = Aq AK Graphiquement, la productivité marginale physique du travail en un point donné de la fonction de produit total à court term.e de la firme se 1nesure par la pente de la tan­ gente à cette courbe en ce point (la pente de la droite D 1nesure la productivité marginale physique du travail lorsque le notnbre de travaillew·s employés par la fi1111e est égal à 6). à court terme de la firme passe aussi par l'origine des axes (et est donc aussi le segtnent joignant l'origine à la courbe), la Lorsque la tangente à la fonction de produit total productivité marginale physique du travail est égale à sa productivité moyenne physique. À ce 1n01nent, la productivité moyenne physique du travail atteint sa valeur inaxiinum (c'est le cas, sur le graphique, lorsque le non1bre de travailleurs est égal à L1). 5.3.3 La productivité (produit) marginale en valeur Contentons-nous pour l'instant de la définition suivante de la productivité 1narginale en valeur. Il s'agit du produit de la productivité marginale physique du tàcteur variable par le prix de vente unitaire du produit de la frrn1e. Si, à la suite d'un accroissement rnarginal uuüaire de la quantité de travail utilisée par la firme, sa production augmente de 1 0 unüés tandis que le prix de vente de chacune de ces unités de produit est de vité marginale en valeur du travail est égale à 5 euros, la producti­ 50 euros. P m val L = � x P m phys L Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 86 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Encore faut-il tàire L'hypothèse que L'accroissement de la production de la firme ne donne pas lieu à une diminution du prix auquel elle poutTa l'écouler sur le marché. Mais cela est une autre histoire sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir plus loin lorsque nous aborderons l'étude des 1narchés de facteurs de production. 5.4 RENDEMENTS MARGINAUX CROISSANTS ET DÉCROISSANTS ET LA LOI DES RENDEMENTS NON PROPORTIONNELS Étudions maintenant de plus près l'évolution de la productivité marginale physique et de la productivité 1noyenne physique au fur et à n1esure que la firme accroît la quantité employée du facteur variable. On constate que, dans un premier temps, ]a productivité marginale physique du tra­ vail est croissante. La contribution n1arginale de chaque unité additionnelle de travail pres­ tée au produit de la finne est supérieure à la contribution marginale de chacune des unités de travail préalable1nent utilisée. On dira alors que, lorsque la quantité employée de travail est petite, les rendements marginaux sont croissants. Néanmoins, lorsque cette quantité de travail augmente et dépasse un certain seuil, la productivité 1narginale physique du travail finit par diminuer et l'on entre alors dans une phase de rendements n1arginaux décroissants. C'est la loi que nous avons déjà énoncée au début de cet ouvrage : « un accroisse1nent de la quantité utilisée de certains facteurs de production, celle des autres facteurs restant inchan­ gée, doit normalement faire augmenter la production. Il n'en1pêche qu'à partir d'un certain point, la production supplémentaire résultant des nlêmes doses additionnelles de facteurs variables a des chances de diminuer de plus en plus ». Signalons toutefois que rnême s'il est réaliste de supposer dans un pretnier temps une phase de rendements marginaux croissants, on peut parfaitement concevoir des situations où une telle phase n'existerait pas. Tant que la fonction de produit total à court tern1e de la fu-me est croissante, la productivité inarginale physique du travail demeure positive. M.ême si la contribution additionnelle de chaque unité utilisée de travail diminue, elle n'en permet pas moins un accroissement de la production globale de la firme. il peut arriver un rnoment cependant où la quantité du facteur variable deviendrait telletnent ùnportante par rappo1t à celle des facteurs fixes que toute quantité supplén1entaire employée de travail ne permettrait plus à la production de croître et la ferait, au contraire, décroître. Dans cette hypothèse, la pro­ ductivité n1arginale physi.que du travail devient nulle et puis négative. Voilà donc pour la productivité marginale physique du travail. L'évolution de la productivité moyenne physique du h·avail est-elle se1nblable ? On observe également que, dans un premier tetnps, elle augmente. Pendant la phase des rendements marginaux crois­ sants, ce qui est nonnal. Mais aussi pendant la p.re1nière partie de la phase des rendements n1arginaux décroissants. En fait, tant que la productivité 1uarginale physique du travail est supérieure à sa productivité moyenne physique. La productivité moyenne du travail atteint, par conséquent, son 1uaximu1n pour ·un nombre de travailleurs employés égal à Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 87 L1 , là où elle est égale à la productivité marginale. Au-delà de ce point, la productivité marginale devient inférieure à la productivité n1oyenne et celle-ci conlmence à diminuer. Le fait que la productivité 1noyenne physique du facteur variable continue à croître pendant une partie de la phase des rendements marginaux décroissants a conduit à définir, à côté de la loi des rendements marginaux décroissants, celle des renden1ents non proportionnels (voir figures 5.6 et 5.7). Lorsqu'on maintient inchangées la technique de production ainsi que les quantités employées des autres facteurs de production (on est dans le court terme., rappelons-le), si on aug1nente progressivement l'emploi du dernier facteur(le travail), la production s'accroît d'abord plus que proportionnellement et le fait ensuite moins que propo1tionnelle1nent. Où la phase des rendements plus que proportionnels se termine-t-elle ? Où donc celle des rendements moins que proportionnels com.mence-t-elle ? Puisqu'on envisage ici un accroissement de la production plus ou moins que pro­ portionnel à celui de la quantité employée du facteur travail, il convient de s'intenoger sur la valeur de l'élasticité de la production de la fi1111e par rapport à la quantité utilisée de ce facteur de production : !!. 'I q e= �L L Tant que la valeur de cette élasticité est supérieure à l , à tout accroissement de la quantité de travail employée correspond un accroisse1nent plus que proportionnel de Produit total (q) Phase 1 li L1 Ill Travail (L) Figure S.6 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 88 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Prod. moyenne Prod. marginale Prod. moyenne du travail Prod. marginale du travail Phase 1 Travail (L) Ill Il Figure S.7 la production de la firme. Dès qu'elle devient inférieure à 1 , on entre, par contre, dans la phase de rendements moins que proportionnels. Or il est évident que : !::i.q t:.q q = !::i.q · phys L = t!.L P---' Le= = q P M phys L t:.L t:.L q m - - L - - L ll s'ensuit que, tant que la productivité tnarginale physique du travail est supérieure à la productivité moyenne physique (donc tant qu·e la productivité moyenne est croissante), on a à faire à des renden1ents plus que proportionnels. Par contre, dès que la producti­ vité marginale devient inférieure à la productivité moyenne et que celle-ci commence par conséquent à diminuer, on entre dans la phase des rendements moins que proportionnels. Le tableau 5.3 résume parfaiten1ent les résultats que nous venons de montrer. Tableau S.3 Phase Prod.morg. Prod.moy. Conclusion Croissante Croissante Rend. marg. croissants et rend. plus que proportionnels Il Dé<roiss. Croissante Rend.plus que proportionnels mais rend.marg. décroissants Ill Décroiss. Décroiss. Rend.marg. décroiss. et rend. moins que proportionnels Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 89 S.S FONCTION DE PRODUIT TOTAL À COURT TERME ET VARIATION DU STOCK DE CAPITAL Nous envisageons ici l'effet sur la position de la fonction de produit total à court terme de la firme d'un accroissement de la qt1antité du facteur « fixe » qu'elle utilise. Plus précisé­ ment, nous comparons la fonction de produit total à court terme à deux périodes distinctes, le stock de capital ayant augmenté entre-temps. Plutôt que d'employer une quantité de capital égale à K0, la fitme en utilise une quantité supérieure K1 (K 1 > K0). Quel que soit le nombre de travailleurs que la firme emploiera, elle associera ces travailleurs à un stock de capital plus i1nportaut. Compte tenu de la forn1e de ses iso­ quantes, sa production augmentera. Sa fonction de produit total à court tenne se déplacera donc vers le haut (ce résultat peut ne pas être vrai lorsque la fu-tne emploie peu de travail­ leurs ; il le devient cependant lorsque le nombre de travailleurs utilisés dépasse un seuil donné généralement faible). Elle atteindra aussi son maxi1num pour une quantité de travail supérieure à ce qu'elle était précédem.ment. Qu'en est-il, cependant, de l'innportance respective des phases de rendements 1narginaux croissants ou décroissants et de rendements plus que proportionnels ou moins que proportionnels ? Cela dépendra de la façon dont la fonction de produit total de la firme se déplacera. Les deux exemples graphiques nous en convaincront (voir figures 5.8 et 5.9). Produit total (q) Travail (L) Figure S.8 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 90 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Produit total (q) Travail (L) Figure S.9 Dans le premier cas, aussi bien la phase des rendeinents 1narginaux croissants que celle des i·endements plus que proportionnels se terminent plus rapidement lorsque le stock de capital de La firme augmente. C'est l'inverse dans le second exemple proposé. 5.6 LA FONCTION DE PRODUIT TOTAL À LONG TERME DE LA FIRME. LA NATURE DES RENDEMENTS GLOBAUX À L'ÉCHELLE Nous som1nes dans te long tenne. La fi1111e est libre de faire varier comme elle l'entend là quantité de chacun des facteurs de productioo qu'elle utilise, tant celle de capital que celle de travail. Lorsqu'elle en1ploie une quantité L-0 de travail et une quantité K� de capital, elle réalise une production égale à q0• Admettons que cette firme vienne à doubler la quantité qu'elle utilise de chaque facteur. Elle emploie donc 2L0 uttités de travail et 2K0 unités de capital. Qu'advient-il alors de sa production ? Si la production de cette firme est supérieure à 2q0, on dira qu'elle réalise des rendements globaux croissants à l'échelle (011 des économies d'échelle). Si, par contre, elle est inférieure à 2q0, il s'agira de rendements globaux décroissants à l'échelle (ou de déséconomies d'échelle). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 91 Plus précisén1ent, si à un accroisse1nent de l'échelle d'opérations de la firme ou de son échelle d'activité (la firme continue à con1biner les facteurs de production dans la mê1ne proportion, mais elle augn1ente la quantité qu'elle utilise de chacun d'entre eux), correspond une augmentation plus que proportionnelle de sa production, elle connaît des rendements globaux croissants à l'échelle ou des économies d'échelle. Si, au contraire, à un tel accroissement de L'échelle d'opérations correspond une augmentation moins que proportionnelle de la production, on parlera de rendements globaux décroissants à l'échelle ou de déséconomies d'échelle. Dans l'hypothèse où la production de la firme augmenterait proportionnellement à son échelle d'opérations, il s'agirait de rendements globaux constants à l'échelle. Dans l'lntroduction, nous nous sommes posé la question de savoir s'il n'y a pas incompatibilité entre la loi des renden1ents marginaux décroissants d'une part et la pos­ sibilité pour la firme d'accroître plus que proportionnellement sa production lorsqu'elle augtnente son échelle d'opérations d'autre part. Il n'en est rien bien entendu. La loi des rendements marginaux décroissants se rapporte à des cas où l'on fait varier seule­ ment certains fàcteurs de production alors que la quantité employée des autres facteurs reste fixe. Lorsque la firme modifie son échelle d'opérations, tous les facteurs qu'elle a à sa disposition varient. Répétons-le, il s'agit de questions tout à fait différentes (voir figures 5. 10 et 5.1 1). Comment justifier l'apparition d'économies d'échelle ? Lorsque le non1bre des unités à produire est suffisamn1ent élevé, les entreprises sont en mesure de prendre des tailles de plus en plus grandes et de mettre sur pied une acti­ vité de production plus perfectionnée : décomposition de processus complexes en simples opérations répétées, spécialisation des tâches et division du travail. . . Produit total Produit total (q) (q) Échelle d'opérations Échelle d'opérations Rendements globaux croissants à l'échelle Rendements globaux décroissants à l'échelle Figure S.10 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 92 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Produit total (q) Échelle d'opérations Rendements globaux croissants puis rendements globaux décroissants à l'échelle Figure S.1 1 Il n'empêche que, lorsque ces entreprises deviennent de plus en plus grandes, elles sont confrontées à une certaine perte d'efficience. Même si elles sont susceptibles de faire varier tant la quantité de capital que celle de travail qu'elles emploient, il demeure des facteurs sur lesquels elles n'ont guère de pouvoir. Pensons aux méthodes de gestion et de contrôle de l'entreprise. Une direction n1alaisée, un contrôle difficile feront en sorte que, finalernent, après une phase d'économies d'échelle, il est raisonnable de s'attendre à voir apparaître des déséconomies d'échelle. S.1 LA POSITION D'ÉQUILIBRE DE LA FIRME DANS LE LONG TERME Puisque nous sommes dans le long terme, la fim1e peut faire varier, à la fois, la quantité de travail et celle de capital qu'elle utilise. Les prix unitaires de ces factew·s de production (on suppose qu'ils restent fixes queue qu'en soit la quantité utilisée) sont respectivement Pi pour le travail (salaire, charges sociales, autres charges liées à J 'utilisation de travai lleurs . ) et PK pour le capital (rén1unération du capital investi, usure de ce capital. . . ). . . Admettons que cette fi1111e s'in1pose de réaliser une production égale à q0. Nous avons vu que pour obtenir cette production, elle peut combiner le travail et le capital d'une Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 93 infinité de manières différentes. Queue con1binaison de facteurs va-t-elle choisir ? Celle qui lui permettra de 1ninimiser son coût de production compte tenu du prix de ces facteurs. Mathématique1nent, ce problè1ne se pose de la façon suivante : Minimiser le coût total : sous la contrainte : q(L, K) = q0 On définit une droite d'égalité de coût d'équation : PL · L + PK · K = este. comn1e un segment de droite caractérisé par le fait qu'en chacun de ses points, le coût de production de la firme est constant. Si on mesure la quantité de travail en abscisse et celle p de capital en ordonnée, sa pente, en valeur absolue, est égale à __!:_ . P K À chaque valeur du coüt supporté par la finne, coJTespond une droite d'égalité de coût différente. Plus on s'écarte de l'origine des axes, plus ce coüt de production augmente (voir figure 5.12). Une isoquante donnée, celle correspondant à un niveau de production de q0 par exen1ple, intersectera un grand nombre de droites d'égalité de coût. Puisque l'objectif de Capital Travail Figure S.12 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 94 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE la firme est de minitniser son coût de production, elle cherchera à c01nbiner les facteurs qu'elle utilise de façon à se situer sur la droite d'égalité de coût la plus proche de l' origine. Elle choisira donc la combinaison de facteurs correspondant au point E de tangence entre l' isoquante et une des droites d'égalité de coût. I l est clair qu'en ce point : PL PK -= P m phys L P m phys K ' le rapport entre les prix des facteurs de production étant égal au rapport entre leurs produc­ tivités marginales physiques ou, en expritnant cette égalité autrement, Productivité marginalephysique du travail PL = Productivité mar ginalephysique du capital PK Le produit marginal physique par euro obtenu avec le dernier ew·o dépensé doit ètre le même, quel que soit le facteur de production acquis avec cet euro. Mais supposons que, plutôt que de réaliser une production de q0, la firme décide de produire q 1 • À nouveau, elle tâchera de minimiser son coût de production. Et ainsi de suite, quel que soit son volume de production. On est, dès lors, amené à définir le chemin d'expansion de la firme co1nme l'ense1nble des points de tangence de chaque isoquante avec une des droites d'égalité de coût. (voir figure 5. l3). Donc, en chacun des points du chemin d'expansion, il y a égalité entre le rapport des prix des facteurs et celui de leurs productivités marginales physiques. On est assuré que la finne, désirant minimiser son coût de production, se situera toujours à l'équilibre de long terme le long de ce chemin d'expansion. Capital Chemin d'expansion D Travail figure S.13 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 95 Mais qu'est-ce qui la conduira à se situer en A et à fournir par conséquent une quantité de produit égale à q0, ou à se situer en B et à produire q1, ou encore à choisir le long du chemin d'expansion le point C ou le point D ? Tout dépendra de la quantité de bien qu'elle aura intérêt à produire afin de maxin1iser son profit. Or cette quantité sera fonction, à son tour, de la demande qui lui sera acfressée et de la fon11e de marché sur lequel elle opèrera. Nous le veITons p1us loin. S.8 LE PROGRÈS TECHNIQUE Quand dira-t-on qu'il y a progrès technique ? Lorsque de nouvelles manières de transfor­ mer les facteurs de production existan[s apparaissent. Ou encore lorsque de nouveaux pro­ duits sont mis sur le 1narché et lorsque de nouveaux facteurs de production sont utilisés. Dans la première hypothèse, on dira que le progrès technique est non incorporé. Dans la seconde, qu'il est incorporé. Un progrès technique non incorporé s'applique donc aux facteurs existants et a pour effet d'accroître leur efficacité. Graphiquement, il donne lieu au déplacen1ent vers la gauche de la carte des isoquantes de l.a finne (le progrès technique permet de réaliser un même niveau de production en utilisant 111oins de facteurs qu'auparavant ou, ce qui revient au inême, d'aug1nenter le volume de production en employant la mê1ne quantité de facteurs) et, par conséquent, au déplace111ent vers le haut de sa courbe de produit total à court tenne (si on compare cette courbe à deux périodes distinctes suffisamment éloignées pour pennettre au progrès technique de se manifester). Capital 1 1 1 1 \ 1 \ \ \ \ \ \ 1 1 1 1 \ \ ' \ \ \ ' ' ' ' \ ' ' ' ' ' ' ' ', ' ' , ' ' ' -- ..... ..... ..... ..... -, - - - - - -- - - -- qo ----- qo - Travail Figure 5.14 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 96 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Produit total (q) Travail Figure S.1 S À l'opposé, dans le cas d'un progrés technique incorporé, de nouveaux facteurs de production apparaissent qui s'avèrent plus .efficaces que ceux e1nployés jusqu'alors ou, tout au moins, qu'une partie d'entre eux. Les effets d'un tel type de progrès technique sont nettement plus difficiles à analyser. Les isoquantes et la fonction de produit total avant l'apparition du progrès tech­ nique sont représentées en traits pointillés. Celles après l'apparition de ce progrès tech­ nique le sont en traits continus. 5.9 UNE FORME PARTICULIÈRE DE FONCTION DE PRODUCTION : LA FONCTION COBB·DOUGLAS L'analyse économique utilise générale1nent des formes patiiculières de fonction de pro­ duction. Parmi celles-ci, la fonction Cobb-Douglas est très souvent e1nployée. Elle s'écrit sous la forme : où A est un paramètre reflétant l'état des connaissances techniques (A augn1ente en pré­ sence d'un progrès technique de telle sorte que la fmne produit plus pour toute c01nbinai­ so11 de facteurs de production), alors que a et � sont des paramètres constants dont nous verrons la signification plus loin. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 97 5. 9. 1 Le court terme Le stock de capital utilisé par la firme reste fixe et est égal à K0 q = ALaKg où E est une constante dépendant de A et de K0. = ELa : La productivité marginale physique du travail est positive à condition que : É9. = aELa- 1 > 0 ' donc si dL (J. > 0 Dans le 1nême temps, l'hypothèse des rendements marginaux décroissants est satisfaite si : d2q dL2 = a(a- l )ELa -2 < 0 ' donc si a < l En d'autres tennes, pour une va[eur de o. < 1 , la fonction Cobb-Douglas présen­ terait uniquement une phase de rendements marginaux décroissants. La signification du parainètre a. est, dès lors, aisée à déterminer. Il s'agirait, tout sitnple1nent, de l'élasticité (partielle) de la production par rapport au facteur travail : e q, L dn · -L = <X EL = = . a- 1 · dL q L - EL« = a Dans l'hypothèse de rendements 1narginaux décroissants (a. < 1), la finne ne connaîtrait aussi qu'une phase de rendements nioins que proportionnels. Dans le même ordre d'idées, dans l'hypothèse où le capital serait variable, p représenterait l'élasticité (partielle) de la production par rappo11 à ce tàcteur de production: 5.9.2 Le long terme La firme maintient inchangée son échelle d'activité ; elle fait donc varier dans la 1nême propo11ion les quantités utilisées de travail et de capital. lnitialement : L Si = Lo K = L • = Ko µLo et K et q = Sommaire = µKo qo = AL� K� (�l > l ) : (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 98 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE La sonlme a + 13 détennine, par conséquent, la nature des rendements globaux à l'échelle : • • • lorsque a + 13 = 1 , il s'agit de rendements globaux constants à l'échelle, lorsque a + 13 < 1 , i l s'agit de rendements globaux décroissants à l'échelle (désécono­ mies d'échelle), lorsque a + d'échelle). 13 > l , il s'agit de rendements globaux croissants à l'échelle (économies RÉSUMÉ l. La fonction de production d'une firme exprime, pour toute combinaison de fac­ teurs qu'elle est susceptible d'utiliser, la production maximum qu'elle peut réaliser. Cette fonction vaut seulement pour un état donné des connaissances techniques. 2. L'isoquante est une courbe qui englobe l'ensemble des combinaisons de facteurs permettant toutes, à la firme, de réaliser, au maximum, un même volume de produc­ tion. Une isoquante différente est donc définie pour chaque niveau de production possible. 3. Le taux marginal de substitution entre deux facteurs de production exprime la quantité de l'un d'entre eux à laquelle la firme peut renoncer si elle dispose d'une unité supplémentaire de l'autre facteur et si elle désire maintenir inchangé son volume de production maximum. Il est égal au rapport des productivités marginales physiques de ces facteurs. 4. Il n'est pas possible, pour la firme, de modifier avec la même facilité la quantité employée de chaque facteur de production. Dans le court terme, elle ne peut, pour augmenter ou diminuer so production, que faire varier le nombre de travail­ leurs qu'elle utilise. Dans le long terme, tous les facteurs deviennent variables. 5. La fonction de produit total à court terme d'une firme exprime, à stock de capital constant, son volume de production en fonction du nombre de travailleurs qu'elle emploie. Généralement, une phase de rendements marginaux croissants précède la phase de rendements marginaux décroissants. 6. La productivité moyenne physique d'un facteur est la produc­ tion réalisée par unité employée de ce facteur. li s'agit donc d u rapport entre le volume de production de la firme et la quantité utilisée du facteur. La productivité marginale physique d'un facteur est la production supplémen­ taire (elle peut être négative) que la firme obtient lorsqu'elle accroît d'une unité la quantité employée du facteur. C'est la production due à l'unité de facteur en plus. 7. Lorsqu'une firme accroît la quantité qu'elle emploie d'un facteur de production, celle des autres facteurs restant inchangée, elle augmente généralement son volume de production. À partir d'un certain seuil cependant, la productivité marginale phy­ sique du facteur variable diminue constamment. C'est la loi des rendements marginaux décroissants. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo Jhéorie de Io produclion 99 8. la loi des rendements non proportionnels s'énonce comme suit. Lorsqu'on maintient inchangées la technique de production ainsi que les quantités employées des autres facteurs de production, si on augmente progressivement l'emploi d'un facteur, la production s'accroît d'abord plus que proportionnellement {lorsque la productivité moyenne physique du facteur variable est croissante) et le fait ensuite moins que proportionnellement (la productivité moyenne physique du facteur variable est alors décroissante). 9. Dans le long terme, les rendements globaux sont constants, croissants ou décroissants à l'échelle suivant que le volume de production de la firme aug· mente proportionnellement, plus que proportionnellement ou moins que proportion­ nellement à son échelle d'opérations. La firme augmente son échelle d'opérations lorsqu'elle accroît dans la même proportion la quantité employée de chaque facteur. 10. Dans le long terme, une firme qui, pour un volume de production donné, cherchera à minimiser son coût total de production se situera le long de son pansion. chemin d'ex­ En chacun des points de ce chemin, le produit marginal physique obtenu avec le dernier euro dépensé pour chaque facteur de production doit être le même, peu importe le facteur acquis avec cet euro. 1 1 . Un progrès technique non incorporé s'applique aux facteurs existants et a pour effet d'accroître leur efficacité. li conduit à un déplacement vers la gauche de la carte des isoquantes de la firme -et vers le haut de sa fonction de produit total à court terme. Par contre, un progrès tééhnique Înèorporé est associé à l'appa­ rition de nouveaux produits ou à celle de nouveaux facteurs qui s'avèrent plus efficaces que ceux utilisés jusqu'alors. EXERCICES PROPOSÉS 1. Tracez la fonction de produit total à court terme d'tme firme dont les rendements margi­ naux sont toujours décroissants. MontTez que cette firme ne connaît que des rendements moins que proportionnels. 2. Tracez Je chemin d'expansion d'une firme qui parce qu'elle ne dispose que d'un seul processus de production, utilise toujours les facteurs travail et capital dans la inême proportion. 3. Une firme dispose seulement de trois techniques de production. Quel que soit le proces­ sus utilisé, la production de chaque unité de bien demande toujours la mêine quantité de facteurs de production : , Proc. l Nbre d'unttés de L Nbre d'unités de K B 2 Pro<. 2 Proc. 3 5 4 2 9 a) Calculez, dans Je court tenne, Je volume de production maximum de cette firme si elle dispose d'un stock de capital égal à 40. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 100 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE b) Le prix unitaire du travail est égal à 6 et celtü du capital égal à 1 6 . Dites la nature 4. des rendements globaux à l'échelle et détenninez le(s) processus de produc6on que la fi.n11e va choisir, à long terme, pour nlinimiser son coût de production. La fonction de production d'une finne s'écrit : 0 = 20K3'5 L" (a> 0) S. où Q, K et L représentent, respeclivemenl, Je volume de production de la fi1me, son stock de capital et le nombre de travailleurs employés. Cette firme réalise, à long terme, des rendements globaux constants à l'échelle. Calculez a pour qu'il en soit ainsi et montrez qu'alors la finue ne connaît à court terme qu'une phase de rendements moins que proportionnels. La fonction de production d'une firme s'écrit : Q =AL" K1-a (0 < a < 1) où Q, K et l représentent, respectivement, Je volume de production de la firme, son stock de capital et le nombre de travailleurs employés. Tracez dans ce cas, la fonction de produit total à long terme de la firme. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) DE LA THÉORIE DE LA PRODUCTION À LA THÉORIE DES COÛTS 6.1 6.2 6.3 6.4 6.5 Coût comptable et coût économique. Le coût d'opportunité Le calcul du coût total à court terme L'analyse des coûts : le coût moyen et le coût marginal Le calcul du coût total à long terme Fonction de coût total à long terme et fonctions de coût toto 1 à court terme Sommaire 102 105 107 1 10 1 15 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 102 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Alors que le chapitre précédent était consacré à la définition de la fonction de production et à la détermination des fonctions de prodLLit total à court et à long tennes, nous allons chercher, ici, à exp1imer le coût de production de la firn1e en fonction de son volume de production. Nous étudierons les caractéristiques de la fonction de coût total à court terme et de celle de coîit total à long tenne. 6.1 COÛT COMPTABLE ET COÛT ÉCONOMIQUE. LE COÛT D'OPPORTUNITÉ Lorsqu'il évalue le coùt de production d'une entreprise, le cotnptable ne prend généra­ lement en c01npte que l'ensemble des charges que l'entrepreneur supporte pour acqué1ir les facteurs dont il a besoin pour assurer sa production. En opérant de la sorte, il ignore cependant certains autres coûts, parfois impo1iants, que la firme ou que la société dans son ensemble doivent supporter. Le propriétaire d'une petite entrep1ise travaille dans cette entreprise. Il ne se paye pas de salaire. Il ne doit pas ignorer cependant que dans toute autre occupation alternative, il percevrait une rémunération. li en va de même du capital que cet entrepreneur a investi dans sa finne et dont il n'évalue généralement pas la réinunération normale. Et puis, lorsqu'une firme décide d'accroître son volume de production, cette déci­ sion n'est pas toujours sans incidence sur son environnement : bruit, pollution attnosphé­ rique, insécurité accrue . . . Dans le mêlne ordre d'idées, on peut être amené à évaluer l e gain de temps réalisé sur un trajet donné grâce à un mode de transport plus rapide, les vies humaines sauvées par les progrès médicaux ou le coût, pour la société, de l'utilisation de travailleurs actuel­ lement sans emploi. Ceci nous a1nène à définir le coût d'opportunité. On constate, en effet, que cer­ tains coûts panni les plus importants tiennent a.ux chances perdues que l'on sacrifie en agissant dans un sens plutôt que dans l'autre. Le coût d'opportunité d'un bien ou d'un facteur de production (celui que l'économiste prendra en considération lorsqu'il évaluera le coût de production de la firme) est, dès lors, le prix de ce bien ou la rémunération de ce facteur de production dans le meilleur en1ploi alten1atif possible. Le coût d'opportunité est, en quelque sorte, le prix du renonce1nent. Que coûte la production d'une quantité suppléinentaire d'un bien lorsque les ressources productives sont déjà toutes pleinement utilisées ? La décision de réduire la quantité produite d'autres biens. Le coût du bien produit est donc la valeur, pour les consommateurs, des biens que l'on renonce à produire. Et ainsi de suite. Bien sûr est-il in1possible, pour chaque bien ou pour chaque facteur de produc­ tion, d'envisager toutes les utilisations possibles de ce bien ou de ce facteur. Lorsque les marchés fonctionnent parfaitement, le coût d'opportunité d'un bien ou d'un facteur de production sera, tout simpletnent, le prix de ce bien ou de ce facteur sw· le rnarcbé. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) De Io théorie de Io production à Io théorie des coûts 103 Par contre, lorsque les marchés ne fonctionnent pas parfaitement, lorsqu'appa­ raissent des situations de concurrence iinparfaite, lorsque les prix sont fixés sur des mar­ chés en déséqui libre, le coût d'opportunité sera différent du p1ix du marché. Quel est le coût d'opportunité de l'engagement par une firme d'un travailleur actuellement sans e1nploi ? En l 'engageant, on ne renonce à aucune production alternative. Le prix du renoncernent est donc nul. Quel est le coût d'oppo1tunité pour l'étudiant d'une année d'études supplé1nen­ taire ? Pas seulement le droit d'inscription à cette année d'études ou les charges à suppor­ ter pour suivre les cours efficacement, mais aussi rémunération à laquelle renonce en s'engageant un an plus tard dans le vie professionnelle. il Quelle valeur économique attiibuer au temps ou à la vie hun1aine ? On prendra en compte, dans le premier cas, l'utilisation (le travail ou une activité de loisir) que l'indi­ vidu fera du gain de te1nps qu'il aura réalisé et, dans le second, la valeur de la production future (dont on aura éventuellement déduit la consommation) de la personne ayant eu la vie sauve aujourd'hui. Le coût d'opportunité pennet alors d'évaluer des activités pour lesquelles aucun prix ne se forme sur le marché. Parce que l'alternative peut être différente, chacun n'évalue pas toujours de la même façon le coût d'opportunité d'Lm bien, d'un facteur de production ou d'une activité quelconque. Ce qui est vrai pour l'ensernble de la société ne l'est pas nécessairement pour tout agent économique individuel. Nous avons vu que le coût, pour la société, de l'engagement d'un travailleur sans e1nploi est nul. Parce qu'on ne renonce là à aucune production alten1ative. Le coût de cette opération, pour la firme, sera cependant le salaire qu'elle payera à ce travailleur. Elle ne sera plus susceptible en effet d'affecter cette somme à un autre usage. L'alten1ative n'est pas perçue de façon identique par tous les individus ou par tous les groupes concernés. Cet exe111ple, et d'autres qui suivront, permettent d'entrevoir la divergence qui existe, dans certaines circonstances, entre l'intérêt de la firme considérée individuelle1nent, d'une part, et celui de la société dans son ensemble, d'autre part. Évaluer les coûts implicites au 1nême titre que les coûts explicites ou distinguer les coftts sociaux des coûts privés sont deux façons particulières d'appréhender le coüt d'opportunité. 6. 1. 1 Coûts explicites et coûts implicites Com1ne nous l'avons déjà dit, l'entrepreneur omet souvent d'inclure dans le calcul de ses coûts les rémunérations revenant à ceux des facteurs de production que !'entreprise pos­ sède en propre. L'économiste ne peut pas les ignorer. Aussi, à côté des coûts explicites les sommes qui sont explicitement payées à des tiers et qui ont donc donné lieu à des paiernents effecti:fa - faut il enregistrer également les coûts in1plicites. Il s'agit de la ré1nu­ nération du travai l presté par le propriétaire de l entreprise (salaire implicite), de celle du sol (rente implicite) et du capital (intérêt imp)jcite) fournjs par ledit propriétaire, en bref la rémunération des facteurs de production qui sont propres à l'entreprise et qui ne sont - ' Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 104 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE pas loués à des individus, travailleurs ou bailleurs de fonds, étrangers à la firme. En effet, si ces ressow·ces étaient utilisées à une autre fin, leur propriétaire en retirerait un revenu. Ne pas tenir compte des coüts in1plicites dans le calcul écono1nique reviendrait à surévaluer le profit de l'entreprise ou à sous-évaluer ses pertes, ce qui, in fine, aurait comme conséquence une tnauvaise utilisation des ressources économiques. 6. 1.2 Coûts privés et coûts externes L'existence de bénéfices (économies) ou de coûts (déséconomies) exte111es liés vité de certaines entreprises ou, plus généralement, conduit aussi à différents compo1tements à l'acti­ humains, à ne pas utiliser les ressources économiques de manière optimale. Lorsqu'une finne est arnenée à prendre une décision écono1nique, celle d'investir ou de ne pas investir, celle de produire tel bien en telle quantité, elle ne prend généra­ lement en compte que ses coûts privés, les coûts qu'elle supporte personnellement (ces coûts privés sont des coûts explicites niais, nous l'avons vu, peuvent être aussi des coûts implicites). Elle ne prend pas en co1npte, les coùts (déséconomies externes) que son acti­ vité fait supporter à d'autres fi.nues ou à certains individus, ni les bénéfices (économies externes) qui poUJTaient résulter de son action pour ces fim1es et ces individus. Le calcul du coût privé ignore les répercussions exté1ieures qu'aura son activité. Le coût total de cette activité pour la collectivité - celui qui, idéalement, devrait guider les décisions éco­ nomiques - doit, cependant, en tenir compte . Un apiculteur est le voisin d'un arboriculteur. Plus ce dernier étend son exploita­ tion, plus élevée sera vraise1nblablement la production du prenlier sans que celui-ci sup­ porte le moindre coût additionnel. Cependant, lorsque l'arboriculteur déterminera la taille de sa firme, il tiendra co1npte de ses recettes, des coûts qu'il suppo1tera perso1mellement mais non de l'effet induit (écono1nies exte111es) qu'aura son activité sur la production de l'entrepreneur voisin. 011 peut montrer qu'alors, la taille de l'exploitation de l'arboricul­ teur sera inférieure à sa taille optimale. Deux finnes sont situées le long du même cours d'eau. La finne en ainont, par son activité, pollue l'eau du cours d'eau contraignant la firme en aval (ou la collectivité) à des coûts d'épuration importants. Tout porte à croire, cependant, que les dirigeants de la pren1ière finne ne tiendront pas con1pte, dans leur calcul économique, des charges (désé­ conomies externes) que leur activité fait supporteT à l'autre entreprise (ou à la collectivité). Le mên1e type de questions se pose lorsqu'on associe à l'activité de production, la pollution atmosphérique, le b1ui.t et la dégradation de l'environnement, ou toute une série d'autres nuisances dont les particuliers ont à souffrir. Certes, est-il rnalaisé d'entreprendre une évaluation monétaire de ces coûts. Il ne faut pas pour autant les exclure du calcul économique. En résumé, connaissant le coût privé d'une entreprise, il s'agira, pour assurer une bonne allocation des ressources économiques, d'y ajouter les coûts externes et d'en retran­ cher les bénéfices externes - lorsqu'ils ex_istent - imputables à son activité. Des décisions opti1nales ne peuvent être prises qu'en intégrant I'ense1nble des bénéfices et des coûts des activités écono1niques. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) De Io théorie de Io production à Io théorie des coûts 105 6.2 LE CALCUL DU COÛT TOTAL À COURT TERME Nous sommes dans le court terme. Lorsque la firme désire accroître ou din1inuer son volun1e de production, elle n'est alors susceptible que de faire varier la quantité de travail (et celle de 1natières prenlières) qu'elle utilise. Elle n'en continue pas moins à supporter les charges afférentes aux facteurs de production fixes qu'eUe emploie. Aussi distingue-t­ on à court terme, dans le chef d'une finne donnée, deux types de coûts : • des coûts fixes qui sont indépendants <lu volun1e de production de la firme et qui repré­ sentent le coût des biens de capital fixe qu'elle emploie. Panni les coûts fixes, on citera notamment, les frais d'administration, les frais de loyer et d'assurances, l'entretien, l'a1nortissement du capital. . . Même quand sa production est nulle, la finne est obligée à court tem1e d'honorer ses engagements et de continuer à couvrir ses coûts fixes ; • des coîtts variables dont le montant s'accroît avec le volun1e de production. 1l s'agira des frais de personnel, des taxes et des impôts, du coût des matières pren1ières et de l'énergie ; en bref, du coût des facteurs variables. Le seul facteur de production variable est le travail. Admettons que son prix reste constant et est indépendant, notam1nent, de la quantité que la firme en emploie. Nous avons vu, qu'à cowi terme, tme phase de rendements marginaux croissants précède géné­ ralement la phase des rendements marginaux décroissants. Dans un premier temps, la productivité marginale physique du travail est crois­ sante au fur et à mesure que la finne embauche des travailleurs supplémentaires. Tout travailleur, rén1lméré de la même façon que le précédent, contribue plus à la production de la firme que celui-ci. Chaque unité supplémentaire de produit est d'autant n1oins coûteuse. Le coüt 111arginal est donc décroissant. Par contre, pendant la phase de renden1ents 111arginaux décroissants, le travailleur supplémentaire contribue d'autant 1noins à la production de la firme que le non1bre de travailleurs en1bauchés est grand. Le coût marginal est alors croissant. Le tableau 6. 1 n1011tre parfaite1nent cette évolution du coût inarginal pour un prix unitaire du travail égal à 120. Tableau 6.1 Nbre d'unités de travail utilisées Production Productivité marginale Coût marginal l 20 50 110 150 180 195 205 20 30 60 40 30 15 10 6 4 2 3 4 8 12 2 3 4 5 6 7 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 106 Tableau 6.2 Ct total Quantité Coût fixe (Cf} Coût var. (CV} (0 =CF+ CV) 0 60 60 60 60 60 60 60 60 60 60 60 0 20 34 42 56 80 114 157 212 273 350 60 80 94 102 116 140 174 217 272 333 410 l 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Coût marg. 20 14 8 14 24 34 43 55 61 77 Coût moyen Ct fixe moyen Ct var. moyen infini infini infini 80 47 34 29 28 29 31 34 37 41 60 30 20 15 12 10 8,57 7,5 6,66 6 20 17 14 14 16 19 22,43 26,5 30,34 35 Coût Coût total 400 300 200 100 Coût fixe 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Quantité (q) figure 6.1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) De Io théorie de Io production à Io théorie des coûts 107 Le coût total est, bien entendu, égal à la somme du coût fixe et du coût variable. Le tableau et le graphique ci-dessus illustrent, de façon générale, l'évolution des coûts d'une entreprise (tableau 6.2 et figure 6.1 ). 6.3 L'ANALYSE DES COÛTS : LE COÛT MOYEN ET LE COÛT MARGINAL Tout comme nous avons défini au chapitre précédent les notions de productivité moyenne et de productivité marginale, iJ convient d'illustrer dans cette section les concepts de coût n1oye11 et de coüt marginal. Le coût moyen (CM) est le coût que la firme supporte par unité produite. li se calcule par le rapport entre le coût total (CT) et le volume de production de cette fin11e (q) CM = CT q Le coût moyen se décompose à son tour en un coût fixe n1oyen (CF?vf) et un coût variable moyen (CVAf). En effet, plùsque CT = CF + CV (CF= coût fixe ; CV= coût variable), CM = CT = CF C V = + CFJ\1+ CVM q q q Puisque le coût fixe est constant, quelle que soit la production de la firme, le coût fixe moyen diminue au fur et à 1nesure que cette production augmente. Il devient négli­ geable dès que q est suffisamment grand : liln CF = 0 q � oo q Le coût marginal (Cm) est le coût de production de l'unité en sus. Il se définit donc c01nme le coût additionnel imposé à l'entreprise par la production d'une unité de bien supplémentaire : t:,, CT Cm = t:,, q Puisque le coût tixe est indépendant de la quantüé produite par la finne, il est évident que le coût fixe marginal est nul et que, par conséquent, le coût marginal est précisément l'augmentation qu'entraîne dans le coût variable, la production d'une unité supplé1nentaire : tiCT = tiCV Cm = t:,, q t:,, q Venons-en à la représentation graphique de ces concepts. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 108 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Nous sommes dans le court terme. Le coût total est égal à la somme du coût fixe et du coût vaiiable. Supposons que q0 soit le volume de production de notre finne. Le coût moyen est représenté par la pente du segtnent OC. Il est égal à la somme du coût variable n1oyen (la pente du segment OB) et du coût fixe 1noyen (la pente du segn1ent OA). Le coût moyen est donc naturellen1ent supérieur au coût variable moyen. Cependant, au fur et à mesure que le volume de production de l a firme s'accroît, les deux courbes, celle de coût moyen et celle de coût variable moyen, se rapprochent progressivement puisque le coût fixe 1noyen devient alors de plus en plus petit (voir figures 6.2 et 6.3). Puisque les courbes de coût vaiiable et de coût total sont parallèles, le coût margi­ nal correspondant au volun1e de production q0 se représente, pour une variation infinitnent petite de ce volume de production, à la fois par la pente de la tangente à la fonction de coût total au point C et par celle de la tangente à la fonction de coût variable au point B. Le coût rnoyen diminue jusqu'au point E, rnoment où la firme réalise une produc­ tion égale à q 1 • li augmente par la suite. Le segment OE est aussi tangent à la fonction de coût total. Il s'en suit que lorsque Je coût moyen atteint son minünmn, il est égal au coût marginal. Dans le même ordre d'idées, le coût variable moyen est minimum en F, là où le segment OF est tangent à la courbe de coût variable. Pour une production égale à q2, le coût variable moyen est, par conséquent, minimum et égal au coftt marginal. Fitialemei1t, on constate que Je coût :marginal est 1nirtimum en G, là où la firme atteint un volu1ne de production égal à q3• Coût total figure 6.2 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) De Io théorie de Io production à Io théorie des coûts 109 CM Cm figure 6.3 • • • • Par conséquent, lorsque : q < q3 : aussi bien le coût n1arginal, que le coût tnoyen et que le coût variable inoyen dinünuent lorsque la production de la firme s'accroît. Le coût marginal est infétieur au coût variable moyen qui est, lui-même, inférieur au coût 1noyen ; érieur au coût variable moyen q3 < q < q : le coût marginal est croissant mais reste inf 2 et, par conséquent, au coût moyen. Ces derniers continuent do.ne à diminuer lorsque la finne augmente sa production ; q2 < q < q1 : le coût marginal est supérieur au coût variable n1oyen mais inférieur au coût moyen. Celui-ci demeure décroissant tandis que le premier devient croissant ; q 1 < q : aussi bien le coût moyen que le coût variable n1oyen sont croissants. Le coût marginal est consta1n1nenl supérieur à chacun d'entre eux. Quand le coût total de la firme augn1ente-t-il plus que proportionnellement à son volume de production ? Lorsque l'élasticité du coût par rapport à la production est supé­ rieure à 1 : ec1 , '. q ,6.(,1 CT = .6.q q coût marginal .6.q CT q - coût moyen donc lorsque le coût rnarginal est supérieur au coût moyen et que celui-ci est croissant. On tnontre de la .nième façon que le coût variable s'accroît plus que proportion­ nellement au volume de production de la firme lorsque le coût marginal est supérieur au coût variable moyen. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 110 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 6.4 LE CALCUL DU COÛT TOTAL À LONG TERME Puisqu'à long terme, les facteurs de production utilisés par la firme sont tous variables, la distinction entre coût fixe et coût variable devient sans objet. Les coûts de la firme sont tous des coûts variables. La fom1e de la courbe de coût total à long terme dépend alors de la nature des rendements globaux à l'échelle. llnaginons qu'initialement, une firme utilise L0 unités de travail et K0 unités de capital. Elle réalise un volume de production égal à q0. Compte tenu des prix unitaires des facteurs de production ment), son coût total est de (P1_ et PK respective­ Si cette firme accroît son échelle d'opérations en multipliant par un 1nême para­ mètre �t(µ > 1) la quantité qu'elle emploie de chaque facteur, son coût total, si les prix uni­ taires des facteurs de production restent constants, est aussi multiplié par ce paramètre : CT= PJµLr) + PiµK.0) = µCT0. Lorsque la finne connaît des rendements globaux constants à l'échelle q(µL11 µKc) = µqo, le coüt 1noyen reste constant : CT -= q µCT0 µqo - 0 -- CT qo Le coût total est alors proportionnel au volume de production de la finne ; la courbe de coût total à long terme est linéaire et passe par l'origine des axes : CT= aq (où a est une constante positive). Coût C = aq total Quantité Cas des rendements globaux constants à l'échelle figure 6.4 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) De Io théorie de Io production à Io théorie des coûts 111 Lorsqu'on est en présence de rendements globaux croissants à l'échelle : de telle sotte que : CT CTo -< qo q -- La fonction de coût total à long terme, croissante, tourne alors sa concavité vers le bas. Le coût total augmente moins que propo11ionnellement au volu1ne de production de la firme. Le coût moyen et le coût marginal diminuent lorsque celui-ci augmente. Coût total Quantité Cas des rendements globaux croissants à l'échelle Figure 6.S Par contre, dans le cas de rendements globaux décroissants à l'échelle : q(pLo,µKo) <µqo Sommaire et CT q > CT q;;-o (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 112 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE La fonction de coût total à long ternie de la finne tourne sa concavité vers Je haut. Plus la quantité produite s'accroît, plus le coût moyen et le coût marginal augmentent. Coût total Quantité Cas des rendements globaux décroissants à l'échelle figure 6.6 Nous avons vu cependant qu'après une première phase d'économies d'échelle, il est réaliste de s'attendre à l'apparition de déséconomies d'échelle. Par conséquent, on s'attend également à ce que la fonction de coût total à long terme de la firme tourne tout d'abord sa concavité vers le bas puis vers le baut. La fonction de coût total à long terme a alo.rs une forme générale identique à celle de la fonction de coût variable à court terme. Coût total Fonction de coût total à Quantité long terme. Cas général figure 6.7 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) De Io théorie de Io production à Io théorie des coûts 113 Dans ce cas, le coût marginal et le coût moyen sont successivement décroissants et puis croissants, la courbe de coût 1111arginal intersectant par ailleurs celle de coût 1noyen en son point mini1num. Coût moyen Coût marginal Cm CM Quantité Figure 6.8 Venons-en maintenant à présenter l'évolution du coût moyen et du coût marginal dans chacun des cas particuliers envisagés plus haut : • lorsque la fonction de coût total à long tern1e est linéaire et passe par l'origine des axes (les rendements globaux à l'échelle sont constants), le coût marginal reste constant et est toujours égal au coût inoyen : Coût moyen Coût marginal CM = Cm Quantité Figure 6.9 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 114 • L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE lorsque la fonction de coût total à long terme tourne sa concavité vers le haut (cas des renden1ents globaux décroissants à l'échelle), le coût marginal croît avec le volu1ne de production de la fim1e et est constam1nent SU1Périeur au coût moyen : Coût moyen Coût marginal Quantité Figure 6.10 • lorsque la fonction de coût total à long tern1e tourne sa concavité vers l'axe des abs­ cisses (cas des rendements globaux croissants. à l'échelle), le coût marginal est décrois­ sant et toujours inférieur au coût moyen : Coût moyen Coût marginal CM Cm Quantité figure 6.1 1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) De Io théorie de Io production à Io théorie des coûts 115 6.S FONCTION DE COÛT TOTAL À LONG TERME ET FONCTIONS DE COÛT TOTAL À COURT TERME À court terme, une entreprise ne peut modifier son volume de production qu'en faisant à varier son nombre de travailleurs, stock de capital constant. A long tenue, par contre, puisque tous les facteurs de production sont variables, elle peut à tout moment adapter son nombre de travailleurs et son stock de capital afin de produire au coût total mini1num. Pour toute grandew· du stock de capital que cette firme peut utiliser, elle se situera, cependant, le long d'une courbe de coût total à court terme, celle correspondant à cette valeur du stock de capital (si le capital est un facteur de production parfaiten1ent divisible, on distinguera ainsi une infinité de courbes de coüt total à court tern1e). Nous avons vu que, lorsque Je stock de capital qu'une firme utilise augmente, sa fonction de produit total à cowt terme se déplace vers le haut. Quel que soit le no1nbre de travailleurs que la finne en1ploie, son volume de production augmente sous l'effet de l'augmentation du stock de capital. Par conséquent, pour tout niveau de production que la firme s'assigne, le coût variable - celui du travail - est d'autant plus faible que le stock de capital, et donc aussi le coût fixe, est élevé. Pour un volume de production donné, une augmentation du stock de capital de la finne ne conduira à une réduction du coût total que si elle permet une dimi­ nution de son coût variable supérieure à l'augmentation du coût fixe. Dans l'hypothèse inverse, le coüt total aug1nenterait. Nous envisageons ici, par siJnplicité, le cas d'une firme dont le stock de capital ne peut prendre que 4 valeurs distinctes s'accroît, la fonction de coût total figure (K.0 < K1 < � < K.,). Lorsque ce stock de capital à court terme se déplace de la façon représentée par la 6.12. Lorsqu'elle peut faire varier com1ne elle l'entend la quantité qu'elle emploie de chaque facteur de production, la firme, quel que soit Je volume de production qu'elle est runenée à réaliser, c01nbine ces facteurs, et fixe donc son stock de capital, de manière telle que son coût de production soit minitnum. Par exemple, si elle désire produire une quan­ tité égale à q0, elle minimise son coût en longue pé1iode en décidant d'utiliser de capital. En choisissant, à tout K2 unités instant, quelle que soit la quantité qu'elle produit, de se situer sur la courbe de coût total à court tem1e correspondant au coût minimum qu'elle peut atteindre en laissant varier librement son stock de capital, la finne décrit ainsi sa fonction de coût total à long tenne. Cette courbe est encore appelée « courbe-enveloppe » (ou « courbe enveloppante ») puisqu'elle décrit la limite inf érieure des courbes de coût total à court terme de la firme. Si nous pouvons interpréter la fonction de coût total à long tenne de la firme con1n1e une courbe-enveloppe, il en va ainsi également de sa fonction de coüt 1noyen à long terme. à long terme d'une firme est toujours située en dessous de chacune de ses courbes de coût rnoyen à court terme. En chaque point cependant, cette La courbe de coût moyen Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 116 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE CT Quantité Qo figure 6.12 Coût moyen CM1CT CM2CT Quantité figure 6.13 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) De Io théorie de Io production à Io théorie des coûts 117 courbe est tangente à une courbe de coût tnoyen à court tenne, celle correspondant au stock de capital qu'il est alors optimal, pour la fu1ne, d'utiliser si elle cherche à mininliser son coût de producti on total. RÉSUMi 1. Le coût d'opportunité d'un bien ou d'un facteur de production est le prix de ce bien ou la rémunération de ce facteur dans le meilleur emploi alternatif possible. En quelque sorte, le coût d'opportunité est le prix du renoncement. 2. Les coûts explicites sont ceux qui donnent lieu, de la part de l'entreprise, à des paiements effectifs à des tiers. Par contre, les coûts implicites représentent la rémunération devant revenir à ceux des facteurs de production qui lui sont propres. 3. Lorsqu'on calcule le coût pour l'ensemble de la société d'une activité quelle qu'elle soit, on doit y inclure la différence entre les coûts fices (économies) externes qu'elle entraîne. (déséconomies) et les béné­ 4. À court terme, les coûts fixes sont indépendants du volume de production de la firme et représentent le coût des biens de capital fixe qu'elle emploie. Par contre, les coûts variable.s sont ceux qui augmentent lorsque la production s'accroît. 5. Le coût moyen est le coût par un1ité produite. C'est le rapport entre le coût sup­ porté par la firme et son volume de production. Le coût marginal est le coût de production de l'unité de bien supplémentaire . 6. Puisqu'à court terme, il est égal au rapport entre le prix unitaire du travail et sa productivité marginale physique, le coût marginal est décroissant pendant la phase des rendements marginaux croissa nts puis devient croissant dès que commence la phase des rendements marginaux décroissants. 7. Puisqu'à long terme, les facteurs de production utilisés par la firme sont tous variables, les coûts sont uniquement des coûts variables . La forme de la fonction de coût total à long terme dépend de la nature des rende­ ments globaux à l'échelle. 8. Si on admet que la firme connaît successivement une phase d'économies d'échelle et une phase de déséconomies d'échelle, la courbe de coût moyen à long terme présente la forme en U traditionnelle. Elle est intersectée, par la courbe de coût marg i nal à long terme en son point minimum. 9. La fonction de coût total à long terme de la firme est une « courbe-enveloppe ». Elle décrit la limite inférieure de l'ensemble des courbes de coût total à court terme (pour chaque valeur du stock de capital fixe de la firme, on définit une courbe dif­ férente de coût total à court terme). En chacun de ses points, elle est tangente à une courbe de coût total à court terme, -celle qui correspond au stock de capital qu'il est optimal d'utiliser, dans une perspective de long terme, en raison du volume de production choisi. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 118 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE EXERCICES PROPOSÉS 1. Une fi1me utilise, à court terme, un stock de capital constant égal à 5 unités de capital. Par contre, elle peut faire varier comme elle l'entend le non1bre de travailleurs qu'elle emploie (capital et travail sont les seuls facteurs de production utilisés par cette firme). On connait le barème qui exprime le volu1ne de production de la fim1e en fonction de son nombre de travailleurs : Nombre de travameurs (l) Volume de production (q) 10 a) 16 2 20 3 22 4 25 5 30 6 38 7 50 8 65 9 BS 10 Déterminez les phases des rendements rnoins que proportionnels et des rendements marginaux croissants. Pour quelles valeurs du volume de production de cette firme, le coût marginal est-il croissant ? b) La firme acquie1t ses facteurs de production aux prix unitaires de 30 pour le capital et de 5 pour le travail. Déterminez son barème de coût total à cotui terme. Pour quelles valeu1s du voluine de production, le coût variable croît-il plus que propor­ tionnel.lement à la quantité produite ? 2. Une firme dispose seukment de deux techniques de production. Par unité de bien qu'elle produit, elle peut : soit utiliser 6 unités de travail et 2 unités de capital ; soit utiliser 3 unités de travail et 3 unités de capital. Le prix unitaire du travail est égal à 4 et celui du capital à l O. a) Détenninez les équations des fonctions de coût total et de coût marginal à long terme de cette finne et dites de quelle nature sont les rendements globaux à l'échelle dans le cas présent. b) Représentez graphiquement le che1ni.n d'expansion de cette firme et détenninez son équation. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) De Io théorie de Io production à Io théorie des coûts 3. 119 La fonction de production d'une firn1e s'écrit : O = 20 L213 K0 (0 < a < l ) où Q représente le volume de production de cette firme, L et K le nombre d'unités de travail et de capital qu'elle emploje. Calculez a de manière telle que le coüt marginal à long tenne de la fuTI1e soit toujours croissant. 4. Une firme utilise deux facteurs de production, le travail (L) et le capital (K). Le prix unitaire du capital est de 15, celui du travail de 5. Les barèmes ci-dessous donnent, pour chacune des valeurs possibles du stock de capital, le n01nbre d'unités de travail que la firme doit utiliser pour réaliser différents niveaux de production. K=3 K=2 K=4 K=S L Q L 8 1 6 2 12 2 10 2 9 2 7 3 14 3 12 3 Il 3 10 4 18 4 16 4 15 4 14 Q s Q L Q 4 L 3 26 s 22 5 21 s 6 36 6 30 6 28 6 27 7 50 7 41 7 36 7 35 8 70 8 57 8 46 8 45 9 95 9 77 9 61 9 56 10 115 10 102 10 81 10 71 20 Calculez les barèmes de coût moyen et de coût marginal à long tenne de cette firme. Distinguez la zone des économies d'échelle de celle des déséconomies d'échelle. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LA CONCURRENCE PARFAITE 7.1 7.2 7.3 7.4 7.5 7.6 7.7 Définition. Les caractéristiques de la concurrence parfaite L'analyse en courte période. La position d'équilibre de la firme L'analyse en courte période. La position d'équilibre du marché Taxe sur les ventes, subvention et équilibre de concurrence parfaite Externalités et taxe pigouvienne Fixation d'un prix maximum et rationnement L'analyse en longue période Sommaire 122 123 129 132 137 139 140 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 122 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE La justification du régime de libre concurrence repose sur la loi d'Adam Sn1itb : « Sous certaines conditions, l'individu poursuivant ses fins pure1nent égoïstes est conduit comme par une main invisible à réaliser Les fins les plus avantageuses pour tous. » Ce principe ne se vérifie cependant que sous certaines conditions. Et parmi celles­ ci, celle que tous les 1narchés de ] 'économie soient des marchés parfaite1nent compétitifs. En d'autres termes, à la condition que la concunence parfaite soit généralisée. Certes, savons-nous que c'est loin d'être le cas. li n'en demeure pas moins vrai que le n1odèle de la concurrence parfaite est devenu le n1odèle de référence par rapport auquel les écono­ mistes jugent les avantages et les inconvénients de situations plus con1plexes. Sa simpli­ cité en fait, par ailleurs, un instrument pédagogique intéressant permettant à l'étudiant de s'initier sans douleur à l'analyse de cas plus réa listes. C'est la raison pour laquelle nous commençons l'étude des fo1111es de niarché par la présentation de la concurrence parfaite. 7.1 DÉFINITION. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA CONCURRENCE PARFAITE On dit qu'un n1arché de produü est un marché de concu1Tence paifaite lorsque les deux conditions suivantes y sont simultanément satisfaites ; • aucun individu ou aucun groupe coordonné d'individus ne peut, par sa propre action, influencer le prix du bien ou du service qu'il achète ou qu'il vend ; • les facteurs de production, recherchant la plus haute rémunération, sont juridiquement libres de passer d'une utilisation à l'autre. a) Aucun individu ou aucun groupe coordonné d'individus ne peut, par sa propre action, influencer le prix du bien ou du service qu'il achète ou qu'il vend. Ceci implique : • un grand nornbre d'acheteurs et de vendeurs de telle sorte que chacun d'entre eux ne représente qu'une part intime du marché ; • que chacun achète ou vende exactement la même n1archandise ou le mên1e service, tant sur le plru1 technique qu'aux yeux des consonunateurs. llnaginons, en effet, la situation suivante. Deux finnes, A et B, offrent un produit en tous points identique. La première vend cependant son produit sous la n1arque A et la seconde sous la marque B. Si, subjective1nent, les consommateurs font la distinction entre ces produits en fonction de leur marque, des éléments d'imperfection de la concurrence apparaissent qui font en sorte que chaque vendeur a un certain contrôle, limité 1nais bien réel, sur son prix. On n'est plus dans les hypothèses de la concurrence parfaite ; • que chacun s'adresse invaiiablen1ent à la demande ou à l 'offre la plus avantageuse. Les acheteurs se tournent donc vers les vendeurs pratiquant les prix les plus bas, alors que les vendeurs le font vers les acheteurs consentant à payer les prix les plus élevés. Ceci Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 123 Lo concurrence parfaite exclut notan1n1ent tout rapport préférentiel entre certains vendeurs et certains ache­ teurs. Ceci suppose aussi qu'à tout moment, les acheteurs connaîtront parfaite1nent les prix pratiqués par les différents vendeurs et que les vendeurs sauront parfaiteinent le prix que chaque acheteur est disposé à payer. En d'autres termes, chacun sera partàite­ ment infom1é et mû uniquement par son intérêt personnel. De cette prenüère propriété de la concurrence parfaite, il résulte que le prix fixé sur le n1arché constitue, pour la firme, une donnée qu'elle n'est pas capable de modifier par sa propre action. b) Les facteurs de production, recherchant Io plus haute rémunération, sont juridiquement libres de passer d'une utilisation à l'autre. Ceci exclut les régle1nentations corporatives, le contrôle gouvernemental de l'emploi, les « lois-cadenas » interdisant l'extension d'un type donné d'entreprises . . . 7.2 L'ANALYSE EN COURTE PÉRIODE. LA POSITION D'ÉQUILIBRE DE LA FIRME Puisque le concurrent parfait est trop petit et donc trop peu puissant pour influencer le prix du marché, ce prix, nous l'avons vu, constitue pour lui une donnée. Il prend donc acte du prix du marché sur la base duquel il va vendre autant qu'il désire. Ce qui ne signjfie pas, pour autant, qu'il va décider de réaliser une production infiniment grande. Voici pow.·quoi. 7.2. 1 La position d'équilibre de la firme individuelle Nous étudions le comportement d'une firme qui opère sur un marché de concurrence parfaite et dont l'objectif est de maxirniser le profit (la différence entre la recette totale et le coût total). Puisque le concurrent partàit est une petite entreprise, généralement gérée par son propriétaire qui y exerce son activité professionnelle, il est raisonnable de lui reconnaître cet objectif. Nous reviendrons cependant, plus loin, sur cette hypothèse lorsque nous envi­ sagerons le comportement d'entreprises de plus grande taille. La firme connaît (tableau 7.1 ) son barème de coût total à court terme ainsi que le prix unitaire (P0) de son produit. Ce prix se détermine par la rencontre de l'offre et de la denrnnde sur le 1narché. Admettons, pour les besoins de notre exe1nple numérique, qu'il est égal à 20. La recette totale de la firme est égale au produit du prix et de son volume de production : R T = P0.q puisque Pv est une donnée pour cette firme et qu'il reste, par conséquent, inchangé quel que soit le volun1e de ses ventes. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 124 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Tableau 7.1 Prod. (q) Prix = R RT = P0.q CT 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 40 60 80 100 120 140 160 180 40 56 66 72 80 94 118 150 204 m 2 3 4 5 6 7 8 9 Profit (+) ou perte (·) Cm -20 -16 -6 8 20 26 22 10 ·24 16 10 6 8 14 24 32 54 De coinbien la recette totale augn1ente-t-el le lorsque l'entrepreneur décide d'accroître ses ventes d'une unité de produit ? De P0• Et cela quelle que soit l'importance des ventes. Lorsqu'une finne écoule sa production sur un marché de concurrence parfaite, sa recette marginale Rm = t:.R T !iq = Po est donc constante et égale au prix du 1narché. La recette moyenne est, elle aussi, constante et égal e au prix du marché : RM = RT q = Po Rm RM Poi--��� recette marginale = recette moyenne q figure 7.1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence parfaite 125 Notre firme a coin.me objectif de maxim.iser son profit. Elle va fixer son volume de production de façon à tnaxinüser la différence entre sa recette totale et son coût total : n(q) = RT(q) - CT(q) = P0.q - CT(q). Dans l'exemple numérique traité, elle sera amenée à écouler 6 unités de produit srn· le n1arché. Il apparaît aussi, à partir de cet exe1nple numérique, que la firme, en recherchant le profit maximum, a intérêt à produire et à vendre des unités additionnelles de bien tant que leur prix (le prix du marché) est supérieur au coût marginal. Ce résultat se comprend aisément de façon intuitive. Il va de soi que le concu1Tent parfait, puisqu'il recherche le profit 1naximum, accepte de produire toute unité de bien dont la vente lui rapporte (la recette marginale) plus que ce que sa production lui coûte (le coût marginal). Par contre, il renonce à encore augn1enter sa production et ses ventes lorsque le coût marginal est supérieur à la recette marginale. Le profit atteint donc son plafond au nioment où il n'est plus possible d' encore réaliser un profit supplémentaire en écoulant un supplément de produit, c'est-à-dire au 1no1nent où la recette marginale (égale au prix en concurrence parfaite) est juste égale au coût n1arginal. Le concurrent parfait maxim.ise donc son profit en poussant sa production jusqu'au moment où son coût margi­ nal est égal au prix du nrnrché : Tant que le prix est supérieur au coût marginal, la production et la vente de l'unité supplé1nentaire de produit lui pennettent d'accroître son profit. Lorsqu'au contraire le prix devient inférieur au coût marginal, toute production additionnelle conduit à une ditninu­ tion du profit. Encore faut-il que le producteur n'ait pas tendance à mettre sur le marché une quantité infini.Jnent grande de son produit (dans ce cas, on s01iirait des hypothèses de la concurrence parfaite puisque ce producteur deviendrait suffisarnmeut puissant pour agir par sa propre politique sur le prix du produit). Pour satisfaire cette condition, il est néces­ saire que la courbe de coût marginal finisse par être croissante. Or nous avons vu qu'à court terme tout au 1uoins, on doit s'attendre, éventuellement après une première phase de rendements 1narginaux croissants, à voi.J· apparaître une phase de rendements 1narginaux décroissants donc de coût marginal cro.issant. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 126 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE La figure 7.2 décrit le con1portement du concurrent parfait : Cm p P1 R'm Rm R"m t--����----i<--� q Figure 7.2 P0 est le prix du 1uarché, q0 est la production d'équilibre du concurrent pa1fait lui permettant de maxim.iser son profit. Tant que q < q0, P0 > Cm et toute production addi­ tionnelle accroît le profit de la firme. Lo.rsqu 'au contraire q > q0, P0 < Cm et produire plus Si conduit à une baisse du profit. Ces résultats sont vérifiés, très simplen1ent, par l'analyse mathématique. Le profit de la firme (n:) est égal, nous l'avons dit, à la différence entre sa recette totale et son coût total : n:(q) = RT(q)- CT(q). Puisque le concu1Tent parfait écoule -chaque unité de son produit au prix P0, fixé sur le marché : Par conséquent, n:(q) P0.q - CT(q). = Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 127 Lo concurrence parfaite Puisqu'il convient, pour refléter l'objectif de l'entreprise, de maxüniser cette fonction de profit, drt(q) = Po _ dCT (q) = O dq dq Po = dCTdq(q) = Cm. ou Le concurrent parfait, puisqu'il s'assigne comme objectif de 1naxin1iser son pro­ fit, fixe son volume de production de manière à égaler le prix et le coût marginal. Encore faut-il, pour qu'il s'agisse bien du profit maximun1, que la condition de second ordre soit satisfaite : d2rt ( q) = - d1CT (q) < 0 ou d2CT(q) O dq2 dq2 > . dq2 Comme nous l'avons déjà noté, le coût 111arginal, en la position d'équilibre de la firme doit être croissant. 7.2.2 La courbe d'offre à court terme du concurrent parfait Nous venons de montrer que Je concuffent parfait a intérêt à produire tant que Je prix de vente de son produit est supérieur au coût inarginal. L'équilibre de profit max.imuiu se réalise donc lorsque le p1ix est égal au coût marginal. Admettons Lm instant que ce prix vienne à augn1enter et soit égal à > P0• Le producteur réagit à cette hausse de prix en poussant sa production jusqu'à un niveau supérieur à Si, au contraire, .le pri x du marché diminue, la production d'équilibre de la firme diminue elle aussi (au prix P2 correspond une production d'équilibre égale à On en déduit qu'en concurrence parfaite, la courbe d'offre de la firme à court terme coïncide avec la partie ascendante de sa courbe de coût 111arginal. Pour tout niveau du prix, la quantité maximum du bien que le producteur accepte d'offrir est représentée par la partie croissante de sa courbe de coût marginal. Seule cependant, c01nme nous le veffons ci-dessous, doit être prise en considération la partie de cette courbe située au-dessus du seuil de fer111eture. P1 q, q0. q2). 7.2.3 Seuil de fermeture et seuil de rentabilité Tl nous est 1naintenant possible de définiT les notions de seuil de fermeture et de seuil de rentabilité d'une firn1e. A cette fin, nous portons sur le graphique ses courbes de coût moyen et de coût variable n10yen. Rappelons aussi que la courbe de coût marginal inter­ secte chacune de ces deux courbes de coût moyen en leurs points minünum respectifs. ' Admettons que le prix du marché soit égal à P0. Le volun1e de production inaxi­ misant le profit du concuffent parfait est alors de q0• Si l'entrepreneur parvient à couvrir ses coûts variables, il ne couvre pas cependant son coût total. Nous constatons, en effet, Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 128 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE p Cm P2 ----------------------- - - - - - - -� -� -� - � ....;1-:...-.B CM CVM q Figure 7.3 que son prix de vente est supérieur au coût variable moyen mais inférieur au coût moyen. Dans ces conditions, cet entrepreneur continuera son activité dans le court tenue puisque, en courte période, il sera de toute façon astreint, quoiqu'il arrive, à supporter ses charges fixes. Par contre, dans le long tem1e, il se détournera de cette branche et se tournera vers une autre branche pour y contracter de nouveaux engagements. En fait, P0 est inférieur au seuil de rentabilité ruais supérieur au seuil de fermeture. Co1nment définit-on, par conséquent, le seuil de fenueture du concurrent parfait ? C'est le prix de vente de son produit tel qu'il parvient tout juste à couvrir ses charges variables. 11 se fixe par le point de rencontre (P1) des courbes de coût marginal et de coût variable moyen. Lorsque P > P1 , les charges variables sont, à tout le moins, couvertes. Par contre, lorsque P < P1 , la firme ne couvre rnê!ne plus ses coûts variables et a donc intérêt à cesser toute activité de production (q = 0). La courbe d'offre individuelle de ce concurrent partàit dans le court terme se représente donc par la partie croissante de sa courbe de coût n1arginal au-dessus du seuil de fenneture. Et le seuiJ de rentabilité ? C'est le prix de vente tel que la firme couvre exacte­ rnent l'ensemble de ses coùts. Il est détenniné par le point de rencontre (P) des courbes de coût marginal et de coût moyen. Lorsque P > P2, l'entrepreneur n'a nul intérêt à se détourner de cette branche dans le long tenue. Ce n'est plus vrai lorsque P < Pr Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 129 Lo concurrence parfaite 7.3 L'ANALYSE EN COURTE PÉRIODE. LA POSITION D'ÉQUILIBRE DU MARCHÉ 7.3. 1 La courbe d'offre à court terme du marché Nous venons de définir la courbe d'offre à court tenne du concurrent parfait. Il s'agit, avons-nous dit, de la pa11ie ascendante de sa courbe de coût rnarginal située au-dessus du seuil de fern1eture. Quelle est, dès lors, à court terme, la courbe d'offre du marché ? Tout simplement, la som.me horizontale des courbes d'otire individuelles des firmes. En fait, P0, la firme A est prête à vendre une quantité qA, si au même prix la production la firme B est de q8, et ainsi de suite pour toutes les autres firmes formant ce 1uarché si au prix de de concurrence pa1faite, l'offre globale du marché sera égale à la somme des offres indi­ viduelles de ces finnes. La courbe d'offre du marché représente, par conséquent, potu­ chaque valeur du prix, la quantité du bien que l'ensemble des producteurs, désirant inaxi­ miser leur profit, décident de m.ettre sur le marché. 7.3.2 L'élasticité de /'offre Tout naturelletnent, l'élasticité de l'offre par rapport au prix mesure la sensibilité de cette offre à une variation du prix du bien. On la définit c01nme le rapport entre la variation proportionnelle de la quantité du bien offerte par les producteurs et la variation propor­ tionnelle du prix qui l'a entraînée : e q,p - !J.q q D.p p Puisque tant la courbe d'offre individuelle que la courbe d'offre du marché sont croissantes, ce coefficient d'élasticité est positif. p qo q Offre parfaitement inélastique Figure 7.4 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 130 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE On ne peut toutefois passer sous silence, le cas d'une offre parfaitement inélas­ tique par rapport au prix : la quantité offerte d'un bien est rigoureusement fixe et doit être écoulée quel que soit le prix pratiqué. C'est le cas, notainment, des denrées périssables qui doivent être vendues quel que soit leur prix. De façon générale, nous avons défini l'instant comme une période de temps trop courte pour que le producteur puisse modifier son volume de production. Le seul choix qui s'offre à lui est de vendre ou de stocker. Si le stockage est in1possible compte tenu de la nau1re des biens produits, la courbe d'offre - instantanée - est représentée par une droite verticale. L'offre (du producteur ou du nrnr­ ché, selon les cas) est alors paifaitement inélastique. Dans l'hypothèse inverse où une légère diminution de prix an1ènerait les firmes à ne plus produire tandis qu'une faible hausse du prix les conduirait à une offre infiniment grande, on dira que la courbe d'offre est parfaitement élastique. Cette courbe d'offre est alors représentée par une droite horizontale. p Offre parfaitement élastique q figure 7.5 qualifions l'offre d'élastique ou d'inélastique suivant que la valeur du coefficient d'élasticité défini plus haut est supérieure ou inferieure à l , donc suivant que l'offre des producteurs réagit plus que propo1iionnellement ou moins que proportionnellement à une variation du prix de vente de leur produit. Entre ces deux cas extrêmes, nous On constate que l'élasticité de l'offre par rapport au prix tend à être plus forte dans le long tenue, après qu'aient été réalisées toutes les adaptations aux fluctuations de p1ix, que dans les périodes de ten1ps plus courtes. Nous avons déjà dit ce qu'il faut penser de la courbe d'offre instantanée quand, techniquement, le stockage est inlpossible. Dans. le court tem1e, nous avons vu que si les producteurs peuvent faire varier la quantité dle travail q11'ils emploient, il n'en va pas de n1ê1ne de celle de capital. Nous avons montré que dans ce cas, à condition d'admettre l'ap­ parition de rendements marginaux décroissants, la courbe de coût marginal de ces finnes finit par devenir croissante. Par conséquent, en concurrence parfaite, la courbe d'offre de chaque finne et donc aussi celle du marché est croissante. Finalement, dans le long tenne, les producteurs existant dans la branche peuvent adapter aux nécessités de la demande non Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 131 Lo concurrence parfaite seulen1ent leur main-d'œuvre, mais aussi leur stock de capital. Ou encore, comme nous le verrons. de nouveaux producteurs peuvent s'établir dans cette branche, attirés par les pro­ fits qui y sont réalisés. Dans le 1nême ten1ps, dans d'autres branches, d'autres peuvent fort bien 1nettre fin à Jeurs activités. La courbe d'offre n'en sera que plus élastique. Nous envi­ sagerons cette question dans le cadre de la section consacrée à l'équilibre à long te1n1e. 7.3.3 L'équilibre du marché (P0) en concurrence parfaite est fixé par la rencontre des courbes d'offre et de demande de façon à assurer l'égalité entre la quantité (q0) du bien Le prix d'équilibre du marché offerte par les producteurs et celle de1nandée par les consomn1ateurs. Ce prix constitue une donnée pour chaque firme individuelle qui y adapte son volume de production (P0 = Cm). Supposons que, pour une raison quelconque, la den1ande pour le produit échangé sur ce 1narché vienne à augmenter. Quel que soit le prix, les consomn1ateurs souhaitent acquérir le bien en plus grande quantité : la courbe de demande se déplace vers la droite et prend la position D'D'. Le p1ix d'équilibre du marché augmente jusque P 1 (>P0). C'est à ce prix que chaque entrepreneur individuel sera dorénavant confronté. Ces entrepreneurs réagiront à cette hausse de p1ix en aug1nentant leur volwne de production ce qui rétablira, in fine, l'équilibre entre l'offre et la den1ande du marché. p p Cm D D q Firme individuelle représentative Marché Figure 7.6 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 132 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 7.4 TAXE SUR LES VENTES, SUB.VENTION ET ÉQUILIBRE DE CONCURRENCE PARFAITE Le diagramme de l'offre et de la de1nande ainsi que celui de la position d'équilibre d'lme firme individuelle sur un 1narché de conctuTence parfaite peuvent être utilisés pow· illus­ trer la façon dont la perception d'une taxe sur les ventes ou l'octroi d'm1e subvention influence le prix et la quantité d'équilibre tant sur le marché que pour une finne indivi­ duelle représentative. [maginons un bien qui fait l'objet de transactions sur un marché de concurrence parfaite et admettons que les pouvoirs publics décident de prélever une taxe fixe égale à t sur chaque unité vendue de ce bien. Chaque fois qu'ils vendent une unité du bien, les productew·s sont donc tenus à payer cette taxe fixe. Ces producteurs supporteront-ils seuls cette nouvelle charge ? Ou, au contraire, sera-t-elle rejetée, en tout ou partielle111ent, s1u­ les consommateurs ? C'est là l'objet de cette section. Dès que l'on prend en co1npte la perception d'une taxe ou, nous le ven-011s plus loin, l'octroi d'une subvention, il convient de distinguer le prix du marché, P, du prix effectivement perçu par les producteurs, P'. Puisque nous traitons le cas d'une taxe fixe par unité de produit vendue : P' = P - t La de1nande du marché exprime la quantité du bien que les consommatew·s sou­ haitent acquérir en fonction du prix fixé sur le marché, peu itnporte que les productew:s soient tenus ou non d'acquitter une taxe. Il n'y a donc aucune raison de s'attendre à un dépla­ cement de la courbe de den1ande à la suite de la politique 1nenée par les pouvoirs publics. Par contre, les concurrents parfaits fixent leur offre en fonction du prix qu'ils perçoivent effectivement. Par conséquent, pour un prix du marché donné, plus la taxe prélevée est élevée, plus le prix perçu par les producteurs est bas et plus leur offre est faible. Si le prix fixé sur le marché est égal à 1 0 et si la taxe fixe par unité vendue est de 2, les producteurs offriront la même quantité de produit que celle qu'ils mettraient sur le 1narché, en l'absence de taxe, à un prix de 8. Pour toute unité de produit vendue, Je coût marginal de chaque finne auginente donc du 1nontant de la taxe. L'exe1nple suivant illustre parfaitement l'effet sur la position d'équilibre d'un marché de concwTence parfaite de la perception d'une taxe fixe par unité de produit ven­ due. Dans le cas présent, cette taxe est de 2 unités 1nonétaires. En l'absence de taxe, le prix d'équilibr·e du marché est égal à 5. La perception d'une taxe fixe par unité vendue de 2 unités monétaires, le fait augn1enter à 6; le prix effec­ tivement perçu par chaque producteur étant alors de 4. Dans le 1nême temps, le n0111bre d'unités de produit échangées s'est réduit de 37 à 25. La taxe est donc, ici, partiellement suppo11ée par les producteurs puisque, plutôt que de recevoir 5 unités 1nonétaires par unité vendue du bien, ils n'en recevront plus que 4. Dans le mêtne ternps, les consotnmateurs qui payeront 6 unités monétaires plutôt que 5 pour chaque unité du bien, acquitteront aussi Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 133 Lo concurrence parfaite Tableau 7.2 Prix du marché Quantité demandée Quantité offerte (pas de taxe) Quantité offerte (taxe = 2) 150 110 80 55 37 25 15 8 4 2 3 8 15 25 37 52 70 90 115 150 3 8 15 25 37 52 70 90 2 3 4 5 6 7 8 9 10 partiellement l'impôt. Dans cet exen1ple, les producteurs et les consommateurs supportent chacun la 1noitié de la charge de l'impôt. Graphiquement, La perception d'une taxe fixe par unité vendue se traduit par un déplacement vers Le haut, du montant de la taxe, de la courbe d'offre du 1narcbé. Pour inci­ ter ]es producteurs à co1n1nercialiser la même quantité de produit que précéde1nment, û faudra en effet leur offrir un prix augmenté de ce montant. Dans le 1nême temps, la courbe de coût marginal de chaque concurrent parfait individuel se déplace aussi vers le haut du n1ontant de cette taxe (voir figure 7.7). p Cm P'1 D q, Qo q q Firme individuelle représentative Marché Figure 7.7 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 134 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Le prix du marché augmente, sous l'effet de la taxe, de P0 à P1• Le prix que perçoit effectivement chaque producteur se réduit de P0 à P; : P1' = P1 - t La finne individuelle réduit ses ventes de q� à q 1'. Elle égalise P1 au coût marginal englobant la taxe fixe ou, ce qui revient au même, elle égalise P1' au coût marginal calculé sans la taxe. p p•0 q q Figure 7.8 Lorsque la courbe d'offre du nrnrché est parfaitement inélastique par rapport au p1ix ou lorsque La courbe de demande est parfaitement élastique, les producteurs sup­ portent seuls la charge de la taxe. Dans les deux cas, le prix du 1narché reste égal à P0, les producteurs percevant alors un prix P� égal à P0 t. - p p o· P, Po P1 O' Po 0 - - - - - - - - - - - D D q q Figure 7.9 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 135 Lo concurrence parfaite Au contraire, lorsque la den1ande est parfaitement inélastique par rapport au prix ou lorsque l'offre est parfaite1nent élastique, les consommateurs, cette fois, supportent seuls la charge de la taxe. Les producteurs continuent à percevoir un prix inchangé P0 tandis que les consom1nateurs payent ce ]prix augn1enté du montant de la taxe : p1 = Po + t Le problème étudié ici peut aussi se traiter graphiquement d'une autre façon. Plutôt que de raisonner au prix du marché et d'envisager un déplacen1ent vers le haut tant de la courbe d'offre du marché que de la courbe de coût marginal de chaque firme indivi ­ duelle, on pourrait, en raisonnant sur la base du prix perçu par les producteurs, exprin1er la quantité demandée du produit en fonction de ce prix. En raison de la relation existant entre le prix du marché et Je prix payé aux producteurs, la courbe de demande se déplacerait alors vers le bas du montant de la taxe (de D en D'). p p P' 1 D q q Firme individuelle représentative Figure 7.10 L'intersection de la courbe d'offre du marché et de la courbe de demande D' détern1ine le prix, P',, payé aux producteurs. Le p1ix du marché est alors égal à P,' aug­ rnenté du montant de la taxe fixe par unité vendue (P1 P1' + t). La firme s'adapte au prix payé aux producteurs ou au prix du n1arché de la façon décrite plus haut. = C'est au ssi cette deuxième démarche que l'on adoptera lorsqu'on étudiera, en prenant corn.me référence la taxe sur la valeur ajoutée, l'effet de la perception d'une taxe proportionnelle au prix du bien vendu (taxe ad valorem). Dans cette hypothèse, puisque T' = tP (0 < t < 1 ) , P' = P - T = P - tP = ( l - t)P Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 136 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Le p1ix perçu par chaque producteur représente, à tout moment, un pourcentage constant du prix du marché. La den1ande (la relation entre le prix perçu par les producteurs et la quantité demandée du produit) se déplace alors vers la gauche par rotation autour de son point d'intersection avec l'axe des abscisses (de D en D'). Le prix perçu par les producteurs est égal à P1' (donné par l'intersection de la courbe d'offre du marché et de la courbe de demande D') tandis que le prix du marché est P1 (P1 = 1 - P{ ) . Puisque notre producteur représentatif voit se réduire le prix qu'il ] -/ perçoit de P0 à P1', il réduit son volume de production de q� à q;. p 0 P, p P' ..J p'1 _ _ _ _ _ _ _ q q, Marché q Firme individuelle représentative Figure 7.1 1 Une mên1e démarche peut ètre utilisée pour étudier l'effet de l'attribution, par les pouvoirs publics, d'une subvention fixe par unité de produit vendue. La courbe d'offre du n1arché et la courbe de c-0ût nrnrginal de chaque producteur individuel se déplacent vers le bas du montant de cette subvention (en raisonnant sur la base du prix perçu par les productew·s, la courbe de demande du marché se déplacerait vers le haut du n1ontant de la subvention). Tout comn1e les producteurs ne sont généralement pas seuls à s11pporter la charge d'une taxe fixe par unité de produit vendue, ils ne bénéficient pas seuls non plus de l'octroi d'une subvention forfaitaire par Jes pouvoirs publics. Le p1ix du marché diminue de P0 à P1 • Le prix perçu par les producteurs est égal à P; P1 + s (où s est le montant de la subvention par unité de produit). La finne indivi­ duelle représentative voit sa courbe de coût marginal se déplacer vers le bas du montant de la subvention et son volume de production aug1nenter. = Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 137 Lo concurrence parfaite p P' 1 qo q, q'o q', q q Firme individuelle représentatîve Marché Figute 7.12 1.S EXTERNALITÉS ET TAXE PIGOUVIENNE Nous avons dit que, lorsque les agents écono1niques n'intègrent pas dans leurs décisions les coûts ou les bénéfices externes auxquels elles donnent lieu, cela se traduit par une mauvaise utilisation des ressources économiques. Certains biens sont produits en trop grande ou en trop petite quantité. Nous disposons inaintenant d!es instrun1ents d'analyse pour le démontrer. En l'absence de coûts (ou de bénéfices) externes, le marché de concurrence par­ faite assure une bo1me allocation des ressources. En égalant le prix au coût marginal, il fait en sorte que la dernière unité de bien produite et vendue coûte exactement (tout autant au producteur qu'à l'ense1nble de la collectivité) le prix 1naximurn que les consomtnateurs sont prêts à payer pour elle. Cette conclusion n'est plus vraie à partir du moment où la courbe d'offre du tnar­ cbé (la somme des courbes de coût rnarginal des producteurs individuels) oLnet certains coûts provenant de l'activité de production . . . mais qui ne sont pas supportés par les pro­ ducteurs (les coûts externes). À la figure 7.13, où la courbe d'offre du marché exprime le coût marginal des pro­ ducteurs, on trace la courbe de coût marginal externe. Celle-ci représente, pour toute unité de Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 138 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Cmtot p O' O = Cmp F , P, , . - - - - - - - - - - - - - - - · - - - - . . '' '' ' - - - - - , E - - - - - - - Cm ext 0 !--����---'-���---+ q q2 q, Figure 7.13 bien produite, le coût marginal supporté par les autres agents économiques. Le coût margi­ nal total (celui de l'ense1nble de la société) s'obtient en additionnant verticalen1ent ces deux courbes (donc en additionnant le coût marginal externe à celui des producteurs). Une bonne allocation des ressources voudrait, par conséquent, que Je bien soit vendu en quanti té q2 au prix P2 (de façon à égaler le prix au coût marginal de L'ensemble de la collectivité) . Laisser s'établir l' équilibre de concunence parfaite à la rencontre de l'offre et de la de111ande (pour une quantité q 1 et un prix P1 ) aurait pour effet une offre trop abondante du prodLLit co111pte tenu des coûts auxquels sa production donne lieu. On observe qu'en faisant supporter par les producteurs une taxe fixe par unité de produit vendue égale à FF', on déplace la courbe d'offre du inarché de 0 en O' et on amène ainsi ces producteurs à adopter un comporten1ent optimal. Cette taxe, qualifiée de « taxe pigouvienne » est donc un instrument de politique économique destiné à intégrer les coüts externes dans le calcul économique. Là où les coüts externes résultent de la production d'é1nissions polluantes ou d'autres formes de dégradation de l'environ111e1nent, la « taxe pigouvienne », telle que nous venons de la Tl ne économiques à décrire, est aussi un instrument de politique environnementale. s'agit, cependant, pas du seul instrument per111ettant d'amener les agents adopter des comportements compatibles avec la protection de l'environnement. D'auu·es, notamment la vente ou la répa1titiou gratuite, entre les entrepri ses, de quotas d'émissions ont approximativement le même effet. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 139 Lo concurrence parfaite 7.6 FIXATION D'UN PRIX MAXIMUM ET RATIONNEMENT Une autre application possible du diagramn1e de l'offre et de la demande permet d'étudier les effets de la fixation d'un prix niaximum et d'envisager la question du rationnement. Il advient, en effet parfois, qu'en ve1tu d'une loi, le gouvernement établisse un prix maxi­ mu1n ou un taux de salaire ininin1w11 (nous en verrons les implications dans le chapitre consacré aux marchés de facteurs de production). Pour quelles raisons '? Parce que dans certaines conditions, en période de guerre notamn1ent ou de crise aiguë, laisser s'établir le prix du marché ferait supp011er un « �mpôt » passablement lourd aux conson1mateurs les plus déshérités et donc les moins capables de le payer ou alimenterait une spirale de hausses, en faisant monter le coüt de la vie et en provoquant toutes sortes de réactions inflationnistes telles que des revendications salariales. Quelles sont les implications d'une telle politique ? Supposons que le gouverner:nent décide que le prix d'un bien quelconque ne pui sse pas être supérieur à P1 , prix qui est lui-même inférieur au prix P0 qui assurerait l'équilibre entre offre et demande sur le marché (si P1 était supériew· à P0 le problème serait trivial puisque le prix pratiqué serait le prix d'équilibre). À ce prix P 1 , l offre et la den1ande ne s' équilibrent pas : la quantité demandée du ' bien (q 1°) est supérieure à la quant ité offerte (q t) . Certains consommateurs ne peuvent pas acquéiir toute la quantité du bien qu'ils souhaitent obtenir. La demande inadéquate pour p Po D D' ------------ - - - - - - 0 Dl q� 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 r - - - - - - - - 1 1 1 1 1 1 1 1 1 q Figure 7.14 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 140 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE ce bien devra donc être rationnée d'une façon ou d'une autre mais pas, en tout cas, par une hausse de prix et cela 1nê1ne si certains consommateuJs sont disposés à payer un prix supérieur à P 1 pour pouvoir disposer du bien en plus grande quantité. est fixé à P 1 et ne peut, en aucun cas, être dépassé. Le prix maxünun1 Des files d'attente se fonneront, les conson1mat:eurs seront servis suivant un pro­ cessus aléatoire, finale1nent si l'excédent de la demande sur l'offre perdure, on en viendra à un systè1ne de rationnement par les tickets ou par les points. En d'autres tennes, si, pour des raisons politiques ou sociales, on ne permet pas aux prix de monter suffisainment pour ramener la demande au niveau de l 'offre, le mécanisn1e des prix étant, dès lors, faussé et bloqué, la seule solution pour sortir de l 'impasse consisterait dans le rationnetnent par les tickets ou par les points. L'administration responsable va essayer d'é1nettre un no1nbre de tickets adéquat pour amener la courbe de den1ande en la position D'D'. Cette nouvelle courbe de den1ande intersectera la courbe d'offre au niveau du prix-plafond. Si cependant, l'administration distTibue trop de coupons, la courbe de den1ande se situera à droite de D'D' et au prix� de P1 la demande den1eurera supérieure à l'offre. Si elle distribue trop peu de coupons, par contre, le prix tombera en dessous de P 1 et on acceptera un rationnement plus important que ce qui est nécessaire compte tenu de la fixation du prix-plafond. En résumé, le problème qui se pose ici est celui de savoir s'il est préf érable de laisser s'opérer le rationnement entre les biens rares par le mécanisme des prix, les indi­ vidus s'attribuant, dès lors, ces biens étant ceux pour qui ils ont le plus de valeur ou, au contraire, s'il convient dans certains cas de substituer, pour des raisons redistributives notanunent, d'autres mécanismes de ration11en1ent au mécanisme des prix. L'expérience a enseigné que, si ces denlières mesures peuvent donner des résultats valables durant les crises de cotute durée, elles risquent de créer des distorsions de plus en plus fortes au fur et à mesure que leur action se prolonge. 7.7 L'ANALYSE EN LONGUE PÉRIODE 7.7. 1 La liberté d'accès à la branche Le long terme se distingue du court terme du fait que les capacités productives ne demeurent plus constantes. Dans le long terme, tous les facteurs de production sont des facteurs variables. Les finnes existantes sont susceptibles de 1nodifier - aug1nenter ou diminuer - la taille de leuJs installations. Dans le même temps, de nouvelles firmes peuvent être créées ou, au contraire, des fin11es existantes peuvent être liqtùdées. Pour quelles raisons les firmes sont-elles amenées à modifier leurs capacités de production dans le long terme ? Pour quelles raisons des firmes nouvelles se créent-elles ou d'autres disparaissent-elles ? Nous avons pourtant vu, qu'à l'équilibre, en concurrence Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 141 Lo concurrence parfaite p p D Cm q Marché Qo Firme représentative q Figure 7.1 S parfaite, la fin11e poussant sa production jusqu'au moment où le prix est égal au coût mar­ ginal, le profit marginal est nul. Ce qui ne signifie pas pour autant que le profit 1noyen et, par conséquent, le profit total le soient égale1nent (à la figure 7.15, le profit est représenté par l'aire du rectangle hachuré). C'est justement parce que le concurrent parfait réalise un profit à court tenne que de nouvelles firmes auront tendance à investir dans la branche. Si les firmes d'une branche réalisent un profit, de nouvelles firmes seront tentées de venir s'y installer. 11 s'en suit que les 1nécanismes de la concurrence parfaite, dans Je long terme, ne seront opératoires que si la liberté d'entrer est garantie dans chaque branche, notan1ment si les barrières restreignant l ' accès à ce1taines d'entre elles sont supprimées. La combinaison des facteurs qu'une finne, veillant à minimiser son coût de pro­ duction, utilise à court terme n'est pas aussi nécessaire1nent celle qui lui permet de pro­ duire au coût minimum dans une perspective de long terme. À long tenne, chaque firme aura en effet, la possibilité d'adapter son stock de capital (l'augmenter ou le dilninuer) afin de réduire encore ses coûts. 7.7.2 L'équilibre clu march·é et cle la firme en longue période Quelles seront les conséquences de l'accès de nouvelles finnes au inarché ? Afin d'évi­ ter un certain no1nbre de difficultés, posées par l'adaptation des capacités productives des firmes existantes, nous adn1ettrons que l a courbe de coût marginal à court tenne - de notre firme représentative reste inchangée tout au long du processus que nous allons - décrire tandis que le stock de capital qu'elle utilise est celui lui permettant de minuniser son coût de production 1noyen à long terme. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 142 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE L'afflux de firmes nouvelles dans la branche provoquera un accroissement de l'offre des producteurs. La courbe d'offre du marché se déplacera progressivement vers la droite, entraînant, par conséquent, une di1ninution du prix du produit. Si, initialement, le prix du 1narché est égal à P1 , la production de la finne repré­ sentative est q 1 • Puisque le prix est supérieur au coût rnoyen correspondant à ce volume de production, cette firn1e réalise un profit de manière telle que de nouvelles fumes sont amenées à s'ünplanter dans la branche. L'offre du marché augmente et la courbe d'offre se déplace progressivement vers la droite. Lorsqu'elle prend la position 0202, le nouveau prix sur le marché est P2 et la production de la finne représentative qr Même si le profit a quelque peu dùninué, il reste positif et de nouvelles firmes continuent à entrer dans la branche. Jusqu'à quand ? Jusqu'au m01nent où le prix du marché sera égal à la fois au coût inarginal et au coût moyen, donc jusqu'au mo1nent où il vaudra P'· Alors seulement le profit aura disparu et de nouvelles firmes n'auront plus intérêt à venir s'établir dans la branche. Retnarquons aussi que P3 correspond au coût moyen nünm1um de la finne. .. La condition d'équilibre du concurrent paifait dans le long ternie est donc Ja suivante : ce q.ui assure c]ue CM= CM P (= RM= Rm) = . . Cm = Ci'vf 1nul Puisque P = CM, le profit moyen et le profit total sont nuls. p p Cm 1 1 1 1 1 J CMCT 1 CMLT 1 1 1 1 1 1 q Marché Firme représentative figure 7.16 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 143 Lo concurrence parfaite 7. 7.3 Le profit normal Cette condition d'équilibre signifie-t-elle que Je concun-ent parfait renonce à réaliser quelque profit que ce soit dans le long tem1e ? Son seul but est-il alors de couvrir unique­ ment ses coûts de production ? C'est ici qu'il convient d'introduire la distinction entre Je « profit nonnal » et Je « surprofit » ou « profit anorn1al ». Le profit nonnal est défini comme le profit tout juste suffisant pour inciter l'entrepreneur à demeurer dans la branche où il est instaUé. Le surprofit ou profit anormal est la différence entre le profit total de l'en­ trepreneur et son profit nonnal. Lorsque nous avons expliqué la rnanière dont il convient que cet entrepreneur comptabilise ses coûts de production, nous avons noté qu'il doit tenir con1pte aussi bien de ses coûts implicites que de ses colits explicites. Le profit nom1al, ré1nunération itnplicite de la finne, devrait donc idéalement être intégré dans le calcul du cotît de production. Admettre alors, qu'en la position d'équilibre de long tenne du conc1u-­ rent parfait, son profit est nul revient à re·connaître ql1'à long tenne le profit anormal mais non le profit normal tend à disparaître. 7.7.4 Profit anormal et durée du processus d'ajustement de long terme Même dans le long tenue, le profit anormal du concurrent paifait ne finit pas par disparaître. L'équilibre de long terme ne représente, en effet, qu'un objectif que Je temps ne permet pas toujours d'atteindre. En etTet, pour qu'un processus d'ajustement tel que celui décrit ci-dessus s'achève, il faut un temps considérable. Dans certains cas, iJ faut attendre que les installations des firmes soient atnorties. 11 faut également attendre qu'un certain non1bre d'entreprises aient eu Je temps d'entreprendre des investissements nouveaux. Et pendant cette période, il est vraisemblable qu'à la suite du progrès technique ou d'une n1odification des goûts des consommateurs, les conditions définissant la position d'équi­ libre de long tenne se seront modifiées. La position d'équilibre de long terme est une position vers laquelle on tend mais qu'en fait on n'atteint jamais à moins de supposer, ce fre et de la demande sur le nlarché restent qui n'est pas réaliste, que les conditions de l'of inchangées pendant une période de te.mps suffisamtnent longue. 7.7.5 La rente économique EUe permet aussi d'expliquer pourquoi, pour certaines firmes, le profit anormal ne dispa­ raît pas dans Je long terme. En effet, la condition d'équilibre de long tenne que nous venons de définir en concurrence parfaite suppose que toutes les firmes de la branche aient des coüts de pro­ duction identiques. La firme représentative que nous envisagions représentait alors parfai­ tement chacune de ces firmes. En pratique, cependant, il n'en est que rarement ainsi. Le graphique suivant nous permettra de comprendre les problèn1es qui se posent lorsque les firmes d'une branche ne produisent pas toutes dans les n1êmes conditions de coût. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 144 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE La finne A est représentative des premières entreprises quj se sont installées dans la branche et qui ont, dès lors, pu choisir les facteurs de production (travailleurs, terres, emplacements . . . ) les plus efficaces. Les nouvelles entreprises ne disposent plus, par conséquent, que de facteurs moins performants et supportent donc des coûts de pro­ duction plus élevés. Elles sont représentées par la firn1e B. Jusqu'à quand de nouvelles frnnes vont-elles s'établir dans cette branche ? Jusqu'au moment où la courbe d'offre et la courbe de de1nande du marché s'intersecteront pour un prix P2 correspondant au coût moyen minimum de la firn1e B. À ce moment, les fim1es du type B, et donc aussi celles susceptibles de s' établir dans la branche, ne réalisent plus aucun surprofit. Le surprofit de la firn1e A n 'aura toutefois pas complètement disparu puisque pour cette firme le prix demeure supérieur au coût 1noyen. On dira dans ces condi­ tions de l'entrepreneur A (de l 'ensemble des finnes du type A) qu'il jouit d'une rente liée à la possession de facteurs de production rares, plus efficaces. Nous reviendrons sur ce concept de rente dans les chapitres suivants. n n'est cependant pas faux d'adtnettre que, dans le long tenne, les différences de coût entre les entreprises vont tendre à s'estomper. En effet, si une firme dispose de facteurs de production rares, plus efficaces que d'autres, de meilleures terres ou de meil­ lew·s emplacen1ents, de dirigeants plus co1npétents ou de travailleurs plus qualifiés, la rémunération versée à ces facteurs de production finira par aug1nente.r. Les teffes se feront plus chères, les dirigeants et les travailleurs exigeront des salaires plus élevés pour ne pas changer d'activité. Si ces facteurs de production sont des facteurs propres à l'entreprise, leur coût d'opportunité (leur coût iJnplicite) augmentera. En résumé, les facteurs dont la plus grande efficacité procurait à ce1iaines entre­ prises des avantages de coût vont voir leur pôx aug1nenter dans le long terme de manière telle que ces avantages disparaîtront finalement. p D Cm p q q Marché Firme A p Firme B q figure 7.17 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 14S Lo concurrence parfaite USUMÉ 1. Un marché de produit est un marché de concurrence parfaite lorsque : - aucun individu ou aucun groupe coordonné d'individus ne peut, par sa propre action, influencer le prix du bien ou du service qu'il achète ou qu'il vend ; - les facteurs de production, recherchant la plus haute rémunération, sont juridique­ ment libres de passer d'une utilisation à l'autre. Le prix, fixé sur le marché, est une donnée pour chaque firme qui y adapte son offre. La courbe de demande de la firme individuelle est donc parfaitement élastique par rapport au prix. 2. Le producteur individuel, cherchant à maximiser son profit, veillera à égaler le prix et son coût marginal de production. coût marginal soit croissant. Encore faut-il qu'à ce moment le En effet, puisqu'il maximise son profit, le concurrent parfait a intérêt à produire tant que sa recette marginale (donc le prix) est supérieure ou égale à son coût marginal. 3. Le seuil de fermeture de la firme est le prix de vente de son produit tel que le producteur parvient tout juste, à court terme, à couvrir ses charges variables. Le seuil de rentabilité est le [prix pour lequel ce producteur couvre exactement l'ensemble de ses coûts, fixes comme variables. La courbe d'offre du concurrent parfait, à court terme, coïncide avec la partie ascendante de sa courbe de coût marginal située au-dessus du seuil de fermeture. 4. L'élasticité de l'offre par rapport au prix tend à être plus forte dans le long terme après qu'aient été réalisées toutes les adaptations aux fluctuations de prix. En concurrence parfaite, le prix se fixe sur le marché par la rencontre de l'offre et de la demande. li s'impose comme une donnée à choque firme individuelle. 5. Sauf cas exceptionnels (l'offre ou la demande est parfaitement élastique ou iné­ lastique par rapport au prix), la perception d'une taxe sur les ventes entraîne une diminution de la quantité d e produit échangée, une augmentation du prix du marché et une baisse du prix payé à chaque producteur. Lo façon dont Io charge d'une telle taxe vo se répartir entre les producteurs et les consommateurs dépend de l'élasticité-prix respective de l'offre et de la demande du marché. 6. L'équilibre de marché ne conduit pas à une bonne utilisation des ressources produc­ tives lorsque les agents économiques n'intègrent pas dons leurs décisions les coûts et les bénéfices externes auxquels elles donnent lieu. Une « taxe pigouvienne » est un instrument de politique économique destiné à intégrer les coûts externes dans le calcul économique et donc aussi un instrument de politique environnementale. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 146 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 7. En concurrence parfaite, la fixation d'un prix maximum, inférieur au prix du mar­ ché, oblige à avoir recours à différentes formes de rationnement afin d'adapter la demande à l'offre. 8. À long terme, les firmes opérant sur un marché de concurrence parfa ite sont sus­ ceptibles de modifier la taille de leurs installations. De nouvelles firmes peuvent être créées comme des fir mes existantes peuvent être liquidées. 9. De nouvelles firmes investissent dans une branche attirées sés par celles qui y sont installées. par les profits réali­ Des firmes nouvelles entrent dans la branche jusqu'au moment où plus aucune ne réalise de profit (a normal). À long terme, le prix est donc égal, à la fois, au coût moyen et au coût mar· ginal ce qui assure que le coût moyen est minimum. 10. Même dans le long terme, le profit des fi rmes d isposant de facteurs de production d'une plus grande efficacité ne finit pas par disparaître. Ces firmes bénéficient d'une rente. EXERCICES PROPOs•s 1. Un entrepreneur vend son produit sur un marché de concurrence parfaite. On connaît les équations des courbes d'offre et de demande : - Offre : Qs= JP-20 - Demande : Q0 = 40 - 2P où Qs et Q0 sont exprimées en milliers d'unités. On connaît aussi le barème de coût total à co11rt terme de cette firme. Volume de production Coût total lS 2 3 4 5 6 7 8 9 10 27 35 40 43 45 49 58 72 90 a) Détenninez la production d'éq11Îlibre à court terme de la firme en question si son objectif est de réaliser le profit maxin1u1n (le bien est vendu par unités indivisibles). b) Les pouvoirs publics décident de prélever une taxe fixe égale à 1 0 par truité vendue du bien. Que deviennent la position d'équilibre à court tenue de la firme et son profit ? Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 147 Lo concurrence parfaite c) 2. Quelle sera la position d'équilïbre de long terme de cette firme (en absence de taxe) si on admet que le barème du coût total à long tenne est le même que celui du coût total à court te1n1e el que la liberté d'accès à la branche est garantie (toutes les fi1mes de la branche produisent dans les 1nê1nes conditions de coût) ? On connaît le barème de produit toal t à court terme d'une firme quj utilise un stock de capital fixe constant égal à 5. Produdion Nbre de travail 0 0 6 10 12 16 22 30 44 60 2 3 4 5 6 7 8 Le prix unitaire du capital est égal à 12 tandis que celui du travail vaut 5. Cette firme est la fi1111e représentative d'un ensemble de concurrents parfaits tous identiques dans une branche donnée. Co1npte tenu des équations d'offre (Q5) et de demande (Q0) du marché (Jes quantités sont exprimées en unité différente que dans le cas de la fin11e individuelle) : Qs = a + 2P Q = 170 - 3? , {) calculez a si on sait que la firme est en sa position d'équilibre de long terme. 3. Sur un marché de produit de concmTence parfaite, on connaît les courbes d'offre et de demande : Q5 = 4P QD = 240 4P. - On connaît le barème de coût total à court terme d'une firme représentative de celles opérant sur ce marché (les quantités sont exprimées en unité différente de celle utilisée dans le cas du marché) : Production Coût total 0 30 50 66 1 2 3 78 88 4 5 90 102 6 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 148 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Produdion Coût total 7 8 9 10 126 152 180 230 a) Calculez le prix d'équilibre du marché ainsi que le volum.e de production et le profit de cette fim1e représentative. b) Quel est l'in1pact sur le volu1ne de production et sur le profit de la finne du prélève­ c) 4. ment, par les pouvoirs publics, d'une taxe fixe de 1 0 par unité de produit vendue ? En 1 'absence de taxe, la courbe d'offre du marché est susceptible de se déplacer dans le long terme et prend l'équation : Qs 4P + x. Détenninez x pour que le marché et la finne individuelle représentative soient dans leur position d'équilibre de long terme en sachant que la courbe de coût moyen à court terme de la firme est tangente à sa courbe de coût moyen à long terme en leur point minimum. = Sur un marché de produit de concurrence parfaite, on connaît les équations des courbes d'offre et de demande : - Offre : Q5= 8 + 6P - Demande : QD 288 - 4P où Qs et Qv sont exprimées en milliers d'unités. = a) Déterminez le montant de la subvention fixe par unité de produit vendue que les pouvoirs publics devraient octroyer pour que la quantité de produit échangée sur ce marché soit égale à 188 mille unités. b) Une firme opérant sur ce marché utilise, à court terme, un stock de capital égal à 4. Le prix unitaire du travail est égal à 6 et celui du capital égal à 12. On connaît le barème exprimant Je volmne de production de cette firme en fonction du nombre de travailleurs qu'elle emploie (les quantités sont exprimées en unités) : Nbre de travailleurs Quantité produite o 5 9 12 14 15 18 23 30 39 52 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Si l'objectif de la firme est la maximisation du profit, calculez l'effet sur ce profit de la politique de subvention des pouvoirs publics. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 149 Lo concurrence parfaite 5. Le marché du bien x est caractérisé par les fonctions d'offre et de demande suivantes : - Offre : Qs = 650 + 8P - Demande : QD 1209 - 18? où Qs et 00 sont exprimées en milliers d'unités. Il s'agit d'un marché de concurrence parfaite. Les firmes A et B opèrent sur ce marché. Leurs fonctions de coût total à cottrt terme s'écrivent comme suit : = Firme A Firme 8 Quantité produire Coût rotai Quantité produite Coût rotai 0 41 46, 52 0 33 1 38 2 45 59' 3 53 4 68 4 67 5 79' 5 83 6 91 6 103 7 110 7 128 8 131 8 156 9 10 155 180 9 10 189 l 2 3 227 a) Les pouvoirs publics n'interviennent pas sur ce marché et les finnes maximisent leur profit. Déterminez le prix du marché, la quantité de bien échangée ainsi que les profits réalisés par les deux fünnes. b) L'objectif des pouvoirs publics est de réduire la quantité échangée du bien de 45 mille unités. Quel doit être le montant de la taxe fixe ou de la subvention fixe par unité pour atteindre cet objectif ? c) Cette intervention des pouvoirs publics incitera-t-elle ! 'une ou l'autre des deux fi1111es à so1iir de la branche ? 6. On connaît les équations des courbes d'offre et de demande, à court terme, sur un marché de produit de concurrence parfaite : - Offre : Qs = 40 + 4P - Demande : Q0 = 320 - 8P où Qs et QD sont exprimées en milliers d'unités. On connaît aussi, sans distinguer le court tenne du long terme, les barèmes de coût total des deux firmes représentatives de ceEles opérant sur ce marché. - Firme B Firme A Quantité produite Coût total Quantité produite Coût total 0 1 2 25 28 34 42 0 35 3 Sommaire 40 2 48 3 60 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 150 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Firme A Firme 8 Quantité produtle Coût total Quantité produite Coûttotal 4 52 4 76 5 70 5 100 6 96 133 176 6 132 7 175 8 224 7 8 a) Calculez le profit réalisé, à court terme, par chacune des deux finnes. b) Quel prix se fixera-t-il à long terme sur ce marché si seules des firmes semblables à la firme représentative la moins efficace peuvent encore s'établir dans la branche ? Calculez la rente de l'autre finne. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LES FORMES D'IMPERFECTION DE LA CONCURRENCE. LE MONOPOLE 8.1 8.2 8.3 8.4 8.5 8.6 8.7 L'imperfection de Io concurrence Le monopole simple Monopole et utilisation efficace des ressources Équilibre du monopole et perception d'une taxe sur les ventes Équilibre du monopole et fixation d'un prix plafond D'outres objectifs de I'emtreprise Le monopole discriminant Sommaire 152 154 160 162 164 166 171 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 152 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Jusqu'à présent, notre discussion n'a porté que sur une seule fom1e d'organisation du marché, la concurrence parfaite. La concurrence patfaite, nous l'avons vu, a un sens très précis pour l 'économiste. Il ne s'agit pas de la concurrence telle que l 'entend l 'ho1rune de la nie ou même l'homn1e d'affaires. Si les éconon1istes prêtent une grande attention au cas de la concurrence parfaite, c'est qu'à la suite de la loi d' Adan1 S1nith, ce modèle est devenu celui par rapport auquel on juge les avantages et les inconvénients, en terme d'emploi effi­ cace des ressources, de systèmes plus complexes. Ce n'est pas parce qu'il donne une image fidèle de la réaLité. Dans le monde réel, en effet, les caractéristiques de la concurrence et les imperfections monopolistiques sont indissolublement mélangées. Ce monde économique réel n'est ni patfaitement « concwTentiel » ni parfaitement « monopolistique ». Le présent chapitre sera consacré à l'étude du monopole. Après avoir passé en revue différentes structures de 111archés fonctionnant dans le inonde réel, nous serons mne­ nés à décrire la position d'équilibre d'une firme monopolistique idéale et à comparer la pro­ duction de cette firme avec celle qui interviendrait sur un marché de concurrence parfaite. Nous verrons aussi que, sous certaines conditions, un monopole écoulant sa production sur des marchés différents est susceptible de discriminer en y pratiquant des prix différents. 8.1 L'IMPERFECTION DE LA CONCURRENCE 8. 1. 1 Définition de la concurrence imparfaite Nous avons défini le concurrent parfait co1n1ne un entrepreneur trop petit pour avoir, par son seul con1portement, une influence sur le prix de vente de son produit. Il n'exerce donc aucun contrôle sur son prix de telle sotte qu'il est confronté à une courbe de dernande horizontale (parfaitement élastique), tout au long de .Laquelle il peut écouler la production qu'il désire (celle qui égalise le prix au coût n1arginal). Cette définition est très limitative. Elle ne s'applique qu'à un nombre restreint de marchés. Bien peu de biens en fait sont fournis SLu· des 1narchés de concuJTence parfaite. Pour nous en convaincre, envisageons l'exemple suivant ayant trait au marché d'un produit donné. Plusieurs producteurs rivalisent sur ce n1arché, offrant l'un le produit de marque A, l'autre le produit de 1narque 8, le troisième Le produit de tnarque C et ainsi de suite. La concuJTence que se livrent ces producteurs est peut-être fort acharnée. n n'empêche que chacun d'eux garde un certain contrôle sur son prix. Ce1tains consommateurs, en effet, peuvent fort bien estimer que le produit de 111arque A n'est pas strictement identique au produit de marque B avec comme corollaire que mêrne si le producteur A augmente son p1ix il ne perdra pas pour la cause l'ensemble de ses clients. La courbe de demande de cet entrepreneur tout en restant fortement élastique n'est donc pas parfaitement élastique. On est a1nené à définir le concurrent iluparfàit con1me une firme dont la courbe de de1nande est inclinée vers le bas. Lorsqu'une telle firme augmente son volume de produc­ tion et cherche à le faire absorber par le marché, elle doit accepter dans le même temps une diminution du prix unitaire de son produit. Il y a donc in1perfection de la conculTence dans Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 153 w1e branche ou dans un groupe de branches toutes les fois que les différents vendeurs, puisque leur courbe de detnande n'est pas strictement horizontale, exercent un certain contrôle sur leurs prix respectifs. Dire qu'un producteur est un concurrent imparfait ne revient par conséquent pas à dire que ce producteur n'est soumis à aucune concurrence. C'est reconnaître tout simplement que mê1ne si concurrence il y a, la fim1e garde néan­ moins un certain contrôle sur son prix. 8. 1.2 Les différentes formes d'imperfection de la concurrence L'expression «concurrence impatfaite» recouvre bien entendLt un ensemble de situations diverses. Il existe sur les marchés imparfaiteinent concurrentiels, des degrés variables d'imperfection de la concurrence. D'un côté, nous trouvons le monopole jouissant d'un pouvoir absolu sur le prix de vente de son produit (encore est-il qu'il n'est pas de son intérêt de trop augmenter le prix de ce bien). De l'autre, le petit vendeur dont nous venons d'envisager la situatjon, rivalisant avec u11 grand non1bre de concurrents et subissant de ce fait une concurrence acharnée : • le monopole : il s'agit du cas extrê1ne d'imperfection de la concurrence. Le mono­ pole serait le seul producteur de sa branche et il n'existerait donc aucune autre firme fournissant un produit suffisamment proche du sien pour pouvoir lui être substitué le cas échéant. Les monopo les excl11sifs sont rares et sont habituellement contrôlés par 1'État. Et encore leurs dirigeants doivent-ils souvent faire face à la concurrence que des produits alternatifs peuvent leur faire subir : la route contre le rail, par exemple ; • l'oligopole : il s'agit d'une forme de rnarché dans laquelle un petit notnbre de ven­ deurs se partagent l'offre. Dans ce11ains cas, ces firmes produisent et vendent un article identique ou presque identique. Le n1arché de l'acier, par exemple, rassemble un petit nombre d'entreprises fournjssant un bien virtuelle1nent identique, finnes qui cepen­ dant, puisqu'elles sont peu nOJnbreuses, sont susceptibles d'exercer une influence appréciable sur le prix de vente de ce produit. Dans d'autres circonstances, les oligopoleurs offrent des produits difféxenciés. Un exe1nple caracté1istique d'un tel type d'oligopole est le n1arché de J'automobile sur Lequel un nombre de firmes relative1nent petit fournit des produits destinés au même usage spécifique tout en n'étant pas stricten1ent identiques et se distinguant nota1nment par la 1narque ; • la concurrence n1onopolistique : une dernière situation relevant de la concurrence imparfaite se rencontre dans les branches où coexistent de nombreux vendeurs 1.nais où, à la différence de la concurrence parfaite, ceux-ci produisent non pas des articles identiques mais des articles différenciés, soit que leurs qualités diffèrent effective­ ment, soit que les acquéreurs s'ünaginent qu'elles diffèrent. Peu importe donc que le produit fourni par la firme A diffère effectivement ou non de celui de la firme B ou de la firme C du mo1nent que les acheteurs s'imaginent que ces produits diffèrent réel­ lement. La différenciation des produits peut s'expliquer par la publicité, les marques déposées, les brevets ou l'habitude. Ou encore un détaillant quelconque peut disposer Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 154 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE d'un certain pouvoir monopolistique parce qu'il exploite un cOJnmerce situé à proxi­ mité de certains consominateurs. Ce producteur n'est toutefois pas libre de majorer ses prix co1rune il l'entend au risque de perdre la plus grande partie de sa clientèle ; la demande qui lui est adressée demeure dlonc forte1nent élastique par rapport au prix. 8.2 LE MONOPOLE SIMPLE Le monopole est l'entrepreneur qui, puisqu'il est le seul producteur dans sa branche et qu'il fournit un produit sans proche substitut, jouü d'un degré de contrôle absolu sur son prix. Nous avons vu qu'il représente le cas extrê1ne d' in1perfection de la concurrence. 8.2. 1 Les raisons de /'existence de monopoles Plusieurs branches sont occupées par des monopoles. Ces monopoles sont souvent placés, plus ou moins directement sous le contrôle des pouvoirs publics. C'est le cas, notamment, des entreprises de transports en comn1un, des entreprises de téléco1nmunication ou encore des entreprises de production ou de distribution d'énergie (électricité, gaz . . . ). L'existence de monopoles s'explique· essentiellement par des raisons relevant des processus de production des biens et des services otîerts par ces firmes. En raison du niveau élevé des charges fixes qu'elles suppor t ent, le vollm1e de production permettant de minimiser le coût 1noyen doit coJTespondre, au moins, approximative1nent à la demande adressée à l'ensemble de la branche. A .fortiori, lorsqu'une firme se caractérise par des coûts marginaux, et donc aussi par des coûts moyens, constamment décroissants, finit-elle par rester seule dans sa branche. On parle alors de « monopole naturel ». p ------ CM ------ Cm q figure 8.1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole n est aisé de montrer, 155 en effet, qu'une entreprise caractérisée par des coûts mar­ ginaux de production toujours décroissants ou dont le coût marginal diminue jusqu'à un volume de production correspondant à une part importante de la demande adressée à la branche, ne peut en aucun cas être représentative d'un n1arché de concurrence parfaite. En effet, si une telle firme était amenée à vendre à un prix constant détern1iné par l'équilibre de n1arché, elle atteindrait une production suffisante pour pouvoir influencer le prix par son propre con1portement. 8.2.2 La courbe de deman.de du monopole. La distinction entre la recette moyenne et la recette marginale Quoi qu'il fasse, le concurTent parfait était incapable d'agir sur le prix de vente de son pro­ duit. Sa courbe de demande était, dès lors, horizontale (on disait qu'elle était parfaitement élastique). La courbe de denrnnde du nionopole a, par contre, une forme traditionnelle décroissante. Lorsque cet entrepreneur désire accroître ses ventes, il est conh·aint d 'accep­ ter une diminution de prix ou, ce qui revient au même, s'il désire accroître son prix, il doit accepter de vendre moins. On est, dès lors, ainené à opérer la distinction en monopole (mais aussi, nous Je verrons, de façon générale en concurrence imparfaite) entre la recette moyenne et la recette niarginale. Le barème ci-dessous (voir tableau 8.1 ), représentant la demande adressée à un n1onopole illuslTe clairement ceci. La recette totale du monopole, comme celle de n'importe quel autre entrepre­ neur, se calcule en multipliant son prix de vente par la quantité de produit vendue. Dans un premier te1nps, lorsque le monopole augmente ses ventes, sa recette totale s'accroît égalen1ent. Mêtne si notre producteur doit accepter une baisse de prix pour écouler sa pro­ duction suppléinentaire (remarquons que cette baisse de prix frappe non seule1nent l'unité marginale de produit n1ais aussi l'ensemble des unités préalablement vendues), elle sera suffisamment faible (proportionnelle1nent au prix initial) pour pern1ettre à sa recette totale Tableau 8.1 Quantité demandée (q) Prix Recette totale (P.q) Recette marginale 0 1 2 3 4 5 6 7 8 40 35 30 25 20 15 10 5 0 0 35 60 75 80 75 60 35 0 35 25 15 5 .5 .15 . 25 . 35 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 156 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE de s'accroître. Nous avons vu que ceci est vrai tant que l'on se situe dans une zone où la demande est élastique par rappo1t au prix. La recette totale finit cependant par atteindre un maximun1 lorsque la fim1e vend 4 unités de produit à un prix unitaire de 20. Elle ditninue ensuite au fur et à mesure que l'entrepreneur accroît ses ventes. On se situe alors dans la zone de den1ande inélastique par rapport au prix. 11 est donc faux de croire qu'une finne, jouissant d'un pouvoir de monopole et désireuse de développer son profit au maximu111, doit réclamer à sa clientèle le prix le plus élevé possible. En effet, à force d'accroître son prix, elle finira par voir se réduire sa recette et se condrunnera finalement à ne plus rien vendre. La recette moyenne (RM) se définit par le rappo1t entre la recette totale (RT) et la quantité vendue : RM = RT q = P(q) . q q = P( q) La recette moyenne de la fi1111e est donc le prix auquel elle vend chaque unité de produit. La courbe de recette moyenne du monopole se confond par conséquent avec sa courbe de de1nande. La recette n1arginale (R.tn) est la variation - positive ou négative - de la recette totale du 1nonopole lorsqu'il écoule une unité supplémentaire de produit sur le marché : Rm = MT ôq Il est aisé de montrer que lorsque la firme est amenée à devoir baisser son prix pour augmenter ses ventes, la recette marginale est toujours inférieure à la recette nloyenne, donc au prix : Rm puisque = dRT(q) dq = < P(q) P(q) + q · dP dq dP < 0 (la demande adressée à la firme est une fonction décroissante du prix). dq Il en est ainsi, répétons-le une fois encore, parce que lorsq11'il baisse son prix pour aug1nenter ses ventes, le monopole doit accepter de vendre moins cher des unités de produit qu'autrement il aurait pu vendre plus cher. Cette remarque est parfaitement réswnée par la formule suivante : Recette marginale tirée de la vente d'une n ième unité de produit = Variation de la recette totale quand on passe de (n - 1 ) à n unités de produit = Prix de [a nième unité de produit - la perte de recette sur les unités antérieures due à la baisse du prix. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 157 n n'y a donc égalité entre la recette moyenne et la recette marginale que lorsque la demande est parfaitement élastique par rapport au prix (cas de la concurrence parfaite). Nous avons vu que la recette marginale est positive lorsque la demande adressée au monopole est élastique par rapport au prix. Elle est négative lorsque la demande est inélastique et s'annule (la recette totale est maximum) lorsque la demande cesse d'être élastique pour devenir inélastique. Nous pouvons démontrer ce résultat fonnellement : P(q)[l P(q{ l ( d + 9 !:'lJ Rm = P(q) + q dP = dq = Pdq 1 + f . L� = q dP P(q) L + �) :tj, (élasticité-prix de la de1nande). 1 (demande élastique par rapport au prix), ; > - 1 et ( + �) e = où Lorsque e < lors, Rm > O. - Par contre, si e > -1 l >0. Dès l < - 1 et (de1nande inélastique par rapport au prix), . e ( l + �)<O. Par conséquent, Rm < O. On peut également inontrer que lorsque la demande pour un produit est une fonc­ tion J i.néaire de son prix, la pente de l.a droite de recette marginale est égale (en valeur absolue) au double de celle de la droite de den1ande. La droite de recette marginale est alosr deux fois plus raide que celle de demande : P(q) et Puisque = a- RT(q) Rm = bq oi:I P(q) q · = - = dRT dq a, = b> 0 aq- bq2 a - 2bq ' la pente de la droite de recette marginale est égale au double de celle de Ja droite de demande. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 158 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Le graphique ci-dessous, relatif à l'exemple nuinérique développé plus haut, nous en convaincra également : p 40 20 q Figure 8.7 8.2.3 La position d'équilibre du monopole Le monopole, désirant maxitniser son profit, ne va pas pousser sa production jusqu'au moment où sa recette totale sera maxin1um. En effet, il méconnaîtrait ainsi l'accroisse­ ment de ses coûts au fw· et à mesure que son volu1ne de production augmente. Aussi cette firme sera-t-elle amenée à accroître sa production et ses ventes jusqu'au moment où ta recette retirée de la vente d'une unité supplémentaire de produit (la recette 1narginale) compensera parfaitement le coût que la production de cette unité lui fera supporter (le coût n1arginal). En effet, tant que la recette 111arginale est supérieure au coût 1narginal, la finne a intérêt à produire et à vendre plus. Par contre, lorsque la recette marginale devient inférieure au coût marginal, la production de toute unité en sus entraîne une duninution du profit total. La lecture du tableau 8.2 n1ontre que le profit [colonne (5)] de notre fim1e est maxin1um lorsqu'elle produit 3 unités de bien qu'elle vend à un prix unitaire de 25. On obsen1e aussi que la recette marginale [colonne (6)) provenant de la vente de la 3" unité de produit est supérieure à son coût n1argina[ [colonne (7)). Par contre, pour la 4° unité, la recette 1narginale devient inférieure au coût marginal et sa production entraînerait une diminution du profit de la firme. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 159 Tableau 8.2 (1) (2) (3) (4) CT (5) 7t (6) Rm (7) Cm 0 40 35 30 25 20 15 10 5 0 0 35 60 75 80 75 60 35 30 42 50 55 63 75 90 110 140 . 30 .7 10 20 17 0 . 30 . 75 -140 35 25 15 5 .5 . 15 . 25 . 35 12 8 5 8 12 15 20 30 q 1 2 3 4 5 6 7 8 p RT 0 Le monopole, cherchant à maxin1iser son profit, veillera à égaler la recette margi­ nale et le coüt marginal. 11 h·ouvera donc sa position d'équilibre au mo1nent où il produira et vendra son produit en quantité q* (voir figure 8.3). 11 écoulera cette production sur le 1narché au prix P*. Puisque, dans notre exe1nple, le prix d'équilibre est supérieur au coüt moyen (le point E est situé au-dessus de E'), la finne réaiise un profit mesuré par ! 'aire du rectangle PP*EE '. q Figure 8.3 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 160 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE En monopole, le prix pratiqué par la firme est supérieur au coût marginal. En rendant la recette marginale égale au coût marginal pour maxilniser son profit, cette finne est amenée à vendre plus cher que son coût 1narginal. Le prix maximw11 que les conson1mateurs sont prêts à payer pour obtenir la dernière unité de produit est, cette fois, supérieur à son coût marginal de production. En quelque sorte, l'entrepreneur provoque une rareté artificielle de son produit afin de ne pas gâcher le prix qu'il peut obtenir sur les prenlières W1ités vendues. Ces résultats se vérifient 1nathématiquement. Le 1nonopole, tant que son seul objectif est la 111axin1isation du profit, fixera son prix et son volu1ne de production de façon à maximiser la différence entre la recette totale et le coût total : Max. 7r (q) = RT (q) - C'T (q ) Par conséquent, d?r (q) dq de telle sorte que ou [p (q) P ( q) +q dP dq = P (q) q - CT (q) . · ] _ dCT (q) dq = O + dP dCT ( q) q dq dq Rrn = Cni . = Par ailleurs, puisque Rm < P(q), P(q) > Cm. 8.3 MONOPOLE ET UTILISATION EFFICACE DES RESSOURCES Les ressow·ces écono1niques sont rares. Il convient donc, avons-nous dit plus d'w1e fois, de les utiliser de la façon la plus efficace possible. Si l'on exclut l'existence de coûts externes, la courbe de coût 1narginal de la firme expritne aussi le coût que la société supporte pour la production de chaque unité de produit. Dans le même temps, la distance mesurée en dessous de la courbe de demande pour un bien représente la valeur que les consomrnateurs attribuent à chaque unité de ce bien. Une bonne utilisation des ressources économiques voudrait que chaque bien soit produit jusqu'au moment où son coût marginal soit juste égal au prix que les consomma­ teurs sont prêts à payer pour L'acquérir. Potu· assurer une bonne allocation des ressources, le prix de chaque bien devrait finir par être égal à son coût marginal. Nous avons vu que si cette condition est satisfaite en concurrence parfaite, elle ne l'est pas en monopole (ou, de façon générale, en concurrence imparfaite). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 161 p Po - - ----- - q * q Figure 8.4 En effet, un monopole produit et vend moins et plus cher qu'un ensemble de concurrents parfaits dans les mêmes conditions d'offre et de demande. Supposons que ce monopole et un groupe de concu1Tents parfaits soient sounlis à des conditions identiques d'offre et de demande. La courbe de den1ande du monopole correspond à la courbe de demande du marché des concurrents parfaits tandis que sa courbe de coût marginal serait identique à la courbe d'offre du marché (la s01u1ne horizontale des cow·bes de coût mar­ ginal des producteurs individuels) en concurrence parfaite. Quelle serait la production d'équilibre des concurrents parfaits ? Chacun d'entre eux égaliserait son coût marginal au prix du marché de telle sorte que, tous ensemble, ils produiraient une quantité q0 qu'ils vendraient au prix P0• Le 1nonopole, quant à lui, exerçant un certain contrôle sur son prix, s'efforcerait de maintenir ses produits suffisamment rares pour etnpêcher ses recettes de fléchir. J l réduirait sa production de façon suffisante afin que sa recette marginale coïncide avec son coût marginal pour une valeur de ce dernier inférieure, par conséquent, au prix. ' Sa production, q , serait moindre que celle des concurrents parfaits ; son prix, P", serait supérieur au prix de ces derniers. Dans ces conditions, mêine si elle n'exerce aucun etTet fâcheux sur la répartition des revenus, l' in1perfection de la concwTence n'en donne pas moins lieu à une mauvaise utilisation des ressources dans l'économie. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer qu'en limitant son volu1ne de produc­ tion, le monopole empêche les conso1nrnateurs d'obtenir des unités de produit (celles com­ p1ises entre q à * et q0) pour lesquelles ils seraient cependant prêts à payer un prix supérieur leur coût 1narginal. Ces conso1nn1ateurs se voient donc privés d'unités de produit qui Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 162 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE présentent pour eux une valeur supérieure à leur coût de production. Puisque l'augmenta­ tion de la production du monopole au-delà de q* conduirait à une augmentation du niveau global de bien-être dans l'économie, on peut affinner qu'en produisant et en vendant trop peu ce 1nonopole n'assure pas une bonne utili.sation des ressources rares. La production du 1nonopo.le est inf érieure à celle d'un ensemble de concurrents parfaits. Il n'empêche que pour le dén1ontrer, nous avons été ainenés à raisonner « toutes autres choses étant égales ». Cette hypothèse es.t-eHe réaliste ? Si en ce qui concerne la demande des cons01nmateurs, aucun problème particulier ne semble se poser, il n'en va pas de même cependant des coûts de production. Le monopole va-t-il, en effet, produire dans des conditions de coût identiques à celles d'un ensen1ble de concurrents parfaits '? Vraisemblablement pas. La mise en commun de secrets de fabrication que permettra la constitution d'un monopole autorisera la diffusion de 1néthodes plus efficaces, ou encore la centralisation qtù en résultera permettra de concenh·er davantage de ressources à la recherche de nouveaux procédés. Il ne faut pas oublier non plus la discussion que nous avons entreprise précéden1ment à propos de l'i.n1portance des économies ou des désé­ con01nies d'échelle que l'on est susceptible de réaliser lorsque la taille de l'entreprise s'accroît. Il convient, par conséquent, d'admettre que le 1nonopole peut fort bien, dans ce1taines circonstances, réaliser des gains de coûts tels que finalement iJ produise plus que les concurrents parfaits opérant ensemble. 8.4 ÉQUILIBRE DU MONOPOLE ET PERCEPTION D'UNE TAXE SUR LES VENTES Ad1nettons tout coilllne nous l'avons fait dans le cadre de la concurrence parfaite que le gouvernen1ent décide de prélever auprès du t11onopole une taxe fixe par unité du produit vendue. Que deviendront, dans ces conditions, la production d'équilibre de cette firme et le prix qu'elle pratiquera ? Nous savons qu'il existe deux tàçons distinctes d'analyser un tel type de problème. Soit en raiso011ant au prix du marcbé et eD étudiant l'effet d'un déplacement vers le haut, de l'importance de la taxe, de la courbe de coût marginal du n1onopole. Soit, en raisonnant au prix payé effectivement au producteur et en envisageant l'effet d'un déplacen1ent de même i.mportance vers Je bas et vers la gauche de sa courbe de de1nande et donc aussi de celle de recette n1arginale. À titre d'exemple, nous utiliserons la seconde méthode d'analyse. Soit AB et AB' les courbes de demande et de recette marginale dlt inonopole. Admettons que les pouvoirs publics prélèvent une taxe par unité vendue égale à AC (t = AC). Si on exprime la quantité de produit demandée à la firme en fonction du p1ix perçu par le producteur, les courbes de demande et de recette n1arginale se déplacent respectivement en CD et CD'. Comme le montre le graphique ci-dessous, le inonopole obtiendra son profit maximum dans ces nou­ velles conditions en vendant une quantité q 1 au prix unitaire perçu par la firme est égal à P1 - t). Sommaire P1 (le prix Pi' effectivement (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole p 163 A q Figure 8.S La perception d'une taxe fixe par unité vendue a, à la fois, di1ninué la production du 1nonopole et aug1nenté son prix de vente. Que penser, dans ces conditions, de l'argrnnent suivant : « On taxe le monopole parce que l'allocatioo des ressources qu'il réalise n'est pas efficiente » ? Mais en Je taxant, parce qu'il produit encore inoins, on écarte d'autant plus sa position d'équilibre de la position éconorniquement efficiente. Plutôt que d'étudier l'effet s:ur la production du 1nonopole d'une taxe fixe par unité de prodtùt vendue, on peut envisager celui d'une taxe proportionnelle à la valeur de la transaction entreprise (taxe ad valorem). Plus Je bien est vendu à un prix élevé, plus la taxe perçue sur chaque unité de ce bien est in1portante : T= tP où 0 < t < 1. Le prix P' que le producteur pe1·çoü effective1nent pour chaque unité de produit vendue est égal, nous ['avons déjà vu, à un pourcentage constant du prix du marché : P' = P - T = P - tP = ( l - t)P. Graphiquement, la droite de de1nande de la firme se déplace de AB en CB par rotation autour de son point d'intersection avec l'axe des abscisses. La droite de recette marginale se déplace alors pour sa part de AB' en CB'. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 164 p A P '1 B q B' Figure 8.6 Dans ce cas aussi le monopole est amené à réduire son volume de production et à vendre plus cher. 8.S ÉQUILIBRE DU MONOPOLE ET FIXATION D'UN PRIX PLAFOND paifaite la fixation d'un prix maximum entraîne un excédent de la de1nande sur l'offre de produit et impose, par conséquent, le recours à d'autres formes de rationne1nent que le système des prix. Nous avons vu qu'en concurrence En concurrence iJn parfaite, par contre, les pouvoirs publics en imposant au monopole un prix plafond, peuvent le contraindre à accroître son volume de production jusqu'à un niveau supérieur à celui auquel il l 'aurait fixé autre1nent. , monopole ne puisse pas vendre son produit à un prix supérieur à PM alors que sans aucune intervention régulatt·ice ce prix serait égal à P0 > P,ir Supposons que le L 'exempl e numérique développé ci-dessous nous per111ettra de comprendre quelles positions prendront alors la courbe de demande et celle de recette 1narginale de la firme. En dehors de toute contrainte, cette finne vendrait son produit à un prix unitaire de25. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 165 Tableau 8.3 (1) (2) (3) RT (4) CT (5) 7t 0 20 20 20 20 20 15 10 5 0 0 20 40 60 80 75 60 35 0 30 42 50 55 63 75 90 110 140 - 30 -22 - 10 5 17 0 . 30 . 75 -140 p q 1 2 3 4 5 6 7 8 (6) Rm (7) Cm 20 20 20 20 -5 12 8 5 8 12 15 20 30 . 15 - 25 . 35 Imaginons cependant que les pouvoirs publics lui imposent un prix 1naximurn égal à 20. Même si les consommateurs sont prêts à payer pour certaines unités du produit un prix supérieur à 20, le monopole ne peut pas vendre plus cher que le prix plafond. La courbe de demande est alors composée de deux segn1eots. Un premier segment horizontal (PMC) tant qu'en l'absence de contrainte, elle serait amenée, en raison de son volume de production, à vendre plus cher que le prix plafond. Elle est tenue à respecter alors le prix maxin1um qui lui est in1posé par les pouvoirs publics. Un second segment décroissant lorsque la courbe de den1ande reprend sa position initiale. Tant que la finne se situe sur le segment horizontal PMC de sa courbe de demande, la recette marginale est égale à P,.,t Chaque unité supplé1nentaire de produit peut, en effet, être vendue à ce prix. Au delà d'une production de q 1 , la courbe de recette marginale de la firme retrouve sa position initiale tant et si bien qu'une discontinuité apparaît entre Cet D au niveau de production q 1 • La figure 8.7 illustre cette situation. Lorsque le volutne de production de la fin11e est inf érieur ou égal à q . , la recette marginale est supérieure au coût n1arginal. Par contre, dès que la production est supérieure à q 1 , le coût marginal devient supérieur à la recette marginale. Si le monopole cherche à maxin1iser son profit, il vendra une quantité de produit égale à q 1 au prix plafond P,w Quel prix plafond faut-il imposer à la firme pour qu'elle adopte un volume de production identique à celui que réali.serait un ensemble de concuJTents parfaits dans les mê1nes conditions d'ofli·e et de demande ? Comme le 1nontre notre graphique, le prix p• auquel ces concwTents parfaits écouleraient leur production sur le nrnrché. Finalen1ent, lorsque le prix nnaximum fixé par les pouvoirs publics est inférieur à p•, un excédent de la demande sur l 'offre de produit apparaît qui oblige alors à avoir recours, comme nous l'avons déjà vu, à d'autres formes de rationnement que le méca­ nis1ne des prix. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 166 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE p A Po PM f--��--\,�--1�� P* B q figure. 8.7 8.6 D'AUTRES OBJECTIFS DE L'ENTREPRISE Jusqu'à présent, nous avons admis que la finne se fixe comme seul objectif la 1naximi­ sation du profit ou, plutôt, que cette finne se compo1ie co1111ne si son seul objectif était la maxünisation du profit. Cette hypothèse de maximisation du profit peut difficilement être mise en doute lorsque l'entrepreneur est un concunent parfait gérant seul sa firme de petite taille. Elle devient plus critiquable, cependant, lorsqu'on est confronté à une entre­ p1ise de grande taille au sein de laquelle les responsables de la gestion quotidienne ne sont pas les actionnaires et s'assignent, éventuellen1e11t, d'autres objectifs que la recherche du profit. Qui plus est, lorsque le n1onopole est contrôlé plus ou moins directement par les pouvoirs publics, ceux-ci lui itnposent égalemenrt certains objectifs spécifiques. 8.6. 1 Le monopole en tant qu'entreprise publique Nous avons vu que l'entreprise publique est une entreprise qui est la propriété des pou­ voirs publics. Ce ne sont pas cependant des Elorrunes politiques, élus, qui la gèrent mais des « managers publics » qui se doivent de rencontrer, tout au moins partiellement, les objectifs que les organes politiques leur assignent. Ces objectifs sont généralen1ent ras­ se1nblés en trois groupes : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 167 8.6. 1 . 1 La recherche d'une utilisation économiquement efficiente des ressources Cet objectif conduit l'entrep1ise publique à utiliser, à tous mo1nents, la combinaison de facteurs de production la moins coûteuse (sur la base du coût d'opportunité de ces facteurs) et à engager les dirigeants les plus efficients qui, par leur action, éviteront le gaspillage des ressources. I l impose surtout à l'entreprise publique de fixer son volume de production et son prix ainsi que de planifier ses investissements de nlaniére telle que les ressources rares utilisées rencontrent les besoins individuels de la façon la plus efficace possible. C'est dans cette perspective que les économistes ont défini L'économie de « first best ». li s'agit d'une économie au sein de laquelle tous les tnarchés seraient des marchés de concurrence parfaite. Chaque agenlt économique disposerait d'une information parfaite (les entrepreneurs seraient parfaite1nent mfonnés des préférences individuelles et de leur évolution au cours du ten1ps ainsi que des techniques de production disponibles aujourd'hui et dans l'avenir, les conson101ateurs connaîtraient parfaitement les prix pratiqués par les producteurs). Dans cette éconotnie, il n'y aurait entre les agents économiques que des rela­ tions relevant du mécanisme des prix (ce qui exclut, notons-le, l'existence de bénéfices ou de coûts externes). On inontre que si, dans une économie de «first best», ! 'entreprise publique cherche à réaliser l'allocation des ressources la meilleure possible, elle doit fixer, comme le feraient les concuirents parfaits, son prix à un niveau égal au coût 1narginal. Dans l'hypothèse où l'intersection entre la de1nande et le coût 1narginal se situe­ rait en dessous de la courbe de coüt moyen (le prix serait inférieur au coût moyen), ! 'entre­ prise subirait une perte (figure 8.8). p c· p• q• D = RM q Figure 8.8 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 168 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 8.6. 1 .2 Des objectifs reclistributifs L'entreprise publique, par sa politique de tarification notamn1ent, permet aux pouvoirs politiques de rencontrer ce1tains objectifs redistributifs. C'est, par exernple, la 1nise à dis­ position des consommateurs à bas prix (à un prix inférieur au coût moyen de production) de biens et de services indispensables au bien-être de chacun (services de santé, enseigne­ n1ent et culture, transport en commun . . . ). L'entreprise publique est donc ainenée à offrir à un prix inférieur au coût toute une série de !biens et de services à fort effet redistributif. Tout co1111ne, dans le même objectit: elle est parfois conduite à investir et à créer des emplois dfüls des régions plus défavorisées. 8.6. 1 .3 Des objectifs macroéconomiques Comrne nous le verrons en détail dans la seconde partie de l'ouvrage, les pouvoirs publics s'assignent des objectifs macroéconomiques : un niveau d'emploi élevé, une forte stabilité des prix, une croissance « convenable » de l 'activité économique. Là où le secteur indus­ triel est large1nent nationalisé, l'entreprise publique peut contribuer de façon impmtante à la réalisation de ces objectifs. Lorsque le taux de chômage s'accroît, cette entreprise renoncerait à diminuer le non1bre de travailleurs qu'elle emploie ; éventuelle1nent, mê1ne, elle l'augmenterait. Dans le même ordre d'idées, le gouve111ement pourrait faire pression sur elle pour qu'en période d'inflation, elle renonce à augmenter ses prix ou pour qu'e)le augmente ses dépenses d'investissement au 1noment où l'économie connaît une phase de sous-investi ssen1ent. 8.6. 1 .4 Le respect cl'une contrainte budgétaire L'entreprise publique doit satisfaire différents objectifs, largement incompatibles cepen­ dant (ce qui conduira à devoir établir un ordre de priorité), des responsables politiques. Elle est également confrontée au respect d'une contrainte budgétaire. En effet, une perte éventuelle devrait être prise en charge par le niveau de pouvoir public « propriétaire » qui, lui aussi, est soumis à une contrainte budgétaire (les recettes fiscales des pouvoirs publics doivent leur permettre de financer leurs actions). L'entreprise publique ne pourrait pas subir de perte (n: > 0) ou, si une pe1te est acceptée en contrepartie des 1nissions de service public qu'elle remplit, elle ne pouITait pas être supérieure à un plafond donné (n: > -7t0, où n:0 est la perte maxirnum tolérée par les responsables politiques). De l'avis de certains, i1nposer à l'entreprise publique le respect d'une contrainte budgétaire doit l'a1nener à faire preuve de plus d'efficacité. On a vu, cependant, qu'en in1posant à un monopole d'aug1nenter son profit, on 1isque de l'a1nener à produire trop peu et à vendre à un prix trop élevé. 8.6.2 Actionnaires et décideurs dans la grande entreprise Dans la grande entreprise, aujourd'hui, les décisions de gestion courante ne relèvent plus généralen1ent des actionnaires. Ce sont des « managers » qui décident du volume de Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 169 production et du niveau des prix, ce sont eux aussi qui déterminent la politique d'inves­ tissement de la fim1e. S'il n'est pas critiquable d'admettre que les actionnaires souhaitent voir la firme répartir entre eux les profits les plus élevés possible, il convient toutefois de s'intetToger sw· la nature des objectifs des « managers ». Ceux-ci cherchent-il s aussi à maximiser le profit de l'entreprise ? Cette conception est défendue par certains qui considèrent que si tel n'était pas le seul objectif de la firme, le risque serait grand de voir se modifier la structure de son actionnariat avec comme conséquence la désignation de nouveaux «managers» qui ren­ contreraient nlÎeux les objectifs des propriétaires. D'autres reconnaissent, au contraire, que les responsables de la gestion des entre­ prises se fixent d'autres objectifs que la recherche du profit maximun1, par exemple un niveau d'activité (un volume de production) élevé ou une croissance rapide des capacités de production. Ainsi, peut-on faire l'hypothèse que, dans certaines circonstances tout au moins, l'entreprise cherche à maximiser ses ventes tout en dégageant un profit suffisant pow· ré1nunérer convenablement les actionnaires et pour satisfaire les besoins de la politique d'autofinancement des investisse1nents. La question à résoudre s'énonce alors com1ne suit : Maxintiser q sous la contrainte que n(q) > n0 où n0 est le profit que la firme doit réaliser au mit1Îlnu1n. Nous avons vu que le profit de la firme augmente tant que la recette marginale est supérieure au coût marginal ; il atteint son 1naximum au moment où la recette marginale est égale au coût marginal et diminue ensuite. Il est nul lorsque la recette moyenne (le prix) est égale au coût moyen (figure 8.9). Si l'objectif de la finne est de maximiser son profit, elle produit le bien en quan­ tité q• et le vend, sur Je 1narché, au prix runitaire P'. Si elle veille à maxi1niser ses ventes en satisfaisant sa contrainte de profit m:inimun1 (n > n0), elle augmente son volun1e de production (q0 au lieu de q*) en diminuant son prix (P0 au lieu de P'). Dans l'hypothèse où les « managers )> de l 'entrepiise se fixeraient comme objec­ tif de 1naximiser leurs ventes sans subfr de perte 7t > 0) ils égaleraient le prix au coût inoyen et pxoduiraient l e bien en quantité qM. ( , On pourrait nuancer l'hypothèse que les « 1nanagers » négligent les profits des actionnaires lorsqu'ils fixent leur volmne de production, en associant aux dirigeants de l'entreprise une fonction d'utilité dont les deux arguments seraient le profit de la firme et le niveau de ses ventes : u = u(n, q) avec du > drt 0 et Sommaire du > dq O (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 170 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE p P* Po q�1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 QpQ� 1 1 1 1 1 1 1 1 q* q q Figure 8.9 q q* Figure 8.10 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 171 L'objectif de ces décideurs serait (figure 8.10) de maximiser leur niveau de satis­ faction compte tenu de la relation établie plus haut entre le volume de production de la fim1e et son niveau de profit (à chaque niveau d'utilité possible des « managers », on va associer une « courbe d'indifférence », décroissante et towuant sa convexité vers l'ori­ gine, représentant l'ense1nble des combinaisons de n et de q assurant ce niveau d'utilité). En augmentant leurs ventes au delà de q', les dirigeants de l'entreprise étudiée voient augmenter leur niveau de satisfaction : le gain d'utilité résultant de ventes plus élevées est plus important que la perte dl'utilité provenant d'une dinlinution du profit de la firme. C'est pour un volume des ventes de q1, et un profit égal à rt1, que ces « 1nanagers » maximisent leur niveau de satisfaction. lei, aussi, la firme produit plus que dans l'hypo­ thèse où on lui assignerait l'objectif de profit inaxirnum. 8.7 LE MONOPOLE DISCRIMINANT Dans certaines conditions, le inonopole peut accroître son profit en décidant de vendre son produit à des prix différents sur des marchés distincts plutôt que de pratiquer de part et d'autre un prix uniforme. Le monopol.e d-iscrinlinant est, donc, un nlonopole qui écoule sa production à des prix différents sur des marchés différents. Pour que la discrilnination par les prix soit possible, il convient cependant que le monopole soit à 1nême d'isoler les 1narchés sur lesquels il vend. IJ ne s'agit donc pas que les acheteurs d'un marché puissent s'approvisionner sur un autre tnarché où un prix plus bas est pratiqué. I l ne faut pas non plus que des spéculateurs aient la possibilité de s'appro­ visionner là où le prix est plus bas pour r·evendre le produit là où ce prix est plus élevé. Dans quels cas est-il possible d'isoler les 1narchés ? Lorsque la nature du bien vendu le pennet. On observe des pratiques de discrimination par les prix dans les indus­ tries fournissant des services tels que les services d'eau, de gaz et d'électricité, ou aussi dans les transports en commun. En effet, en raison des caractéristiques techniques de la distribution de ces produits, il s'avère impossible de les transférer d'un marché à l'autre. Mais aussi, lorsque les marchés sont suffisanunent éloignés pour qu'en raison de l'impor­ tance des coûts de transport, les consommateurs ne puissent pas s'approvisionner indif­ fére1nment sur l'un ou sw· l'autre. Ou encore lorsque le monopole a de bonnes raisons de penser que les consommateurs sur certains marchés refuseront de s'approvisionner sur les autres. On peut parfaitement iinaginer que par snobis1ne les consomn1ateurs d'un quartier riche retùsent de s'approvisionner dans un quartier plus pauvre. Encore faut-il que notre monopole ait intérêt à pratiquer la discrinlination par les prix. Pow· qu'il en soit ainsi, il est nécessaire que les élasticités-prix de la deniande soient différentes sur les marchés concernés. S'il n'en était pas ainsi, le .monopole ne retirerait aucun avantage à discriminer. Pourquoi les compagnies distributrices d'électri­ cité appliquent-elles des tarifs différents aux ménages et aux utilisateurs industriels ? En partie, tout au moins, parce que la de1nande des pretniers est fortement inélastique alors Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 172 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE que celle des seconds, ceux-ci disposant de plus de possibilités de substitution, est plus élastique par rapport au prix. Le monopole discriminant, s'il cherche à 1naximiser le profit qu'il retire de son activité, doit répondre si1nultané1nent à deux questions. li doit, non seulement, détenniner la quantité de son produit qu'il vendra, n1ais aussi la façon dont cette production sera répartie entre les différents marchés et les prix qui y seront pratiqués. Pour simplifier l'analyse, nous admettrons que cette firme n'écoule sa production que sur deux marchés distincts : elle vend, sur le 1narché A, une quantité au prix et, sur le 1narché B, une quantité au prix 8 8). q8 q.4 P (q PA (q,,) La recette totale de cette firme est la son1me de la recette obtenue sur chacun des marchés : Son coût total est fonction de la quantité globale de bien qu'elle produit : li s'agit par conséquent de déterminer firme soit niaximmn : qA et q8 de tnanière telle que le profit de la 7t = R T( qA> q8) - CT( qA, qB) = PA (qA) . qA + PB (qB) . qB - CT ( qA + qB). 8.7. 1 Répartition du volume de production de la firme entre les deux marchés q0 Admettons que notre monopole produise une quantité fixe, donnée, et qu'il s'agisse pour lui de répartir cette production entre les deux marchés, A et B, de manière à maximi­ ser son profit. Puisque la production de la firme est fixée, son coût total l'est également : CT(q0) = CT0• Il lui suffit donc, pour maxinüser son profit, de n1aximiser sa recette totale. Étant donné que que : q8 = q0 - qA, il convient donc de détenniner q A de manière telle soit maximum : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 173 Donc Rm A = Rm8 Le monopole maximise sa recette totale pour un coût de production donné en répartissant cette production, entre les marchés A et B, de manière telle que la recette mar­ ginale soit identique sur chacun d'entre eux. Ce résultat se comprend facile1nent de façon intuitive. Le 1nonopole discriminant a toujours intérêt à vendre une unité supplémentaire du bien là où la recette marginale est la plus élevée. Par conséquent, s'il ne maintenait pas sa recette marginale égale sur chaque marché, il serait toujours amené, pour une production donnée, à détourner des unités de produit du Jnarché où la recette 1narginale est la plus basse pour les vendre sur celui où elle est plus élevée. Par exernple, si q0 est le volu1ne total de production de la firme, elle maxünise son profit en livrant une partie q1 de sa production sur le marché A et le reste, q0 q 1 , sur le marché B (voir figure 8.11 ) - . Supposons qu'il n'en soit pas ainsi et que la quantité livrée sur le tnarché A soit supérieure à q 1 ; elle vaut, par exemple, q2• Dans cette hypothèse, la .recette niarginale sur le marché B étant supérieure à ce qu'elle est sur le marché A, le monopole a donc intérêt s'il cherche à maximiser son profit à détourner certaines unités vendues en A pour les vendre en B jusqu'au m01nent où sa recette marginale sera identique su.r chaque marché. Figure 8.1 1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 174 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 8.7.2 La production clu monopole discriminant Co111ment déterminer finalement le volume de production du 111onopole discri111inant ? Nous venons de voir que la recette marginale de cette firme doit être identique sw· chaque marché. La recette marginale combinée est, alors, égale à la somm.e horizontale des courbes de recette marginale propres à chacun des marchés. En effet, si une recette marginale de OR pour le 111onopole correspond à une vente de OA sur le marché A et de OB sur le mar­ ché B, elle co1Tespond à une vente totale de OA + OB sur l'ensemble des deux marchés. Puisqu'il maximise son profit, le monopole discriminant augmente ses ventes tant que sa recette marginale combinée est supériem·e ou égale à son coût nrnrginal. Il produit et vend le bien en quantité q0 de façon à égaler le coût marginal et la recette n1arginale con1binée. Cette quantité est répartie entre les marchés de façon à y égaler la recette nlar­ ginale : une quantité qA est vendue sur le marché A et une quantité q8 sur le marché B. On constate aussi que le p1ix est plus élevé là où la den1ande est plus rigide (le prix marché A) que là où elle est plus élastique (le p1ix P8 sur le 1narché B). PA sur le Le volume de production d'équilibre du inonopole discriminant est-il inférieur ou supérieur à celui du 1nonopole non discriminant ? On ne peut répondre formellement à cette question. Tout dépend en effet de l'orientation des courbes de demande sur chacun des marchés. Dans l a 1najorité des cas cependant, la production du monopole discriminant est supérieure à celle du monopole sin1ple. De toute façon, répétons-le, parce que le mono­ pole discriminant s'approprie une partie de la rente (du surplus) des consonunateurs, son profit, quant à lui, est nécessairement supérieur à celui du monopole simple. Marché B Marché A p Firme p p Cm - ------ ------ R- - ----------- ------- -----R ------- - -- - - ' ' ' ---- ------ ------ ------ --- RMA 0 - ', -- RMB q '-'--'-��->-���_,,,_1� q 1 ' ' ' , ' 0 ' ' mComb q Figure 8.12 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 175 ANNEXE 8.1 Les conditions de n1ax.imisation du profit du n1onopole discriminant s'obtiennent immé­ diate1nent en dérivant successivement sa fonction de profit par rapport à et qA q8. En effet, puisque n ( qA,qn ) = PA ( qA ) ·qA + PB (qo ) · qn - CT( qA +qB ) = RTA (qA ) + RTe ( qe ) -cr ( qA +qe ) où RT,, et RT8 représentent respectivement la recette totale obtenue sur les marchés A et B, dn (CfA ,qB ) - dRTA (qA ) dCT(qA +q8 ) dq . d = 0, et dqA dqA dq qA dn (qA,qB ) dRT8 ( q8 ) dCT (qA +q8 ) . dq dqB = 0. dqB dqB dq RmA -Cm = Rm -Cm = 0 et Rm = .Rm = Cm 8 8 ,, RÉSUfM 1. Il y a concurrence imparfaite chaque fois que les conditions de la concurrence parfaite ne sont pas toutes rencontrées. Les vendeurs sont alors confrontés à une courbe de demande décroissante. Lorsqu'ils désirent vendre plus, ils doivent accep­ ter une baisse de leur prix. Ils exercent, alors, un certain contrôle sur leurs prix respectifs. 2. La concurrence imparfaite recouvre des situations parfois fort différentes : le mono­ pole, l'oligopole, la concurrence monopolistique. 3. Le monopole dispose d'un pouvoir absolu sur le prix de vente de son produit. Il est le seul producteur dans sa bronche et fournit un produit sans proche substitut. Il représente le cas extrême de concurrence imparfaite. 4. Un « monopole naturel » est une firme caractérisée par des coûts marginaux constamment décroissants. En effet, une telle firme finira inévitablement par devenir suffisamment grande pour avoir une influence sur son prix. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 176 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 5. la recette totale est égale au prix Cie vente multiplié par la quantité de bien vendue à ce prix. Dans un premier temps, lorsque le monopole augmente ses ventes, la recette totale s'accroît également (lorsque la demande est élastique par rapport au prix). Ensuite, l'augmentation des ventes du monopole se traduit par une diminution de sa recette totale (lorsque la demande est inélastique par rapport au prix). 6. La recette moyenne est la recette par unité de produit vendue. La courbe de recette moyenne du monopole se confond avec sa courbe de demande. 7. la recette marginale est la recette retirée par la firme de la vente d'une unité supplémentaire de produit. Elle est positive tant que la recette totale augmente avec le volume de production. Elle est négative par la suite. Puisque, pour vendre plus, le monopole doit accepter une diminution de son prix, sa recette marginal.e est toujours inférieure à sa recette moyenne, donc au prix. 8. Lorsque le monopole cherche à maximiser son profit, il adopte un volume de pro­ duction permettant d'égaler la recette marginale au coût marginal. Il a, en effet, toujours intérêt à accroître sa production et ses ventes tant que la recette marginale est supérieure au coût marginal. 9. Puisque le monopole produit jusqu'au moment où la recette marginale est égale au coût marginal, il vend à u n prix supérieur à ce coût marginal. 10. Une bonne allocation des ressources économiques voudrait que chaque bien soit produit jusqu'au moment où son coût marginal soit juste égal au prix que les consommateurs sont prêts à payer pour l'acquérir. Puisqu'un monopole vend à un prix supérieur au coût marginal, produisant alors moins et vendant plus cher qu'un ensemble de concurrents parfaits dans les mêmes conditions d'offre et de demande, il conduit à une mauvaise allocation des ressources dans l'économie. Ce raisonnement ignore toutefois les économies d'échelle que le monopole est suscep­ tible de réaliser. 1 1 . la perception d'une taxe sur les ventes conduit le monopole à réduire encore le volume de ses ventes et à augmenter son prix. 12. La fixation d' un prix plafond, inférieur au prix que le monopole pratiquerait autrement, peut l'amener à accroître ses ventes. Il assurerait une bonne utilisation des ressources dans l'hypothèse où le prix plafond serait celui qu'appliquerait un ensemble de concurrents parfaits, dans les mêmes conditions d'offre et de demande. 13. Une économie de first best » est une économie au sein de laquelle tous les marchés seraient des marchés de concurrernce parfaite. Chaque agent économique y disposerait d'une information parfaite. Il n'y aurait pas entre ces agents d'autres relations que celles résultant du mécanisme des prix. « Dans une telle économie, assurer une allocation efficiente des ressources amènerait la firme à produire jusqu'au moment où le prix serait égal au coût marginal. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 177 14. Si le monopole se fixe comme objectif de maximiser ses ventes sous une contrainte de profit minimum ou s'il s'impose de maximiser une fonction de satisfaction dépendant à la fois du profit et du volume de production, il vend plus et moins cher que s'il maximisait simplement son profit. 15. Le monopole discriminant est un monopole qui, pour accroître son profit, vend son p roduit à des prix différents sur des marchés différents. Pour qu'un monopole ait intérêt à pratiquer la discrimination par les prix, il est nécessaire que les élasticités-prix de la demande soient différentes sur les marchés concernés. Si le monopole discriminant cherche à maximiser son profit, il répartit sa production entre les marchés de manière telle que la recette marginale soit identique sur chacun d'entre eux et produit jusqu'au moment où la recette marginale combi· née est égale au coût marginal. EXERCICES PROPOSÉS 1. On connaît la droite de demande ainsi que les courbes de coût moyen et de coût marginal d'un monopole. Indiquez sur ce diagramme : Le volume de production pour Lequel cette finne maximise ses ventes sans subir de perle ; Le prix maximum qu'il faudrait lui i mposer pour qu'elle se comporte de la mème façon qu'un ensemble de concurrents parfai ts dans les mêmes conditions d'offre et de demande. 2. On connaît le barème du coût total d'u11e firme qui écoule sa production sur un marché de monopole. Volume de production Coût total 0 20 1 28 2 34 3 38 4 44 5 54 6 70 7 90 8 115 9 145 10 190 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 178 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE La demande adressée à cette finne est donnée par l'équation : volu1ne de production de la firme. P= 60 - 6Q où Q est le a) Calculez Je volw11e de production de cette fi1me et son prix si elle se fixe comme objectif de maximiser son profit. b) Les gestionnaires de cette firme estiment qu'un profit de 60 est suffisant pour rému­ nérer les actionnaires et pour satisfaire à la politique d'autofinancement des inves­ tisse1nents. Compte tenu de cette contrainte, ils cherchent à maxitniser leurs ventes. Quels seront alors le volwne de production et le prix de la firme ? c) On associe à ces gestionnaires une fonction d'utilité dépendant du profit de la firme (rc) et du volume de ses ventes (Q) : u 1 = rc + I O Q 112 = n - 20Q u3 = TC + 40Q. Pour celle(s) de ces fonctions cotnpatible(s) avec l'attitude des dirigeants d'entreprises, calculez le volume de production de la firme et son prix. d) L'entreprise est une entreprise publique opérant dans une économie de« first-best ». On lui impose de fixer son volume de production et son prix de façon à assurer une allocation efficiente des ressources. Quelle politique cette firme mènera-t-elle ? 3. On coruiaît les barèmes de demande et de coût total d'un monopole qui écoule sa produc­ tion par unités indivisibles. Quantité de produit Prix Coût total 0 60 30 1 50 38 2 42 50 3 36 64 4 32 82 5 28 104 6 24 130 7 20 160 8 16 200 Déterminez ! 'effet sur la quantité de produit vendue, sur le prix pratiqué par cette firme et sur son profit, de la perception, par les pouvoirs publics, d'une taxe fixe par unité de produit vendue égale à 10 lorsqu'il s'agit d'une entreprise publique qui, opérant dans une écono1nie de « first-best », cherche à réaliser la meilleure allocation des ressources possible. 4. Dans le court tenne, un monopole utilise un stock de capital fixe constant égal à 6. Il acquiert chaque unité de travail au prix de 3 et chaque unité de capital au p1ix de 5. Le barème ci-dessous exprime le volume de production de cette firme en fonction du nombre de travailleurs qu'elle e1nploie : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les formes d'imperfection de Io concurrence. Le monopole 179 Production Nombre de travailleurs l 2 3 4 5 6 7 8 9 10 6 10 12 15 20 27 36 48 63 80 La demande adressée à cette firme est représentée par l'équation : P = 50 le volume de production de la fume. - 4Q où 0 est a) Détenninez le volun1e de production, le prix et le profit de ce monopole. b) c) d) Quel prix maximum les pouvoirs publics devraient-ils lui imposer s'ils désirent le voir se comporter comme un ensemble de concurrents parfaits dans des conditions de demande et d'offre identiques ? Les « Jnanagers » de cette fir111e cherchent à maximiser une fonction d'objectif lOQ où n est son profit. Calculez le volume de production et le d'équation : prix dans cette hypothèse. n+ Ce monopole écoule aussi sa production sur un second marché. La demande qui lui est adressée sur ce marché s'exprime par l'équation : P = 34 3Q. Il cherche à maximiser son profit et peut pratiquer des prix différents sm· chaque marché. Calculez le volu1ne de production, le prix sur chaque marché et Je profit de la firme. - 5. On a calculé le barème de coût total à court terme d'une firme qui écoule sa production par unités indivisibles : Volume de production Coût total 0 20 28 32 34 40 50 62 76 96 120 150 l 2 3 4 5 6 7 8 9 lO a) La finue en question est un 1uonopole simple dont la demande est donnée par ! 'équation : P = 60 6Q où P e t Q représentent respectivement le prix et le volume - Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 180 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE de production. Comparez le volume de production et le prix pratiqué par cette firme suivant qu'elle maxinlise son profit ou qu'elle niaxi1uise ses ventes tout en évitant de subir de perte. b) La firme est un monopole discriminant écoulant sa production sur deux marchés distincts et maximisant son profit. On connaît sa detnande sur chaque marché : Marché A Marché : B: PA = 60 - 8QA P8 = 40 - 4Q8. Calculez le profit qu'elle réalisera. 6. À court ten11e, un monopole, dont le coût fixe est nul, supporte un coût marginal constant égal à 20. Il écoule sa production sur deux marchés distincts et peut y pratiquer des prix différents pour maximiser son profit. Il connaît la demande exprimée sur chaque marché : PA = 60 - 4QA Marché B : P8 = 80- 8Q1r Marché A : Calculez le prix sur chaque marché ainsi que le profit global de la firme. 7. La demande pour le produit d'un monopole se représente par la fonction P = 50- 4Q. Ce monopole a des coûts fixes nuls et supporte un coût marginal constant égal a) à 18. Quel prix maximum les pouvoirs publics devraient-ils imposer à ce monopole : pour l'amener à se comporter comn1e un ensemble de concurrents parfaits dans les mêmes conditions d'offre et de demande ? pour l'amener à maximjser ses ventes sans devoir subir de perte ? Calculez le profit réalisé par la firme dans ces deux hypothèses. b) On envisage un second marché dont la demande se représente par la fonction : P = 45 -5Q. Si le monopole est un monopole discriminant cherchant à maximiser son profit, quelle quantité de produit vendra-t-il et quel prix fixera-t-il sur chaque marché ? Quel sera alors son profit ? Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LA CONCURRENCE MONOPOLISTIQUE ET L10LIGOPOLE 9. 1 9.2 La concurrence monopolistique L'oligopole Sommaire 182 187 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 182 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Jusqu'à présent, nous avons envisagé les deux fon11es extrêmes d'organisation des marchés. La concurrence parfaite était caractérisée par un grand no1nbre de produc­ teurs vendant tous un produit parfaitement identique, le monopole par un seul vendeur écoulant, dans sa branche, un produit sans proche substitut. La conctuTence parfaite, nous l'avons dit, n'a d'applications que sur un petit nombre de marchés. Le monopole pur est égalernent une fotme fort rare d'organisation du marché. Dans la réalité, en effet, des éléments de pouvoir 1nonopolistique sont générale­ rnent associés à une concurrence, parfois acharnée, entre les producteurs. Ce chapitre sera consacré à la présentation de la concurrence monopolistique et à celle de l'oligopole. En concun-ence 1nonopolistique, un grand nombre de vendeurs rivalisent dans une branche donnée, chacun d'entre eux produisant son propre produit différencié et essayant de renforcer la différenciation entre les produits afin d'améliorer le contrôle qu'il a sur son prix. Ces vendeurs sont, cependant, trop nombreux pour pouvoir entraîner une réaction des finnes rivales en 1nodifiant leur co1nporte1nent. En oligopole, un petit non1bre de producteurs tantôt coopèrent et tantôt se livrent une lutte acharnée. Le comportement de chacun dépend largement de celui des ftnnes rivales. 9.1 LA CONCURRENCE MONOPOLISTIQUE 9. 1. 1 Définition. La différenciation du produit La concurrence monopolistique se distù1gue de la conctuTence parfaite par Je manque d'homogénéité du produit. Si, en concurrence parfaite, les nombreux vendeurs offrent tous un produit identique, en concurrence monopolistique, par contre, les vendeurs, tout aussi non1breux, offrent un produit différencié. Produit différencié parce que, tout en répon­ dant à un même besoin, il se présente sous des variétés ou sous des marques différentes. Produit différencié aussi parce que les consomrnateurs opèrent une distinction entre les difîérents vendeurs de telle so1te que la relation entre acheteur et vendeur n'est plus la relation impersonnelle qu'envisageaient les hypothèses de la concmTence parfaite. Produit différencié enfin, parce que les conditions dans lesquelles ce produit est vendu sont diffé­ rentes, les vendeurs situés le plus près des acheteurs retirant alors un avantage par rapport aux autres. En résumé, pour qu'il y ait différe·nciation du produit, il faut que, dans l'esprit de l'acheteur tout au rnoins, le produit d'une firme ne soit pas le substitut parfait de celui d'une autre finne. 9. 1.2 La demande du concurrent monopolistique Parce qu'il fabrique un produit différencié de celui de ses rivaux, Je concurrent 1nonopolis­ tique dispose donc d'un certain degré de contrôle sur son p1ix. Il est libre de le faire varier quelque peu sans risquer pour autant de perdre ii11n1édiatement 1'ensemble de sa clientèle ou sans s'attirer de la sorte une clientèle infinitnent grande. Il représente aussi une trop Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence monopolistique et f'o/i9opole 183 petite part du marché pour pouvoir déclencher, par une modification de prix, une réaction des finnes rivales. Il n'empêche que la plus grande prudence doit s'imposer à cet entrepreneur. S'il dispose d'une certaine n1arge de manœuvre en matière de prix, il est loin cependant de dis­ poser pour autant d'une niarge de .manœuvre infinie. La concurrence de substituts étroits à son produit doit l'inciter à éviter de brusques écarts de p1ix. La courbe de demande du concurrent inonopolistique, tout en étant inclinée vers le bas, demeure néamnoins forte­ ment élastique. Nous avons vu, en effet, que plus un bien a un grand nombre de substituts, plus la demande pour ce bien est élastique. Nous ne sommes plus cependant dans l 'hypo­ thèse de la courbe de dernande parfaiten1ent élastique de la concurrence parfaite. Colline tous les biens vendus sur le 1nême n1ai·ché par un ense1nble de concur­ rents rnonopolistiques sont des substituts très proches les uns des autres, la courbe de demande de chacim de ces entrepreneurs est tracée dans l'hypothèse que les pdx des autres firmes restent inchangés. Si un producteur seul ne peut influencer le comportement des autres, la position de la demande adressée à une firme ne sera pas indépendante du comportement de l'ensemble des finnes de la branche. Plus les prix des concurrents seront élevés, plus la demande adressée à une firme donnée sera forte. Par contre, une baisse de prix des fi1111es de la branche amènera une diminution de la den1ande adressée à chaque firme. p RM q Figure 9.1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 184 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE In1aginons que, pour une raison ou pour une autre, le niveau d'activité de l'en­ semble des finnes d'une branche augmente. Ce pomTait être Je résultat de la baisse du prix d'un des facteurs de production utilisés par ces fi1111es (leur courbe de coût marginal se déplace vers le bas) les conduisant à augmenter leur volmne de production et à réduire leur prix. Puisqu'en concurrence monopolistique, la de1nande adressée à chaque fume d'une branche dépend des prix pratiqués par L'ensemble des firmes de la branche, il s'ensuit un déplacement vers la gauche de la courbe de demande propre à chacune de ces entreprises. La figure 9.1 illustre cette situation pour une :fim1e représentative de l'ense1nble des firmes opérant sur un marché de concurrence monopolistique. La finne étudiée réagit à la diminution de ses coûts marginaux de production (sa courbe de coût marginal se déplace de Cm en C'm) en auginentant ses ventes, non de q0 à q 1 , mais seule1nent de q0 à qi- En effet, à la suite de la baisse du prix dans la branche, la courbe de de1nande s'est déplacée de RM en Rlvf'. Son prix est finalement P2• 9. 1 .3 Le rôle de la publicité Ni le concurrent parfait, parce que le produit qu'il vend est parfaitement identique à celui des autres entrepreneurs, ni le monopole, p.arce qu'il est le seul entrepreneur dans la branche, n'ont intérêt à engager des dépenses de publicité. Ce n'est pas le cas du concur­ rent monopolistique. Pour lui, la publicité a un double effet : • elle lui permet de renforcer le contrôle qu'il a sur son prix en accentuant la différen­ ciation entre les produits. Les consorunat·eurs L seront plus attachés au produit de cette finne ce qui augmentera les possibilités qu'a le vendeur de faire varier son prix. Il s'en suit une moindre élasticité-prix de la demande qui se traduit par une rotation de la courbe de deniande dans le sens des aiguilles d'une montre ; • elle lLù permet de s'approprier une part plus importante de la demande qui est adressée à l'ensemble des firmes de la branche. Avec comme conséquence, un déplace1nent vers la droite de la courbe de de1nande. Alors que, jusqu'ici, il a été adn1is qu iJ n'y a aucun lien entre la position de la courbe de demande et l'ensemble des coûts supportés par l'entreprise, l'introduction des dépenses de publicité nous conduit à remettre cette hypothèse en question. Ces dépenses, certes, alom·dissent les coûts de l'entrepreneur. S'il a cependant décidé de les supporter, c'est parce qu'il espère obtenir ainsi un déplace1nent suffisant de sa courbe de demande pour lui pennettre d'augt11enter son profit. ' Les dépenses de publicité sont-elles ou non avantageuses pour les consomtna­ teurs ? Souvent, on les considère comme un pur gaspillage de ressources économiques. Entendre pour ]a centième fois le même message publicitaire n'apporte rien au conson1mateur, pas plus d'ailleurs que d'assister impuissant au combat que se livrent, spots télé­ visés à l'appui, les fabricants de variétés différentes d'un même produit. Qui plus est, la publicité conduit à créer pour ce consomn1ateur de nouveaux besoins dont la satisfaction n'augmente peut-être pas réellement son niveau d'utilité. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence monopolistique et f'o/i9opole 185 Dans le même temps. on reconnaît cependant à la publicité plusieurs avan­ tages : fournir au consom1nateur une infonnation sur le prix et la qualité des produits qu'il n'obtiendrait peut-être pas autre1nent, permettre à certaines firn1es, en augmen­ tant leur taille, de réaliser des économies d'échelle dont elles feraient bénéficier Jeurs consomn1ateurs. Une question importante que se pose J'écono1niste consiste à savoir quel sera l'effet d'une campagne de publicité sur le prix de vente du concurrent 111onopolistique. Cette question n'est pas simple. En effet, I 'irnpact d'une telle campagne dépend de plu­ sieurs élé1nents tels que l'élasticité de la demande pour le produit de la finne par rap­ pott aux dépenses de publicité, la croissance ou la décroissance des coûts marginaux de production (qu'il convient de distinguer des coûts 1narginaux de publicité), ou encore la classe d'acheteurs à laquelle la publicité s'adresse (l'ensemble des consommateurs ou seulement une partie de ceux-ci tels que, par exemple, les titulaires de hauts revenus). Il n'est d'ailleurs pas impossible que, sous certaines conditions (lorsque les coûts n1arginaux de production sont fo1tement décroissants donc lorsque la finne est susceptible, en aug­ mentant ses ventes, de réaliser d'importantes écono1nies d'échelle et lorsque la de1nande est forte1nent élastique par rapport aux dépenses de publicité), une campagne de publicité débouche, pour la firme, sur une baisse de prix. 9. 1.4 Concurrence monopolistique et liberté d'entrer dans la branche Afin de ne pas compliquer exagérén1ent nos représentations graphiques, nous ne ferons pas ici la distinction entre les courbes de coût à court et à long tenue de la firme. Ad1nettons, qu'initiale1nent, une finne représentative de la branche, maximisant son profit, mette sur le 1narché une quantité q0 de son produit, vendue au prix unitaiTe P ­ o Cette fu·1ne réalise alors un (sur-)profit représenté par l'aire du rectangle P0EFG. Ce profit attire dans la branche, dans un régi1ne de liberté d'entrer absolue, de nouvelles firmes qui produisent leurs propres articles diftërenciés à des conditions de coût aussi favorables, supposons-le tout au moins, que celles des anciennes. Puisque la demande adressée à la branche se répartit progressive1nent entre un plus grand 1101nbre d'entreprises, il s'ensuit une din1inution de la part de marché de chacune des firmes existantes et, donc, un dépla­ ce1nent vers la gauche de la courbe de demande de notre firn1e représentative. Jusque quand de nouvelles firn1es s'installeront-elles sur ce marché ? Jusqu'au moment où le profit de chaque firme disparaîtra, donc jusqu'au n101nent où la courbe de demande de la firme représentative se sera suffisarmnent déplacée vers la gauche pour être tangente à sa courbe de coût n1oyen. Notre firme produira et vendra alors une quantité qL au prix Pl (en tout autre point de la droite de de1nande RM2, le prix sera inférieur au coût moyen et l'entreprise serait en perte). On remarque que le prix pratiqué par la firme én1diée, quoique égal au coût moyen, de1neure cependant supérieur à son coût nrnrginal avec co1nme conséquence que la quantité produite sera inférieure à celle pe1mettant de 1niniJniser le coût moyen. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 186 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE p CM q Figure 9.2 Les concuJTents n1onopolistiques ne réalisent ce1tes plus de SlLrprofit nlais leurs prix ne sont cependant pas abaissés jusqu'au minünum de la courbe de coût moyen comn1e c'était le cas en concurrence parfaite. Le consommateur est, dès lors, an1ené à payer les frais entraînés par l'activité, dans la branche, d'w1 trop grand nombre de vendeurs produisant chacun trop peu. La répartition de la demande adressée à la branche entre un plus petit nombre de firn1es dont chacune fixerait son volu1ne de production de nlanière à minin1iser le coût moyen, s'avérerait plus avantageuse pour ce conson1111ateur. La liberté d'entrer dans la branche en concunence monopolistique entraîne donc des gaspillages, différents de ceux rencontrés dans le cas du monopole. Ces gaspillages constituent toutefois le prix à payer par les consommateurs pour avoir à leur disposition une plus grande vaiiété du bien offert par cette branche. Réduire le non1bre de finnes réduit le nombre de variétés possibles du bien. Accroître le non1bre de finnes augmente, dès lors, le nombre de possibilités de choix des conso1nn1ateurs. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence monopolistique et f'o/i9opole 187 9.2 L'OLIGOPOLE 9.2. 1 Définition. La réaction des firmes rivales Nous avons vu qu'en concurrence monopolistique, la de1nande adressée à une branche se répartit entre un grand non1bre de petites firmes vendant, chacune, leur propre produit différencié. Puisque chaque firme ne détient qu'une petite part du marché, elle ne peut, par son propre co1nportement, influencer la politique des finnes rivales. En oligopole, par contre, seul un petit nombre de vendeurs se partagent le inarché, soit en produisant tous un article absolument identique, soit en produisant un bien quelque peu différencié. Si, dans le pre1nier cas, toutes les firmes fi11iront par adopter le 1nême prix, dans le second, des différences de prix subsisteront et seront renforcées par les campagnes publiciaires t n1enées par les vendeurs. Lorsque deux vendeurs seulen1ent se répartissent la demande, on parle de duopole. Puisqu'en oligopole, les finnes opérant dans une branche donnée sont peu nom­ breuses, leur comportement ne sera pas sans influence sur celui des firmes rivales. la politique suivie par un vendeur va dépendre de la façon dont il va esco1npter la réaction de ses rivaux. Dans le même temps, l'efficacité de cette politique résulte de la façon dont les finnes rivales vont réagir effectivement. Etant donné que ces firmes rivales peuvent réagir d'un grand nombre de manières différentes aux décisions d'une firme donnée, il n'existe pas seulement une théorie de l'oligopole mais un grand non1bre de théories ditîérentes. C'est à dire que nous somn1es confrontés ici à une matière particulièrement complexe. Quoiqu'il en soit, à tout instant, tout vendeur opérant sur un marché d'obgopole est amené à se poser la question suivante : « Si je modifie mon prix ou si je modifie 1non volume de production, quel comporteinent les autres firmes vont-elles adopter ? ». 9.2.2 Oligopole, concentration et les limites aux possibilités d'accès à la branche Nous venons de voir qu'en oligopole la demande adressée à une branche ne se répar­ tit qu'entre un petit nombre de producteurs. Ceci signifie aussi qu'un nombre litnité de firmes satisfont un pourcentage élevé de la de1nande de la branche. C'est sur la base de cette constatation que l'on a été an1ené à calculer, pour les branches représentatives d'un marché d'oligopole (l'industrie auto1uobile ou l'infon1rn­ tique, mais aussi les industiies chimiques, le secteur de l'acier ou les producteurs d'ap­ pareils électroménagers . . .), des indices de «concentration des ventes». On calcule à cet effet, pour chaque branche, la pait des ventes des trois ou quatre plus grandes firmes dans l'ensemble des ventes de la branche. Comment expliquer que ce11.aios rnarchés sont do1uinés par un petit non1bre de finnes ? Pourquoi donc, dans certaines branches, la « concentration des ventes » est-elle plus forte que dans d'autres ? Parce que, sur ces marchés, les conditions de production sont telles (en raison, notamment, de l'in1portance des coûts fixes) que la taille optimale Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 188 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE assurant l'efficacité de production maximmn (celle correspondant au creux de la courbe de coût 1noyen) représente un pourcentage élevé de la de111ande totale adressée à la branche. De nouvelles firn1es ne peuvent donc entrer dans cette branche qu'à condition de réaliser imn1édiaten1ent une production suffisante pour pouvoir rivaliser, en tenne de coût, avec les finnes en place. On se rend compte des difficultés qu'ont ces vendeurs potentiels d'accéder à la branche. ll est cependant possible qu'une firme sotiliaitant s'implanter dans la branche dis­ pose, en raison du progrès technique, de techniques de production plus efficaces que celles des autres entreprises. Elle peut alors, très rapide1nent, concurrencer les finnes en place et éventuelletnent, au fur et à mesure que sa production s'accroît, les exclure de la branche. En etîet, il n'est pas impossible que l'offre de cette nouvelle firn1e fasse baisser le prix du produit à un point tel que les finnes initiales ne réalisent plus de profit. Parfois cependant, la taille des entreprises constituant un oligopole (leur volurne de production) est supérieure à celle nécessaire pour leur pennettre de produire au coût 1noyen minimmn. Il serait alors profitable, pour les consonunateurs, que la demande du marché se répa1tisse entre un plus grand nombre de fi1·mes. Une concentration excessive résulte souvent de la fusion d'entreprises existantes tant et si bien que les pouvoirs publics (les autorités communautaires européennes en l'occurrence) sont amenés à adopter des dispositions réglementaires pour empêcher de telles fusions. li existe néanmoins des raisons autres que les causes purement techniques à l'ap­ parition d'oligopoles. On peut citer à cet effet : les banières à l'importation établies par les autorités publ igues souvent sous l'influence de firmes agissantes, le contrôle des importa­ tions de matières premières, les brevets et autres secrets de fabrication dont disposent les finnes en place, des co1nportements stratégiques des entreprises existantes pour réduire leurs profits (en adoptant un p1ix moins élevé que celui qu'elles pourraient de1nander aux consommateurs) ou pour les dissimuler en partie afin de ne pas attirer de nouvelles fim1es dans la branche. Nous retrouvons ici plusieurs ar&'Uments que nous avons déjà énoncés précédemment pour justifier le maintien de certains monopoles. 9.2.3 Collusion ou rivalité Paul et Jacques, coupables de divers délits, sont détenus dans des cellules séparées et ne peuvent comn1uniquer en11·e eux. Ils savent que s'ils n 'avo11ent pas leur culpabilité, il sera difficile pour les auto1ités judiciaires de l'établir et ils seront, par conséquent, acquittés. Mais ils savent aussi que s'ils avouent, l a justice est prête à faire preuve de clémence. Par contre, si l'un d'entre eux avoue alors que l'autre ne le fait pas, la justice sera d'autant plus sévère à l'égard de ce de1nier. Le tableau 9. l résun1e les peines de prison que Pa1ù et Jacques sont susceptibles de subir dans chaque cas. Chacun de ces prisonniers a, finalement, intérêt à avouer afin d'éviter un trop long emprisonne1nent puisqu'il ne connaît pas l'attitude de son complice. Sauf s'ils se sont promis mutuelle1nent de ne jamais reconnaître les délits et si chacun a confiance dans la parole de l'autre. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence monopolistique et f'o/i9opole 189 Tableau 9.1 Jacques Nie Nie Avoue J : acquittement J : 2 ans P : acquittement P:lOans J : l O ans J : 5 ans P: 2 ans P: 5 ans Paul Avoue Le même type de choix, connu sous le notn de« dilemme du prisonnier», se pose en oligopole ainsi que dans bien d'autres situations. Imaginons une situation de duopole. Deux firmes, A et B, se répartissent la demande de la branche. Ces deux entrepreneurs peuvent décider de coopérer et fixent le prix le plus avantageux pour eux, à savoir celui qui s'établirait dans une situation de monopole. Chaque entrepreneur sait cependant que s'il baisse son prix, alors qu.e son rival ne nlodifie pas le sien, il lui est possible d'accroître son profit. Par contre, si les deux entrepreneurs diminuent simultanément leur prix, ils verront se réduÙ'e leur profit, moins fortement cependant que dans ! 'hypothèse où une firme maintiendrait un prix élevé alors que l'autre vendrait tnoins cher. Le tableau suivant résume ces hypothèses : Tableau 9.2 Firme B Prix élevé Prix élevé Firme A Prix plus bas Sommaire Prix plus bas n,= 100 n, = it8= 100 it8= 150 n, = 150 n, = 70 40 1t ,- 70 Jt 8 : 40 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 190 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE En l'absence d'entente entre les producteurs, quelle que soit l'attitude adoptée par une finne, l'autre aug111ente toujours son profit en adoptant une politique de bas prix. La stratégie consistant à choisir un prix plus bas est une stratégie dominante. Chaque joueur (chaque firme A et B) adopte la 1nême stratégie quel que soit le comporte­ ment de l'autre joueur. Chaque fll'n1e recueille finalement un profit de 70 alors qu'en coopérant e!Jes pourraient obtenfr, chacune, un profit de l OO. Nos deux fi nnes ont donc intérêt à coopérer. Encore faut-il que, dans ce cas, une d'entre elles n'ait pas tendance à renier sa parole. Il va de soi que les choix stratégiques laissés aux entreprises se font encore plus complexes lorsque le notnbre de firmes concernées est supérieur à deux. , Dans le même ordre d'idées, deux firmes n'ont pas avantage à se lancer dans une &ruerre de prix, s'il en résulte finalement une diminution du profit de chacune. Encore faut­ il être conscient qu'une telle guerre de prix peut pem1ettre, dans une perspective de long terme, d'éloigner de la branche une entreprise moins efficace. Revenons-en au problè1ne posé ci-dessus mais admettons, cette fois, qu une des deux firn1es (ici, la finne B) ne soit pas toujours capable d'augmenter son profit en bais­ sant son prx : ' i En dehors de toute entente, la tneilleure stratégie pour la firme A, quel que soit le cotnportement de la finne B, est de fixer un prix plus bas. Par contre, B a intérêt, dans chaque cas, à adopter la même stratégie q11e A. Ici aucune stratégie n'est donùnante pour la firme B. Mais puisque l'on sait, qu'en toute hypothèse, A choisira un p1ix plus bas, B sera amenée à faire de 1nême. À nouveau, les firmes retirent un profit moindre que si elles décident de coopérer. Tableau 9.3 Firme B Prix élevé Prix élevé Prix plus bas 1tA= 100 1tA: 1t8 = 200 n8= 1tA = 150 JO 180 Firme A Prix plus bas rr8 = Sommaire 50 1tA - 60 n8 80 = (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence monopolistique et f'o/i9opole 191 Dans ce n1odèle non coopératif (les fumes rivalisent et ne coopèrent pas entre elles), l'équilibre (il s'agit d'un « équilibre de Nash >)) s'établit lorsque les deux firmes adoptent une stratégie de bas prix. À ce tnoment, aucun joueur (aucune finne) ne peut encore améliorer son gain co111pte tenllJ de la stratégie adoptée par l'autre joueur. Les firmes composant un oligopole ont intérêt à coopérer plutôt que de se lancer dans une guerre de prix qui risque d'être fatale à chacune. Encore faut-il qu'une telle coo­ pération soit possible. La loi interdit généralen1ent aux entreprises de se rassetnbler en un cartel bien structuré qui se con1porterait comme un monopole. Mais il peut suffire que les firmes adoptent des règles de bonne conduite réciproque pour empêcher leurs profits de baisser (on parle alors de collusion tacite et non plus de collusion ouverte). Encore est-il nécessaire que, si un accord peut être passé entre plusieurs firmes, il ne puisse être violé aisément par l ' une d'entre elles. La possibilité de négocier et de 1naintenir un accord stable dépend du nombre de firmes concernées (plus le nombre de participants à une négociation est élevé, plus il est difficile d'obtenir un accord et plus cet accord peut aisément être remis en cause par un des patticipants), de la forme de concutTence possible entre ces fi.nues (la concurrence po1te-t-elle uniquement sur le prix ou concerne-t-elle aussi la qualité du produit auquel cas le contrôle du respect de l'accord est plus malaisé), de l'opportunité qlll'ont les firmes de s'engager dans des can1pagnes publicitaires, des éventuelles différences de coüt entre elles, de la plus ou moins grande stabilité de la de1uande et des coûts. . . 9.2.4 La rivalité entre les firmes. Les équilibres non coopératifs Nous verrons qu'en coopérant au sein d'un cartel bien réglementé dans l'objectif de maxi­ miser leurs profits joints, les firmes constituant un marché d'oligopole finissent par vendre au même prix qu'un monopole dans les mê1nes conditions d'offre et de demande. En rivalisant entre elles, ces firmes font ditninuer le prix. Ce prix peut baisser progressivement jusqu'au niveau du coût Jnoyen et mên1e, pendant une brève période, si l'objectif de certaines firmes est d'en éliminer d'autres de la branche, jusqu'à un niveau inférieur à ce coüt moyeu. L'absence d'entente entre les entreprises ne fait cependant pas toujours diminuer le prix jusqu'au niveau du coût moyen. C'est ici que les hypothèses que font les firmes sur le comportement des firmes rivales prennent toute leur importance. Nous verrons ci-dessous, par la théorie de la demande coudée, que les prix ont ten­ dance à rester plus stables sur un marché d'oligopole que sur d'autres fonnes de marché. On peut montrer égalen1ent (duopole de Cou111ot) que lorsque chaque firme fait ! 'hypothèse que, quoi qu'elle fasse, la fi1me rivale 1naintiendra toujotu-s son volume de production inchangé, on tend vers un équilibre non-coopératif stable pour w1 prix supé­ rietu- au coût moyen. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 192 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 9.2.5 La théorie de la demande coudée Elle permet de montrer qu'en oligopole, sous des hypothèses réalistes, les prix tendent à rester plus stables que sur n'importe quelle autre forme de marché. Il est réaliste d'admettre que lorsqu'une firme di1ninue son prix, ses rivales réa­ gissent en diminuant le leur, lin1itant ainsi les possibilités du premier entrepreneur de faire davantage d'affaires. Par contre, si cet entrepreneur augmente son prix, il est tout aussi vraisemblable de supposer que les autres firn1es n'aug1uenteront pas le leLu- pour la cause, avec la conséquence qu'il risque de perdre ainsi une partie in1portante de sa clientèle au bénéfice de ces dernières. Supposons que E représente la position initiale (p1ix et quantité produite) d'une fun1e sur un marché d'oligopole. Si cet entrepreneur accroît son prix, sa demande est alors fortement élastique. S'il diminue son prix, sa demande est plus rigide puisqu'il est admis que, dans ce cas, les firmes rivales réagissent en baissant leur prix à leur tour. Ce pli de la courbe de demande implique une discontinuité verticale de la courbe de recette 1narginale qui adopte la position ACC'B'. Admettons maintenant que pour une raison ou pour une autre, la courbe de coût marginal de cette finne vienne à se déplacer. Tant qu'elle continue à intersecter la courbe dle recette marginale le long du seg1nent CC', il n'en résulte aucune modification de la position d'équilibre de la firme. Une courbe de detnande coudée reposant sur des hypothèses très réalistes quant au comportement qu'adopteront les finnes rivales dans le cas d'une variation du prix B B' q figure 9.3 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence monopolistique et f'o/i9opole 193 d'une des finnes de la branche, peut contribuer à expliquer la rigidité des prix d'oligopole par cotnparaison avec la flexibilité des prix sur d'autres fonnes de marché. 9.2.6 La collusion tacite Nous avons vu que les firmes forma11t un oligopole ont i.ntérêt à coopérer si elles sou­ haitent fixer un prix proche du prix de monopole. Nous avons cependant ajouté que, géné­ ralem.ent, des dispositions réglementaires empêchent les firmes de coopérer ouve1tem.ent. Mais coopérer ne signifie pas nécessairement se grouper dans un caitel ou dans un trust bien réglementé. Coopérer ne veut même pas dire organiser une réunion informelle et s'entendre pour fixer un prix commun proche du p1ix de monopole. On observe en effet égalen1ent des situations dites de collusion tacite entre firmes. En raison d'expériences passées, les finnes peuvent fort bien reconnaître qu'il est de lew· intérêt d'éviter autant que possible toute attitude de rivalité et, sans qu'il y ait de contraintes formelles, peuvent dès lors décider spontanément de respecter ce1taines règ.les de bonne conduite les unes envers les autres. Tacitement, elles finissent par adopter une ligne de conduite comn1une tendant à éviter que se déclare entre elles une guerre de p1ix sans cependant renoncer à leur autonomie en matière de décision. Entendons-nous bien. Ceci ne signifie pas gu 'il n'y aitjan1ais de situations de col­ lusion ouverte entre les firmes pour fixer de commun accord une production et un prix plus avantageux pour toutes. Nous disons tout siinplement qu'il peut fort bien y avoir collusion sans qu'il y ait collusion ouverte. La collusion ouverte suppose q11e chaque firme accepte de négocier de manière fonnelle ou informelle avec ses rivales. Au terme des négocia­ tions, chacune de ces fi1111es peut perdre une partie de son indépendance en matière de p1ise de décision mais recueillir en contrepartie un certain nombre d'avantages tels que, par exemple, la garantie d'une part donnée du profit de l'ensemble des finnes négociant ou tnême, plus modestement, la garantie de ne pas voir se déclencher de guetTe de prix qui risque de lui être fatale. En collusion tacite, répétons-le, chaque firme garde son autono­ mie en 1natière de décision. En collusion tacite aussi, les finnes font généralen1ent confiance à l'une d'entre elles qui joue un rôle directeur en 1natière de fixation des prix. Cette finne est soit une firme do1ninante, entourée, dans sa branche, d'autres finnes beaucoup plus petites qu'elle, soit une fi1me barométrique dont les autres reconnaissent l'aptitude à juger l'évolution du marché. 9.2.7 Le cartel Le cartel représente la fonne extrên1e de collusion ouverte. Un petit notnbre de finnes, vendant un produit homogène, se réunissent dans l'objectif de inaximiser leurs profits joints. L'organisme central du cartel décide quelle quantité produire globalement et à quel prix, coilllnent allouer cette production entre les membres et, problè111e plus délicat, com­ n1ent répartir entre les différentes firmes le profit total ainsi réalisé. Laissons de côté la question de la répartition du profit, qui est essentiellement un problème de négociation, et demandons-nous conunent réaliser la n1aximisation des profits joints et la répartition, entre les firn1es, des quotas de production. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 194 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Envisageons, par simplicité, le cas d'un cartel fonné uniquement de deux finnes, A et B : qA est la production de la firme A et q8 celle de la firme B. Puisque les firmes en question produisent et vendent un bien parfaitement homo­ gène, le prix de ce produit dépend du montant global des ventes des deux firmes : Par ailleurs, le coût total du cartel est égal à la son1me des coûts de chaque firme : L'objectif du catie!, avons-nous dit, est de maximiser le profit total des firmes le formant. Tl s'agit, par conséquent, de maximiser : n(qA, qs) = P(q) . q - CT"(qA) - CTB(qB) = P(q) . (qA + qB) - CTA (qA) - CTB(qB) 9.2.7. 1 La répartition de la production entre les firmes Nous fixons le volun1e de production du cartel, q0, et cherchons à détenniner sa répartition entre les deux firmes, A et B. Puisque le volume de production du caiiel est fixé, le prix l'est également ainsi que la recette totale : Si cet ensetnble de finnes souhaite n1axi1niser le profit joint, il doit veiller à tnini­ tniser son coût total : Minimiser : CT( qA) = CTA(qA) + CTa(qa) = CTA(qA) + C Ta(qo - qA) En égalant à 0 la dérivée première de cette fonction de coût, C TA dC Ta _ _ d dCT ( 1) _+ dqA dqA dqB = 0 Donc : Pour n1aximiser son profit, quel que soit son volume de production, le caitel doit faire en sorte que le coût marginal de chaque finne le formant soit identique. Ce résultat se comprend aisé1nent de façon intuitive. Tant que cette règle de répar­ tition de la production du cartel n'est pas respectée, l'organe central a tout intérêt, pour minimiser le coût total, à transférer des unités de produit de la firme dont le coût 1narginal Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence monopolistique et f'o/i9opole 195 est le plus élevé vers celle dont il est le plus faible. Le coût marginal de chaque firme finit ainsi par être identique. 9.2.7.2 Le volume de production du cartel Reste à déterminer la production du cartel. Puisqu'à tout mo1nent le coût n1argiJ1al de chaque firn1e doit être identique, la courbe de coût niarginal du cartel s'obtient simplement en faisant la somme horizontale des courbes de coût marginal de chacun de ses membres. Connaissant la courbe de demande et la courbe de coût marginal du cartel, ('organisme central, agit alors comme tout monopole en augmentant la production jusqu'au moment où le coùt marginal est égal à la recette rnarginale. Graphiquement, si le cartel est formé de trois firn1es dont les courbes de coût n1arginal sont respectiven1ent Cm1, C1n1 et Cm3, la cotirbe de coût n1arginal du cartel est représentée par la somme horizontale de ces trois cow·bes. La production penn ettant de n1aximiser le profit total du cartel est q0 et est vendue à un prix P0. La production de cha­ cune des fu111es calculée en égalant leurs coûts nrnrginaux respectifs, vaut donc : Reste la question de la répartition du profit global du cartel dont nous avons dit qu' il s 'agit d'un problème de négociation. Chaque firme gardera-t-elle son profit dépen­ dant directe1nent du quota de production qui lui aura été attribué, ou, au contraire le profit , du cartel sera-t-il réparti entre les firn1es suivant des règles d'affectation spécifiques p ? A Cm B' B q Figure 9.4 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 196 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Le choix de telles règles risquera en tout cas de créer de nombreux conflits et dépendra notan11nent de la capacité de négociation de chacune des firmes. Chaque cas aura sa propre solution et il n'existe pas de 1néthodes toutes faites permettant de résoudre à coup sûr un problème tel que celui-ci. ANNEXE 9.1 Les décisions à prendre par l'organe central du cartel s'obtiennent aisément en dérivant la fonction de profit de ce cartel successivement par rapport à qA et q8• En effet, puisque n(qA ,qn) = P(q) · (qA +qn)-CT4(q )-CTn(qn) = RT(q)-CTA (qA ) -CTB(qB) .. drr.(qA,q8) dRT(q) dq dCT(qA) dq = = R - Cm = O 111 A dn(qÂ,q8) = dRT(q) dq dCT(q8) dq dq8 dq8 dqB = R - Cm8 = 0 ---- · - - ---- ltl Par conséquent, pour maximiser le profit du cartel : RÉSUMÉ CONCURRENCE MONOPOLISTIQUE 1 . En concurrence monopolistique, les vendeurs, tout aussi nombreux qu'en concur­ rence parfaite, offrent un produit différencié. Dans l'esprit de l'acheteur tout au moins le produ it d'une firme n'est pas le substitut parfait de celui d'une autre firme. , 2. Tout en étant inclinée vers le bas, la courbe de demande de chaque firme demeure cependant fortement élastique. Même si les firmes sont trop petites pour pro­ voquer individuellement une réaction de leurs rivales, cette courbe de demande dépend toutefois du comportement de l'ensemble des firmes de la branche. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence monopolistique et f'o/i9opole 3. 197 la publicité permet au concurrent monopolistique de renforcer le contrôle sur son prix en accentuant la différenciation des produits et de s'approprier une plus grande partie de la demande adressée à l'ensemble de la branche. 4. À long terme, le profit réalisé par les firmes d'une branche y attire de nouvelles entreprises. Chaque firme voit sa demande se réduire jusqu'au moment où, le prix étant égal au coût moyen, le profit a disparu. Chaque vendeur produit cepen­ dant trop peu ce qui entraîne des gaspillages. OLIGOPOLE 5. 6. 7. En oligopole, un petit nombre de vendeurs se partagent le marché en produisant tous un article absolument identique ou en offrant un bien quelque peu différen­ cié. Chaque firme est suffisamment importante pour entraîner une réaction des firmes rivales. Tout dépend, cependant, de ce qu'est effectivement cette réaction. lorsque la demande se répartit seulement entre deux entreprises, il s'agit d'un duopole. Peu de firmes se partagent le marché lorsque le volume de production, assurant la minimisation du coût moyen, correspond à une part importante de Io demande adressée à la branche. On cite d'autres raisons à l'apparition d'oligopoles : les barrières à l'importation, les brevets, les comportements stratégiques des firmes existantes, . . . 8. Il est préférable, pour les firmes opérant sur un marché d'oligopole, de coopérer plutôt que d'adopter une attitude de rivalité. Le risque existe, toutefois, de voir certaines firmes ne pas respecter les règles du jeu et essayer de profiter de la situa­ tion à leur seul avantage. 9. le duopole de Cournot conduit à un équilibre non coopératif stable. Chaque firme maximise son pro·fit en faisant l'hypothèse que la firme rivale main­ tient inchangé son volume de production. Le prix d'équilibre est cependant supé­ rieur au coût moyen. 10. la théorie de la demande coudée explique la forte stabilité des prix en oli­ gopole par comparaison aux outres formes de marchés. lorsqu'une firme augmente son prix, la demande est très élastique puisque les firmes rivales ne réagissent pas ; quand elle le diminue, la demande est plus rigide étant donné que les autres firmes baissent, à leur tour, les leurs. Il en résulte une discontinuité dans la courbe de recette marginale. 1 1 . À côté de cas de collusion ouverte où les firmes se rencontrent et décident de leur stratégie en commun, on observe fréquemment des situations de tacite. collusion En raison d'expériences passées, les firmes reconnaissent qu'il est de leur intérêt d'éviter toute attitude de rivalité. Ellles font confiance à l'une d'entre elles, la firme dominante ou la firme barométrique, pour fixer le prix commun à toutes. la firme dominante est celle qui, entourée d'un groupe de petites firmes compé­ titives, s'approprie une part importante de la demande de la branche. Par contre, la Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 198 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE firme barométrique est celle en qui on reconnaît une aptitude toute particulière à prévoir l'évolution du marché. 12. le cartel est la forme extrême de collusion ouverte. les firmes se réunissent dans l'objectif de maximiser leurs profits joints. La production du cartel se répartit entre ses membres de manière telle que le coût marginal de chaque firme soit identique. Pour la déterminer, on veille à égaler le coût marginal combiné et la recette marginale. Le prix dépend1 dès lors, de la demande adressée à la branche. EXERCICES PROPOSÉS 1. On connaît le barème de coût total de concmTence monopolistique : à long terme d'une finne représentative d'un marché Coût total à LT Production 18 2 26 3 30 4 36 s 44 6 54 7 70 8 96 a) Parmi les équations suivantes, laquelle est-elle susceptible de représenter la demande adressée à cette finne en une situation d'équilibre de long terme ? P= 20-2Q P= 1 6 - 2Q P = 12 - 2Q. Que sont, en cette position d'équilibre. le prix pratiqué et la quantité de produit vendue par la firme ? b) Comparez ce prix et cette quantité avec ceux qu'aurait réaLisés la finne si, dans les mêmes conditions de coût, elle avait opéré sur un marché de concurTence parfaite. 2. Deux firmes, A et B, forment un duopole. Deux stratégies s'offrent à elles en matière de prix : fixer un prix élevé ou adopter une politique de faible prix. Le tableau ci-dessous exprime le profit de chaque firme pour chaque stratégie compte tenu de la stratégie de la firme rivale : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo concurrence monopolistique et f'o/i9opole 199 Déterminez x de manière telle qu.e la firme A ait une stratégie dominante et qu'il soit toujours plus avantageux pour chaqu·e firme de coopérer que d'adopter une attitude d.e rivalité. 3. Deux firmes forment un cartel et se fixent comme objectif de maximiser leurs profits joints. On connaît les courbes de coût total de ces finnes : Finne B Firme A Vol. de production Coût total Vol. de produ<tion Coût total 0 30 0 20 30 35 2 45 2 50 3 60 3 80 4 80 4 120 5 lOS 5 170 6 13S 6 230 7 170 7 300 On connaît aussi la demande du 1narché pour leur produit : le volume de production du cartel. P = 140 - l OQ, où Q représente Calculez le profit du cartel si les pouvoirs publics lui imposent un prix maximum de 50. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LES MARCHÉS DE FACTEUR DE PRODUCTION 1O.1 10.2 10.3 10.4 10.5 10.6 10.7 Mesure de l'inégalité dans fo répartition des revenus La demande de facteur de production L'offre de facteur de production La formation du prix d'un facteur de production sur un marché de concurrence parfaite Le monopsone La rente économique La négociation salariale et l'action des syndicats Sommaire 202 204 209 211 214 217 220 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 202 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Nous consacrons ce chapitre à étudier la façon dont se fixent les p1ix des facteurs de production et, principalement, celle dont se déterminent les taux de salaire. Le problème, qui se pose ici, est celui de la répaitition. La formation des pri x des facteurs explique, dans une large mesure, les différences individue lles de revenu. Même si on ne peut nier les opérations de redistribution des revenus, la quantité de biens et de services que chacun peut acquérir est large1nent liée à la rémunération obtenue par les facteurs de production qu'il détient. Par ailleurs, nous avons vu que ce sont les p r ix relatifs des facteurs de production qui détenninent la technique de production utilisée par la firme pour produire. 1 0.1 MESURE DE L'INÉGALITÉ DANS LA RÉPARTITION DES REVENUS En définissant la courbe de Lorenz et l ' ind ice d 'inégalité de Gini, nous allons voir co1n­ ment il est possible, en pratique, de mesurer la plus ou moins grande inégalité de la répar­ tition des revenus (ou de la fortune) dans une éconon1ie. À titre d'exemple, adn1ettons que les revenus soient réprutis de la façon suivante dans cette éconon1ie (on classe les individus fonnant la population étudiée par ordre croissant de revenu) : Tableau 10.1 Pourcentage de Io population Pourcentage du revenu 0 0 20 s 40 lS 60 30 80 so 90 70 100 100 Que signifie cet exen1ple ? Que, dans cette écono1nie, les 20 o/o d'individus les 5 % du revenu global, que les 40 % d'individus les plus pauvres perçoivent 15 % de ce revenu, et ainsi de suite. . . Mais aussi, que les 10 % d'individus les n1ieux lotis se partagent 30 o/o du revenu du groupe et que la moitié de ce revenu est détenu plus mal lotis perçoivent par, seulement, 20 % de la population. Nous représentons ce cas par la figure 10.1 où nous 1nesurons en abscisse le pour­ centage de la population et en ordonnée celui du revenu. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 203 % du revenu 100 ....-��� A 75 50 25 courbe de répartition effective du revenu 0 25 50 75 B 100 % de la population Figure 10.1 L'arc de courbe OA représente la répartition effective du revenu dans l'économie en question. Le segtnent de droite OA représente, pour sa part, ce que serait cette distri­ bution si le revenu y était réparti en parts égales entre les individus, donc ce que serait la répartition du revenu dans le cas de l ' égalité absolue (20 % des individus se répartiraient 20 % du revenu, 50 %1 des individus se répartiraient 50 %1 du revenu. . . ) . L 'inégalité relative de la répartition du revenu (indice d'inégalité de Gini) se mesure par le rapport entre 1 'aire de la surface hachurée comprise entre la droite d'égalité absolue et la courbe de répartition effective du revenu et ! 'aire du triangle OAB. Dans le cas d'une répartiüon parfaitement égalitaire du revenu, cet indice d'inégalité relative serait nul puisque la courbe de répartition effective du revenu se confondrait avec la droite d'égalité absolue. Par contre, à ! 'autre extrême, si un individu disposait de l'ensemble du revenu du groupe, celui des autres i11dividus étant donc nul, la répartition effective serait représentée par le pourtour OBA et l'indice d'inégalité serait égal à 1 . Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 204 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 1 0.2 LA DEMANDE DE FACTEUR DE PRODUCTION On déterminera ici com1nent les producteurs adapteront la quantité employée d'un facteur de production à une variation de son prix. Plus particulièreLnent, on s'intéressera à 1'effet d'une n1odjfication des taux de salaire sur l'utilisation du travail. 10.2. 1 Le produit marginal en revenu d'un facteur de production Nous envisagerons, dans un premier temps, une situation de court tem1e (le stock de capi­ tal de la firme est fixe et vaut KcJ Une firme, dont l'objectif est de maximiser le profit, acquiert les unités de travail (L) qu'elle utilise à un taux de salaire fixe donné, PL (coLnme nous le verrons, Je n1arché du travail est, dans ce cas, un marché de concunence parfaite). PL inclut aussi les charges, sociales et autres, liées à l'utilisation du travail. Intuitivement, on peut ad1nettre que tout entrepreneur acceptera d'utiliser un tra­ vailleur supplén1entaire tant que la contribution de celui-ci à sa recette totale sera supé­ rieure, ou au moins égale, à son coût. La fonction de profit de cette firme s'écrit : Elle fixe son nombre de travailleurs de manière à maxüniser cette fonction de profit : dn(L) = ( + q dP)- dq P P dL dq dL L = Rm · P m phys L - Pl = 0 Comme il cherche à retirer le profit maxi1num de son activité, notre entrepreneur acceptera d'embaucher des unités supplémentaires de travail jusqu'au mon1ent où : P,, = Rm . P m phys L = P m rev L. Puisque chaque unité de travail perçoit le inême taux de salaire, PL représente le coût, pour la firme, de l'engagement d'un travaiJaeur supplémentaire. Le produit n1arginal en revenu du travail exprime, pour sa part, la contribution de ce travailleur à la recette totale de cette firme. Égaler le taux de salaire au produit marginal en revenu du travail conduit donc à engager des unités de travail jusqu'au moment où la dernière unité utilisée rapporte exac­ tement à la finne ce qu'elle lui coûte. S i la firme vend sa production sur un marché de concurrence parfaite ou, de façon plus générale, à un prix fixe, Je prix constitue pour elle une donnée (Rm P) et : = PL = P . P m ph:ys L = P m val L. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 205 Une autre démarche conduit au même résultat en raisonnant, cette fois, dans l'hy­ pothèse où la firme peut adapter la quantité qu'elle emploie de chaque facteur de produc­ tion. Nous avons vu que, tant que cette fume se situe à long terme le long de son cbe1nin d'expansion, il est optitnal pour l'entrep1·eneur de co111biner les facteurs de 111anière telle que le produit marginal obtenu par le dernier eLLrO dépensé pour chaque facteur soit iden­ tique. Par conséquent, Or chacune de P m phys pl ces fractions L P m phys K PK vaut l'inverse du coût marginal de production. Tl s'ensuit que : Pl = P m phys L . Cm PK = P m phys K . Cm. Puisque nous avons inontré que tout entrepreneur, qui se fixe c01nme objectif de maximiser son profit, qu'il soit concurrent parfait ou concurrent imparfait sur le n1arcbé des produits, a intérêt à produire jusqu'au moment où sa recette 1narginale (Rm) est égale à son coût marginal : P1_ = P m phys L . Rm = P m rev L PK = P m phys K . Rm = P m rev K. Lorsque l'entrepreneur vend son produit à un prix fixe, sa recette marginale est égale au prix du produit et le produit 111arginal en revenu se confond avec la productivité marginale en valeur du facteur. Quand, au contraire, le prix dinùnue lorsqu'il accroît ses ventes, la courbe de demande pow· le bi·en qu'il fabrique cesse d'être parfaitement élas­ tique par rapport au prix de telle n1anière que la recette marginale dintinue plus rapide1nent que le prix. 1 0.2.2 La demande individuelle de facteur de production Imaginons qu'au sein d'une firme, la productivité nlarginale en revenu du travaiJ évolue en fonction du n01nbre de travailleurs embauchés de la façon déciite par le barèine ci-des­ sous (tableau 10.2). Pourquoi le produit marginal en revenu du travaiJ diminue-t-iJ lorsque la firme emploie des travailleurs supplétnentaires ? Tout d'abord, si on admet l'hypothèse des ren­ dements marginaux décroissants, parce que la productivité marginale physique du travail est alors décroissante. Mais aussi, parce que, à rnoius que J 'entrepreneur vende son produit à un prix fixe, sa recette marginale diminue au fur et à 1nesw·e que sa production augmente. À un taux de salaire de 30, notre entrepreneur n'engage que 3 travailleurs. En d'un quatrième ou d'un cinquième travailleur lui coûterait plus cher que ce qu'il lui rapporterait. Au taux de salaire de 20, il engagerait cependant 4 travailleurs. effet, l'engagement Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 206 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Tableau 10.2 P m rev. L Nbre de travailleurs 60 45 35 24 16 10 2 3 4 5 6 En effet, la contribution du quatrième travailleur à la recette totale de la finne serait alors supérieure à son taux de salaire. Un entrepreneur emploiera des unités supplémentaires d'un facteur de production (Je travail ou le capital, peu importe) tant que le produit marginal en revenu tiré des unités de ce facteur est supérieur ou égal à leur coût. Il aw·a donc tour intérêt à utiliser chacun des facteurs disponibles jusqu'au moment où le produit de la recette marginale et de la produc­ tivité marginale physique du facteur sera just·e égal à son prix. Toutes les unités utilisées d'un facteur de production recevront alots une rémunération égale au produit n1arginal en revenu de la dernière unité employée de ce facteur. La courbe de demande d'une firme portant sur un facteur donné se confond, par conséquent, avec la courbe de produit marginal en revenu qu'elle obtient au inoyen de ce facteur. La quantité que la finne. de1nande d'un facteur de production est une fonction décroissante de son prix si le produit marginal en revenu diminue lorsque la quantité e1nployée du facteur augmente. Une des deux conditions suivantes doit alors, au moins, être satisfaite : • les rendements marginaux physiques sont décroissants ; • la recette marginale de la fim1e est une fonction décroissante de la quantité de produit écoulée sur le 1narché, ce qui est généralement de règle en concurrence ùnparfaite (encore faut-il que les renden1ents marginaux ne soient pas croissants auquel cas 1 'évo­ lution du produit nrnrginal en revenu serait indétemùnée). La figure L 0.2 représeote la demande de travail d'uoe firme individuelle. La dis­ tance verticale en dessous de cette courbe es.t égale, pour chaque unité de travail, à son produit marginal en revenu ou à sa productivité inarginale en valeur lorsqu'elle écoule son produit, sur le inarché, à un prix fixe. Lorsque le taux de salaire est de PLI ' la fh111e e1nploie L 1 travailleurs. Ceci signifie que le produit n1arginal en revenu du L:m• travaiUeur est égal à Si le taux de salaire diminue jusqu'à PL2, Pl 1• la firme est alors susceptible d'utiliser des unités supplémentaires de travail dont le produit marginal en revenu est supéiieur ou égal à PL2, mais inf érieur à Pii· Elle de1nande à employer L2 travailleurs. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 207 Taux de salaire PL2 _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 1 1 1 1 1 1 L 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 _ _ _ _ _ _ _ Quantité demandée de travail figure 10.2 1 0.2.3 La demande de facteur de production du marché Reste à se demander con1me11t tracer la courbe de dernande du marché pour un facteur donné. Tout sin1plement en faisant la som1ne bo1izontale des courbes de demande indivi­ duelles de chacune des firmes pour ce facteur. Si chacune des cou.rbes de de1nande indi­ viduelles est décroissante, ce sera bien entendu égale1nent le cas de la courbe de demande du n1arché. 1 0.2.4 La demande de facteur de production est une demande dérivée Nous avons déduit la courbe de demande d'une firme pour un facteur de production de la courbe de productivité marginale en revenu de ce facteur. Nous avons aussi défini la productivité marginale en revenu cointne le produit de la productivité marginale physique du facteur et de la recette marginale de la firme. Lorsque le produit marginal en revenu (ou la productivité marginale en valeur) de toute unité de facteur de production que la firme emploie augmente, la courbe de de1nande pour ce facteur se déplace vers le haut et vers la droite (à prix donné, la demande pour le facteur augmente). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 208 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Prix du facteur p � Quantité demandée du facteur Q Figure 10.3 Ce peut être !'effet d'une plus grande productivité du facteur en question, et donc d'une augmentation de sa productivité marginale physique. Nous y viendrons plus loin. Ce peut être aussi le résultat d'une aug1uentation de la recette tnarginale de la firme (ou de son prix, si elle écoule son produit à un prix fixe). Par conséquent, toute aug1nentation de la demande des consonlffiateurs pour le produit de la firme se traduit par une augn1entation du produit marginal en revenu, et donc de la de1nande pour .les facteurs de production qu'elle emploie. Quel que soit Je prix du facteur, la finne est prête à en demander plus. Nous savons également que, dans le long terme, il est optimal pour chaque entre­ preneur de combiner les facteurs de production qu'il utilise de manière à se situer constan1ment le long du chemin d'expansion de la firme. La position exacte occupée le long de ce chemin d'expansion dépend de la demande exprimée par les consom1nateurs pour le produit de cette firme ainsi que des caractéristiques du marché sur lequel elle l'écoule. La quantité de chacun des tàcteurs de production qui sera utilisée dépend, dès lors, indirecte­ ment de la demande des cons0111mateurs pour les produits finaux. Lorsque les firmes formulent une de111ande portant sur un facteur de production, elles le font parce que ce facteur les n1ettra en n1esure de produire un bien que les cons0111mateurs accepteront d'acquérir dans le présent ou dans l'avenir. La den1ande portant sur un facteur de production dérive donc (de là, l'expression « demande dérivée ») des désirs, exprimés par les consommateurs, portant sur les biens finaux. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 209 1 0.3 L'OFFRE DE FACTEUR DE PRODUCTION 1 0.3. 1 La courbe d'offre d'un facteur Généralement, la courbe d'offre d'un facteur de production est croissante. Plus le prix de ce facteur augmente, plus la quantité qui en est offe11e augmente également (voir figure 10.4). Le tableau 10.3 représente une offre croissante pour w1 type de travail donné dans une région déterminée (mais ce que nous disons ici est vrai aussi pour les autres types de travail et, de façon générale, pour les autres facteurs de production, à savoir les biens de capital ou la teJTe). Tableau 10.3 Nombre de personnes offrant leur travail Salaires journar.ers 800 500 900 700 1.000 1.000 1100 1.300 1.200 1.500 1.300 1.600 1.400 1.650 À un taux de salaire trop bas, aucun travailleur n'accepte de s'engager sur un 111arché du travail donné. Parce qu'il lui est possible de trouver un travail inieux rétnunéré sur un autre 1narché. Ou, parce que, au taux de salaire proposé, il peut obtenir, dans une autre branche, un emploi plus agréable ou plus confortable. Ou encore parce que, à ce taux de salaire, il préfère peut-être ne pas travailler. Dans notre exemple, à un salaire inférieur à 800, l'otîre de travail est nulle. Lorsque Ie salaire est égal à 800, 500 travailleurs se présentent alors qu'à un taux de salaire de 900, ! 'offre de travail est de 700 travailleurs. Admettons que les entrepreneurs souhaitent engager 1 .000 personnes sur cc n1arché. fis devront alors consentir à payer à chactme d'entre elles un taux de salaire de 1 .000. Notons-le bien. À chacune d'entre elles. Aussi bien aux travailleurs qui n'acceptent d'offrir leurs services sur ce inarché qu'à un taux de salaire de 1 .000 qu'à ceux qui accep­ taient d�jà de travailler à un taux de salaire de 800 ou de 900. Tout comme les producteurs écoulent sur le marché, au même prix, toutes les u11ités, parfaitement identiques, du bien qu'ils produisent, y compris celles qu'ils étaient disposés à offrir à un prix inférieur, toutes les unités d'un 1nême facteur de production (ici, tous les travailleurs d'une nlê1ne qualification) perçoivent générale1nent une ré1nunération identique et cela même s'ils sont disposés à offrir leurs services à un prix moindre. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 210 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Prix du facteur Quantité offerte du facteur Figure 10.4 De façon générale, nous l'avons dit, l'offre de facteurs de production est crois­ sante. Certaines exceptions existent cependant. 10.3.2 L'offre clu facteur terre Le trait caractéristique de la terre consiste dans La fixité absolue de son offre. Sa quantité disponible ne peut être ni accrue en réaction à une hausse de prix, ni cti1ninuée à la suite du fléchissement des revenus qu'elle procure. On dira de la terre que son offre est parfai­ tement inélastique dans la mesuTe où quel que soit son prix (le prix de la terre est appelé « rente »), la surface disponible reste constante et fixée par la nature. Prix de la terre (rente) offre du facteur terre O Quantité de terre disponible Figure 10.S Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 211 1 0.4 LA FORMATION DU PRIX D'UN FACTEUR DE PRODUCTION SU'R UN MARCHÉ DE CONCURRENCE PARFAITE 1 0.4. 1 L'équilibre de marché Sur un 1narché de concurrence patfaite, aucun offreur n i aucun de1nandeur d'un facteur de production ne peut, par son seul comportement, en influencer le prix. Aucun entrepreneur n'acquiert une quantité suffisatmnent grande du facteur pour pouvoir en influencer le prix, alors que les offreurs de ce facteur sont trop petits et trop inorganisés pour pouvoir agir sur son prix. Par ailleurs, on retrouve ici la relation impersonnelJe entre acheteurs et vendeurs que 1 'on rencontrait, en concurrence parfaite, sur un marché de produit. En concurrence paifaite, le prix du facteur, fixé sur 1e 1narché, s'impose à chaque fim1e qui y adapte la quantité qu'elle en utilise. À la figure 10.6, le prix du facteur se fixe au point d'intersection (P0,q0) de la courbe de demande et de la courbe d'offre pour ce facteur. En effet, tant que le prix est infé1ieur à P0, la demande est supérieure à l'offre de telle sorte qu'une surenchère s'opère qui fait monter le prix du facteur. Lorsqu'il est supérieur à P0, l'offre est supérieure à la demande et le ptix du facteur de production tend à diminuer. Le prix fom1é par la rencontTe de l'offre et de la de1nande du marché s'impose à chaque furne individuelle qui détennine alors la quantité qu'elle utilise du facteur en égalant ce prix au produit marginal en revenu. p p qo Marché q q'o q Firme individuelle Figure 10.6 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 212 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE 10.4.2 Une variation cle /'offre et cle la clemancle Plus un facteur de production devient abondant (plus son offre augmente), plus son prix diminue et plus les producteurs l'acquièrent en grande quantité (figure 10.7). Par ailleurs, si pour une raison ou pour une autre, la demande pour le facteur de production augmente, son prix aug1nente égalen1ent (dans ce cas, la courbe de produit marginal en revenu de la firme individuelle se déplace aussi vers la droite). Par conséquent, dans une économie de tnarchés concurrentiels, les prix des fac­ telu-s de production et la répartition du revenu ne sont pas détern1inés de façon arbitraire. Il existe des forces bien définies d'offre et de demande dont l'action assure des revenus éle­ vés aux facteurs rares qui contribuent beaucoup à la production des objets désirés par les détenteurs de pouvoir d'achat. Cependant, dès qu'un facteur devient abondant, dès qu'on découvre d'autres facteurs substituts rendant plus ou moins les mêrnes services que lui ou encore dès que les biens qu'il sert à produire cessent d'être désirés par les consommateurs, son prix tend à baisser. p p PmR 0 Pa 0---;�- ' ---------------- ----------------------------�o--i--01 o� � P1 ---------------------- ---- --------------------- -+----�---0 Marché q'o q q Firme individuelle Figure 10.7 1 0.4.3 La fixation c/'un taux cle salaire minimum Qu'advient-il dans une éconotnie de marchés concun-entiels si on fixe un prix minimun1 pour certains facteurs de production ; notanuuent, lorsqu'à la suite d'une négociation sala­ riale ou d'une décision des pouvoirs publics, on fixe un taux de salaire minimum, Pi*, sur un marché du travail donné ? L'offre de travail est alors supérieure à la demande : on observe une offre excédentaire de travail (Ls - LD). En d'autres termes, il apparaît, pour ce type de travail, un chômage involontaire (figure J 0.8). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 213 Taux de salaire _ _ _ _ _ 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 J. _ _ _ _ _ _ _ _ L (nombre de travailleurs) Figure 10.8 1 0.4.4 Les marchés du travail. Les différences salariales On constate que les salaires attribués aux diverses catégories de travailleurs sont loin d'être tous identiques. Il en est ainsi parce qu'il n'existe pas un 111arché du travail unique mais un grand nombre de marchés du travail, entrant ce1tes en concurrence les uns avec les autres, mais demeurant cependant indépendants dans une certaine 1nesure. Certaines des différences de salaires s'expliquent par les caractéristiques variées des emplois. Ceux-ci peuvent être plus -Ou 1noins agréables, ils peuvent être exercés de jour ou de nuit, dans des conditions plus ou moins salubres. À un taux de salaire donné, les travailleurs offrent plus volontiers leurs servjces à un entrepreneur leur proposant un travail agréable, qu'à un autre leur proposant un travail moins agréable. Il est donc néces­ saire de majorer certains salaires aux fins d'attii-er les travaillew·s vers les branches les moins attrayantes. Toutefois, on ne peut perdre de vue que beaucoup de différences salariales obser­ vées ont comn1e origine les qualités respectives des individus. Or celles-ci diffèrent énor­ mé1nent. Nous avons vu que l 'entrepreneur a intérêt à utiliser des travailleurs jusqu'au 1noment où le taux de salaire est égal au produit marginal en revenu du travail. Mais aura-t-il intérêt à employer un grand nombre d'ouvriers peu qualifiés qu'il paiera peu ou au contraire un plus petit nombre d'ouvriers plus qualifiés auxquels il octroiera un taux de salaire plus élevé ? Cela dépenma des caractéristiques du travail à effectuer et, dès lors, de l'impo1tance respective de la demande de travail dans l'un et dans l'autre cas ; cela dépenma aussi des conditions de l'offre de chaque type de travailleurs. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 214 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Ce dernier exemple ne peut que renforcer notre conv1ctJon. S'il existe un grand no1nbre de catégories hétérogènes de main-d'œuvre, dans la mesure cependant où un employeur peut décider d'e1nbaucher lin ouvrier très qualifié et bien payé ou, au contraire, un ouvrier moins qualifié et 1noins bien rén1unéré, dans la mesure aussi où des individus bien infonnés peuvent jusqu'à un certain point passer d'un marché du travail à L'autre, les différences de salaire entre les marchés tendant d'ailleurs à encourager de telles mutations, ces différentes catégories de travailleurs se font concurrence dans une large mesure. Finalement, des différences salariales apparaissent encore parce que des imper­ fections de la concurrence existent sur les marchés du travail. Les ouvriers sont loin d'être parfaitement renseignés sur les emplois disponibles et sur les salaires pratiqués sur les différents marchés. Certains entrepreneurs, corume DOUS le verrons, peuvent bénéficier d'un pouvoir de monopsone. Ou encore les syndicats ou autres ententes de travailleurs, ainsi que les lois fixant un salaire nùnimun1 peuvent aussi être responsables de certaines différences entre les salaires sur les différents marchés. 1 O.S LE MONOPSONE En concurrence parfaite, le p1ix du facteur constitue une donnée pour l'entrepreneur. Encore faut-il que tant les demandeurs que les offreurs de ce facteur soient trop peu puis­ sants pour pouvoir en influencer le prix par leur propre comportement. Toutes les condi­ tions de la concurrence parfaite sont rare1nent rencontrées sur les marchés de facteur de production, sur les n1archés du travail notan1111ent. Compte tenu des qualifications professionnelles de ce1tains travailleurs ou de leur manque de mobilité alors que les entreprises sont situées en des lieux différents, ces travailleurs n'ont parfois la possibilité que d'offrir leurs services à un petit nombre d'employeurs. Lorsque les travailleurs n'ont la possibilité de ne s'engager que chez un seul employeur, on se trouve dans une situation de monopsone : il n'y a qu'un seul ache­ tew· (un seul de1nandeur de travail) confronté à un grand nombre de vendew·s (un grand non1bre de travailleurs offrant leurs services). Un entrepreneur qui dispose d'un pouvoir de monopsone paiera-t-il le 1nême taux de salaire que celui que paieraient un ensemble de concurrents parfaits dans les n1êmes conditions d'offre et de demande ? Embauchera-t-il Je même nombre de travailleurs que celui qu'embaucheraient ces concurrents parfaits ? Nous allons voir que non. Puisque le monopsone est le seul de1nandew· (acheteur) d'un type donné de tra­ vailleurs, la courbe d'offre de travail à laquelle cet entrepreneur est confronté est crois­ sante. Ce n'est plus la courbe horizontale d'offre de travail de la firme individuelle que nous rencontrions en concurrence parfaite. Qud est, par conséquent, pour lui le coût de l'utilisation d'une unité additionnelle de travail ? Non seulement, le taux de salaire qu'il paie à ce travailleur supplémentaire, mais aussi l'augmentation du taux de salaire qu'il est contraint de payer aux autres travailleurs qu'il emploie. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 215 Revenons-en à l'exemple numérique que nous avons proposé plus haut : Tableau 10.4 Nombre de travailleurs Taux de salaire Coût salarial total Coût salarial marginal 500 700 1.000 1.300 1.500 1.600 1.650 800 900 1.000 1.100 1.200 1.300 1.400 400.000 630.000 1.000.000 1.430.000 1.800.000 2.080.000 2.310.000 1.150 1.233 1.433 1.850 2.800 4.600 Le coût salarial marginal (Csm) est le coût, pour l'entrepreneur, de l'engagement d'un t1·availleur supplémentaire : Csm. = .6 coût salarial total DL . En n1onopsone, il est toujours s11périeur au taux de salaire. En effet, le taux de salaire .à chaque unité de travail croît, nous l'avons vu, au PL(L) que le 1nonopsone paie fur et à mesure que cet entrepreneur engage des travailleurs supplé1nentaires : dPL - dL > O. Par conséquent, puisque le coût salarial total (CsT) est égal au produit du nombre de travailleurs rémunérés et du taux de salaire versé à chacun d'entre eux : CsT = PL (L)·L, Csm = dCsT dL dPL = Pl (L)+ L · - > PL (L). dl · Si l'objectif du monopsone est de maximiser son profit, il embauchera des unités supplémentaires de travail jusqu'au nnoment où le produit marginal en revenu du travail (ou la productivité 1narginale en valeur si cet entrepreneur écoule sa production à un prix fixe) sera juste égal, non plus cette fois au taux de salaire, 1nais au coût que représente pour lui l'unité marginale de travail, c'est-à-dire le coût salarial 1narginal. À court tenne (le stock de capital reste fixe et le coût du capital est donc une constante), la fonction de profit de ce n1onopsone s'écrit : rc(L) = P(q) q(L,K0) - P/L).L - C(K0), .. de telle sorte qu'il maximise ce profit si : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 216 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE ( ) -( P + L d�drc(L) = P + q · dP · dq dL dq dL i dl = (Rm · P m phys L )- Csm = 0 ) L'entrepreneur a donc tout intérêt à engager des unités supplén1entaires de travail jusqu'au nlotnent où : Csm = Rm . P m phys L = P m rev L. Si la firme écoule sa production à un prix fixe donné, Csm = P . Pm phys L = P m val L. Rm = P et : La figure 10.9, où la droite 0 représente l'offre de travail et la droite Csm le coût salarial 1narginal, illustre le con1portement du nlonopsone. Le 1nonopsone, égalant la demande de travail (le produit n1arginal en revenu ou la productivité marginale en valeur du travail) et le coût salarial marginal, embauche L0 tra­ vailleurs auxquels il paye un taux de salaire iw P Un ensemble de concurrents parfaits, dans les 1nêtnes conditions d'offre et de demande, auraient engagé un nombre de travailleurs L., supérieur à L0, percevant chacun un taux de salaire PL1 supérieur àPL0. -Nous ne pouvons cependant pas affirmeT que la courbe de demande de travail du inonopsone est absolu.ment identique à ce que serait la courbe de de1nande collective de Taux de salaire 0 L (nombre de travailleurs} figure 10.9 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 217 travail en concurrence parfaite (sur l e marché du travail) tant et si bien qu'il devient alors in1possible de c01nparer le niveau de l'en1ploi en n1onopsone avec celui qui aurait été obtenu en concurrence parfaite. 1 0.6 LA RENTE ÉCONOMIQUE 1 0.6. 1 La rente foncière Lorsque nous avons étudié la concurrence parfaite sur un marché de produit, nous avons vu que, n1ême dans le long ten11e, le profit anonnal de la firme ne finit pas toujours par disparaître. Un des argmnents que nous avions alors avancé était que les fi1mes d'une branche ne produisent pas toutes dans les n1êmes conditions de coût. Par exemple, com1ne le supposait Ricardo, lorsqu'on décide de s'adonner à la production de blé, on utilise tout d'abord les terres les plus fertiles ; nous les appellerons les terres de la catégorie A. Si toutes les teJTes de cette catégorie sont utilisées alors que la demande de blé continue à croître entraînant, par là, une hausse du prix du blé, on est atnené à utiliser ces teITes de façon plus. intensive et à y pousser la production jusqu'au mo1nent où le coût marginal est éga1 au prix. Mais, dans le même temps, on va aussi utiliser des terres un peu inoins fertiles, celles de la catégorie B. Bien entendu, le coût de production sera plus élevé sur les terres de cette dernière catégorie. Et si la demande de blé continue encore à augmenter? On utilise alors des terres de n1oins en moins fertiles. p p p p '1 CMB CmA q Marché CmC CmB qA q Cat. A q9 Cat. B q Qc q Cat. C Figure 10.10 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 218 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Cependant, qu'il soit produit sur les terres les plus fertiles ou les moins tèrtiles, le blé est toujours écoulé sur le 1narché au même prix. Il en résulte une rente pour les entre­ preneurs qui vendent ce bien à un prix supérietu· à leur coût de production 1noyen, donc pour ceux qui disposent des terres les plus fertiles. Ricardo fut le pionnier de la théorie écononlique de la rente. Pour lui, la rente est exclusiven1ent liée à la terre, c'est une rente foncière. Ce serait donc le revenu que perçoit le propriétaire en raison des qualités naturelles et indestructibles de cette terre. 10.6.2 La rente associée à la .détention de facteurs de production rares Cette première définition de la rente est cependant trop limitative. Une entreprise peut en effet fort bien bénéficier aussi d'une rente parce qu'elle dispose de ditigeants plus con1pétents ou de travailleurs plus qualifiés. Dans ce cas, la rétnLmération de ces facteurs de production finit par augmenter. Tl en va d'ailleurs de même du prix - implicite ou explicite - des teJl'es les plus fertiles dans notre exe1nple précédent. Aussi certains auteurs proposent-ils de la rente la définition suivante : il s'agit du prix d'un facteur de production rare dont 1'offre est complètement inélastique par rapport au prix. La terre, bien entendu. Mais aussi un travailleur ou un dirigeant particulièrement qualifié ou un artiste de alent. t Mais con11ne le prix de tout autre facteur de production, la rente n'en demeure pas moins détern1inée par la rencontre de l'offre et de la demande. Mê1ne si un facteur de production est rare et si son offre est complètetnent inélastique, son piix sera bas s'il est peu demandé. Co1nn1e le notait Adam S1nith, il est inexact de djre que le blé est cher Rente D 0 p• --------------- D 0 Quantité du facteur de production figure 10.11 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 219 parce que le prix de la tetTe est élevé. L'inverse, par contre, est plus cotTect. Le prix des terres à blé est élevé parce que le blé est cher et que, dès lors, la demande pour ces terres est elle-même importante. 1 0.6.3 Un surplus perçu par les détenteurs de facteurs de production dont l'offre n 'est pas parfaitement élastique On peut encore aller plus loin que ces deux pre1nières définitions de la rente en affirmant qu'il y a rente dès que l'offre d'un facteur de production n'est pas parfaitement élastique par rapport au prix. La rente serait, dès lors, un surplus économique pouvant échoir à certaines unités de facteurs de production dont l 'offre n'est pas parfaitement élastique par rapport au prix. Souvenons-nous de la courbe d'offre de travail. Dans l'exen1ple numérique présenté plus haut, nous avons supposé qu'elle est croissante. Nous avons ad1nis que 500 ouvriers acceptent d'offrir leurs services à la branche envisagée lorsque les salaires journaliers sont de 800. Cependant si les entrepreneurs, dans cette branche, désirent e1nployer 1.000 personnes, ils doivent payer à chacun de ces travailleurs un salaire égal à l .000. À chacun des travailleurs, aux travailleurs marginaux c0tnme aux autres, à ceux qui étaient déjà prêts à travailler pour un taux de salaire inférieur. Ces individus jouissent alors d'une rente ou d'un surplus égal à la différence entre le taux de salaire qu'ils perçoivent et celui auquel ils auraient accepté d'être en1bauchés, c'est-à-dire à Ja différence. entre leur taux de salaire et leur coût d' oppo1tunité, la rémunération qu'ils auraient pu obtenir dans le 1neilleur emploi alternatif possible. Dans notre exemple nlllnérique, la rente des 500 premiers ouvriers serait alors égale à 200. Grapbiquemeut, dans Je cas d'un marché du travail : Taux d e alaire s RLO Pu 0 . . . . . . . . .B .......... : ' ' ' 0 E ! · · · - · · - · ·: C D ' L (nombre de travailleurs) L·1 Figure 10.12 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 220 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE La rente du L;;"'0 travailleur utilisé dans la branche est représentée par le seg1nent BC, égal à la différence entre le taux de salaire PLO en vigueur dans cette branche et le taux de salaire PL; auquel il accepterait tout juste d'y offrir ses services. L'aire du triangle OPrnE représente la rente globale perçue par l'ensen1ble des travailleurs (la somme des rentes perçues par chaque travailleur) sur ce marché. Taux de salaire D L (nombre de travailleurs) Figure 10.13 Dès que l'offre d'un facteur est parfaitem.ent élastique, iJ est bien évident que toute rente disparaît. La figure 10.13 envisage le cas d'une offre de travail parfaitement élastique par rapport au prix. 1 0.7 LA NÉGOCIATION SALARIALE ET L'ACTION DES SYNDICATS Il n'est pas nécessaire de rappeler que, dans le n1onde actuel, les nrnrchés du travail dif­ fèrent grandement du n1odèle de la concurrence parfaite développé plus haut. Pour pht­ sietu-s raisons. Nous en avons déjà cité une, l'existence de 1nonopsones dans certaines branches ou dans certaines régions. On peut en avancer d'autres : • la viscosité ou la rigidité des salaires à la baisse. L'histoire a montré qu'en cas d'ac­ croisse1nent massif du chômage, les taux de salaire De fléchissent pas comnJe ils devraient le faire sur un marché concurrentiel. li n 'est guère possible en effet que, dans ces conditions, un chômeur prenne la place d'un travailleur possédant un emploi en acceptant un taux de salaire moindre. Et pourtant, ce serait là une condition nécessaire au bon fonctionnement du modèle concu1Tentiel ; Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production • 221 l'existence de syndicats de travailleurs négociant les salaires en leur nom. Dès lors, si chaque travailleur pris séparément s'avère incapable d'intluencer, par son propre co1nportement, le taux de salaire qu'il perçoit, lorsque ces travailleurs se regroupent en syndicats, les entrepreneurs se trouvent confrontés à une masse d'offreurs organisés disposant d'un fort pouvoir de négociation. À côté des imperfections du 1narché, que nous avons déjà notées, du côté de la den1ande de travail, l'apparition des syndjcats ouvriers introduit cette fois certaines imperfections du côté de l'offre. Une des raisons données pour justifier l'apparition des syndicats était d'ailleurs qu'il fallait donner un certain pouvoir de contestation aux travailleurs inorganisés, confrontés à des patrons financièrement puissants. 1 0.7. 1 Les stratégies de relèvement des salaires Tl n'entre pas dans nos intentions d'élaborer ici une théorie de la négociation salariale. La présentation d'une telle théorie se hewie d'ailleurs à divers obstacles qui tiennent au fait, qu'au sein du n1onde occidental, l'organisation syndicale est souvent différente d'un pays à l'autre. Nous souhaitons cependant noter quelques techJ1iques de relève1uent des salaires que les syndicats ont à leur disposition : 10.7. 1 . 1 La restriction de /'offre de main-d'œuvre Afin de réduire l'offre de travail, les syndicats peuvent réclamer diverses mesures au gou­ ven1ement : établir des barrières à l'immigration, approuver une législation fixant une durée maximu1n du temps de travail, allonger la scolarité ou la durée des apprentissages, fixer des « numerus-clausus » pour certai11es qualifications professionnelles, ... Taux de salaire L (nombre de travailleurs) 0 Figure 10.14 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 222 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Sur les nrnrchés du travail concernés, la courbe d'offre se déplace vers la gauche et intersecte la courbe de demande pour un taux de salaire plus élevé (celui-ci s'accroît de Plo à PL1). Si le taux de salaire a augmenté, le nombre de travailleurs engagés a cependant diminué. On constate que du fait de cette politique, un certain non1bre de travailleurs poten­ tiels, représentés par le segn1ent AB, sont privés d'emploi. 10.7. 1.2 La négociation cl'un taux cle salaire minimum Nous avons vu que si ce taux de salaire minimum est supérieLLr au taux d'équilibre du mar­ ché, il s'ensuit, sur un n1arché du travail de concurrence parfaite, un excédent de l'offre sur la demande de n1ain-d'œuvre. Sur la base du taux de salaire n1inimum imposé, les e1nployeurs embaucheront seule1nent le nombre de travailleurs dont ils auront besoin et tous les candidats en surnombre seront autonrntique1nent exclus de ce marché. Ceux-ci se towneront alors, éventuellement, vers d'autres 1nar<�hés sur lesquels un taux de salaire minimwn n'existerait pas. Cette politique a des effets identiques à ceux d'une politique de restriction de l'offre de main-d'œuvre. 10.7. 1.3 L'augmentation cle la clemancle cle main-cl'œuvre Toute politique encourageant la demande de main-d 'œuvre, et entraînant, alors, un dépla­ cement vers la droite de la courbe de dernande de travail, donne lieu aussi à une augmen­ tation des salaires. Les syndicats, en réclamant des droits de douane protecteurs ou, n1ême, en participant à certaines campagnes publicitaires des firmes conduiront à une augmenta­ tion de la demande des consommateurs pow· ]es [produits de ces firmes. En incitant les travailleurs à accroître leur productivité, ils permettront un abais­ sement des coûts de production et une augmentation du produit marginal en revenu de chaque unité de travail. Dans ce cas aussi, la demande de travail aug1nentera. L'argument suivant est souvent avancé par les organisations syndicales. L'accroissement des salaires faisant suite à LLne action syndicale entraînerait un tel accroissement de la productivité des travailleurs et donc un déplacement vers la droite de la demande de travail qu'au nouveau point d'équilibre, taux de salaire et nombre de travailleurs augmenteraient simultanén1ent. Sous l'effet des gains de productivité associés à des ré1nunérations plus élevées, la de1nande de travail aug1nenterait strffisainment pour pennettre une augmentation de l'emploi 111algré la hausse des salaires (figure Ces trois politiques sont utilisées l 0.15). à des degrés divers par les syndicats suivant les pays et suivant les époques. Souvent, en effet, ceux-ci se contentent de la négociation d'un taux de salaire minitnum ou de n1esures visant à limiter l'offre de main-d'œuvre n1ais parfois aussi, dans d'autres branches, dans d'autres pays ou contribuent à encourager, par leur politique, une augmentation à d'autres époques, ils de la denrnnde de travail des firmes. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production Taux de salaire 223 D' L, L (nombre de travailleurs) Figure 10.1 S 1 0.7.2 La négociation salariale Lorsqu'il négocie les salaires avec un grand nombre de petits entrepreneurs peu organisés, le syndicat bénéficie d'une sorte de pouvoir de 1nonopole. Cependant, dans le cadre de la négociation salariale, les syndicats sont générale­ ment confrontés à une ou à un petit non1'bre d'organisations représentant les en1ployeurs, dont le pouvoir de négociation est éga1e1nent in1portant. On se trouve alors dans une situa­ tion de 1nonopole bilatéral. La théorie économique ne peut pas prédire le résultat d'une telle négociation puisque si celui-ci dépend des conditions écononliques du mo1nent, il est également lié à une série d'impondérables ainsi qu'à la puissance de négociation respective des deux groupes en présence. Tout au plus peut-on citer quelques arguments qui seront avancés par l'une ou l'antre des parties dans Je cadre des négociations collectives. Dans le chef des syndicats, on mettra l'accent sur la hausse du coût de la vie tandis que les employeurs insisteront au contraire sur la nécessité d'une forte stabi­ lité des prix. On verra si l'entreprise et sa branche traversent ou non une période de prospérité et si elles disposent des capacités de paiement suffisantes leur pennettant de faire face à une aug1ne11tation des salaires. Les syndicats noteront l'évolution de la productivité dans le secteur et ils compareront les salaires qui y sont pratiqués avec ceux qui sont en vigueur dans les autres firmes de la région ou dans quelques secteurs Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 224 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE clés de l'économie nationale. Les de1nandeurs de travail marqueront leur volonté de voir les firmes demeurer compétitives et, dès lors, de ne pas voir croître de nlanière trop importante leurs coüts de production. Les organisations de travailleurs répondront qu 'en augmentant les revenus, on accroît aussi la demande de biens et de services adressée aux firmes. Il ne s'agit là, répétons-le, que de quelques-uns paroli les principaux arguments avancés au cours de négociations salariales. RÉSUMÉ 1 . Le produit marginal en revenu d'un facteur de production représente la contri­ bution d'une unité supplémentaire de ce facteur à la recette totale de la firme. Il est égal au produit de la recette marginale et de la productivité marginale physique du facteur. Lorsque la firme écoule sa production sur un marché de concurrence parfaite (à prix fixe) le produit marginal en revenu est égal à la productivité marginale en valeur. 2. L'entrepreneur qui acquiert les facteurs de production qu'il utilise sur des marchés de concurrence parfaite et qui cherche à maximiser son profit, finira par égaler le prix de ces facteurs et leur produit marginal en revenu (ou leur productivité margi­ nale en valeur si la firme est concurrente parfaite sur le marché des produits). 3. La courbe de demande pour un facteur de production dérive de la demande des consommateurs pour les produits que ce facteur contribue à fabriquer. Il s'agit d'une demande dérivée. 4. la courbe de demande pour un facteur de production est aussi la courbe de produit marginal en revenu obtenu au moyen de ce facteur. la quantité qu'une firme demande d'un facteur de production est une fonction décroissante de son prix lorsqu'elle connaît des rendements marginaux décroissants et (ou) lorsque sa recette marginale diminue avec la quantité de pro­ duit écoulée sur le marché (en concurrence imparfaite sur le marché des produits). S. la demande du marché pour un facteur de production est égale à la somme des demandes des firmes individuelles pour ce facteur. 6. Généralement, la courbe d'offre d'un facteur de production est croissante. Plus son prix augmente, plus la quantité qui en est offerte augmente également. Certaines exceptions existent cependant. l'offre de terre est parfaitement inélastique étant donné que la superficie disponible demeure constante et fixée par la nature. 7. les facteurs de production rares contribuant à produire des biens fort demandés reçoivent des rémunérations élevées. Par contre, dès qu'un facteur est abondant o u dès que les biens qu'il sert à produire cessent d'être désirés par les consommateurs, son prix diminue. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 225 8. lorsque les travailleurs n'ont la possibilité de ne s'engager que chez un seul employeur, on se trouve dans une situation de monopsone : un seul acheteur (un seul demandeur) est confronté à un grand nombre de vendeurs (un grand nombre d'offreurs). 9. Puisqu'il engage des travailleurs jusqu'au moment où le coût salarial marginal est égal au produit marginal en revenu (ou la productivité marginale en valeur) du travail, le monopsone engage moins de travailleurs qu'il rémunère moins bien qu'un ensemble de concurrents parfaits dons les mêmes conditions d'offre et de demande de travail. 10. Selon Ricardo, Io rente est exclusivement liée à la terre. C'est le revenu que perçoit le propriétaire en raison des qualités naturelles et indestructibles de cette terre. Cette définition est trop limitative. Lo rente est aussi le prix d'un facteur de produc­ tion rare dont l'offre est parfaitement inélastique par rapport au prix. C'est, enfin, u n surplus perçu par les détenteurs de facteurs de production dont l'offre n'est pas parfaitement élastique par rapport au prix. 1 1 . Les organisations syndicales d isposent de différentes stratégies de relèvement des salaires : restreindre l'offre de travail, négocier un taux de salaire minimum, encourager une augmentation de la demande de main d'oeuvre. 12. La théorie économique ne peut prédire le résultat d'une négociation salariale. Celui-ci dépend d'une série d'impondérables ainsi que de Io puissance de négocia­ tion respective des deux groupes e111 présence. EXERCICES PROPOSÉS 1. Voici exprimé en fonction de la quantité utilisée de travail (l e stock de capital reste fixe) le barème de production d'une firme : Nbre de travailleurs Volume de production 0 0 20 50 90 128 155 174 189 200 207 210 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 226 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Cette firme vend sa production sur un marché de concurrence parfaite. On connaît les cotu-bes de demande (Q0) et d'offre (Qs) suJ ce marché : Q0 = 40 - 2P Q8 = 10 + 3P Elle acquiert également les unités de travail qu'elle utilise sur un marché de concurrence parfaite : L0 et Ls représentent respectivement la demande et l'offre de travail de ce u1arcbé en fonction du taux de salaire, LD PL : = 600-7?l ls= 3Pi - 200 {Ls� 0). Si cette firme cherche à maximiser son profit, déterminez le nombre de travailleurs qu'elle emploiera. 2. Un entrepreneur, vendant son produit à un prix fixe constant de 40, acquiert les travaiJ­ lew·s qu'il emploie sur un marché de concurrence parfaite. On connaît son barème de produit total à court terme : Nbre de travailleurs Volume de production 15 La demande 2 28 3 40 4 50 5 58 6 63 7 66 8 67 (L0) et l'offre (Ls) de travail sont décrites paI les équations : LD = 1300- 3PL où PL est le taux de salaire. a) Plutôt que de laisser s'établir le taux de salaire d'équilibre du marché, les pouvoirs publics imposent un aux t de salaire nlininrnm égal à 340. Quel sera ) 'impact de cette décision sur le nombre de travailleurs e111ployés par la firme ? b) 3. Calculez l'importance du chômage involontaire résultant de la décision des pou­ voirs publics d'imposer un taux de salaiTe minimum égal à 340. On connaît le barème de produit total à court tem1e d'une firme qui écoule son produit sur un marché de concurrence parfaite : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 227 Nbre de travailleurs Volume de production 0 0 1 20 2 36 3 48 4 58 5 6 66 73 7 78 8 82 Le marché du travail auquel la firme s'adresse est en situation de concun-euce parfaite. On connaît les fonctions d'offre (Ls) et de demande (l0) de travail sur ce marché : ls=Pl- 370 LD = 750 - PL où Pi représente le taux de salaire. L'objectif de cette firme est de maximiser son profit et les travailleurs ne peuvent, par ailleurs, qu'être embauchés par unités indivisibles. Pour quelles valeurs du prix de son produit, la fun1e sera-t-elle amenée, dans ces conditions, à engager 5 travailleurs ? 4. 5. Les dirigeants d'un monopsone font deux bypotllèses différentes sur le barème de produc­ tivité margÎJrnle en revenu du travail de cette firme. Nbre de travailleurs Prod. marg. Rev. l(l) Prod. marg. Rev. L(2) l 450 2200 2 850 2100 3 1200 1950 4 1500 1750 5 1750 1500 6 1950 1200 7 2100 850 8 2200 450 L'offre de travail est représentée par l'équation : Pl = 750 + SOL où PL est le taux de salaire. Choisissez, en justifiant votre réponse, le barème de productivité marginale en revenu du travail correspondant aux hypothèses faites traditionnellement par la théorie économique et calculez ensuite le nombre de travailleurs que la firme emploiera et le taux de salaire qu'elle leur versera. Un entrepreneur écoule sa production sur le marché des produits à un prix fixe constant égal à l O. Il s'agit d'un monopsone sur le marché du travail. On connaît le barème de production, à court tenue, de cette fir111e : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 228 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE Nbre de travailleurs Volume de production 1 20 2 36 3 50 4 62 5 72 6 80 7 86 8 90 L'offre de travail qui lui est adressée se représente par L'équation : le taux de salaire et L le nombre de travailleurs. Pl= 40 + 1OL où Pl est Calculez le nombre d'unités de travail qu'emploiera cet entrepreneur et le taux de salaire qu'il versera si son objectif est de réaliser ne profit maxünum. 6. On connaît le barème de produit total à court tenue d'une firme qui écoule son produit sur un marché de concurrence parfaite : Nbre de travailleurs Volume de production 0 0 IO 2 25 3 43 4 5 6 58 70 7 84 8 88 9 90 10 91 78 On connaît également les courbes de demande et d'offre de ce produit : 0 = 720- 40P � TJ Qs = 20P+ 120 où P est le prix tandis que Q0 et Qs représentent respectiven1ent les quantités demandée et offerte du produit. Le taux de salaire pratiqué par cette firme est fixé par une convention salariale et est égal à 38. a) Calculez le nombre de travailleurs que la fi1n1e emploiera ainsi que son volu111e de production si el le se fixe comn1e objectif de n1aximiser son profit. b) Le prix fixé sur le marché de produit reste inchangé. Le taux de salaire est renégocié et est, maintenant, égal à 50. Calculez l'effet de cette hausse du taux de salaire sur le nombre de travailleurs engagés et sur le volume de production de la firme si son Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les marchés de facteur de production 229 barème de produit total à court terme se modifie sous l'effet d'une augmentation de la productivité des travailleurs et devient : Nbre de travailleurs Volume de production 0 0 12 32 57 80 98 110 J20 J28 J34 J38 2 3 4 5 6 7 8 9 JO 7. Justifiez votre résultat graphiquem1ent (diagramme de la demande de trava.il de la firme). On connaît le barème de produit total à court terme d'une finne qui écoule son produit sur un marché de concurrence parfaite : Nbre de travailleur� Volume de production 0 0 8 22 37 55 70 83 9J 97 JOJ J03 2 3 4 5 6 7 8 9 JO On connaît également les équations des courbes de demande et d'offre sur le marcbé de ce produit : 0 -D = 600 - 40P où P est le prix taudis que et offerte du produit. Q0 et Os représentent respectivement les quantités demandée Le taux de salaire pratiqué par cette fmue est fixé par une convention salariale et est égal à 50. r que la firme emploiera ainsi que son volume de a) Calculez le nombre de travailleus production si elle se :fixe con1me objectif de maximiser son profit. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 230 L'APPROCHE MJCROÉCONOMIQUE b) La demande pottr le produit vendu par cette tlrme se modifie et la courbe de demande du marché devient : Q0 = 780 - 40P Que deviendront alors le nombre de travailleurs employé par la firme et son volume de production ? JustiJiez votre réponse par le diagrarume de la demande de travail de la firme. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) PARTIE 2 L1APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre 11 12 13 14 Chapitre 1 5 Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre Chapitre 16 17 18 19 20 Les mesures de Io production intérieure. Les comptes de la Nation Consommation et épargne Les dépenses d'investissement La détermination du revenu national. Le multiplicateur. L'interaction du multiplicateur et de l'accélérateur Politique budgétaire, commerce extérieur et détermination du revenu national Lo monnaie. La demande de monnaie. L'offre de monnaie La politique monétaire Lo demande et l'offre agrégées : les modèles à prix variables Chômage et inflation Lo balance des paiements. La politique des changes Sommaire 235 261 281 305 331 351 379 395 417 435 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 232 PotmouE ÉCONOMIQUE Même si nous vivons nlieux actuellement que l'on vivait il y a un siècle ou un demi-siècle, certaines années ne connaissent qu'une faible croissance, ou même une légère décroissance, de la production réelle. D'autres, au contraire, nettement 1neilleures, sont n1arquées par une forte hausse de la prodluction et des revenus. Dans le même ordre d'idées, certaines époques se caractérisent par un sous­ emploi élevé et d'autres par une augmentation importante du niveau des prix. Parfois n1ême, a-t-on enregistré, au même m.oment, un fort taux d'inflation et un accroissement du nombre de chômeurs. L'économiste va expliquer l'évolution de la production réelle et celle des prix par les décisions d'investissement des entreprises, par l a propension à consommer des n1énages, par le niveau des salaires et le coût des matières premières, par la politique fiscale, par l'importance du commerce international. . . Il va rechercher aussi les consé­ quences d'une a11g1nentation de la quantité de n1onnaie en circulation, d'un déficit des finances publiques ou d'un déséquilibre de la balance des paie1nents. Voilà autant de thèmes que nous aborderons, à côté d'autres, dans la seconde partie de cet ouvrage. Nous serons toutefois amené, à plus d'une reprise, à énoncer des résultats qu'une simple confrontation avec la réalité économique de la Belgique pe1111et­ tra au lecteur de démentir aisément. À partir d'un des n1odèles macroéconomiques les plus simples, nous affirmerons qu'en sous-e1nploi, il suffit pour rétablir la prospérité, d'accepter un accroissement des dépenses publiques ou une diminution des taxes. Mais quelles seront les conséquences du déficit budgétaire de l ' État qui en résultera ? Il ne nous sera pas possible de les examiner toutes avant d'avoir compris la place que tient la monnaie dans l'écono1nie. Et, même alors, nous ne pouITons pas cerner convenable1nent les différents aspects de l'économie belge avant d'avoir porté notre attention à quelques éléments d'écono1nie intenrntionale. Pour des raisons pédagogiques, nous adopterons, dans un premier temps tout au n1oins, une vue fort sÎlnplifiée des choses, très éloignée de ce que la réalité permet de découvrir. Ce n'est qu'ensuite, que nous introduirons dans notre sché1na d'analyse des éléments d'économie 1nonétaire ou des éléments de com­ n1erce international. Dans ces conditions, nous sommes amenés à demander l'indulgence du lecteur et à espérer qu'il reporte son jugement jusqu'au n1oment où il aura acquis une vue suffisam1nent globale des 1nécanisn1es macroéconomiqttes. Mais il devra se souvenir également que la théorie n1acroécono1uique est en perpétuelle évolution, qu'elle se fa.il de plus en plus c01nplexe au fil des ans et qu'il n'est pas possible, dans un nlanuel introductif, d'en aborder tous les aspects. Notamment, les anticipations rationnelles tiennent une place de plus en plus i_rnportante dans l'explication de l'évolution générale des économies. De quoi s'agit-il ? Nous avons vu qu'en analysant le comporte1nent humain, la science économiq11e suppose que les choix (des producteurs et des consommateurs) se font de façon ration­ nelle. Les agents économiques cherchent à n1aximiser leur niveau de satisfaction ou letu­ profit, en respectant un certain nombre de contraintes liées à la rareté des ressources. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) L'approche macroéconomique 233 Dans un monde parfait avec, notamment, une information parfaite, les choix des individus ne devraient guère poser d.e problèmes. En pratique, la question de la 1naxi­ misation sous contraintes s'avère, cependant, plus compliquée puisque les individus ne disposent généralement pas de toute l'information nécessaire pour effectuer des choix opti1naux ayant une incidence sur l'avenir. Nous verrons qu'une finne, devant la décision de réaliser ou non un projet d'investissement, va en co1nparer le coût aux recettes futures qu'elle en retirera. Or ces recettes dépendront notamment du prix de son produit (lui­ même fonction des goûts des consommateurs dont on sait qu'ils ne restent pas stables au cours du temps) ou encore de la situation économique générale (qui peut dépendre de la situation politique, des conditions climatiques, . . . ). Des questions se1nblables se posent au consommateur. Va-t-il renoncer à l'achat d'un ordinateur aujourd'hui en espérant qu'il soit moins cher et plus perfonnant demain ? Va-t-il épargner davantage pour faire face à w1e éventuelle hausse de la fiscalité dans les années à venir ? Quel taux d'inflation va-t-il anticiper lorsqu'il va évaluer la rentabilité réelle d'un placement donné ? Nous comprenons bien que les prévisions des agents économiques quant à l'ave­ nir jouent un rôle cn1cial dans l'explication des mouvements économiques. Ces prévisions ou, si on préfère, ces anticipations concernent toutes les grandeurs écononliques que ce soit le taux d'inflation, Je taux d'intérêt, l'état de la conjoncture, la pression fiscale, la dette publique . . . L'importance des anticipations réside dans le fait qu'elles influencent directement les choix actuels des agents. C'est ce comportement prospectifgui distingue, en particulier, la science économique des sciences naturelles. La théorie moderne fait générale1nent l'hypothèse d'« anticipations ration­ nelles ». Cette hypothèse, fréquemment appliquée en nwcroéconomie, suppose que les agents économiques forment leurs attentes quant à l'évolution des grandeurs écono1niques en utilisant toute l'infonnation disponible. Cette information peut prendre des formes diverses : les don11ées du passé, les attentes des autres agents, la com1nunication des pouvoirs publics et leur crédibilité, . . . Bref, en 1noyenne, les agents économiques ne pourraient pas se tromper. L'hypothèse que les agents économjques utilisent toute l'infonnation disponible est, cependant, largement critiquée. Qui dispose, en effet, d'une infonnation parfaite per­ m.ettant d'anticiper l'avenir avec certitude ? Et encore faut-il pouvoir utiliser correctement cette information. La question des anticipations fait partie d'une problé111atique plus vaste en théorie économique qui est celle de l'information imparfaite. Celle-ci couvre aussi les problén1a­ tiques de la sélection adverse et du hasard 1noral. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LES MESURES DE LA PRODUCTION INTÉRIEURE. LES COMPTES DE LA NATION 1 1 1 1 1 1 1 .1 1 .2 1 .3 1 .4 1 .5 1 .6 1 1 .7 1 1 .8 Le produit intérieur. Définition et méthodes de mesure Le monde extérieur Produit intérieur brut et produit intérieur net Les trois approches du calcul du produit intérieur : quelques précisions Le revenu disponible des particuliers L'évolution de la productiorn dans le temps. Le produit intérieur à prix constants Le tableau « entrées-sorties. » Critiques de la mesure dlu produit intérieur Sommaire 236 239 241 243 247 247 250 252 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 236 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Une des principales préoccupations de l'éconon1iste est de mesurer le niveau de performance d'une économie. Il le fait en calculant le taux d'activité de la population, le taux de croissance des prix, le solde budgétai.re des pouvotrs publics ou celui de la balance des paiements. Il le fait surtout en évaluant la production mtérieure (qu'il exprune généra­ lement par habitant) ou le taux de croissance annuel de cette production. Établir des systèmes de comptes nationaux répond donc au souci de définir et de 1nesurer la production de la Nation et d'obtenir ainsi un indicateur, pas toujours satisfaisant cependant, du niveau de vie de la population ou des capacités productives de l'économie. En présentant un ensemble de con1ptes de la Nation, on 1net aussi en lmnière le processus de formation du produit intérieur, son processus de répartition entre les membres de la collectivité (qui bénéficie des revenus créés par l'activité de production ?) et son processus d'affectation (à acquéri.r quels biens et quels services va-t-on utiliser ces revenus ?). La comptabilité nationale est une comptabilité de flux et non une comptabilité patrimonjale. Elle enregistre des grandeurs (lai production intérieure, la consomrnation des ménages, les dépenses d'investisse1nent, les dépenses publiques et les taxes, les exporta­ tions et les importations, . . . ) qui, parce qu'elles dépendent de la période pendant laquelle elles sont évaluées, ont une dimension par rapport au temps. f i s'agit de variables de flux. Un systèn1e de comptes nationaux ne fournit, par contre, aucune indication sur le stock de capital à la disposition de la Nation, sur la 1ichesse des. ménages ou, de façon générale, sur toute vaiiable de stock qui n'a pas de dimension par rapport au temps. 1 1 .1 LE PRODUIT INTÉRIEUR. DÉFINITION ET MÉTHODES DE MESURE Le produit intérieur est la s01nme des biens et des services qu'une économie produit pen­ dant une période donnée (généralement d'un an). Puisque ces biens et services sont exces­ sivement nombreux et variés, la seule façon de les additionner est de prendre en c01npte leur valeur. Généralement, cette valeur est le prix (lorsqu'il existe) auquel ils sont vendus sur le marché (le prix du 1narché). Le produit inté1ieur est donc la valeur totale (la so.m1ne en valeur) des biens et des services produits, pendant une année, par une économie donnée, et disponibles soit pour la consommation (privée ou publique), soit pour J 'mvestissement. À quelques éléments près, Je produit et le revenu national sont proches du produit intérieur. Dans les chapitres suivants, nous parlerons indifféremment de l'un ou de l'autre. Plusieurs méthodes existent pour mesurer le chiffre du produit mtérieur. Afin de faire ressortir la parfaite cohérence entre ces approches et d'éviter un certain nombre de co1nplications que nous rencontrerons p]us loin, nous raisonnerons, pow· ! 'instant, dans le cadre d'une éconon1ie fennée (il n'y a, dans cette économie, ni importations, ni exportations de biens ou de services ; l'économie nationale n'emploie que des facteurs Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 237 de production nationaux tandis qu'il n'y a pas de facteurs nationaux utilisés en dehors du territoire national) au sein de laquelle ! ' État n'accorde pas de subventions aux entreprises, ni ne prélève de taxes indirectes (taxes sur les ventes). Dans ces conditions, admettons que nous achetions un véhicule automobile dont le prix est de 20.000 euros. Ces 20.000 euros qui constituent pour nous une dépense vont permettre de verser les rémunérations auxquelles ont donné lieu la production et la vente de ce véhicule : le bénéfice du détaillant et celui du grossiste, les salaires des ouvriers, les loyers, les intérêts et les dividendes perçus par les titulaires du capital. Mais, les 20.000 euros que nous avons payés comprennent aussi le coût du transport, celui de l'énergie et celui des matières pre1nières. À son tour, cependant, chacun de ces coüts se décompose intégralement en revenus. Dans le même temps, les 20.000 euros dépensés constituent la contrepartie d'une production de 20.000 euros réalisée par les entreprises ayant contribué de près ou de loin à la fabrication ou à la vente du véhicule (le détaillant, le grossiste, le constructeur, mais aussi l'entreprise de transport ou celle qui a fourni la 1natière première, ...). La somme de 20.000 euros qui constitue le prix du véhicule correspond donc, tout à la fois, à une dépense de l'acheteur, à un ensen1ble de revenus versés à différents titulaires de facteurs de production et à une contribution de toute une série de firmes à la production intérieure. Puisque ce qui est vrai pour un bien, le véhicule automobile, l'est aussi pour tous les autres, ce simple exemple nous permet de comprendre que le produit intérieur peut être défini, à la fois, c 01n1ne une somme de revenus et comme une somme de dépenses. Il s'obtient aussi en 1nesurant la conttibution de chaque unité économique à la production intérieure, donc en additionnant les valeurs ajoutées dégagées tout au long du processus de production et de distribution des biens et des services. La notion de base est ici celle de valeur ajoutée. La valeiu· ajoutée dégagée à un stade donné du processus de production et de distribution d'un bien est égale à la diffé­ rence entre le prix auquel le bien (final ou intermédiaire) produit à ce niveau est vendu et Je coüt des biens et des services intenuédiaires qui ont été utilisés pour le produire. Si le prix de ces biens et de ces services inte1111édiaires est déduit, c'est parce qu'ils ont cont1i­ bué à former la valeur ajoutée d'autres unités économiques. Tableau 11.1 Valeur de la produdion de cette unité économique Valeur ajoutée d'une unité économique = Valeur des biens et des services intermédiaires consommés Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 238 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Tableau 11.2 Production et livraison de 10 000 pains Stade de production Blé Farine Pains cuits Pains livres Prix du bien vendu Coût des biens intermédiaires utilisés Valeur ajoutée 5.200 9.400 16.800 22.500 0 5.200 9.400 16.800 5.200 4.200 7.400 5.700 L'exemple ci-dessus traite du processus de fabrication et de livraison de 10.000 pains. Admettons qu'il y ait quatre stades à ce processus : la culture de la 111atière pre­ mière, le blé (la quantité de blé nécessaire à la production de 10.000 pains) ; la trans­ formation du blé en farine par le me1mier : la cuisson des pains dans une boulangerie industrielle ; la distribution de ces pains aux consommateurs par les détaillants. Le meunier vend 9.400 euros la quantité de farine nécessaire à la confection des 1 0.000 pains. Il a acheté 5.200 euros le blé qu'il a 111oulu à cet effet. S'il n'a aucune autre consommation de biens et de services intermédiaires, sa valeur ajoutée, donc sa contri­ bution au produit intérieur dans le cadre de cette opération, est égale à 4.200 ew·os. Dans Je même ordre d'idées, la boulangerie industrielle (l'entreprise de cuisson des pains) qui achète la faiine 8.500 euros, vend les pains aux détaillants pour 1 6.800 euros. Sa valeur ajoutée est alors de 7.400 euros et ainsi de suite . . . l i est indifférent pour Je calcul du produit intérieur de tenir compte uniquement du p1ix du bien final, les 10.000 pains livrés aux consommateurs (le produit inté1ieur est alors défini cOJnme une somme de dépenses finales), ou de faire la somme des valeurs ajoutées dégagées tout au long du processus de production et de distribution de ces pains. Ou bien on co1nptabilise la valeur finale des pains (22.500 euros), ou bien on retient la so1nn1e des valeurs ajoutées du fe1n1ier (5.200 euros), du meunier (4.200 euros), du boulanger indus­ triel (7.400 euros) et des détaillants (5.700 euros). Dans aucun cas, on ne cOinptabiUsera, à la fois, le prix du bien final et celui d'un ou de plusieurs biens intennédiaires. On évitera les doubles co1nptages. La valeur ajoutée dégagée par chaque unité économique se décompose intégra­ lement en revenus versés aux titulaires de facteurs de production qu'elle utilise (après déduction des amortissements et de la différence entre les taxes indirectes et les subven­ tions aux entreprises). La valeur ajoutée de 5.200 euros créée par le producteur de blé rémunère à la fois son travail et celui de ses employés ainsi que la terre et le capital qu'iJ a investis dans son entrep1ise. La valeur ajoutée du meunier, ainsi que celles du boulanger et du détaillant, réinunèrent aussi les facteurs de production qu'utilisent ces entrepreneurs. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 239 Ces revenus sont des revenus primaires (que l'on distingue des transferts 111onétaires). Ils sont perçus par les titulaires de facteurs en contrepaitie d'une activité de production. Si l'on s'en tient systématiquement à ne faire état que de la valeur ajoutée à chaque stade du processus de production et de conunercialisation des produ.its et si l'on prend soin de défalquer les dépenses portant sur les biens et les services intennédiaires foun1is par d'autres firmes, on n'enregistre qu'une seule fois les salaires, les intérêts, les loyers ou les profits. Le produit intérieur se définit donc simultanéinent corn.me une som1ne de valeurs ajoutées, comme une somme de revenus et coOllne une somme de dépenses. Cet ensemble de comptes décrit Le « circuit économique » qui nous permet de comprendre le processus de formation du produit intérieur. Les entreprises produisent pour répondre à une demande de biens de consomn1ation et de biens d'équipetnent prove­ nant des ménages, des entreprises et <les ad1ninistrations publiques. Le montant de cette production se répartit intégralement en revenus perçus par les 1nénages en tant que titu­ laires de facteurs de production. Ces 1nénages utilisent leurs revenus pour financer leurs dépenses de consommation el constituer leur épargne. Un commentaire supplémentaire est cependant indispensable lorsqu'on veut s'assurer de la cohérence entre les diifférents modes de calcul du produit intérieur. Une personne disposant d'un revenu donné en utilise une partie plus ou 111oins importante pour se procurer des biens de consommation et épargne le reste. Pas de problè1ne pour ce qui est de la partie cousoinmée du revenu : la personne disposant du revenu est aussi celle qui Je dépense. Ce n'est pas vrai pour l'épargne. L'épargnant ne dépense pas personnel­ le1nent son épargne. II la met à la disposition d'un entrepreneur qui l'investit. Est-on dès lors assuré que le 1nontant global de l'investissetnent est égal à celui de l'épargne ? C'est toutefois une condition indispensable pour que le calcul du produit inté1ieur par la somme des revenus soit cohérent avec celui par la sonune des dépenses. Nous verrons que oui, mais il est trop tôt maintenant pour expliquer pourquoi. Si les exemples traités se compliquent dès que l'on prend en cotnpte les relations économiques inteniationales et la fiscalité indirecte, la triple approche du calcul du produit national que nous venons de présenter reste vraie en toutes circonstances. 1 1 .2 LE MONDE EXTÉRIEUR C'est par souci de sin1plicité que nous avons ignoré jusqu'à présent les importations et les exportations de biens et de services. C'est par souci de simplicité aussi que nous avons admis que l'économie nationale n'emploie que des facteurs de production nationaux et qu'il n'y aurait pas de facteurs nationaux utilisés en dehors du territoÜ'e national. La réalité est très différente. En 201 1, les exportations et les in1port.ations de la Belgique étaient largement supérieures à 80 o/o du produit intérieur. Les placements belges à l'étranger sont importants. lis procurent des revenus afférents à des facteurs de pro­ duction belges, mais ne sont pas co1nptabilisés dans le produit intérieur. Tout co1nn1e les Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 240 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE placements étrangers en Belgique sont également considérables et procurent des revenus qui, tout en étant versés au reste du inonde, interviennent dans le calcul du produit inté­ rieur. Finale1nent, on ne peut non plus ignorer l'existence de travailleurs frontaliers qui travaillent dans un pays autre que celui où ils résident et qui participent à la production intérieure du pays où ils travaillent. 1 1 .2. 1 Produit intérieur et produit national Tl convient de distinguer le produit national (revenu national) du produit intérieur. Le produit intérieur d'un pays est défini com1ne la sonune en valeur des biens et des services qui constituent la production des unités économiques établies sur le tenitoire de ce pays quelle que soit la nationalité des facteurs utilisés (le calcul du produit intérietu­ repose sur la notion de territorialité). Le produit national est, quant à lui, égal à la valeur des biens et des services produits par les facteurs de production du pays, quel que soit le point du globe où cette production se réalise (son calcul repose sur la notion de nationalité des facteurs de production). Le produit national n'est pas strictement identique au produit intérieur. Pour le calculer, on ajoute, au produit intérieur, la différence (positive ou négative) entre les reve­ nus de facteurs de production reçus du reste du monde et ceux versés au reste du inonde (solde des revenus primaires du/vers le reste du inonde) : Tableau 11.3 Produit intérieur (brut ou net) Revenus de facteurs reçus du reste du monde Revenus de facteur; versés au reste du monde Produit national (brut ou nef). + = À titre d'exe1nple, dans le cas de l'économie belge (les n1ontants sont exprilnés en millions d'euros) : Tableau 11.4 Produit intérieur et produit national (prix courants - millions d'euros) Produit inférieur brut aux prix du marché Solde des revenus primaires du/ver; le reste du monde Produit national brut aux prix du marché 2002 2007 2011 268.620 3.637 335.814 3.366 368.304 6.313 272.257 339.180 374.617 Source : Banque llationole de Belgique - Comples nationaux 2011 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 241 1 1 .2.2 Dépense nationale et produit intérieur Nous avons vu que la demande de biens de consommation (privée et publique) et celle de biens de production de la Belgique s'adressent dans une très large proportion à des unités économiques du reste du monde (importations de biens et de services) tandis que la Belgique vend une part très importante de sa production à l'étranger (exportations de biens et de services). Aussi, lorsqu'on calcule le produit intérieur (bn1t aux prix du mar­ ché) comn1e une somme de dépenses, il faut ajouter à la son11ne de la consommation privée, de la consommation publique (dépenses de conso1nmation finale des administra­ tions publiques) et des dépenses d'investissement (formation intérieure brute de capital), la différence entre les expo11ations et les impoitations de biens et de services (expo11ations nettes de biens et de services) : Tableau 11.S Dépenses de consommation finale privée Dépenses de consommation finale des administrations publiques Formalion intérieure brute de capital Exportations nettes de biens el de services Exportations totales = Importations lotaléS Produit intérieur brut aux prix du marché 1 1 .3 PRODUIT INTÉRIEUR BRUT ET PRODUIT INTÉRIEUR NET Nous avons défini la valeur ajoutée d'une firme par la différence entre la valeur de sa pro­ duction (la valeur des biens et des services produits) et sa consotnmation intermédiaire de biens et de services. 'Nous obtenions ainsi la valeur ajoutée brute de la finne. Par cette démarche, nous ignorions in1plicitement que, pour produire, la firme utilise des biens d'équipement qui s'usent progressivement au fur et à mesure qu'ils sont etnployés. Si l'on veut éviter un appauv1issement progressif de cette entreprise, il est sou­ haitable de con1penser à chaque période cette usure du stock de capital. C'est la fonction des amortissements. Par conséquent, lorsque notre finne répartira les revenus de son activité, elle devra, au préalable, déduire les amortisse1nents (la consom1nation de capital fixe) de sa valeur ajoutée brute (tableau l 1 .6). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 242 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Tableau 11.6 Valeur ajoutée nette de la firme = = Valeur ajoutée brule · Amortissements de la firme Valeur de la production de Io firme - Consommation de biens et de services intermédiaires - Consommotion de capitol lixe (amortissements) Sur le plan 1nacroéconomique, la dépense brute d'investisse1nent (la formation intérieure b1ute de capital) englobe tout autant les achats de biens de capital de re1nplace­ ment que ceux portant sur des biens destinés de l'économie. En d'autres termes, à accroître effectivement le stock de capital l'investissement bnlt comprend à la fois des investis­ se1nents nouveaux (investissement net) et des investissements de remplacement. À chaque période, on prélève une certaine partie du produit intérieur destinée à co1npenser ! 'usure du stock de capital à laquelle il a été nécessaire de consentiJ· pour réaliser cette production. Par conséquent, on définit l'investissement net par la différence entre l'investissement b1ut et Les amortissements : Tableau 11.7 Investissement brut (formation intérieure brute de capital) Amortissements (consommation de capitalfixe) = Investissement net (formation intérieure nette de capital) L'investissement net d'une période représente l'accroissen1ent effectif du stock de capital au tem1e de cette péiiode après con1pensation, par les amortissements, de la dépréciation du capital au cours de la période. Un problè1ne se pose cependant qui concerne l'évaluation des investissements de remplace1nent. Supposons que l'on remplace une machine usée par une nouvelle 1nachine de même valeur. S'agira-t-il d'une n1achine parfaitement identique? Vraisemblablement pas. Pendant la durée de vie de la première machine, un progrès technique sera intervenu de telle sorte que la nouvelle machine sera certainement plus performante que l'ancienne. Cet investissement n'est pas un simple investissement de remplace1nent car il a permis d'accroître quelque peu le stock de capital de la nation. Cette remarque montre bien, si besom en est, la difficulté d'évaluer convenablernent l'amortisse1nent du stock de capital au terme de chaque période. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 243 À la suite de la distinction entre l'investissement brut et l'investissement net, on opère la djstinction entre le produit intérieur (national) brut et le produit intérieur (national) net suivant qu'on n'exclut pas ou qu'on exclut du calcul le montant des a1nortissements : Tableau 11.8 Produit intérieur (nolionoll brut Amortissements = Produit intérieur (notionoll net Le produit intérieur net se définit aussi comme la somme des valeurs ajoutées nettes dégagées par les unités productives établies sur le territoire national. 1 1 .4 LES TROIS APPROCHES DU CALCUL DU PRODUIT INTÉRIEUR : QUELQUES PRÉCISIONS Nous avons vu plus haut, à partir d'exen1ples numériques simples, la cohérence entre les trois méthodes (les trois optiques) de calcul du produit intériew-. Nous allons montrer ici l'apport de chacune des optiques à l'analyse économique. 1 1 .4. 1 Le produit intérieur comme une somme de valeurs ajoutées (l'optique de la valeur ajoutée) Nous avons vu que, lorsqu'on calcule le produit intérieur, il revient au mê1ne de prendre en compte la valew· finale des biens de consommation et des biens d'investis­ sement ou la valeur ajoutée dégagée tout au long de leurs processus de production et de commercialisation. Mais pourquoi utiliser la méthode de la valeur ajoutée, apparemment plus com­ plexe que la simple comptabilisation de la valeur des biens finaux ? Parce que si, en regroupant les dépenses des individus et des fumes, on peut connaître 1 'utilisation que les agents écononüques font de leurs revenus, on n'obtient pas cependant une vue claire de la contribution de chaque branche au produit intérieur. Or, dans le cadre de certaines études - celles portant sur la structure économique d'un pays ou d'une région -, il est nécessaire pour l'économiste de connaître le processus de formation du produit intérieur (du pays ou de la région) aussi bien par les branches fow·nissant des biens susceptibles de satisfaire la demande finale que par celles fournissant des biens intermédiaires. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 244 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Le tableau 1 1 .9 présente l'origine dlll produit intérieur en décomposant la valeur ajoutée brute par branches d'activité (les montants sont exprimés en millions d euros) . ' Tableau 1 1.9 Origine du produit intérieur : valeur ajoutée brute par branche d'activité (prix courants - année 201 1 - millions d'euros) Agriculture, sylviculture el pêche 2.015 lnduslrie 56.242 Construction 18.967 Services: • commerce, transports, hôtels el restauranls 66.474 • informalion et communication 13.651 20.029 • activités financ.ières et d assurance activilés immobilières • 29.474 activités spécialisées, scientifiques el techniques 42.025 • odminislrotion publique, défense, enseignement 48.066 • santé humaine el action sociale 25.033 • outres activités de services • ' 6.815 Autres composantes = 39.513 Produit intérieur brui aux prix du marché 368.3()4 Source: Banque llolionole de Belgique - Comptes nolionoux 2011 1 1 .4.2 Le produit intérieur comme une somme de revenus (/'optique des revenus) Les seuls revenus cornptabilisés dans les comptes nationaux sont les revenus priinaires. Ces revenus constituent, par définition, la contrepaiiie d'une acti vité de production. Ce sont donc les revenus que les agents économiques perçoivent eo contrepaiiie de leur par­ ticipation à la fonnation du produit intérieur. Le travail du salarié ou de l'indépendant, l'épargne du titulaire de capital, la terre du propriétaire foncier contribuent à la produc­ tion de biens et de services. Le salaire du pren1ier, l'intérêt ou le dividende du second, la rente du dernier sont des revenus primaires et font l'objet d'une comptabilisation dans les comptes nationaux. Par contre, les allocations familiales, les allocations de chômage, les pensions ... ne sont aucunen1ent la contrepaiiie d'une activité productive. Elles consistent en de simples transferts d'un secteur, les administrations publiques, vers un autre, les n1énages, et sont, par conséquent, exclues du calcul du revenu national. Parmi les revenus primaires, l'optique des revenus distingue la rémunération des salariés de l'excédent brui (ou net si on déduit les ai1101tissements) d'exploitation. Cet excédent d'exploitation correspond, par conséquent, aux revenus de la propriété et de l'entreprise (en ce compris les impôts directs des entreprises et leurs bénéfices réservés) obtenus dans le cadre de la fonction de production. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 24S Les revenus primaires sont également enregistrés bruts ; ils englobent les in1pôts directs des ménages et des entreprises ainsi que les cotisations sociales (les impôts directs et les cotisations sociales constituent des transferts des secteurs des ménages et des entre­ p1ises vers celuj des adrrunistrations publiques). Pour passer des revenus primaires aux revenus monétaires des différents groupes d'agents éconorruques, il est nécessaire d'ajouter les revenus de transfert reçus et de déduire les revenus de transfe1t versés par ces groupes. Cette re1narque prend toute son importance pour l'interprétation d'études relatives à la répartition des revenus et basées sur les comptes nationaux. La comptabilité nationale traite de façon spécifique les ünpôts indirects et les sub­ ventions que l'État verse aux entreprises. En effet, ces ünpôts indirects et ces subventions d'exploitation font en sorte que les produits sont écoulés sur le marché à un prix différent de leur coût de production. Les biens dont la consom1nation est frappée de taxes indirectes sont vendus plus chers que leur coût. Dans Je mêlne ten1ps, cettaines entreprises bénéfi­ cient de subventions qui leur permettent de vendre à un prix inférieur au coût. Les entreprises répartissent leur valetir ajoutée entre les titulaires de facteurs de production après avoir payé les taxes indirectes et avoir perçu d'éventuelles subventions des pouvoirs pub! ics. Quand on calcule le produit (revenu) intérieur par l'optique des revenus, on doit donc ajouter à la SOln1ne des revenus primaires, la différence entre les taxes indirectes et les subventions (in1pôts nets à la production et à l'in1portation). Le tableau revenus : 1 1.10 n1ontre le calcul du revenu (produit) intérieur par l'optique des Tableau 11.1 0 Répartition du revenu intérieur. Prin<ipales catég;ories de revenus (prix courants - année 201 1 - mmions d'euros) Rémunération des salariés, dont : • • 190.761 salaires et traitements bruts 139.163 cotisations sociales 51.599 Excédent brui d'exploitation 139.375 Impôts nets à la produclion et à l'importation 38.168 Revenu intérieur brut aux prix du marché 368.304 Source: Banque Ho!ionale de Belgique - Comp!es no!ionaux 2011 1 1 .4.3 Le produit intérieur comme une somme de dépenses (optique des dépenses) On tient compte ici uniquement des dépenses portant sur les produits qui font l'objet d'une demande finale : les dépenses de consotnmation d'une part, les dépenses d'investissement (la fonnation intérieure brute de capital) d'autre part. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 246 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Les dépenses de conso1nmation finale se décomposent à leur tour en dépenses de consomn1ation privées (ce sont les dépenses de consommation des ménages ; elles portent sur des biens variés tels que les produits alitnentaires, les vêtements, le chauf­ fage et l'éclairage, les articles ménagers durables, les soins personnels et l'hygiène, les transports et les loisirs, les services financiers, ...) et dépenses de conso1mnation des adn1inistrations publiques (il s'agit de la consonunation intermédiaire des administrations publiques n1ais aussi des rémunérations qu'elles paient à leur personnel). Ce qui distingue la consommation privée de la consommation publique, c'est que la première correspond à la consommation de biens n1archands pour lesquels un prix se forme sur le marché, tandis que la seconde concerne la conso1mnation de biens non marchands offerts, en raison de leur nal11re, en dehors d'un processus de marché. En d'autres mots, on adn1et que l'admi­ nistration publique - et non les personnes et les entreprises qui en bénéficient finalement - est le propre conso1nmateur des services qu'elle fournit. Au sein de la rubrique « consonwation privée », on regroupe tout autant la consommation, par les 1nénages, de biens de conso1nmation courante (produits alimen­ taires, boissons, services bancaires ou services médicaux, ... ) pour lesquels le premier usage signifie la destruction que celle de biens de cons01nmation durable (véhicules auto­ n1obiles, appareils électro1nénagers, ...) qui offrent leurs services aux consotnmateurs pen­ dant une période relativement longue. Les biens d'équipe1nent, faisant J'obj_et des dépenses d'ù1vestissement, sont ceux qui sont 1nis à la disposition des entreprises et qui contribuent à la réalisation d'une pro­ duction future. Les dépenses des entreprises, au cours de la période étudiée, pour acquérir ces biens de production constituent la formation intérieure brute de capital. Si l'on se souvient que la dépense nationale (la son1me des dépenses de consom­ mation et d'investissement) s'adresse, dans une large proportion, à des producteurs étran­ gers et que, dans le même temps, une demande importante émanant de l'étranger est adressée aux producteurs établis sur le ten-itoire national, le tableau 1 1 . 1 1 montre que le produit intérieur peut aussi être évalué comme une somme de dépenses. Tableau 11.11 Affectation du produit intérieur. Principales catégories de dépenses (prix courants - année 2011 - millions d'euros) Dépenses de consommation finale privées 195.164 Dépenses de co11S-Ommation finale des administrations publiques 88.751 Formation inférieure brule de copital 76.820 Exportations nettes de biens et de services 5.562 • exportations totales 312.932 • importations totales 307.369 = Produit intérieur brut aux prix du marché 368.304 Source : Banque llalionole de Belgique - Comples nationaux 2011 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 247 1 1 .S LE REVENU DISPONIBLE DES PARTICULIERS Nous avons vu que la répartition des revenus pritnaires n'est pas la répartition etîective des revenus entre les titulaires de facteurs de production ; il convient de tenir compte aussi des transferts monétaires. Lorsqu'il souhaite expliquer l'évolution des n1ontants de la consommation des ménages et de leur épargne, l'économ.iste doit connaître le revenu que ces ménages ont à leur disposition au terme de toutes les opérations de redistribution menées par les pouvoirs publics ou, plus généralement, au terme de toutes les opérations de transferts. Ceci conduit à définir le revenu disponible des particuliers. Le revenu disponible englobe les revenus pri1naires des particuliers dont on déduit les unpôts directs, les cotisations de sécurité sociale, les primes nettes d'assurances-dom­ mages et, de façon générale, l'ensemble des transferts versés par les pai1iculiers. À cette différence, on ajoute les revenus de transfe11s reçus par les particuliers : in.demnités d'as­ surances-dommages, prestations sociales (allocations de chômage ou d'assurance 1nala­ die-invalidité, pensions, . . . ), transferts courants en provenance du reste du monde,. . . Le revenu disponible des particuliers se répartit intégralement entre leurs dépenses de conson11nation (la consom1nation privée) et leur épargne. L'épargne des particuliers est donc calculée par solde : c'est la différence entre leur revenu disponible et la consomma­ tion privée. Tableau 11.12 Revenu disponible et épargne des particuliers (prix courants - année 2011 - millions d'euros) Revenu disponible brui des porliculiers 227.438 Oépemes de consommolion privée 194.691 - = Épargne brule des porticulie� 32.747 Source : Banque Nalionole de Belgique - (amples nalionoux 2011 1 1 .6 L'ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION DANS LE TEMPS. LE PRODUIT INTÉRIEUR À PRIX CONSTANTS 1 1.6. 1 Le produit intérieur à prix constants Nous avons défini le produit intérieur co1rune la valeur des biens et des services produits par une économie pendant une période, généralement, d'un an. Pourquoi la valeur ? Tout sin1plement parce qu'il n'est pas possible d'additionner des biens aussi hétérogènes que ceux produits dans une économie autrement qu'en additionnant leur valeur monétaire. Cette 1néthode d'agrégation pose cependant des difficultés lorsqu'il s 'agit d'étudier l'évolution de la production intérieure dans le temps. En eftèt, rien ne nous garantit que le Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 248 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Tableau 11.13 Évolution du produit intérieur à prix courants et à prix constants (millions d'euros) Année PIB à prix courants 2005 303.435 2006 318.829 344.223 92,62 2007 335.814 354.148 94,82 2008 346.374 357.637 96,85 2009 340.777 347.708 98,00 2010 356.125 356.125 100 2011 369.836 362.478 102,03 PIB à prix constants (prix de 2010) Indice im.plicite des prix (2010=100) 335.283 90,50 Source; Banque Nalionale de Belgique - Comples na1ionaux 2011 système de 1nesure choisi - les p1ix des biens et des services sur le 1narché - restera inchangé au cours du temps. Au contraire, tout laisse prévoir L'inverse. Or, en période de croissance des p1ix, ne pas tenir compte de cette hausse des prix, reviendrait à surévaluer la croissance réelle de la production. Si, pendant une période donnée, la production i11té1ieure double en terme nominal (à p1ix ou en euros courants, c'est-à-dire en multipliant les quantités de biens et de services produites chaque année par les prix de l'année en question), il n'y correspon­ dra un doublement effectifde la production réelle qu'à la condition que les prix soient restés inchangés au cours de cette pé1iode. Si, par contre, les prix auginentent au cow·s du te1nps, la croissance de la production en volume sera inférieure à sa croissance en valetu-. Pour appréhender l'évolution de la production réelle de l'éco1101nie (l'évolution de la production en volume) au cours du temps, le co1nptable national, en utilisant la méthode dite à « base fixe», calcule le produit intérieur à prix constants (le produit inté­ rieur réel) en 1nultiplia11t les quantités de biens et de services produites chaque année par les prix d'une année de référence (2010 dans le tableau 1 1 . 1 3). Cette année de référence est modifiée régulièrement (les tableaux des années précédentes sont recalculés sur cette nouvelle base) pour tenir con1pte de l'arrivée de nouveaux produits sur le marché et de l'amélioration de la qualité des produits existants. 1 1.6.2 Le calcul d'indices implicites des prix En rapprochant le chiffre du produit intérieur à prix constants de celu.i du produit intérieur à prix courants, on détermine un indice implicite des prix. Cet indice implicite des prix de la comptabilité nationale, qu'il ne faut pas confondre avec l' index (l'indice des prix à la consoilllnation calculé chaque 1nois par le ministère des Affaires éconoiniques), pennet de faire ressortir (voir tableau 1 1 . 1 3 ) ! 'évolution du prix moyen des biens et des services fonnant Je produit intérieur : Indice implicite des prix de l'année x (2010 = 100) PIB à prix courants de l'année x PIB de l'année x calculé x 100 aux prix de l'année 2010 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 249 Tableau 11.14 Évolution du prix moyen du produit intérieur, de Io consommation privée et de Io formation intérieure brute de copitol Année Indice implicite du prix du PIB Indice implicite du prix de Io consommation privée Indice implicite du prix de Io FISC 2005 90,SO 90,26 91,12 2006 92,62 92,98 93,61 2007 94,82 95,63 94,02 2008 96,85 98,74 99,82 2009 98,00 98,00 92,50 100,00 100,00 103,10 102,70 2010 2011 l 00,00 l 02,03 En utilisant la même démarche, il est possible de calculer un indice ilnplicite des prix pour tout élément qui, dans les comptes nationaux, est évalué, à la fois, à prix courants et à p1ix constants : les dépenses de consommation, la formation inté1ieure brute de capital, les exportations et les impo1tations, la valeur de la production des différentes branches, ... Le tableau l l . 14 compare à ! 'évolution du prix 1noyen du produit intérieur, celle du prix moyen de la consommation privée (chaque année, on calcule le rapport, n1ultiplié par 1 OO, entre la consomn1ation privée à prix courants et la conson1111ation privée aux prix de 2010) et celle du prix moyen des dépenses d'investissement (la formation intérieure brute de capital). 1 1.6.3 L'évolution de la production réelle N'ous avons dit que l'économiste est essentiellement préoccupé par l'évolution de la pro­ duction réelle de la nation, donc par l'évolution de la quantité de biens et de services que l'économie produit réelle1nent. Les comptes nationaux établis à prix constants permettent de ré-pondre à cette préoccupation. Le taux de croissance (que nous notons g) du produit intériew· à prix constants de l'année x à l'année y se définit par le rapport, multiplié par J OO, entre la variation de ce produit intérieur au cours de cette pé1iode et sa valeur initiale (celle de l'année x), où Yx et �· représentent le produit intérieur à prix constants de l'année x et de l'année y respectivement. Le même type de raisonnement permet de mesurer l'évolution, en quantités, de la conso1ll1Uation privée, de la formation intérieure brute de capital et, de façon générale, de tout agrégat évalué à prix constants : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 250 • • L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE pour la consommation privée : OÙ Cx et C" représentent la consommation privée à prix constants des années X et y respectivernent ; pour la formation intérietu-e brute de capital : ( g= FIBC - FJBC( v FIBCX · . ) X 100 = ( FIBCY FIBCX -l ) X 100 où FIBCx et FJBC constituent la forn1ation intérieure brut de capital à p1ix constants des » années x et y. 1 1 .7 LE TABLEAU « ENTRÉES-SORTIES » Si l'activité de production se traduit par la ré1nunération des titulaires de facteurs de pro­ duction, elle est aussi le résultat de toute une série de relations qui se développent entre des firmes de branches différentes, chacune achetant aux autres des biens et des services intermédiaires. En ventilant le secteur des entreprises en plusieurs branches plus ou moins forte1nent agrégées, il devient possible de repérer les flux internes à ce secteur ainsi que ceux s'opérant entre lui et les autres secteurs. Le tableau « entrées-sorties » (tableau input-out­ put) fournit !'information sur ces flux. Par con11nodité, nous ferons ! 'hypothèse que le secteur des entreprises se déco1npose seule1nent en trois branches (ou sous-secteurs) que nous 001nmons, respectivement, A, B et C. Le tableau « entrées-sorties » se présente alors c01nme suit (ce tableau est bien entendu purement fictif). Tableau 11.1 S Br.A Br.B Br.C Inputs interm. Importations VABpm lnp11ts totaux Br.A Br.B Br.( Dem. inl. Cons. finale FIBC Exp. Dem. finale Dem. totale 350 1.000 1.000 2.350 600 300 250 l.150 3.500 700 250 500 1.450 300 400 350 1.050 2.500 1.050 500 500 2.050 1.400 850 700 2.950 5.000 2.100 1.750 2.000 350 250 1.000 1.050 500 2.000 3.500 2.500 5.000 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 251 Ce tableau se lit de la façon suivante. Chaque ligne représente les sorties (l'output) d'une branche donnée : il s'agit de la valeur globale de ses ventes et de ses prestations. L'output d'une branche se répartit en ventes intermédiaires et en ventes finales: • les ventes intermédiaires aux autres branches intérieures du secteur des entreprises. Il s'agit, par exe1nple, pour les firmes de la branche A, des ventes de biens intermédiaires aux firmes de la branche B, à celles de la branche C mais aussi aux autres firmes de la branche A (plus les branches sont désagrégées, plus les termes de la diagonale principale sont petits, chaque firme ne vendant alors q11e peu aux autres finnes de la mên1e branche). Le total des ventes itltern1édiaires d'une branche aux finnes des autres branches et aux autres firmes de la branche est appelé la demande intermédiaire ; • les ventes finales. li s'agit de la vente de biens et de services courants aux n1énages et aux administrations publiques (consommation finale), de la vente de biens courants et de capital à l'étranger (exportations) ainsi que de la vente de biens contribuant à la. formation brute de capital des entreprises et de l' État. L'ensemble des ventes finales d'une branche est sa demande finale. Pour chaque branche, la somme de la demande intermédiaire et de la demande finale est égale à la demande totale (J 'output total). Chaque colonne représente les entrées (les inputs) d'une branche. Il s'agit de la valeur de ses achats aux autres entreprises. Nous apprenons, par exe1nple, que pour fournir un output de 2.500, les firmes de la branche B ont acheté pour 1.000 de biens et de services intennédiaires à la branche A (il va de soi que si les ventes intennédiaires de la branche A à la branche B sont de 1 .000, les achats intermédiaires de la branche B à la branche A soient égalen1ent de 1 .000), pour 250 aux autres fiimes de la branche B et pour 500 finale1nent, aux finnes de la branche C. Les achats intenuédiaires des firmes d'une branche aux autres firn1es (intérieures) du secteur des entreprises sont appelés les inputs intennédiaires. La différence entre la valeur globale de l'output et les inputs intennédiaires est l'input primaire de la branche. Cet input pritnaire se décompose à son tour entre : • les importations de la branche, c'est-à-dire ses achats de biens et de services intermé, diaires à l'étranger. A ce propos, une méthode alternative de comptabilisation des flux consisterait à définir comme inputs intermédiaires d'une branche, la sonlllle de ses achats intermédiaires auprés des autt·es entreprises peu ilnporte qu'elles soient inté1ieures ou étrangères. Les importations seraient alors les achats réalisés à l'étranger, par l'ensemble de l'éconotnie, de produjts sitnilaires à ceux offerts par la branche ; • la valeur ajoutée brute aux prix du marché de la branche. Après déduction des amor­ tissements et de la différence entre les taxes indirectes et les subventions, elle va se décomposer en revenus : rémunérations, intérêts, dividendes, bénéfices réservés des entrep1ises. Un sin1ple examen du tableau « input-output » nous permet de déte1mi11er aisé1nent le produit intérieur tant dans l'optique de la valeur ajoutée que dans celle des Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 252 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE dépenses. Nous a!Jons le montrer dans l'économie très simplifiée que nous avons sché­ matisée ici : • la production globale de l'écono1nie (son produit inté1ieur brut aux prix du 1narché) est égale à la sorru11e des valeurs ajoutées (brutes aux prix du marché) de chaque branche du secteur des entreprises, soit l .050 + 500 + 2.000 = 3.550. • mais le produit intérieur brut aux prix du 1narché est égal aussi à la somme des dépenses de consommation finale, de la formation intérieure brute de capital et de l'excédent (positif ou négatif) des exportations sur les importations. Ici, 2.300 + 1.550 + (1.300 - 1.600) = 3.550. 1 1 .8 CRITIQUES DE LA MESURE DU PRODUIT INTÉRIEUR Nous avons vu que la comptabilité nationale est un ense1nble cohérent de règles permet­ tant, entre autres, d'évaluer la production de la Nation. Des critiques ont néanmoins été émises à son propos. Certaines concernent le caractère arbitraire des 1néthodes d'évaluation utilisées. D'autres conduisent à s'interroger sur l'opportunité d'évaluer le bien-ètre d'une nation par son produit intérieur (ou national) par tète d'habitant. 1 1.8. 1 Le principe d'invariance de la comptabilité nationale Calculer le produit d'une nation pern1et d'én1dier l'évolution de cette production dans le temps ainsi que de procéder à des comparaisons internationales de comptes nationaux. Encore faut-il que ces comparaisons soient significatives. Pow· qu'il en soit ainsi, il convient que le principe d'invariance de la comptabilité nationale soit respecté. De façon simple, ce principe veut que les comparaisons de c01nptes nationaux dans le te1nps et dans l'espace ne soient influencées ni par les règles de présentation des comptes, ni par les 1néthodes d'évaluation utilisées dans chaque cas. Pour satisfaire ce principe d' invariance, toute activité génératrice d'utilité devrait être considérée comme une activité de production. L' exe1nple suivant nous en convaincra. Adtnettons que l'on exclue de la notion de production l'offre de services non marchands par les administrations publiques mais pas celle de services marchands. Dans les pays où les soins de santé sont des services marchands, ils seraient pris en compte lors du calcul du produit intérieur ; là où ils sont offerts gratuitement aux patients, ils seraient ignorés. C'est aussi pour respecter le principe d' invariance que le comptable national est amené à évaluer certains flux fictifs : 1 1.8. 1. 1 Les services de logement là où le propriétaire habite son propre immeuble Le propriétaire qui loue son immeuble à un tiers perçoit un Loyer qui est comptabilisé comme un revenu pour ce propriétaire, comn1e une dépense pour le locataire et comme Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 253 w1e contribution au produit de la nation (la comptabilité nationale considère l'itnmeuble d'habitation c01nme un bien d'investissement et non collllne un bien de consommation durable). Souvent, cependant, le propriétaire habite son propre imn1euble. L'ignorer revient à sous-estimer le produit intérieur Jà où la propriété iminobilière est peu concentrée (un grand nombre de propriétaires possédant, chacun, peu d'immeubles et habitant l'un d'entre eux). Or, pour respecter le principe d'invariance, le produit intérieur ne peut pas dépendre du degré de concentration de la propriété immobilière. Aussi, le comptable national suppose-t-il, ilnpticite1nent, que le propriétaire habi­ tant son propre iinmeuble se paie à lui-n1ê111e un loyer identique à celui qu'il paierait s'il était locataire. Il s'agit là, répétons-Je, d'un flux fictif urliquement destiné à satisfaire le principe d'invariance de la cornptabilité nationale. 1 1.8.1.2 L'autoconsommation finale et les avantages en nature Certains producteurs consomment personnellement une partie plus o u moins importante de leur production. C'est le cas notamment des agriculteurs et des hot1iculteurs. Cette production autoconsommée doit faire partie du produit intérieur. Le comptable national ne peut l'ignorer et ceci d'autant plus que si, dans les pays industrialisés, en raison de la forte spécialisation des agriculteurs et de leur faible proportion dans la population active, la production autoconsommée ne représente qu'une infin1e pa11ie de la production inté­ rieure totale, c'est loin d'être vrai dans les pays en vole de développe1nent. À nouveau, il convient de respecter ici le principe d''invariance de la comptabilité nationale. La production autoconsommée est évaluée aux prix du 1narché tout comrne les avantages en nanire dont bénéficient certains agents économiques. 1 1.8.2 La non-comptabilisation des services domestiques Si le comptable natlonal s'efforce de respecter Le principe d'invariance en enregistrant certains flux fictifs, il ne le fait pas, cependant, en toutes circonstances. Notamment, il n'enregistre pas la valeur des services domestiques prestés par les membres d'un 1nénage pour leur propre compte. Les services 111énagers rendus par 1 ''W1 des me1nbres du n1énage ne sont pas comp­ tabilisés dans le produit intérieur. On me peut porn1ant nier qu'il s'agit là d'une activité de production et ce d'autant plus que, Lorsque les mêmes tâches sont effectuées par des gens de maison, elles sont prises en compte dans le calcul de la production intérieure. Ce qui est vrai pour les services ménagers l'est aussi pour les services de brico­ lage, dejardinage . . . É valuer ces services lorsqu'ils sont rendus sans faire appel au 1narcbé pose de grandes difficultés statistiques. Il ne faut pas perdre de vue, lorsqu'on compare les comptes nationaux sur une longue période, que l'importance du tTavail féminin a considérablement évolué au cours du temps. La femme qui s'engage dans la vie professiom1elle fait, une pren1ière fois, auginenter le produit intérieur par sa propre contribution à ce produit. Elle le fait égale­ ment s'accroître une seconde fois en ayant recours plus fréquemn1ent à certains services Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 254 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE con1ptabilisés dans le produit intérieur tels que ceux offerts par les restaurants, les blan­ chisseries, les gardes d'enfant ou, tout simplement, les fe1nmes d'ouvrage. Si on ne peut nier les ve1tus de la division du travai l et de la spécialisation, l'évolution de la production intérieure surestüne certainement celle du bien-être de la nation. 1 1.8.3 La valorisation des heures de loisir Les individus disposent d'un certain nombre d'heures à répa1tir entre leurs loisirs et leur activité professionnelle. Au tenne d'un calcul écono1nique, ils peuvent parfaitement déci­ der de travailler moins et de s'octroyer des heures de loisir supplémentaires. S'ils agissent ainsi, c'est, tout simplement, parce qu'ils attribuent plus de valeur à ces heures de loisir qu'au revenu tiré de l activité professionnelle. ' Leur bien-être s'est accnt. Le produit intérieur, par contre, s'est réduit. Ceci a conduit à faire la proposition d'évaluer les heures de loisir que les individus s'octroient librement (on ne parle pas ici de « loisir obligé » comme dans le cas du chômage) au 1nême titre que leur production. 1 1 .8.4 La valeur ajoutée des administrations publiques Nous avons vu qu'il est simple de calculer la valeur ajoutée d'Lme unité écono1nique lorsque sa production peut être évaluée aux prix du marché. Tous les biens produits ne passent pas cependant par le marché. C'est le cas, nota1nment, des biens et des services non 1narchands des administrations publiques. Nous avons vu que l'on ne peut les ignorer puisqu'ils contribuent aussi au bien-être de la nation. Comment évaluer alors les services d'eITTseignement, ceux de justice, de défense nationale ou d'achninistration générale ? On a-Omet que la contribution des pouvoirs publics (le gouvernement fédéral 1nais aussi les régions, les c01nmunautés, les provinces, les communes, les centres publics d'action sociale) au produit intéiieur (leur valeur ajou­ tée) est égale, essentiellement, à la son1me des salaires et traitements payés par ces pou­ voirs publ i cs (on y ajoute les loyers fictifs des bâtilnents publics et les an1011issements de certains biens de capital des pouvoirs publics). 1 1.8.5 L'économie « souterraine » (« Underground economy ») L'économie « souten-aine » englobe à la fois des activités illégales et des activités, qui tout en étant légales, sont néamnoins cachées. Ces activités sont ignorées par le comptable national. 11 ne prend pas en compte le reven1t.1 procuré par le vol, les escroqueries ou le trafic de drot,rue. Tout comme, lorsqu'un salarié effectue, après joun1ée des prestations « en noir », i l n'impute que son salaire et rien d'autre. Il ignore donc, généralement, sa contribution résiduelle au produit intérieur. , Par ailleurs, notre comptable national n éval ue le revenu de certaines catégories ' d'agents économiques que sur la base de statistiques d'origine fiscale. Or les données Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 2SS fiscales sont souvent entachées d'une certaine volonté des contribuables de frauder ou d'éluder l'impôt en partie. Certes, certaines adaptations sont effectuées en conséquence. Elles sont toutefois pure1nent arbitraires. Les comparaisons internationales de produits intérieurs sont, donc, biaisées par la part diffërente de la production « cachée » dans la production totale de chaque économie (la sous-évaluation du produit intérieur est d'autant plus forte que l'économie « souter­ raine » est importante) et par la plus ou 1noins grande possibilité, ou volonté, pour les facteurs de production de dissimuler au fisc une paiiie de leurs revenus. 1 1.8.6 Les nuisances et la dégradation de /'environnement Nous avons vu que, lorsqu'on calcule la valeur ajoutée d'une firme, on déduit de la valeur de sa production sa conso1nmation intermédiaire de biens et de services. li s'agit, avons­ nous dit, du coût des biens et des services interméctiaires qu'elle utilise pour produire. Dans certaines circonstances, la firme, en produisant, entraîne des coûts qui ne sont pas recensés parce qu'ils ne sont pas évalués et payés : il s'agit des coûts externes tels que ceux des nuisances par le bntit, de la pollution des eaux ou de la dégradation de l'envi­ ronnement. Une estimation correcte de la valeur ajoutée, pour chaque unité économique, devrait prendre en c01npte les coûts externes ce qui réduirait d'autant le produi t intérieur. Certains services sont mis en œuvre, par les pouvoirs publics notam111ent, pour prévenir ou pour corriger ces nuisances ou cette dégradation de l'environnement. Une cri­ minalité accrue entraîne l 'engagen1ent de policiers supplémentaires, la pollution des eaux réclaine une politique d'épuration coûteuse, différentes techniques existent aussi pour lut­ ter contre le bruit. Les services préventifs et correctifs de nuisances augmentent le produit intérieur alors que l'on peut affirmer qu'il n'y correspond pas un gain de bien-être pour la population. Négliger de comptabiliser les nuisa.nces de toutes sortes et la dégradation de l'environnen1ent associées aux différentes activités écon01niques conduit à surévaluer la croissance de la production intérieure. 1 1.8.7 Le bien-être économique net Le produit intérieur est loin d'être un indicateur parfait du niveau de bien-être de la popu­ lation. Aussi a-t-on été arnené à définir le bien-être économique net comme une variante de la mes1u-e de la production de l'é.conomie gui ne prendrait en considération que les dépenses de consommation et celles d'investissement contribuant directement au bien­ être de la population. Au produit intérieur tel que nous l'avons calculé, il faudrait ajouter la valeur des activités qui accroissent le bien-être de la population sans avoir cependant été comptabili­ sées : la valeur du temps de loisir que les individus s'octroient, celle des services dornes­ tigues prestés par les mernbres du ménage pour leur propre co1npte, celle de la production réalisée dans le cadre de l'économie « souterraine». Tl faudrait déduire le coût des nui­ sauces et de la dégradation de l'environnement associées au développetnent économique. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 256 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 1 1.8.8 Produit intérieur et niveau de vie moyen des individus Nous avons vu différentes raisons pour lesquelles le produit intérieur n'est pas un indica­ teur parfait du niveau de vie de la population. Une auh·e raison tient de la répaitition des revenus. Plus un individu est riche et dispose d'une grande gamine de biens et de services, plus la satisfaction qu'il retire d'un euro supplé111entaire de revenu (l'utilité marginale du revenu) est faible. Le niveau de bien-êh·e de la population est plus bas, à revenu intérieur par habitant donné, là où ce revenu est inégalement réparti que là où il fait l'objet d'une répartition très égalitaire. Potu- s'en convaincre, il suffit de penser à l'exemple suivant. Dans deux pays A et B (il y a trois habitants dans chaque pays), le revenu intérieur est 1 .000 ; en B, un individu a un revenu de 2.800 et les deux autres disposent d'un revenu de 1 00. Le niveau de bien-être de de 3.000. En A, chacun dispose finalement d'un revenu de la population est cettainement supérieur en A qu'en B. Cette réflexion a conduit les économistes à définir la fonction de bien-être social. Si on admet que dans un groupe (une nation, par exemple), le niveau d'utilité de chacun est 1nesurable et comparable (on poun-ait donc parfaitetnent 1nesurer et con1parer le niveau de satisfaction des individus), le niveau de bien-être social est exprimé c01nme une fonc­ tion croissante de chacun des niveaux d'utilité individuels. Si W représente le niveau de bien-être social et individuels des n personnes formant le groupe, W= Wi(U1, ••• , U") U1, • • • , U Il les niveaux d'utilité où d W > 0 pour tout .i dU.1 Cette condition exprime simplen1ent que si, au sein d'un groupe, le bien-être d'un individu s'accroît alors que celui des autres reste inchangé, le niveau de bien-être social augmente égale1nent (p1incipe de Pareto). La littérahlre économique utilise générale111ent la fonction additive comme forme particulière de fonction de bien-être social. Le niveau de bien-être social est la somme des niveaux d'utilité individuels : W= U1 + U,,� + ... + U Il 1 1.8. 9 La comparaison internationale des comptes nationaux La comparaison du niveau de vie de deux pays sur la seule base de leurs comptes nationaux est une opération délicate. La part de la production cachée dans la production totale peut y être fort différente. Le revenu peut y être réparti de façon plus ou n1oins égalitaire. C'était l'objet des remarques précédentes. Mais qui plus est, on est alors amené à comparer des Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 257 agrégats calculés dans des unités monétaires différentes. Bien sûr, la conversion pourrait­ elle se faire sur la base des taux de change. Ceux-ci, cependant, pour différentes raisons (spéculation monétaire, biens qui ne peuvent faire l'objet de transactions internatio­ nales . . . ) ne constituent pas u n reflet fidèle du pouvoir d'achat de chaque monnaie. L'économiste est alors conduit à calculer des équivalences de pouvoir d'achat des monnaies en multipliant les prix pratiiqués dans différents pays par un n1ên1e système de quantités (donc par lm panier de biens donné). IÛSUMÉ l. produit intérieur est la valeur totale des biens et des services pro­ duits, pendant une année, par une économie donnée et disponibles soit pour la Le consommation, soit pour l'accumulation des richesses. li est défini, à la fois, comme une somme de revenus et comme une somme de dépenses. li se calcule aussi en additionnant les valeurs ajoutées dégagées tout au long de la production des biens et des services. 2. Le produit intérieur mesure la production des unités économiques établies sur le territoire du pays (notion de territorialité) quelle que soit la nationalité des facteurs utilisés. Le produit f'làtionàl concerne, par contre, la production des facteurs de ce pays (notion de nationalité des facteurs de production) peu importe le point du globe où cette production s'effectue. 3. Le produit intérieur net se définit comme la somme des valeurs ajoutées nettes (calculées après déduction de la consommation de biens de capital fixe) dégagées par les unités productives établies sur le territoire national. Il se calcule en déduisant du prod uit üntérieur brut le montant des amortissements. 4. Les revenus primaires (salaires, intérêts, dividendes, . . . ) constituent la contre­ partie d'une activité de production. Les transferts monétaires, par contre, sont perçus par les agents économiques en dehors de toute activité productive. 5. L'excédent d'exploitation est la somme des revenus de la propriété et de l'en­ treprise (en ce compris les impôts di rects des entreprises et leurs bénéfices réservés) qu'obtiennent, dans le cadre d e leur fonction productive, les unités économiques établies sur le territoire de la nat1ion. 6. Le revenu disponible des particuliers se répartit intégralement entre leur consomma­ tion et leur épargne. L'épargne des particuliers est donc calculée par solde : c'est la différence entre le revenu disponible des particuliers et la consommation privée. 7. Pour chaque année, le produit intéirieur à prix constants est calculé en multipliant les quantités de biens et de services produites cette année par les prix d'une année de référence. li décrit l'évolution au cours du temps de la production réelle de l'économie. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 258 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 8. En comparant les séries statistiques des comptes nationaux à prix courants et à prix constants, il est possible de calculer différents indices implicites des prix. 9. le tableau entrées-sorties (tableau « input-output ») permet, en ventilant le secteur des entreprises en plusieurs branches, de repérer les flux internes à ce secteur ainsi que ceux s'opérant entre l u i et les outres secteurs. « » !l'output) d'une branche don­ née : il s'agit de Io voleur globale de ses ventes et des ses prestations. L'output d'une bronche se décompose intégralement en une demande intermédiaire (le total des ventes intermédiaires aux outres firmes intérieures) et en une demande finale (les ventes aux autres secteurs nationaux et au reste du monde). 10. Choque ligne d u tableau représente les sorties (l'input) d'une branche, c'est-à-dire le montant de ses achats. On distingue les achats intermédiaires (les achats aux entreprises intérieures) de l'input primaire de la branche. Si on déduit de celui-ci les importations de cette bronche, on obtient sa valeur ajoutée brute aux prix du marché. 1 1 . Choque colonne représente les entrées 12. Le tableau « input-output » permet de calculer le produit intérieur de l'économie tant par l'optique de Io production que par celle des dépenses. 13. Pour que la comparaison des comptes nationaux dans le temps et dons l'espace soit significative, il est nécessaire que soit respecté le la comptabilité nationale. principe d'invariance de Il convient que les comparaisons de comptes nationaux ne soient influencées ni par les règles de présentation des comptes, n i par les méthodes d'évaluation utilisées dans chaque cas. C'est pour respecter le principe d'invariance que le comptable national évolue certains flux fictifs : les services de logement là où le propriétaire habite son propre immeuble, l'autoconsommation finale et les avantages en nature . . . Il néglige cepen­ dant de tenir compte des services que les membres d'un ménage prestent pour leur propre compte. 14. le produit intérieur n'est pas u n indicateur parfait du niveau de vie de la population. Aussi est-on amené à définir le bien-être économique net. Au produit intérieur, il faudrait ajouter Io valeur des activités qui accroissent le bien­ être de la population sans avoir cependant été comptabilisées : la valeur du temps de loisir et celle des services domestiques, la production réalisée dans le cadre de l'économie « souterraine » . . . Il faudrait, par contre, déduire le coût des nuisances et de la dégradation de l'environnement Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les mesures de la production intérieure. Les comptes de la Nation 259 EXERCICES PROPOSÉS 1. On connaît, pour une année donnée, • • • les grandeurs suivantes, calculées à prix courants : produit intérieur brut aux prix du marché 6820 dépenses de consommation finale privée 3950 exportations nettes de biens el de services -220 • amortissements 1030 • revenus de facteurs reçus du reste du monde 2460 • dépenses de consommation finale des administrations publiques 1870 • produit national net aux prix du marché 5870 Calculez les revenus de facteurs versés au reste du inonde et la formation intéiieure brute de capital. 2. On connaît, pour une année donnée, les grandeurs suivantes, calculées à prix courants : • épargne nette des particuliers 1510 • exportations nettes de biens el de services 280 • revenus de facteurs reçus du reste du monde 2210 • formation intérieure brute de capital 1850 • amortissements • revenu disponible nef des particuliers 7930 • revenu de facteurs versés ou reste du monde 2470 • produit intérieur net aux prix du marché 9420 1 S 10 Calculez la conso1mnation finale p1ivée, les dépenses de consommation finale des administrations pub)jques et le produit national brut aux p1ix du marché. 3. On connaît, pour une année donnée, les grandeurs suivantes, calculées à prix courants : • dépenses de consommation finale des administrations publiques 2940 • produit intérieur brut aux prix du marché 10130 • formation intérieure brute de capital 2240 • exportations nettes de biens et de services -410 • revenu disponible net des particuliers 7290 Calculez la consonunation finale privée et J'épargne nette des pai1iculiers. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 260 4. L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE On connaît pour 3 années, x, y et z, le chiffre de la consommation privée à prix courants et à prix constants (prix de l'année x). Année X Cons. privée à prix courants Cons. privée aux prix de l'année x 3.000 3.000 3.280 2.860 3.820 3.080 y l 5. Calculez le taux de croissance du volutne de la consommation privée de l'année x l'année z et celui du prix de la consommatDon privée de l'année y à l'année z. à On connaît pour 3 années, x, y et z, le chiffre de la formation intérieure brute de capital prix courants et à prix constants (prix de l'année y). à Année X FIBC à prix courants FIBC aux prix de l'année y 5.220 S.540 5.750 5.750 S.910 5.720 y z Calculez le taux de croissance du volume et du prix de la fom1ation intérieure brute de capital de l'annéex à l'année z. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) CONSOMMATION ET ÉPARGNE 1 2. l 1 2.2 1 2.3 1 2.4 1 2.5 1 2.6 1 2.7 1 2.8 1 2.9 La courbe de consomma1tion du ménage à court terme Propension marginale à consommer et propension marginale à épargner Propension moyenne à consommer et propension moyenne à épargner Consommation individuelle et consommation collective Fonction macroéconomique de consommation dans le court terme et fonction macroéconomique de consommation dans le long terme La théorie du cycle de vie L'hypothèse du revenu permanent La théorie du revenu relatif La fortune réelle nette. L'« effet pigou >> Sommaire 262 264 266 267 269 271 272 274 275 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 262 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Après avoir défini le revenu national, nous devons être maintenant en mesure de dire pourquoi il est ce qu'il est à un moment donné et non pas une quantité supérieure ou infé1ieure, et quelles sont les causes du sous-emJPIOi, de l'inflation ou encore de la crois­ sance économique. Les modèles macroéconomiques récents font appel aux concepts d'offre et de demande globales de produits (offre agrégée et demande agrégée de produits). Longte1nps cependant on a admis que, l'offre de produits: s'adaptant automatiquement à la demande, le revenu national est déterminé par l'interaction des forces d'épargne et d 'investisse1nent conduisant à fixer le niveau de la demande globale de produits. Aussi convient-il de s'intéresser avant toute autre chose aux principales com­ posantes de la demande de produits. Ce chapitre sera consacré à la consommation et à l'épargne, le suivant le sera à l'investissement. Dans les troisième et quatriè1ne chapitres, nous nous detnandions de quelles variables dépend la consommation de chaque bien que les consommateurs ont à lew· dis­ position. Nous nous intéressions alors à la quantité demandée de chaque bien et de chaque service. Ici, nous porterons notre attention à la détemlination du niveau de consom1nation globale de l'individu ou du n1énage et, par la suite, à celle du niveau de consom1nation de la société dans son ensemble. 1 2.1 LA COURBE DE CONSOMMATION DU MÉNAGE À COURT TERME Nous venons de voir que les particuliers peuvent faire deux usages distincts de leur revenu disponible : une partie de ce revenu sera conson1n1ée, l'autre sera épargnée. Il est d'observation courante que les riches épargnent davantage que les pauvres, non seulement en chiffres absolus lnais aussi en pourcentage de leur revenu. Les très pauvres sont même souvent incapables d'épargner si peu que ce soit et, tout au contraire, ils ont tendance à désépargner en consommant davantage que ce que leur revenu dispo­ riible leur permet, en s'endettant ou, à tout le moi.os, en utilisaot à cette fm une épargne préalable1nent constituée. li s'ensuit que le revenu dispotùble est un détenninant primor­ dial de la consomtnation et donc de l'épargne, co1nme le montre le tableau 1 2 . 1 . Ce tableau indique l'évolution des dép,enses annuelles de consommation et de l'épargne nette d'un ménage représentatif au fw· et à mesure que son revenu disponible aug1nente. ll est bien évident que la somme des dépenses de consommation et de !'épargne est égale au revenu disponible : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Consommation et épargne 263 Tableau 12.1 Revenu disponible du ménage Dépenses de consommation Epargne (+) ou désépargne ( ) 5000 6.250 - 1.250 10 000 10.750 - 750 1 5 000 15.000 0 20000 19.000 1.000 25 000 22.750 2.250 30000 26.250 3.750 35000 29.500 5.500 40000 32.500 7.500 45000 35.250 9.750 50000 37.750 12.250 · Graphiquement, si l'on mesure en ordonnée la consom1nation globale du tnénage et en abscisse son revenu disponible, ce barème de consotmnatioo conduit à la représen­ tation suivante (figure 12.l) : "droite à 45°" c E Courbe de consommation Courbe d'épargne minimum vital Y0 Rev. disp. (Y) Figure 12.1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 264 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Que représente sur ce graphique la« droite à 45° » (la bissectrice de ] 'angle formé par les axes de coordonnées) ? Pour chaque valeur du revenu disponible du ménage, elle mesure ce que seraient ses dépenses de conso1nn1ation si ce revenu disponible était entiè­ rement consommé. L'épargne du ménage se mesure alors par l'écart (positif ou négatif) entre cette « droite à 45° » et la courbe de consommation. Lorsque la courbe de consom­ mation est située au-dessus de la « droite à 45° », l'épargne nette du iuénage est néga­ tive ; le ménage désépargne. Lorsqu'elle est située en dessous, l'épargne du rnénage est positive. Dès lors, en reportant, pOLlr chaque valeur du revenu disponible, ]'écart entre la « droite à 45° » et la courbe de consommation du ménage (par exemple, AB = A 'Y0), on trace point par point la courbe d'épargne à court terme de ce ménage. On appelle « seuil de désépargne », le niveau du revenu disponible (Y) pour lequel J 'épargne du ménage est juste nulle, donc pour lequel ce ménage consom.m.e inté­ gralement son revenu, ni plus ni moins. Lorsque le revenu disponible est inférieur au « seuil de désépargne » ( Y<Y5), le ménage désépargne ; lorsqu'il est supérieur à ce seuil (Y>Y5), l'épargne est positive. Graphiquement, le « seuil de désépargne» s'obtient par l'intersection de la courbe de conso1nmation du ménage et de la « droite à 45° >>. Ou, ce qui revient au même, par l'intersection de la courbe d'épargne et de l'axe des abscisses. Dans notre exemple nun1érique, il est égal à 1 5.000 euros. En résumé, quand la courbe de consotnrnation du ménage (on parle parfois, aussi, de la courbe de propension à consommer) passe au-dessus de la« droite à 45° », la fan1ille désépargne. Quand elles se croisent, la fanùlle s'en tire tout juste. Quand la courbe de propension à conson1mer passe en dessous de la « droite à 45° », la famille réalise une épargne nette positive. 1 2.2 PROPENSION MARGINALE À CONSOMMER ET PROPENSION MARGINALE À ÉPARGNER L' éconotniste montre un grand intérêt pour le chiffre de la propension marginale à consommer et pour celui de la propension 1111arginale à épargner. Co1n1nent un it1dividu ou un ménage va-t-il réagir à une augn1entation de son revenu disponible en y adaptant le montant de ses dépenses de consommation et la grandeur de son épargne ? En d'autres tem1es, pour tout euro supplémentaire de revenu, quelle part en sera-t-elle consomn1ée et, par conséquent, quelle part en sera-t-elle épargnée ? Supposons que le revenu disponible initial de notre inénage soit de 15.000 euros et qu'il passe à 20.000 euros. Sa consommation, d'abord égale à 1 5.000 euros vaut fina­ lement 19.000 ew·os. Ce ménage a réagi à une hausse de son revenu de 5.000 euros en augmentant ses dépenses de consommation de 4.000 euros et, par conséquent, son épargne de 1 .000 euros. Pour chaque euro additionnel de revenu, 8/10 est consommé et 2/10 est épargné. La propension marginale à consommer est de 0,8 ; la propension marginale à épargner de 0,2. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Consommation et épargne 265 La propension marginale à consommer est donc la consomtnation supplémentaire du ménage provenant d'un euro additionnel de revenu disponible. Elle se rnesure par le rapport entre la variation des dépenses de consonunation et celle du revenu disponible qui y a donné lieu : p.m.. C= D.C . D.Y La propension marginale à épargner, pour sa part, est égale au rapport entre la variation de l'épargne et celle du revenu disponible : M p.m.E = -. D.Y Puisque D.Y = D.C + M, .D.Y D.Y -=l = .D.C M = + - p m.C + p.m.E. D.Y .D. Y . - La somme de la propension marginale à consonlffier et de la propension margi­ nale à épargner est toujours égale à 1 . À la lumière de notre exemple numérique, nous avons calculé que lorsque le revenu disponible augmente de J 5.000 euros à 20.000 euros, la propension marginale à consommer est égale à 0,8. Cependant, cette propension marginale à conson11ner ne reste généralement pas constante au fur et à mesure qu'évolue le revenu disponible. Par exemple, lorsque ce revenu passe de 45.000 à 50.000 euros, la conson1mation n'aug­ mente plus que de 2.500 euros. La propension rnarginale à consommer n'est plus égale alors qu'à 0,5. On admet générale1nent que l.a propension marginale à consomn1er d'un ménage est une fonction décroissante du revenu disponible. Il est nonnal en effet de supposer que les personnes plus riches consomment un peu m.oins de chaque euro supplé1nentaire de revenu que le font les personnes moins à leur aise. Plus le revenu du ménage augmente, plus tàible est donc la part de chaque euro additiormel de revenu qui sera consommée. Par conséquent, plus forte est la part qui en sera épargnée. La propension marginale à épargner serait donc une fonction croissante du revenu disponible. Graphiquement, la propension 111arginale à consommer se représente par la pente de la tangente à la courbe de consommation. A une pente raide correspond une forte propension inarginale à consoJUIDer, à une pente douce une faible propension 1narginale à consommer. Supposons que le revenu disponible s'accroisse de Y, à Y2. Le rapport .D.Cl.D.Y est représenté par la pente du rayon AB. À la litnite, lorsque D.Y devient infinunent petit, ce rayon AB devient tangent à la courbe de consomn1ation du ménage. Par conséquent, dans l'hypothèse réaliste que la propension tnarginale à consommer fléchit lorsqu'augmente le revenu disponible, la courbe de conso1nniation tourne, comme sur la figure 12.2, sa concavité vers faxe des abscisses. ' Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 266 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE c Figure 12.2 Dans le tnême ordre d'idées, la propension 1narginale à épargner se représente par la pente de la tangente à la courbe d'épargne. Cette pente devient, dans notre exemple tout au n1oins, d'autant plus forte que le revenu disponible du ménage s'accroît. 1 2.3 PROPENSION MOYENNE À CONSOMMER ET PROPENSION MOYENNE À ÉPARGNER Deux définitions encore. La propension moyenne à consonuner (p.MC.) est égale au rap­ port entre la dépense de consommation du ménage et son revenu disponible : c p · Af · C = ­ y Elle se représente graphiquement par la pente d'un seg1nent tel que OO (figure 12.2) joignant l'origine des axes au point de la cow·be de consomn1ation corres­ pondant aux niveaux envisagés de revenu et de conso1runation. Tant à la figure 12.2 qu'à la figure 12.3, la propension moyenne à consommer est consta1nment décroissante. C'est parfaitement réaliste. Nous avons noté, en effet, qu'il est d'observation courante que les riches épargnent plus que les pauvres, non seulen1ent en valeur absolue nrnis aussi en pourcentage de leur revenu. En d'autres termes, au fur et à mesure que le revenu dispo­ nible augn1ente, la consommation diminue en part relative. li n'est pas nécessaire de faire l'hypotbèse que la propension marginale à consom­ n1er est une fonction décroissante du revenu diisponible pour que la propension tnoyenne le Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Consommation et épargne 267 soit. n suffit, si la propension marginale à consommer demeure constante (la conso1nma­ tion est alors une fonction hnéaire du revenu disponible), que la courbe de consommation intersecte l'axe des ordonnées pour une valeur positive des dépenses de consommation. Or cette intersection représente le n1inünun1 vital du conson1mateur, la conso1nmation n1ini­ mum nécessaire pour lui permettre de survivre. Ce ininimum vital ne peut être que positif. La propension moyenne à épargner est égale au rapport entre l'épargne du ménage et son revenu disponible. Elle augmente, de façon générale, au fur et à mesure que le revenu disponible s'accroît : E p·M·E=­ y Finalement, on 1nontre aisément que la so1nme de la propension 1noye1me à consommer et de la propension moyenne à épargner est elle aussi égale à 1 . c 0 y Figure 12.3 1 2.4 CONSOMMATION INDIVIDUELLE ET CONSOMMATION COLLECTIVE Voici exprimées la dépense de conson1mation et l'épargne d'un individu ou d'un ménage en fonction de son revenu disponible. Cependant, ce que l'économiste cherche à connaître lorsqu'il doit expliquer con1ment est déten11iné le niveau du revenu national, ce n'est pas c01nment la consommatio.n d'un ménage dépend de son revenu mais bien comment la consomn1ation totale de ! 'économie est reliée au revenu disponible total. C'est là qu'il faut distinguer le court terme du long terme. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 268 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE À court tem1e, la courbe de consommation nationale constitue la synthèse des courbes de consom111ation individuelles et familiales. Plus Je revenu disponible de la nation est élevé, plus, à court terme, la propension marginale et la propension moyenne à consommer seraient faibles. Cependant, on a pris l'habitude de représenter la consom­ mation nationale à court terme par une droite intersectant l'axe des ordonnées pour un montant positif des dépenses de consomn1ation, en admettant ainsi implicitement que la propension marginale à consommer resterait constante. Bon nombre d'études statistiques effectuées sur de longues périodes (dans le long tem1e) ont fait apparaître cependant que la propension moyenne et la propension margi­ nale à cons01nmer de la nation restent remarquablen1ent stables au cours du te1nps. Par ailleurs, la propension marginale à consotruner dans le long terme serait supérieure à la propension marginale à consom111er à court tern1e. La courbe de conso1111nation nationale dans Je long tern1e se représenterait de façon adéquate par une droite qui, si elle était pro­ longée, passerait par l'origine des axes (figure 12.4). c E y figure 12.4 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Consommation et épargne 269 1 2.S FONCTION MACROÉCONOMIQUE DE CONSOMMATION DANS LE COURT TERME ET FONCTION MACROÉCONOMIQUE DE CONSOMMATION DANS LE LONG TERME, L'analyse statistique a donc montré que 1a fonction macroéconomique de consommation dans le long terme peut être représentée par une droite passant par 1'origine des axes le long desquels on inesure le revenu disponible et la dépense de consmnmation de la nation. La propension marginale à consommer den1eurerait donc stable dans le long tenne et serait, par ailleurs, supérieure à la propension marginale à consoinmer à court terme. Les choses se passent comme si la fonctiom macroéconomique de conson1mation à court terme se déplaçait progressive1nent vers le haut au fur et à mesure qu'augmente le revenu dispo­ nible de la nation (voir figure 12.5). Si l'augmentation du revenu disponible de à Y2 se 1naintient pendant une période suffisa1runent longue, la courbe de consommation à cou11 terme de l'écono1nie se déplace progressiven1ent vers le haut de CCT, à CCT2. Y, Ce déplacement vers le haut de la courbe de consom.mation à court tenue de l'économie au fw: et à mesure que s'accroît le revenu disponible des particuliers s'ex­ plique par plusieurs raisons : • parce que, dans le long terme, les individus ont le temps d'adapter parfaitement Jeur consommation aux vatiations du revenu. Ce n'est pas vrai à court terme. JI a été observé c CTL y Figure 12.S Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 270 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE que les individus mettent généralement plusieurs périodes pour répondre pleinement à une variation de leur revenu. On peut, en effet, penser, pendant un certain temps, qu'une hausse ou ql1'une baisse du revenu n'est que passagère et ne pas y réagir Îlnmé­ diatement en adaptant son niveau de conso1mnation. L 'augn1entation des dépenses de consommation faisant suite à une hausse du revenu disponible serait donc plus faible, à court tenne qu'à long terme, une fois que les conso1nmateurs auront parfaitement adapté leur co1nportement à cette hausse de revenu ; • parce que, aussi, l'aug1nentation du revenu disponible peut fort bien s'accompagner d'un accroissement de la population. Donc de nouvelles bouches à nourrir et une demande de consommation accrue ; • parce que, également, un accroissement du revenu peut entraîner une répartition plus égalitaire de ce revenu. Les bénéficiaires en seraient essentiellen1ent des consomma­ teurs à forte propension marginale à consommer de telle sorte qu'il faudrait s'attendre à une augmentation plus ilnportante des dépenses de conso1nmation ; • parce que, finale1nent, on ne peut pas étudier les décisions de consommation en courte période sans noter l'existence de variables autres que le revenu disponible susceptibles de les influencer (les habitudes de consomrnation acquises dans le passé, la fortune accumulée par héritage ou à la suite d'une épargne antérieure, . . . ). La figure 12.6 montre, pour la Belgique, l'évolution, au cours des dernières années, de la répartiti on du revenu disponible des patticuliers entre leurs dépenses de consomn1ation et leur épargne brute. Assez paradoxalement, nous observons qu'une aug­ n1entation des revenus ne s'accompagne pas toujours d'une diminution de la propension n1oyenne à conso1n1ner et d'une augmentation de la propension moyenne à épargner. C'est la preuve que l'explication de l 'évolution des dépenses de conso1nnrntion que nous avons dom1ée jusqu'à présent est inco1nplète. D'autres théories sont nécessaires Dépense de consommation finale et épargne brute des ménages 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 2004 2005 2006 2007 • Dépenses de consommation finale 2008 2009 2010 Épargne brute Figure 12.6 Souile: lnstilul national de Statistique. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 271 Consommation et épargne pour expliquer convenablement le comportement des consom1nateurs. Nous présente­ rons successivement la théorie du cycle de vie, celle du revenu permanent et celle du revenu relatif. 1 2.6 LA THÉORIE DU CYCLE DE VIE Elle repose sur l'hypothèse que les individus se fixent cornn1e objectif de planifier leur consornn1ation et leur épargne au cou1·s du temps de façon à nlaxitniser le niveau de satis­ faction qu'ils retireront du flux de revenus perçu au cours de leur existence. Un consommateur qui connaîtrait parfaitement les revenus qu'il percevra au cours de sa vie, essaierait, dans cet object if de 1naintenfr une cons01runation égale chaque am1ée. li épargnerait les années où son revenu serait supérieur à ses dépenses de consom1nation, il désépargnerait les autres années. , De façon plus générale, un individu ou une famille déte1minerait sa consomma­ tion, à tout moment de son existence, en tenant compte de sa fortune (acc1uise en épargnant une partie des revenus passés ou obtenue par héritage), de son revenu présent ainsi que de l'ensemble des revenus dont il pense pouvoir disposer dans l'avenir. , Si l'étudiant désépargne auj ourd 'hui c'est parce qu' il s'attend à percevoir un revenu plus élevé une fois ses études tenninées. Ou si le lTavailleur épargne pendant sa période de travail actif, c'est pour être capable, une fois retraité, de conson1n1er plus qu'il pounait Je faire autre1nent. Un des mobiles principaux de l'épargne, selon cette théorie, serait donc de constituer une réserve s.usceptible d'être consonm1ée à la fin de l'existence. L'exemple suivant, pour sin1ple et peu réaliste qu'il soit, pem1et cependant de comprendre l'attitude du consonm1ateur lorsqu'il planifie ses dépenses. Envisageons donc le cas d'un consommateur engagé dans la vie active, qui doit fixer au te1nps t0 son niveau de consommation et celui des périodes suivantes. • 0 c Io � ,._A anné Age de la retraite D années ) Age du décès Figure 12.7 On adn1et que cette personne serait parfaitement informée de l'âge de la retraite et de celui de son décès. Elle connaît le montant de sa fortune, A, en !0 (si elle s'est endettée jusqu'à ce mo1nent de son existence, A < 0). Elk s'attend à percevoir un revenu annuel Y jusqu'à Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 272 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE l'âge de sa retraite (donc pendant R années) et, ensuite, un revenu annuel Y' (normale­ ment, Y' < Y) jusqu'à l'âge de son décès. Elle souhaite aussi, au moment de son décès, léguer à ses descendants ou à d'autres personnes, un héritage d'un n1ontant H. Nous avons dit que si ce conso1nmatelllf souhaite .maximiser Je niveau de satisfaction retiré de sa consommation, il doit la planifier de n1anière à rester constante au cours du ten1ps : R C -_ A -H +y+ D D D- R , y. D Son épargne, en t0, est égale à : ( ) . R Y A-H D-R Y' E= Y-C= l . D D D Sa propens10n 111argma · 1e a' conso11101er 1e revenu cotu-ant est ega ' le a' pension n1arginale à épargner égale à 1-!!._. D R et sa proD On peut tirer plusieurs conclusions intéressantes de ce modèle : • plus la fortune actuelle est élevée, plus l'épargne est faible toutes autres choses restant égales. Le fait d'avoir accu1nulé une fortune importante (ou de 1 'avoir acquise par héii­ tage) réduit la propension à épargner (et augmente, donc, la propension à consomn1er) des agents écononùques. Par contre, le souhait de léguer un héritage plus élevé à ses proches augmente cette propension à épargner ; • la propension marginale à consommer et la propension marginale à épargner dépendent du rapport entre le nombre d'années jusqu'à l'âge de la retraite (R) et le 11on1bre d'an­ nées à vivre (D). Dans le cas d'un jeune 1nénage, R et D sont élevés et relative111ent proches l'un de l'autre, la propension marginale à conson1mer est élevée. Par contre, dans celui d'un ménage plus âgé toujoLu-S actif, R diminue relative1nent à D et la propension marginale à consommer est plus faible ; • une augmentation des droits à la retraite (Y') réduit la propension à épargner des inénages. On tire la même conclusion dans le cas d'un allongement de la durée de vie active (R aug1nente) à condition que Y> Y'. 1 2.7 L'HYPOTHÈSE DU REVENU PERMANENT Le rapport entre la consommation et le revenu est beaucoup plus stable dans le long terme que dans le court tenne. D'autre pait, la propension marginale à consommer à court terme est inférieure à la propension marginale à consommer à long terme. L'approche du cycle de vie nous a déjà fourni un élément d'explication. Même si son revenu fluctue fo1tement au cours du temps, le consommateur essaiera néamnoins de répartir sa consommation de façon plus ou moins uniforme dans le ten1ps. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 273 Consommation et épargne Une approche alternative qui diffère dans les détails de la théorie du cycle de vie, tout en s'inspirant du mêtne esprit est celle proposée par la théorie du «revenu perma­ nent». Cette théorie se résume de façon très sin1ple. Ce qui détermine le cornporten1ent de cons01nn1ation de l'individu ou du ménage, ce n'est pas son revenu courant, susceptible de fluctuer fortement d'une période à l'autre en raison de phénomènes pureinent aléatoires, mais son revenu permanent, beaucoup plus stable. À chaque période, le revenu courant, Y, , se décon1poserait donc en deux parties : une composante pennanente (le revenu pennanent, Y 1) et une composante transitoire (le p revenu transitoire, Y") : r; = Y,,, + J;n Dans sa forme la plus simple, l'hypothèse du revenu pen11anent établit que le niveau de consom111ation est égal à une proportion constante, k, du revenu permanent : C = kYpl 1 où C, représente la cons01n1nation à la période t. Le consommateur n'adapterait donc pas son comporte1nent à des augmentations ou à des diminutions de revenu qu'iljuge passagères. Reste à définir le revenu permanent. On admet qu'il s'agit de la moyenne pondé­ rée du revenu courant et du revenu d'un certain nombre de périodes passées. Tout dépend en fait de savoir dans quelle proportion le revenu pennanent s'adapte au revenu courant : Notons �11, le revenu permanent à la période t, y;J(l-J)' le revenu pennanent à [a période t-1, g, un parainètre dont la valeu]· est comprise entre 0 et 1 , expJimant la rnesure dans laquelle le revenu pern1anent s'adapte au revenu courant. [ Alors, Y,,, = Y,,<i-i} + g r; -Yp(i-i} J Si g = 0, �,, = Ypci-ir Le revenu permanent reste stable et ne dépend pas du revenu courant. La consommation des n1énages à la période t serait donc indépendante de leur revenu courant lors de cette période. P Y, , le revenu pe1111anent serait égal au revenu courant. Plus g tend vers l , plus le revenu pennanent est fortement influencé par le revenu courant et plus la dépense de consommation des 1nénages dépend dès lors de leur revenu courant : Si g = 1 , Y , = La propension marginale à consommer le revenu courant est égale à k.g . Toutes autres choses restant égales, elle est d'autant plus forte que g tend vers 1. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 274 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Ce résultat peut s'interpréter comme suit. Lorsque le revenu courant d'un cons01runateur augmente, ce consommateur va considérer cette hausse comtne puretnent passagère et n'y réagir que faible111ent (k.g) en adaptant le 1nontant de ses dépenses de consommation. Si, par contre, cette augmentation du revenu se maintient pendant plu­ sieurs périodes successives, son caractère passager disparaît et le consommateur est, dès lors, libre d'y adapter son comportement. Si une hausse du revenu se perpétue pendant plusieurs périodes, le revenu pennanent finit par s'y adapter parfaitement. La propension marginale à consommer à long terme est alors égale à k. Si la consommation actuelle d'un individu ou d'un ménage dépend, en partie, de son revenu présent, elle est également, pour une part non négligeable, fonction de ses revenus passés 01abitudes de consommation acquises dans le passé, épargne constituée jadis et susceptible d'être consommée aujourd'hui, . . . ). Cette conclusion est importante car, nlême sans faire sien l'ensemble de la théorie du« revenu pernrnnent », on peut diffi­ cilement nier le fait gue le co1nporte1nent de consom1nation act11el est égale1nent influencé par les revenus dont l'individu ou le 1nénage a disposé jadis. 1 2.8 LA THÉORIE DU REVENU RELATIF Tout comme la théorie du cycle de vie et celle du revenu permanent, la théorie du revenu relatif se fixe aussi com1ne objectif d'expliquer les fluctuations à court terme du rapport entre cons01nn1ation et revenu disponible, comparées avec la constance relative de ce rapport dans le long terme. L'argument principal qu'elle développe est également que la consommation actuelle dépend en partie de l'évolution dans le te1ups du revenu de l'indi­ vidu ou du ménage. La théorie du revenu relatif repose sur la constatation suivante. Lorsque le revenu d'un individu ou d'un ménage diminue, celui-ci ne réagit pas i1nmédiatement en décidant de modifier en conséquence son style de vie. Par contre, une auginentation du revenu par rapport au niveau maxünum préalablement atteint, donnerait lieu à une hausse in11nédiate de la consom1nation. Le niveau actuel de consommation dépendrait donc aussi du niveau max.imrnn atteint, dans le passé, par le revenu de l 'individu ou du ménage. La figure 12.8 illustre l'hypothèse du revenu relatif. Supposons que le niveau actuel du revenu d'un individu soit égal à Y1 et qu'il s'agisse là de la valeur n1axitnun1 jan1ais atteinte par ce revenu. Si dans ces conditions, il auginente de Y1 à Y2 (Y2 devient donc le niveau maxi1nutn histoJique du revenu), le conson11nateur réagit en augmentant ses dépenses de C1 à C2• Par contre, si après un cer­ tain te1nps, le revenu reprenait sa valeur initiale Y1, la consommation de notre individu ne reviendrait pas au niveau C1 mais serait vraisemblablement comprise entre C1 et C2, valant par exemple C • Parce qu'à court terme, en raison des habitudes de vie qu' i 1 a acquises, cet 3 individu ajusterait son épargne de façon à inaintenir sa consommation à un niveau proche de celui qu'elle avait atteint précèdemn1ent. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 275 Consommation et épargne y Figure 12.8 1 2.9 LA FORTUNE RÉELLE NETTE. L'« EFFET PIGOU » Nous venons de voir que les dépenses de conson1mation des ménages dépendent à la fois de leur revenu courant (leur revenu disponible) et de leur fo1tune : C = C(Y,A) où Y représente le revenu courant des consommateurs et A la fo1tune réelle nette du sec­ teur privé. Toutes autres choses restant égales, plus le revenu OLL la fortune des 1nénages s'accroît, plus ceux-ci consomment. À côté des actifs réels que nous ne prendrons pas en compte ici, la fortune nette du secteur privé se co1npose de créances que des 1nénages ou des finnes détiennent sur le secteur public ou sur d'autres agents éconon üques du secteur privé. Encore faut-il déduire, parce que nous nous intéressons à la fortune nette, les dettes d'agents économiques de ce secteur. Or les créances détenues par des agents économiques du secteur privé sur d'autres agents de ce secteur sont parfaitement compensées par les dettes du secteur privé. La fortune nette est constituée par conséquent uniquement, à côté d'actifs réels, de créances détenues par I.e secteur privé sur le secteur public. Ces créances sur le secteur public sont de deux types : • • des encaisses en 1uonnaie de la Banque centrale que nous notons 1'.f,, ; des titres de la dette publique (foruds d' État, bons du Trésor). Nous admettrons que la dette publique est constituée uniquement de titres de créance à perpétuité, rapportant tous un revenu d'intérêt d'une uni1té monétaire à chaque période et dont le prix est, par Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 276 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE conséquent, inversement proportionnel au taux d'intérêt (r) et égal à .!... . Si elle co1npte , un nombre B de tels titres, la dette publique est égale à Bir. Puisque nous définissons ici la fortune réelle nette du secteur privé, il convient de tenir con1pte aussi du niveau général des p1ix P. Toutes autres choses restant égales, plus les pri x sont élevés, 1noins les ménages se sentent riches. La forttme réelle J1ette du secteur pr ivé se rédui t . Tout comme elle augmente lorsque le niveau général des prix ditninue : B + lvf0 -"­r A=- - de telle sorte que p C = C( Y , A ) = C Mo + ­Br --'Y ,P li est alors possible de définir l'« effet Pigou » ou « effet de fortune réelle ». Lorsque les prix auginentent, les ménages voient se réduire leur fortune réeJJe nette et se sentent n1oins riches. Il s din1inuent, par conséquent, letu-s dépenses de conson1mation. Inverse111ent, dans l'hypothèse d'une baisse des prix, l'augmentation de la fortune réelle nette conduirait ces ménages à consommer p lus. Pour sa part, une augmentation du taux d'intérêt, en réduisant le prix des ob li ga tions constituant la contrepartie de la dette publique, entraîne uDe diminution de l a fortune ­ réelle nette des 1nénages et de leurs dépenses de cons01nmation. RÉSUMÉ 1 . lorsqu'on mesure le reven u disponible en abscisse et la consommation d'un ménage en ordonnée, on trace généralement une courbe croissante tournant sa concavité vers l'axe des abscisses. Ceci traduit la diminution de la propension mar­ ginale à consommer lorsque le revenu disponible du ménage augmente. 2. la propension moyenne à consommer est la part consommée du revenu disponible alors que la propension marginale à consommer repré­ sente la part consommée de l'euro supplémentaire de revenu. Généralement, l'une el l'autre diminuent lorsque le ménage voit croître son revenu disponible. Il n'est toutefois pas nécessaire de faire l'hypothèse que la propension marginale à consommer est une fonction décroissante du revenu disponible pour que la pro­ pension moyenne le soit. Il suffit, si la propension marginale à consommer demeure constante, que la courbe de consommation intersecte l'axe des ordonnées (cette inter­ section représente le minimum vital) pour une valeur positive de la consommation. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Consommation et épargne 277 3. À court terme, la courbe de consommation nationale constitue la synthèse des courbes de consommation individuelles et familiales. Par contre, dans le long terme, les propensions moyenne et marginale à consommer restent remarquablement stables. On admet aussi que la propension marginale à consommer à court terme est infé­ rieure à la propension marginale à consommer à long terme. En effet, les consom­ mateurs mettent généralement p!lusieurs périodes pour répondre pleinement, en y adaptant le montant de leurs dépenses, à une variation du revenu. 4. la théorie du cycle de vie repose sur l'hypothèse que les individus se fixent comme objectif de planifier leur consommation et leur épargne au cours du temps de façon à maximiser la satisfaction qu'ils retireront du flux de revenus perçu au cours de leur existence. Un individu ou une famille déterminerait, dès lors, sa consommation, à tout moment de son existence, en tenant compte de sa fortune, de son revenu présent ainsi que de l'ensemble des revenus dont i l croit pouvoir disposer dans l'avenir. 5. le revenu permanent reste plus stable au cours du temps que le revenu cou­ rant, largement influencé par une composante transitoire. On le définit comme la moyenne pondérée du revenu courant et des revenus d'un certain nombre de périodes passées. Si on estime que la consommation est, à tout moment, proportionnelle au revenu permanent, elle dépend à la fois du revenu courant et des revenus passés. 6. Selon la théorie du revenu relatif, le niveau actuel de consommation dépen­ drait de la valeur maximum atteinte, dans le passé, par le revenu de l'individu ou du ménage. Un consommateur réagirait donc plus rapidement à une augmentation qu'à une diminution de son revenu. 7. la fortune nette du secteur privé est composée de ses encaisses en monnaie émise par la Banque centrale et de la valeur des titres de la dette publique qu'il détient. lorsque le niveau général des prix augmente, la fortune réelle nette du secteur privé se réduit ce qui le conduit à diminuer ses dépenses de consommation. Cet effet est qualifié d'« effet de fortune réelle » ou d'« effet Pigou ». EXERCICES PROPOSÉS 1. La consommation d'un 1nénage se représente par la fonction .!.w C= �Y IO D + 3 où Y0 et W sont respectivement le revenu di spon ible et la fortune réelle de ce ménage. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 278 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE On sait que : • au cours de la première période, t1, l.a propension moyenne à épargner du ménage vaut 25 % tandis que sa fortune réelle est de 540 ; au cours de la deuxième période, 12, [a propension moyenne à consommer du ménage est de 80 % alors que sa fortune réelle vaut 450. Déterminez l'évolution du revenu disponible du ménage de t1 à t2• • 2. 3. 4. Une personne, à 25 ans de l'âge de la retraite, sait, avec certitude, qu'il lui reste 50 ans à vivre. Sa fortune actuelle est égale à 1 50.000 et elle souhaite, à son décès, léguer un héritage de 125.000. Chaque année, jusqu'au jour de sa retraite, elle percevra un revenu égal à 12.000. Ensuite, son revenu annuel sera de 3.000. Elle cherche à répartir sa consommation dans le temps de 1n1mière à maxirniser le niveau de satisfaction qu'elle en retire. Calculez le montant de son épargne annuelle au moment de sa retraite ainsi que la variation de la propension moyenne à consommer entre la vie active et la retraite. Une personne à 30 ans de l'âge de la retraite sait, avec certitude, qu'il lui reste 50 ans à vivre. Elle a accu1nulé jusqu'à présent des dettes. püur un montant de 100.000 et elle souhaite, lors de son décès, léguer un héritage de 500.000. Chaque année, jusqu'au n1oment de sa retraite, elle percevra un revenu égal à 60.000. Ensuite, son revenu aunuel sera de 40.000. Elle cherche à répartir sa consommation au cours du temps de façon à maximiser le niveau de satisfaction qu'elle en retire. Calculez la propension moyenne à consommer de cette personne pendant sa pé1iode de vie active. Comment cette propension moyenne à conson1111er évoluera-t-elle si, toutes autres choses restant égales : • cette personne détient initialement une fortune plutôt que d'avoir des dettes ? • les pouvoirs publics décident d'augmenter l'âge de la retraite ? La consommation, dans une économie, représente. un pourcentage constant du revenu pennanent. Pour plusieurs périodes, on connaît le revenu courant (Y), le revenu transitoire parfois les dépenses de conso1runalion. y t, t2 13 t, tl 2.400 2.600 2.300 2.500 2.800 Y,, ( -200 1.560 0 100 ·250 1.560 (Y,) et 1.320 -150 Sur la base de ces infom1ations, déterminez la relation entre le revenu permanent et les dépenses de consonunation. Déduisez-en la propension moyenne à consonm1er le revenu courant en t5 et la propension marginale à consonuner I.e revenu courant de t4 à ts- Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Consommation et épargne 5. 279 On mesure, à cinq périodes successives, le revenu permanent d'une économie ainsi que le montant des dépenses de consom1nation. t, Revenu permanent ( Y,,l Dépenses de consommation (C1) 2.800 1.960 3.000 2.100 3.300 2.310 3.200 2.240 3.500 2.450 12 13 14 ts 6. La propension margjnale à consommer à court ten11e reste constante et vaut 0,28. Si YP1 = YJl(,. i > + g[Y, - YP<'·' >]. calculez g en fonction des infon11ations dont vous disposez. Y, et �' représentent respectivemient le revenu courant et le revenu pennanent d'un ménage à la période t. On sait que : Y = YJI( Ll + 0,75[Y - Y , 11] . La consommation de ce niénage représente, à tout moment, 80 o/o de son revenu permanent. Calculez la propension marginale à conso1nmer à court tenne de ce ménage et comparez-la à sa propension 1narginale à conso1nmer à long te1n1e. pl 7. 1· l p ,,. t· et YP, représentent respectivernent le revenu courant et le revenu permanent d'un ménage à la période t. Y, YJJ(t·tl �<•· '>]. On sait que : Y,,, = + g [� La consommation de ce ménage représente, à tout moment, 75 % de son revenu permanent et on sait que sa propension marginale à consouuner à court terme est égale à 0,6. Calculez le paramètre g. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LES DÉPENSES D'INVESTISSEMENT 1 3. 1 1 3.2 1 3.3 1 3.4 1 3.5 1 3.6 Épargne et investissement Lo théorie de Io valeur actualisée et Io décision d'investir Le faux interne de rentabilité d'un projet d'investissement. Lo courbe d'efficacité marginale du capital et Io courbe d'efficacité marginale de l'investissement L'investissement et le stock de capital désiré. Le principe de l'accélérateur Produit intérieur et dépense d'investissement Lo construction nette d'immeubles résidentiels et la variation des stocks Sommaire 282 284 286 290 295 298 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 282 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Ce chapitre est consacré à l'étude des principaux déterminants des dépenses d'investisse1nent. Nous rechercherons, plus particulièrement, les facteurs expliquant la demande de biens de capital fixe par les firmes. Ce qui ne signifie pas q11e, quoi qu'elles soient moins in1portantes en valeur (voir tableau 13.1), nous négligerons totalement les autres composantes de la fomrntion intérieure brute de capital : la construction d'im­ meubles d'habitation et la variation des stocks. Tableau 13.1 Répartition de la formation intérieure brute de capital (prix courants - année 201 1 - millions d'euros) Formation brute de capital fixe des entreprises 49.956 Formation brute de capital fixe en logements 20.609 Formation brute de capital fixe des adm. publiques 6.256 Variation des stocks 2.007 Formation intérieure brute de capital 78.828 Source: Banque llotionale de Belgique -Comptes nationaux 201 1 1 3.1 ÉPARGNE ET INVESTISSEMENT Investir, c'est, avons-nous dit, détourner certaines ressources économiques (de la 1nain­ d'œuvre c01n1ne des machines) de la production de biens de consommation pour les utili­ ser à celle de biens d'équipen1ent. Épargner, c'est renoncer à conso1n1ner une partie de son revenu pour une ou plu­ sie1u·s des raisons suivantes : • • • pour pouvoir conson11ner plus dans les années à venir ou pour être susceptible d'ac­ quérir ce1tains biens de consonlffiation durable, indivisibles, requérant l'avance d'une sonune d'argent importante. En etîet, le rythn1e de perception du revenu du 1nénage ne correspond pas nécessairement à son ryth1ne préféré de dépenses. De là, la volonté d'harmoniser ces deux flux à travers l'épargne ; pour assLu-er la sécrnité des vieux jours ou pour pouvoir faire face à certains risques de la vie tels que des dépenses imprévues (n1aladie, accidents, . . . ) ou une diminution non anticipée de revenu (perte d ' emploi, . . . ) ; parce qu'on désire léguer une partie de ses Tessources à ses enfants ou à ses petits­ enfants, à d'autres personnes ou, même, à ce1iaines institutions (on épargne pour un motif d'héritage) ; • parce qu'accumuler une fortune confère à l'individu un sentiment de puissance ou lui procure un meilleur statut social ; • parce qu'en fonction de certaines considérations d'ordre moral, l'épargne est considé­ rée comn1e une vertu alors que des dépenses « excessives » seraient estunées quasi­ ment immorales. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les dépenses d'investissement 283 n est ilnportant de souligner que, dans les sociétés industrielles modernes, les acti­ vités d'épargne et d'investissement sont accomplies par des individus différents, inus par des 1nobiles différents. Ce ne sont pas les mêmes agents écono1niques qui décident d'épar­ gner et d'investir ; les n1obiles de l 'investissen1ent sont différents de ceux de l'épargne. Bien stir, peut-on opposer à ceci certains contre-exemples. Lorsque l 'entrepre­ neur individuel ou les dirigeants d'une société anonyme décident de réinvestir une partie de leurs bénéfices (autofinancement des projets d'investissement), ils prennent, à la fois, la décision d'épargner et celle d'investir de manière telle que l'épargne de l 'entreprise dépend alors, dans une 1nesure in1portante, de ses occasions d'investissement. Dans de telles circonstances, lorsqu'il épargne ou lorsqu'il investit, l 'entrepreneur est mû par le mêine mobile. Quoi qu'il en soit, pour une pa11ie importante, l'épargne est accumulée par un groupe d'agents économiques, les individus, les fainilles, les n1énages, cornplète1nent dis­ tinct des entrepreneurs. Cette épargne est mise à la disposition de ces entrepreneurs qui l'utilisent pour accroître leurs capacités de production en acquérant de nouvelles machines ou en construisant de nouvelles installations, en un mot, qui l 'investissent. Nous venons de citer les principaux n1otifs de l'épargne des ménages ; ils n'ont aucun rapport direct avec la volonté d'investir. L'épargne et l' investissernent sont donc acco1nplis par des individus différents et pour des motifs, en grande partie, indépendants. Tandis que les décisions d'épargne sont principalement le fait des familles, la formation du capital (à l' exception cependant, pour partie, de la construction d' itruneub les) relève de l ' ülitiative des entrepreneurs. Rien ne garantit donc que, dans une économie de laissez-fa.ire, le volume global de !'investissement soit absolument égal au volume global de l'épargne. L'investissement peut être excessif par rappo11 à l'épargne pendant certaines pé1iodes, il peut être insuffi­ sant à d'autres époques. Nous en verrons les conséquences sur le niveau d'équilibre du revenu national. Dans une écono1nie de plein-e1nploi par conh·e, puisque les ressources produc­ tives y sont pleinen1ent utilisées, l'investissement sera, à tout moment, égal à l'épargne. Dans une telle économje, lorsqu'on voudra investir plus, il faudra utiliser des facteurs de production qui, jusqu'alors, étaient en1ployés pour produire des biens de consom.mation ; on consom.mera moins et on épargnera plus. Cette hypothèse de plein-emploi, donc de stricte égalité entre l 'épargne et les dépenses d' i11vestissement, est à la base de la nrnjmité des modèles de croissance. Voyons tout d'abord quelles sont les p1incipales raisons qui conduisent l'entre­ preneur à investir. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 284 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 1 3.2 LA THÉORIE DE LA VALEUR ACTUALISÉE ET LA DÉCISION D'INVESTIR À tout moment, un investisseur est astreint à se poser une des questions suivantes. Convient-il que j'utilise les fonds dont je dispose pour accroître mon stock de capital ou est-il préférable que je les consacre à l'acquisition d'autres actifs, con1me, par exemple, des obligations ou des prises de participation d.ans d'autres entreprises ? Ou bien est-il opportun que j'emprunte les fonds nécessaires pour me pennettre de réaliser le projet d 'investisse1nent sou baité ? Décider d'investir ou de ne pas investir revient donc pour l'entrepreneur à faire un choix entre plusieurs actifs. li effectuera ce choix en tenant co1npte de leur taux de rendement respectif, 1nais aussi sans négliger le risque associé à chacun d'entre eux. Nous soulevons là un problème complexe de sélection du portefeuil1e qu'il ne nous est pas pos­ sible d'envisager ici en tant que tel. Aussi, dans la volonté dans • les conditions suivantes : de simplifier rnotre exposé, nous serons amené à raisonner l'entrepreneur dispose de fonds (mais ce que nous dirons ici est vrai aussi lorsque l'en­ trepreneLLr est emprunteur) qu'il peut utiliser soit à réaliser un projet d'investissement donné et donc à accroître son stock de capital, soit à acquérir un actif lui rapportant à chaque période un revenu d'intérêt égal à r par euro placé. Nous admettons que ce taux r est le taux d'intérêt du marché (de telle sorte que, dans le cas d'un en1pruntew·, r serait le taux d'intérêt auquel l'entrepreneur poun-ait emprunter) ; • cet entrepreneur connaît parfaitement le coût C du projet d'investissement ainsi que le flux de recettes nettes (les recettes brutes din1inuées des somtnes qu'il faut dépenser pour inetti·e en œuvre l'outillage et en tirer 11.me production .. par exemple les salaires payés aux travailleurs qui utilisent l'équipement), R 1 • • • R,,, qu'il lui procurera au COLtrS de n périodes successives. Nous faisons donc l'hypothèse qu'il n'y a aucune incerti­ tude quant au 1nontant des recettes futures retirées de la réalisation du projet. À quelle condition notre enirepreneur va-t-il choisir d'investir? Avant de répondre à cette question, nous dirons tout d'abord ce qu 'est la valeur actualisée du flux de recettes nettes retirées d'un projet d'investissement. Partons d'un exemple sünple. Admettons que l'entrepreneur dispose d'une s01nme C qu'il peut investir dans un projet d'investisse1nent dont la durée de vie est d'un an ou qu'il peut placer en banque à un taux d'intérêt égal à r. Cet entrepreneur ne réalisera le projet d'investissement qu'à la condition que celui-ci lui procure une recette nette, R1, supérieure ou, au moins, égale à C( l +r). En effet, s'il n'en était pas ainsi, l'alternative consistant à placer les fonds requis pour l'investissement serait préférable. L'entrepreneur n'investira donc que si : _!i_ > C l+r Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les dépenses d'investissement 285 ( !i_ est la valeur actualisée de la recette nette associée à ce projet d'investissen1ent par1+r ticulier dont la durée de vie est d'un an). Envisageons un second projet d'investissement dont la durée de vie est de deux ans. Par simplicité, nous admettons que l'entrepreneur n'en retire aucune recette la pre­ n1ière année (R1 = 0). À quelle condition ce projet sera-t-il entrepris ? À la condition que la recette nette attendue la seconde année, R2 soit supérieure ou égale à C ( 1 +r)2 : , .fS (1 +r)2 >C - Finalement, considérons un dernier cas : la durée de vie du projet d'investissement est de deux ans, la recette nette R 1 qui en est dégagée la première année peut être réinvestie pendant un an à un taux d'intérêt r tandis que R2 est la recette nette produite par ce projet la seconde et dernière année. Le projet d'investissement en question est rentable si R '- + 2 l + r (l + r ) 2 R D'une tàçou générale, si R 1 • • • >C - R,, représentent le flux de recettes nettes attendues procurées par un projet d'investisse111ent donné d'une durée de vie den années et si r est le taux d'intérêt du tnarcbé auquel l'entrepreneur peut emprunter ou placer les fonds dont il dispose, la valeur actualisée de ce flux de recettes nettes se calcule comme suit : R= R1 + !} "2 ' (l+r) ( l + r)2 + ··· + R ,, {l+r)" = L. 11 Rk k=i (I+rt Ce projet d'investisse1nent ne sera entrepris qu'à condition que R > C où C est le coüt du projet. Imaginons que le taux d'intérêt vienne à augmenter. Il s'ensuivrait, toutes autres choses étant égales, une diminution de la valeur actualisée du flux de recettes nettes reti­ rées de chaque projet d'investissement. Tant et si bien que certains projets qui auraient été entrepris jadis ne le seront plus aujourd'hui. On tirerait la même conclusion dans le cas où, toutes autres choses restant à nouveau égales, Je prix des biens d'équipen1ent viendrait à aug1nenter (le coüt de chaque projet d'investissement serait plus élevé) ou dans celui où les entreprene1u-s, devenant plus pessi1nistes, s'attendraient à Tetirer des recettes 1noindres des projets d'investissement entrepris. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 286 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 1 3.3 LE TAUX INTERNE DE RENTABILITÉ D'UN PROJET D'INVESTISSEMENT. LA COURBE D'EFFICACITÉ MARGINALE DU CAPITAL ET LA COURBE D'EFFICACITÉ MARGINALE DE L'INVESTISSEMENT 13.3. 1 Le taux interne de rentabilité Une méthode alternative pour évaluer la rentabilité d'un projet d'investisse1nent consiste à calculer son taux interne de rentabilité (son taux d'efficacité 1narginale du capital). Cette méthode et celle présentée ci-dessus conduisent au même résultat. On définit le taux interne de rentabilité d'un projet d'investisse1nent com1ne la valeur particulière du taux d'actualisation qui permet d'égaler le coût du projet et Ja valeur actualisée du flux de recettes nettes qu'il procure. Il s'agit du taux À, calculé de manière telle que : + ···+ (]+�)" = t (l ÀY + i Chaque projet d 'invest sse1nent a son propre taux interne de rentabilité dépendant R1 R2 C = l+À. + (1+1..)2 R R* *=' de son coût et du flux de recettes nettes : Lorsque le taux interne de rentabilité À est supériew· ou, au moins égal, au taux d'intérêt du marché (A> r), le projet est rentable. Lorsqu'au contraire A < r, il ne l'est pas. On voit à nouveau que, toutes autres choses restant égales, une hausse du taux d'intérêt du marché, tme auginentation du coût du projet d'investissement ou w1e diini­ nution du flux de recettes nettes attendues (dans les deux den1iers cas le taux interne de rentabilité diminue) conduisent à renoncer à des projets d'investissement qui sans cela auraient été entrepris. .• 1 3.3.2 La courbe d'efficacité marginale du capital Pow· clarifier encore quelque peu les choses, envîsageons l'exemple suivant. Trois projets d'investissement se présentent simultanément à une firme. Le premier, la construction d'un nouvel entrepôt, coûte 500.000 euros et procure un taux inte1ue de rentabilité de l 2 o/c>. Le second, l'acquisition de nouveaux outils, revient à 200.000 euros. Son taux interne de rentabilité est de 6 %. Le troisième finale1nent, l'a1nénagement des voies d'accès à l'entre­ p1ise, donne lieu à un coût de. l.000.000 euros pour un taux intente de rentabilité de 9 %. ùnaginons que le taux d'intérêt, auquel l'entrepreneur peut emprunter ou placer ses fonds, soit de 8 o/o. Dans cette hypothèse, la dépense totale d'investissement de la firme sera de 1 .500.000 euros : elle réalisera, en effet, les premier et troisième projets dont le taux interne de rentabilité est respectivement de 1!2 % et de 9 % ; elle renoncera par contre Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les dépenses d'investissement 287 Tableau 13.7 Dépense d'investissement Toux d'intérêt (r) 12%<r 0 500.000 9%<rS 12% 6 % < r !> 9 % 1.500.000 rs 6 % 1.700.000 au second puisque son taux interne de rentabilité n'est que de 6 %. Dans l'hypothèse où le taux d'intérêt viendrait à augmenter jusqu'à 10 o/ci, l'entrepreneur renoncerait aussi au troisièrne projet, ne réalisant plus que le prernier. Sa dépense d' investissen1ent se réduirait à 500.000 euros. Cet exemple illustre clairernent le fait qt1e, toutes autres choses restant égales, l'entrepreneur individuel réagit à une hausse du taux d'intérêt en diminuant sa dépense d'investisse1nent. Certains projets d'investissement rentables à un taux d'intérêt plus bas ne le seront plus à un taux d'intérêt plus élevé et ne seront dès lors, pas entrepris. Le tableau 13.2 établit, pour cet exen1ple, la relation entre le taux d' intérêt et la dépense d'investissement de la firme. La courbe d'efficacité marginale du capital de la firme individuelle (voir figure 13. l) se représente par une « courbe en escalier » puisque la finne n'est susceptible de ne réaliser, chaque année, qu'un petit nombre de projets d'investissement. r ,, 1 2 % �-----. 10 o/o ---·-·-·-·- --·-·-·- ·-· -·-·-·-·-·-·-·-·-·· � --- -----t-------. 8 %---·-·-·-·J·-·-·-·- ·-· -·-·-·-·-· � - -·- · - · · 1 1 1 --------- 1 - - - - - - - - - - - - - - - - -�-- r . 5 15 n 17 Dépense réelle d'i vest. Figure 13.1 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 288 r ro -------------------- Dépense réelle d'investissement Figure 13.2 Voici donc tracée la courbe d'efficacité 1narginale du capital d'une fitme indivi­ duelle. Com1nent va-t-on alors constn1ire la courbe d'efficacité marginale du capital de l'ensemble des finnes ? Tout siinple1nent en faisant la somme horizontale des courbes d'efficacité marginale du capital de ces firmes. Ce qui, compte tenu du grand nombre de projets d'investisse1nent susceptibles d'être envisagés, nous donnera une courbe lisse, décroissante, exprirnant que, toutes autres choses restant égales, plus le taux d' intérêt est bas, plus le nombre de projets entrepris par les firmes est élevé et plus, par conséquent, leur dépense d'investisse111ent est ünportante (voir figure 13.2). Par l'expression « toutes autres choses restant égales », nous voulons signifier le coût des biens de capital (un accroisseinent de ce coût entraînera un déplacement vers la gauche de la courbe d'efficacité marginale du capital) et l'évaluation du flux de recettes nettes associées à chaque projet (une évaluation plus optiu1iste de ces recettes se traduira par un déplacetnent vers le droite de la courbe d' efficacité 1narginale du capital). 13.3.3 La courbe d'efficacité marginale du capital et la courbe d'efficacité marginale de /'investissement Tl serait tentant de considérer cette courbe, agrégée, d'efficacité marginale du capital comme la courbe d'investissement de l'économie, exprimant une relation inverse entre la dépense d'investissement des entreprises et le taux d'intérêt. On iisquerait cependant, dans ces conditions, de surestin1er l'accroissernent (resp. la diminution) de la dépense réelle d'investissement induite par une baisse (resp. une hausse) donnée do taux d'intérêt. t L'augmenation des dépenses d'investissement gui fera suite à une düninution du taux d'intérêt aura nonnale1nent comme effet d'augmenter le p1ix des biens d'équipement et, par conséquent, le coût des projets d'investissement. Ceci entraînera, nous l'avons vu, Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les dépenses d'investissement 289 Taux d'intérêt (r) r1 � ------------------ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - � 11 11 1 ! - Dépense réelle d'investissement Figure 13.3 une din1inution du taux interne de rentabilité de ces projets et, donc un déplacement vers la gauche de la courbe d'efficacité marginale du capital de l'économie. Une baisse du taux d'intérêt de à conduit finalernent à une augtnentation de l'investissement (réel) de /1 à /3 et non de / 1 à !2 (voir figure 13.3). r1 r2 Si le taux d'intérêt augrnentait, puisque le prix des biens de capital diminuerait (la demande pour ces biens diininuerait), la courbe d'efficacité marginale du capital de l'économie se déplacerait vers la droite. La courbe d'efficacité marginak de l'investissetnent, au contraire de la courbe d'efficacité marginale du capital, montre la relation qui existe entre le taux d'intérêt et la dépense réelle d'investissement lorsqu'on tient compte de l'effet sur le prix des biens d'équipement d'une de1nande accrue ou d'une den1ande réduite pour ces biens. C'est elle qui représente effectivement, en fonction du taux d'intérêt, la demande d'investisse1nent de l'éconotnie. Le graphique ci-dessous est construit dans l'hypothèse où, initialement, le taux d'intérêt du marché est égal à Comme nous l'avons dit, ne pas tenir co1npte des variations du prix des biens de capital surévaluerait l 'accroisse1nent de la demande réelle d'investissement lorsque le taux d'intérêt diminue et surévaluerait la diminution de cette demande lorsque Le taux d'intérêt augrnente (voir figure 13.4). La courbe d'efficacité marginale de l 'investissement est donc plus rigide, par rappo1t au taux d'intérêt, que celle d'efficacité nrnrginale du capital. r0• Peu importe qu'on utilise la notion d'efficacité nrnrginale du capital ou celle d'efficacité marginale de !' investissen1ent, la dépense d' investissetnent est une fonction Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 290 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Taux d'intérêt (r) efficacité marginale de l'investissement efficacité marginale du capital Dépense réelle d'investissement Figure 13.4 décroissante du taux d'intérêt. Alors que l'épargne n'est que peu sensible aux fluctuations du taux d'intérêt, la dépense d'i1Jvestissement en dépend très largement. Ceci nous per­ mettra d'expliquer pas mal de choses par la suite. 1 3.4 L'INVESTISSEMENT ET LE STOCK DE CAPITAL DÉSIRÉ. LE PRINCIPE DE L'ACCÉLÉRATEUR 13.4. 1 Le principe Nous venons de voir que la dépense d'investisse1nent est une fonction iDverse du taux d'intérêt. Cependant, mê1ne si ce taux restait inchangé au cours du temps, nous ne pour­ rions pas affirmer pour autaut que la dépense d 'investissetnent ne fluctuerait pas. Nous allons voir ici une des raisons pour lesquelles iJ en est ainsi. La théorie de l'accélérateur ne se rapporte qu'à la détermination de l'investis­ se1nent net. Seul celui-ci correspond à un élargissement des capacités de production de l'économie. Nous savons que le niveau d'output d'une économie dépend de l 'ensen1ble des biens de production dont elle dispose (son stock de capital) ainsi que du nombre de tra­ vailleurs qu'elle e1nploie. Oublions pour l'instant que chaque entrepreneur peut utiliser Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 291 Les dépenses d'investissement des techniques de production plus labo1istiques ou plus capitalistiques en fonction du prix respectif de chaque facteur de production. Il devient, dès lors, raisonnable de supposer qu'il existe une relation de proportionnalité enh·e le stock de capital global que les entre­ preneurs souhaitent détenir et la quantité de biens qu'ils désirent produire. Par exemple, à une époque t donnée, Kd = kY , , , où k est le capital output ratio et K; est le stock global de capital désiré dans notre éco­ nomie à cette époque. Le capital output ratio, k, esit défini comme le rapport entre le stock de capital dont une branche de production ou dont l'économie dans son enseinble dispose et le volwne de production annuel de cette br.anche ou de cette éconon1ie. C'est donc le stock de capital qui est nécessaire pour réaliser une production annuelle unitaire. Il est aisé de comprendre que le capital output ratio se définit aussi com1ne l'inverse de la productivité moyenne du capital. Ce rapport peut varier entre les pays, entre les époques et, aussi, entre les branches de production. Dans certaines de celles-ci, là où les techniques utilisées sont essentielle­ ment laboristiques, le capital output ratio est faible ; dans d'autres, en1ployant des tech­ niques capitalistiques, il est élevé. 11 dÏ.lninue aussi au cours du temps sous l'effet du progrès technique. Co1npte tenu du décalage inhérent à toute décision d'investissen1ent, le stock de capital effectif au temps t, K,, est le stock de capital désiré à la période précédente, t - 1 : K = Kd = kY t 1-I 1-I Puisque l'investissen1ent net à l'époque t est égal à la différence entre le stock de capital désiré et le stock de capital eftèctîf à ce moment, f" = Kd - K = k [ Y/ - Yt-1 ] = kllY I I I t L'investissement net apparaît donc comme une fonction linéaire de la varia­ tion de la production de 1' éconon1.ie. Il est positif lorsque cette production augmente, nLLi lorsqu'elle reste constante au cours d.u temps et négatif lorsqu'elle diminue. Cependant, pour que l'investissen1ent net soit de plus en plus élevé d'une période à l'autre, il est nécessaire que le produit intérieur augmente de plus en plus rapidement. L'investissement net (tout en restant positif) pourrait donc parfaitement décroître pendant une période de croissance de la production intérieure, si cette croissance (la variation de la production) se fait de plus en plus faible. Ce 1nécanisme est connu sous le nom d'accélérateur : le niveau de l'investissement net dans une économie est une fonction linéaire (dont le coefficient de proportionnalité est le capital output ratio) de l'intensité de la variation de la production dans cette économie. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 292 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Tableau 13.3 Période Production Stock de copitol Investissement net 200 800 2 220 880 80 3 240 960 80 4 270 1.080 120 5 310 1.240 160 6 350 1.400 160 7 370 1.480 80 8 380 1.520 40 9 380 1.520 0 10 370 l.480 -40 L'exemple nun1érique ci-dessus pennet d'encore clarifier les choses. Admettons que le capital output ratio soit égal à 4 et notons, au cours de dix périodes successives, l'évolution de la production, celle du stock de capital et celle de l 'investisse111ent net. Lorsque la variation de la production intérieure reste inchangée de période en période (de la première à la deuxième et de la deuxième à la troisième), l 'investissement net deineure stable. Dès que l'augmentation de l'output de l'économie se fait de plus en plus forte d'une période à l'autre, l 'investissement net s'accroît. Au contraire, à partir du moment où cette va1iation de la production :intérieure commence à dinlÎnuer, le niveau de l ' investissement net décroît pour devenir nul lorsque le produit intérieur reste stable et négatif lorsque la production intérieure diminue. Notons bien ceci. Il n'est pas nécessaire q�1e la production de l 'économie diminue pour que l 'investissement net le fasse. l i suffit Sbmplement que l'écart entre deux valeurs successives de cette production dans le temps commence à se faire moins important. Graph.iquen1ent, I' investisse1neot oet atteint son oiveau maximum au n1oment où les variations successives de la production intérieure commencent à se faire de 1noins en moins importantes (voir figure 13.5). Nous avons exprin1é jusqu'à présent l 'investissement net au temps t co1nme une fonction linéaire de l'écart entre l 'output de l'éconon1ie à cette période et celui de la période précédente, t-1 . C'est ignorer que souvent, un temps plus in1portant s'écoule, entre le moment où se prend la décision d'investir et celui où la dépense d'investissement est effectivement réalisée. Aussi, certains auteurs proposent-ils la définition suivante de l 'accélérateur : lt = k [ r;_, - .t:-2 J ' estimant alors que ! 'investissement au temps t serait une fonction linéaire de la différence entre l'output de l'économie à la période t - l et à la période t Sommaire - 2. (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 293 Les dépenses d'investissement Prod. 1 1 1 1 11 12 11 t 1 lnvest. net t Figure 13.S Voilà pour le principe. À court terme cependant, il existe un ce11ain nombre de raisons qui font en sorte que l'investisse1nent ne s'adapte pas aux variations de l'output d'une façon aussi mécanique que celle que nous venons de décrire. La plus évidente réside dans le caractère asymétrique du processus d'accéléra­ tew·. Une diminution de la production intérieure devrait conduire à un investissement net négatif. Les entrepreneurs ne vont pas détruire pour autant des biens de capital existants. Ils décideront tout sunplement de ne pas remplacer les biens d'équipen1ent dépréciés. 13.4.2 Accélérateur et taux d'intérêt N'ous avons, jusqu'à présent, négligé Je fait que les entrepreneurs, eu égard notamment aux prix des facteurs de production, peuvent choisir des techniques plus capitalistiques ou plus laboristiques. En admettant que k demeure constant, nous considérions qu'ils com­ binent toujours dans la 1nême proportion le travail et le capital. Cette hypothèse doit être remise en question et l'influence du taux d'intérêt sur le choix du processus de production doit être envisagée. l i faut s'interroger sur les va1iables dont dépend le paramètre k. Nous co1nmencerons par rappeler, brièvernent, con1111ent un entreprenew· qui s'assigne un volume de production donné choisit la combinaison de facteurs qu'il va utili­ ser. Ce qui est vrai pour un entrepreneur sera alors vrai pour l'ensen1ble des finnes. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 294 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE K _ _ _ _ _ _ 1 1 1 1 .J 1 1 1 1 1 1 _ _ _ _ _ _ _ _ L Figure 13.6 Si notre finne s'assigne un volume de production q0, elle va se situer le long de l'isoquante conespondant à ce niveau de production. Panni toutes les co1nbinaisons possibles de facteurs, elle va choisir celle de tnoindre coût au point de tangence entre l' isoquante et la droite d'égalité de coût la plus proche de l'origine des axes. Au point E, cet entrepreneur utilise K0 unités de capital et L0 unités de travail. En ce point, la pente de la tangente à l'isoquante est égale à la pente de la droite d'égalité de coût. Nous avons montré que cette dernière (en valeur absolue), P/PK , dépend uniquen1ent des prix unitaires des facteurs de production. Admettons que Je prix unitaire du capital dintinue relativement à celui du travail ou, ce qui revient au même, que le prix unitaire du travail augmente par rapport à celui du capital. En un mot, le rapport P/PK s'accroît. S'il continue à s'assigner comme objectif de minimiser le coût de production d'une quantüé d'output q0, notre entrepreneur réagit à cette modification du prix relatif des facteurs en se déplaçant, le long de l'isoquante q0, du point E vers le point E ' (point de tangence de l'isoquante avec une nouvelle droite d'égalité de coût compte tenu du nouveau rapjpOrt de p1ix des facteurs). JI utilise moins de travailleurs mais un plus grand nombre d'unités de capital. L'augmentation du prix unitaire du travail relativement à celui du capital conduit chaque fi1me à remplacer des unités de travai l par des unités supplén1entaires de capital ; le capital output ratio k augmente par conséquent. Il dépend donc du prix relatif des fac­ teurs de production. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les dépenses d'investissement 295 n dépend aussi du progrès technique. Nous avons vu que, toutes autres choses restant égales, un progrès technique permet de produire plus avec la même quantité de facteurs de production ou, ce qui revient au n1êine, de continuer à produire la mê1ne chose avec moins de facteurs. Suite au progrès technique, les entrepreneurs utiliseront 1noins de capital pour réaliser un niveau de production donné ; le paramètre k di1ninue. Si A est un indicateur de l'état de la technologie utilisée (plus A est élevé, plus le progrès technique est accentué), avec dk dk dk < 0, > 0 et - < O dPK dA dP,_ -- - Toutes autres choses restant égales, k est une fonction décroissante de PK et de A et une fonction croissante de Pc C'est ici que le taux d'intérêt intervient. Le prix unitaire du capital en dépend. Nous avons vu que plus ce taux est élevé, plus le coût d'opportunité du capital investi est in1portant. La ré1nunération que doit obtenir l'entrepreneur pour accepter d'investir est d'autant plus forte. Le capital est, par conséquent, plus cher ce qui an1éne les entreprises à utiliser des techniques de production plus lab01istiques. Inversement, une din1inution du taux d'intérêt, en réduisant le prix du capital, conduit les entrepreneurs à utiliser des méthodes de production faisant appel de façon plus intensive à ce facteur et de façon moins intensive aux autres fàcteurs. Dans ce cas, le capital output ratio augn1ente. De façon générale, la fonction macroéconomique d'investisse1nent s'écrit de la façon suivante : 1 = 1 (r, tlY) pour signifier que la dépense d'investisse1nent de l'économie dépend tout autant du taux d'intérêt (l'investissement din1inue, toutes autres choses restant égales, lorsque ce taux augmente) que de l'évolution de la production intérieure dans le te1nps. 1 3.S PRODUIT INTÉRIEUR ET DÉPENSE D'INVESTISSEMENT Le principe de l'accélérateur montre que la dépense d'investissen1ent dans une écononlie dépend de l'importance de la variation de la production intérieure. Souvent cependant on se contente de faire l'hypothèse que cette dépense d'investisse1nent est fonction seulement du niveau de la production. Il faut se rendre compte que l'investissement est excessivement variable. Qu'il varie considérablement d'année en année et de décennie en décennie. Ce co1nporte1nent volatile ne saurait surprendre étant donné que les occasions d'investir sont liées à la découve1te de nouvelles techniques, à de nouveaux produits, à l'exploitation de nouveaux territoires ou à l'extension des frontières éconotniques, à l'utilisation de ressources nou­ velles ou encore à l'accroissement de la population. Le progrès technique et la croissance Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 296 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE dén1ographique sont deux des principaux élétnents d'explication de l'évolution des dépenses d'investissement au cours du temps. C'est pourquoi, tnême en période de dépres­ sion alors que la sünple comparaison de 1 'output et du stock de capital donnerait à penser à ! 'existence de capacités de production excédentaires, !' investissen1ent net de1neure positif. Pour bien faire comprendre ceci, envisageons un exemple si1nple. Dans une pre­ n1ière branche, aucun progrès technique n'intervient qui donnerait lieu à une diminution des coûts de production ou à l'apparition de nouveaux produits. Les seules raisons d'investir dans une telle branche seraient une dinlinution du taux d'intérêt conduisant à la substitution du travail par le capital ou une augmentation anticipée de la demande adressée à cette branche. Le principe de l'accélérateur explique parfaiten1ent ce comp01ien1ent d'investissement. Dans une seconde branche par contre, dans laquelle apparaîtraient régulière­ ment des inéthodes de production plus efficientes ou la possibilité d'offrir de nouveaux produits, les choses se passeraient d'une façon toute différente. Les firmes se verraient contraintes d'investir afin d'éviter de disparaître. Dans de telles conditions, le volutne de l'investissement ne dépendrait pas tant des variations attendues de la production que de la taille du marché devant être couvert. Rien n'empêcherait donc l'investissement net de derneurer positif pendant des périodes de capacités de production excédentaires. Ceci suggère que la dépense d'investissement dans une éconoinie est tout autant si pas plus une fonction du niveau de la production que de la variation de cette producti.on : != f(r, Y) représenterait donc convenablen1ent la demande de biens d'investisse1nent. lnv. total lnv. induits lnv. autonomes y figure 13.7 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les dépenses d'investissement 297 Qui plus est, plusieurs études ont montré que souvent des firmes hésitent à emprun­ ter ou à émettre de nouvelles actions pour investir, ou simplement n'en ont pas la possibilité, et préfèrent limiter le volume de leur investisse1nent à celui qu'il est possible de financer par des ressources propres (bénéfices non distribués, réserves pour dépréciation). Ces ressources dépendent en partie du niveau de profit de ces firmes qui lui-même est fonction du niveau d'activité de l'économie. C'est là une seconde raison de penser que la dépense d'investisse­ ment est fonction du niveau de production de l'écon01nie, donc du produit intérieur. Le lien entre les dépenses d'investissen1ent et le produit intérieur conduit à opé­ rer la distinction entre les investisse1nents autonomes et les investisse111ents induits. Les investissements autonomes sont ceux qui restent inchangés en dépit de l'augmentation du produit intérieur. Les investisse1nents induits au contraire auginentent avec le niveau de production de J 'économie. Évolution du taux d'intérêt et de la formation brute de capital fixe 80 000 14% r\ 70 000 I 60 000 _J -\ 50 000 '  / \,,,,.... - 40 000 30 000 - - ' --,_ 20 000 -,_ 12% , _ , _ ,_ - '"" -10% 8% 6% "- - � l'o - � .. 4% 2% 1 0 000 . 0 ..,. ..,. ' . T ' l 'T T T "'i' T ..,. 'T ' -;- T ,- ' ' . 0% - FBCF (millions d'euros, estimations aux prix de 2008) - Rendement des emprunts des pouvoirs publics belges sur le marché secondaire (6 ans et plus) Figure 13.8 Source: lnstilU1 des comptes nationaux. Com1ne le suggère le diagra1nn1e ci-dessus (voir figure 13.8), la relation inverse entre le taux d'intérêt et la dépense réelle d'investisse1nent des entreprises tend à être véri­ fiée sur une longue période. À certaines époques, cependant, de façon apparemment para­ doxale, une augmentation du taux d'intérêt s'accompagnait d'une hausse des dépenses d'investisse1nent alors qu'une baisse· du taux d'intérêt n'entraînait pas nécessairement Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 298 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE r ro 1 (r, Y0) 1 (r, Y 1) -------- figure 13.9 une augmentation de l'investissement. Cette conclusion semble contredire les principaux résultats de l 'analyse que nous venons de développer. Ce n'est cependant pas le cas. La fonction d'investissement que nous avons définie plus haut décrit une relation tracée, toutes autres choses étant égales, entre la dépense d'investissement et le taux d'inté­ rêt. Nous avons vu pourquoi elle est décroissante. Nous supposions alors que le produit intérieur, Y0, restait constant. Mais lorsque la production de l'économie s'accroît, la dépense d'investissement augmente égale1nent, pour toute valeur du taux d'intérêt. Graphique1nent, la fonction d'investissement se déplace vers la droite prenant la position / (r,YJ Et si le produit intérieur continue à augmenter ? Cette courbe se déplace de plus en plus vers la droite, en 1 (r,Y2) par exemple ( Y0 < Y1 < Y2). Il n'est pas exclu que, dans ces conditions, mêtne si le taux d'intérêt augmente, à condition que cette augmentation du taux d'intérêt s'accompagne d'un accroissement suffisant du produit intérieur, la dépense d'investissement s'accroisse elle aussi. 1 3.6 LA CONSTRUCTION NETTE D'IMMEUBLES RÉSIDENTIELS ET LA VARIATION DES STOCKS Jusqu'à présent, nous avons cherché uniquernent à n1ettre en évidence les éléments expli­ quant la demande de biens de capital fixe par les fir1ues. Nous ne nous intéressions pas aux deux autres composantes des dépenses d'investissement : la construction nette d'im­ meubles résidentiels et la variation des stocks. Nous allons combler ici cette lacune. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Les dépenses d'investissement 299 13.6. 1 La construction nette d'immeubles résidentiels li est logique de penser que le notnbre de logements nécessaire dépend de la taille de Ja population. Tout com_1ne nous avons distingué plus baut le stock de capital désiré et le stock de capital effectif, nous opèrerons ici la distinction entre le nombre désiré et le nombre etîectif de loge1nents. L'un et l'autre dépendent de la taille de la population (N), le premier à la période actuelle et le second à la période précédente : LJ = µJV I I où L� et L = f-'W 11 "llyTt-1 t ' et L, représentent respectivement le stock désiré et le stock effectif de logements à la période t ; µ est un paran1ètre exprinnant le nombre de loge1nents nécessaire par habitant. Si c;• représente l'investissement net en 1natière de logen1e11ts (la construction nette d'immeubles d'habitation) à la période t : C" I = [d - L = µ(N I I I - Nt-1 ) = µl!..N f Le paramètre µ ne reste pas stable au cours du temps. Plusieurs variables sont susceptibles de le faire fluctuer : • la de1nande de logen1ents dépend de la fortune des ménages. Plus celle-ci est élevée, plus let1r de1nande d'actifa est importante et plus forte est alors leur demande pour l'actif particulier que sont les im111eubles d'habitation. La construction d'imn1eubles résidentiels est donc une fonction .c;roissante de la fo1iune des ménages ; • le choix entre plusieurs actifs dépend du taux de rendement attendu de chacun d'entre eux, ainsi que du risque qui y est associé. Si le taux de rendement attendu des iiruneubles augmente relativement à celui des autres actifs, notainment lorsque les investisseurs appréhendent d'importantes aug1nentations de la valeur des propriétés imn1obilières, l'investisse1nent net en matière de logements s'accroît ; • 1nais l'acquisition de loge1nents constitue aussi une dépense qui peut aisément être déplacée dans le temps. Lorsque les atlàires vont mal, lorsque les revenus sont faibles, lorsque le crédit hypothécaire est cher, les ménages ont tendance à renoncer à la construction de nouveaux ilnmeubles attendant une diminution du coût du crédit hypothécaire ou une augmentation des revenus pour entreprendre une telle dépense. La construction d'immeubles d'habitation est, par conséquent, fort sensible aux anti­ cipations que feront les ménages de l'évolution du ujveau d'activité éconotnique et au coût du crédit hypothécaire. En toute hypothèse, il est illusoire de supposer que les dépenses d' investissernent en matière de logen1ents peuvent croître sans limüe au cours du temps. 13.6.2 La variation des stocks Détenir des stocks représente un coût pour les producteurs : coût des instaUations de stoc­ kage, risque de détérioration des biens stockés, gel de ressources financières auxquelles une autre utilisation pourrait être donnée. Mais, dans le même temps, détenir des stocks est Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 300 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE également nécessaire ; il suffit de penser au risque de ne pouvoir satisfaire la clientèle dans l'hypothèse d'une augmentation imprévue de la demande adressée à l'entreprise. Aussi admet-011 que les entrepreneurs vont souhaiter détenü- des stocks propor­ tionnels à leur volume de production. Si l'on raisonne au niveau macroécono1nique, où S: représente le volume des stocks détenus par les entrepreneurs à la fin de la période t, CT étant dès lors le rapport fixe que ces producteurs souhaitent niaintenir entre leurs stocks et le produit intérieur. Par ailleurs, le volume des stocks détenus par ]es firmes au début de la période t est celui détenu à la fin de la période t 1: - SI = S"t- 1 = crY/-J Par conséquent, si V, est la variation des stocks à la période t : V =S" - S =cr�Y I Le paramètre CT I t I dépend, entre autres, du taux d'intérêt. Si ce taux augmente, le stockage n'en est que plus coûteux. Le coût d'opportunité des ressources financières « gelées » du fait de la détention des stocks s'accroît. Les producteurs sont alors prêts à prendre de plus grands risques. Ils acceptent ainsi le risque de ne pouvoir éventue1le1nent satisfaire une paitie de leur clientèle c01npte tenu du coût que la détention de stocks in1por­ tants leur fait suppo1ter. La valeur de CT düni nue par conséquent ; elle augmente lorsque le taux d'intérêt diminue puisqu'alors le stockage est 1noins coûteux. 1 . Généralement, les mobiles de l'épargne sont différents de ceux de l'investissement. les ménages épargnent en décidant, pour diverses raisons, de ne pas consommer tout leur revenu. Les entrepreneurs investissent pour des motifs qui leur sont propres. Rien ne garantit, par conséquent, que le volume global désiré de l'investissement soit absolument égal au volume global de l'épargne. 2. Un projet d'investissement est rentable lorsque la valeur actualisée du flux de recettes nettes qu'il procure est supérieure ou égale à son coût. Une firme inves­ tira d'autant plus que le taux d'intérêt est bas, que les biens de capital sont bon marché ou que l'entrepreneur fait preuve d'optimisme pour l'avenir. 3. le taux interne de rentabilité d'un projet d'investissement est la valeur particu­ lière du taux d'actualisation qui permet d'égaler son coût et la valeur actualisée du flux de recettes nettes qu'il procure. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 301 Les dépenses d'investissement Le projet est rentable lorsque son toux interne de rentabilité est supérieur ou égal au taux d'intérêt. 4. Lorsque le taux d'intérêt varie, Io demande pour les biens de capital se modifie. Leur prix, par conséquent, augmente ou diminue. Cette influence sur Io propension à investir des entreprises est décrite par Io courbe d'efficacité marginale de l'investissement. 5. Puisque l'investissement net, à une période quelconque, est égal à la différence entre le stock de capital désiré et le stock de capital effectif, il peut s'exprimer comme une fonction linéaire de Io variation de Io production intérieure. C'est le principe de l'accélérateur. 6. Pour que l'investissement net augmente o u cours du temps, il serait donc nécessaire que le produit intérieur s'accroisse à un rythme de plus en plus rapide. Cette formulation de l'accélérateur repose sur l'hypothèse que le capital output ratio reste stable. Or, celui-ci varie en fonction du progrès technique et des prix relatifs des facteurs de production. Notamment, il diminue lorsque le toux d'intérêt augmente. Par conséquent, la dépense d'inves.tissement de l'économie dépend tout autant du toux d'intérêt que de l'évolution de Io production intérieure dans le temps. 7. Plutôt que d'adhérer ou principe de l'accélérateur, on se contente souvent de faire l'hypothèse que l'investissement est seulement fonction du niveau de la production. Cette relation s'explique, essentiellement, par le progrès technique et la néces­ sité pour les firmes de s'y adopter même si elles disposent de capacités de produc­ tion excédentaires. 8. Les investissements autonomes sont indépendants du niveau de Io production intérieure. Les intérieur. investissements induits, par contre, augmentent avec le produit 9. Si le nombre désiré de logements est proportionnel à Io taille de la population, Io construction nette d'immeubles d'habitation tion linéaire de Io variation de la population. s'exprime comme une fonc­ Elle dépend cependant aussi de Io fortune des ménages, des anticipations qu'ils font de l'évolution de l'activité économique, du coût du crédit hypothécaire et du toux de rendement attendu des immeubles. 10. Si, par crainte de ne pouvoir satisfaire leur clientèle, les producteurs maintiennent une proportion fixe entre leurs stocks et leur volume de production, Io variation des stocks est proportionnelle à la variation de la production intérieure. Puisque Io détention de stocks devi·ent plus coûteuse lorsque le toux d'intérêt aug­ mente, Io variation des stocks alors diminue. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 302 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE EXERCICES PROPOSÉS 1. a) Un entrepreneur est susceptible de réaliser un projet d'investissement dont la durée de vie est de 2 ans et dont il retirera une recette nette de 1 6.200 la première année et de 29.160 la deuxième année. Quel doit être le coüt de ce projet d'investissement si son taux interne de rentabilité est de 8 % ? b) Cet entrepreneur peut, pendant la même période, réaliser deux autres projets d'in­ vestissen1ent dont le coût identique est de 25.000 et dont le taux inte1ue de rentabi­ lité est respectivement de 4 % et de 9 %. Calculez la dépense d'investissement de cette fim1e lorsque le taux d'intérêt est de 5 %. 2. Un entrepreneur a le choix entre trois projets d'investissement dont le taux interne de rentabilité est connu : Coût Toux interne de rentobnité 30.000 56% 2 17.000 8,2 % 3 42.500 3,4% Projet ' Cet entrepreneur a la possibilité de réaliser un quatrième projet dont le coût s'élève à 35.000 et dont la durée de vie est de deux années : la recette nette de la première année est égale à 21 .600 et celle de la deuxième année s'élève à 17.496. 3. a) Dé1nontre2 que le taux interne de rentabilité de ce quatrième projet est de 8 %. b) Détenninez la dépense d'investissement si le taux d'intérêt du marché est égal c) Tracez la courbe d'efficacité marginale <lu capital de la firme. à 6,5 %. Au cours d'une période donnée, un entrepreneur est susceptible de réaliser quatre projets d'investissement différents dont le coût unitaire est de 10.000. Il connaît le taux inten1e de rentabilité de chacun de ces projets, respectivement 2,8 °/o ; 5,6 % ; 7,75 °/o et 4,3 %. Tracez la courbe d'efficacité marginale d11 capital de cette firme et déterminez l'effet d'une baisse du taux d'intérêt de 6 % à 4 o/o s11r sa dépense d'investissement au cours de la période. 4. Une firme est susceptible de réaliser les cinq projets d'investissement suivants dont on a calculé le taux interne de rentabilité a) Projet Coût Toux n i terne de rentabilité 1 1.500 4,6% 2 4.300 7'2 % 3 2.600 3% 4 7.200 9,5 % 5 1.900 5,2 % Pour quelles valeurs du taux d'intérêt, la dépense d'investissement de cette firme vaudra-t-elle 14.900 ? Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 303 Les dépenses d'investissement b) 5. Calculez l'effet sur la dépense d'investissement de la firme d'une augmentation du taux d'intérêt de 4,5 o/o à 5,5 %. On admet que l'investissement net est déle1111iné uniquement par l'accélérateur. Le capi­ tal output ratio vaut 4. La production, au temps t0, est égale à 170, puis évolue comme suit : 11 : 200 ; 12 : 250 ; t3 : 320 ; t4 : 4 l 0 ; 15 : 480 ; 16 : 530 ; t7 : 550 ; t8 : 560. Déte1minez l'évolution de l 'investissen1ent net de période en période. 6. On prévoit de la façon suivante l'évolution de la population d'un pays pendant 10 périodes successives : 10 : 4500 ; t1 : 4650 ; 12 : 4950 ; t3 : 5 1 OO ; 14 : 5400 ; t5 : 5850 ; t6 : 6300 ; 17 : 6600 ; t8 : 6750 ; t9 : 6750 et t10 : 6600. On calcule qu'il est optimal de disposer d'un logement pour 3 habitants. Calculez l'évolution, au cours du temps, de l'investissement net en logement. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LA DÉTERMINATION DU REVENU NATIONAL. LE MULTIPLICATEUR. L'INTERACTION DU MULTIPLICATEUR ET DE L'ACCÉLÉRATEUR 14. 1 14.2 14.3 14.4 14.5 Consommation, épargne, investissement et détermination du revenu national Le multiplicateur Écart déflationniste et écart inflationniste Le paradoxe de l'épargne. La complémentarité ou la rivalité entre la consommation et l'investissement L'interaction du multiplicateur et de l'accélérateur Sommaire 306 312 314 318 321 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 306 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE En étudiant successive1nent les mobiles de l'épargne et ceux de l 'investisse­ ment, nous sommes arrivés à la conclusion que les raisons pour lesquelles les particu­ liers épargnent sont totalement différentes de celles poLLr lesquelles les entrepreneurs investissent. Rien donc, dans le système économique, n'assure a priori que le volwne de l'épargne soit juste égal à celui de l'investissement. C'est ce qui nous permet d'expliquer pourquoi le produit de la nation fluctue et pourquoi des périodes de dépression et des périodes d'inflation se succèdent à un rythme plus ou moins régulier au cours du temps. Un des facteurs essentiels des fluctuations du revenu et de l'emploi consiste donc dans L'investissement. Rien n'assure en effet que le volwne de l'investissen1ent entrepris soit exactement celui requis pour réaliser le pl ein emploi, qu'il ne soit ni trop faible ce qui causerait le chômage, ni trop élevé ce qui créerait l'inflation. - La théorie de la détern1ination du revenu national que cadre de ce chapitre permet d'expliquer pourquoi. nous exposons dans le 1 4.1 CONSOMMATION, ÉPARGNE, INVESTISSEMENT ET DÉTERMINATION DU REVENU NATIONAL Afin de présenter simplement la façon dont se détermine le revenu national d'équilibre, nous envisageons, dans un premier ten1ps, une économie fermée n'entretenant donc aucune relation avec le inonde extérieur. Nous admettons également qu'il n'y a pas de gouvernement dans cette économie : pas de dépenses pub liques pas de taxes et de cotisa­ tions sociales, pas de transferts sociaux vers les particuliers. , Les seules co1nposantes de la demande globale de produits adressée aux entre­ p1ises seront les dépenses de consom1nation des ménages (les dépenses de conson1ma­ tion privée) et les dépenses d'investisse1nent des entreprises. Nous supposons que ces dépenses d'investissen1ent sont parfaitement autonomes, donc indépendantes de la pro­ duction intérieure. 14. 1. 1 La détermination du revenu national : approche numérique Supposons qu' initialen1ent la production intér.ieuxe (ce n'est pas la production d'équilibre) soit égale à 3.000. Cette production, nous l'avons vu, se décon1pose intégralement en reve­ nus perçus par les agents éconon1iques qui ont contribué à sa fonnation : salaires, loyers, intérêts, dividendes, . qui seront répartis entre les particLLliers. Deux affectations peuvent être données à ces revenus : une partie sera consomn1ée, le reste sera épargné. . . Faisons l'hypothèse que les pmticul iers consomment 8/10 de leur revenu et épargnent le reste. Puisque le revenu national est de 3.000, la dépense de consom1nation projetée est alors égale à 2.400 et l'épargne à 600. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 307 Rien n'assure, nous L'avons dit, que l'investissement soitj11ste égal à J'épargne. Admettons qu'il ne soit que de 500. La demande globale de produits adressée à l'écono­ mie (la somme des dépenses de consommation et celles d'investissement) est alors de 2.900. On observe que les firmes dans leur ensemble produisent plus que ce qui leur est demandé. Elles produisent donc plus qu•enes peuvent vendre avec, comme conséquence directe, un gonflement de leurs stocks. Elles ne peuvent bien entendu accepter durable­ ment cette situation et sont amenées à y réagir en diminuant leur volume de production. Par conséquent, le revenu national din1in11e. Et si l'on avait supposé une dépense d'investissement égale à 800 ? La demande globale adressée à l'ense1nble des firmes vaudrait 3.200. Elle serait donc supérieure à leur otîre. Pour satisfaire cette demande supplémentaire, les firmes produiraient plus. À condi­ tion que cela soit possible en utilisant de façon plus intensive les ressources productives, Je travail et le capital, dont elles disposent. Mais si, parce que le plein-en1ploi est déjà atteint, ces firmes sont incapables d'accroître leur offre, les prix gritnperont permettant alors, mêtne si le revenu réel (exprimé en quantité de biens et de services) reste inchangé, une aug1nentation du revenu nominal. L'économie sera en équilibre quand les productew·s ne seront plus atnenés à 1nodifier leur offre de produits, dans un sens ou dans 1'autre, pour satisfaire exactement la demande. Donc, lorsque l'ensen1ble des revenus qui constituent leurs coûts de production et qui sont, soit consommés, soit épargnés par les particuliers, leur reviendront exacte­ n1ent sous la fonne d'une demande de biens et de services. En d'autres termes, lorsque la sonune de la consommation et de l'épargne sera juste égale à celle de la conson11nation et de l'investissement : Y=C+E=C+l Dans le tableau 14. 1 , nous calcnlons, pour diverses valeurs possibles du revenu national, la demande globale de produits (la somme des dépenses de conso1nmation et de celles d'investissement) adressée aux producteurs. On suppose que la consommation est égale, à tout 1noment, à 80 <Yo du revenu alors que l'investissement, autonome, vaut 500 : Tableau 14.1 Revenu national Consom. Épar9ne Investis. Dépense globale Conclusion 1.000 800 200 500 1.300 1.500 1.200 300 500 l.700 2.000 1.600 400 500 2.100 Expansion Expansion Expansion 2.500 2.000 500 500 2.500 Equilibre 3.000 2.400 600 500 2.900 3.500 2.800 700 500 3.300 800 500 3.700 Cantract. Contracl. Contracl. 4.000 3 200 . Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 308 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Tant que le revenu national est inférieur à 2.500, les ménages et les finnes demandent plus à l'économie que ce qu'elle produit. Les producteurs sont amenés à réagir à cet excédent de la demande sur l'offre de produits en produisant plus ou, s'il s'avère impossible d'augmenter encore la production réelle de biens et de services, en augmentant leurs prix. Lorsqu'au contraire, le revenu national est supérieur à 2.500, l'économie offre plus de biens et de services que ce qui lui est demandé avec comtne résultat une contrac­ tion de la production intérieure. À l'équilibre, offre et demande s'égalisent. Il s'ensuit, qu'en cette situation, égale à l 'investissement. Même si, ex ante, rien dans le système éconon1ique n'assure que les entrepreneurs investissent tout ce que les ménages projettent d'épargner, ex post, après que les fim1es aient eu le temps d 'adapter leur production aux disparités entre l'offre et la demande de produits, épargne et investisse1nent doivent nécessaire1nent être égaux. l 'épargne est Mathématiquement, il est aisé de calculer le niveau d'équilibre du revenu natio­ nal. Nous venons de voir que les entrepreneurs ne sont plus incités à modifier leur produc­ tion d'Lme façon ou d'une autre lorsque la demande globale qtü leur est adressée est juste égale à l'offre de produits, donc lorsque Y = C+I Dans le cas de notre exemple numérique, puisque : et C= 0,8Y l= 500, à l'équilibre : de telle sorte que : De façon Y=C+J=0,8Y+ 500 Y= 2500. générale, dans consommation linéaire : l'hypothèse d'une fonction macro éconon1ique de C = c0 + cY où c est la propension marginale à consommer, et d'un investissement autonome Y = C+ l = c0 +cY+I0 : l = 10, et 1 Y = -(c + ! )· 1-c o o 14. 1.2 La détermination du revenu national : approche graphique A la figure 14. 1, nous n1esurons en abscjsse le revenu national et en ordonnée la dépense ' de consommation, celle d'investissement et, dès lors, la demande globale de produits Sur ce graphique, nous portons aussi la « droite à 45° ». Comn1e nous l'avons déjà fait . Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 309 C, 1 Figure 14.1 remarquer, cette droite présente l'intérêt d'être toujours située à égale distance del 'axe des ordonnées et de celui des abscisses. Elle représente donc parfaitement les dépenses totales qu'effectuent les entreprises aux fins de rén1unérer les factew·s de production qu'elles utilisent, dépenses qu'elles doivent récupérer sous la fonne d'une de1nande de biens et de services, à défaut de quoi elles hésiteront à 1naintenir la production au même niveau et à occuper le mên1e nombre de travailleurs. Le niveau d'équilibre du revenu national correspond à l 'intersection, Y0, de la droite C + !, représentant la demande globale de produits adressée aux finnes, avec la ligne à 45° exprünant leur production totale. Supposons, en effet, que Y1 (Y1 < Y0) soit la valeur actuelle du revenu national. La demande globale, projetée, de produits, adressée aux entreprises, est supérieure à leur offre. Les stocks de ces entreprises s'épuisent plus rapide1nent qu'ils ne sont reconstitués par la production nouvelle. Les hommes d'affaü·es réagissent en développant leur produc­ tion et en e1nbauchant davantage de 1nain d'œuvre ou en augmentant leurs prix lorsque le plein-emploi est déjà atteint. Le revenu national doit augmenter aussi longtemps qu'il n'est pas parvenu en Y0, donc tant que la droite C + I est située au-dessus de la « droite à 45° ». Dans le cas où Y2 (Y2 > Y0) serait Je niveau actuel du revenu national, l'offre de produits serait, cette fois, supérieure à lla demande. Les finnes ne récupéreraient donc plus, sous la forme d'une demande de biens et de services, les revenus qu'elles paient aux Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 310 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE facteurs de production qu'elles utilisent. Parce que, pour ce niveau du revenu national, les ménages souhaiteraient épargner davantage que ce que les entrepreneurs accepteraient de continuer à investir, les firmes trouveraient trop peu de clients, leurs stocks s'an1oncelle­ raient de telle sorte qu'elles réagiraient à cette situation en diminuant leur production. Cela reste vrai aussi longtemps que le revenu national de1neure supérieur à Y0• Nous venons de présenter une première méthode, tout à fait générale, pour déter­ n1iner graphiquement la position d'équilibre du revenu national. l i en existe une seconde, plus simple encore, mais qui ne vaut que lorsque la demande de produits ne se compose, comme dans le cas présent, que d'une dépense de consommation et d'une dépense d'inves­ tissement. Nous avons vu que le revenu national est en équilibre lorsque les entrepreneurs acceptent d'jnvestir exactement l'épargne souhaitée par les n1énages. En tout autre point, l'épargne projetée par ces nlénages différerait de l'jnvestissement souhaité par les entre­ preneurs et cette divergence a1nènerait ces derniers à modifier leurs niveaux de production et d'emploi dans la mesure nécessaire pour ran1e11er le système en sa position d'équilibre. Rechercher dans ces conditions ]a position d'équilibre du revenu national revient donc à rechercher l'intersection des droites d'épargne et d'tnvestissement (voir figure 14.2). E E 1 y Figure 14.2 À l'équilibre, l'épai1,111e souhaitée par les ménages doit être juste égale à l'in­ vestissement que les fu1nes désirent entreprendre. Même si initialement (ex ante), une différence peut apparaître entre l'épargne dégagée par les ménages et les dépenses d' in­ vestissement des entreprises, iJ en résultera une adaptation de la production telle que, finalement (ex post), épargne et investisse1nent seront égaux. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 311 14. 1.3 Revenu national d'équilibre et revenu national de plein-emploi Nous venons de définir le revenu national d'équilibre comme une situation dans laquelle le système économique tend à se mairutenir. On ne peut affi1111er pour autant qu'il soit sou­ haitable qu'il se maintienne en cette situation. Tl faut distinguer en effet Je revenu national d'équilibre ( Y1,) du revenu (ou du produit) de plein-emploi (la production potentielle, Y). Le produit de plein-emploi représente ce que serait la production dans l'hypo­ thèse où toutes les ressources productives disponibles (le travail, mais aussi le capital et la terre) seraient pleinen1ent utilisées. C'est donc aussi le niveau maxin1Lu11 de la production d'une économie co111patible avec une Jorte stabilité des p1ix. Le produit de plein-emploi serait donc atteint au mo1nent où l'économie ne pour­ rait plus répondre à un accroissement de la de1nande de produits qui lui est adressée en augmentant sa production réelle. Nous verrons plus loin ql1'il s'accroît au cours du te1nps sous l'effet du progrès technique et de la croissance détnographique. Sur le diagramme présenté plus haut, Y0 est inférieur à Yc (voir figure 14. l ) ; le revenu national d'équilibre serait donc inférieur au revenu national de plein-emploi. L'économie tendrait à se maintenir en un état où tous les facteurs de production dispo­ nibles ne seraient pas pleinement utilisés par les entrep1ises. On dit, dans ce cas, que la position d'équilibre du revenu national est une position d'équilibre de sous-emploi. Lorsque le sous-e1nploi est particulièrement important, personne évidemment ne commettrait l'erreur de crofre qu'un tel équilibre puisse de quelque point de vue que ce soit, être considéré comme tolérable. Le rôle des pouvoirs publics, dans ces circonstances, serait d'ailleurs d'agir sur le système économique pour l'aider à modifier la detnande globale de produits de manière telle que la position d'équilibre du revenu national se rapproche autant que possible de sa position de plein-etnploi. Nous verrons plus loin com­ ment c'est possible. Dans le même ordre d'idées, si �1 était supérieur à Y, , on parlerait d'une position d'équilibre de suremploi. Puisque les ressources productives sont déjà pleinement utili­ sées, les entreprises ne pourraient pas satisfaire une demande supplémentaire de produits en augmentant leur production réelle. Eiles seraient amenées à augn1enter les prix pour .rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande de produits. Ici aussi, nous veJTons que cer­ tai_nes politiques économiques peuvent être 1nises en œuvre pour lutter contre la hausse des prix (l'inflation) et ramener le revenu national vers Sommaire Y •. (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 312 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 1 4.2 LE MULTIPLICATEUR 14.2. 1 Le principe Dans le chapitre 1 1, nous avons décrit Je « circuit économique ». Les entrepreneurs, qui produisent pour répondre à une de1nande de biens de consomJnation ou de biens d'équi­ pement qui leur est adressée, répartissent en contrepartie des revenus entre les titulaires de facteurs de production. Ces revenus permettent de financer les dépenses de consommation des inénages ou sont mis à la disposition des entreprises pour leur permettre d'investfr et reviennent donc aux entreprises. Imaginons maintenant que, pour une raison OLL pour une autre, ces entreprises soient amenées à augmenter leur volume de production. Parce qu'elles produisent plus, elles répartissent aussi plus de revenus. Les 111énages consomment plus ce qui an1ène les firmes à encore produire plus et ainsi de suite. On qualifie cet effet de « n1ultiplicateur » (multiplicateur keynésien). Revenons-en à l'exemple numérique que nous avons exposé ci-dessus et suppo­ sons que la dépense d'investisse1nent, alors de 500, soit maintenant égale à 600. Pour une raison ou pour une autre, le progrès technique, la croissance dén1ographique ou siinple­ ment une baisse du taux d'intérêt, les entreprises ont décidé d'augmenter le1u-s dépenses d'investisse1nent. A première vue, on aurait tendance à affirmer que, dans ces conditions, le revenu national augmenterait égalen1ent de 100. On voit cependant qu'il n'en est 1ien. En effet, Y= C+ I= 0,8Y+ 600 et Y= 3000 Le niveau d'équilibre du revenu national, égal dans notre prernière hypothèse à 2.500, vaut cette fois 3.000. Alors que la dépense d'investissement n'a augmenté que de 100, le revenu national d'équilibre s'est accru de 500. Le tableau 14.2 confirme cette observation. Tableau 14.2 Revenu national Consom. É.pargne lnvesl. Dem.glob. de produils 1.000 800 200 600 1.400 1.500 1.200 300 600 1.800 2.000 l.600 400 600 2.200 2.500 2.000 500 600 2.600 3.000 2.400 600 600 3.000 Expansion Expansion Expansion Expansion Equilibre 3.500 2.800 700 600 3.400 Canlroct. 4.000 3.200 800 600 3.800 Conlroct. Sommaire Conclusion (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 313 Un accroissement des dépenses autonomes (les dépenses d'investissement mais aussi les dépenses gouvernetnentales, les exportations ou les dépenses de consonunation autonomes) fait aug1nenter le revenu national d'un montant multiple de cet accroisse­ ment. Cet effet est qualifié d'effet multiplicateur. Le multiplicateur est, par conséquent, l'augmentation du revenu national d'équilibre résultant d'un accroissement d'un euro des dépenses autonomes. C'est donc aussi le nombre par lequel on doit multiplier une variation des dépenses autonomes aux fins de dégager la va1iation résultante du revenu national. 14.2.2 Justification. Les dépenses secondaires de consommation Tl est important de bien comprendre la raison d'être de cet effet multiplicateur. Initialement, le revenu national est en équilibre et égal à 2000 2500. Les dépenses de consomn1ation valent (la propension moyenne à consom1ner est constante et égale à 0,8) et les dépenses d'investissement 500. Adn1ettons, comme nous venons de le faire, que les dépenses d'investissement augmentent de 1 OO. Dans un pren1ier ten]ps, la demande globale de produits adressée aux entrep1ises vaudra 2.600 (la somme des dépenses de consomn1ation d'investissen1ent - 2.000 - et de celles - 600). Ces finnes adapteront, d'une façon ou d'une autre, leur offre à cette demande. Mais le processus mis en route n'en reste pas là. Puisque les revenus que les ftnnes <lisnibuent aux titulaires des facteurs de production qu'elles utilisent ai1g1nentent) il s'ensuit une augmentation induite de la consommation des ménages. De con1bien ? De 80 % de l'accroissement des revenus disb·ibués, donc de demande de produits de 80. 2.680 et Lm nouvel accroissen1ent de Ce qui condLùt alors à une l'offre de produits des enn·e­ prises ainsi que des revenus qu'elles versent aux titulaires des différents facteurs de produc­ tion. Avec con11ne conséquence une nouvelle auginentation des dépenses de consommation des ménages, égale cette fois à 0,8 . 80 , donc à (0,8)2 • 100. Et ainsi de suite. L'aug1nentatio11 initiale des dépenses d'investissement a déclenché une chaîne sans fin de dépenses secondaires de consonunation. Mais, bien que sans fin, cette chaîne va en s'amentüsant et l'addition de toutes les dépenses nouvelles, initiales et secondaires, donne un montant fini. À la suite d'une augn1entation initiale de 100 de l'investissement, la production intérieure finit par augn1enter de : 8 · l OO+ ( 0 8 ) ' ' 1OO+0 2 · l OO+···+ ( ) 08 ' " · 1OO+··· = 1 OO 1-0 8 ' = 500 · Le même calcul peut ètre entrepris pour toute valeur donnée de la propension marginale à consommer (0 < c < 1). Ainsi, dans l'hypothèse d'une augmentation initiale f:j,{0 des dépenses autonomes, l'augmentation finale du revenu national sera : Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 314 où s = l L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE ( 1 + c + c2 + c3 + · · · 1 c" + ) 6Jo -61 l-c · · · · = - c est la propension marginale à épargner. o = �M s o Dans les hypothèses restrictives qui sont les nôtres ici (nous sonunes, rappelons-le, en économie fermée et nous négligeons le rôle du gouvernement de tell.e sorte que la de1nande de produits ne se compose que d'une dépense de consommation et d'une dépense d'investis­ sement), le niultiplicateur est égal à 1'inverse de la propension marginale à épargner. En effet, dans l'hypothèse d'une fonction macroéconon1ique de consommation linéaire et d'une dépense d'investissement au1ton-0rne, puisque 1 1 Y = -(c0 + 10 ) = -(c0 + 10) l-c s 6Y âY 1 6c0 t:..10 s Ces différents exemples inontrent clairement que le multiplicateur n'est pas un processus instantané. Trop souvent, en effet, on s·e contente de calculer l'accroissement du revenu national d'équilibre résultant d'un accroisse1nent dormé des dépenses autonomes sans analyser en détail le processus d'ajustement. Car le temps n'est pas ici sans impor­ tance. Notainment, pour que le 1nultiplicateur opère parfaitement, il est nécessaire que l' augmentation initiale des dépenses autonomes se perpét11e au cours du temps. 14.2.3 Multiplicateur du revenu et multiplicateur de l'emploi Le multiplicateur de l' etnploi est le non1bre qui multiplie l'accroissement initial de I' em­ ploi pour en donner l'accroissement final. Puisque emploi et revenu national sont inti­ n1e1nent liés, il ne semble pas nécessaire de distinguer le multiplicateur du revenu et le multiplicateur de l'emploi. Tant qu'on reste en sous-emploi tout au 1noins. Nous avons vu cependant que le revenu national d'équilibre peut être supérieur au revenu national. de plein-e1nploi. Avec c01n1ne conséquence que, dès que le plein-erilploi est atteint, toute dépense additionnelle s'avère bien entendu incapable d'augmenter encore le niveau de l'en1ploi. Le revenu national continue néanmoins à croître. Pas en terme réel ce11es, mais bien en tenne nominal sous l'effet d'une hausse des prix. De là, la distinction entre les deux notions. 1 4.3 ÉCART DÉFLATIONNISTE ET ÉCART INFLATIONNISTE Rien dans le fonctionnement du système écooomique, n'assure que le niveau d'équilibre du revenu national soit juste égal au revenu national de plein-emploi. L'équilibre du revenu national peut parfaitement se réaliser alors que subsiste un chôn1age étendu et donc un gaspillage important des ressources nationales. Ou, dans d'autres circonstances, ce Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 315 niveau d'équilibre est supérieur à celui de plein-en1ploi avec, comme conséquence direc te, l'inflation (la hausse du niveau général des prix). Nous nous intéressons tout d'abord au cas du sous-emploi. 14.3. 1 L'écart déflationniste et le sous-emploi Il y a équilibre de sous-emploi ( Y0 < Y) lorsque, au 11iveau du revenu national de plein­ ernploi, la demande globale projetée de [Produits serait inférieure à l'offre de biens et de services par l'économie. En d'autres termes, lorsque, au niveau du revenu national de plein-einploi, les revenus versés par ]es firmes aux titulaires des facteurs de production qu'elles utilisent ne leur reviendraient pas sous la forme d'une demande de biens et de services. On reconnaît alors l'existence d'un écart déflationniste dont la grandeur équivaut à l'insuffisance de la demande par rapport à l'offre de produits de plein-emploi ou, ce qui revient au rnên1e dans le cas simple que nous étudions ici, à l'insuffisance de la dépense d'investissement par rapport à J'épargne de pleiD-ernploi. Pour bien fàire comprendre ceci, il est bon de revenir briève1nent à notre exemple numérique. La propension moyenne à consommer est constante et vaut 0,8 tandis que la demande de biens d'investissement est égale à 500. In1aginons que la production (ou le revenu) de plein emploi soit de 3.000. Le niveau de plein-emploi du revenu national n'est pas son niveau d'équilibre puisque si l'offre est alors de 3 .000, la demande projetée de produits n'est que de 2.900. On enregistre donc un écart déflationniste égal à 1 OO. Cet écart déflationniste est égal aussi à l'excédent de l'épargne de plein-e1nploi (600) sur l'investissement (voir figure 14.3). + c 1 c E 1 c E écart déflatonniste y Figure 14.3 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 316 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Dans ces conditions, l 'écononlie ne peut pas se maintenir en plein-emploi. Le niveau du revenu national va fléchir. Non pas de 100 tuais d'un certain multiple de l'écart déflationniste. En effet, à toute diminution d'U1ne unité monétaire du revenu national, va correspondre une diminution de 0,8 unité monétaire des dépenses de co11s0Jn1nation et donc de la demande globale de produits. Le revenu national fléchira donc jusqu'au moment où il aura diminué d'un montant quintuple (5 est le multiplicateur dans le cas présent) de l'écart déflationniste initial. Le niveau d'équilibre du revenu national sera donc bien ici de 2.500 : Y0 = Y. - (multiplicateur x écart déflationniste) À l'équilibre de sous-emploi, les ressources productives disponibles dans l'éco­ nomie ne sont pas pleinement utilisées, des unités de facteurs de production restent sous­ e1nployées. Notairunent, puisque la demande de biens et de services est inférieure à ce que les entreprises peuvent et souhaitent vendre compte tenu de leurs coûts de production, un cettain nombre de travailleurs demeurent inemployés. Voici donc une première explica­ tion du chômage, la demande de produits est insuffisante par rapport à l'offre de plein­ emploi. Nous verrons cependant plus loin que le chômage est un phénotnène bien plus complexe qu'il y paraît sur la base de cette première approche. 14.3.2 L'écart inflationniste et l'inflation par la demande Plutôt qu'un écart déflationniste, nous pouvons nous trouver en présence d'un écaii infla­ tionniste. Le njveau d'équilibre du revenu national correspond alors à u11e situation de suremploi (Yü > Y,). Si la demande globale de produits projetée en plein-e1nploi tend à don1iner l'offre ou, ce qui revient au 1nê1ne ici, si la dépense d'investissement projetée tend à excéder l'épargne de plein-emploi, davantage de biens seront demandés aux entre­ p1ises que ce qu'elles peuvent produire avec con11ne conséquence que les prix com1nen­ ceront à monter. Graphiquement l'éca11 inflationniste se mesure par l'excédent de la de1uande glo­ bale de produits projetée en plein-emploi sur l'offre de plein-e1nploi ou ici par l'excédent de l'investissement sur l'épargne de plein-emploi (voir figure 14.4). En présence d'un écart inflationniste, il est impossible d'atteindre un nouvel équi­ libre du revenu national en augmentant la production en quantité réelle. Chaque travailleur est déjà pleinement employé et les entreprises exploitent entièrement leurs capacités tech­ niques de production. Bien sûr, peut-on Îlnaginer que certains travailleurs presteront des heures supplétnentaires ou qu'on acceptera, dans ces conditions, une usure accélérée du n1atériel. Il n'empêche que les lünites du sure1nploi seront rapidement atteintes. Bien qu'un écart inflationniste soit symétriquement l'inverse d'un écart déflation­ niste, la nature qualitative de ses effets sur la production et sur I'en1ploi est fort différente. Un écart déflationniste réduit le volume de Ja production intérieure à un niveau infé­ rieur à la production de plein-e1nploi. Au contraire, cela n'aurait aucun sens d'i1naginer qu'un écart inf1ationnjste puisse entraîner UJJ accroissement du volume de production et du niveau de l'emploi. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 317 45° c E 1 C+I c E y Figure 14.4 L'excédent de la den1ande de produits en plein-emploi ne peut se traduire que par des hausses de prix et par une spirale inflationniste. Le revenu national nominal (Y0) exprin1é en terme inonétaire, se gontle en raison de l'accroissement des prix mais le revenu national réel ne peut dépasser le volume correspondant au niveau de production maximum de plein-emploi : Y0= Y. + (multiplicateur x écart inflationniste) L'ascension des prix va se poursuivre aussi longten1ps que subsiste un écart inflationniste, c'est-à-dire jusqu'au mornent où la nation aura assez de chance pour voir spontanéruent fléchir la demande, réelle, d'investissement ou de consornmation ou assez d'énergie pour appliquer des n1esures propres à résorber l'écart inflationniste. Suivant cette façon de voir les choses, l'inflation (la hausse générale des prix des marchandises et des facteurs de production) trouverait son origine dans un niveau d'équilibre du revenu national supérieur au revenu national de plein-emploi. On n'a là seulement qu'une vue pariielle des choses. Tout con1n1e le sous-emploi est un phénomène plus complexe qu'une simple insuffisance de la demande de produits par rapport à l'offre de plein-emploi, l'inflation est aussi un phé1101nène plus complexe qu'un excédent, en plein-en1ploi, de la demande sur l'offre de produits. Nous verrons pourquoi par la suite. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 318 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 1 4.4 LE PARADOXE DE L'ÉPARGNE. LA COMPLÉMENTARITÉ OU LA RIVALITÉ ENTRE LA CONSOMMATION ET L'INVESTISSEMENT Nous avons vu que des dépenses autono1nes accrues entraînent une augmentation du revenu national d'équilibre. Nous allons 1naintenant, en distinguant le cas du sous-emploi de celui du plein-etnploi, étudier l'effet d'une modification de la propension à épargner ou à conso1nmer des agents économiques. 14.4. 1 Le cas du sous-emploi Imaginons que les ménages décident d'épargner plus (ils augmentent leur propension à épargner) et donc de consonuner 1noins. Autrement dit, ils consacrent à l'épargne une part plus importante de leur revenu et aux dépenses de conson1111ation une part moins impor­ tante. La cotu-be d'épargne se déplace vers le haut et, par conséquent, celle de consomma­ tion vers le bas. La figure 14.5 montre qu'en l'absence de déplacement de la courbe d'investisse­ ment (rappelons que la dépense d'investissement ne dépend pas du montant de l'épargne), c E 1 figure 14.S Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 319 w1 déplacement vers le haut de la courbe d'épargne ou, ce qui revient au même, un dépla­ cement vers le bas de la courbe de consom1nation tend à abaisser le niveau d'équilibre du revenu national . Ce résultat n'est guère difficile à expliquer. Si les ménages décident de réduire la fraction consonunée de leurs revenus et si les entreprises ne sont pas disposées à investir davantage, les ventes dimi11uent et la production doit être réduite. Et cela jusqu'au point où, le revenu national ayant été suffisamment ainputé, les ménages se sentiront tellement appauvris qu'ils cesseront finalement de tenter d'épargner davantage que ce que les entre­ prises acceptent de continuer à investir. Dans une conjonctw·e de chô111age, l'individu qui épargne ampute sa consom­ mation et transn1et donc à ses fournisseurs 1noins de pouvoir d'achat qu'auparavant. Le revenu de quelqu'un d'autre est donc réduit d'autant. De telle sorte que cette der­ nière personne épargne moins et consomme moins. Le revenu d'une troisièn1e personne sera, à son tour, ainputé et ainsi de suite. Parce que certains individus désirent épargner plus, d'autres se trouvent sans en1ploi, perçoivent moins de revenus et, par conséquent, épargnent 1noins. Si l'investissen1ent projeté reste constant, une augmentation de la propension à épargner a pour effet de détruire du revenu national jusqu'au point où celui-ci aura suffi­ sainment fléchi pour pennettre d'égaler l'épargne désirée par les n1énages avec les occa­ sions d'investissement. De telle sorte qu·e, même si les 1nénages tentent d'épargner plus, ils n'y arriveront finale1nent pas. On peut encore aller plus loin dans ce raisonnement. Jusqu'à présent, nous avons constamment admis que 1 'investisse1nent est un investissement autonome, indépendant du volume de production de l'écono1nie. Or 111.ous avons vu que, dans une ce1taine mesure tout au 111oins, un accroissement de la production intérieure peut se traduire par un niveau d'in­ vestissement plus élevé. Si, dans ces conditions, les niénages tentent d'épargner plus, la diininution du revenu national qui s'ensuit réduit, à la fois, l'investisse1nent et l'épargne. Un moindre désir de cons01nmer, en période de dépression, aggrave encore la situation et conduit les firmes à réduire letu-s dépenses d'investissement. En voulant épargner plus, on finit par investir et épargner moins (voir figure 14.6). Ce résultat, a priori surprenant, a été qualifié de « Paradoxe de l'épargne » ou « Paradoxe de Malthus ». En période de sous-emploi tout au moins, consonunation et investissement sont complémentaires et non concurrentiels. Ces activités, loin de se concurrencer vont de pair. Tout ce qui soutient l'une, soutient également l'autre. En consonunant plus, les 1nénages augmentent la demande de produits ce qtLi entraîne un accroisse111ent du revenu natio­ nal. Mais conune l 'investisse1nent est, en partie, induit, à cette hausse du revenu natio­ nal correspondent des besoins nouveaux en biens instrumentaux et, donc, des dépenses d'investissement plus élevées qui, à leur tour, viennent augmenter la demande de produits. En augmentant leurs dépenses de consommation, les ménages finissent par provoquer un accroissement tel du revenu national qu'épargne et investissement peuvent augmenter simultanément. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 320 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE y Figure 14.6 14.4.2 Le cas clu plein-emploi Mais pourquoi a-t-on enseigné pendant des années que la parcimonie est une bonne chose, l'épargne une vertu et la consommation presque un vice, alors qu'on vient de voir qu'en tentant d'épargner plus on finit par épargner moins '? Tout dépend des conditions écono­ miques dans lesquelles on se place. Jusqu'à présent, nous nous sommes situés dans une perspective de sous-emploi. Or ce qui est vrai dans une conjoncture de chômage ne l'est plus lorsqu'on est en plein-e1nploi. Dans ce cas, en effet, plus on produira de biens de consommation, moins on disposera de ressources productives disponibles pow· produire des biens d'équipe1nent. Si l'on est en droit d'admettre qu'à tout monnent la production est poussée à son niveau maximrnn, un investissement supplémentaire n'est possible que si les ménages acceptent de conso1nmer n1oins. De complén1entaires qu'elles étaient en sous-emploi, ces activités deviennent rivales en plein-emploi. Investir ne peut se faire qu'en détournant à cette fin des ressources qui jusqu'alors étaient utilisées à produire des biens de consom1nation donc en épargnant plus. , En plein-e1nploi, on va toujours se situer le long de la courbe des possibilités de production de l'économie. Un investissement accru n'est, alors, possible qu'au p1ix d une réduction des dépenses de consomtnation (voir figure 14.7). ' En l'absence de toute contrainte d'équilibre de la balance des paiements (donc essentiellen1ent dans une grande économie peu ouverte vers l'extérieur), on ne devrait jamais, en période de dépression, inciter le public à se serrer la ceinture et à épargner Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 321 Consom. C1 - - - - - - - - - - - - - - - - C2 _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 1 1 1 J 1 1 1 1 1 1 __ _ Investissement Figure 14.7 davantage, aux fins de restaurer la prospérité. r i y a de grandes chances pour que, si on agit de la sorte, on obtienne le résultat absolurnent inverse de celui espéré. En période de plein­ einploi, par contre, consommation et investissen1ent deviendraient des activités iivales avec comme conséquence que l'épargne retrouverait toutes ses vertus. Mais, répétons-le, le présent raisonnen1ent est bâti sur l'analyse du modèle macroéconomique le plus simple qui soit. Lorsque nous y inclurons Je secteur public et le c01nmerce international, lorsque nous verrons quel est 1e rôle de la nlonnaie dans l'éconornie, un certain n01nbre d'effets additionnels entreront en ligne de co1npte que nous avons négligés jusqu'à présent. 1 4.S L'INTERACTION DU MULTIPLICATEUR ET DE L'ACCÉLÉRATEUR Nous venons de voir que pour assurer un haut niveau d'activité économique, il est néces­ saire que la demande globale de produits adressée à l'économie puisse se maintenir, pen­ dant une longue période, à un niveau élevé. Or l'expérience montre que des hauts et des bas de l'activité économique se suc­ cèdent régulièrement et que certaines pé1iodes se marquent par un taux de chômage élevé et par une décroissance, ou un faible taux de croissance, de la production. Pourquoi en est-il ainsi le plein-emploi ? Pourquoi n'est-il pas possible de maintenir constamm.ent ? Principalement, parce que certaines composantes de la demande globale de produits, la de1nande de biens d'équipement, mais aussi celle de biens de consomma­ tion durable, ne peuvent se maintenir éternellen1ent à un haut niveau. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 322 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE L'interaction du multiplicateur et de l 'accélérateur nous permet de l'expliquer. Aujourd'hui, la plupart des économistes croient à une synthèse ou à une com­ binaison de facteurs externes et de facteurs internes au système écono1nique pour expli­ quer les cycles économiques. Certes, les dépenses d'investissen1ent et celles portant sur la consommation de biens durables fluctuel]t-elles en fonction de facteurs exte111es au système économique : des événen1ents politiques, la croissance de la population et les migrations, les découvertes de nouvelles réserves de n1atières premières, les découvertes et les innovations scientifiques et techniques, . . . [I n'empêche que le système écono1nique réagit à ces chocs externes, confor111é1nent à sa nature interne, en les amplifiant ou en les atténuant selon les cas. Nous avons vu que toute augmentation, purement exogène, de l'investissement est amplifiée par ! 'action du multiplicateur. Puisque la demande pour les biens instrumen­ taux augmente, des travailleurs additionnels sont etnployés à les fabriquer et perçoivent donc des revenus qu'ils affectent en partie à l'achat de biens de consommation. Mais nous avons vu aussi que l' investissement net réalisé dans une économie peut s'expliquer, en partie tout au 1noins, par l ' importance de la variation de la production dans cette économie. Plus la variation du produit intérieur au cours d'une période donnée est forte, plus par conséquent, sous l'effet de l'accélérateur, les dépenses d'investisse1nent tendent à être importantes. Et puisque les investisse1nents augmentent, le multiplicateur agit pour en amplifier l'in1pact sur le niveau d'équilibre du revenu national. Avec, à nouveau, L'entrée en action de l'accélérateur et une nouvelle hausse des dépenses d'investissement. Et ainsi de suite. Nous venons de voir que, pendant un certain temps, l'action du multiplicateur et celle de l'accélérateur se renforcent réciproque1nent. li est nécessaire cependant pour que l' investissen1ent net continue à croître que la variation du produit intérieur se fasse de plus en plus forte de période en période. Pour toute une série de raisons, il peut ne pas en être ainsi. Une période de prospérité peut donc prendre fin sans que les achats des agents éco­ nomiques aient fléchi, tout simplement parce que les ventes se sont stabilisées à un niveau élevé ou même ont continué à s'accroître mais à un rythn1e plus faible que précédemment. 14.5. 1 Un exemple numérique L'exemple nutnérique ci-dessous permet de nous en convaincre. lmaginons que dans une économie initialement en équilibre (en t = 0, Y= 1.000, C = J = 500), la propension mar­ ginale à consonuner - nous supposons par simplicité qu'elle est égale à La propension moyenne à consomn1er - vaut 0,5. Le capital output ratio est égal à 2. Dans cette économie : • la consornn1ation, lors de chaque période, ·est une fonction linéaire du produit intérieur au début de la période, donc au terme de la période précédente : c, = 0,5Y,_, Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur • l' investisse1nent bn1t est égal 323 à 500 augmenté du produit du capital output ratio et de la différence entre la production intérieure de la période précédente et celle de la période iirunécliate1nent antérieure : • en aucun cas, l'investissement b1ut ne peut être négatif . Si I'écono1nie n est soumise à aucun choc externe, elle va den1eurer infini1nent en sa situation d'équilibre initiale. ' Ad1nettons cependant que, pour une raison quelconque qu'il ne nous appartient pas de préciser ici, l'investissen1ent autonome en t = 1 vienne à croître de 1 OO pour revenir à son niveau initial à la pé1iocle suivante. Le tableau 14.3 1nontre comment ce choc exogène, imputable à une hausse de l'investissement, va engendrer un mouven1ent cyclique dans l'écono1nie. Tableau 14.3 Période Produit intérieur initial Consom. (CJ Investis. brut (0 Produit intérieur final ((+ O 0 1.000 500 500 1.000 1 1.000 500 600 1.100 2 1.100 550 700 1.250 3 1.250 625 800 1.425 4 1.425 712 850 1.562 5 1.562 781 774 1.555 6 1.555 777 486 1.263 7 1.263 631 0 631 8 631 315 0 315 9 315 157 0 157 10 157 78 185 263 11 263 132 712 844 12 844 422 1.162 1.584 Pour d'autres valeurs de la propension tnarginale à consonuner ou du capital out­ put ratio, l'évolution de la production intérieure clans le temps aurait pu être différente. Par exemple, si le capital output ratio avait été égal à 4, de telle sorte que : nous atu-ions obten u tm mouvement de croissance régulière de la production intérieure. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 324 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 14.5.2 Une première tentative d'explication du cycle L'interaction du multiplicateur et de l'accélérateur nous pennet donc de donner, dans l'hypothèse d'un mouvement oscillatoire, une première tentative d'explication du cycle économique : • pufaque l'investissen1ent induit résulte de l'intensité de la croissance de la production intérieure, une augmentation de l'investissement ne réclame pas seulement un accrois­ sement, mais, qui plus est, un accroissement de plus en plus rapide de cette production. c·est l'incapacité de la production intérieure à satisfaire cette condition qui explique l'apparition d'une phase de contraction de l'activité économique ; • la reprise de ! 'activité économique et l'apparition d'une phase d'expansion s'explique­ raient pour leur part, par le fait que, dans quelle qu'écono1nie que ce soit, l'investis­ sement brut ne peut pas rester infiniment nul et l'investisse1nent net, par conséquent, négatif. n va sans dire que le modèle que nous venons de déc1ire procède d'une vue exces­ sive1nent simplifiée des choses. Il n'empêche q11'il est susceptible de servir de base à plusieurs analyses plus sophistiquées du cycle économique. 14.5.3 La définition d'un plafond et d'un plancher Imaginons que l'interaction du multiplicateur et de l'accélérateur conduise à des oscilla­ tions faibleinent explosives ou n1ême à une croissance régulière de l'output. Il devient alors nécessaire, pour approcher la réalité de plus près, de tenir compte d'm1 plafond et d'un plancher qui limiteraient les possibilités de variation de la production intérieure. l i s'agit d'élé1nents exogènes au n1odèle décrit ci-dessus. Comment expliquer l'existence d'un plafond au volume de la production inté­ rieure ? Très simple1nent, en reconnaissant que l'évolution de la production potentielle d'une économie dépend de celle de la main-d'œuvre disponible ainsi que de l'amélio­ ration de la productivité des travailleurs. Même si un pays a la chance d'a1norcer et de maintenir une expansion auto-entretenue, celle-ci doit finalement buter coutre le plafond de plein-emploi. Avec com1ne conséquence vraâse1nblable, puisque la croissance rapide de la production intérie\1Te s'interrompt, que l' accélératetJT (puisque la vaiiation du produit intérieur se réduit) n1et fin à 1'investisse1nent élevé qui soutenait ! 'expansion. L'éconon1ie entre alors da11s une phase de contraction. Par ailleurs, si un certain progrès technique se inanifeste qui incite les finnes, pour demeurer c01npétitives, à continuer à investir mên1e lorsque des capacités de produc­ tion excédentaires subsistent, on peut raisonnablement penser que l'investissement brut ne descendra pas, quoi qu'il arrive, en dessous d'un seuil donné. Ce seuil joue en quelque sorte le rôle de plancher. On met ainsi en évidence la place de l'investissement autonome dont l'évolution dépend en partie de facteurs de long terme tels que le taux de croissance de la population et, surtout, le progrès technique. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 325 En intégrant, au sein du même modèle, les effets combinés du multiplicateur et de l'accélérateur, un certain nombre de chocs exogènes et aléatoires que subit le système éconon1ique et qui ont pour conséquence le renforcement du cycle et l'existence d'un plafond ainsi que d'un plancher, on obtient une vue plus réaliste de l'évolution cyclique de l'activité économique. 14.5.4 Le modèle de Hicks et de Kaldor Voici comment il est possible de présenter ceci graphique1nent (figure 14.8) : y t Figure 14.8 Le chemin inférieur, Y 1 , représente le niveau stationnaire du produit intérieur, 0 c'est-à-dire ce que serait l'évolution, au cours du temps, de la production de la nation si seul l'investissement autonome était entrepris, donc si l'investissement induit était nul. Le niveau stationnaire du produit inttérieur n'est pas un vrai plancher puisque, lorsque ! 'investissement induit est négatif (lorsque la production de l'économie se réduit), 1' inves­ tissement brut est inférieur à l'investissen1ent autonome. Le cbernin supé1ieur, Y., . décrit l'évolution, de période en période, de la produc­ tion de plein-e1nploi. Il montre la croissance du niveau maximun1 de production de l'éco­ nonlie compte tenu du caractère li1nité des ressources productives disponibles, notamment le nombre de travailleurs. Tout con1me celle de l'investisse1nent autono1ne, l'évolution de la production de plein-emploi dépend du taux de croissance de la population et du rythme des découvertes scientifiques et techniques. Slll· la base de cet arglllTient, certains auteurs vont jusqu'à admettre que l'output de ple1n-emploi et l'investisse1nent autonome croissent au 1nême rythine au cours du tetnps (les chemins Ye1 et Ya1 seraient donc ·parallèles). Comment les choses se passent-elles alors ? Le cycle - admettons qu'il soit légè­ rement explosif en puissance - part d'une valeur initiale de l'output Y0 • Tôt ou tard, sous Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 326 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE l'effet du 1nultipticateur et de l'accélérateur, la production intérieure atteint son niveau plafon d Y.,,. Elle est alors an1enée à croître 1noins. fortement si pas à demeu rer constante. Avec un certain retard, l'accélérate11.Lr réduit ou annule l'investissement induit et diminue par conséquent la demande globale de produits. Nous sommes en phase de contraction de l'activité éconon1ique. À un 1noment donné cependant, dans une situation inverse, avec une produc­ tion qui décroît, un investissement bnit qui devient inférieur à l ' investissement autonoine (l ' investissement induit est donc négatif), la diminution de I' investissen1ent induit est plus que con1pensée par l'augmentation de l ' investi ssement autonon1e. L'investissement cesse de décroître et, sous l'effet de l'accélérateur, un nouveau cycle, potenti ellemen t explosif, commence et finit, après un certain temps peut-être, à atteindre à nouveau le plafond. Le cycle peut alors se dérouler autour d'une tendance croi ssante, selon l es hypo­ thèses faites sur la croissance des dépenses d'investisse1ncnt autonome et sur celle de la capacité de producti on de l'économie, cette croissance dépendant, nous l'avons vu, de facteurs exogènes. de Pour instructive que soit cette théorie, elle ne tient pas cotnpte, bien entendu, l'ensemble des facteu rs qui sont s uscepti b l es d'expliquer les fluctuations de l'activité économique. RÉSUMÉ 1 . La production intérieure est en équilibre quand les producteurs ne sont plus amenés à modifier leur offre de produits pour satisfaire exactement la demande. L'ensemble des revenus qui constituent leurs coûts de production leur reviennent alors sous la forme d'une demande de biens et de services. Graphiquement, le niveau d'équilibre du revenu national s'obtient en recherchant l'intersection de la « droite à 45° » avec la courbe exprimant la demande globale de produits en fonction de ce revenu. 2. En économie fermée, si on néglige la politique budgétaire et les prélèvements fis­ caux, l'épargne est, à l'équilibre, égale à l'investissement. Même si rien, dans le système économique, n'assure qu'initialement les entrepreneurs investissent exac­ tement ce que les ménages projettent d'épargner, finalement, après que les firmes aient eu le temps d'adapter leur production aux disparités entre l'offre et la demande de produits, épargne et investissement doivent nécessairement être égaux. 3. Le multiplicateur (keynésien) est le nombre par lequel on doit multiplier une varia­ tion des dépenses autonomes afin de déterminer la variation résultante du revenu national. En économie fermée, sans dépenses publiques ni prélèvements fiscaux, il est égal à l'inverse de la propension marginale à épargner. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 327 4. Le multiplicateur s'explique par une serie de dépenses secondaires de consommation qui font suite à une augmentation initiale des dépenses auto­ nomes. En effet, les titulaires de revenus sont alors prêts à consommer plus et à accroître encore Io demande globo.le de produits. 5. Un écart déflationniste est révélateur d'un équilibre de sous-emploi. Il est égal à l'insuffisance, calculée au niveau du revenu national de plein-emploi, de la demande par rapport à l'offre g�obale de produits. L'écart entre le revenu national de plein-emploi et le revenu national d'équilibre est égal à l'écart déflationniste multiplié par le multiplicateur. 6. 7. Un écart inflationniste apparaît en situation de sur-emploi lorsque l'équilibre de la production nationale ne peut être rétabli que par une hausse du niveau général des prix. Il est égal à l'excès de la demande sur l'offre de produits de plein-emploi. L'écart entre le revenu national d'équilibre et le revenu national de plein-emploi est égal à l'écart inflationniste multiplié par le multiplicateur. En sous-emploi, consommation efi investissement sont des activités complémentaires. Lorsque les ménages veulent consommer plus, le revenu national augmente et les dépenses d'investissement également. Par conséquent, lorsque ces ménages augmentent leur propension à épargner, ils réduisent leurs dépenses de consommation à un point tel, qu'après la baisse du revenu national, ils finissent par épargner moins. C'est le « paradoxe de l'épargne » ou « paradoxe de Malthus ». Par contre, en plein-emploi, puisque les ressources productives sont pleinement utilisées, consommation et investissement sont des activités rivales. 8. L'interaction du multiplicateur et de l'accélérateur permet d'expliquer, dans une certaine mesure, les fluctuations de l'activité économique. Ce serait donc parce que le revenu national est incapable d'augmenter de plus en plus rapide­ ment (éventuellement parce que l'économie atteint son niveau de plein-emploi) que l'investissement diminue et que l'on entre dans une phase de contraction. La reprise s'explique par une augmentation des dépenses d'investissement, notam­ ment sous l'influence de facteurs exogènes. EXERCICES PROPOSÉS 1. Nous envisageons une économie fermée dans laquelle la consommation et l 'investisse­ ment sont les deux seules composantes de la demande de produits. Calculez le niveau d'équilibre du revenu national dans les cas suivants : a) C = 40 + 0,9Y !=50 où Y, C et I représentent respective1nent le revenu national, les dépenses de consommation et celles d'investissement. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 328 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE b) E = 0,2Y- 40 c} d) 1 = 60 où E représente l'épargne des ménages. Le revenu national de plein-emploi vaut 2.000 et on mesure un écart déflationniste de 100. La propension marginale à épargner est constante et égale à 0,25. Le revenu national de plein-emploi vaut 3.000 et on mesure un écart inflationniste de 70. La propension marginale à conson1mer est constante et égale à 0,8. el C = 50 + cY .!= 250. Le revenu national de plein-emploi vaut 2.000 et on mesure un écart déflationniste de 100. f) C = l OO + cY ]= 400. Le revenu national de plein-emploi vaut 1 .500 et on mesure un écart inflationniste de 200. 2. Dans une économie donnée, la demande gfobale de produits se compose unique1nent des dépenses de consomnrntion (C) et de celles d'investissement (1) : C = 250 + cY 1 = 500-1 5 r oli Y est le revenu national et r le taux d'intérêt exprimé en pourceuts. On sait que : • si le revenu national de plein-emploi vaut 2.000, on enregistre un écart inflation­ niste de 60 ; • 3. si Je revenu national de plein-emploi vaut 2.500, on mesure, au contraire, un écart déflationniste de 90. Calculez le multiplicateur keynésien, la propension marginale à conson1mer, le revenu national d'équilibre et Je taux d'intérêt. Dans une économie donnée, la demande gfobale de produits se compose uniquement des dépenses de consommation et de celles d'investissement : • la fonction de consommation est linéaire et passe par l'origine des axes ; • quatre projets d'investissement sont susceptibles d'être entrepris dans cette écono­ mie. Pour chaque projet, on a calculé son coût et son taux interne de rentabilité : Projet Coût Taux interne de rentabilité A 150 12% 8 250 8% 100 6% 300 4% ( D sait que le revenu national d'équilibre est supérieur de 1 .000 lorsque le taux d'intérêt est de 7 % à cc qu'il serait lorsque le taux d'intérêt vaut 9 %. On a) Calculez Je revenu national d'équilibre torsque le taux d'intérêt est égal à 9 %. b) Le produit national de plein-emploi est égal à 2.500. Lorsque le taux d'intérêt vaut Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo détermination du revenu nolionol. Le mu/Jiplicoleur 329 7 %, dites si on a à faire à un équilibre de sous-emploi ou de sur-emploi. Calculez la 4. valeur d'un écart inflationniste ou d'un écrut déflationniste éventuel. Dans une écono1uie, on n1esure un écart déflationniste de 200. Le multiplicateur y est égal à 1,5 tandis que le revenu national de plein-emploi est de 3.000. Calculez le revenu national d'équilibre et représentez cette situation graphiquement. 5. On distingue, dans une économie, une demande de biens de consom1nation et une demande de biens d'investissement : C, = 0,6 Y,., 1, = 400 + 3 Cl',_, - �-2> où C,, /1 et Y, représentent respective1uent la consommation, l'investissement et la production intérieure à la période t. La production de plein-e1nploi, Ye, , évolue au cours du temps selon la formule : r;,, = 1 .200 +1 OO l tandis que la dépense d'investissement ne peut être inf érieure à 200. En t = 0 , l'économie est stationnaire : Y= 1 .000, C = 600 et 1 = 400. On enregistre, en t = 1, une aug1neotation de 100 de L'investissement autonome, qui reprend sa valeur initiale à La période suivante. En traitant cet exemple pour six périodes successives, montrez que l'effet conjugué du multiplicateur et de l'accélérateur entraîne un cycle économique. 6. On distingue, dans une économie, une deniande de biens de consomniation et une demande de biens d'investissen1ent : C, =cY,_ , (O < c < l) � = 4.000 + k (Y,.1 - Y,.) où C,, 11 et Y, représentent respectivement la conso1runation, l'investissement et la production intérieure à la période t. La production de plein-emploi, Ye, , évolue au cours du temps selon l'équation Y = 12.000 + 500 t 01 taudis que la dépense d'investissement ne peut jamais être inférieure à 3.000. En t = 0, l 'éconornie est stationnaire : Y= 10.000, C = 6.000 et 1 = 4.000 On enregistre en t = 1 une augmentation de l.000 de l'investissement autonome, qui reprend sa valeur initiale à la période suivante. Cet exemple numérique est traité ci-dessous pour les trois premières périodes : Période YH c, 1, c, + 1, Y., Y, 0 10.000 6.000 4.000 10.000 12.000 10.000 10.000 6.000 5.000 11 .000 12.500 11.000 2 1 1 .000 6.600 6.000 12.600 3 12.600 7.560 7.200 14.760 1 1 3.000 13.500 12.600 13.500 à partir de ces informations, les paramètres c et k. a) Déterminez, b) En traitant l'exemple donné pour les périodes 4, 5 et 6, montrez l'apparition d'un cycl.e économique. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) POLITIQUE BUDGÉTAIRE, COMMERCE EXTÉRIEUR ET DÉTERMINATION DU REVENU NATIONAL 1 5. 1 1 5.2 1 5.3 1 5.4 Une variation des dépenses publiques La fiscalite et les transferts :sociaux Des faxes proportionnelles au revenu Le multiplicateur en economie ouverte Sommaire 332 335 339 343 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 332 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Jusqu'à présent, nous avons négligé les effets de la politique budgétaire et des échanges internationaux sur le revenu national. Or, lorsqu'il existe un écart inflationniste ou un écart déflationniste important, l'opinion publique pousse souvent le gouven1en1ent à agir aux fins de freiner la hausse des prix ou de réduire le chôrnage. Nous verrons ici qu'en augmentant ou en réduisant les dépenses gouvemen1entales ou les transferts sociaux ainsi qu'en faisant varier la fiscalité, les pouvoirs publics peuvent effective1nent modifier le niveau d'équilibre du revenu national. Mais nous verrons aussi que certaines de ces politiques ne pou1Tont pas être menées car elles empêcheraient de respecter la contrainte d'équilibre externe de l'écono1nie. 1 S.1 UNE VARIATION DES DÉPENSES PUBLIQUES 15. 1. 1 Le multiplicateur des dépenses gouvernementales Co1npte tenu des effets particuliers d'une variation de la fiscalité ou des transferts sociaux, nous nous limiterons, dans un premier temps, à étudier les conséquences d'une augmen­ tation ou d'une diminution des dépenses publiqi.1es autres que les transferts sociaux (ces dépenses c01npremJent Je montant des rémunérations versées aux agents des pouvoirs publics puisque, nous l'avons vu, il représente leur contribution au produit intérieur) alors que les impôts seraient maintenus constants. Cela n'influence en rien nos conclusions de considérer, con1me nous le faisons ici, qu'ils sont nuls. Dès que l'on prend en con1pte ces dépenses publiques, w1e troisièn1e composante, les dépenses gouvernementales (G), vient s'aj-0uter aux dépenses de consom.mation privée (C) et aux dépenses d'investissement privé (!) pour détenniner la de1nande globale de produits adressée à l'écono1nie : Y= C+l+ G Le revenu national d'équil ibre continue à se fixer de la même façon. Tl s agit du niveau de production de l'économie pour lequel les revenus distribués par les entreprises aux titulaires des factetll'S de production lelll' reviennent sous la forme d'une demande de biens et de services peu ünporte ]'origine, privée ou publique, de cette demande. Il s'agit, en d'autres termes, du niveau du revenu national (Y0) pour lequel la demande globale de biens et de services à l'écono1nie est juste égale à la quantité de biens que cette écono­ mie accepte d'offrir. En effet, il apparaît ilrunédiate1nent que tant que Y< Y0, la de1nande de produits do1ninant l'offre, les fu-mes sont atnenées à accroître leur production ou à augmenter leurs prix, tandis que dès que Y> Y0, l'offre est supérieure à la demande avec comme résultat une contraction de la production intériew·e. ' De combien le revenu national va-t-il augmenter lorsque les dépenses publiques augmentent d'un euro ? Puisque au même titre que les dépenses d'investissement ou que les dépenses de consommation autonon1es, les dépenses publiques sont indépendantes du , Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Politique budgétaire, commerce extérieur .ef détermination du revenu national 333 c 1 G c + 1 c i--�--.�����.--� G 1----,,,.._�����--� 1 y Figure 15.1 revenu national, ce problème est en tous points identique à celui que nous avons rencontré, au chapitre précédent, lorsque nous avons défini l'effet multiplicateur. Les dépenses publiques, consjdérées en elles-mêmes et abstraction faite des taxes, exercent donc sur le revenu national un effet multiplicateur identique à celui de l'investis­ sement privé. Cette identité tient au fait que la réaction en chaîne des dépenses secondaires de consom1nation est mise en train de la 1nême tàçon par les dépenses publiques qu'elle l'était par celles d'investissement. Graphiquement, pour détenniner le revenu national d'équilibre, il suffit doDc de superposer à la courbe de consom1nation non seulement celle d'investissen1ent mais aussi celle de dépenses gouvernementales. En effet, d'un point de vue 1nacroéconornique, la construction d'une route ne diftere pas fondan1entalement de toute autre dépense visant à accroître le stock de biens de capital de la nation, tandis que la dépense de consom1nation collective itnpliquée par le fonctionne1nent d'une école a, du point de vue de l'emploi, des conséquences analogues à celles des dépenses privées de consomn1ation. Ceci se dé1nontre aisément. S i nous envisageons une fonction 1nacroéconomique de consommation linéaire : C = c0 + cY et si tant les dépenses d'investissement que les dépenses publiques sont autonomes : J = l0 et Sommaire G = G0 ' (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 334 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Y = C + f + G = c0 + cY + /0 + G0 et Par conséquent, l l En résumé, une augmentation des dépenses autonomes se traduit par une augmen­ tation du revenu national d'équilibre d'un montant égal multiplié par l' inverse de la propension marginale à à cet accroissement des dépenses épargner et cela quelle qu'en soit l'origine, peu importe qu'il s'agisse donc d'une augn1entation de l'investisse1nent privé ou d'une augmentation des dépenses publiques. 15. 1.2 La lutte contre le chômage ou contre /'inflation Une dernière question encore (Y0 < Y). à ce propos. Supposons que nous soyons en sous-emploi Nous avons vu qu'apparaît, dans ces circonstances, un écart déflationniste défini comme l'excédent de l'offre sur la de1nande de produits projetée en plein-emploi. Une hausse des dépenses publiques permet de combler cet écart déflationniste. En effet, si les pouvoirs publics décident d'accroître suffisa1runent leurs dépenses, en déplaçant ainsi vers le haut Ja droite représentant Ja sonune des dépenses des agents éconon1iques, c 1 G figure 1 S.2 Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Politique budgétaire, commerce extérieur .ef détermination du revenu national 335 pour que cette droite finisse par intersecter la « droite à 45° » au niveau de la production de plein-emploi, la den1ande de prodluits de plein-emploi est alors juste égale à l'offre. Dans cette hypothèse, les dépenses gouve111ementales se sont accrues du montant de l'écart déflationniste. Si le niveau d'équilibre du revenu national coITespoud à une situation de sous­ emploi et qu'il existe donc un écart déflationniste à combler, une méthode pour y arriver est d'augtnenter les dépenses gouvernementales d'un 1nontant égal à cet écart déflationniste. Cette conclusion peut paraître paradoxale à une époque où bon nombre de diri­ geants plaident en faveur de politiques d'austérité pour lutter contre 1.a crise. Pour 1'instant, nous ne nous somn1es pas interrogé sur les modalités de financen1ent de cette augmen­ tation des dépenses publiques, par L'impôt (nous en verrons les effets plus loin) ou par l'acceptation d'un déficit budgétaire accru dont la méthode de financement choisie ne sera pas sans effet sur l'état de l'économie. En tout état de cause, le financement d'un accroissen1ent de la dette publique peut requérir des moyens financiers que ne seraient alors plus disponibles pour contribuer au financement de projets d'investisse1nent privé ce qui réduirait d'autant les dépenses d'investisse1nent des entrepri ses (effet d'éviction de la dette publique). Au 1nême moment, les ménages, anticipant des hausses d'imjpôt futures pour faire face à la charge de la dette, décideraient de diminuer, dès à présent, lleurs dépenses de consommation. Ces réductions des dépenses de consommation et d' investissement réduiraient l'effet sur l'emploi de l'augmentation des dépenses gouvernementales. Par un raisonnement en tous points analogue au précédent, on montre que, lorsque le niveau d'équilibre du revenu national est supérieur à son niveau de plein­ emp loi (Y0 > Y.). i l faut réduire les d épenses gouvernementales de l'écart inflationniste pour ramener la stabilité des prix. 1 S.2 LA FISCALITE ET LES TRANSFERTS SOCIAUX Dans cette section, nous étudierons l'effet de la fiscalité et des transferts aux particuliers sur le niveau du revenu national. Il existe une grande variété de taxes susceptibles d'être prélevées par les pou­ voirs publics. On classe généralement ces taxes en deux grandes catégo1ies, les taxes directes et les taxes indirectes. Les taxes directes sont celles qui comme l'impôt sur le revenu des n1énages ou celui sur le profit des sociétés sont prélevées directement sur les contribuables en fonction de leur capacité fiscale (leur capacité à supporter l' impôt). Rien n'empêche cependant qu'en certaines circonstances, le contribuable qui est censé supporter la taxe parvienne à en déplacer une partie de la charge vers d'autres contribuables par exen1ple en modifiant son offre de facteurs de production (son offre de travail ou son offre de capital) ou, s'il est entrepreneur, en aug1nentant le prix de ses produits. Les in1pôts indirects tels que les taxes sur les ventes (taxe sur la valeur ajoutée, droits d'accises, droits de douane, . . . ) sont payés indirectement par les Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 336 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE contribuables comme une partie du prix qu'ils acquittent Jorsqu'ils achètent les biens et les services taxés. La discussion que nous allons entreprendre ici aura trait aux taxes directes et, plus particulière1nent, aux taxes sur les personnes. Il n'en den1eure pas moins vrai que les prin­ cipaux résultats que nous dégagerons dans le cadre de cette section restent parfaitement valables, à quelques adaptations près, quel que soit le type d'impôt prélevé. Pour simplifier notre exposé, et dans la mesure où les effets de la taxation sur le revenu national s'analysent moins aisément que ceux d'une variation des dépenses gou­ verne1nentales, nous commencerons par ad1nettre, tnême si cette démarche peut paraître fort inéquitable, que la taxe prélevée sur chaque contribuable est identique et, par consé­ quent, indépendante de son revenu de manière telle que le prélève1nent fiscal global serait indépendant du revenu national. 15.2. 1 Fiscalité, transferts aux particuliers et revenu national Nous supposons donc, pour l'instant, que les pouvoirs publics, tout en maintenant les dépenses gouvemen1entales à un niveau constant, nlodifient l'iinportance du prélève111ent fiscal qu'ils opèrent ou foot varier le n1ontant des transfe1ts qu'ils octroient aux particuliers. C'est ici que la distinction entre le revenu national et le revenu disponible prend toute son i1nportance. Nous avons vu que c'est leur revenu disponible que les ménages répartissent entre l'épargne et les dépenses de consommation. Le revenu disponible (Y0), c'est-à-dire celui calculé en déduisant les impôts directs (1) du revenu national et en y ajoutant les transferts aux particuliers (Tr) : Y0 = Y - T + Tr = Y - (T - Tr) Une augmentation de la fiscalité ou une réduction des transferts a pour effet de réduire le revenu disponible. Cette contraction du revenu disponible oblige les ménages à coinprimer leurs dépenses de consommation. Or, comme le montre la figure 15.3, si les investissements et les dépenses publiques ne varient pas, une diminution des dépenses de consornmation doit se traduire par une réduction du revenu national et du volume de l'e1nploi. À moins qu'il existerait initialement un écart inflationniste auquel cas les nou­ veaux impôts contribueraient à Je combler et à empêcher des hausses de prix excessives. Inverseinent, une réduction des impôts ou une hausse des transferts aux particu­ liers, en augmentant Je revenu disponible des consotnmateurs, entraîne une augmentation des dépenses de consol1l.lnation acco111pagnée d'une expansion du revenu national. Chaque euro de dégrève1nent fiscal ou chaque euro d'augmentation des transfe1is aux particuliers se traduit par un accroissen1ent du revenu disponible à raison d'un euro et conduit, par conséquent, à une augmentation des dépenses de conso1nmation. Il s'agit Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Politique budgétaire, commerce extérieur .ef détermination du revenu national 337 C0+ (1 + G) c 45° 1 G 1 +G y Figure 1 S.3 là de po.litiques permettant de lutter contre le sous-emploi presque aussi efficaces que l'accroissement des dépenses gouvernementales. Dans le tnême ordre d'idées, urne augmentation de la fiscalité ou une réduction des transferts aux particuliers, puisqu'il s'ensuit des dépenses de consommation 1noins élevées, constituent des politiques de lutte contre L 'inflation presque aussi efficaces qu'une düninution des dépenses publiques. Pourquoi seulement« presque aussi efficace » ? Nous exprimons maintenant le 1nontant des dépenses de consom1nation des ménages comme une fonction l inéaire de leur revenu disponible : C = c0 + cY0. Les dépenses d'investissem.ent autonotnes tandis que les taxes (T = 7�) (/ = 10) (G = G0) sont (Tr = Tr0) sont et les dépenses publiques et les transferts aux particuliers indépendants du revenu national : Y = C + l + G = c0 + cY0 + /0 + G0 J = c0 + c [Y - (T0 - Tr0) + 10 + G0 et [ ] 1 - c0 -c( � - Tr ) + 10 + G0 . Y=1-c Sommaire 0 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 338 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Le multiplicateur d'une variation des dépenses gouvernementales est égal à 1 1 . . 'l . d c c -- = -, a1ors que celu1 d'une vanation es trans1erts c sociaux vaut, quant a u1, -. . 1-c s 1-c = - . s Pour sa pait, une variation des taxes sera 1nultipliée par - c_ = - c pour déter1-c s miner son etiet sur le revenu national d'équilibre. _ Ce résultat n'est pas difficile à comprendre. Lorsque les pouvoirs publics décident de réduire la charge fiscale d'un euro ou d'augmenter les transferts aux par­ ticu]jers du mêine montant, ils décident, par le fait même, d'augmenter d'un euro le revenu disponible des consommateurs. Ceci ne signifie pas, pour autant, une augn1en­ tation des dépenses de consonunation de ce 01ontant. En effet, tout euro supplétnentaire de revenu disponible n'est, le plus souvent, pas intégraletnent consommé, les ménages n'en consommant qu'une partie plus ou moins importante en fonction de leur propension n1arginale à conso1nmer et épargnant le reste. De telle sorte qu'en aug1nentant d'un euro le revenu disponible des particuliers, on n'augmente la den1ande globale de produits adressée aux entreprises que d'un euro que multiplie la propension marginale à consom­ mer (c). En tenant cotnpte de l'effet multiplicateur, l'impact final sur le revenu national d'équilibre est égal à �. l-c 1 5.2.2 Politique fiscale, transferts sociaux, lutte contre le chômage ou contre /'inflation Admettons que le revenu national soit inférieur à son niveau de plein-emploi et qu 'ap­ paraisse par conséquent un écart déflationniste égal à ED. Nous avons vu, à la section précédente, qu'une politique possible pour résorber cet écart déflationniste, consiste à augn1enter les dépenses gouven1e1nentales de ED. Mais de combien faudra-t-il diminuer les in1pôts ou auginenter les transferts aux particuliers pow· atteindre le même résultat ? Non pas de ED (le montant de l'écart déflationniste) 1nais de ED!c puisque nous savons que les niénages décident de consom111er seulement une propo1tion, c, de leur revenu disponible supplé1nentaire. Pow· un objectif donné en matière d'e1nploi, un programme de réduction de l'impôt ou d'augmentation des transferts sociaux causera donc un déficit budgétaire plus important que ne le ferait un programme d'augmentation des dépenses gouvernen1entales. Sa 1nise en œuvre se traduira, cependant, par une augmentation des dépenses privées et non des dépenses publiques. Des considérations du mên1e ordre peuvent être avancées dans l'hypothèse d'une inflation lorsqu'on compare une politique de dinlinution des dépenses gouvernemen­ tales avec une politique d'accroissetnent des taxes ou de réduction des transferts sociaux puisque une augmentation donnée des taxes ou une réduction de n1êine importance des transferts sociaux ne se traduit, généralement, pas par une diminution d'un 1nême montant des dépenses de consomn1atio11. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Politique budgétaire, commerce extérieur .ef détermination du revenu national 339 1 5.2.3 Une croissance équilibrée du budget du gouvernement Adtnettons que les pouvoirs publics augmentent d'un mêtne 1nontant les dépenses gouver­ nen1entales et la charge fiscale. Si le budget du gouven1ement est initiale1nent en équilibre, il Je restera par conséquent. Quel sera 1 'effet de cette augmentation équilibrée du budget de l'État sur le revenu national d'équilibre '? Nous avons vu que tout euro additionnel de dépenses publiques se traduit par un accroisse1nent du revenu national égal à 1 / 1 -c tandis que toute augmentation d'un euro de la fiscalité entraîne une réduction du revenu national de c/l -c. Tant et si bien que, si on combine ces deux effets, LlY = 1 c =1 1-c 1-c - - Une augmentation équilibrée du budget de l' État (une augmentation de même importance des dépenses gouve111ementales et de la charge fiscale) provoquerait donc un accroissement du niveau d'équilibre du revenu national juste égal à cette augmentation des taxes et des dépenses publiques. li serait, dès lors, incorrect d'affirmer que la politique d 'un gouvernen1ent qui maintiendrait: constamment son budget en éq uil ibre n'aurait aucun effet sur le niveau de la production et sur celui de l'emploi. Ce résultat n'est vrai qu'en économie fermée ; on peut, démontrer qu'il n'est plus vérifié en économie ouverte. 1 S.3 DES TAXES PROPORTIONNELLES AU REVENU Plutôt que d'adtnettre, corn.me à la section précédente, que l'impôt supporté par chaque contribuable est identique quelle que soit sa capacité à le payer, nous adoptons cette fois une position plus réaliste en faisant l'hypothèse que les taxes prélevées par le gouverne­ ment sont proportionnelles au revenu des conuibuables. Par conséquent, la charge fiscale globale supportée par l'ense1nble des contribuables est, elle-même, proportionnelle au revenu national : T = tY où t représente, à la fois, le taux moyen et le taux marginal de taxation du revenu. Quoique plus réaliste, cette approche n'est cependant pas parfaiten1ent réaliste. En effet, le principal impôt direct prélevé en Belgique, l'impôt sur le revenu des personnes physiques (l'impôt direct sw· le revenu des ménages) est progressif. Un impôt progressif est un Îlnpôt dont le 1nontant augn1ente plus que proportion­ nelletnent au revenu taxé. Si T = T( Y) exprime le montant de l 'ilnpôt en fonction de celui du revenu, LlTILlY et T!Y représentent respectivement le tanx marginal (la part de l'euro supplémentaire de revenu qui est prélevée sous forme de taxe) et le taux 1noyen de taxation (la part du revenu payée à titre d'impôt). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 340 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Dans le cas d'un ilnpôt progressif: e7:>'> tlT T tl Y = y tlT tl Y T = 1 . Donc, taux marginal de taxation y > 1 taux n1oyen de taxation Le taux tnoyen et le taux marginal de taxation augmentent 1'un et l'autre lorsque le revenu taxable s'accroît. A tout moment, le taux 1narginal de taxation est supérieur au taux moyen. Quoi qu'il en soit, par souci de simplicité, nous envisageons ici le cas d'un impôt proportionnel au revenu. 15.3. 1 Le calcul du multiplicateur On est an1ené à distinguer ici la propension 1narginale à consommer le revenu national et la propension marginale à consommer le revenu disponible. La propension marginale à consommer le revenu disponible est la part de tout euro additionnel de revenu disponible qui est conso011née, c'est donc le para1nètre c. De son côté, la propension marginale à consommer le revenu national est la part, cette fois, de tout euro suppléinentaire de revenu national qui est consomn1ée. Puisque l ' impôt est proportionnel au revenu, à un euro de revenu national, ne correspond que ( 1 - euro supplétnentaire de revenu dispo­ nible. Et donc une propension n1arginale à consonu11er le revenu national égale à c ( l - t). t) -t) Pour tout euro de revenu national, seule une fraction c (1 est conso1nmée tandis que le reste, 1 - c ( l t), est soit épargné [(1 c) ( t)] soit versé sous la fon11e de taxes aux pouvoirs publics (t). - - 1 - , À tout euro supplén1entaire de revenu national, coJTespond donc une fuite sous la fom1e d'épargne et de taxes égale à 1 - c (1 -t). Rappelons-nous, le processus de fom1ation du revenu national que nous avons décrit au chapitre précédent. À une augmentation donnée des dépenses autonomes (il peut s'agir des dépenses publiques au même titre que les dépenses d'investissement privé ou les dépenses de consommation autonomes) correspond, dans un premier temps, une augn1entation des revenus de ce montant. Les ménages augmentent leurs dépenses de consommation du même tnontant Jnultiplié par c ( 1 - t), puis aux périodes suivantes, par [c (1 - t)]2, [c (1 - t)]3 ... et ainsi de suite. Le n1ultiplicateur est égal à : l+c (1 - t) + [ c ( 1 - t)J + [c ( 1 - t)J3 + . . . [ ( 1 - t)]" + + c . . . = l 1 -c(l -t) On observe que ce multi.plicateur est d'autant plus faible que le taux marginal de taxation est élevé. En effet, lorsque ce taux augm.ente, pour toute augmentation des revenus des ménages, l'augmentation du revenu disponible et celle des dépenses de con.sommation se réduisent. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Politique budgétaire, commerce extérieur .ef détermination du revenu national 341 Cette expression du multiplicateur s'obtient aisément si on se rappelle qu'à l'équilibre, l'offre de produits dans l'économie doit êtrejuste égale à la demande (la fonc­ tion macroéconomique de consommation est linéaire, les dépenses d'investisse1nent et les dépenses gouve1nementales sont autonomes) : Y = C + 1 + G = c0 + cYD + 10 + G0 OÙ YD = Y- T= ( 1 - t)Y. Par conséquent, et Il s'ensuit que : Afo !J.G0 !J.c0 - 1 1 -c(l-t) ---- 1 5.3.2 Dépenses publiques, recettes fiscales et solde budgétaire du gouvernement Le solde budgétaire du gouvernement est égal à la différence entre le montant des revenus des pouvoirs publics (les recettes fiscales et les cotisations de sécurité sociale) et celui de leurs dépenses (la som1ne des dépenses gouvemen1entales et des transferts sociaux) : S= T - ( G + Tr) ou, si on néglige les transferts sociaux, S= T - G Le budget dégage un surplus si S > 0 ( T > G) ou un déficit si S < 0 ( T < G) On comprend aisément qu'une diminution du revenu national se traduit (puisque T = tY) par une baisse des recettes publaques et une din1inution du solde budgétaire du gouverne1nent (une diminution du surplus ou une augmentation du déficit). Dans le n1êtne ordre d'idées, une augmentation d'un n1ontant donné (tiG0) des dépenses publiq11es ne se traduit pas p.ar un accroissement de ce montant du déficit budgé­ taire des pouvoirs publics. En effet, l ' augmentation du revenu national, qu'entraînent ces dépenses publiques supplémentaires, procure, aux pouvoirs publics, de nouvelles recettes fiscales qui c01npensent partielle1nent la hausse des dépenses : tiS = ô.T-!J.G = If.Y -!J.G t Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 342 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Af = Donc (1 - c) ( l - t) > 1 - c ( 1 - t) tl.G0 -tl.G0 • Cette analyse suggère également qu'une politique visant à équilibrer le budget des pouvoirs publics par une diminution des dépenses publiques ou par une augmentation du taux (moyen ou inarginal) de l'impôt conduit à une réduction du revenu national avec conune conséquence un moindre rendement de l'i1npôt sur le revenu. 15.3.3 Les stabilisateurs automatiques Le systè1ne économique contient en son sein un certain nombre d'éléments qui lui per­ mettent de réagir immédiatement, sans aucun délai, non1ique. Par exemple, un à un déséquilibre de l'activité éco­ impôt augmentant avec le revenu national. En réduisant la à consommer le revenu national, un tel ilnpôt réduit également la valeur du nlultiplicateur et rend, par conséquent, l'économie moins sensible à d'éventuels propension marginale changements intervenant dans la demande globak de produits. Cependant, l'effet de stabilisateur automatique du système fiscal est d'autant plus marqué que l'impôt sur le revenu est progressif, donc que le taux marginal de taxation augmente au fur et à mesure que s'accroît le revenu des contribuables. Une des princi­ pales conséquences de la progressivité de l'iinpôt sur te revenu est de faire en sorte que la charge :fiscale des contribuables augtnente plus rapidernent que leur revenu taxable et, par la 1nên1e occasion, que, dans le cas d'une baisse de leur revenu, le 1nontant des taxes qu'ils acquittent diminue plus que prop01tionnelle1nent à cette dm1ü1ution du revenu. Un stabilisateur automatique est donc un mécanisrne interne au système écono­ n1ique, entraînant un déficit budgétaire accn1 lorsque le revenu national dirninue. Avec, con1me conséquence, que le revenu disponible des ménages et, dès lors, leurs dépenses de conso1nn1ation diminuent moins fortement qu'ils l'auraient fait en son absence. On peut citer d'autres exemples de stabilisateurs automatiques. Les allocations de chômage qui, au prix d'un déficit budgétaire accru, empêchent le revenu disponible des personnes sans etnploi de diminuer aussi fortetnent qu'il l'aurait fait autrement. Ou, en général, n'i1npo1te quel mécanisme automatique qui empêcherait en dépression la dépense globale de dir11inuer aussi rapidement que le revenu national et qui en période de surchauffe éconornique limiterait l'accroissement de la demande de produits adressée à l'ensemble de l'éconotnie. Le principal avantage de l'incorporation dans le processus budgétaire de méca­ nism.es de stabilisation automatique est de pern1ettre une réaction immédiate, sans aucun à une situation de chôtnage ii11portant ou de forte inflation. Notam1nent, ces méca­ nismes évitent les délais inhérents à la prise de décisions de politique économique par les pouvoirs publics et notamment ceux qui, liés à une procédure parlen1entaire parfois longue, délai, empêchent de prendre certaines décisions aussi rapide1nent que cela s'avère nécessafre. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Politique budgétaire, commerce extérieur .ef détermination du revenu national 343 1 S.4 LE MULTIPLICATEUR EN ECONOMIE OUVERTE Jusqu'à présent, nous avons raisonné dans une économie dite « fennée », sans relation aucune avec le monde extérieur. L'écononlÎe au sein de laquelle nous étudiions la déter­ mination du revenu national n'était censée ni exporter, ni in1porter de marchandises. Nous avons vu dantes. cependant qu'en pratique, les économies nationales sont forte1nent interdépen­ li n'existe plus d'économie aujourd'hui qui produise tout ce dont elle a besoin ni qui dispose de tous les facteurs de production ou de toutes les matières premières qui lui sont nécessaires pour produire. Il n'existe plus d'économie aujourd'hui qui n'écoule pas une partie de sa production sur des marchés étrangers. Il va sans dire toute l'impor­ tance de ce problèn1e pour une « petite économie ouverte » com1ne l'est l'économie belge lorsqu'on sait q11'aujourd'hui, les exportations et les itnportations de la Belgique repré­ sentent plus de 80 % du produit intérieur !brut aux prix du marché. Dans cette section, nous allons donc inclure le comn1erce extérieur dans notre schéma d'analyse. Nous nous proposons donc d'étudier ici les effets du commerce extérieur sur la détennination du revenu national. Toutefois, tout comme, aux sections précédentes, nous ignorions les modalités de financement d'un éventuel déficit budgétaire du gouvemem.ent, nous négligerons aussi, pour l'instant, les conséquences monétaires d'une balance des paiements en excédent ou en déficit. 1 5.4. 1 La demande de produits en économie ouverte En économie fennée, la demande globale de produits adressée aux entreprises se compose exclusivement, nous l'avons vu, des dlépenses de consommation, des dépenses d'investis­ se1nent et des dépenses gouvernementales. Dans une économie ouverte, il convient d'y ajouter les exportations, c'est-à-dire la den1ande adressée aux entreprises intérieures par des agents économiques localisés en dehors du tetTitoire national et de déduire les i1nportations, c'est-à-dire la part de la demande de produits des agents économiques nationaux adressée à des entreprises étran­ gères. L'économie nationale exporte donc une partie de sa production (les exportations sont notées par X) alors qu'elle in1porte une certaine quantité des produits et des facteurs de production dont elle a besoin (les i1nportations sont notées par Imp) : Y= C + I + G + (X-Jmp) Le solde (X-Jmp) est appelé ! 'excédent (positif ou négatif) de la balance des biens et des services. Cotrune nous le verrons plus loin, il convient d'éviter de confondre la balance des biens et des services et la balance des paiements, la pren1ière ne représentant qu'une partie de la seconde. Au même titre que les dépenses d'investissement et les dépenses gouvernemen­ tales, les exportations constituent une injection de revenus dans l'économie nationale. Tout c01nme l'épargne ou des taxes calculées en fonction du revenu, les in1portations repré­ sentent quant à elles une fuite de revenus hors du circuit économique. 11 nous reste à rechercher de quelles variables macroéconomiques dépendent prin­ cipalement les itnportations et les expo1tations. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 344 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 15.4.2 Les importations et les exportations Les importations tout d'abord. Nous savons que, lorsque le revenu disponible des 111énages augmente, leurs dépenses de consom1nation aug1nentent également, tout autant celles relatives à des biens nationaux q11e celles portant sur des produits étrangers. On enregistre, par conséquent, une hausse des i.mportations. Dans le 1nê1ne ordre d'idées, lorsque la production inté1ieure s'accroît, les in 1 portations de matières premières et de biens intennédiaires destinés à contribuer à la production des biens nationaux auginen­ tent elles aussi. Il est parfaitement logique d'ad1nettre que le niveau des ù.nportations est fonction du produit (donc du revenu) inté1ieur. Plus ce produit est élevé, plus les importations sont également i1nportantes. Nous admettrons, par souci de simplicité, l'existence d'une rela­ tion de proportionnalité entre les importations et la production intérieure lm.p = mY, où m représente la propension 1noyenne et marginale à importer. Par un raiso1me1nent analogue, puisque les exportations d'un pays sont des importations pour d'autres pays, on peut admettre que le niveau des exportations d'une économie est fonction du produit intérieur de ses principaux partenaires con1n1erciaux. I l en résulte que le revenu national dans cette économie, dépend en partie des revenus natio­ naux étrangers. Qui plus est, puisque les écono1ni.es étrangères exportent une partie de leur production vers le premier pays, leur revenu national dépendrait aussi de celui de ce pays. Lorsque l'éconon1ie est petite (c'est le cas, rappelons-le, de l'écono1nie belge), une fluctuation même ünportante de sa production n'influence que peu le niveau de pro­ duction des économies étrangères et donc le niveau de leurs impo1iations. Les importa­ tions d'une petite économie ne représentent qu'une part tellement infin1e dans l'ensemble des flux mondiaux qu'elles n'ont qu'une influe.lllce négligeable sur le niveau de la pro­ duction et donc sur celui des importatjons d1t reste du monde. Ce n'est pas comn1ettre une erreur iJnpo1tante que de supposer que, dans une telle économie, les exportations sont déterminées de façon exogène, dépendant certes des produits intériellrs étrangers 1nais pas du niveau de la production intérieure : 15.4.3 Le calcul du multiplicateur En tenant compte de ces bypothèses et en coati.nuant à envisager une fonction macro­ économique de consom1nation linéaire, des dépenses d'investisse1ne.nt et des dépenses gouverne1nentales exogènes et des taxes proportionuelles au revenu national, le niveau d'équilibre du revenu national en économie Ollverte se calcule aisén1ent : Y= C+ !+ G + (X- lmp) = c0 + cY0 + 10 + G0 + (X0- mY) = c0 + c (l - t)Y + J<> + G0 + (X0 - m Y). Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Politique budgétaire, commerce extérieur .ef détermination du revenu national 345 Il en résulte que : !:lY !:lY !:lY 1 !:l/o !:lG0 LiX0 1 - c(l-t)+m· - -- Le multiplicateur est égal à 1 c 1 - ( l - t )+m Si on néglige la politique budgétaire (et donc aussi la fiscalité) : Y= C + 1 + ()(.-lmp) = c0 + cY + 10 + X0 -mY Y(l - c + m) = c0 + l0+X0 l c 1 et Y 1 -c+m ( 0 + 0 + X0) = où le n1ultiplicateur est égal à 1 1 -c+m Nous observons que, dans L'un et l'autre cas, le 1nultiplicateur est d'autant plus petit que la propension marginale à importer est élevée. Ce résultat n'est guère difficile à comprendre si on admet que les seules dépenses, à prendre en compte lorsqu'on calcule le 1nultiplicateur, sont celles adressées aux entre­ prises intérieures. Pour un accroissement donné des dépenses autonotnes, q11elle qu'en soit l'origine, les dépenses secondaires adressées à ces entreprises intérieures sont d'autant plus faibles que la propension marginale à importer est grande. Ceci réduit, par consé­ quent, l'importance de l'effet multiplicateur. Les importations constituent, en d'autres inots, une fuite de revenus en dehors du circuit économique. 15.4.4 Dépenses autonomes, balance des biens et des services et contrainte cl'équilibre externe de l'économie Dans une économie ouverte, toute augmentation de la production inté1ieure ayant w1e origine autre qu'un accroisse1nent des exportations se traduit par un déficit accru ou par \me réduction de l'excédent de la balance des biens et des services. 1 Si nous notons B 'excédent (positif ou négatit) de cette balance : B =X- lmp =X0 -mY, M = -m !:lY et - = -- = !!J3 M M0 !:lG0 m 1 -c(l -t) + m Une économie ouverte qui s' avère incapable d'encore accroître ses expotiations ne peut pas augmenter continuelle1nent sa demande intérieure et, dès lors, sa production Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 346 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE au risque de devoir supporter (à moins de pouvoir réduire ses in1portations en détou1nant vers les entreprises intérieures une demande jad!is adressée à des entreprises étrangères) un déficit trop important de sa balance des biens et des services et donc de sa balance des paiements auquel serait associée une fuite insupportable de réserves de change. Toute économie ouverte est soumise à une contrainte d'équilibre exte1ne qui limite grande1nent les possibilités d'action des responsables de la politique économique. Nous avons vu que 1 'effet multiplicateur d'un accroisse1nent donné des exporta­ tions est identique à celui d'une augmentation de même importance de l'investissement privé, de la consommation autonome ou des dépenses gouvemeinentales. Cependant, lorsque les entreprises intérieures parviennent à exporter plus, mên1e si la production intérieure s'accroît, ce n'est plus aux dépens d'un déficit accru de la balance des biens et des services. En effet, puisque B = X- lm'J? M �y _ _ = l - m-=lM0 M0 = X0 - m Y' m _ 1-c ( l - t ) + m 1 - c (l - t) O > 1 - c ( l -t) + m À n1oins que c(l - t) = 1 (la propension marginale à consotnmer vaut 1 et il n'y a pas de taxes propottio1melles au revenu national), une augmentation donnée des exporta­ tions a conune conséquence un accroisse1ne11t du solde (une augmentation de l'excédent ou une diminution du déficit) de la balance des biens et des services. Puisque, cependant, la hausse du revenu national résultant de l'accroissement des exportations entraîne des iniportations supplémentaires, cette augmentation du solde de la balance des biens et des services est moindre que l'augmentation initiale des expo1tations. 15.4.5 Taxes autonomes et taxes proportionnelles Nous allons adopter ici une formulation plus générale de la fonction de taxation en admet­ tant, qu'à côté de taxes proportionnelles au reve1n1 national, les pouvoirs publics prélèvent des taxes autonon1es (ou octroient des transferts sociaux) T= T0 + tY où une aui,>mentation (resp. une diminution) des t:ransfetts sociaux se traduit par une dimi­ nution (resp. une augn1entation) de T0 Dans cette hypothèse Y = c0 + c Y0 + 10 + G0 ( X0 - m Y) + et Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Politique budgétaire, commerce extérieur .ef détermination du revenu national 347 USUMÉ 1 . Une variation des dépenses publiques autres que les transferts aux particu­ liers a u n effet multiplicateur identique à celui d'une variation, d'un même montant, des dépenses d'investissement. En économie fermée, si les taxes sont indépendantes du revenu national, le multipli­ cateur reste égal à l'inverse de la propension marginale à épargner. 2. En économie fermée, lorsqu'on néglige les questions posées par le financement d'un éventuel déficit budgétaire du gouvernement et de Io charge de Io dette publique, on admet qu'une augmentation des dépenses publiques du montant de l'écart déflationniste permet de restaurer le plein-emploi. Par contre, pour lutter contre une inflation par la demande, il faudrait réduire ces dépenses de l'écart inflationniste. 3. En diminuant la fiscalité ou en augmentant les transferts sociaux, les pouvoirs publics accroissent le revenu disponible des particuliers ce qui entraîne une hausse de leurs dépenses de consommation. Inversement, une augmentation de la fiscalité ou une réduction des transferts a pour effet de réduire le revenu disponible el de diminuer les dépenses de consommation des ménages. 4. Puisque, à moins que la propension marginale à consommer soit égale à un, toute hausse du revenu disponible n'est pas intégralement consommée, une politique de réduction de la fiscalité ou d'augmentation des transferts sociaux augmente moins le revenu national qu'un accroissement de même importance des dépenses gouvernementales. Dans le même ordre d'idées, une augmentation de Io fiscalité ou une réduction des transferts aux particuliers constituent des politiques de lutte contre l'inflation moins efficaces qu'une baisse des dépenses publiques. 5. Un impôt proportionnel est un impôt dont le montant représente u n pourcentage constant du revenu du contribuable_ Un impôt progressif s'accroît plus que proportionnellement ou revenu. Le taux marginal de taxation est alors supérieur au taux moyen. 6. Lorsque les recettes fiscales des pouvoirs publics augmentent avec le revenu natio­ nal, l'effet multiplicateur est d'autant plus faible que le taux marginal de taxation est élevé. En effet, les dépenses secondaires de consommation faisant suite à une augmen­ tation donnée des dépenses autonomes sont d'autant plus petites que les pouvoirs publics prélèvent, par l'impôt, urne part importante des suppléments de revenu. 7. En réduisant le revenu national, une diminution des dépenses gouvernementales réduit aussi les recettes fiscales des pouvoirs publics. Ceci rend d'autant plus malaisé le retour du gouvernement à l'équilibre budgétaire. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 348 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 8. Un stabilisateur automatique est un mécanisme interne à la démarche budgé­ taire entraînant un déficit accru lorsque le revenu national diminue. Le revenu dispo­ nible des ménages et, par conséquent, leurs dépenses de consommation diminuent moins fortement qu'ils l'auraient fait en son absence. 9. En économie ouverte, il faut ajouter les exportations aux dépenses adressées aux entreprises intérieures. On en déduit, par contre, les importations. 10. Puisque plus un pays s'enrichit, plus il a besoin, pour produire, de matières pre­ mières importées et plus sa population consomme de produits étrangers, il est rai­ sonnable d'admettre que les importation.s augmentent avec le revenu national. 11. les exportations d'un pays sont des importations pour ses partenaires commer­ ciaux. Elles dépendent donc des produûts intérieurs de ces pays. Dans une petite économie ouverte, les exportations peuvent être considérées comme exogènes. 12. l'effet multiplicateur est d'autant plus faible que la pro· pension marginale à importer est forte. les importations constituent, en effet, une fuite de revenu qui réduit les dépenses secondaires de consommation adres­ En économie ouverte, sées aux entreprises intérieures. 13. Puisque chaque nation est soumise à une contrainte d'équilibre externe, une économie ouverte qui s'avère incapable d'accroître ses exportations, ne peut pas augmenter continuellement sa demande intérieure et, par conséquent, sa production. EXERCICES PROPOSÉS 1. Le revenu national d'équilibre est de 2.000. La propension marginale à épargner vaut 0,25. a) Les impôts ne dépendent pas du revenu et ils augmentent de 20. Trouvez la varia­ tion en résultant du revenu national d'équilibre. b) Les impôts sont indépendants du revenu et augmentent de 30 dans le mên1e temps que les dépenses publiques s'accroËssent de 20. Calculez la variation du niveau d'équilibre du revenu national qui en résultera. c) Les impôts ne dépendent pas du revenu et le revenu national de plein-e1nploi est de 2.450. Dites successivement comment le gouvernement doit agir sur les taxes, les dépenses publiques et les transferts sociaux si son objectif est d'amener l'économie d) eu plein-emploi. Les impôts sont proportionnels au revenu et le taux moyen de taxation est de 40 %. Calculez l'effet, sur le revenu national d'équilibre, d'une diminution de 55 des dépenses gouvernementales. En résu ltera-t-il une réduction de 55 du déficit budgé­ taire du gouvernement ? e) Le revenu national de plein-emploi est de 1.800 et les impôts sont proportionnels au revenu (le taux moyen de taxation est toujours de 40 %). Comment faudra-t-il agir sur le montant des dépenses publiques pour résorber l'écart inflationniste constaté ? Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Politique budgétaire, commerce extérieur .ef détermination du revenu national 349 f) Toujours dans le cas où les impôts sont proportionnels au revenu, le revenu national initial (2.000) est le revenu national de plein-emploi. Les dépenses publiques dimi­ nuent de 75. Comment faudr.a-t-il agir sur le taux moyen de taxation pour maintenir le plein-emploi ? 2. Dans une économie fennée, (: cY0-300 I= 450 Y: revenu national Y0 : revenu disponible 6= G0 T= 0,25Yt 250 (: consommation privée I: dépenses d'investissement G: dépenses publiques T: recettes fiscales Le revenu national de plein-emploi est égal à 1.300 et on mesure un écart inflationniste de 80. On sait qu'une diminution de 50 des transferts sociaux entraîne une diminution de 1 OO du revenu national d'équilibre. a) Calculez successivement le revenu national d'équilibre et le solde budgétaire du gouvernement. b) L'objectif du gouvernement est de ramener l'équilibre budgétaire par une variation appropriée des dépenses publiques. Quelle devrait être cette variation ? 3. Dans une économie fennée, Y0 : revenu disponible Y: revenu national (: consommation privée I : dépenses d'investissement G: dépenses publiques T: recette fiscales (nettes des transferts sociaux) (=0,75Y0+ 150 I = 10 G l.100 T= tYt 200 = Le revenu national de pleiJ1-emploi est égal à 4.750 et on mesure un écart détlatioru1iste de 1 OO. On sait aussi qu'une augmentation de 80 des transforts sociaux entraînerait une augmentation de 150 du revenu national d'équilibre. Calculez successivement le multiplicateur keynésien, le revenu national d'équilibre, Le montant des dépenses d'investissement et le solde budgétaire du gouvernement. 4. Dans une économie ouve1ie, (= 0,75Y0-200 I= 900 G= 1700 X=X0 lmp=0,15Y + 150 T= tYt 200 Y: revenu national Y0 : revenu disponible ( : consommation privée I : dépenses d'investissement G: dépenses gouvernementales X: exportations lmp: importations T: recettes fi.scales Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 350 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Le revenu national de plein-emploi est égal à 4.500 et on mesure un écmt déflationniste de 350. Si les dépenses d'investissement aug1nentent de J 40, le revenu national d'équilibre est alors égal à 4.200. Calculez le multiplicateur keynésien, le revenu national d'équilibre, le solde budgétaire du gouvernement et le solde de la balance des biens et des services. 5. Une économie ouverte se caractérise par les relations suivantes : c = O,BYD 1= 600 G= GD X= 1.050 lmp= 100 + 0,4Y T= 250 + 0,25Y Y: revenu notionol Y0 : revenu d sponible (: consommation privée 1: dépenses d'investissement G: dépenses gouvernementales X: exportations lmp: importations i T: recettes fiscales Le revenu national de plein-emploi est égal à 2.300 et on mesure un écart inflationniste de 160. o) Calculez le multiplicateur keynésien, le niveau d'équilibre du revenu national et le solde budgétaire du gouven1ement. b) Les transferts sociaux sont indépendants du revenu national. Calculez l'effet d'une 6. dimjnution de 150 de ces transferts sur le solde de la balance des biens et des services. Dans une économie ouve1te, C= 0,75Y0+50 1=800 G= G0 X= 1.000 lmp= 300 t mY T 0,4Y-200 = Y: revenu notionol Y0 : revenu disponible (: consommation privée I : dépenses d'investissement G: dépenses gouvernementales X: exportations lmp: importations T: recettes fiscales Le revenu national de plein-emploi est de 3.800 et on observe un écart inflationniste de 150. Si les investissements se réduisent de 375, le revenu national est alors égal à 3.500. Calculez le multiplicateur keynésien, le niveau d'équilibre du revenu national, le solde budgétaire du gouvernement et le solde de la balance des biens et des services. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LA MONNAIE LA DEMANDE DE MONNAIE L10FFRE DE MONNAIE 1 6. 1 1 6.2 1 6.3 1 6.4 1 6.5 Le concept de monnaie La demande de monnaie La création de monnaie scripturale par les banques La création de monnaie fiduciaire par la Banque centrale Les variables dont dépemd l'offre de monnaie Sommaire 353 356 363 367 372 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 352 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Qu'est-ce que la monnaie ? Pourquoi les agents écono1niques, les finnes, les rnénages, les pouvoirs publics aussi souhaitent-ils détenir des encaisses inonétaires ? Quel est l'effet du comporte1nent de la Banque centrale, de celui des banques conunerciales et de celui des autres intermédiaires financiers sur la quantité de monnaie circulant dans l'économie ? Con11nent est-il possible, en utilisant divers instnunents de politique moné­ taiJ·e, d'agir sur le niveau des principales variables n1acro-économiques que sont le revenu national, le niveau général des prix ou encore le taux d'intérêt ? Voici quelques-unes des principales questions auxquelles nous tâcherons d'apporter une réponse dans le cadre de ce chapitre et des chapitres suivants. Une réponse partielle et incompléte cependant. Car la théorie inonétaire présente, aujourd'hui, w1 nombre tel de contributions qu'il ne peut être question pour nous d'envisager, dans le cadre d'w1 manuel général d'Économie politique, tous les thèmes débattus par cette théorie. Qui plus est, quant aux thètnes essentiels que nous aborderons ici, il est bien évident que nous ne pourrons pas les développer en détail comme il aurait été possible de le faire dans un cours consacré uniquen1ent à ! 'étude des théories contemporaines de la monnaie. Depuis une trentaine d'années, en même temps que se développe une importante théorie économique de la monnaie, on constate, dans bon nombre de pays, un vif regain d'intérêt pour la politique monétaire. Il faut noter en effet que, dans la période qui suivit imn1édiatement la Seconde Guerre mondiale et cela jusque vers 1975, la politique nloné­ taire s'était vu imposer des tâches tnineures relativement à celles que l.'on assignait à la politique budgétaire. Si l'on ad!nettait alors qtLe l'on peut aisément agir sur Je niveau d'équilibre de la production intérieure et sur le taux de croissance des prix en manipulant les dépenses et les recettes publiques, on doutait au contraire de l'efficacité de la politique monétaire pour ce qui est de la réalisation de ces mêmes objectifs de politique écono­ mique. Dans ces conditions, la politique monétaire servait essentiellen1ent à maintenir et à stabiliser les taux d'mtérêt au niveau le plus bas possible, ce qui contribuait à réduire au maxin1mn la part de la charge des intérêts de la dette publique dans l'ensemble du budget de l'État. Plusieurs événe1nents, intervenant au début des années 1970, pennettent d'expli­ quer un usage aujourd'hui plus intensif de la poEitique monétaire. La structure financière de plus en plus complexe des pays industrialisés, tout d'abord. Des mouvernents de capi­ taux de plus en plus importants au niveau mondial, ensuite. Mais, enfin et surtout, la forte inflation qui a frappé l'économie mondiale à cette époque. En effet, bon nombre d'autetu-s ont imputé cette mflation, tout au moins, en partie, à un accroissement imJnodéré du stock monétaire en vue de répondre à la volonté des principaux gouvemernents de maintenir de faibles taux d'intérêt. À partiJ· de là, on a été amené à mettre en œuvre des politiques monétaires restrictives visant à contenir l'accroissement de la quantité de monnaie cir­ culant dans l'économie. Dans le même te1nps, parce qu'ils estiment que toute politique interventionniste peut contribuer à déstabiliser une économie au sein de laquelle existerait une tendance fondamentale à la stabilisation garantissant un retour rapide à un équilibre de plein-emploi, certains auteurs se sont ralliés à la conception suivant laquelle la politique monétaire doit demeurer passive en s'abstenant soigneusernent d'essayer d'influencer le niveau réel d'activité économique. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 353 Aujourd'hui, l'utilisation d'une inonnaie unique, l'euro, au sein de la nrnjorité des États de l'Union européenne et le rôle essentiel de la Banque Centrale Européenne (BCE) et de l'Eurosystè1ne dans l'élaboration de la politique monétaire posent de nou­ velles questions, parfois fort complexes. Tout comme en posent d'autres la crise de 2008, qu'on a peut-être trop rapidement qualifiée de « crise fmancière » mais dont l'atnpleur a certainement été ainplifiée par certains méca11isn1es financiers, ainsi que l'accumulation actuelle, par les pays industrialisés, d'une dette publique de plus en plus importante en pa11 du produit intérieur. Nous essaierons d'y répondre de la façon la plus juste possible en simplifiant cependant notre approche afin de la rendre accessible au lecteur s'initiant à la science écono1nique. Mais avant de pouvoir co1nprendre parfaiten1ent en quoi le n1aniement de la poli­ tique monétaire est susceptible d'influencer le niveau des diverses va1iables macroéco­ nomiques, il convient de définir tout d'abord ce qu'est la 1nonnaie. Ensuite, nous verrons pourquoi les agents économiques (ménages, fim1es, pouvoirs publics) souhaitent détenir des encaisses 1nonétaires. Enfin, nous verrons la capacité des institutions financières à créer de la monnaie et à répondre ainsi aux besoins des détenteurs de n10011aie. 1 6.1 LE CONCEPT DE MONNAIE Qu'est-ce que la 1nonnaie ? Toute éconotnie mode111e, caractérisée par une division pous­ sée du travail, est fondée sur la nlonnaie et non plus sur le troc conune l'étaient les éco­ nomies primitives. La tnonnaie ren1plit une triple fonction dans le système économique. Tl s'agit, tout d'abord, de l'inte1médiaire· moderne des échanges. C'est égalen1ent l'w1ité de con1pte dans laquelle sont exprünés les prix, les créances et les dettes. C'est finalement aussi une réserve de valeur, un actif que les agents économiques peuvent détenir au tnême titre que d'autres actifs tels que les créances, les actions ou certains actifs réels. Dans le 1nême ten1ps, la monnaie se présente sous diverses formes. Sous la forme de pièces et de billets, tout d'abord. Les pièces et les billets émis par la Banque centrale constituent ce qu'on appelle la monnaie fiduciaire. Sous la forme de dépôts bancaires ensuite. La n1onnaie scripturale est constituée de dépôts auprès des lnstitutions financières monétaires. Cette distinction entre morunaie fiduciaire et monnaie scripturale s'avérera fondamentale lorsque nous étudierons le processus de création de n1onnaie. 16. 1. 1 La liquidité de la monnaie Les diverses fonctions que peut remplir la monnaie, les diverses formes sous lesquelles elle se présente tont en sorte qu'il est difficile, si pas in1possible, d'en tou111ir une défini­ tion unanime1nent acceptée par tous. Nous venons de dire que la monnaie est un actif que les agents économiques peuvent détenir au même titre que n'importe quel autre actif. À la différence de bon nombre d'autres actifs cependant, la détention de billets de banque ou de dépôts à vue auprès d'organismes financiers ne procure ni intérêt, ni dividende. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 354 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE La détention de tels actifs ne permet pas non plus. de réaliser, lorsque les conditions le per­ rnettent, des gains de capital. Mais les agents écono1niques sont également assurés, s'ils détiennent leur pouvoir d'achat sous cette fonne, de ne pas encourir, à moins de connaître une période de forte croissance des prix, des pertes de capital importantes. Par ailleurs, ces actifs, les pièces de monnaie, les billets de banque ou les dépôts à vue, présentent l'avan­ tage appréciable d'être les plus liquides parmi les actifs que peuvent détenir les agents économiques. Lorsqu'un individu ou lorsqu'une fi1111e désire effectuer une opération d'achat, il peut l'entreprendre inunédiatement à condition de se dessaisir d'une partie de la quantité de monnaie fiduciaire qu'il détient ou en effectuant un viren1ent au compte bancaire du vendeur. Il n'en irait pas de n1ême si cet individu ou si cette firme disposait, pour tout actif, de créances à tenne, de titres boursiers ou d'actifs réels. Il serait faux cependant de prétendre que la monnaie se distingue par sa liquidité et les autres actifa par leur 1nanque de liquidité. Il existe, en effet, différents actifs qui ont une liquidité presque aussi grande que la inonnaje. Ceux qui peuvent être transformés en monnaie plus ou moins rapidement et sans coûts de transaction importants, cotnme, par exen1ple, les livrets d'épargne, les carnets de dépôt, les dépôts à terme ou à préavis si ce terme ou ce préavis n'est pas de trop longue durée. li s'avère, dès lors, bien difficile de définir ce qui est monnaie d'une part et ce qui n'est pas monnaie d'autre part. I l est donc inalaisé d'opérer une distinction nette entre actifs monétaires et créances. Comme l'écrivait Keynes, dans la Théorie générale, « on peut tracer la ligne de dén1arcation entre la "monnaie" et les "créances" au point qui convient le mieux à l'étude de chaque problèrne particulier. Par exemple, on peut assimiler à la monnaie tout droit à un pouvoir d'achat général dont le tin1laire ne s'est pas dessaisi pour une période supétieure à trois mois (et ce te1me est ici purement exemplatit) et aux créances les droits aliénés pour une période plus longue ». Aussi est-il souvent c01nmode, d'un point de vue pratique, d'assimiler à la mon­ naie les dépôts à tern1e ainsi que certains dépôts d'épargne ou 1nême certains instruments de crédit co1rune les bons du trésor. 16. 1.2 La déspécialisation des intermédiaires financiers Un autre problème auquel on se hewie lorsqu'on essaie de défirrir la monnaie est l'évo­ lution et les mutations profondes qu'a connues la structure financière des pays industria­ lisés au cours du dernier quaii de siècle, à savoir la déspécialisation des intennédiaires financiers. « De plus en plus, les banques commerciales et les intermédiaires financiers dits non bancaires » en sont venus progressivement moins semblables, les premières offrant à à adopter des co1nportements plus ou leur clientèle la possibilité de placements terme, les autres essayant, pour leur part, d'obtenir des fonds sous la forme de dépôts à à vue. La distinction traditionnelle entre les organismes 1nonétaires et les organis1nes non monétaires a donc eu tendance à s'estomper au cours du temps. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 355 16. 1.3 Les diverses définitions du stock monétaire Tl n'est, dès lors, guère étonnant que plusieurs conceptions différentes du stock monétaire existent, bon nombre d'auteurs adoptant d'ailleurs une position purement pragmatique en adaptant la définition utilisée de la monnaie au problèn1e étudié. La Banque centrale euro­ péenne définit plusieurs agrégats monétaires qui tous comprennent, au n1oins, le montant de monnaie fiduciaire émis augmenté de celui des dépôts à vue auprès des institutions financières monétaires. Tl s'agit là des actifs les plus liquides paimi ceux que détiennent les agents économiques. Les agrégats monétaires autres que Ml contiennent, cependant, d'autres éléments d'actifs, présentant certes un degré relativement élevé de liquidité, 1nais moins liquides toutefois que la 1nonnaie fiduciaire et les dépôts à vue : l'agrégat monétaire étroit Ml est défini comme la somn1e de la monnaie fiduciaire (les billets et les pièces en circulation qui sont couramment utilisés pour effectuer des paiements) et des dépôts à vue ; • • • l'agrégat monétaire intermédiaire A1.2 comprend, en plus de Ml, 1es dépôts à terme d'une durée inférieure ou égale à deux ans ainsi que les dépôts remboursables avec un préavis inférieur ou égal à trois mois ; l'agrégat monétaire large M3 est la somme de M2 et d'instruments négociables tels que les titres d'organisn1es de placernent collectif monétaire, les instnm1ents du marché monétaire ou les titres de créances émis par des institutions financières monétaires d'une durée inférieure ou égale à deux ans. L'évolution deM3 sert, depuis 1998, de référence pour la croissance de la quantité de monnaie. Cette large définition du stock n1onétaire est moins influencée par la substitu­ tion entre différentes catégories d'actifs liquides que le seraient des définitions plus étroites et est, par conséquent, plus stable. Cette valeur de rétërence est calculée de façon à être compatible avec l'objectif de stabilité des prix, compte tenu d'hypothèses faites sur la crois­ sance du produit intérieur brut et sur l'évolution de la vitesse de circulation de la monnaie. Le tableau 16. l donne, à titre d'infonnation, la stn1cture de la 1nasse n1onétaire M3 dans la zone euro (fin octobre 201 1). Tableau 16.1 Structure de la masse monétaire (zone euro - octobre 2011) Encours en pourcentage de Ml Ml, dont: 52.0 billets el pièces 8.9 dépôts à vue M2, dont: dépôts à terme (�2 ans) dépôts à préavis (�3 mois) M3, dont : instruments négociables 43.1 91.6 18.5 21 . 1 100 8.4 {Source: Banque Centrale Européenne, Bullelin mensuel, décembre 2012) Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 356 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Une dernière précision encore. Le montant de monnaie :fiduciaire recensé au tableau 16.1 est inférieur à l.a valeur des billets en circulation figurant au passif du bi!an consolidé de l'Eurosystè1ne. C'est le résultat du principe général qui veut que, pour empê­ cher tout double emploi, l'on exclue de la définition du stock n1onétaire toute quantité de n1onnaie fiduciaire détenue dans l'encaisse d'une institution financière monétaire et ser­ vant, de ce fait, de contrepartie à la création d'autres composantes de ce stock monétaire. Nous verrons plus loin la portée de cette remarque lorsque nous 1nesurerons la quantité de monnaie en circulation. C'est essentiellement la conception étroite, MI, du stock monétaire (la 1nonnaie fiduciaire et les dépôts à vue) que nous utiliserons dans cet ouvrage. 1 6.2 LA DEMANDE DE MONNAIE Nous allons maintenant nous demander pourquoi les agents économiques non financiers, les 1nénages, les entreprises, les pouvoirs publics aussi, souhaitent détenir des encaisses monétaires. Puisque la monnaie remplit plusieurs fonctions dans le système économique, il n'est guère étonnant de constater que ces agents désirent détenir de la monnaie pour diverses raisons. Dans le même temps, on adn1et également sans difficulté que la demande de 1nonnaie de chaque individu ou de chaque firme, et donc aussi la demande globale de monnaie de l'économie, dépendent à la fois des valeurs prises par plusieurs variables macroéconomiques fondamentales. La théorie économique reconnaît trois motifs principaux pour lesquels les agents économiques désirent détenir de la monnaie : • la den1ande <l'encaisses n1onétaires de transaction répondant au besoin de monnaie nécessaire pour effectuer les transactions quotidiennes ; • la demande <l'encaisses monétaires de précaution correspondant au désfr de garder de la monnaie sous la main pouT pouvoir faire face à divers événernents imprévus ; • la demande <l'encaisses n1onétaires de spéculation considérant la monnaie comme un actif panni d'autres que les firmes et les ménages peuvent détenir de préférence ou simultanément à des créances, à des actions ou à des actifs réels. Nous envisagerons successivement ces ditîérents motifa pour lesquels les agents écononliques non financiers souhaitent détenjr de la monnaie et nous verrons de quelJes variables macroéconomiques dépendent principalement ces composantes de la demande de monnaie. 16.2. 1 La demande d'encaisses monétaires de transaction N·ous avons dit que les entreprises et les ménages désirent détenir de la tnonnaie pour pouvoir effectuer, chaque jour, un certain nombre de transactions. Le besoin de disposer <l'encaisses de transaction résulte de ! 'absence de concordance entre le mon1ent où ces agents écono1niques perçoivent leurs revenus et celui où ils effectuent leurs dépenses. Le Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 357 sala1ié ne recevra son revenu qu' une fois par semaine ou une fois par mois. Ce revenu ne sera toutefois pas dépensé exactement a:u mon1ent où il sera perçu. Au contraire, il ser­ vira à financer un flux de dépenses qui s'étaleront tout au long de la semaine ou du 1nois séparant deux perceptions successives de revenus. Dans le 1nên1e ordre d'idées, les firmes con1merciales percevront leurs revenus de façon continue au cours du ten1ps. Tl est vrai­ seinblable, par contre, qu'elles n'effectueront leurs principales dépenses (salaires, loyers, impôts, . ) qu'à des intervalles de ter:nps régulièrement espacés. . . Certes pourrait-on affinner qu' i l est possible à cbaque individu de placer son revenu sous la fonne de créances dès qu il Le perçoit et de transformer, chaque matin, de créances en monnaie exactement la somme dont il a besoin pour effectuer ses transactions quotidiennes ; ce qui ne signifierait pas pour autant, notons-le, que son encaisse moné­ taire de transaction serait parfaiten1ent nulle. Certes aussi pounait-on admettre qu'il est possible à la firme de transformer, chaque jour en créances ses recettes de la joun1ée. On ne peut perdre de vue cependant que de telles opérations sont coüteuses. Peut-être pas toujours en argent mais certainen1ent en ten1ps. De telle sorte que si elles sont entreprises de temps en temps, elles ne le sont généralement pas chaque jour, chaque demi journée ' , - ou chaque heure. 16.2. 1. 1 Encaisse monétaire de transaction et revenu des agents économiques en début de 1nois, un revenu égal à R qu'il garde entièren1ent sous fonne de 1nonnaie Il s'en se1t pour financer un flux de dépenses à taux constant au cours du temps de façon telle que ce revenu soit entièrement dépensé en fin de mois. Au cours de cette période, son encaisse monétaire cnoyenne de transaction vaudra R/2. Si le revenu de cet individu avait été égal à 2R, son encaisse monétaire 1noyenne de transaction eût été égale à R. Ceci est vrai parce que l'agent éconotnique dont nous étudions le comporternent n'a pas décidé, en début de 1nois, de transformer une partie de son revenu en créances quitte, par la suite, en cours de période, à transformer progressive1nent ces créances en monnaie. Quoi qu'il en soit, plus le revenu d'un individu sera élevé, plus il est vraisem­ blable que son encaisse nlonétaire de transaction sera i111portante puisqu'elle devra l1ù pern1ettre de financer, au cours d'une période donnée, un flux de dépenses plus in1portant. Dans le même ordre d'idées, plus les recettes d'une firme seront fortes, plus son encaisse Un individu perçoit . de transaction sera élevée. Et ceci est vrai pour chaque individu et pour chaque firme. De est parfaitement réal i ste d'adtnettre que la deinande gJobale <l'encaisses monétaires de transaction dans l'économie est une fonction croissante du revenu national. telle sorte qu'il 16.2. 1.2 Encaisse monétaire de transaction et taux d'intérêt L'objectif d'tme partie consiste à montrer que du c0Lu-ai1t de recherches qui est apparu avec l'œuvre de KeY11es la demande de m.onnaie est également fonction du taux d'intérêt. Il est facile de montrer, comme nous le ferons plus loin, que la demande de monnaie de spéculation dépend du taux d'intérêt. C'était là la thèse défendue par Keynes selon qui la de1nande de inonnaie de transaction ne dépend, quant à elle, que du revenu national. Cependant, plusieurs auteurs, utilisant à cette fin des méthodes élaborées dans le cadre Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 358 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE de la théorie de la gestion optimale des stocks, ont montré ultérieurement que, dans une certaine mesure tout au moins, la demande de monnaie due au motif de transaction dépend également du taux d'intérêt Voici quel était leur argument. Une personne percevant son revenu sous la fom1e de monnaie en début de mois peut le garder sous cette fonne afin de pouvoir satisfaire ses dépenses pendant ce nlois (auquel cas, nous l'avons vu, si le revenu est égal à R, l'encaisse monétaire moyenne de transaction vaut R/2), ou peut en transfonner une partie en créances (actifs lucratifs suscep­ tibles d'être détenus en lieu et place de la monnaie) qui placées tout au long de la période envisagée lui rapporteraient un intérêt égal à r pour tout euro investi. Dans cette dernière hypothèse, cette personne devrait transfonner progressive1nent par tranches d'égale valeur son avoir de créances en monnaie pour pouvoir tàire face à ses transactions quotidiennes. Les diagrammes (voir figures 16.l et 16.2) ci-dessous 111ontrent l'évolution, dans différentes circonstances, de ! 'encaisse d'un détenteur de inonnaie de transaction qui per­ çoit en début de 1nois (30 jours) un revenu égal à R et qui l'utilise intégralement pour financer ses dépenses courantes pendant cette pé1·iode : E(M) E(M) R R/2 30 15 t 30 Pas de transformation de monnaie en En début de mois, transformation créances et de créances en monnaie. de la moitié Encaisse moyenne de transaction : R/2 t du revenu en créances. Ces créances sont transformées en monnaie le 1 s• jour. Encaisse moyenne de transaction: R/4 figure 16.1 Le coût des opérations de conversion de monnaie e11 créances ou de créances en 1nonnaie décourage les individus et les firmes d'effectuer ces opérations. Le coût en argent, mais surtout, avons-nous dit, le coût en ten1ps. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie E(M) 359 E(M) R R/3 R/5 10 20 30 t Les 2/3 du revenu sont en début de mois transformés en créances et retransformés en monnaie par tranches de R/3 les 1 o• et 20• jours. Encaisse moyenne de transaction : R/6 6 12 18 24 30 t Les 4/5 du revenu sont en début de mois transformés en créances et retransformés en monnaie par 4 tranches égales de A/5. Encaisse moyenne de transaction : R/1 O Figure 16.2 Nous appelons ce coût, le coût de transaction. Plus le nombre d'opérations de conversion entreprises pendant la période envisagée sera grand, plus le coût de transac­ tion sera élevé. Par contre, renoncer à effectuer ces opérations entraîne égale111ent un coüt. C'est le coût du renoncement, celui de l'intérêt que l'on aurait pu percevoir mais que l'on ne perçoit pas parce qu'on détient de la 1nonnaie plutôt que des créances. li s'agit d'un coût d'opportunité. Plus l'encaisse monétaire de transaction détenue par les agents écono­ miques est faible, donc plus fréquem1ne11t ceux-ci effectuent des opérations de transfor­ mation de 1nonnaie en créances ou de créances en monnaie, plus le revenu d'intérêt auquel ils renoncent est bas. Tl s'ensuit que, plus le coüt d'opportunité est faible, plus le coût de transaction est élevé et, inverse1nent, plus le co(it de transaction est bas, plus le coût d'opportunité est in1portant. Il est alors possible de déterminer un nombre optimal d'opérations financières et, par conséquent, une encaisse monétaire moyenne optünale de transaction, en cherchant à 1ninimiser la somme du coût d'opportunité et du coût de transaction. Supposons, dans ces hypothèses, que le taux d'intérêt aug1nente. Toutes autres choses restant égales, le coût d'opportunité s'accroît également. Parce qu'ils détiennent Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 360 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE des encaisses monétaires de transaction, les agents économiques renoncent plus qu'avant à percevoir des intérêts importants. Ces agents auront tendance à réagir à cette situation en détenant moins <l'encaisses monétaires de transaction. Plus le taux d'intérêt s'élève, plus i l est coûteux, même pour un motif de transac­ tion, de détenir de la monnaie plutôt que d'autres actifs et plus on a tendance à substituer des actifs lucratifs à la monnaie. La de1nande de monnaie de transaction est donc une fonction décroissante du taux d'intérêt. Par conséquent, si on note par e1 la demande réelle d'encaisses 1nonétaires de transaction : e, = e, (y, r) où y représente le revenu national réel et r le taux d'intérêt : e 1 est une fonction croissante de y, inais une fonction décroissante de r. 16.2.2 La demande d'encaisses monétaires de précaution Dans le cours de son existence, tout individu peut être confronté à des événements .impré­ vus. Il peut, soit parce que des circonstances favorables se présentent (une occasion excep­ tionnelle d'achat par exe1nple), soit parce que les faits l'y obligent (un accident ou une maladie), être amené à supporter des dépenses exceptionnelles qu'il n'escomptait pas devoir supporter. li est, dès lors, bien nécessaire pour lui d'avoir sous la main une certaine quantité de monnaie permettant de faire face à de tels événements in1prévus. C'est ce qu'on appel le la demande de 1nonnaie due au motif de précaution. Si on note par e2 la demande réelle <l'encaisses monétaires de précaution : e2 = e2 (y, r) La de1nande réelle <l'encaisses monétaires de précaution est une fonction crois­ sante du revenu national réel. Plus le revenu d'un individu est élevé, plus les recettes d'une finne sont fortes, plus il est probable que cet individu ou que cette firme réduira le risque de ne pouvoir répondre à des événements in1prévus en détenant des encaisses de précaution in1portantes. Il s'agit aussi d'une fonction décroissante du taux d'intérêt : chaque agent économ.ique sera prêt à assumer un risque plus important en détenant moins <l'encaisses 1nonétaires de précaution lorsque le taux d'intérêt augmente et donc lorsque les créances qu'il peut détenir à la place de la monnaie lui procurent un rendement plus élevé. 16.2.3 La demande d'encaisses monétaires de spéculation La monnaie est un actif parm.i l'ense1nble des actifs, les créances, les actions ou les actifs réels que peuvent détenir les agents économiîques. La détention de monnaie ne rapporte rien. Mais elle ne risque pas non plus, de faire subir des pertes en capital importantes. Aussi, puisque, suivant les conditiqns du n1arché, les individus et les entreprises peuvent décider de détenir tel actif en plus grande quantité ou tel autre actif en n1oins grande quan­ tité, ils peuvent choisir de détenir plus ou nioins de monnaie. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 361 L'exemple suivant permettra de bien comprendre ceci : une personne peut détenir de la n1onnaie ou des obligations gouvernementales à perpétuité. Nous venons de rappeler que la monnaie ne lui procure aucun rendement. Par contre, les obligations gouvernemen­ à revenu fL'"<e) rapportent chaque année un revenu constant dépen­ dant du taux d'intérêt au 1noment de leur én1ission : si ce taux est de 1 0 % et la valeur des obligations de 1 .000 unités monétaires, elles rappo1tent chaque année un revenu fixe de l OO unités monétaires. Et cela, peu importe que le taux d'intérêt ait augtnenté ou diminué. tales (il s'agit de titres 10 % à 12,5 °/o. Que valent alors nos obligations sur un marché fonctionnant parfaitement ? Non plus 1 .000 unités n1onétaires mais la somme qui placée à 12,5 % pendant un an procure un revenu d'intérêt égal à 1 OO. Soit 800 unités monétaires. Un investisseur qui, au terme de cette période, déciderait de revendre son titre de créance ne pourrait· donc plus en retirer que 800 unités nlonétaires et subirait, par conséquent, une perte en capital égale à 200 unités. Si le taux d'intérêt, par contre, avait diminué de 10 % à 8 %, la valeur de chaque obligation gouvernernentale aurait été de 1.250 unités inonétaires. Avec la possibilité pour 1' investisseur de réaliser un gain en capital de 250 sur chacune d'entre elles. Admettons que ce taux d'intérêt augmente de Plus Je taux d'intérêt est bas, plus il est vraisemblable qu'il augmentera au cours du te1nps et plus, par conséquent, la probabilité de devoir supporter des pertes en capital, si l'on acquiert des obligations gouveme1nentales à perpétuité, est forte. Les agents écono­ miques prétëreront alors détenir de la monnaie plutôt que de tels actifS. ALL contraire, lorsque le taux d'intérêt du marché est élevé, il est logique de s'at­ tendre à ce qu'il diminue et donc auront alors tendance à la réalisation de gains en capital. Les investisseurs à de1nander moins de monnaie et plus d'obligations gouvernemen­ tales. La demande de monnaie de spéculation sera, dès lors, d'autant plus forte que Je taux d'intérêt est bas et d'autant plus faible que ce taux d'intérêt est élevé. Dans cette logique, on pounait penser qu'il existe une valeur critique du taux d'Ln­ térêt en dessous de laquelle chaque individu, chaque firme ne détiendrait que de la mon­ naie et au-dessus de laquelle chaque agent éconon1ique transforn1erait l'ensemble de ses encaisses monétaires de spéculation en obligations à perpétuité. Ce serait le cas si chaque personne appréhendait de la mêtne façon, avec certitude, l'évolution future du taux d'inté­ rêt. Mais la certitude n'existe pas dans ce domaine. Et chacun ne prévoit pas l'avenir de la même façon. Alors que certains estin1eront que le taux d'intérêt fuh.u- sera plus faible qu'aujourd'hui, d'autres au contraire continueront à penser qu'il augrnentera encore. Avec, comme conséquence, des c01nportements différents de la part de chaque agent écono1ruque. Cet exemple très simple est aussi très suggestif Il va cependant de soi que le choix de l'investisseur ne se limite pas à détenir de la monnaie ou des obligations gouven1en1en­ tales. Un grand nombre d'autres actifs. s'offrent à lui. À certains d'entre eux est associé un risque important, mais aussi la possibilité d'en retirer éventuellement un rendement appré­ ciable. À d'autres actifs est associé un rîsque 1noi11dre, inais également une inoindre espé­ rance mathématique de renden1ent. Q1Ui plus est, alors que con1pte tenu des circonstances, des gains importants peuvent être réalisés à la suite de la détention d'une série d'actifs, celle d'autres actifs peut conduire, au même mon1ent, Sommaire à devoir suppo1ter des pertes. Et si (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 362 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE les circonstances avaient été difterentes, le résultat aurait fort bien pu être diamétralement opposé. Pour bien comprendre ceci, il suffit d'inrnginer l'exemple suivant. La demande pour l'or s'accroît entraînant donc une augmentation du prix de l'or. Cette augn1entation de la demande d'or se fait toutefois au détriment de la demande pour d'autres actifs, par exemple les actions, avec comme conséquence une ditninution de leur prix. La théorie du portefeuille a été élaborée pour montrer comment il convient qu'un investisseur qui a de l'aversion pour le risque (il n'acceptera de prendre en charge un risque plus grand qu'à la condition que le taux de rendement attendu de son portefeuille dans ces circonstances soit égale1nent plus élevé) combine au sein de son portefeuille les différents types d'actifs qu'il peut acquérir. 11 n'entre pas dans nos intentions de présenter ici cette théorie. Nous ne disposons ni de la place, ni surtout des instruments mathéma­ tiques pour le faire. Nous souhaitons cependant insister sur un résultat fondamental. Si un investisseur a de l'aversion pour le risque, puisque les différents actifs qu'il peut acquérir sont loin d'être parfaitement corrélés, .il lui sera profitable de diversifier son portefeuille en acqué­ rant plusieurs types d'actifs, des créances, des actions, de la monnaie, plutôt que de tout t eux. miser sur un seul d'enre Mais quoi qu'il en soit, plus le taux d'intérêt du marché est élevé, plus il est coîtteux pour l'investisseur de détenir de la nlonnaie plutôt que d'autres actifs. Cet inves­ tisseur réagit donc à une augmentation du ta1L1x d'intérêt en modifiant la composition de son portefeuille et en détenant par conséquent moins de monnaie. Plus par contre, le taux d'intérêt est bas, moins il est coûteux de détenir des encaisses monétaires de spéculàtion. Tl s'ensuit que la den1ande de monnaie de spécufation est aussi une fonction décroissante du taux d'intérêt. t de spéculation, Si nous notons par e3 la demande réelle <l'encaisses monéaires où e3 est une fonction décroissante de r. e3 = €/r) Par conséquent, si e représente la demande globale réelle de monnaie dans l'éco­ nomie ; el, les encaisses réelles de transaction ; .e2 les encaisses réelles de précaution et e,, celles de spéculation. e = .e(y,r) = el (y,r)+ .e2 (y, r)+ e3 ( r ) où .e est une fonction croissante de y et une fonction décroissante de r. NolTe discussion de la de1nande de 1nonnaie serait incon1plète si nous ne met­ tions pas l'accent sur le rôle joué par la fortune (la richesse) dans la détermination de la de1nande de monnaie de spéculation des individus et des finnes. Puisque l a demande pour chaque actif dépend de la fortune que les agents économiques ont à répartir entre ces actifs, la théorie du portefeuille suggère que la denrnnde réelle <l'encaisses n1onétaires dépend aussi largement de la fortune réelle nette des agents économiques. Si les déten­ teurs de « richesses » voient leur fo1tune augmenter, ils y réagissent en augmentant letu­ den1ande d'actif$ et notallUnenl celle <l'encaisses monétaires. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 363 Ce résultat doit être rapproché de celui que nous avons énoncé dans le chapitre relatif à la conso1runation privée lorsque nous montrions que, toutes autres choses restant égales, les 1nénages consom1nent d'autant plus que la fortune qu'ils ont amassée est élevée. Par conséquent, si A représente la fo1tune réelle nette des 1nénages et des entre­ p1ises non financières e = e(y,r,A) où e est également une fonction croissante de A. 1 6.3 LA CRÉATION DE MONNAIE SCRIPTURALE PAR LES BANQUES Nous avons vu que la quantité de monnaie en circulation se compose à la fois de monnaie fiduciaire et de monnaie scripturale. Si on utilise l'agrégat monétaire M l , la monnaie scripturale est constituée des dépôts à vue auprès des institutions financières n1onétaires (on parlera plus sin1plement de banques commerciales ou d'organismes bancaires). Une banque est un étabUssement dont l'activité essentielle consiste à recevoir des dépôts de ses clients et à honorer les opérations financières effectuées à partir de ceux-ci. Les ménages, les entreprises et Jes administrations publiques déposent de la mon­ naie fiduciaire au guichet de cet établissement et celui-ci leur ouvre en contrepartie un compte à vue leur permettant d'effecruer des opérations de paie1nent et des retraits. Quelle utilisation les banques vont-elles faire de ces dépôts ? Vont-el.les décider de les détenir intégrale1nent dans leurs coffres afin de pouvoir satisfaire toute demande éventuelle de retrait ? Jadis, pendant une brève période, les banqLùers se sont comportés de cette façon. lis n'allaient pas tarder à se rendre co1npte cependant que les dépôts des clients, bien que remboursables à vue, n'étaient pas tous retirés siinultanément. Qui plus est, à tout moment, sauf circonstances exceptionnelles, de nouveaux dépôts viem1ent, par­ tiellement tout au n1oins, éqlùlibrer les retraits. Une couverture liquide de 100 % n'est donc nulle1nent indispensable à tme banque en exercice ; seule une petite encaisse en monnaie émise par la Banque centrale suffit à parer aux retraits in1prévus. Les banquiers vont alors utiliser les sommes déposées par leurs clients pour prendre des participations dans des projets d'investissement ou pour octroyer des prêts à des entrepreneurs désirant acquérir des équipements nouveaux ou à des ménages souhai­ tant acheter des biens durables onéreux. C'est cette propension des banques à ne détenir par devers elles qu'un pourcen­ tage donné des dépôts qui explique leur faculté de créer de la monnaie scripturale. Si la proportion que les banques maintiennent entre leurs encaisses en monnaie de la Banque centrale et leurs dépôts peut résulter d'un calcul économique, elle peut aussi leur être in1posée par voie réglementaire. Nous appellerons cette propo11ion le coefficient de caisse lorsqu'elle est fixée par la banque et le coefficient de réserves obligatoires lorsqu'elle est imposée par les autorités rnonétaires. Nous y reviendrons plus loin lorsque nous verrons la politique de réserves obligatoires de la Banque Centrale Européenne. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 364 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 16.3. 1 Le processus de création de monnaie des banques commerciales En recevant des dépôts et en prêtant aux entreprises et aux ménages, le secteur bancaire crée de la monnaie scripturale. Voici comment. Admettons qu'un agent économique reç.oive 10.000 euros de n1onnaie fiduciaire nouvellement émise. Nous ne nous de1nandons pas pour l 'instant comment, ni pourquoi on émet de la 111onnaie nouvelle ni quel est le rôle de la Banque centrale dans cette entre­ p1ise. Nous y viendrons plus loin. Cet agent décide de déposer en banque les 10.000 euros en question. Le banquier recevant ces 10.000 euros en dépôt en gardera une partie. Si le coef­ ficient de caisse maintenu par le secteur bancaire est de 20 %, les encaisses en inonnaie fiduciaire de la banque augmenteront de 2.000 euros. Le reste de la so1nrne déposée (8.000 euros) sera prêté ou investi par cette banque. L'effet de cette opération sur son bilan sera le suivant (tableau J 6.2) : Tableau 16.2 Bilan de la banque c-oncemée ACTIF Monnaie fiduciaire Prêts et investissements PASSIF + 2.000 + 8.000 + Dépôts + 10.000 + 10.000 10.000 Quel usage les firmes et les ménages vont-ils faire de la so1nme ainsi empruntée ? Personne n'emptunte des fonds pour les laisser dormir en banque. L'e1up1unteur utilisera l'argent prêté pour ré1nunérer son personnel, pour acheter des matières premières ou pour acquérir de nouveaux équipements. Bref, il en résultera un flux de revenus qui seront dis­ tribués à différents agents économiques. Nous supposerons ici pour simplifier la présentation (nous renoncerons plus loin à cette hypothèse) que les bénéficiaires de ces revenus les déposeront intégralement dans une banque commerciale (la 111ême que celle envisagée plus haut ou une autre, peu importe) ou s'en serviront pour payer des tiers qui effectueront de tels dépôts. Toujours est-il que les 8.000 euros qui sont so11is sous la fonne de prêts ou d'investissements de la « banque n1ère » rentrent, en dépôt, dans cette banque ou dans une autre banque. Du point de vue de ces banques, les euros qui leur sont versés à ce second stade du proces­ sus de création de monnaie sont absolument identiques à ceux qui constituaient le dépôt initial. Elles n'ont besoin que de 1 .600 euros de· réserves additionnelles potu- couvrir les 8.000 euros de nouveaux dépôts; il leur reste donc 6.400 euros pour mener leur politique de prêts et d'investissements. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 365 Au terme de cette opération, l e bilan agrégé des banques commerciales s'est modifié comn1e suit (tableau 16.3) : Tableau 16.3 Bilan agré-gé des banques commerciales PASSIF ACTIF Monnoie fiduciaire + 2.000 + l.600 + 8.000 + 6.400 + 18.000 Prêts el investissements Dépôts +10.000 + 8.000 + 18.000 10.000 euros de monnaie nouvellement émise par la Banque centrale et confiés aux organismes ba111caiTes ont donné naissance à 1 8.000 euros de dépôts. Jusqu'à présent les Le processus de création de 1non11aie scripturale n'en reste pas là. Les 6.400 euros prêtés ou investis par les banques con1n1erciales vont finir par être recueillis par un nou­ veau groupe de banques qui, devant l'aug1nentation de leurs dépôts, en garderont une partie pour accroître leurs réserves monétaires reste. Et ainsi de suite. (20 % de 6.400, soit 1 .280) et prêteront Je À chaque stade de ce processus, l'augmentation des dépôts se fera cependant de plus en plus faible. Quelle est, par conséquent, au terme du processus de création de monnaie, la quantité totale de dépôts qu'aura pem1is de créer un dépôt initial de 10.000 euros en mon­ naie de la Banque centrale ? 10.000+0,8· 10.000+(0,8)2 · 1 0.000+(0,8)3 · 1 0.000+ . . . = 10.000 ( 1 + 0, 8 + 0, 82 +0,83 + . . ·) = 10.000 l 1 -0,8 = 50.000 Si on définit le n1ultiplicateur des dépôts bancaires comn1e le nombre qui multi­ plie l ' accroisse1nent initial des dépôts (ou, ce qui revient au inên1e, l'accroissen1ent initial de la quantité de n1onnaie émise par la Banque centrale) pour donner l'accroissen1ent final de ces dépôts une fois que les banques ont partàiten1ent rempli leur mission de création de monnaie scripturale, ce multiplicateur est ici égal à 5. Au tenne du processus de création de monnaie scripturale, l 'effet sur le bilan agrégé des banques cornn1erciales devient (tableau 16.4) : Tableau 16.4 Bilan agrégé des banques commerciales ACTIF Monnaie fiduciaire (réserves monétaires) Prêts et investissements +10.000 + 40.IDOO + 50.VOO Sommaire PASSIF Dépôts + S0.000 + 50.000 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 366 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE À partir de l'émission de 10.000 euros de monnaie fiduciaire par la Banque cen­ trale, les organismes bancaires ont créé 50.000 euros de monnaie scripturale. Si on définit le multiplicateur de la quantité de n1onnaie comme Je nombre qui multiplie l'accroisse­ n1ent initial de la quantité de monnaie mise en circulation par la Banque centrale pour donner l 'accroisse1nent final de la quantité de 1nonnaie circulant dans l'éconon1ie (de 10.000 euros de monnaie fiduciaire nouvellement émise, on a fait 50.000 euros de mon­ naie scripturale), ce multiplicateur vaut dans notre exe1nple, égale1nent, 5. 16.3.2 Multiplicateur des dépôts, multiplicateur des crédits bancaires et multiplicateur de la quantité de monnaie C'est pour si1nplifier notre exposé que nous avons admis jusqu'à présent que les ménages et les entreprises bénéficiant finalement des prêts consentis par les banques décident tous de déposer intégralement le produit de ces opérations auprès du secteur bancaire. Dans la réalité, ils en gardent une partie, tout au moins, sous la forme de 1nonnaie fiduciaire. C'est l'éternel problè1ne du bas de laine. Il n',est pas illogique de penser que, tout co1rune les banques, les ménages et les firmes désirent maintet1ir une proportion fixe entre leurs encaisses en monnaie de la Banque centrale et leurs dépôts bancaires. Nous verrons que plus forte est cette proportion, plus petits sont les n1ultiplicateurs des dépôts bancaires et de la quantité de monnaie. Çeçi se dén1ontre aisément. Supposo11s qu.e M0 soit la quantité, fixe, de monnaie émise par la Banque centrale. Cette monnaie est détenue soit par les agents économiques non financiers (ménages, firmes . . . ) (M;), soit par les organismes bancaires (1Wg) de telle sorte que : M0 = Jv fb + M" () 0 Notons par 11.1' les dépôts bancaires. Le secteur non financier niaintient une pro­ portion fixe t entre ses encaisses en monnaie de la Banque centrale et ses dépôts bancaires de telle sorte que : M101 = tM' D'autre part, le coefficient de caisse (coefficient de réserve) des banques est égal à c et donc : Mb · o = c1'4' Dès lors M = Mb + M"0 = c11vf'+tM' = (c+t)M' o o et 1 -M M' = C + / O' l/(c + t) est le inultiplicateur des dépôts bancaires. Avant de calculer le multiplicateur de la quantité de monnaie, nous devons rap­ peler que la quantité globale de monnaie, M", à la disposition du secteur non financier est égale à la son1me de la quantité de monnaie fiduciaire qu'il garde et des dépôts bancaires. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 367 Donc, puisque M" représente le stock monétaire global ou la quantité globale de monnaie circulant dans l'économie, Af" et ( ! = M"o + M' = tM'' + 1'vf1 (1 +t)M' = = 1+t M o c+t + t)l(c + t) est le multiplicateur dle la quantité de monnaie. Dans le même ordre d'idées, si nous notons par les banques (les crédits bancaires), M0 le montant des crédits octroyés l c M" = i'vf'- 1\tf h = ( 1 - c) M' = - M , c+t o o ( 1 - c)/(c + t) est, par conséquent, le multiplicateur des crédits bancaires. Nous avons vu que la valeur du coefficient de réserve des banques ne résulte pas toujours d'un calcul économique des banques c01nn1erciales mais qu'elle peut leur être in1posée par les autorités n1onétaires. Il est aisé de con1prendre pourquoi. fi s'agit, en effet, d'un instrun1ent de politique monétaire particulièrement précieux. Les responsables de la politique n1onétaire peuvent souhaiter di1ninuer la quantité globale de monnaie circulant dans l'économie sans pouvoir (ou vouloir) 1nodifier en quoi que ce soit la quantité émise de monnaie fiduciaire. Ils vont alors décider d'imposer aux banques (aux institutions financières monétaires) w1 coeffi­ cient de réserves obligatoires plus élevé ce qui réduira d'autant leur capacité à octroyer des prêts ou à entreprendre des investissements avec comme conséquence une dinünution du coefficient 1nultiplicateur de la quantité de monnaie. Et si, au contraire, les autorités de politique monétaire veulent inciter les banques à octroyer plus de crédit et, dès lors, à créer de la monnaie scripturale, elles décideront alors de réduire le coefficient de réserves obligatoires. 1 6.4 LA CRÉATION DE MONNAIE FIDUCIAIRE PAR LA BANQUE CENTRALE Nous avons négligé, jusqu'à présent, d'envisager comment et pourquoi la Banque centrale met de la monnaie fiduciaire en circulation. À pa11ir du bilan consolidé de l 'Eurosystè111e, nous présenterons une forme excessiven1ent simplifiée du bilan d'une Banque centrale hypothétique et nous envisagerons, à partir de là, les différents modes possibles de créa­ tion de 1nonnaie fiduciaire en insistant sur les aspects opérationnels de la politique moné­ taü-e de l'Eurosystème. Nous observons que ! 'actif du bilan de l'Eurosystème se compose essentiellement d'avoirs et de créances en or, de créances en devises et, su11out, de créances sur les établis­ se1nents de crédit (c'est par là que la Banque assure le pilotage de la liquidité bancaire). Au passif, nous retrouvons à côté des billets en circulation, des engagements en euros essentiellen1ent vis-à-vis des établisse1nents de crédit (ils correspondent à des Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 368 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE dépôts - obligatoires ou pas - auprès de la Banque centrale). Billets en circulation et enga­ gements en euros forment la base inonétaire. Noos négljgeons les engagements en devises (puisqu'on note, à l'actif du bilan, les avoirs extérieurs nets) et le capital de la Banque. Tableau 16.S Bilan consolidé de l'Eurosystème (21 décembre 2012- millions d'euros) ACTIF Avoirs et créonces en or Créances en devises Créances en eurossur des établissements de crédit de Io zone euro dont, concours liés aux opérations de politique monétaire Titres en euros Créances en euros sur lesadministrations publiques Autres actifs 479.115 291.724 1.330.630 1.1 22.338 585.216 30.008 294.507 3.011.200 PASSIF Billets en circulation Engagements en euros envers des établissements de crédit de Io zone euro dont, comptes courants (en ce compris les réserves obligatoires) 910.762 935.201 489.680 Autres engagements en euros et en devises 333.526 Contrepartie des droits de tirage spéciaux du FMI Autres passifs Comptes de réévaluation 56.243 237.091 452.824 Capital et réserves 85.552 3.011.200 (Source : Banque Centrole Euro\Wenne Eurosystème). • Tableau 16.6 Bilan simplifié de la Banque centrale ACTIF Avoirs extérieurs nets Créances sur le secteur public Créances sur le secteur privé PASSIF (Capital) Base monétaire : - Billets en circulation - Engagements en euros (essentiellement vis-à-vis des établissements de crédit) Puisque comme n'importe quel bilan, celui de la Banque centrale do.it, à tout moment, se présenter en équilibre, toute variation du passif doit être compensée par une variation de l'actif de mê1ne impo1iance. Un accroissement de la base n1onétaire exige Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 369 ! 'augmentation au moins d'un élément d'actifalors qu'une réduction de cette base monétaire ne se réalise que dans l ' hypothèse de la diminution d'un ou de plusieurs éléments d'actifs. Nous envisagerons ici l'ensen1b[e des politiques de création et de destruction de 1nonnaie que peut 1neoer une Banque (:entrale en étant toutefois bien conscient, qu'en rai­ son des impératifs de la politique qu'elles souhaitent 1nener, ce1taines Banques répugnent à employer certains instruments. On distingue, dans le bilan de la Banque centrale, trois groupes d'élén1ents d'ac­ tifs d'après les sectew·s auxquels elle octroie des crédits ou dont elle rachète des titres financiers existants : • Les avoirs extérieurs nets. Il s'agit des moyens de paie1nent internationaux (avoirs en or, créances en or ou en devises). La Banque les acquiert ou s'en dessaisit en fonction des interventions qu'elle effectue sur les marchés des changes. Dans un systèn1e de change à parités fixes (lorsque la valeur externe de l 'unité monétaire nationale est définie par rapport à une devise de référence ou à un panier de devises . . . ce qui n'est pas le cas de l'euro), la Banque centrale est obligée d'ef fectuer de telles opérations pour assurer le inaintien de la parité des monnaies. Dans l'hypothèse d'un déficit de la balance des paiements, la Banque centrale, pour soutenir la monnaie nationale, doit se dessaisir d'une certaine quantité de 1noyens de paiement internationaux. Tl en résulte une destruction de tnonnaie fiduciaire. Inversement, un surplus de la balance des paie­ ments, entraînant un afflux de moyens de paiement internationaux, donne lieu à une création de monnaie. Les interventions sur les nlarchés des changes ne sont pas spéci­ fiques cependant aux Banques centrales des pays ayant adopté un système de change à pa1ités fixes. Quoi qu'il en soit l'acquisition de moyens de paiement internationaux est associée à un surplus internationaux de la balance des paie1nents et la perte de rnoyens de paiement à un déficit de cette balance. La création ou la destruction de monnaie fiduciaire qui en découlent sont alors dites d'origine externe puisqu'elles dépendent fmalen1ent du solde de la balance des paiements. Envisageons cependant le cas où un gouvernement empn1nte en devises (en ce qui nous concerne, à à l'étranger l'extérieur de l a zone euro), pour financer un déficit bud­ gétaire (co1nme autres nléthodes de financement d'un déficit budgétaire, il pounait aussi avoir recours à l'emprunt intérieur ou - en théorie tout au tnoins - de la Banque centrale). TI cède alors ces devises à la à un prêt Banque centrale en échange de monnaie fiduciaire ainsi créée à son profit. De tels mouvements de capitaux sont entre­ pris par les pouvoirs publics, le plus souvent, lors de déficits budgétaire et extérieur importants. En agissant de l a sorte, ils financent leur in1passe budgétaire par une créa­ tion indirecte de tnonnaie et, dans le mêtne temps, ils 1nunissent la Banque centrale des instruments lui pennettant de défendre la monnaie nationale sur les 1narchés des changes. En raison des impératifs d'efficacité de la politique n1onétaire en matière de lutte contre l'inflation, la possibilité d'emprunts extérieurs (en dehors de la zone euro) est fort réglementée au sein de l 'Eurosystème. Dans l ' hypothèse d'un emprunt extérieur des pouvoirs publics, on enregistre au bilan de la Banque centrale, à la fois, un accroissement des avoirs extérieurs nets et de la Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 370 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE base monétaire. On ne peut pas parler cependant, dans un tel cas, d'une variation spon­ tanée de la nrnsse monétaire d'origine extérieure. • Les créances sur le secteur public. Les créances que détient la Banque Centrale Européenne sur les adminish·ations publiques ne représentent plus, aujourd'hui, qu'un faible pourcentage de son actif. En effet, au sein de la zone euro - ce n'est pas vrai partout dans le 1nonde -, les gouvernen1ents n'ont plus la possibilité de financer leurs déficits par des prêts de la Banque centrale (1nécanisn1e de la « planche à billets »). C'est le résultat de la volonté des autorités rnonétaires européennes de contrôler effi­ cacement l'évolution de la 1nasse monétaire. Le financement par des avances de la Banque centrale de l'excédent des dépenses publiques sur la somme des recettes publiques (les recettes fiscales essentiellement) et des souscriptions aux emprunts publics conduirait à injecter de la inonnaie :fiduciaire supplémentaire dans le circuit économique. Le 1nontant des créances que la Banque centTale détient sur le secteur public augrnenterait: et donc aussi la base monétaire. • Les créances sur le secteur privé (principale1nent les établissements de crédit). Par sa politique, la Banque centrale permet aux établissements de crédit de disposer des liquidités nécessaires pour mener à bien leur politique de prêt et d'investissement. Ces liquidités sont prêtées pour une durée variable allant d'un jour à quelques mois. Lorsque Je portefeuille de créances que la Banque détient sur les établissements de crédit s'accroît (les liquidités cédées sont, en valeur, supérieures aux remboursements effectués), il y coITespond une création de inonnaie fiduciaire. Dans l'hypothèse inverse, il y a destruction de monnaie. La Banque Centrale Européenne assure le refinance1nent des institutions financières monétaires de différentes façons. Les opérati.ons principales de refinancement (réalisées par voie d'appels d'offre normaux, permettant à I'Eurosystèrne de contrôler le volume des liquidités qu'il octroie) se sont, considérablement, réduites en valeLa- ces den1ières années et ont tàit place à des opérations de refinance1nent à plus long tenne. L' Eurosystème offre aussi des facilités de prêts et de dépôts à très court terme (faciliét de prêt nlarginal). Les opérations de prêt de la Banque ce111traie ne sont, bien entendu, pas gratuites : la Banque perçoit, en effet, une charge d 'intérêt en contrepartie du service rendu. Mên1e si, dans la procédure d'appels d'offre, les crédits sont octroyés aux plus offrants, la Banque Centrale Européenne fixe un taux d'intérêt directeur (on parlait autrefois du taux d'escompte). Ce taux reflète l'orientation de l.a politique moné­ taire. Il est facile de comprendre que, plus le taux d 'intérêt directeur est bas, plus les établissements de crédit sont encouragés à profiter des facilités offertes par la Banque centrale : les créances sur le secteuT privé augmentent et, par là, l'offre de 111onnaie fiduciaire. Inverse1nent, une hausse du taux d'intérêt directeur réduit la quantité de monnaie :fiduciaire. L'Eurosystème impose aussi aux établissements de crédit de constiluer des réserves obligatoires auprès de la Banque centrale (les « comptes courants » au passif du bilan) à concurrence d'un pourcentage donné de certains éléments du passif (les dépôts à vue, . . . ) de ces établissements. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 371 La Banque Centrale Européenne est chargée d'assurer une croissance régulière du stock de monnaie (principalement, pour les raisons que nous avons déjà dites, de l'agrégat monétaire 1\l/3) compatible avec l'objectif de stabilité des prix tout en pennettant le refi­ nance1nent des établissements de crédit. Cet objectif est rencontré au moyen d'opérations d'open-market. li s'agit là d'opérations réalisées à l'initiative de la Banque centrale sur les marchés des capitaux et qui impliquent, principalement, une des transactions suivantes : • l'achat ou la vente ferme d'actifs (dans les dernières années, le montant des titres -pri­ vés et publics - à l'actif du bilan de l'Eurosystème a fo1tement augmenté) ; • un prêt ou un einprunt contre des actifs inis en garantie ; • l'achat ou la vente d'actifs dans le cadre d'un accord de pension (convention par laquelle un actifest cédé et racheté à terme à un prix détenniné) et les swaps de change euros-devises (l'achat ou la vente, au comptant, de l'euro contre une devise étant entendu que l'opération inverse est entreprise à terme). Lorsque, par une politique d'open-market, la Banque centrale acquiert des créances (sur le secteur p1ivé ou sur l e se·cteur public) ou des devises, elle crée de la n1on­ naie fiduciaire : l'augmentation d'éléments de l'actif de son bilan entraîne l'augn1entation du passif. Dans l'hypothèse inverse (vente de créances ou de devises), il en résulte une destruction de 1nonnaie fiduciaire. Nous résumons ci-dessous les modalités par lesquelles les autorités monétaires peuvent créer de la 1nonnaie fiduciaire (augmenter la base 1nonétaire). l i convient, nous l'avons vu, d'accroître au 1noins un des élé1nents de l'actif du bilan de la Banque centrale (la destruction d'une partie de la nasse 1 de monnaie fiduciaire demanderait que soient mises en œuvre les politiques absolument inverses de celles que nous énumèrerons) : • en adn1ettant un surplus de la balance des paiements (mais un tel surplus lorsqu'il existe résulte largement de conditions économiques extérieures à la nation) puisqu'il a comme effet d'accroître le stock d 'avoirs extérieurs de la Banque centrale ; • en finançant, lorsque cela est autorisé en fonction des itnpératifs de la politique moné­ taire, w1 éventuel déficit budgétaire des pouvoirs publics par création directe (une avance de la Banque centrale) ou par création indirecte de monnaie (à la suite d'un emprunt effectué à l'étranger par les pouvoirs publics) ; • par une politique d'open-market 01enée à linitiative de la Banque centrale, destinée à acquérir des devises ou à accroître, par achat de titres, les créances sur les établisse1nents de crédit ou les créances sur le secteur public ; • par une réduction d11 taux d'intérêt directeur (le taux d'escompte) rendant plus attrac­ tif, pour les intennédiaires financiers, l'octroi de crédit par la Banque centrale. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 372 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 1 6.S LES VARIABLES DONT DÉPEND L'OFFRE DE MONNAIE Le modèle ci-dessous qui intègre le c01nporte1nent de la Banque centrale et celui des banques commerciales et autres intermédiaires financiers permet de résumer les variables dont dépend l'offre globale de monnaie à l'éconoinie. Négligeons l'effet, dans le bilan de la Banque centrale, des entrées et des sorties d'avoirs extérieurs et admettons, dès lors, que cette Banque éinet des billets (détenus par les ménages, les firmes et les pouvoirs publics, Mt, ou par les intermédiaires financiers, Mg) en contrepartie uniquen1ent de crédits à l'État, C , et aux banques, Ch. g De telle sorte que Mh0 + 1'.1110 = C + C ,, g Les réserves des intermédiaires financiers en monnaie fiduciaire se déco1nposent en réserves obligatoires en fonction du coefficient de réserves obligatoires (cM' où c est le coef­ ficient de réserves obligatoires et M' les dépôts bancaires) et en réserves excédentaires (R). Les réserves libres des intern1édiaires financiers sont définies comme la diffé­ rence entre leurs réserves excédentaires et les crédits qui leur sont octroyés par la Banque centrale (R - Cb). li n'y a aucune raison de penser que lorsqu'ils détenninent la cornposition de leur po11efeuille d'actifs, ces intermédiaires financiers se comportent différemment des 111énages et des autres entreprises, de telle sorte qu'eux aussi réagissent à une hausse du taux d'intérêt en substituant, à la monnaie, des actifs lucratifs. Leurs réserves libres sont alors aussi une fonction décroissante du taux d'intérêt. De façon plus précise, on admet que : R-C b =a(r -r) ·'� où r, est le taux d'intérêt directeur de la Banque centrale. Plus ce taux est élevé, plus les facilités que la Banque centrale offre aux intern1édiaires financiers sont coüteuses. Ces derniers hésitent alors à e1nprunter auprès de la Banque : C,, est d'autant plus petit (a est une constante positive). Si on continue à noter par t la proportion fixe que les agents éconon1iques non monétaires maintiennent entre Jeurs encaisses en n 1 onnaie fiduciaire et leurs dépôts, C = Mt>0 + M"0 - C,, = (cM'+R)+tM'-C,, = (c+t)M'+(R - Cb ) g Et, puisque R - C0 = a ( r, -r ) , de telle sorte que 1 M' = - [c c+t 8 - a(r. - r)] ., Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 373 Comme on a défini la quantité totale de monnaie à la disposition de l'économie, Mn, par la so1nme de la quantité de monnaie fiduciaire détenue par les agents économiques non bancaires et des dépôts bancaires, M" = M"0 + M' = (l + t ) M'= l + t c+r [c g - a ( r' . - r )] L'offre globale de monnaie dépend, dans ces conditions, du coefficient, c, de rése1ves obligatoires des intern1édiaires financiers ; de la proportion, t, que les firmes et les ménages maintiennent entre leurs encaisses en monnaie fiduciaire et leurs dépôts à vue ; des prêts, Cg, de la Banque centrale au secteur public de l'économie ; du taux d'inté­ rêt directeur (plus celui-ci est élevé, plus, le crédit étant coûteux, l'offre de monnaie est faible) ainsi que du taux d'intérêt. Puisque plus le taux d'intérêt est élevé, plus il est coûteux pour les intennédiaires financiers corrune pour tout autre agent éc.onomique d'ail­ leurs, de détenir des encaisses n1onétaires, l'offre globale de monnaie peut être considérée con1me une fonction croissante de ce taux. Dans tous nos développements futurs, nous supposerons cependant qu'elle est indépendante du taux d'intérêt. RÉSUMÉ l. La monnaie remplit une triple fonction dans le système économique. Il s'agit, non seulement, de l'unité de compte et de l'intermédiaire moderne des échanges mais c'est aussi un actif que les agents économiques vont détenir au même titre que d'autres actifs. 2. La monnaie fiduciaire est formée des pièces et des billets émis par la Banque centrale. La monnaie scripturale est constituée de dépôts auprès des institutions financières monétaires. 3. En raison de la forte liquidité de certains actifs el de la déspécialisation croissante des intermédiaires financiers, on est amené à proposer plusieurs définitions du stock monétaire. Dans chaque cas cependant, en raison du principe général visant à empêcher tout double emploi, toute forme de monnaie fiduciaire conservée dans l'encaisse d'un organisme monétaire ou dans celle d'un autre intermédiaire financier doit être exclue de la définition du stock de monnaie. 4. La théorie économique reconnaît trois motifs principaux pour lesquels les agents économiques désirent détenir de la monnaie : le motif de transaction, celui de pré­ caution et celui de spéculation. 5. La demande d'encaisses monétaires de transaction répond au besoin de monnaie nécessaire pour effectuer les transactions quotidiennes. Puisque les ménages et les firmes détiennent d'autant plus d'encaisses de transaction que leur revenu ou leur profit est élevé alors qu'une hausse du taux d'intérêt, en aug­ mentant le coût d'opportunité des encaisses monétaires, entraîne une diminution de la propension à détenir de la monnaie, la demande réelle de monnaie de transaction est une fonction croissante du revenu national réel et décroissante du taux d'intérêt. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 374 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE 6. la demande d'encaisses monétaires de précaution correspond au désir de garder de la monnaie sous la main pour faire face à divers événements imprévus. la demande réelle de monnaie de précaution est aussi une fonction croissante du revenu national réel et décroissante du toux d'intérêt. 7. la monnaie est un actif que les agents économiques peuvent détenir de préférence ou simultanément à des créances, des actions ou des actifs réels. la détention de monnaie est, cependant, d'autant plus onéreuse que le taux d'intérêt est élevé. la demande réelle de monnaie de spéculation est, par conséquent, une fonc­ tion décroissante du taux d'intérêt. 8. Si un investisseur a de puisque les différents actifs qu'il peut acquérir sont loin d'être parfaitement corrélés, il lui sera profitable de diversifier son portefeuille en acquérant plusieurs types d'actifs, des créances, des actions, de la monnaie, plutôt que de tout miser sur un seul d'entre eux. 9. Puisque la demande pour chaque actif dépend de la fortune que les agents écono­ miques ont à répartir entre ces actifs, la demande réelle de monnaie est aussi une fonction croissante de la fortune réelle nette du secteur privé. l'aversion pour le risque, 10. On reconnaît l'aptitude de la Banque centrale et des banques commer­ ciales à mettre, respectivement, en circulation de la monnaie fiduciaire et de la monnaie scripturale. 1 1 . Le coefficient (ou le coefficient de réserves obligatoires) des banques est le pourcentage des dépôts de leurs clients qu'elles gardent sous la forme de monnaie fiduciaire. Plus ce coefficient de caisse est petit, plus les banques sont aptes à prêter ou à participer à des opérations d'investissement. de caisse 12. C'est en prêtant ou en réinvestissant une partie importante des dépôts effectués à leurs guichets que les banques créent de la monnaie scripturale. En effet, les sommes prêtées ou investies, reviennent, tout au moins partiellement, aux banques sous la forme de nouveaux dépôts. 13. le multiplicateur des dépôts est le nombre qui multiplie l'accroissement initial de la quantité de monnaie émise par la Banque centrale pour donner l'accroisse­ ment final des dépôts bancaires une fois que les banques ont parfaitement rempli leur mission de création de monnaie scripturale. le multiplicateur de la quantité de monnaie est le nombre qui multiplie cet accroissement initial de la quantité de monnaie pour donner l'accroissement final de la quantité de monnaie circulant dans l'économie. Ces multiplicateurs diminuent lorsqu'aug mentent le coefficient de caisse des banques commerciales ou la proportion que les agents non financiers maintiennent entre leurs encaisses en monnaie fiduciaire et leurs dépôts bancaires. 14. Comme tout bilan, celui de la Banque centrale est constamment en équilibre. Toute opération qui en augmente l'actif conduit lia Banque à mettre en circulation de la monnaie fiduciaire. Par contre, les opérations qui diminuent l'actif la mènent à réduire son offre de monnaie. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 375 15. la Banque centrale acquiert ou se dessaisit de moyens de paiement interna· tionaux selon le solde de la balance des paiements. Un surplus de cette balance entraîne une création de monnaie fiduciaire alors qu'un déficit provoque une destruction de monnaie. 16. lorsque le gouvernement finance un déficit budgétaire par un emprunt exté· rieur, il permet ainsi à la nation de disposer de nouveaux moyens de paiement internationaux et, dès lors, de monnaie fiduciaire en quantité plus importante. 17. En réduisant (resp. augmentant) le taux d'intérêt directeur, la Banque centrale encourage (resp. décourage) les établissements de crédit à acquérir auprès d'elle les liquidités nécessaires pour mener leur politique de prêt et d'investissement. 18. Par des politiques d'open-market dont elle prend l'initiative, la Banque centrale peut créer (resp. détruire) de la monnaie fiduciaire en acquérant (res p . en cédant) des devises ou en augmentant {resp. diminuant) le montant des créances qu'elle détient sur les établissements de crédit et sur les pouvoirs publics. 19. Si on admet que, lorsqu'ils composent leur portefeuille d'actifs, les intermédiaires financiers se comportent de la même manière que les ménages et les autres entre­ prises devant une hausse du taux d'ttntérêt, l'offre globale de monnaie à l'économie peut être considérée comme une fonction croissante de ce taux. EXERCICES PROPOSÉS 1. Calculez l'encaisse monétaire inoyenne de transaction d'une personne qui reçoit, en début de mois, un revenu de 4.000 qu'elle consacre à concurrence de 80 % au financement d'un flux de dépenses à taux constant au cours de la période. Cette personne décide de ne garder en monnaie au début de la période que la somme nécessaire pour satisfaire ses dépenses pendant le premier quaii du n1ois et transforme le reste en titres de créance qui seront conve1tis en monnaie en trois parts égales, respectivement au premier quart, à la moitié et au troisième quart de la période. 2. Une personne, qui ne dispose initialement d'aucune fortune, perçoit tm revenu de 20.000 en début de période. Les trois quarts de ce revenu seront dépensés pour financer un flux de dépenses à taux constant au cours de la période. Cette personne décide cependant de ne garder sous fonne de monnaie que la somme nécessaire pour satisfaire ses dépel'!lses pendant le premier tiers de la période, transformant le reste en créances. Ces titres de cTéance seront conve1iis en monnaie en parts égales une pren1ière fois au terme du premier tiers de la période et une seconde fois au terme du deuxième tiers. L'excédent du revenu sur les dépenses de la période peut être détenu sous la forme de monnaie ou peut être placé en obLigaitions gouve111en1entales cours de la période, un revenu d'intéi·êt calculé au taux de période, Je taux d'intérêt sera de 1 0 o/o. 3. à perpétuité rapportant, au 8 %. On estime qu'en fin de Calculez l'encaisse monétaire moyenne de cette personne au cours de la période. Envisageons une économie constituée de trois personnes, A, B et C : A dispose d'une fortune initiale de 200.000 détenue sous fonne de 1nonnaie tandis que B et C n'ont pas Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 376 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE initialement de fortune. En début de période, A, ment de 25.000, de 50.000 et de 40.000. Ces trois personnes auront s'effectuant 25.000. à B et C reçoivent un revenu respective­ financer, au cours de la période envisagée, des dépenses à taux constant et valant respectivement, pour A, B et C, 40.000, 30.000 et On sait que : • A décide de ne garder sous forme de 1norurnie que les encaisses nécessaires pow· financer les dépenses survenant au cours de la première moitié de 1a période, le reste étant transformé en titres de créance. Au milieu de la période, ces titres sont conve1tis en monnaie ; • B décide de ne garder sous forme de monnaie que les encaisses nécessaires pour financer ses dépenses pendant le premier quait de la période. Les créances seront ensuite converties en monnaie en trois paits égales à des intervalles de te1nps régu­ lièrement espacés ; • C garde intégralement sous la fonue de Jnonnaie les encaisses devant lui pennettre de faire face à ses dépenses. Les avoüs non destinés à financer les dépenses de ces personnes, au cours de la période étudiée, peuvent être détenus sous la forme de monnaie de spéculation ou convertis en obligations gouven1ementales d'intérêt au taux de • • • à perpétuité procurant, pendant cette période, un revenu 6% : A. estime que le taux d'intérêt restera inchangé au cours de la période ; B estime qu'en fin de pé1iode, le taux d'intérêt sera de 8 % ; C estime qu'en fin de période, le taux d'intérêt sera de 5 %. Calculez l'encaisse monétaire moyenne dans cette économie. 4. Une personne dispose d'une fortune qu'elle peut détenir uniquement soit en monnaie, soit en obligations gouvernementales annuel calculé au taux de 3 o/o. à perpétuité. Les obligations Cette personne s'attend, en fin de période, à un taux d'intérêt de rapportent un intérêt 2,5 %. Va-t-elle choisir de détenir de la monnaie ou des obligations gouvernementales ? 5. On connaît certains éléments de l'actif du bilan initial d'une Banque centrale dont le capital est négligeable : • avoirs extérieurs nets 600 U.M. • créances sur Je secteur public 900 U.M. La quantité globale de 111onnaie en cù-culation dans l'économie vaut 5.000 U.M., le multiplicateur de la quantité de monnaie est égal à 2 tandis que les agents non financiers maintiennent une proportion fixe constante égale à 0,6 entre Jeurs encaisses en monnaie fiduciaire et leurs dépôts bancaires. a) Calculez Je montant des créances que la Banque centrale détient sur le secteur p1ivé. b) Présentez le bilan agrégé des banques commerciales. c) Calculez l'effet, sur Je montant des crédits bancaires et sur celui du stock moné­ taire de l'économie, d'une politique d'open-market par laquelle la Banque centrale revend des titres pour un montant de 150. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo monnaie. Lo demande de monnaie. L'offre de monnaie 6. 377 On évalue à 4.500 U.M. la quantité de monnaie fiduciaire émise par la Banque centrale et à 6.000 U.M. le montant des dépôts bancaires. Le coefficient de caisse des banques colllnerciales est égal o) à 0,25. Calculez la quantité globale de monnaie circulant dans cette économie ; b) Au cours de la période envisagée : la balance des paiemenlts présente un déficit de 250 U.M. ; le gouven1ementconsacre un surplus budgétaire de 1OO U .M. au remboursement d'un emprunt intérieur ; la Banque centrale vend des titres pour un 111outant de 200 7. U.M. CalctLlez le montant des crédits bancaires en fin de période. Dans une économie donnée, on évalue à 2.500 U.M. le montant des dépôts bancaires et à 1.500 U.M. la quantité de monnaie fiduciaire émise par la Banque centrale. Le secteur non financier y maintient une proportion fixe de 0,4 entre ses encaisses en monnaie fidu­ ciaire et celles en monnaie sciiptura l e . o) Calculez le multiplicateur de la quantité de monnaie et présentez, en justifiant votre réponse, le bilan agrégé des banques commerciales. b) Au cours de la période : le gouvernement réalise uo sutplus budgétaire de 20 U.M. qu'il utilise pour rembourser à la Banque centrale des avances qu'elle lui avait consenties ; dans le cadre d'une opération d'open-market, la Banque centrale revend des titres pour un montant de 60 U.M. ; le taux d'intérêt directeur de la Banque centrale diininue de 2 % en entraînant une variation de 80 du montant des créances que la Banque détient sur le secteur privé ; on enregistre un surplus de la balance des paiements de 60 8. U.M. Calculez le montant des dépôts bancaires au terme de cette période. On connaît certains éléments de l ' actif du bilan d'une Banque centrale dont le capital est négligeable : · · · avoirs extérieurs nels créances sur le secteur privé uéonces sur le secteur public 4.200 U.M. 2.000 U.M. X Dans l 'écono111ie existe aussi un ensemble d'organismes bancaires émettant de la monnaie scripturale. On sait que les agents économiques non financiers maintiennent une p rop orti on fixe de 0,5 entre leurs encaisses en monnaie fiduciaire et leurs dépôts bancaires. La quantité globale de monnaie en circulation dans l'économie est égale tandis que le multiplicateur de la quantité de molll1aie vaut 2. o) à 18.000 U.M. Établissez le bilan agrégé des banques co1mnerciales et calculez Je n1ultiplicateur des crédits bancaires. b) Se produisent alors, au cours de la période étudiée, les événements suivants : la Banque centrale achète des titres émis auparavant pour un inontant de 100 U.M., on enregistre un déficit de la balance des paiements de 250 U.M., Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 378 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE le taux d'intérêt directeur de la Banque centrale diminue de 0,75 %, or on sait qu'à toute variation de l o/o de ce taux conespond une variation de 200 des créances que la Banque centrale détient sur les intermédiaires financiers. 9. Établissez le bilan de la Banque centrale en fin de période et calculez la quantité de monnaie en circulation à ce moment. On connaît certains éléments de l'actif du bilan d'une Banque centrale dont le capital est négligeable : -avoirs extérieurs nets : -créances sur le secteur privé : -créances sur le secteur public : n 1.800 U.M. X 500 U.M. existe aussi, dans l'économie, un ensemble d'intermédiaires financiers émettant de la monnaie scripturale. Le montant des dépôts à vue auprès de ces intermédiaires financiers est égal à 6.250 U.M. Le multiplicateur des dépôts bancaires est égal à l ,25 et on sait que les agents non financiers maintiennent une propo11ion fixe de 0,6 entre leurs encaisses en monnaie fiduciaire et leurs dépôts bancaires. Établissez le bilan agrégé des intermédiaires financiers (des banques co1n111erciales) et calculez le montant des créances sur le secteur privé ainsi que le multiplicateur des crédits bancaires . Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) LA POLITIQUE MONÉTAIRE 1 7. l 1 7.2 Offre de monnaie, taux d'intérêt et production intérieure Le modèle IS-LM Sommaire 380 382 (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 380 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Nous avons vu qu'une des raisons données à Ja forte inflation qu'ont connue Jes économies européennes dans les années 1970 était la croissance excessive de l'offre de monnaie dans les années précédentes destinée à maintenir les taux d'intérêt le plus bas possible afin de réduire la charge des intérêts de la dette publique. Il s'en est suivi des , polüiques monétaires resrictives t destinées à réduire l'offre de monnaie et à lutter contre l 'inflation. Cette attitude, nous l'avons dit, guide aujourd'hui la politique de strict contrôle de M3 menée par la Banque Centrale Européenne. Nous avons vu aussi pourquoi les agents du secteur non financier souhaitent déte­ nir des encaisses monétaires. Les organismes financiers répondent à cette demande monnaie en n1ettant en circulation de la n1onnaie de fiduciaire et de la monnaie scripturale. D'autre part, si nous avons adn1is, jusqu'à présent, lorsque nous calculions le revenu national d'équilibre, que les dépenses d'investissement sont parfaitement auto­ nomes (indépendantes du revenu national), nous avons aussi démontré qu'elles dépendent du taux d'intérêt dont le niveau influence aussi la demande de monnaie. Nous allons envisager ici les effets d'une variation du stock monétaire (de l 'offre de monnaie) à la lumière de l'analyse que nous avons faite des variables économiques influençant la de.mande de monnaie ainsi que des motifs de l 'investissement. 1 7.1 OFFRE DE MONNAIE, TAUX D'INTÉRÊT ET PRODUCTION INTÉRIEURE 17. 1. 1 L'équation de Fisher Nous avons vu qu'il est parfaitement réaliste d'admettre que la demande <l'encaisses monétaires de transaction est une fonction croissante du revenu national. On trouve là l'origine d'une des plus célèbres équations de l a théorie monétaire, l'équation de Fisher (équation de la « quantité de 111onn.aie )}) : MV= Py = Y où M représente l'offre de n1onnaie (la quantité de 1nonnaie circulant dans l'économie) ; V, la vitesse de circulation de la monnaie (le nombre de fois qu'une même unité de monnaie est utilisée pendant une période donnée) ; P, le niveau général des p1ix et y, la production intérieure exprimée en ten11es réels (en volwne . . . donc à prix constants), de telle sorte que Y= Py représente le produit intérieur nominal (à prix courants). Une première interprétation de cette équation, où l'on suppose que la vitesse de circulation de la monnaie est constante (ou qu'elle ne fluctue que dans le long terme en fonction de facteurs d'ordre technique ayant trait uotairunent au fonctionnement du sec­ teur bancaire), revient à ad1nettre que les agents économjques non financiers ne détiennent de la monnaie que dans le but de leur permettre de disposer de ressources pour effectuer leurs transactions quotidiennes La seule composante de la de1nande de monnaie serait la den1ande d' encaisses de transaction qui ne dépendrait, qui plus est, que du revenu national. . Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo politique monétaire 381 Dans cette hypothèse, si M augmente, il s'ensuit soit une auginentation des prix (P), soit une augmentation de la production réelle (y), soit une augmentation simultanée de P et de y. Une aug1nentation de la quantité de monnaie conduirait à une augmentation de la production intérieure réelle si certaines ressources productives restent inutilisées, ou à w1e augmentation du niveau général des prix dans l'hypothèse où le plein-en1ploi serait déjà atteint. Quoi qu'il en soit, puisque l'accroissement du stock monétaire doit finalement être absorbé par les encaisses de transaction, le niveau du revenu national no1ninal (Y) doit toujours être proportionnel à l'offre de 111onnaie, M. 1 7. 1.2 L'équilibre sur le marché de la monnaie. Le modèle à prix constants Dans ce modèle, puisque nous raisonnons à prix constants, il n'y a pas de distinction à faire entre la demande nonlinale et la demande réelle de monnaie : L(Y,r) exprin1e cette demande de monnaie. II s'agit, nous l'avons vu, d'une fonction croissante du revenu natio­ nal, mais décroissante du taux d'intérêt. Le marché de la monnaie est en équilibre lorsque la quantité de monnaie que les agents non financiers souhaitent déten.ir (la demande de monnaie) est égale à la quantité de monnaie mise en circulation par la Banque centrale et les intermédiaires financiers (l'offre de monnaie) : L(Y,r) = M• Pour maintenir cet équilibre, une augmentation de l'offre de monnaie doit entraî­ ner Wle baisse du taux d'intérêt et (ou) une augn1entation de la production inté1iew·e. Plus précisément, l'augn1entation de l'offre de monnaie fera pression à la baisse sur le taux d'intérêt, ce qui augmentera les dépenses d'investissement des entreprises et, par consé­ quent, la demande de produits adressée à l'économie. Cette ditninution du taux d'intérêt et cette augrnentation de la productiom intérieure ramèneront l'équilibre sur le marché de la monnaie. Inversement, une din1inution de la quantité de n1onnaie en circulation se traduira par une augmentation du taux d'intérêt, une baisse des dépenses d'investissen1ent et de la production de l'écono1nie. La de1nande de monnaie diminuera et le marché de la monnaie reviendra en équilibre. 1 7. 1.3 L'efficacité relative des politiques monétaire et budgétaire : les monétaristes et les keynésiens La politique monétaire (l'augmentation ou la diminution de l'offre de 1non11aie) pounait donc être utilisée au mêtne titre que la politique budgétaire pour agir sur le niveau de production de l'économie. L'émission d'une quantité supplé1nentaire de 1nonnaie per­ n1ettrait de lutter contre le sous-emploi, au u1ê1ne titre qu'une augmentation des dépenses Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 382 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE gouverne1nentales et des transferts sociaux ou qu'une baisse de la fiscalité. La lutte contre l'inflation exigerait une réduction de l'offre de monnaie, de la Lnême façon qu'une baisse des dépenses publiques ou qu'une hausse de la fiscalité. Certains auteurs, les monétaristes, ne croient cependant qu'aux vertus de la poli­ tique monétaire, considérant, par contre, la politique budgétaire con1me inefficace ; tandis que d'autres, les keynésiens, ne feraient confiance qu'à la politique budgétaire déconseil­ lant, par conséquent, l'utilisation d'instruments de politique monétaire. Pour les monétaristes, l a de1nande de monnaie dépendrait p1incipale1nent du revenu national et ne serait que peu ou pas influencée par les fluctuations du taux d'inté­ rêt. On en revient à l'équation de Fisher : le produit intérieur no1ninal doit s'accroître pour « éponger » toute offre additionnelle de monnaie ou doit se réduire dans l'hypothèse d'une diminution de la quantité de monnaie en circulation. Les keynésiens, doutent, pour leur part, de l'impact d'une variation du taux d'inté­ rêt sur le nlontant des dépenses d'investissement des entreprises. Si la politique nlonétaire permettrait, à leurs yeux, de faire varier le taux d'intérêt, les dépenses d'investisse1nent et donc aussi la production inté1ieure n'en seraient guère influencées. Seule la politique budgétaire serait alors ef ficace. 17. 1.4 La propension des agents non financiers à détenir des encaisses monétaires Tout co1n1ne l'offre de 1nonnaie peut varier, la propension des 1nénages et des entreprises non financières à détenir des encaisses 1nonétaires (la demande de monnaie) peut aussi se modifier au cours du temps en raison d'une plus ou moins grande préférence pour la n1onnaie (pour la liquidité) par rapport à d'autres actifs. Si la de1nande de 1nonnaie augmente, le taux d'intérêt devra augmenter pour réta­ blir l'équilibre sur le marché de la monnaie, ce qui diminuera la production intérieure. lnverse1nent, une diminution de la propension à détenir des encaisses monétaires (de la demande de monnaie) aura comme effet de tàire baisser le taux d'intérêt et augmen­ ter les dépenses d'investissement des firmes. Cette baisse du taux d'intérêt et l'augmen­ tation de la production intérieure qui s'ensuivra ramèneront l'équilibre sur le marché de la monnaie. 1 7.2 LE MODÈLE IS-LM Le 111odèle /S-LM va nous pem1ettre de confirn1er aisément ces résultats. 17.2. 1 Le marché des produits Nous savons qu'il y a équilibre sur ce 1narché lorsque les entreprises intérieures offrent exactement ce que les ménages, les investisseurs, le gouvernement et le rnonde extérieur leur demandent. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) Lo politique monétaire 383 Les dépenses de consommation dépendent du revenu disponible et donc aussi du revenu national. Par ailleurs, si la demande de biens d'investisse111ent est certes, dans une certaine 111esure, fonction du revenu national, elle dépend également, du taux d'intérêt. Or, jusqu'à présent, nous avons considéré ce taux co1ru11e une donnée. Nous ne nous demandions pas en fonction de quelles forces écononùques, il prenait telle valeur plutôt que telle autre. L'introduction de la monnaie dans notre schéma d'analyse nous permet maintenant d'aborder cette question. La condition d'équilibre sur le marché des produits s'écrit comme suit si on admet que la consommation est une fonction, croissante, du revenu national, alors que les dépenses d'investissement constituent une fonction, croissante, du revenu national, mais décroissante, dt1 taux d'intérêt. Les dépenses gouvernementales et les exportations sont autonomes alors que les ünportations augtnentent avec le revenu national : Y = C(Y) + l(Y,r) + G0 + [x;,-Jmp(Y)] Tl est bien évident que le niveau du revenu national dépend du taux d'intérêt. Plus ce taux est bas, plus la dépense d'investissement est importante de telle sorte que, toutes autres choses restant égales, le niveau d'équilibre du revenu national est élevé. Inversement, plus le taux d'intérêt est élevé, moins les firmes investissent et, par consé­ quent, plus faible est le niveau d'équilibre du revenu national. Figure 17.1 Ceci s'explique aisément si l'on admet qu'initialement le marché des produits est en équilibre. ltnaginons que, dans ces conditions, le taux d'intérêt vienne à augmenter. Sommaire (lien qui ne fonctionne pas sur tous les lecteurs de pdf) 384 L'APPROCHE MACROÉCONOMIQUE Les firmes sont a1nenées à renoncer à certains projets d'investissement jadis rentables. Avec comme résultat que l'offre de biens et de services par l'économie devient supé­ rieure à la demande qui lui est adressée. Or nous savons que, dans un tel cas, après avoir accumulé des stocks pendant un certain temps, les entreprises décident de réduire leur volume de production. Plus le taux d'intérêt est élevé, plus, par conséquent, la produc­ tion intéri