Le psychiatre
Comme vous vous en doutez déjà, il faut voir un psychiatre avant de pouvoir entreprendre
quoi que ce soit, du moins dans la plupart des cas. Pourquoi un psychiatre ? En théorie,
on peut s'attendre à ce que ce dernier soit chargé de vous aider à passer certains caps
difficiles comme le coming out, oser sortir attifé en bûcheron même si vous n'aviez jamais
cédé à vos envies jusqu'à maintenant, vous aider dans une rétrospective de votre vie,
déculpabiliser de ce que vous imposez à papa et maman etc... La travail ne manque pas
et ça pourrait être ainsi mais je vous arrête tout de suite, à moins de tomber sur une perle,
toutes ces choses, votre psy s'en moque comme de sa première dent de lait.
Dans les faits la présence d'un psy est bien plus pragmatique que ça. Comme vous devez
vous en douter (cf. "Psy ?"), le psychiatre est là en premier lieu pour vérifier que votre
demande n'a pas pour origine une schizophrénie, un état psychotique ou une fuite en
avant basée sur un refoule quelconque. Bref, il doit vérifier que vous êtes bien un
authentique label rouge trans' et "qu'aucun trouble psychiatrique caractérisé" ne se cache
dans votre caboche ou est en lien avec votre sentiment d'être trans. Rappelons d'ailleurs
que la transidentité n'a, à ce jour, aucune explication que ce soit psychologique ou
biologique. Le psychiatre doit donc éliminer une à une les possibilités qui expliqueraient
rationnellement votre sentiment d'appartenir à un autre genre que celui de naissance.
Enfin, une fois que votre psy juge que vous êtes bien transsexuel, il doit rédiger une
attestation (ou certificat) expliquant que vous êtes vraiment MTF et prêt pour la suite
(hormones, chirurgies, etc). Pour cela, n'hésitez pas à lui rappeler de temps en temps la
raison pour laquelle vous venez le voir et ce que vous attendez de lui, c'est à dire entamer
une transition, chirurgie, bref du concret. Si vous ne ressentez pas le besoin d'être suivi
par un psychiatre, rien ne vous oblige à continuer de le voir après l'obtention de votre feu
vert sauf si vous comptez sur le remboursement pour une phalloplastie ou une méta (cf.
Sécurité sociale).
Un problème s'impose alors parfois à vous : vous ne vous sentez pas fou et vous ne voyez
pas l'intérêt personnel de voir un psy et encore moins un psychiatre. Malheureusement,
malgré toutes les revendications allant dans le sens de la dépsychiatrisation, à l'heure
actuelle la transsexualité fait toujours partie des maladies psychiatriques, notamment dans
le DSM IV et la CIM10, les deux principaux ouvrages de référence des troubles mentaux.
S'il est possible (avec beaucoup de chance, une bonne étoile, quelques prières et un bon
litre d'eau bénite) de trouver un endocrinologue ou un médecin généraliste qui vous
prescrirait des hormones sans l'accord d'un psy, cette tâche est très difficile, et trouver des
chirurgiens l'est encore plus. En effet, la plupart des chirurgiens refusent déjà, même en
toute légalité, d'opérer les transsexuels. Par conséquent, en vous mettant dans une
posture encore plus bancale, le choix n'en est que restreint surtout pour les ftm où la
mammectomie et l'hystérectomie se fait dans 90% des cas en France. Malgré tout, à
chacun de décider en son âme et conscience de sa destinée Complice.
Passons au pratique à présent. Pour trouver un psychiatre il n'y a pas 36 solutions. La
première est d'éplucher votre annuaire et de prendre rendez-vous jusqu'à trouver une
personne prête à vous suivre et suffisamment ouverte sur cette problématique. La
seconde est de trouver une adresse par le bouche à oreille. De mon point de vue, il est
capital de dire en face au psychiatre la raison pour laquelle vous venez le voir.