entraîne, chaque année, la mort de 11.000 personnes : autant que sur la route. Avec le
dossier médical, en quelques minutes, il sera possible de connaître les traitements suivis
par le patient depuis dix, quinze ou vingt ans, les interactions médicamenteuses néfastes,
les allergies aux différents traitements, etc. Le patient sera gagnant parce qu’il aura un
accès unifié à l’information le concernant, trop souvent éparse. L’hôpital, la clinique
privée, le médecin auront tous le même dossier. Le médecin, lui aussi, sera gagnant. Le
dossier médical personnel lui permettra un meilleur suivi de son patient, grâce à un accès
à l’information en temps réel. Enfin, bien sûr, l’assurance maladie bénéficiera de la mise
en place de ce dossier médical par la limitation des soins inutiles, redondants et
dangereux.
L’organisation de l’offre de soins suppose aussi de construire de véritables
parcours de soins au bénéfice du malade qui ne doit plus être laissé face à une
organisation qu’il ne comprend pas toujours et dans laquelle, il faut bien le reconnaître,
il se perd parfois. Nous avons par ailleurs tous en tête des exemples personnels ou parmi
nos proches de cas d’examens ou de consultations répétés parce qu’on est mal renseigné
ou parce que, tout simplement, on ne sait pas précisément à qui s’adresser.
Il nous faut remettre de la cohérence dans un système de soins qui est parmi les
plus performants du monde dans ce que les experts appellent le « curatif individuel »
mais qui s’épuise, simplement parce qu’il manque de repères et d’organisation.
C’est évidemment tout le sens de la mise en place du médecin traitant. Le
médecin traitant, c’est la porte d’entrée pour le malade. Ce médecin, qu’il soit spécialiste
ou généraliste, sera librement choisi par le malade car la liberté est au cœur de notre
système. Aucun Français ne se verra imposer son médecin : cela ne correspond pas à
notre modèle.
Le médecin traitant orientera le patient dans le système de santé afin de l’aider
tout simplement à construire le parcours de soins que j’évoquais à l’instant. Un certain
nombre de spécialistes resteront évidemment en accès direct, je pense par exemple aux
pédiatres, aux ophtalmologistes et, bien sûr, aux gynécologues, qui nous ont rappelé
récemment que c’était là leur souhait.
Nous ne souhaitons pas que la loi ou des décrets fixent un cadre rigide à ce
médecin traitant car cela relève de la responsabilité des partenaires conventionnels,
c’est-à-dire des caisses d’assurance maladie et des professionnels de santé.
Dernier point sur lequel je souhaitais insister dans cette nouvelle organisation
de l’offre de soins, c’est la nécessité de renforcer les liens entre la médecine de ville et
l’hôpital. Après tout, nous avons un malade unique, un financeur unique et deux secteurs
qui souvent s’ignorent trop.
Il n’y a pas d’un côté la réforme de l’assurance maladie et de l’autre la réforme
de l’hôpital. Il y a bien une réforme de l’organisation des soins qui vise au
décloisonnement, au développement des réseaux, à l’élaboration d’une véritable stratégie
de l’offre de soins sur un territoire donné. Il faut que nous soyons très clairs sur ce point.
C’est notamment pour mettre en œuvre ces décloisonnements que le projet de
loi prévoit un rapprochement entre les URCAM (les Unions régionales des caisses
d’assurance maladie) et les ARH (les Agences régionales d’hospitalisation).
Ces deux institutions devront travailler ensemble sur toute une série de sujets
comme, en particulier, la répartition de l’offre de soins – il y a de plus en plus de
départements et de cantons sans médecins hospitaliers ou libéraux – mais aussi la
permanence des soins et le développement des réseaux. Le rapprochement entre la ville
et l’hôpital est une exigence.