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devenir rapidement insoluble et indisponible. Aussi la prio-
rité est-elle donnée aux apports réalisés en végétation. Pour
ces sols crayeux à pH élevé, le risque de carence est forte-
ment réduit si la teneur mesurée est supérieure à 1 ppm. Il
est alors inutile de réaliser une fertilisation sur betteraves.
Lorsque la teneur du sol est faible, inférieure à 0.4 ppm
(0.2 ppm pour une analyse issue du laboratoire INRA
Arras*), les apports au sol sont conseillés. Ils assureront
une alimentation régulière pendant la période printanière
et en début d’été. Les relais en végétation peuvent alors
être décidés selon l’évolution climatique de l’année. Pour
des teneurs intermédiaires, entre 0.4 et 0.6 ppm, les ap-
ports au sol sont surtout intéressants pour entretenir un
stock de Bore disponible, dans des sols où le lessivage est
ralenti (sols argileux essentiellement). Dans des sols plus
légers, et dans les sols de craie, on peut opter pour des ap-
ports uniquement en végétation si les parcelles sont su-
jettes aux déficits hydriques. En effet, un apport au sol fa-
vorisera un prélèvement précoce par la plante, mais
n’empêchera pas les symptômes de carence sur les der-
nières feuilles formées en période sèche, si un relais n’est
pas assuré par un apport foliaire. Il n’est pas justifié de
fractionner les apports foliaires au-delà de 2 passages,
compte tenu de la baisse des capacités d’assimilation de
la plante au fur et à mesure de l’avancée en végétation. La
bonne plage d’application se situe entre 70 % de couver-
ture et 3 semaines après couverture.
Quel engrais boraté apporter ?
Les apports au sol, qui sont aujourd’hui peu pratiqués, se-
ront réalisés classiquement avec des formes tétraborates de
sodium (Solubor ou Foliarel). En apport foliaire, les engrais
commercialisés contiennent du bore sous forme de sels, té-
traborates, pentaborates surtout, donc d’efficacité a priori
équivalente. Le critère de choix le plus simple sera dès lors
le prix, ramené à l’unité de Bore élément, car les teneurs
entre spécialités commerciales peuvent être différentes. On
respectera la dose proposée dans le tableau 1, ou bien pro-
posée dans l’interprétation sur le bulletin d’analyse de terre,
en traduisant cette dose, exprimée ici en Bore élément, en
quantité de produit commercial par une simple règle de 3.
(*) Le laboratoire de l’INRA d’Arras utilise un protocole particulier d’ex-
traction qui donne des résultats de mesures environ 2 fois plus élevées que les
mesures classiques. Les seuils de référence doivent donc être 2 fois plus fai-
bles que ceux utilisés généralement.
LA TECHNIQUE BETTERAVIÈRE
INSTITUT TECHNIQUE DE LA BETTERAVE - 45, rue de Naples - 75008 Paris - Tél : 01.42.93.13.38 - Fax : 01.42.93.22.84 - www.itbfr.org - Président, Luc DÉMAZURE - Vice-président, François LORANT - Directeur Général, Marc RICHARD-MOLARD
La rubrique "La Technique betteravière" est rédigée par l’ITB - Reproduction interdite sans autorisation de l’éditeur
Manganèse et Betterave
La carence manganique est peu fréquente, elle est assez
étroitement liée à des textures de sols, sols humifères, sols
à pH basique, les sols les plus sensibles étant ceux qui conju-
guent ces 2 caractères. Les apports d’amendements ba-
siques, comme dans le cas du Bore, peuvent être un facteur
favorisant l’expression d’une carence.
Les symptômes sont très spécifiques : Décoloration et jau-
nissement des feuilles entre les nervures (au début, on ob-
serve des petites ponctuations jaune pâle), port des feuilles
“en cuiller”, assez semblable paradoxalement à la marque
d’un sol acidifié (photo figure 4), et jaunissement des radi-
celles. La végétation est ralentie, même si la carence peut
n’être que temporaire.
Il est difficile d’établir des règles de fertilisation sur la base
d’analyses de sols, et les fertilisations avant semis n’ont pas
une efficacité garantie, les éléments apportés pouvant être
très vite insolubilisés. On conseillera donc de traiter sur
symptômes apparents, par pulvérisation foliaire en cours
de végétation, avec un apport de 10 à 12 kg/ha de sulfate de
manganèse. Une bonne efficacité suppose une application
par bonne hygrométrie, de préférence en tout début de ma-
tinée.
Soufre et Betterave
Le soufre a, pour la betterave, un statut intermédiaire entre
oligoélément et macroélément. On peut le faire figurer ce-
pendant ici, car des symptômes de carence soufrée peuvent
apparaître dans des parcelles, avec des symptômes du même
type que les symptômes évoqués précédemment, et, dans
de rares cas, demander une fertilisation spécifique complé-
mentaire. Les symptômes ne sont pas spectaculaires, et
n’auront d’ailleurs pas de fort impact sur la productivité. Ils
apparaissent généralement sur des plantes déjà dévelop-
pées, stades 10 à 12 feuilles, et jusqu’à couverture. Ils dis-
paraissent ensuite. Le feuillage est vert assez clair, la crois-
sance est un peu ralentie par zones dans la parcelle. On
conseillera d’effectuer une analyse foliaire sur la parcelle
pour confirmer un soupçon de carence soufrée.
Les facteurs qui peuvent favoriser l’apparition de cette ca-
rence sont multiples : Ce sont surtout les sols filtrants et les
sols superficiels, ainsi que les sols pauvres en matière orga-
nique, qui seront sensibles. Seront donc concernés principa-
lement les sols sableux, également les sols de craie. Les hi-
vers et début de printemps pluvieux sont des facteurs de
risque, également les rotations avec colza ou légumineuses
(exportations importantes de Soufre). Ces conditions sont
cependant assez éloignées des conditions courantes de
conduite de la culture betteravière, donc les carences avérées
restent rares. De plus, les apports de sulfates dans la ferti-
lisation (sulfate de magnésie, sulfate de potasse), également
les apports de vinasses, suffisent à l’alimentation normale
de la plante. Il n’y a donc pas lieu de proposer une fertilisa-
tion soufrée spécifique sur betterave sucrière, des apports
sous forme sulfate sont possibles en végétation.
Autres oligoéléments
• Le Bore est l’oligoélément à surveiller en priorité ;
• Les apports de Bore se raisonnent, comme toute pra-
tique de fertilisation ;
• La fertilisation Bore doit être ajustée selon le climat
de l’année ;
• Les apports d’amendements basiques avant betteraves
doivent être suivis d’une fertilisation en Bore ;
• Les autres oligoéléments peuvent faire l’objet d’une fer-
tilisation “à vue”.
Ce qu’il faut retenir
Figure 4 - Carence en Manganèse, aspect foliaire.
Photo : ITB 60
Conseils d’apports de Bore élémentaire (B, en kg/ha)
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