Le printemps de la cardiologie : congrès du GRRC congRès Réunion

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congrès
RÉUNION
coordonnée par
le Pr C. Le Feuvre
Le printemps de la cardiologie :
congrès du GRRC
F. Pinet*
Montpellier, 28-31 mai 2008
L
e congrès du Groupe de réflexion sur la recherche cardiovasculaire (GRRC) s’est tenu
du 28 au 31 mai 2008, dans le cadre du “Printemps de la cardiologie”, au centre de
congrès le Corum de Montpellier sous la présidence d’Alain ­Lacampagne. Son but
est de favoriser le développement de la recherche cardiovasculaire dans ses ­composantes
fondamentales, cliniques et thérapeutiques, et d’encourager le ­rapprochement et les
échanges entre cliniciens et fondamentalistes de la recherche i­nstitutionnelle, ­universitaire
et industrielle. Il a rassemblé 1 155 participants, dont 183 jeunes ­chercheurs et cliniciens de
moins de 32 ans, et 361 communications affichées y ont été présentées. Trois ­conférences
ont été données par Anne Eichmann de Paris (“Mise en place de l’arbre ­vasculaire au
cours de l’oncogenèse”), Jean-Luc Balligand de Louvain, en Belgique (“Régulation
­post-transcriptionnelle des NOS dans les tissus cardiovasculaires”) et Albert Mimran
de Montpellier (“Effets non pression-dépendants du sodium alimentaire : arguments
en faveur d’une réduction de l’apport sodé”). Quatorze tables rondes sur les sujets les
plus innovants de la recherche cardiovasculaire ont donné lieu à d’intéressants débats.
Au cours du congrès, l’avenir des bêtabloquants dans l’HTA et l’insuffisance cardiaque
a été discutée lors d’une session “from bed to bench side” par des experts cliniciens et
­fondamentalistes. Le GRRC a attribué quatre bourses de recherche, dont trois ­financées par
la Fédération française de cardiologie. Vingt-deux prix pour les meilleures ­communications
affichées présentées par de jeunes chercheurs ou cliniciens ont été attribués. Le prochain
congrès du GRRC se déroulera à Nancy les 2 et 3 avril 2009 et sera coordonné par Patrick
Lacolley ([email protected]).
Dysfonction diastolique :
de la physiologie à la prise
en charge du patient
Modérateurs : Athul Pathak (Toulouse) et JeanJacques Mercadier (Paris)
* Inserm U744-IPL, Institut Pasteur,
Lille.
Jean-Jacques Mercadier (Paris) a présenté les bases
physiologiques de la diastole en reprenant les données
de physiologie pure mais également les articles de
référence portant, entre autres, sur la signalisation
intracellulaire (voie du calcium) et les anomalies
responsables de dysfonction diastolique. Il a insisté
sur la notion de continuum cardiovasculaire. Bien
8 | La Lettre du Cardiologue • n° 417 - septembre 2008 souvent, la simple agression cardiaque (facteurs de
risque cardiovasculaire) explique l’apparition d’une
dysfonction diastolique faisant le lit de la dysfonction
systolique. Fabrice Bauer (Rouen) a abordé l’aspect
clinique de la dysfonction diastolique en soulignant
les difficultés diagnostiques que l’on rencontre avec
les marqueurs actuels, qu’ils soient biologiques (BNP)
ou qu’ils relèvent de l’imagerie (échocardiographie).
La notion de rigidité ventriculaire semble la plus
sensible et la plus spécifique pour identifier au mieux
un patient avec une dysfonction diastolique. Les essais
cliniques réalisés jusqu’à ce jour restent décevants,
car aucun ne met en avant une propriété spécifique
d’un médicament sur la composante diastolique
d’une dysfonction cardiaque. Les résultats de l’essai
I-PRESERVE sont attendus ; celui-ci vise en effet à
préciser l’intérêt de l’irbésartan dans la prise en charge
de l’insuffisance cardiaque diastolique. Laure Ernande
(Lyon) a démontré la possibilité de dépister précocement la cardiopathie du patient diabétique avec des
outils échocardiographiques, notamment le strain rate
et le strain global. La table ronde s’est poursuivie par la
présentation d’Erwan Donal (Rennes), qui a souligné
l’intérêt de l’échocardiographie dans le dépistage des
anomalies de la fonction respiratoire chez l’insuffisant
cardiaque. L’échocardiographie de repos et d’exercice
pourrait apporter des renseignements proches de ceux
obtenus par la réalisation d’une épreuve d’effort avec
mesure des capacités respiratoires (VO2). La mesure
du strain dans l’oreillette gauche semble la mieux
corrélée au pic de VO2, un marqueur pronostique
fonctionnel reconnu dans l’insuffisance cardiaque.
Enfin Mélanie Métrich (Châtenay-Malabry) a présenté
des données expérimentales concernant, en particulier, une nouvelle voie de la signalisation bêta­adrénergique non PKA-dépendante, la voie Epac, dont
la transduction fait appel, entre autres, au système des
protéines Ras. De nombreuses questions ont alimenté
cette table ronde, qui a su attirer cliniciens et fondamentalistes autour d’un thème porteur.
congrès
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Signalisation et remodelage
cellulaires : nouveaux acteurs
Modérateurs : Saadia Eddahibi (Créteil) et Franck
Lezoualc’h (Châtenay-Malabry)
La session a débuté par la conférence de Saadia Eddahibi
qui, à partir d’études réalisées à l’hôpital Henri-Mondor
(Créteil), a décrit l’implication d’une hormone, la sérotonine, dans les pathologies cardiaques. Au cours de
son exposé, elle a notamment démontré l’existence du
transporteur de la sérotonine dans le myocarde. Cette
protéine permet le transport de la sérotonine depuis
l’espace extracellulaire vers l’intérieur de la cellule. La
délétion de ce transporteur chez des souris génétiquement modifiées induit une fibrose cardiaque ainsi qu’une
dysfonction valvulaire. Olivier Lairez (Toulouse) a ensuite
décrit l’importance dans le remodelage cardiaque d’une
enzyme intervenant dans la dégradation de la sérotonine,
la monoamine oxydase-A (MAO-A). Il a montré que
l’inactivation du gène codant pour la MAO-A prédispose
la souris à l’insuffisance cardiaque via une augmentation de la concentration en sérotonine ; ce qui illustre
l’importance de cette neurohormone dans l’apparition
de l’insuffisance cardiaque. Les effets vasculaires de la
sérotonine ont ensuite été présentés par Lise RosaDespoix (Bordeaux). En particulier, elle a montré que
la sérotonine induit la contraction des artères pulmonaires humaines via les récepteurs 5-HT1 et 5-HT2.
Les voies de signalisation impliquées dans ce couplage
excitation-contraction concernent à la fois des canaux
calciques voltages-dépendants et voltages-indépendants. Yassine Sassi (Paris) a présenté son travail de
caractérisation des effets fonctionnels du transporteur
MRP4 des nucléotides cycliques dans les cellules musculaires lisses artérielles. Son étude a permis d’identifier la
protéine MRP4 comme cible thérapeutique potentielle
pour inhiber la prolifération des cellules musculaires
lisses artérielles. Stéphany Gardier (Lausanne) a montré
l’existence de voies de signalisation impliquant les MAP
kinases ERK, P38 et JNK dans le cœur embryonnaire.
Ces cascades de transduction sont régulées de façon
différentielle lors d’un stress anoxique in utero.
Radicaux libres
et pathologie cardiovasculaire
Modérateurs : Éric Raddatz (Lausanne)
et Lucas Liaudet (Lausanne)
Lucas Liaudet (Lausanne) a rappelé que l’infarctus du
myocarde et diverses formes de cardiomyopathies
susceptibles d’évoluer vers l’insuffisance cardiaque
s’accompagnent d’une production en excès de molécules aux propriétés oxydantes, les radicaux libres. Ces
derniers appartiennent à deux familles, les “espèces
réactives d’oxygène” et les “espèces réactives d’azote”,
dont les formes primaires sont le radical superoxyde
et le monoxyde d’azote (NO). Ces deux radicaux
s’associent pour donner naissance au peroxynitrite
(ONOO–), dont les propriétés oxydantes nettement
supérieures peuvent infliger des dommages à l’ensemble des biomolécules ; dommages qui, au-delà d’un
seuil critique, entraînent la mort cellulaire par apoptose
ou par nécrose. Expérimentalement, le ONOO– peut
être supprimé par des porphyrines de synthèse capables
de catalyser sa dégradation. L’emploi de ces porphyrines dans des modèles expérimentaux d’infarctus
du myocarde et d’insuffisance cardiaque a permis de
réduire notablement les lésions du myocarde et les
défaillances associées à la contractilité cardiaque. Ainsi,
il apparaît que le ONOO– exerce de multiples effets
délétères sur la structure et la fonction du myocarde, et
que l’administration d’agents pharmaco­logiques dégradant le ONOO– pourrait représenter une thérapeutique
innovante pour de multiples affections cardiaques.
La toxicité de la doxorubicine utilisée dans le traitement du cancer expose le patient à un risque d’insuffisance cardiaque. Les inhibiteurs de l’enzyme de
conversion de l’angiotensine (IECA) étant efficaces dans
le traitement de l’insuffisance cardiaque, cette étude
expérimentale a cherché à déterminer si un IECA (le
périndopril) pouvait améliorer la dysfonction cardiaque
induite par la doxorubicine chez le rat. Les résultats
présentés par Carole Richard (Dijon) ont toutefois
montré que l’administration de périndopril pendant
3 semaines ne modifiait ni la dilatation ni l’abaissement
de la fraction d’éjection du ventricule gauche induits
par la doxorubicine.
Éric Anselm (Illkirch) a présenté une étude concernant le rôle joué par l’AMPK (protéine kinase activée
par l’AMP) dans la relaxation vasculaire induite par
les polyphénols présents dans le vin rouge et le thé
vert. Cette étude montre que les effets relaxants de
ces polyphénols dans les artères coronaire, aortique
et mésentérique de modèles animaux sont dus à la
formation endothéliale de NO et d’EDHF (endothelium-derived hyperpolarizing factor) dépendante de la
voie de signalisation de l’AMPK.
Une élévation des taux sériques d’homocystéine favorise le développement d’un stress oxydant et représente
un facteur de risque de maladies cardiovasculaires.
­L’allantoïne est un produit de l’oxydation de l’acide
urique, dont les taux sériques pourraient ainsi être
utilisés comme marqueur de stress oxydant. Elizabeth
La Lettre du Cardiologue • n° 417 - septembre 2008 | 9
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Caussé (Toulouse) a montré que les patients insuffisants rénaux dialysés ont des taux élevés d’allantoïne,
que ces taux sont réduits par l’hémodialyse, mais qu’ils
ne sont pas corrélés aux taux d’homocystéine. Ainsi,
l’allantoïne pourrait être utilisée comme un marqueur
de stress oxydant chez les insuffisants rénaux, sans
qu’une relation puisse être établie avec l’homocystéine.
L’étude présentée par Nathalie Mercier (Vandœuvrelès-Nancy) a concerné la protection des télomères chromosomiques qui sont stabilisés par la télomérase. Une
augmentation du stress oxydant produite par déplétion
chronique en glutathion réduisait la longueur des télomères dans certains tissus seulement (peau ou tissu
adipeux, par exemple) chez les souris possédant des
télomères courts. Cependant, cet effet ne semblait pas
lié à une diminution de l’activité de la télomérase.
Vieillissement artériel
pathologique : du concept
à la pharmacologie
Modérateurs : Athanase Benetos (Nancy)
et Stéphane Laurent (Paris)
Athanase Benetos (Nancy) a ouvert la session en
abordant les principes généraux du ­vieillissement
artériel pathologique, tout en fournissant des
données personnelles très intéressantes sur la
longueur des télomères. On regrettera qu’il n’ait pas
abordé la notion de programmation fœtale, au cœur
du syndrome EVA (Nilsson PM, Lurbe E, Laurent S.
J Hypertens 2008;26(6):1049-57).
Pierre Boutouyrie (Paris) a ensuite présenté des
données pharmacologiques très originales, concernant des molécules agissant sur de nouvelles cibles
(HRT et DHEA, AGE-breakers, inhibiteurs de MMP) et
sur les voies de signalisation de la lamine A et KLOTO
FGF-27 ; il a en outre développé le rôle du stress
oxydant et de la longueur des télomères. Ces pistes
sont prometteuses sur le plan thérapeutique.
Jocelyn Inamo (Fort-de-France) a soumis des
données personnelles très intéressantes, à partir de
la cohorte IPHAF, montrant qu’une pression pulsée
humérale élevée prédit l’apparition d’une hypertension artérielle.
Audrey Billon (Toulouse) a exposé son travail sur la
balance protection/potentialisation de l’athérome
par les estrogènes.
La dernière présentation était effectuée par
­J ianfeng Huang (Paris) et concernait le rôle du
Lu/BCAM dans la perméabilité glomérulaire.
10 | La Lettre du Cardiologue • n° 417 - septembre 2008 Adipocytes et risque
cardiovasculaire
Modérateurs : Marie-Christine Alessi (Marseille) et
Carmen Martinez (Angers)
Marie-Christine Alessi (Marseille) a abordé le rôle du
tissu adipeux dans l’inflammation sous deux angles :
le rôle de TLR4 et l’interaction CD40-CD40L. L’abolition de la fonction TLR4 prévient l’inflammation dans
le tissu adipeux, améliore la sensibilité à l’insuline,
diminue le développement de la stéatose hépatique
et réduit la prise alimentaire. D’autre part, la voie
CD40-CD40L est impliquée dans la différenciation
des adipocytes. Vanessa Robbez-Masson (ChâtenayMalabry) a démontré que l’apport alimentaire d’acides
gras polyinsaturés n-3 peut prévenir les altérations des
profils en acides gras des tissus insulinosensibles ainsi
que l’insulinorésistance et les dysfonctions vasculaires
associées dans un modèle animal non obèse d’hypertriglycéridémie et d’insulinorésistance. Sabine Steffens
(Genève) a ensuite montré que les souris Apo E-/nourries avec un régime riche en graisses présentent un
taux d’endocannabinoïde 2-AG élevé dans l’aorte et la
graisse viscérale, lequel est corrélé à une surexpression,
dans la plaque d’athérome, des enzymes métabolisant
les endocannabinoïdes. Le 2-AG induit une augmentation de la migration des monocytes, ce qui suggère
qu’il pourrait participer au processus inflammatoire
dans la plaque d’athérome. Philippe Rouet (Toulouse)
a présenté le travail de son équipe sur l’Apo O, dont
le gène est induit chez le diabétique. Selon l’auteur,
la surexpression cardiaque de l’Apo O par transgenèse
murine conduit à une modification du profil lipidique
intramyocardique. Pierre-Henri Ducluzeau (Angers)
a annoncé le développement d’un logiciel capable de
quantifier la répartition viscérale et cutanée du tissu
adipeux chez l’être humain.
Apport des modèles
transgéniques à la recherche
cardiovasculaire
Modérateurs : Frédéric Jaisser (Paris)
et Thierry Couffinhal (Bordeaux)
Frédéric Jaisser, de l’Inserm U772 à Paris, a exposé les
récentes avancées des modèles transgéniques et leurs
applications en physiologie cardiovasculaire, en insistant
sur les modèles de délétion conditionnelle ciblés, sur
les modèles de surexpression ciblés régulables et sur les
modèles d’insertion génique ciblés. Une présentation
congrès
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très actualisée des possibilités offertes par la transgenèse
mais aussi des précautions à prendre pour s’assurer de la
validité des modèles a par là-même été faite.
Claudio-Aerias Franco (UMR/CNRS 7079, Paris) a
présenté un travail sur l’inactivation spécifique par le
système Cre/loxP du facteur de réponse au sérum (SRF)
dans l’endothélium et a ainsi démontré que cette inactivation conduisait à des hémorragies et à des anévrismes
chez l’embryon.
Henrik Laurell (Inserm U558, Toulouse) a souligné l’importance de la validation de la construction utilisée pour
créer une souris transgénique, en exposant les résultats
relatifs à une souris knock-out pour un récepteur aux
estrogènes dont la délétion n’est pas complète et qui
conduit à des erreurs d’interprétation du phénotype.
Betty Descamps (Inserm U828, Pessac) a montré l’intérêt
du knock-in du gène Frizzled-4 en analysant l’expression
cardiovasculaire spécifique de ce gène et les anomalies
de développement vasculaire liées à cette délétion.
Enfin, Soraya Taleb (Inserm U689, Paris) a montré que la
délétion du gène SOCS3 dans les lymphocytes induisait
un changement dans le profil inflammatoire de la souris,
entraînant une réduction du développement de l’athérosclérose chez les souris hypercholestérolémiques.
Les nombreuses questions et discussions ont traduit
l’intérêt de la communauté cardiovasculaire pour ces
modèles transgéniques, et leur importance dans la
compréhension des mécanismes physiopathologiques.
Mort subite :
nouveaux mécanismes
Modérateurs : Dominique Babuty (Tours)
et Jean-Marc Davy (Montpellier)
Sylvain Richard (Montpellier) a présenté une synthèse
sur l’implication du réticulum sarcoplasmique dans la
survenue d’arythmies cardiaques. L’altération du cycle du
calcium intracellulaire a deux conséquences : une baisse
de la contraction et la genèse d’arythmies cardiaques via
les récepteurs à la ryanodine (RyR2), clé du système.
S. Richard a illustré leur rôle dans deux circonstances
pathologiques :
➤➤ l’insuffisance cardiaque, les récepteurs à la ryanodine
contrôlant le courant de l’échangeur Na/Ca et le courant
IK1 impliqués dans la genèse des DAD (delayed afterdepolarizations) ;
➤➤ les tachycardies ventriculaires catécholergiques. Chez
une souris transgénique porteuse d’une mutation sur
RyR2, la télémétrie a révélé des tachycardies ventriculaires bidirectionnelles identiques à celles observées chez
l’homme. Le beaucoup plus grand nombre de sparks chez
ces animaux témoigne d’une fuite du calcium du réticulum sarcoplasmique vers le cytosol à l’origine de DAD.
Chez ces animaux, le courant IK1 est lui aussi diminué du
fait de sa sensibilité au calcium intracellulaire.
Laurine Marger (CNRS, UMR 5203, Montpellier) a étudié
les propriétés électrophysiologiques des cellules du réseau
de Purkinje. Ces cellules sont à l’origine de fréquentes
EAD (early after-depolari-zations) impliquées dans de
nombreuses arythmies ventriculaires. Sur ces cellules, de
grande taille sont enregistrés les courants potassiques IK1,
Ito et If. Le rôle arythmogénique de ces cellules reste à
déterminer sur des modèles de souris transgéniques.
Nathalie Lalevée-Girard (CNRS, UMR 6216, Marseille)
a démontré l’intérêt des canaux TRP, painless, dans le
contrôle de la fréquence cardiaque après un stretch
chez la drosophile. Un remarquable enregistrement du
déplacement de la larve de drosophile, effectué à l’aide
d’une caméra, a objectivé l’arrêt cardiaque physiologique induit par le stretch. Ce dernier s’accompagne d’un
ralentissement des potentiels d’action cardiaque, effet
inhibé chez les drosophiles mutées. À l’inverse, l’inhibition de painless induit une augmentation de 25 % de la
fréquence cardiaque.
Maxime Albesa (Lausanne) a mis en évidence le rôle du
système ubiquitine/protéasome dans la diminution de
la protéine Nav1.5 chez la souris dystrophine déficiente
mdx5cv. Le traitement de la préparation par l’inhibiteur
du protéasome MG132 augmente la quantité de protéine
Nav1.5 et normalise le courant INa. Le mécanisme de
cet effet reste à préciser.
Aniella Abi-Gerges (Inserm U769, Châtenay-Malabry)
a étudié, sur un modèle de sténose aortique chez le rat,
les modifications des phosphodiestérases induites par
l’hypertrophie et leurs conséquences sur la régulation
bêta-adrénergique de l’AMPc et de l’ICaL. L’activité de
PDE3 et PDE4 est diminuée au cours de l’hypertrophie,
mais seule l’expression de PDE4 est altérée. L’effet de
l’isoprénaline reste inchangée sur l’AMPc et l’ICaL, mais
les inhibiteurs de PDE3 et PDE4 diminuent la production de l’AMPc et de l’ICaL au cours de l’hypertrophie,
contrairement à la situation contrôle, suggérant une
adaptation de la régulation bêta-adrénergique.
Les lauréats des prix poster.
Pathologie cardiovasculaire :
différences liées au sexe
Modérateurs : Jean-François Arnal (Toulouse) et
Damien Logeart (Paris)
Tabassome Simon (Paris) a rappelé que les maladies cardiovasculaires étaient la première cause de
mortalité chez les femmes, alors que leurs facteurs
La Lettre du Cardiologue • n° 417 - septembre 2008 | 11
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de risque et la gravité de la maladie sont identiques
à ceux des hommes. Un défaut de prise en charge
médicale des femmes avait été mis en avant, avec
une absence d’amélioration du pronostic au fil du
temps, contrairement à ce qui est observé chez les
hommes. Toutefois, les données les plus récentes du
registre français FAST-MI sembleraient enfin montrer
des progrès, avec une nette réduction de la mortalité
chez les femmes, celle-ci rejoignant celle des hommes.
La santé cardiovasculaire des femmes serait-elle enfin
mieux prise en charge ?
Trois études expérimentales originales ont été
présentées et ont illustré l’influence majeure du
sexe dans la pathologie cardiovasculaire. Dans un
modèle d’insuffisance cardiaque (souris transgénique surexprimant les récepteurs β2 adrénergiques),
Jérome Thireau (Montpellier) a mis en évidence
une mortalité, une hypertrophie myocardique et
une fibrose moindres chez les femelles, mais un
effet délétère de l’ovariectomie. Mathieu Chapolin
(Angers) a montré que les effets vasodilatateurs
des polyphénols du vin rouge étaient médiés par
les récepteurs aux estrogènes ERα, chez des souris
femelles ovariectomisées. En se focalisant sur le
cycle calcique intramyocytaire, Anna-Maria Gomez
(Montpellier) a fait apparaître des différences de
remodelage cardiaque en fonction du sexe chez
des souris obèses diabétiques (db/db), liées à une
moindre phosphorylation des récepteurs à la ryanodine du réticulum sarcoplasmique.
Jean-François Arnal (Toulouse) a présenté une mise
au point portant sur le rôle vasculaire des estrogènes, considérés de longue date comme protecteur.
En 2002, l’étude Women’s Health Initiative bouleversa cette certitude en raison de son constat d’une
augmentation du risque coronaire sous estrogénothérapie. Le risque n’est réel qu’en cas de traitement
commencé plus de 10 ans après la ménopause, et il
semble transitoire. Des études récentes ont permis
de mieux comprendre le rôle des différents domaines
des récepteurs ERα et β. Le domaine AF1 est nécessaire à la croissance des cellules cancéreuses (sein)
mais pas aux effets vasculaires des récepteurs, d’où
le développement d’agents spécifiques du domaine
AF2. Les récepteurs ERα médient l’effet vasculaire
athéroprotecteur des estrogènes (effet expérimentalement bien démontré et passant par l’endothélium),
mais ils ont aussi un effet ambivalent, pro-inflammatoire, par modulation de cibles du système
inflammatoire/immunitaire. L’hypothèse finalement
retenue est que les estrogènes pourraient avoir un
effet athéroprotecteur sur les artères “normales”,
mais aussi un effet délétère sur des artères athé-
12 | La Lettre du Cardiologue • n° 417 - septembre 2008 romateuses via cet effet pro-inflammatoire, ce qui
expliquerait un surrisque vasculaire (transitoire) de
l’estrogénothérapie.
La cardioprotection
après la reperfusion
Modérateurs : Christophe Piot (Montpellier)
et Bijan Ghaleh (Créteil)
Au décours d’un infarctus du myocarde, le pronostic
dépend directement de la taille de l’infarctus. Christophe Piot (Montpellier) a rappelé que la reperfusion
de l’artère coronaire obstruée, par fibrinolyse ou
angioplastie, doit être précoce et complète afin de
récupérer un flux épicardique normal. Cependant, à
la reperfusion, on observe des arythmies de reperfusion, de la sidération myocardique, des phénomènes
de no reflow et des lésions létales de reperfusion.
Des stratégies cardioprotectrices doivent donc être
adjointes à la reperfusion. À ce titre, le postconditionnement, décrit pour la première fois en 2003
comme étant une modulation de la reperfusion
coronaire, permet de réduire la taille de l’infarctus
en combattant les lésions de reperfusion. Le postconditionnement active la voie des RISK (reperfusion
induced salvage kinase) et empêche l’ouverture du
pore géant mitochondrial. D’un point de vue pharmacologique, l’EPO stimule également cette voie de
signalisation indépendamment de tout effet érythropoïétique, et la cyclosporine inhibe l’ouverture du
pore géant mitochondrial. Ces données ouvrent
la voie à de nouvelles stratégies dans la prise en
charge de l’infarctus à sa phase aiguë chez l’être
humain. Ludovic Gomez (Lyon) a montré chez des
souris transgéniques GSK3-bêta-S9A que la phosphorylation de la GSK3-bêta est indispensable pour
permettre au postcondition­nement d’induire un
état de cardioprotection via ­l’inhibition de l’ouverture du pore géant mitochondrial. Fatou Nsoure
(Créteil) a démontré que le chlorodiazépam, ligand
des récepteurs périphériques aux benzodiazépines,
inhibe également l’ouverture du pore géant mitochondrial. Vincent Braunersreuther (Genève) a
présenté les résultats de ses travaux, qui ont consisté
à bloquer les effets de la chémokine RANTES pendant
la reperfusion chez des souris Apo E-/-. Ce blocage a
eu une action anti-inflammatoire et a abouti à une
réduction de l’infiltration des leucocytes ainsi qu’à
une augmentation de l’expression des chémokines
CCL2 et CCL3. Enfin, d’un point de vue clinique, François Roubille (Montpellier) a montré que des facteurs
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de comorbidité, comme l’hypertension artérielle ou
certains traitements, pouvaient interférer avec les
mécanismes protecteurs du postconditionnement.
Thiénopyridines :
données cliniques récentes
et controverses
Modérateurs : Yves Gruel (Tours)
et Jean-Philippe Collet (Paris)
Gilles Lemesle (Lille) a fait état des résultats d’une
analyse portant sur une très large série de patients
ayant bénéficié d’une angioplastie élective et chez
lesquels une dose de charge de 600 mg de clopi­
dogrel a permis de réduite les événements cardiovasculaires graves postangioplastie par rapport à ce qui
est observé avec une dose de 300 mg. Sarah Cohen,
à partir d’une analyse portant sur une série de plus
de 3 000 patients ayant bénéficié d’une angioplastie
avec stent, a montré que le profil de sécurité des
stents actifs est très superposable à celui des stents
nus, une fois que l’on a ajusté, pour tous, les critères
cliniques et angiographiques.
Christian Gachet (Strasbourg) a fait le point sur
le concept de résistance aux thiénopyridines en
mettant en évidence le fait qu’il s’agit d’un concept
complexe dans lequel interviennent les doses de
thiénopyridines, les interactions médicamenteuses,
le profil génétique des patients et enfin la façon de
mesurer cette résistance elle-même. Il a bien insisté
sur le fait que cette résistance existait pour toutes
les thiénopyridines.
Jean-Philippe Collet (Paris) a démontré que la
résistance aux thiénopyridines est validée par des
preuves cliniques irréfutables quels que soient les
tests biologiques utilisés. Il a insisté sur le fait que
l’on pouvait s’en affranchir lors d’une angioplastie
grâce à de fortes doses de charge ou en utilisant des
thiénopyridines plus puissantes comme le prasugrel.
L’enjeu semble être la phase chronique du traitement. Enfin, les moyens de dépistage ont considérablement évolué et permettent d’effectuer des
tests au lit du patient tout en maintenant l’approche
pharmogénétique.
Yves Gruel (Tours) a insisté sur le fait que l’on ne
pouvait recommander cette recherche de façon systématique compte tenu du fait que la plupart des tests
nécessitent une validation clinique. En effet, ces tests
semblent valides lorsqu’ils sont utilisés pour mesurer
le même phénomène (l’agrégation plaquettaire) ;
en revanche, ils sont en général peu concordants
pour la définition d’une valeur seuil de réponse aux
antiagrégants.
Cette table ronde montre l’actualité de ce sujet en
pleine mutation, qui de surcroît concerne presque
un million de patients en France.
Un nombreux public pour la
consultation des posters.
Canal calcique,
histoire d’en RyR
Modérateurs : Guy Vassort (Montpellier)
et Éric Rousseau (Sherbrooke)
Il y a 40 ans, Guy Vassort et ses collègues démontraient l’existence d’un courant calcique participant
au décours du potentiel d’action cardiaque et jouant
un rôle déterminant dans l’activité contractile des
cellules cardiaques. Il y a 20 ans, Éric Rousseau
effectuait les premiers enregistrements électriques d’un canal calcique porté par la membrane
du réticulum sarcoplasmique et contribuait avec
ses collègues à identifier la nature moléculaire de
ce canal, le récepteur de la ryanodine (RyR). Lors
de cette session, Guy Vassort et Éric Rousseau nous
ont ainsi offert une remarquable page d’histoire de
l’électrophysiologie cardiaque, avec des présentations qui ont fourni l’occasion, en particulier aux
jeunes chercheurs présents, de bien comprendre
la démarche expérimentale et les hypothèses qui
leur ont permis d’aboutir à leur conclusions, parfois
contre des dogmes bien établis.
Au cours de la pathologie cardiaque, il est généralement admis qu’une élévation du calcium diastolique résulte d’une fuite de calcium par les RyR.
Frédéric Joubert (Châtenay-Malabry) a démontré
que, dans certaines conditions expérimentales, une
anomalie du métabolisme énergétique pouvait
générer une fuite calcique du réticulum sarcoplasmique par l’ATPase calcique SERCA. Leslie Audigane
(Nantes) a ensuite présenté ses travaux originaux
portant sur le rôle des récepteurs β3-adrénergiques
et la régulation du couplage excitation/contraction
cardiaque. La stimulation β3-adrénergique induit un
inotropisme négatif de la cellule cardiaque, opposé
à la stimulation β1-adrénergique, associé à un
raccourcissement de la durée du potentiel ­d’action
et à une diminution des transitoires calciques. Selon
l’orateur, les récepteurs β3-adrénergiques pourraient être une nouvelle cible antiarythmique dans
le cadre des pathologies cardiaques associées à une
élévation du tonus adrénergique. La session s’est
achevée par la communication de Larissa ­Lipskaia
(Paris), qui a démontré le rôle de l’homéostasie
La Lettre du Cardiologue • n° 417 - septembre 2008 | 13
ARRÊT CARDIAQUE
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calcique dans la prolifération des cellules musculaires lisses lors de la resténose. Larissa Lipskaia
a ainsi mis en évidence l’activation du facteur de
transcription NFAT (marqueur de la prolifération
cellulaire) par une entrée capacitive de calcium
stimulée par la déplétion des réservoirs calciques
(autrement dit du réticulum endoplasmique). Le
phénotype prolifératif de ces cellules vasculaires
est par ailleurs associé à un déficit d’expression
de l’ATPase calcique SERCA 2a. En surexprimant
SERCA 2a par voie adénovirale sur cellules prolifératives, il semble que les stocks calciques intracellulaires puissent être restaurés, et que l’influx
calcique capacitif et la prolifération des cellules
musculaires lisses puissent être inhibés. Ces résultats pourraient avoir des retombées intéressantes
dans le traitement de la resténose.
■
par minute au milieu
de la poitrine
Défibrillez
à l’aide d’un défibrillateur
automatisé externe si un
appareil est disponible à
proximité
FORMEZ-VOUS !
Chaque année en France, 50 000 personnes décèdent
d’un arrêt cardiaque, le plus souvent devant un témoin.
Sauver la vie d’un collègue, d’un parent, d’un passant
c’est possible à une condition : CONNAÎTRE LES GESTES
QUI SAUVENT.
Du 13 au 28 septembre, la Fédération Française
de Cardiologie et ses partenaires vous donnent
rendez-vous dans des centaines de villes en France pour
vous informer sur l’arrêt cardiaque et pour vous initier
aux gestes qui sauvent et à l’usage des défibrillateurs.
Pour en savoir plus : www.1vie3gestes.com
14 | La Lettre du Cardiologue • n° 417 - septembre 2008 Hommage à Ketty Schwartz
Le congrès de Montpellier a été
dédié à Ketty Schwartz, décédée
en décembre 2007. L’hommage a
été rendu par le Pr Jean-Jacques
Mercadier (Hôpital Bichat, Paris),
qui nous a présenté la femme, la chercheuse et
la directrice de laboratoire qui avait participé à la
création de l’institut de myologie à l’hôpital PitiéSalpêtrière, institut où étaient fortement impliqués
des chercheurs fondamentalistes et cliniciens.
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