coordonnée par
le Pr C. Le Feuvre
12 | La Lettre du Cardiologue • n° 417 - septembre 2008
congRès
Réunion
de risque et la gravité de la maladie sont identiques
à ceux des hommes. Un défaut de prise en charge
médicale des femmes avait été mis en avant, avec
une absence d’amélioration du pronostic au fil du
temps, contrairement à ce qui est observé chez les
hommes. Toutefois, les données les plus récentes du
registre français FAST-MI sembleraient enfin montrer
des progrès, avec une nette réduction de la mortalité
chez les femmes, celle-ci rejoignant celle des hommes.
La santé cardiovasculaire des femmes serait-elle enfin
mieux prise en charge ?
Trois études expérimentales originales ont été
présentées et ont illustré l’influence majeure du
sexe dans la pathologie cardiovasculaire. Dans un
modèle d’insuffisance cardiaque (souris transgé-
nique surexprimant les récepteurs β2 adrénergiques),
Jérome Thireau (Montpellier) a mis en évidence
une mortalité, une hypertrophie myocardique et
une fibrose moindres chez les femelles, mais un
effet délétère de l’ovariectomie. Mathieu Chapolin
(Angers) a montré que les effets vasodilatateurs
des polyphénols du vin rouge étaient médiés par
les récepteurs aux estrogènes ERα, chez des souris
femelles ovariectomisées. En se focalisant sur le
cycle calcique intramyocytaire, Anna-Maria Gomez
(Montpellier) a fait apparaître des différences de
remodelage cardiaque en fonction du sexe chez
des souris obèses diabétiques (db/db), liées à une
moindre phosphorylation des récepteurs à la ryano-
dine du réticulum sarcoplasmique.
Jean-François Arnal (Toulouse) a présenté une mise
au point portant sur le rôle vasculaire des estro-
gènes, considérés de longue date comme protecteur.
En 2002, l’étude Women’s Health Initiative boule-
versa cette certitude en raison de son constat d’une
augmentation du risque coronaire sous estrogéno-
thérapie. Le risque n’est réel qu’en cas de traitement
commencé plus de 10 ans après la ménopause, et il
semble transitoire. Des études récentes ont permis
de mieux comprendre le rôle des différents domaines
des récepteurs ERα et β. Le domaine AF1 est néces-
saire à la croissance des cellules cancéreuses (sein)
mais pas aux effets vasculaires des récepteurs, d’où
le développement d’agents spécifiques du domaine
AF2. Les récepteurs ERα médient l’effet vasculaire
athéroprotecteur des estrogènes (effet expérimenta-
lement bien démontré et passant par l’endothélium),
mais ils ont aussi un effet ambivalent, pro-inflam-
matoire, par modulation de cibles du système
inflammatoire/immunitaire. L’hypothèse finalement
retenue est que les estrogènes pourraient avoir un
effet athéroprotecteur sur les artères “normales”,
mais aussi un effet délétère sur des artères athé-
romateuses via cet effet pro-inflammatoire, ce qui
expliquerait un surrisque vasculaire (transitoire) de
l’estrogénothérapie.
La cardioprotection
après la reperfusion
Modérateurs : Christophe Piot (Montpellier)
et Bijan Ghaleh (Créteil)
Au décours d’un infarctus du myocarde, le pronostic
dépend directement de la taille de l’infarctus. Chris-
tophe Piot (Montpellier) a rappelé que la reperfusion
de l’artère coronaire obstruée, par fibrinolyse ou
angioplastie, doit être précoce et complète afin de
récupérer un flux épicardique normal. Cependant, à
la reperfusion, on observe des arythmies de reperfu-
sion, de la sidération myocardique, des phénomènes
de no reflow et des lésions létales de reperfusion.
Des stratégies cardioprotectrices doivent donc être
adjointes à la reperfusion. À ce titre, le postcondi-
tionnement, décrit pour la première fois en 2003
comme étant une modulation de la reperfusion
coronaire, permet de réduire la taille de l’infarctus
en combattant les lésions de reperfusion. Le post-
conditionnement active la voie des RISK (reperfusion
induced salvage kinase) et empêche l’ouverture du
pore géant mitochondrial. D’un point de vue phar-
macologique, l’EPO stimule également cette voie de
signalisation indépendamment de tout effet érythro-
poïétique, et la cyclosporine inhibe l’ouverture du
pore géant mitochondrial. Ces données ouvrent
la voie à de nouvelles stratégies dans la prise en
charge de l’infarctus à sa phase aiguë chez l’être
humain. Ludovic Gomez (Lyon) a montré chez des
souris transgéniques GSK3-bêta-S9A que la phos-
phorylation de la GSK3-bêta est indispensable pour
permettre au postcondition nement d’induire un
état de cardioprotection via l’inhibition de l’ouver-
ture du pore géant mitochondrial. Fatou Nsoure
(Créteil) a démontré que le chlorodiazépam, ligand
des récepteurs périphériques aux benzodiazépines,
inhibe également l’ouverture du pore géant mito-
chondrial. Vincent Braunersreuther (Genève) a
présenté les résultats de ses travaux, qui ont consisté
à bloquer les effets de la chémokine RANTES pendant
la reperfusion chez des souris Apo E-/-. Ce blocage a
eu une action anti-inflammatoire et a abouti à une
réduction de l’infiltration des leucocytes ainsi qu’à
une augmentation de l’expression des chémokines
CCL2 et CCL3. Enfin, d’un point de vue clinique, Fran-
çois Roubille (Montpellier) a montré que des facteurs