La Lettre du Cardiologue - Supplément au n° 351 - janvier 2002
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VENTRICULE DROIT
L’étude du ventricule droit en échographie cardiaque bénéficie
de modèles animaux et des techniques de quantification en dop-
pler tissulaire myocardique.
En expérimentation animale, un modèle d’hypertension artérielle
pulmonaire chez le rat est développé par injection de monocro-
taline (J. Jones, Boston, 1197). Les conséquences de l’élévation
progressive de la pression artérielle pulmonaire systolique (PAPS)
sur la fonction ventriculaire droite sont appréciées en échogra-
phie, de même que la mesure de la PAPS. Celle-ci peut être éva-
luée de façon fiable soit à partir du gradient de pression entre ven-
tricule et oreillette droite (quand elle excède 65 mmHg), soit à
partir du temps d’accélération du flux pulmonaire systolique
(quand elle est inférieure à 65 mmHg).
Toujours en expérimentation animale, une lésion directe du ven-
tricule droit est obtenue sans thoracotomie par contact cryogé-
nique transdiaphragmatique de la paroi libre du ventricule droit
(D.R. Zwas, Philadelphie, 2668). Grâce à des sondes phased-
array linéaires de 15 MHz, il était possible de détecter les consé-
quences (hypertrophie pariétale réactionnelle et dilatation du ven-
tricule droit) de ces lésions de la paroi libre ventriculaire droite
dont la surface moyenne n’était de que 3,6 mm2.
L’analyse de la fonction myocardique régionale du ventricule
droit bénéficie également de l’apport de l’imagerie doppler tis-
sulaire, ainsi qu’en témoignent deux études françaises :
– La première étude expérimentale, menée par F. Jamal (Lyon,
2049),démontre la précision des mesures de déformation du ven-
tricule droit (strain systolique) en les comparant aux calculs de
raccourcissement systolique obtenus par sonomicrométrie dans
un modèle de variations de charge par occlusion de la veine cave
inférieure et sténose pulmonaire partielle. Ces auteurs démon-
trent également la sensibilité des indices de fonction régionale
myocardique aux conditions de charge puisque la diminution
brutale de la précharge et l’augmentation de plus de 50 % de la
postcharge induisent une diminution importante du raccourcis-
sement systolique des fibres longitudinales du ventricule droit
(figure 5).
– La deuxième étude, de C. Selton-Suty (Nancy, 2038),est cli-
nique et s’intéresse aux patients en insuffisance cardiaque chez
lesquels on connaît la valeur pronostique de la fonction ventri-
culaire droite, laquelle est difficile à analyser par les méthodes
ultrasonores conventionnelles. Les auteurs analysent la fonction
myocardique régionale du ventricule droit en mesurant les vélo-
cités systoliques et diastoliques des parois latérale et septale. Ils
concluent à une bonne faisabilité des mesures de vélocités et à
une corrélation satisfaisante entre les valeurs de vélocités myo-
cardiques et les mesures de fraction d’éjection du ventricule droit
par méthodes isotopiques et techniques de thermodilution
(r = 0,71, p = 0,006).
La fonction ventriculaire droite est un déterminant important de
la capacité à l’exercice chez les patients en insuffisance cardiaque
chronique. Chez 111 patients avec une fraction d’éjection
moyenne de 35 %, la VO2max était corrélée significativement à
de nombreux paramètres (âge, fraction d’éjection du ventricule
gauche, fréquence cardiaque, remplissage ventriculaire gauche
et droit, fraction de raccourcissement de surface du ventricule
droit, vélocités de l’anneau mitral et tricuspide). Cependant, en
analyse multivariée, seuls le temps de décélération de l’onde pro-
todiastolique tricuspide et la fraction de raccourcissement de sur-
face du ventricule droit sont des facteurs prédictifs indépendants
du pic de VO2max (N.P. Nikitin, Kingston-upon-Hull, 2617).
VIABILITÉ : RESTE-T-IL UNE PLACE POUR L’ÉCHOGRAPHIE
DE STRESS ?
Le diagnostic de viabilité myocardique après infarctus du myo-
carde a des implications pronostiques et thérapeutiques impor-
tantes. L’échographie sous perfusion de dobutamine s’est affir-
mée comme une technique de référence. R. Senior et al.
(Middlesex,1595) ont évalué la combinaison des indices de fonc-
tion et de perfusion myocardique chez 98 patients au décours d’un
infarctus du myocarde par échographie de contraste (Optison)
associée à la perfusion de faibles doses de dobutamine. Alors que
la sensibilité de l’échographie conventionnelle n’était que de 59 %
pour le diagnostic de réserve contractile, la sensibilité de la com-
binaison de l’échographie sous dobutamine et de l’échographie
de contraste était de 81 %. Cette étude souligne l’urgence pour
les échographistes de pouvoir disposer de produits de contraste
permettant d’accéder à l’étude de la perfusion myocardique. En
effet, les résultats préliminaires mais spectaculaires de l’image-
rie en résonance magnétique nucléaire pourraient imposer cette
nouvelle modalité d’analyse comme la méthode de référence en
matière de diagnostic de viabilité (P.R. Schvatzman, Cleveland,
2526 ; B.L. Gerber, Baltimore, 2528 ; K.M. Choi, Chicago,
2529).
INVASION DES LABORATOIRES PAR LES OUTILS
NON INVASIFS OU L’ÉCHOGRAPHIE DU PETIT ANIMAL
Le développement de modèles de cardiomyopathies chez le rat
et la souris donne une place de choix à l’évaluation ultrasonore
de ces pathologies pour l’évaluation de la fonction ventriculaire
et de la fonction myocardique régionale. La quantification de la
fonction systolique par la mesure de la fraction d’éjection est limi-
ÉCHOGRAPHIE
Figure 5. Illustration du modèle de variation de pré- et postcharge du
ventricule droit et corrélations entre le raccourcissement systolique du
VD enregistré en sonomicrométrie (SS) et en DTI (εsys).