24 DOSSIER Qualité de vie >> DOSSIER Accompagner des patients perturbés Focus ... La détresse psychologique Pour mieux vivre avec sa maladie, le patient doit avoir des explications et des informations pour comprendre. L’équipe soignante est à même de lui apporter une aide morale et d’établir une bonne relation avec lui, mais également avec les proches pour conserver un bon équilibre psychologique. Les associations de patients sont également très utiles. La lutte contre le cancer gagne objectivement du terrain. Depuis 1991, la mortalité par cancer a fléchi, après avoir crue régulièrement depuis les années trente. Cette tendance se poursuit. Les hommes ont enfin comblé leur retard sur les femmes. Mais aujourd’hui, les patients osent réclamer davantage d’écoute et une meilleure qualité de vie. À côté des nouvelles thérapeutiques biologiques, on a évoqué lors de l’ASCO l’importance d’une prise en charge plus globale des patients, du rôle de l’environnement et des conséquences, notamment quand il s’agit de cancers touchant l’image corporelle et autour de la libido. Conséquences psychosociales Une étude présentée par S. Wolff, (Mehary Medical College) montre les conséquences psychosociales chez 1 020 patients âgés de 18 à 75 ans et ayant survécu au cancer. Cette étude a rapporté que : 70 % des sujets disent avoir souffert de dépression liée au cancer ; 53 % estiment que les difficultés psychologiques étaient plus difficiles à gérer que les problèmes physiques liés au cancer ; 49 % se plaignent de n’avoir pas trouvé d’aide ou d’écoute au sujet de leurs difficultés émotionnelles, financières ou sexuelles ; 32 % déclarent parler de cancer plusieurs fois par mois et 10 % tous les jours ; 40 % considèrent aujourd’hui encore que leur vie reste modifiée par le cancer ; enfin, 70 % pensent que leur médecin n’est pas capable de les aider dans tous ces problèmes non médicaux. Prostate et hormonothérapie Un ensemble de recommandations cliniques a été communiqué lors du congrès, afin d’optimiser l’hormonothérapie du cancer de la prostate chez les patients en situation de métastase, de réci- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 dive ou de progression. La réflexion s’est appuyée sur 16 études randomisées. La première recommandation formulée concerne le blocage androgénique par les anti-androgènes non stéroïdiens. Cette option thérapeutique peut être discutée dans une alternative thérapeutique avec l’orchidectomie et la castration médicale par les analogues de LH-RH. Ces antiandrogènes ont démontré un effet sur la survie identique à celui de ces deux dernières méthodes, avec des effets indésirables réduits, en particulier un moindre impact sur la libido. Plus de communication Le panel d’experts recommande aux patients qui souhaiteraient une approche plus agressive de discuter avec leur praticien un blocage complet androgénique associant les deux niveaux de traitement. Cette combinaison pourrait selon leur conclusion offrir un petit avantage de survie au prix cependant d’un risque plus élevé d’effets indésirables. Les patients sont encouragés à discuter et à choisir avec leur médecin quand commencer le traitement. Soit tôt, dès l’élévation des tests biologiques (hormonothérapie précoce) ou plus tard lors de l’apparition de symptômes (hormonothérapie différée). Il n’existe pas actuellement d’étude permettant de trancher entre ces deux attitudes en termes d’efficacité. Selon A. Loblaw (Toronto) ce pourrait même être “un mauvais service à rendre aux hommes que de commencer une hormonothérapie trop tôt”. Pour H. Scher (New York) « l’agressivité du cancer et les effets indésirables du traitement sont à mettre en équation par le patient et son praticien avant d’envisager une thérapeutique particulière… Si cette agressivité est évidente en cas de symptômes, le ratio risque/ bénéfice est plus difficile à estimer dans le cas d’un patient asymptomatique chez qui le taux croissant de PSA indique une progression de la maladie ». Afin d’éviter ou de retarder l’échappement hormonal, un nouveau concept pourrait être intéressant “l’hormonothérapie intermittente”. Il est actuellement testé en recherche clinique. C’est dans ce contexte qu’est saluée la démonstration de l’efficacité d’une chimiothérapie chez les patients en échappement hormonal. Deux larges études présentées mettent ainsi en évidence l’intérêt du docétaxel qui dans cette situation permet un allongement significatif de la survie, une amélioration symptomatique et une réduction des taux de PSA. Plusieurs milliers de patients pourraient en bénéficier chaque année en France. On le voit, dans les cancers nuisant à l’image de soi ou posant des problèmes de libido, les malades ont besoin d’un accompagnement adapté. C’est ainsi que le Pr Wolff a proposé que les oncologues bénéficient d’une formation spécifique leur permettant de mieux répondre aux attentes de leurs patients dans leurs aspects psychologiques, affectifs et sociaux. ALP D’après les comptes-rendus de la Lettre du cancérologue (Edimark)