CABINET Forum Med Suisse No45 6 novembre 2002 1077
de probabilité, confirmé par une FT4 basse. Le
traitement ne coûte pas cher du tout et améliore
très nettement la qualité de vie. Il ne faut pas
non plus oublier l’abus de stimulants et de
médicaments.
Fatigue et inappétence/perte de poids. Avant
de recourir à l’arsenal coûteux permettant
d’exclure une pathologie tumorale, il faut tout
d’abord exclure une dépression par une anam-
nèse consciencieuse (voir plus haut quatrième
étape). Le diagnostic d’une tumeur peut être
très simple (toucher rectal et PSA dans le car-
cinome de la prostate), mais la suite du dia-
gnostic («staging») et le traitement prennent
à tous les patients et à leurs proches, sans
exception, du temps, de l’énergie psychique et
de l’argent.
Somnolence diurne et trouble du sommeil. La
dépression, les troubles paniques et l’abus de
stimulants mis à part, il faut d’abord penser à
la fatigue diurne typique du syndrome des
apnées du sommeil (SAS). Le tableau 5 pré-
sente les symptômes les plus importants, et
les nouvelles publications sont innombrables
(littérature chez [7]). Comme le SAS est un fac-
teur incontesté d’accidents cérébro-vascu-
laires, le diagnostic par polysomnographie et
le traitement par CPAP à domicile, compliqué,
semblent justifiés.
La prévalence de la narcolepsie est de 0,1%.
Après son petit somme, le patient se sent frais
et dispos. Les cataplexies sont pathognomo-
niques: crises de quelques secondes d’atonie de
certains groupes musculaires, surtout au ni-
veau de la cuisse («lâchage») et de la mâchoire,
déclenchées par des émotions (souvent
joyeuses). Font également partie de ce tableau
clinique la paralysie du sommeil au réveil/à
l’endormissement, un sommeil nocturne per-
turbé et des hallucinations à la phase d’endor-
missement. Le travail de Mathis [8] donne de
précieuses informations.
Fatigue et troubles du comportement ali-
mentaire. L’anorexie (hypoglycémies) et la
boulimie avec ces crises («plenus venter non
studet libenter») peuvent rendre fatigué. Ces
deux maladies ont fortement augmenté ces der-
nières années (même chez les garçons!) [9]. Les
patients sont souvent amenés par leur mère
en raison d’une fatigue, et la famille ne réalise
souvent pas ce trouble du comportement ali-
mentaire.
Fatigue et dyspnée. La fatigue est l’un des
symptômes dominants de l’insuffisance car-
diaque chronique, avec débit cardiaque dimi-
nué. En plus du petit débit de l’insuffisance
cardiaque, il faut exclure une péricardite, une
valvulopathie mitrale ou aortique, une endo-
cardite, une cardiopathie coronaire et des
arythmies avec DC diminué.
Des étiologies pulmonaires peuvent elles
aussi entraîner une fatigue non négligeable:
bronchopneumopathie chronique obstructive,
asthme, hypertension artérielle pulmonaire,
pathologies pleurales et pneumopathies inter-
stitielles sont au premier plan.
Fatigue et symptômes neurologiques. Des
pathologies du SNC, mais aussi du système
nerveux périphérique, de la plaque musculaire
et du muscle lui-même peuvent provoquer une
fatigabilité et une faiblesse anormales. Meier en
donne un bon aperçu [10].
Huitième étape: la cause de la fatigue
n’a pas été découverte à l’anamnèse ni à
l’examen clinique: d’autres examens sont
indiqués
Il s’agit soit d’une dépression, soit d’un trouble
anxieux soit d’un stress.
Le patient est supposé ne prendre ni stimulants
ni médicaments. Il ne présente aucun symp-
tôme d’accompagnement. La souffrance du pa-
tient est importante et nous avons l’impression
qu’il est malade. Nous pouvons à bon droit de-
mander d’autres examens, relativement avan-
tageux (env. CHF 250.– au total) et susceptibles
d’avoir d’importantes conséquences:
1. Status sanguin et vitesse de sédimentation
2. TSH, et si pathologique FT4 et FT3
3. Glycémie, calcium, créatinine, potassium,
GPT et gamma-GT
4. Status des urines et des selles à la recherche
de sang occulte
5. Radiographie du thorax
Tableau 5. Symptômes importants dans le syndrome des apnées
du sommeil SAS.
De jour fatigue diurne/endormissement
céphalées matinales
problèmes de concentration et de mémoire
De nuit ronflement
épisodes d’apnée
sommeil «mauvais» agité
réveil avec peur d’étouffer