Table ronde sur les problèmes sanitaires posés par les transferts d'embryons

Rev. sci. tech. Off. int. Epiz.,
1985,
5 (1),
23-26.
Table ronde
sur
les problèmes sanitaires posés par les transferts
d'embryons
Rapport final
Paris,
9 décembre 1985
Résumé : Dans le cadre d'une table ronde qui s'est tenue à Paris sous
l'égide de l'OIE et de
l'IETS,
des experts ont d'abord rappelé les
techniques actuelles de transplantation d'embryons et les possibilités
qu'elles offrent pour la prophylaxie des maladies infectieuses. Les
experts insistent sur le fait que l'embryon représente en lui-même une
entité propre et dispose d'une capacité unique de résistance à l'infection.
Néanmoins, il convient d'adopter une démarche technique rigoureuse
pour éviter toutes sources de contamination des embryons par des agents
pathogènes au cours des manipulations. Des considérations techniques
et économiques sont données sur la pratique des exportations et
importations d'embryons à partir du Royaume-Uni et des Etats-Unis
vers une quinzaine de pays, notamment la France.
MOTS-CLÉS : Commerce international - Embryon - Méthodes
d'analyses - Réglementation - Compte rendu de réunion -
Transplantation - Vache.
Après avoir accueilli les participants de la Table Ronde, le Dr. L. Blajan,
Directeur Général de l'OIE, a souligné en introduction, la nécessaire adaptation
réciproque des contraintes sanitaires et des techniques biologiques nouvelles. Le
transfert embryonnaire chez les bovins en est sans nul doute une illustration
exemplaire.
Le Dr. Blajan a exprimé à cette occasion son appréciation pour le rôle
scientifique et éducatif de la Société Internationale de Transfert d'Embryons
(IETS) et en particulier celui de ses membres participant à cette Table Ronde,
comme en témoigne la lecture des manuscrits des exposés. Ceci concourra, en
pleine connaissance, à définir d'une façon réaliste et correcte les recommandations
de l'OIE en la matière.
Le Directeur Général a enfin insisté sur les encouragements très vifs que l'OIE
formule pour le développement actif des recherches sur ces thèmes, qu'il s'agisse
de procédures techniques, de nouvelles approches diagnostiques ou autres. Il
souhaite que de nombreuses agences y contribuent et que les rapports des résultats
des investigations soient régulièrement adressés à l'OIE.
24
Le Dr. J. Janssen et le Dr. M. Thibier ont été élus respectivement Président et
Rapporteur de la présente Table Ronde. La Liste des participants et l'Ordre du
jour figurent respectivement en Annexe du Rapport final en anglais (Rev. sci. tech.
Off. int. Epiz., 4 (4), 911-913
TRANSFERT D'EMBRYONS CHEZ LA VACHE :
TECHNIQUES GENERALES
Après avoir rappelé les diverses raisons classiquement invoquées du recours au
transfert embryonnaire, en particulier celles de nature génétique, l'auteur de cet
exposé introductif, le Dr.R.J.Mapletoft
s'est
attaché, à l'aide d'illustrations, à
préciser chacune des étapes successives de telles transplantations : de la
préparation au traitement des donneuses jusqu'à la remise en place des embryons
chez les receveuses, en passant par la technologie de conservation à température
ambiante, réfrigérée ou sous congélation des embryons. Le nombre d'étapes peut
varier selon le mode de conservation. Il peut être compris entre 5 et 8 environ ; or,
à chacune de ces étapes, le rendement des opérations est bien inférieur à 100 %.
Ceci explique le nombre actuellement réduit de produits de conceptions de
transfert par femelle donneuse (et par traitement). Celui-ci est de l'ordre de 2 à 3
veaux. Ces observations placent donc la technique de transfert embryonnaire dans
une situation de multiplication d'individus radicalement différente de celle de
l'insémination artificielle.
Pour le transfert embryonnaire, on peut espérer obtenir en moyenne par vache
donneuse et par an, 10 à 12 veaux. Cela n'a rien de commun avec l'IA grâce à
laquelle on peut préparer 300 à 500 doses de semence par éjaculat (soit 200 à 300
veaux environ) ou encore 30 000 doses de semence par taureau et par an.
L'auteur enfin a insisté sur le fait qu'au cours de cet ensemble de démarches, il
y avait une ou plusieurs étapes d'observation de l'embryon dans sa totalité. C'est là
sans nul doute une situation unique : pouvoir apprécier sur sa surface totale un
zygote, c'est-à-dire un individu dans son unicité.
POTENTIEL DU TRANSFERT EMBRYONNAIRE DANS
LA PROPHYLAXIE DE LA TRANSMISSION DES MALADIES
L'exposé du Dr. D.A. Stringfellow a logiquement fait suite à celui du Dr.
Mapletoft en démontrant que l'embryon représentait en lui-même une entité
propre. La discipline vétérinaire reconnait donc qu'il ne peut
s'agir
ni d'un animal
vivant, ni de semence mais bien d'une troisième entité distincte de ces dernières.
La démonstration de cette réalité a comporté successivement l'étude des
caractéristiques :
1) des agents pathogènes pour l'embryon (infectivité, virulence, inaptitude à
survivre, pathogénicité),
2) de l'hôte (caractéristiques biologiques et biochimiques de l'embryon),
3) de l'environnement.
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Un certain nombre de points forts se dégagent de cet exposé :
a) L'embryon par sa zone pellucide mais aussi par son trophectoderme a une
capacité de résistance à l'infection sans doute unique.
b) L'environnement de l'embryon est d'abord l'animal donneur : le couple
"utérus-individu" joue un rôle parallèle pour l'embryon vis-à-vis de
l'infection à celui du couple "individu-troupeau d'origine" dans le cas
d'animaux vivants. Or cet environnement de la donneuse est de courte
durée puisque l'embryon est quasiment toujours collecté 8 jours seulement
après qu'il ait été conçu.
c) La succession des étapes dans les techniques de transfert donne autant de
possibilités de vérification de l'absence d'agents pathogènes et de façon
cumulative.
Ceci conduit à une probabilité de contamination de l'embryon des plus
réduites, et à une possibilité de contrôle de façon répétée, garant de son efficacité.
METHODES DE MANIPULATION ET D'ANALYSES SANITAIRES
DES EMBRYONS
Les deux exposés suivants se sont efforcés de montrer, d'une part, la démarche
technique nécessaire et possible pour réduire quasiment totalement la probabilité
de transférer un embryon contaminé chez une receveuse et, d'autre part, les
possibilités de tests pour vérifier l'absence de tels agents pathogènes.
Le Dr. Elizabeth L. Singh tout d'abord a montré que l'étape principale pesant
sur la qualité sanitaire du transfert était constituée de la phase in vitro des
opérations, soit entre la collecte et le transfert. Il est donc d'emblée essentiel que
de telles manipulations s'effectuent dans un local adéquat, propre et indemne
d'agents contaminants. L'inspection des embryons est capitale et l'intégrité de la
zone pellucide doit être dans tous les cas respectée pour que la conservation et le
transfert soient envisagés.
La procédure de lavage est aussi très importante : dix lavages consécutifs
représentant autant de dilutions (de l'ordre de
1
/100 à chaque fois) constituent un
facteur de dilution tel qu'à elle seule celle-ci permet l'élimination de tout agent
initialement présent à des concentrations de 107 à 1010 par exemple. Il est en outre
possible d'effectuer des traitements spécifiques additionnels tels que la
trypsinisation.
Enfin, le milieu de collecte, voire les embryons dégénérés contemporains
peuvent constituer un milieu de choix pour connaître l'éventualité de la présence
d'un agent pathogène dans l'environnement de l'embryon. De façon optimale,
l'analyse doit être conduite dans les 24 heures, à défaut la congélation à - 70°C au
moins doit être envisagée.
Le Dr. M.J. van der Maaten a ensuite exposé, maladie par maladie, les valeurs
et limites des analyses biologiques possibles pour connaître l'éventualité de la
contamination des embryons. Il a, en particulier, souligné l'absence de confiance
aveugle dans les tests sérologiques sur la femelle donneuse, tant en raison des
erreurs par défaut que par excès, sans lien parfois avec la probabilité de la présence
de l'agent dans l'environnement embryonnaire. Il a rappelé qu'il n'existe aucune
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méthode parfaite et que les nouvelles techniques dites biotechnologiques
nécessitent encore d'être approfondies pour être utilisables à des fins
diagnostiques.
L'auteur de cette communication a donc conclu à l'intérêt qu'il voyait dans les
analyses se rapportant aux liquides de collecte et de manipulation des embryons
voire aux embryons dégénérés concommittants des embryons concernés. La
combinaison des techniques de manipulation des embryons, les règles exposées
précédemment et éventuellement les analyses sur le milieu environnant des
embryons à des fins de contrôle contribuent à réduire sans nul doute au minimum
le risque de contamination des femelles receveuses.
TEMOIGNAGE SUR LES EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS
D'EMBRYONS
Le Dr. G.D. Mahon a tout d'abord fait part de son importante expérience de
l'exportation d'embryons à partir du Royaume-Uni ou des Etats-Unis vers une
quinzaine de pays, ainsi que des échanges entre pays africains.
Il a montré le coût extrêmement élevé qui pouvait résulter d'exigences
sanitaires répétitives et injustifiées, portant sur les femelles donneuses et aussi, ce
qui est pire encore sur les géniteurs mâles, même hébergés dans des centres
d'insémination contrôlés régulièrement. Ceci a pu même conduire à enlever tout
intérêt économique à de telles opérations.
En somme, malgré la supériorité incontestable du transfert embryonnaire au
plan sanitaire sur tout autre mode d'échanges de gènes, de telles exigences
pourraient conduire à favoriser le commerce d'animaux vivants. Le paradoxe
auquel on aboutirait serait un non sens, et c'est pourquoi l'auteur
s'est
attaché à
démontrer l'intérêt des considérations économiques.
Le Dr. Thibier a enfin fait part de l'expérience française d'importation et de
transfert de 575 embryons américains congelés, issus de donneuses hébergeant
potentiellement du virus de la leucose bovine enzootique (LBE) et de 1TBR/IPV.
La France exigeait des conditions minimales sur les donneuses et l'existence en
sentinelle, sur son territoire d'ateliers de génisses receveuses isolées et non
vaccinées (sauf vis-à-vis de la fièvre aphteuse voire de la rage). Aucune des 575
receveuses n'a été l'objet de séroconversions vis-à-vis de la brucellose, de la LBE
et de l'IBR/IPV. Ceci, selon l'auteur, démontre la grande sécurité des transferts
embryonnaires au plan sanitaire et confirme pleinement le concept selon lequel le
transfert embryonnaire est le moyen le plusr d'échanges de gènes.
En conclusion, la spécificité du transfert embryonnaire par ses nombreuses
étapes successives, les caractéristiques de l'embryon lui conférant une entité
propre et les possibilités d'observation et de manipulation rigoureuse de ces
embryons, militent très fortement en faveur de la conception selon laquelle les
risques de contamination par de tels transferts d'embryons sont extrêmement
réduits. Les investigations expérimentales, quoique encore incomplètes, et
l'expérience de terrain confirment cette notion. Pour encore vouloir s'assurer du
respect des règles nécessaires et de l'absence d'éléments pathogènes accompagnant
les embryons, on peut désormais en priorité recommander que les diverses
analyses portent sur le milieu d'environnement des embryons : milieu de collecte,
de culture ou de conservation.
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