La Lettre du Cardiologue - n° 396 - juin 2006
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ainsi que la mise en évidence d’une hypertrophie régionale (api-
cale), de l’obstruction sous-aortique, du mouvement systolique
antérieur de la valve mitrale, des déformations myocardiques
réduites et de l’infiltration fibreuse, qui revêt une valeur pronos-
tique particulière (14). L’IRM permet également de suivre les
patients après ablation septale.
L’IRM représente une technique de choix pour l’exploration d’une
dysplasie arythmogène du VD (15). Elle révèle les infiltrations
graisseuses au niveau du myocarde VD sur les images pondérées
T1, les anomalies de cinétique VD en ciné-IRM, l’amincissement
pariétal du VD, les structures trabéculaires dysplasiques, les ané-
vrysmes sacculaires, ainsi que la fibrose sur les images tardives
après injection de gadolinium. Ces lésions sont particulièrement
fréquentes au niveau de l’infundibulum pulmonaire.
Dans les cardiomyopathies restrictives, l’infiltration du myocarde
par de la fibrose ou d’autres tissus peut se traduire par une fonc-
tion systolique et une cavité VG de taille normale, une dysfonc-
tion diastolique sévère et une dilatation biauriculaire. L’IRM per-
met la caractérisation tissulaire au cours de ces processus
pathologiques en mettant en évidence des granulomes sarcoïdo-
siques (hypersignal T2, hypersignal tardif après injection de gado-
linium), des rehaussements tardifs nodulaires de dépôts amy-
loïdes, un hyposignal T1 et T2 dans l’hémochromatose, associé
à un hyposignal hépatique marqué, ou une fibrose endomyocar-
dique.
CARDIOPATHIES VALVULAIRES
L’échocardiographie est la technique de référence. L’IRM per-
met de mesurer la surface aortique par planimétrie dans les sté-
noses aortiques, de mesurer la vitesse maximale du jet par
contraste de phase. Elle permet l’appréciation semi-quantitative
du volume d’une fuite mitrale ou aortique, en précisant son méca-
nisme.
ANGIOGRAPHIE NON INVASIVE
DES CORONAIRES PAR RÉSONANCE
MAGNÉTIQUE (ACRM)
La séquence acquiert un volume contenant plusieurs coupes d’en-
viron 1 mm d’épaisseur, sans espacement, et dont la résolution
spatiale est inframillimétrique. Il s’agit d’une séquence 3D ne
nécessitant pas l’injection d’agent de contraste. Le sang circu-
lant apparaît en hypersignal. Les images sont acquises en dias-
tole. La saturation de la graisse supprime l’hypersignal épicar-
dique et renforce ainsi le contraste entre l’artère coronaire et les
tissus environnants. Ce type de séquence ne peut être réalisé en
apnée. Une succession d’impulsions de radiofréquence permet
de détecter la position de la coupole diaphragmatique droite et
de synchroniser les acquisitions sur les mouvements respiratoires
(écho-navigateur), durant environ 5 à 15 mn pour chacune des
deux artères coronaires.
Dans le cadre d’une étude internationale, la valeur diagnostique
et la robustesse de l’ACRM ont été évaluées par comparaison à
l’angiographie conventionnelle pour la détection des sténoses
coronaires (16). La valeur prédictive négative pour éliminer une
lésion significative du tronc commun ou des lésions tritroncu-
laires est de 100 %. La valeur prédictive négative pour éliminer
toute pathologie coronaire est de 81 %. L’efficacité diagnostique
globale de l’IRM est de 72 %. Ces résultats encourageants sont
obtenus dans des centres experts et ne peuvent être extrapolés à
la pratique générale. Il est recommandé de réserver cette tech-
nique aux patients à risque faible ou modéré de présenter une
maladie coronaire, mais pour lesquels le diagnostic doit être
écarté. Enfin, un nombre important de patients coronariens sont
porteurs d’endoprothèses coronaires et ces résultats ne peuvent
s’appliquer à ce type de patients en raison des artéfacts de sus-
ceptibilité magnétique liés à la présence des stents. L’ACRM
représente, avec le scanner multibarrette, la technique de réfé-
rence pour la détection et le diagnostic des anomalies de nais-
sance des coronaires (17). Dans ce cadre, l’IRM permet de bien
préciser le trajet et les rapports anatomiques des artères coro-
naires anormales. L’IRM permet également de déterminer la per-
méabilité des pontages aorto-coronaires ou des pontages mam-
maires (18).
L’IRM cardiaque est désormais de réalisation simple et standar-
disée. À côté de l’imagerie morphologique, cette modalité joue
un rôle clinique de plus en plus important pour l’analyse du
muscle cardiaque (fonction, perfusion, viabilité) dans la prise en
charge des cardiopathies ischémiques et non ischémiques. ■
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MISE AU POINT
Figure 3. Patient présentant une myocardite. Images acquises 10’ après
injection i.v. de gadolinium. Les prises de contraste sont nodulaires, plu-
tôt vers le sous-épicarde, et prédominent sur la paroi inféro-latérale
(flèches).