Éditorial Vers de nouvelles approches diagnostiques et thérapeutiques des cancers thyroïdiens ? L e diagnostic du caractère bénin ou malin des nodules thyroïdiens reste, en 2010, une question centrale dans le traitement de cette pathologie fréquente. Des difficultés persistent pour trancher de façon formelle au cours des différentes étapes de la prise en charge du patient, que ce soit au moment de la découverte, pour porter une indication opératoire, ou lors de l’analyse histologique, pour décider de la nécessité d’un traitement complémentaire. Les nouvelles recommandations de la Société française d’endocrinologie pour la prise en charge du nodule thyroïdien sont l’occasion de faire le point sur les avancées dans le diagnostic. Hervé Monpeyssen, spécialiste reconnu de l’imagerie ultrasonore en pathologie thyroïdienne, nous détaille les aspects techniques, les différentes modalités et les applications de l’élastographie. Il ne fait pas de doute que les études prospectives à venir vont permettre de définir la place de l’élastographie dans la stratégie d’exploration du nodule thyroïdien, en complément de l’échographie conventionnelle et de la cytoponction. Cette technique apportera-t-elle une aide au clinicien dans la prise en charge des nodules difficiles à classer par le cytologiste ? Les difficultés dans la classification des nodules bénins et malins ne s’arrêtent pas à l’étape préchirurgicale. En effet, l’histologie est parfois prise en défaut, avec deux situations caricaturales : le carcinome vésiculaire et les tumeurs à potentiel de malignité incertain. Les techniques modernes de biologie moléculaire, en particulier l’étude du transcriptome par puces à ADN, sont des outils à évaluer en complément de l’histologie pour aider au diagnostic ou 192 définir le pronostic des tumeurs malignes. Frédérique Savagner fait le point sur les premières études ayant cherché à positionner cette technique dans le cadre de la pathologie thyroïdienne. L’interprétation des données du transcriptome semble supérieure à l’analyse histologique pour définir, parmi les carcinomes papillaires, des sous-groupes corrélant avec l’oncogène responsable de l’initiation de la tumeur. Il semble que le type d’anomalie moléculaire présente dans une tumeur soit un élément important pour prédire l’évolution clinicobiologique. Ces progrès de la classification des tumeurs pourraient également avoir à terme, des implications thérapeutiques. Un certain nombre de patients porteurs d’un cancer thyroïdien vont évoluer malgré le traitement conventionnel initial (thyroïdectomie totale et irathérapie). Il s’agit du groupe des tumeurs réfractaires pour lesquelles les anomalies moléculaires sont actuellement mieux connues. Frédéric Illouz nous rapporte les données des premiers essais thérapeutiques visant à inhiber de façon plus ou moins spécifique ces oncogènes, et met en lumière les molécules les plus prometteuses. Les corrélations entre une éventuelle inhibition de la croissance tumorale et les anomalies moléculaires sous-jacentes restent à réaliser dans les futurs protocoles. Cela est particulièrement important à garder à l’esprit en raison de données in vitro suggérant des effets paradoxaux d’activation de voies de signalisation avec certains de ces inhibiteurs. ■ Lionel Groussin APHP, service d’endocrinologie-métabolisme, hôpital Cochin, Paris. Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 7 - septembre 2010 Victoza