15th World Psychiatric Association Congress SUPPLÉMENT Buenos Aires, Argentine

le courrier du spécialiste
SUPPLÉMENT
Société éditrice : EDIMARK SAS
CPPAP : 0915 T 86854 – ISSN : 1774-0789
PÉRIODIQUE DE FORMATION
EN LANGUE FRANÇAISE
Sept.-déc. 2011
Suppl. 1 aux nos 5-6 - Vol. VII
Ce numéro a été réalisé avec
le soutien institutionnel des laboratoires
Attention, ceci est un compte-rendu de congrès et/ou un recueil de résumés de communications de congrès dont l’objectif est de
fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi, les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées
par les autorités de santé françaises et ne doivent donc pas être mises en pratique.
Compte-rendu d’après le e-journal
en direct du congrès
Retrouvez l’intégralité du journal en ligne
sur www.edimark.fr/ejournaux/WPA/2011
Buenos Aires, Argentine
18-22 septembre 2011
Coordinateur :
Christian Spadone
Comité éditorial :
Christophe Arbus
Michel Benoit
Vincent Camus
Caroline Debacq
Frédéric Limosin
Émile-Roger Lombertie
Jean-Albert Meynard
Philippe Nubukpo
Brigitte Rimlinger
Raymund Schwan
15th World Psychiatric
Association Congress
Supplément 1 aux nos 5-6 - Vol. VII
septembre-décembre 2011
Sommaire
Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson
Directeur scientifique : Pr C.S. Peretti (Paris)
Rédacteurs en chef : Pr P. Thomas (Lille) - Dr P. Nuss (Paris)
Comité de rédaction
Prs et Drs M. Abbar (Nîmes) - E. Bacon (Strasbourg)
R. de Beaurepaire (Paris) - M. Benoit (Nice) - O. Blin (Marseille)
P. Courtet (Montpellier) - P. Delbrouck (Saint-Nazaire)
N. Franck (Bron) - M. Godfryd (Étampes)
J.M. Havet (Reims) - P.M. Llorca (Clermont-Ferrand)
P.O. Mattei (Paris) - D. Servant (Lille)
F. Thibaut (Rouen) - B. Verrecchia (Paris)
Comité scientifique
Prs et Drs J.F. Allilaire, Paris (France)
C. Ballüs, Barcelone (Espagne) - H. Beckmann, Wurzbürg
(Allemagne) - G. Besançon, Nantes (France) - D. Clark, Oxford
(Grande-Bretagne) - G.B. Cassano, Pise (Italie) - L. Colonna,
Rouen (France) - J. Cottraux, Lyon (France) - J.M. Danion,
Strasbourg (France) - P. Dick, Genève (Suisse) - M. Escande,
Toulouse (France) - A. Feline, Paris (France) - M. Ferreri, Paris
(France) - R. Girard, Caen (France) - L. Gram, Odense (Danemark)
J.J. Kress, Rennes (France) - M. Lader, Londres (Grande-Bretagne)
M. Marie-Cardine, Lyon (France) - I. Marks, Londres
(Grande-Bretagne) - J. Mendlewicz, Bruxelles (Belgique)
D. Moussaoui, Casablanca (Maroc) - M. Murray, Londres
(Grande-Bretagne) - P.J. Parquet, Lille (France) - M. Patris,
Strasbourg (France) - G. Potkin, Irvine (États-Unis) - W.Z. Potter,
Washington (États-Unis) - C. Pull, Luxembourg (Grand-Duché)
G. Rudenko, Moscou (Russie) - B. Saletu, Vienne (Autriche)
D. Sechter, Besançon (France) - L. Singer, Strasbourg (France)
T. Uhde, Bethesda (États-Unis) - Van der Linden, Liège (Belgique)
A. Villeneuve, Québec (Canada)
Comité de lecture
Drs et Prs P. Alary (Saint-Lô) - D. Barbier (Avignon)
F.J. Baylé (Paris) - N. Bazin (Versailles) - P. Fossati (Paris)
P. Hardy (Paris) - E. Hoffmann (Strasbourg) - J.P. Kahn (Nancy)
C. Lançon (Marseille) - M. Leboyer (Créteil) - P. Martin (Paris)
J. Naudin (Marseille) - P. Robert (Nice) - P. Salame (Strasbourg)
G. Schmit (Reims) - J.L. Senon (Poitiers) - H. Verdoux (Bordeaux)
J.P. Vignat (Lyon) - M.A. Wolf (Montréal)
Société éditrice : EDIMARK SAS
Président-directeur général : Claudie Damour-Terrasson
Rédaction
Secrétaire générale de la rédaction : Magali Pelleau
Première secrétaire de rédaction : Laurence Ménardais
Secrétaire de rédaction : Anne Desmortier
Rédacteurs-réviseurs : Cécile Clerc, Sylvie Duverger,
Muriel Lejeune, Philippe-André Lorin, Odile Prébin
Infographie
Premier rédacteur graphiste : Didier Arnoult
Rédacteurs graphistes : Mathilde Aimée, Christine Brianchon,
Sébastien Chevalier, Virginie Malicot, Rémy Tranchant
Infographiste multimédia : Christelle Ochin
Dessinatrice d’exécution : Stéphanie Dairain
Responsable numérique : Rémi Godard
Commercial
Directeur du développement commercial
Sophia Huleux-Netchevitch
Directeur des ventes : Chantal Géribi
Directeur d’unité : Béatrice Malka
Régie publicitaire et annonces professionnelles
Valérie Glatin
Tél. : 01 46 67 62 77 – Fax : 01 46 67 63 10
Responsable du service abonnements :
Badia Mansouri
Tél. : 01 46 67 62 74 – Fax : 01 46 67 63 09
2, rue Sainte-Marie - 92418 Courbevoie Cedex
Tél. : 01 46 67 63 00 – Fax : 01 46 67 63 10
Site Internet : www.edimark.fr
Adhérent au SPEPS
Revue indexée dans la base PASCAL (INIST-CNRS)
Photographies : © Grafissimo (couverture) et tous droits réservés.
ÉDITORIAL 3
La psychiatrie française au congrès de la World Psychiatric Association
ÉPIDÉMIOLOGIE, CLASSIFICATIONS 3
Interviews - Évolution des classifications en psychiatrieApproche dimensionnelle
et transnosographique dans le DSM-VDonnées épidémiologiques en santé
mentale dans le monde
Brèves - Une nécessité de modernisation de l’épidémiologie Le poids
dudéterminant génétique dans la pathologie mentale selon Kenneth Kendler
TROUBLES DE L’HUMEUR 6
Brèves - Épisode dépressif majeur : les recommandations du
Canadian Network
forMood and Anxiety Treatment
(CANMAT) Traitement des dépressions sévères
Interview - Troubles dépressifs majeurs
ADDICTIONS 8
Interview - Addiction et dysfonctionnement du système de récompense
Brève - FIRESIDE ou la pertinence d’une prise en charge simultanée
delacomorbidité alcool-dépression
SUJETS ÂGÉS 9
Interviews - Les traitements médicamenteux dans la maladie d’Alzheimer
Prévention du suicide chez le sujet âgé
THÉRAPEUTIQUE 11
Interviews - Une intervention précoce bénéfique dans l’ensemble des maladies
mentales La psychanalyse dans la prise en charge de l’anorexie mentale
Brève - Quelles preuves d’efficacité des thérapies psychodynamiques ?
Les articles publiés dans
La Lettre du Psychiatre
le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays.
© mars 2005 - EDIMARK SAS - Dépôt légal : à parution.
Imprimé en France - Axiom Graphic SAS - 95830 Cormeilles-en-Vexin
La Lettre du Psychiatre Supplément 1 aux nos 5-6 - vol. VII - septembre-décembre 2011 | 3
La psychiatrie
française au
congrès de la
World Psychia-
tric Association
La participation au 15econgrès de l’Association
mondiale de psychiatrie (WPA) nous a suffi-
samment éloignés des lieux de notre pratique
quotidienne pour que nous appréhendions de
manière un peu différente la psychiatrie fran-
çaise, sa place et son influence dans le concert
des nations de la psychiatrie…
On peut s’interroger sur ce que la psychiatrie
française donne à voir de son identité, à travers
sa représentativité dans les instances de la
WPA, ou dans sa contribution aux travaux du
congrès. La remise, lors de chaque congrès de
la WPA, d’un prix Jean Delay, que Mario Maj,
actuel président de l’association, a décrit comme
l’équivalent d’un prix Nobel de psychiatrie (remis
cette année à Kenneth Kendler), garantit pour
longtemps une référence à la contribution fran-
çaise initiale qui présida à la création, en1950,
de l’Association mondiale de psychiatrie.
Mais, à côté de cette référence historique, l’obser-
vation des instances de la WPA donne une autre
image de la place de la psychiatrie française
en son sein. En effet, alors que les statuts ne
reconnaissent la possibilité pour un pays d’être
représenté que par une société membre (les
autres associations ou sociétés savantes du
pays pouvant adhérer en qualité d’associations
affiliées), et que la grande majorité des pays
sont représentés par leur association ou collège
professionnel national et quelques autres (Argen-
tine, Brésil, Grèce, Mexique, Portugal, Roumanie,
Espagne, Arabie saoudite, Turquie, Russie…) par
2 ou 3sociétés membres, la France est le seul
pays à revendiquer 6sociétés membres, pour la
plupart d’obédience syndicale.
Voilà qui semble être l’expression d’une
culture bien française, qui tend à confondre
représentation professionnelle (qui viserait à
promouvoir des connaissances et des pratiques
nouvelles) et représentation syndicale (qui
a pour objectif de défendre les droits et les
intérêts d’un groupe).
S’il n’était question que de la visibilité de la
psychiatrie française au sein des instances
internationales, on pourrait se dire que la
question est dépassée, le temps d’une certaine
influence de la psychiatrie française étant
maintenant révolu. Pourtant, cette réalité
a des conséquences plus lourdes : celles du
défaut de représentation collective dont fait
preuve également notre discipline au niveau
national, en particulier lors de la discussion
des textes de loi.
Il y a pourtant un espoir : selon la loi Hôpital,
patients, santé, territoires (HPST), chaque disci-
pline médicale peut se constituer en collège
disciplinaire unique, au sein de la Fédération
des spécialités médicales (FSM). Cette évolution
est une opportunité majeure pour la psychia-
trie de faire reconnaître le bien-fondé de ses
pratiques de soins et le caractère innovant de
ses modalités d’organisation, en constituant
un collège de spécialité qui associe l’ensemble
des acteurs, des praticiens de tous types d’exer-
cice (public, privé, associatif et universitaire) et
des sociétés savantes. Un tel collège pourrait
rendre, demain, plus intelligible la voix de la
psychiatrie française au niveau national, mais
aussi au niveau international.
ÉDITORIAL
Pr V. Camus
(Tours)
Buenos Aires, Argentine, 18-22 septembre 2011
Évolution
desclassifications
enpsychiatrie
(Keynote lecture 1)
Que retenir de la commu-
nication de N.Sartorius
(“Classifications and
diagnostic systems in
psychiatry: our heritage
and our future”, keynote
lecture 1)
sur l’évolution
des classifications et des
moyens diagnostiques en
psychiatrie ?
D’une manière générale, les classifications
sont le reflet du savoir de l’époque, ce qui
explique qu’elles soient amenées à constam-
ment se modifier en fonction de l’évolution des
connaissances cliniques et scientifiques, et de
la société dans ses dimensions à la fois sociales
et culturelles. N.Sartorius a rappelé que le
niveau de connaissance en psychiatrie demeure
limité. Les attentes vis-à-vis des classifications
sont très variées, selon qu’elles émanent des
patients, des soignants, des chercheurs ou
qu’elles correspondent à des exigences du
moment (attentes d’ordre politique, relatives
à l’assurance-maladie, voire attentes juridiques,
etc.).
Les classifications actuelles posent des
problèmes complexes : ainsi, la CIM-10 est
construite selon 6axes et, par exemple, le stress
post-traumatique fait référence à une causalité,
l’abus de substance à un produit et les troubles
de l’humeur à une symptomatologie. L’évolution
à venir dans le DSM-V et la CIM-11 posera des
difficultés de mise en application, qu’il s’agisse
de la formation nécessaire à leur utilisation ou
des attentes spécifiques de chaque utilisateur.
Y a-t-il un besoin de simplification et d’har-
monisation ?
Effectivement, N. Sartorius plaide pour des outils
à la fois pratiques et universels. Les classifications
doivent évidemment servir de base commune au
diagnostic, à l’enseignement et à la recherche. Mais
elles sont aussi le support de la relation entre le
psychiatre, son patient et la société, et un moyen de
déstigmatisation du patient. Une des difficultés du
développement de nouvelles classifications réside
dans le fait que ces dernières doivent s’appuyer
sur des données certes nouvelles, mais acquises
en se fondant sur des classifications existantes,
ce qui ajoute à la complexité de leur évolution.
Pr R. Schwan
(Nancy)
Dr É.R. Lombertie
(Limoges)
INTERVIEW
Épidémiologie, classifications
15th World Psychiatric
Association Congress
4 | La Lettre du Psychiatre Supplément 1 aux nos 5-6 - vol. VII - septembre-décembre 2011
Buenos Aires, Argentine, 18-22 septembre 2011
Épidémiologie, classifications
Approche
dimensionnelle
ettrans-
nosographique
dans le DSM-V
(Regular symposium 10)
Que peut-on retenir de la session
(regular
symposium 10)
consacrée aux nouvelles
approches développées dans le DSM-V ?
Dans une première communication, D. Regier,
après avoir rappelé l’historique des différentes
visions du DSM et les grands principes ayant
présidé à l’élaboration de ces classifications, a
présenté l’état d’avancement du DSM-V, dans
lequel de nouveaux paradigmes émergent, comme
la prise en compte de dimensions transnosogra-
phiques et celle des “spectres” syndromiques,
ou encore le renforcement de la notion de seuil
diagnostique. Fait intéressant, les experts actuel-
lement en charge de l’élaboration du DSM-V
émettent le souhait d’une classification unique
et commune à l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) et à l’American Psychiatric Association
(APA) : les futurs DSM-V et CIM-11 seraient donc
les dernières versions distinctes
(figure)
.
D. Shaffer a résumé les 3 objectifs principaux du
DSM-V :
renforcer la pertinence diagnostique et
permettre de mieux orienter les choix thérapeu-
tiques ;
résoudre les problèmes posés par le DSM-IV
(nombre important de troubles “non spécifiés”,
prise en compte insuffisante des comorbidités) ;
développer l’approche dimensionnelle.
Dans le domaine de la pédopsychiatrie, il a
rappelé les 3principales dimensions à explorer
chez l’enfant et l’adolescent (anxiété, dépression
et colère), et 3 autres également importantes :
l’inattention, l’irritabilité et les symptômes
obsessionnels. Il a insisté sur l’importance de
l’évaluation du risque suicidaire chez l’ado-
lescent, permettant d’améliorer les stratégies de
prévention. Il a enfin souligné qu’il est capital
de tenir compte chez ces enfants/adolescents
des facteurs de risque environnementaux et/ou
neurodéveloppementaux (carences affectives
précoces, pathologies obstétricales, etc.).
Quelle place pour la définition de la schizo-
phrénie dans ces futures recommandations ?
W.T. Carpenter propose de supprimer le sous-
type catatonique de schizophrénie, puisque la
catatonie est essentiellement rencontrée dans
les troubles de l’humeur. Il pose la question de
l’intérêt du maintien des troubles schizoaffec-
tifs, tout en insistant sur la nécessité de mieux
repérer les symptômes affectifs chez nos patients
schizophrènes. La schizophrénie deviendrait une
“classe nosologique”, déclinée en sous-types
étiologiques, et le syndrome APS
(Attenuated
Psychotic Symptoms
, ou syndrome psychotique
atténué) remplacerait la personnalité schizo-
typique.
W. Narrow a abordé les notions de handicap et de
souffrance induits, en soulignant les insuffisances
de l’échelle globale de fonctionnement (EGF) ; il
recommande de privilégier les concepts de l’OMS
sur ces aspects.
Une question essentielle se pose : quel va être
l’effet épidémiologique de ce changement de
classification en termes de taux de prévalence ?
Même si l’on peut s’attendre à des modifications
sensibles, il sera difficile de les démontrer. Pour
mémoire, les profonds remaniements du DSM-IV
n’ont pas donné lieu à une évaluation générale
de son impact sur l’épidémiologie des principales
pathologies psychiatriques
(tableau)
.
Pr F. Limosin
(Issy-les-Moulineaux)
INTERVIEW
DSM-I
Étiologie présumée
DSM-II
Glossaire et
définitions
DSM-III
– Changement de paradigme
– Critères explicites
– Priorité à la fiabilité (interjuge)
plutôt qu’à la validité
DSM-V
– Changement
de paradigme
– Prise en considération
de la dimension
– Notion de spectre
de maladies
DSM-IV
Nécessite la présence
d’une souffrance
significative
ou d’un handicap
DSM-III-R
– Critères élargis
– Approche hiérarchique
Figure. Évolution conceptuelle du DSM.
Tableau. Résumé des principales évolutions des DSM-III, -IV et -V.
DSM-III A introduit des critères diagnostiques explicites
DSM-III R Accent mis sur la nécessité de mieux hiérarchiser les critères
DSM-IV Introduction des notions de handicap, de dysfonctionnement et de souffrance
induits
DSM-V Nouveaux paradigmes : “spectres”, approche dimensionnelle et transnoso-
graphique
Approche plus étiologique du fait du recours aux données des neurosciences
15th World Psychiatric
Association Congress
La Lettre du Psychiatre Supplément 1 aux nos 5-6 - vol. VII - septembre-décembre 2011 | 5
Données
épidémiologiques
en santé mentale
dans le monde
Vous êtes présidente de
la section Épidémiologie
et santé publique de l’Association mondiale
de psychiatrie ; en quoi celle-ci consiste-
t-elle ?
Notre section est composée pour moitié de
psychiatres internationaux, pour moitié d’épidémio-
logistes et de psychologues. Notre activité porte sur
de nombreux pays, ce qui permet d’envisager des
enquêtes de grande envergure sur la santé mentale.
Lors de notre prochain congrès à São Paulo
(
WPAEI-WPA Section on epidemiology and public
health
, du 14 au 17 mars 2012), nous aborderons
la violence, l’urbanisation et la santé mentale.
Nous y présenterons par exemple nos travaux
sur l’incidence de la schizophrénie, qui paraît
plus élevée dans les milieux urbains que ruraux
(
odds-ratio
[OR] de 2 à 3). Cette différence est
illustrée par des données établies dans plusieurs
pays du monde, qui montrent l’importance, dans
le développement d’une schizophrénie, du lieu
où se trouve l’enfant durant la période éducative.
Ces données ouvrent une porte aux échanges
et aux recherches sur les éléments de l’enfance
susceptibles de favoriser la prévalence de troubles
psychotiques dans ces 2 milieux.
Nous aborderons également lors de ce congrès
les problèmes de violence conjugale.
Vos recherches concernent la santé
humaine tous âges confondus ?
Oui, bien sûr ; nous avons réalisé une grande
enquête européenne sur la santé mentale des
enfants entre 6 et 11ans, dont le pilote fut réalisé
en région PACA
(Shojaei T et al. J Dev Behav
Pediatr 2009;30[4]:300-9)
.
Les résultats de cette enquête portant sur
10 000enfants à travers l’Europe seront présentés
à São Paulo. Questionnaires et interrogatoires
auprès des enfants ou des enseignants ont permis
d’établir une comparaison européenne de leur
santé mentale, de leurs facteurs de risque et de
leur accès au soin selon les pays.
Pr V. Kovess-
Masfety (Paris)
INTERVIEW
Une nécessité de modernisation
de l’épidémiologie
(Kessler RC, keynote lecture 9)
L’épidémiologie doit évoluer, se moder-
niser. C’est là le message principal de
R.C.Kessler, qui reprend dans les grandes
lignes la méthodologie et quelques résul-
tats de la
World Mental Health Survey
(WMH), enquête mondiale sur la santé
mentale menée sous l’égide de l’OMS.
L’utilisation d’une méthodologie commune
dans 28pays dans le monde a permis
d’effectuer des comparaisons internatio-
nales normalisées de la prévalence des
principaux troubles psychiatriques. Cette
méthodologie repose sur l’évaluation des
échantillons aléatoires nationaux, utilisant
un outil diagnostique validé unique, le
World Mental Health Composite Inter-
national Diagnostic Interview
(WMH-
CIDI-2000).
R.C. Kessler rappelle que les troubles
mentaux les plus sérieux commencent
dans l’enfance et l’adolescence : au départ
peu sévères, ils s’aggravent au cours de
la vie pour devenir réellement invalidants.
Les traitements restent peu efficaces, et
les délais d’action sont un frein important
à l’alliance thérapeutique. L’implication
majeure de ces résultats est la nécessité de
développer les programmes de dépistage
dans les tranches d’âge les plus jeunes,
et des programmes de prises en charge
individualisées.
Il évoque le futur de l’épidémiologie en
santé mentale, en proposant le dévelop-
pement d’études longitudinales, cliniques
ou en population générale, utilisant les
nouvelles technologies de la communica-
tion (Internet, smartphones), et l’instaura-
tion d’études d’épidémiologie génétique
couplées à des évaluations neurobio-
logiques et neuropsychologiques. Enfin,
il souligne que l’expérience au quotidien
(natural experiments)
doit être mieux
évaluée dans sa capacité à influencer le
développement et l’évolution des mala-
dies mentales, et que l’épidémiologie de
demain devra expliquer avec plus de préci-
sion les effets des facteurs de risque ou
des facteurs protecteurs chez les individus.
La phase purement descriptive de l’épi-
démiologie doit être dépassée (mais non
remplacée) par une nouvelle génération
d’études analytiques et expérimentales.
Christophe Arbus
Le poids du déterminant
génétique dans la pathologie
mentale selon Kenneth Kendler
Lors de la remise du prix Jean Delay, dans
une intervention argumentée autour de
6questions successives étayées par les
résultats de travaux menés en collaboration
avec de nombreuses équipes internatio-
nale, K. Kendler s’est attaché à démontrer :
•
qu’il existe des déterminants génétiques
au risque de survenue des pathologies
psychiatriques ;
•
que ces déterminants génétiques
concer nent autant certaines pathologies
de l’axe I que des diagnostics de l’axeII ;
•
que l’effet de la vulnérabilité génétique
est tempéré ou renforcé par des conditions
environnementales (exposition à certains
Brèves //
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !