Conf. OIE 1998
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3. AMÉLIORATION DU DIAGNOSTIC
Séquençage des nucléotides. Cette technique est aujourd’hui couramment employée pour caractériser les souches ou
les variants d’un agent pathogène. Les informations ainsi obtenues peuvent être essentielles pour retrouver la source de
l’infection (voir ci-après). Bien que rarement utilisée pour le diagnostic primaire, cette approche est appliquée à des fins
diagnostiques pour l’identification positive des souches hautement pathogènes d’influenza aviaire, dans lesquelles une
séquence particulière codant pour une chaîne d’acides aminés essentiels détermine l’aptitude au clivage de
l’hémagglutinine, associée à la pathogénicité chez les poulets.
Hybridation/amplification en chaîne par polymérase. La spécificité de l’appariement des bases entre les deux brins
complémentaires d’un acide nucléique est le fondement de toutes les méthodes diagnostiques faisant appel à
l’hybridation sous une forme ou une autre. Un signal d’hybridation positif indique la fixation d’une sonde marquée à un
acide nucléique homologue caractéristique de l’agent pathogène étudié, alors qu’en cas de non appariement de
séquences, faute d’agent pathogène ou d’homologie suffisante, on n’obtient aucun signal. La spécificité de la PCR est
également dépendante de l’homologie des séquences nucléotidiques puisque les séquences des amorces
oligonucléotidiques sont conçues pour s’hybrider uniquement à certaines parties sélectionnées du génome de l’agent
pathogène cible. La PCR est beaucoup plus sensible que la simple hybridation car le signal de sortie est très amplifié
par de multiples cycles de synthèse de l’ADN in vitro. La PCR peut être utilisée pour une détermination quantitative
afin d’estimer avec exactitude le nombre de génomes pathogènes dans le prélèvement. Ces principes de diagnostic
reposant sur les acides nucléiques seront illustrés par des exemples utilisant des morbillivirus et le virus de la maladie
de Marek.
Antigènes exprimés. Les antigènes d’agents pathogènes codés par des gènes clonés et exprimés par des organismes
génétiquement modifiés (Escherichia coli, levures, baculovirus par exemple) présentent plusieurs avantages par rapport
aux agents pathogènes entiers inactivés, pour la mise au point d’épreuves diagnostiques sensibles, spécifiques et sans
risques. Le premier de ces avantages est la «sensibilité» conférée par le fait qu’une protéine recombinante est un
antigène pur et défini qui peut être incorporé quantitativement dans le test. Cette méthode apporte également la
«spécificité» car tous les autres antigènes susceptibles de provoquer une réaction croisée avec les anticorps sériques
cibles peuvent être éliminés. Par ailleurs ces antigènes sont sans danger car aucun agent pathogène infectieux n’est
employé à aucun stade de la préparation du test. Parmi les exemples, on peut citer l’un des antigènes de nucléocapside
(VP7) des orbivirus qui a été utilisé dans les dosages ELISA (dosages immuno-enzymatiques) destinés à identifier les
espèces virales (sérogroupes), et l’antigène 3ABC du virus de la fièvre aphteuse. Cette approche est utilisée
actuellement pour mettre au point des tests visant à différencier les animaux vaccinés et infectés.
Anticorps monoclonaux. Les anticorps monoclonaux ont de nombreux avantages par rapport aux sérums polyclonaux
classiques dans la préparation des épreuves diagnostiques. Ils possèdent une spécificité définie vis-à-vis d’un
déterminant antigénique connu et, en tant que tel, peuvent être sélectionnés pour leur spécificité de groupe, de type ou
de sous-type. Les anticorps monoclonaux peuvent être produits indéfiniment en culture, représentant ainsi une source
illimitée et invariable de réactif. Cet avantage permet à tous les laboratoires de disposer du même réactif, de sorte que la
standardisation et l’harmonisation internationales des contrôles utilisés à l’importation et à l’exportation sont devenus
des objectifs réalistes. L’utilisation des anticorps monoclonaux sera illustrée par une méthode ELISA de compétition
appliquée à la peste bovine et au diagnostic différentiel de la maladie hémorragique épizootique des cervidés et de la
fièvre catarrhale du mouton.
4. PROGRÈS ET INNOVATIONS DANS LE DOMAINE DES VACCINS
Atténuation contrôlée. Le développement de nombreux vaccins reposait jadis sur l’atténuation empirique d’un agent
pathogène, généralement par passages en série sur un hôte non naturel ou sur des cultures tissulaires. Les techniques de
génétique moléculaire peuvent être employées pour obtenir la délétion spécifique des gènes dont dépendent les
caractères pathogènes ou qui déterminent des fonctions enzymatiques non essentielles mais confèrent des
caractéristiques de croissance avantageuses, afin de produire des formes atténuées de l’agent pathogène pour la
préparation de vaccins. L’un des premiers exemples de cette approche était le virus de la pseudorage porteur d’une
délétion du gène de la thymidine kinase (TK), utilisé comme vaccin contre la maladie d’Aujeszky. Plusieurs virus de la
pseudorage génétiquement modifiés ont été produits depuis lors pour servir de vaccins. Les équivalents bactériens de
l’herpèsvirus ou du virus de la variole TK- sont les mutants AroA- de Salmonella, qui sont dénués de virulence et
pourraient être des vaccins intéressants. La délétion sélective des gènes qui codent pour des caractères pathogènes,
plutôt qu’uniquement pour des caractéristiques de croissance, permettra peut-être d’obtenir un jour un nouvel ensemble
de souches vaccinales atténuées.