« palais », « arcs », « murs » dont la succession va en ordre décroissant : du bâtiment
grandiose « palais » à la ruine « murs ».
- on peut constater qu’à la quête active « cherches » au vers 1 succèdent deux
verbes de perception « aperçois » et « vois » à la rime des vers 2 et 3, indiquant le constat
déçu du « nouveau venu »
c) la ruine de Rome
- Le mot « Rien » est mis en relief à l’initiale du vers 2 : la Rome antique n’existe
plus.
- le dernier vers du quatrain reprend cette idée : Rome n’est plus que ruines « C’est
ce que Rome on nomme », constat mis en évidence par le gallicisme « c’est ce que » et par
l’homéotéleute en om
d) le jeu des sonorités : la répétition du nom « Rome », de l’expression « Rome en
Rome », les allitérations des nasales : « Nouveau venu », « Rome », « n’aperçois »,
« murs », « nomme » , les allitérations de la vibrante « r » : « cherches », « Rome »,
« rien », « n’aperçois », « arcs », « murs » donnent un effet de rythme incantatoire,
soulignant la mélancolie du poète, son regret d’une Rome disparue.
L'homéotéleute (substantif féminin), du grec homoios ("semblable") et teleutê
("fin") est une figure de style qui consiste en la répétition d'une ou de plusieurs syllabes
finales homophones soit de mots, de vers ou de phrase : « Rome on nomme »
INCANTATION, subst. fém.
1. Formule magique (récitée, psalmodiée ou chantée, accompagnée de gestes
rituels) qui, à condition qu'on en respecte la teneur, est censée agir sur les esprits
surnaturels ou, suivant les cas, enchanter un être vivant ou un objet (opérée par un
enchanteur ou un sorcier, et qui a un caractère soit bénéfique soit maléfique).
2. Par analogie : Tout ce qui, en vertu d'un caractère mélodique ou rythmique
accentué, évoque le pouvoir d'une incantation.
II - Une réflexion sur le passé glorieux de la cité et sa décadence
Dans ce quatrain, l’opposition entre le passé et le présent est mise en évidence dès
le premier vers grâce au parallélisme antithétique « quel orgueil »/ « quelle ruine » : de la
gloire passée au présent décadent.
a) le passé glorieux est caractérisé par l’expression de la toute puissance de la Rome
antique : La personnification du vers 6, l’utilisation du pronom démonstratif à l’initiale du
vers « Celle » et le verbe d’action « mit » mettent en relief la puissance de la cité. L’
expression « sous ses lois » désigne une domination absolue que vient encore souligner
l’hyperbole « le monde ». Les deux derniers vers du quatrain poursuivent l’expression des
mêmes caractéristiques : la force active par le complément circonstanciel de but « pour
dompter tout », la domination par le verbe « dompter », la puissance absolue par l’emploi
du pronom indéfini « tout »
b) le présent décadent est annoncé au vers 5 par le mot « ruine », placé avant la
coupe, et ainsi mis en valeur. Après l’évocation de la puissance de Rome, les deux derniers
vers du quatrain vont souligner sa destruction et même son autodestruction : l’opposition
est exprimée par la répétition du verbe dompter au vers 7 « pour dompter tout, se dompta
quelquefois ». Rome retourne ainsi contre elle-même son pouvoir comme l’indique la forme
pronominale pour arriver à un état de victime « devint proie ». La déchéance de la cité est
ainsi marquée par celle de son statut : de la Rome personnifiée « Celle qui mit », on en
arrive à l’animal « la proie » victime d’un prédateur. Enfin, la perte de pouvoir de Rome est
soulignée par le fait que, dans le dernier vers du quatrain, c’est le temps qui est sujet et
qui est caractérisé, comme auparavant Rome, par un pouvoir absolu destructeur: « qui
consomme tout »
c) le jeu des sonorités : dans ce quatrain, les occlusives : « quel », « quelle »,
« comme », « qui », « quelquefois », « consomme » et les dentales : « dompter »,
« tout », « dompta », « temps », « tout » dominent, faisant écho, par leurs sonorités
dures, à la force de la Rome d’autrefois et à celle de la douleur du poète qui médite sur sa
déchéance.