La phrase
Qu’est-ce qu’une phrase ?
1. Difficulté à définir la phrase
La définition traditionnelle de la phrase (une phrase commence par une majuscule et se termine par un point)
est insuffisante pour la définir. La phrase doit être envisagée d’un triple point de vue :
- Du point de vue syntaxique : la phrase est une structure syntaxique complète et autonome, un
ensemble hiérarchisé de constituants entretenant entre eux des rapports de dépendance.
- Du point de vue sémantique : dans sa forme canonique, la phrase est constituée d’un sujet et d’un
prédicat. Le prédicat « dit quelque chose » sur le sujet en lui attribuant une propriété.
- Du point de vue pragmatique : mise en relation avec un acte d’énonciation, la phrase intègre une
modalité d’énonciation qui indique l’acte de langage qu’elle peut permettre d’accomplir : assertion
(ou déclaration), interrogation, injonction.
2. La phrase verbale
Elle donne lieu à deux types de représentations concurrentes :
- La phrase organisée autour du verbe : certaines analyses font du verbe l’axe de symétrie, le noyau
de la phrase. Les autres composants (sujet et compléments) s’agencent autour de lui.
- La phrase analysée en deux constituants essentiels : l’analyse distributionnelle en constituants
immédiats fait apparaitre deux constituants dans la phrase canonique, le groupe sujet et le groupe
verbal organisé autour du verbe auquel il se réduit parfois.
3. La phrase non verbale
Par opposition à la phrase verbale, la phrase non verbale se caractérise par l’absence de verbe conjugué
(Difficile, cet exercice ! Traitre !)
Cependant, l’absence de noyau verbal n’empêche pas la phrase non verbale d’être une phrase :
- Du point de vue sémantique, elle exprime une prédication
- Du point de vue pragmatique, la phrase non verbale comporte une modalité d’énonciation.
La phrase non verbale peut avoir deux structures différentes :
- La phrase non verbale à deux termes : elle comporte deux éléments, le sujet et le prédicat. Le sujet
est le plus souvent un groupe nominal ; le prédicat peut être un adjectif, un groupe nominal, un
groupe prépositionnel, etc. Seul le prédicat peut être nié. L’ordre des termes peut être prédicat-sujet
ou sujet-prédicat.
- La phrase non verbale à un terme : elle ne comporte qu’un prédicat, qui dit quelque chose d’un
sujet implicite, qui peut être identifié par le contexte ou par la situation.
Les modalités de la phrase
1. Les types de phrase
Face à la grande diversité des phrases possibles, on peut repérer des regroupements et distinguer d’abord
trois types de phrase, correspondant chacune à un acte de langage se traduisant par une organisation
sémantique propre.
- La phrase déclarative : elle est considérée, à la forme affirmative, comme le modèle « par défaut »
de la phrase canonique. Les autres types constituent des transformations de ce modèle. Elle permet
d’accomplir un acte d’affirmation (ou assertion).
- La phrase interrogative : elle permet d’accomplir un acte relevant de la requête ou du
questionnement.
- La phrase injonctive : elle permet d’accomplir l’acte d’ordonner sous diverses formes et avec divers
degrés d’instance, de la suggestion à l’injonction brutal.
Chacun de ces types possède des caractéristiques propres, indépendamment du contenu sémantique de la
phrase.
- Un type expressif : la phrase exclamative : elle fait apparaitre les sentiments du lecteur, elle se
distingue par là de la phrase déclarative, non marquée.
2. Les formes de la phrase
- Une forme logique : positive ou négative. Toute phrase appartenant à l’un des types de phrases
peut prendre la forme positive (dite aussi affirmative) ou négative.
- Trois formes facultatives : elles peuvent se combiner avec les différents types de phrase ou la forme
de phrase, positive ou négative. Elles ne constituent pas un acte de langage mais des variables dans
l’agencement du contenu informatif de la phrase.
La forme passive (cf chapitre 3)
La forme emphatique sert à mettre en valeur un constituant de la phrase (sujet ou
complément). Le locuteur dispose pour ce faire de deux procédures :
o L’extraction par c’est… qui, c’est… que en tête de phrase.
o La dislocation : un constituant de la phrase est détaché en début de phrase, suivi d’une
virgule, et repris par un pronom (Ta sœur, elle mange des brocolis).
La forme impersonnelle comporte un pronom impersonnel, dit sujet grammatical, apparent,
et un sujet logique dit réel, postposé au verbe. Quel que soit le nombre du sujet logique, le
verbe est toujours à la 3e personne du singulier (Il sera proposé cinq tableaux lors de cette
vente).
Phrase simple ou phrase complexe
1. La phrase simple
- Une phrase est simple lorsqu’elle ne comporte qu’un seul verbe conjugué. Elle est constituée
d’un groupe nominal sujet et d’un groupe verbal solidaires, chacun dépendant de l’autre dans la
phrase canonique. La phrase verbale suppose un groupe verbal, même réduit au verbe, et le groupe
verbal suppose un sujet.
- La phrase simple peut être minimale ou étendue. La phrase simple est dite étendue quand elle
comporte des expansions qui peuvent être effacées. Elle est dite minimale (ou phrase de base) quand
elle ne peut plus être réduite sans devenir agrammaticale.
2. La phrase complexe
Elle se compose d’au moins deux propositions comportant chacune un groupe nominal sujet et un groupe
verbal.
- Ces propositions peuvent être autonomes et n’avoir entre elles aucun lien de dépendance. Elles
peuvent être :
Juxtaposées : elles sont alors séparées par une virgule, un point-virgule ou deux points.
Coordonnées : elles sont reliées par une conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or,
ni, car) ou un adverbe de liaison (alors, puis, ensuite, aussi, pourtant…).
- Ces propositions peuvent avoir entre elles un lien de subordination (hypotaxe). La proposition
subordonnée dépend d’une proposition dite principale. La subordination est très souvent marquée par
un mot dit subordonnant (que, quand, si, parce que, qui…). On peut classer les subordonnées en trois
catégories :
Les subordonnées relatives constituent des expansions de nom, leur antécédent, et sont donc
des constituants du groupe nominal. Elles sont introduites par un pronom relatif qui a une
fonction par rapport au verbe de la proposition.
Les subordonnées complétives conjonctives, introduites le plus souvent par que, sont des
compléments du verbe et donc des constituants du groupe verbal. On peut leur associer :
o Les propositions interrogatives indirectes (Je me demande si…).
o Les propositions infinitives que l’on rencontre après des verbes de perception
(J’entends siffler le train).
Les subordonnées circonstancielles sont des constituants de la phrase. Elles sont effaçables
mais apportent généralement des informations utiles.
Les subordonnées
1. Les propositions subordonnées relatives
Elles sont introduites par un pronom relatif et dépendent généralement d’un nom. Le pronom relatif occupe
une fonction dans la proposition qu’il introduit. Il existe plusieurs sortes de relatives :
- Les relatives adjectives : elles jouent le rôle d’un adjectif, épithète ou apposé (J’aime les roses qui
sont rouges). Ces propositions sont les plus fréquentes. Elles complètent un antécédent pour lequel
elles ne jouent pas toujours le même rôle sémantique : on distingue la relative explicative et la
relative déterminative.
La relative déterminative complète la détermination du nom antécédent et ne peut donc s’ôter sans
nuire au sens de la phrase tandis que la relative explicative (ou appositive) apporte simplement un
commentaire sans participer à l’identification de l’antécédent. Cette dernière est très souvent placée
entre virgules.
- Les relatives substantives : certaines propositions relatives sont introduites par des pronoms relatifs
sans antécédent ou par une locution constituée d’un pronom démonstratif et d’un pronom relatif. Ces
propositions sont dites substantives parce qu’elles sont assimilables à un GN dont elles peuvent
occuper les fonctions : sujet, complément d’objet, etc.
2. Les propositions subordonnées complétives
- Elles sont le plus souvent introduites par la conjonction que, dépourvue de toute fonction dans
la proposition introduite, et dépendent le plus souvent d’un verbe dont elles sont le complément
direct. Elles peuvent cependant tenir une fonction de sujet lorsqu’elles sont en tête de phrase.
- Lorsqu’elles se greffent sur un verbe de forme indirecte, elles adoptent la construction
indirecte et sont introduites par la locution ce que accompagnée de la préposition nécessaire à
ou de.
- Les subordonnées interrogatives indirectes sont une forme de complétives car elles dépendent,
elles aussi, d’un verbe dont elles sont le complément direct. Elles sont introduites par un pronom ou
un adverbe interrogatif et sont porteuses d’une interrogation.
3. Les propositions subordonnées circonstancielles
Elles sont introduites par une conjonction ou une locution conjonctive n’ayant pas de fonction dans la
proposition subordonnée introduite mais possédant le plus souvent un contenu sémantique.
Elles remplissent une fonction de complément de phrase en apportant des précisions sur les circonstances de
l’action : le temps, la cause, la conséquence, le but, la concession, la condition, la comparaison.
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