Résumé :
1. Le Japon en voie de modernisation
Jusqu'au XIXe siècle perdure au Japon un système féodal. C'est un pays en paix, replié sur lui-même
depuis 1630 et sa coupure avec l’occident. Depuis les années 1830, le gouvernement du Shogun est
incapable de procéder à des réformes sociales nécessaires. Dès 1820, Russes, Français et Anglais sont
présents et tournent autour de l’archipel où ils cherchent à se ravitailler. Depuis l’annexion de la Californie
et du fait de l’explosion de la chasse à la baleine dans le Pacifique, les USA sont également présents. Cette
pression occidentale pour l’ouverture du Japon atteint son comble vers 1854 lorsque les baleinières
américaines sont repoussées par les batteries côtières japonaises. La plus grosse flotte de guerre réunies
à cette époque est envoyée : 7 navires de l’amiral Perry entrent dans la rade d’Edo, obligeant Le Japon à
signer un traité d’ouverture en 1854.
En 1858 sont signés des traités de commerce (avec la Suisse en 1864), des traités dits inégaux : le Japon
n’est plus maître de ses droits de douanes à l’exportation, et doit négocier avec les occidentaux les taxes
(dessaisissement des droits de douanes), de plus des ports sont déclarés ouverts (Yokohama...). Ces
traités prévoient également le fait que les occidentaux ne peuvent être jugés que par des occidentaux s’ils
commettent des délits au Japon (privilège d’extra-territorialité). Ces traités de commerce (comme en Chine)
sont un nœud autour duquel la diplomatie japonaise est obsédée : il lui faut tout au long du XIXe siècle
renégocier les traités inégaux, ce qui commence à se faire en 1899 avec l’Angleterre.
L’entrée du Japon dans le marché mondial produit des bouleversements, des tensions qui conduisent le
Japon au bord de la guerre civile. Une génération de jeunes gens de statut samouraï (seigneur détenant un
petit fief) propose un certain nombre de réformes, mises en place dès 1865. Sakamoto Ryôma, un
samouraï, propose que le shogun se retire et soit remplacé par l’empereur, ainsi que la suppression des
ordres et statuts féodaux. Il souhaite la promotion des talents dans une logique anti-aristocratique, et que
le gouvernement agisse selon l’opinion publique, c’est-à-dire organise de structures décisionnelles
nouvelles, notamment en matière de fiscalité. Sakamoto est photographié à l’automne 67 à Nagasaki – un
des premiers clichés pris par un japonais – et est assassiné en sortant du studio de photographie, quelque
jours après la restitution des pouvoirs du shogun à l’empereur. Il a été considéré comme le « premier vrai
Japonais » de l'ère moderne.
Le gouvernement décrète des réformes anti-féodales : il est désormais centralisé, unifié, les fiefs sont
dissous et remplacés par des départements dirigés par des préfets. Les anciens seigneurs sont
dédommagés, on leur donne 5 ans de revenus. La deuxième réforme est l’abandon des statuts sociaux, les
ordres sociaux : les samouraïs, les paysans, les marchands, les artisans. Tous les Japonais sont placés sur
un plan d’égalité devant la loi. Le statut des samouraïs dissous, on fonde une armée impériale. Cette
réforme est mal vécue par les paysans, qui le vivent comme une corvée supplémentaires, d’où des
révoltes. L’école obligatoire est instaurée en 1871, tout en étant basée sur un tissu d’écoles déjà existant.
60 à 80 % des garçons savaient déjà écrire, et 40% des filles en 1871. C'est un système d’écoles
primaires, de petites écoles, avec un corps de fonctionnaires créé dans le cadre d’écoles normales fondées
dès 1872, encadrant la jeunesse jusqu’à 12 ans. En 1879, l’université impériale de Tokyo est fondée. Vers
1900, le système fonctionne, et plus de 90% des enfants savent lire et compter. Le Japon a d’ailleurs mis
en place plus tard un système d’éducation en Chine qui fait passer la Chine d’un pays majoritairement
analphabète à un pays alphabétisé entre 1849 et 1880.
La majorité des Japonais avait été formée au confucianisme et appréhenda la pensée occidentale
soudainement, dans le plus grand des désordres. Un grand mouvement associatif pour la liberté et la
démocratie se mit à réclamer à corps et à cri la démocratisation. C'était des classes moyennes : anciens
samouraïs, paysans riches, notables japonais. C'est un mouvement qui fait une sorte de révolution
culturelle, sans laquelle le programme de réforme de l’État aurait échoué. Si bien que les réformes ont été
un succès économique et social et qu’en 1889 est instaurée la première constitution du Japon, l’Empire du
Grand Japon. C’est le premier pays non occidental à se doter d’une constitution moderne.
La mission Iwacula : la moitié du gouvernement japonais décide de faire le tour du monde, une grand
mission de 1871 à 1873, dirigée par Iwacula Tomiomi. Ce sont des hommes qui veulent lancer la machine
japonaise économique, de manière à faire front un jour contre les occidentaux. Ils se rendent à San-
Francisco, descendent le long des cotes mexicaines, traversent Panama et remontent jusqu'à Washington,
puis passent en Angleterre, France, Belgique, Pays-bas, Allemagne, Suède, Russie, Autriche, et vont se
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