Dissertation
A quelles conditions les instruments de la politique climatique peuvent-ils pallier les défaillances du
marché ?
Document 1 Evolution du prix de la tonne de carbone (en euros)
Document 2. L’intérêt d’un prix du carbone élevé
Les acteurs économiques (entreprises, ménages, administrations, États) ne choisiront des équipements non
émetteurs de GES que s’ils anticipent un prix du carbone suffisamment élevé à l’avenir. De même les entreprises
ne feront les efforts nécessaires pour promouvoir de nouvelles générations technologiques non polluantes que si
elles y voient un intérêt économique. En bref, il s’agit de réduire l’incertitude sur le prix du carbone de demain.
Bien sûr, la lisibilité à long terme présuppose une crédibilité des actions des États. Un accord international doit être
juridiquement contraignant, c’est à- dire aller de pair avec la création de mécanismes d’engagement des États.
L’absence de sanctions réelles, en cas de dépassement des engagements de limitation des émissions, rendait
l’Accord de Kyoto peu crédible. Le Canada, qui se trouvait déjà en 2005 à 30 % au-dessus de ses promesses pour
2008-2012 selon le Protocole de Kyoto, le Japon et les nombreux autres pays (Nouvelle-Zélande et même peut-être
l’Europe) qui peinent à respecter leurs engagements en dépit de la crise économique, ne paieront pas de pénalités.
La réduction des émissions de carbone par une gamme de politiques s’impose. Les économies d’énergie peuvent
dans certains cas apporter une réponse simple. On peut aussi choisir des technologies alternatives à faible émission
de carbone : énergie propre (énergies renouvelables, nucléaire, capture, stockage et séquestration du carbone, etc.),
transports moins polluants, meilleure isolation des bâtiments, agriculture plus propre, réduction de la déforestation,
etc. […]
Je suis en fait plus inquiet de la capacité des États à s’engager sur une valeur carbone élevée et il me semble au
moins aussi important de mettre en place un prix plancher. Comme nous l’avons déjà noté, les équipements à faible
contenu en carbone ne seront mis en place dans le transport, le bâtiment, le secteur électrique et tout autre secteur
que si les acteurs économiques anticipent des prix du carbone non négligeables à l’avenir. De même, les industriels
ne feront de la recherche dans les technologies sans carbone que s’ils s’attendent à toucher des royalties
conséquentes sur leurs innovations ; et, comme nous l’avons déjà indiqué, ces royalties seront déterminées par le
prix du carbone.
Politique climatique : une nouvelle architecture internationale ? Rapport Jean Tirole, La Documentation
française. Paris, 2009