octobre 2015 • N° 24 SALAMA
LES NOUVELLES
zons pour échanger autour des valeurs fonda-
mentales et universelles de l’islam. Précurseur,
le cheikh Bentounès a compris que la paix dans
le monde ne se fera pas sans l’aide des religieux.
C’est cet axe « paix et religion » qui animera
désormais les nombreuses actions du cheikh.
Écrivain et poète, il écrit en 2002 un poème, Le
Livre international de la paix, qui lui vaudra une
invitation ocielle à la cérémonie inaugurale du
Mémorial de Caen en compagnie de nom-
breuses personnalités internationales. L’année
suivante, en 2003, comme membre fondateur
du Conseil français du culte musulman, il parti-
cipe au festival Les Journées des 5 continents (en
Suisse à Martigny). C’est un forum en faveur
d’une culture de paix. Expérience que le cheikh
Bentounès renouvellera en 2010 (18-19juin), en
présence de son ami et compatriote Pierre
Rabhi et du moine franciscain, frère Alain
Richard. En eet, L’Onu a proclamé l’année
2010 « Année internationale du rapprochement
des cultures » et recommande d’organiser des
activités appropriées sur le dialogue, l’entente et
la coopération entre les religions et les cultures
au service de la paix.
« Nul n’est prophète en son pays. » C’est sans
doute l’une des raisons pour lesquelles le cheikh
Bentounès a choisi l’Algérie pour organiser,
avec son ONG l’Association internationale
soue Alawiyya (Aisa, fondée en 2001), le
Congrès international féminin pour une culture
de paix : Parole aux femmes. De nombreux diri-
geants participent à cette première mondiale
qui a pour objectif d’amorcer une réexion sur
l’importance des femmes pour l’humanité.
et homme de paix
Aucune incompatibilité pour cette religion qui
est au cœur de l’islam. Le cheikh arme : « Si
l’islam est un corps, le sousme en est le cœur, on
y réapprend à goûter la saveur de Dieu dans le
silence de l’instant. » Si le sousme fait partie de
l’islam, il en est la partie la plus subtile. Considéré
comme « trop spirituel » pour certains, il peine à
s’intégrer au début dans l’islam. Pour le cheikh :
« À notre époque, la confusion est grande entre
spiritualité et religion. Et il s’avère même que cer-
tains religieux craignent, voire condamnent, le
spirituel, car celui-ci libère l’homme, par une
réexion profonde et une méditation attentive,
du dogmatisme étroit de la dialectique et de la
casuistique théologiques. Cet enseignement
permet de retrouver en nous la connaissance qui
structure et nourrit la conscience. Cela nous
conduit à expérimenter un état d’être en harmo-
nie avec la réalité qui nous entoure. » La tradition
soue prêche « la voie du juste milieu entre le
temporel et le spirituel ». Entre la loi (charia) et
la vérité (haqiqa) : si la première est un moyen
d’adoration, une aide et un garde-fou permet-
tant à l’homme de vaincre ses passions, d’atté-
nuer son égoïsme et d’ouvrir son cœur à la géné-
rosité et au respect d’autrui, la seconde lui
permet de vivre l’intime expérience de la pré-
sence divine.
Par ailleurs, la loi, ou charia, en elle-même,
s’avère impuissante et dénuée de sens si elle se
pratique sous la contrainte : « Pas de contrainte
en religion… », arme clairement le Coran
(sourate 2, verset 256). Si une minorité d’isla-
mistes appliquent de façon rigoureuse la charia
et font de l’islam une idéologie politique radi-
cale, ils ont inversé le sens véritable du djihad.
Ce devoir religieux qui consiste à « faire un
eort dans le chemin de Dieu » est détourné de
sa vocation première par des fanatiques avides
de « guerres saintes » d’un autre temps.
« L’action de l’homme vertueux d’œuvrer pour le
bien dans la société au sein de l’humanité devient
alors une nécessité pour sa quête et un impératif
dans sa relation avec le divin, et non seulement
un devoir moral ou religieux. Elle est le salut de
l’âme ici-bas sans attendre de récompense future
dans l’au-delà. C’est le chemin de l’amour désin-
téressé qui conduit vers la paix… » Extrait tiré de
l’article « Revenir vers le miséricordieux »,
Témoignage chrétien, septembre 2000.
En 2015, Aisa organisait un colloque internatio-
nal sur l’islam spirituel et les dés contempo-
rains les 28 et 29 septembre dernier à la Maison
de l’Unesco à Paris. n
Journaliste humaniste et holiste
* Cette phrase, attribuée par erreur à André Malraux,
est abordée par Éric Georoy (islamologue spécialiste
du sousme) dans son livre L’islam sera spirituel ou ne
sera plus, éd. du seuil, 2009
Le cheikh Khaled Bentounès lors de
Vivre l’islam
Le Sousme, cœur de l’islam,
1re édition, La Table ronde,
e édition, Pocket 1999
L’Homme intérieur à la
lumière du Coran
Michel, 1998
Le Coran, Jésus et le judaïsme,
Lettres à Dieu, collectif,
Calmann-Lévy, Paris, 2004
La Fraternité des cœurs,
La Transmission spirituelle,
Cet autre mon frère,
Dieu, voici comment
les Français te prient
Pour un islam de paix,
La Réincarnation,
Le Sens du sacré,
La Quête du sens,
Le Chœur des prophètes,
Sagesses pour aujourd’hui,
Calmann-Lévy, Paris,
1999