Réunion de concertation pluridisciplinaire à travers des cas cliniques DOSSIER THÉMATIQUE Introduction Introduction J.R. Garbay* P résentée comme la mesure phare du Plan Cancer 2003-2007, la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) est devenue depuis l'outil incontournable pour tout nouveau cancer pris en charge, et ce quel que soit l’établissement de santé concerné. Fort heureusement, bien des structures pratiquant une cancérologie de qualité n’avaient pas attendu cette loi de 2003 ! Sous des appellations diverses, la même réalité pluridisciplinaire avait bel et bien été mise en place dans ces établissements. Pour eux, la loi n’a fait que formaliser ce qu’ils exerçaient déjà toutes les semaines depuis longtemps. Pour les autres, il est vrai que la mise en place des RCP a été un réel changement des pratiques. Il est évident que, dans un établissement où les différents acteurs de la prise en charge travaillaient déjà ensemble, souvent à plein temps, il a été aisé d’organiser cette RCP. Et, dans les faits, elle y existait déjà. Alors que dans le cadre de micro-réseaux très personnalisés, les différents acteurs travaillaient de manière très isolée, souvent dans des structures différentes et sans aucune occasion naturelle de se rencontrer régulièrement. Pour eux, un réel effort d’organisation a été nécessaire. La mesure 31 du Plan Cancer a donc favorisé la mise en place générale de ces RCP, avec, pour les patients, l'assurance qualité dans le cadre du programme personnalisé de soins (PPS). Avec l’aide des recommandations de pratique clinique, nationales ou régionales, avec son insertion fréquente dans un réseau, la RCP paraît souvent un gage de qualité et d’objectivité absolue. C’est vrai pour la qualité, mais moins pour l’objectivité. La réalité du vécu sur le terrain nous montre bien que les malades se suivent et ne se ressemblent pas, et que les décisions thérapeutiques ne sont pas un long fleuve tranquille… On peut distinguer 3 grandes catégories de cas cliniques : ➤➤ Les cas évidents, qui ne nécessitent aucune discussion. On a presque l’impression de perdre son temps en les présentant, en se disant que l’application du référentiel par n’importe quel intervenant aboutirait à la même décision. ➤➤ Les cas "intermédiaires", qui prêtent à discussion, mais pour lesquels finalement une décision consensuelle se prendra sans trop de difficulté. ➤➤ Les cas difficiles, qui suscitent des opinions divergentes et une vive discussion. Ces cas ne sont naturellement jamais tranchés dans les référentiels et autres thésaurus, les décisions à leur égard étant régulièrement rédigées sous forme de 2 ou 3 options. Il faut avouer que, dans ces cas, selon la personnalité et la force de conviction des intervenants, selon l’heure et le degré de forme des uns et des autres, la décision sera empreinte de subjectivité. Mais elle aura été aussi un puissant stimulant intellectuel pour tous. C’est toujours infiniment mieux que de laisser un spécialiste prendre la décision tout seul. Cette procédure a, semble-t-il, encore un bel avenir devant elle. Avec l’ensemble de l’équipe de la rédaction, nous avons souhaité souligner ces difficultés en vous plongeant dans des cas cliniques, réels ou fictifs, qui sont autant de tranches de vie de notre quotidien. Bonne lecture ! ■ * Institut Gustave-Roussy, 94800 Villejuif. La Lettre du Sénologue • n° 52 - avril-mai-juin 2011 | Séno 52 juin2011 -ok.indd 7 7 21/06/11 10:07