La Biodiversité - Assemblée Parlementaire de la Francophonie

Document n° 18
La Biodiversité
Projet de rapport
Présenté par
M. Ousmane SOW HUCHARD
(Sénégal)
Rapporteur
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LA BIODIVERSITE
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: C’EST QUOI MÊME ? Comme dirait mon ami Koffi.
La diversité biologique ou biodiversité représente, pour un pays, le nombre total
d’espèces animales et végétales vivant sur son territoire. Le monde du vivant est composé
d’espèces qui sont les unités de base qui forment sa diversité ou sa biodiversité. L’homme
est une espèce animale comme le lombric, le pou, le lion ou la termite. La carpe est une
espèce de poisson, comme le pigeon est une espèce d’oiseau. Le mil est une espèce
végétale, comme le riz, le baobab, le maïs ou le fonio.
Les individus qui composent une population d’espèces sont interfécondes et
assurent ainsi leur descendance. Mais aussi bien chez l’homme que chez les autres animaux
et les végétaux, la descendance d’une espèce est plus nombreuse, plus vigoureuse et plus
résistante aux maladies si les parents sont d’origines différentes ou/et de parentés
éloignées ou nulles. Cela veut dire qu’à l’intérieur d’une espèce, tous les individus ne sont
pas identiques et présentent donc des différences qui confèrent au groupe sa diversité
intra-spécifique. Il est donc important de conserver cette diversité pour assurer une
descendance viable à toutes les espèces.
Ainsi donc, la biodiversité est la variabilité des organismes vivants de toute origine.
Elle comprend les écosystèmes, les espèces, tous les organismes vivant sur terre et la
variation génétique au sein des espèces.
La biodiversité peut se résumer en trois niveaux :
-La diversité des écosystèmes (espaces de vie : rivières, forêts et montagnes);
-La diversité des espèces (animaux, plantes, champignons, micro-organismes);
-La diversité génétique (les espèces et les races).
UN PROBLEME
Les scientifiques admettent qu’il existe aujourd’hui sur terre près de 10 millions
d’espèces (animales et végétales confondues), mais ils ne connaissent que 1, 5 environ de
ces 10 millions. Pourtant selon une estimation modérée, l’humanité perd 4 espèces par an.
Cependant si les tendances se maintiennent les pertes seront d’environ 50 000 espèces
par an au cours des prochaines décennies. A ce rythme, les deux tiers de toutes les
espèces vivantes seront perdus.
Au Sénégal, comme ailleurs en Afrique au Sud du Sahara, beaucoup d’espèces ont
déjà disparu ou se sont réfugiées dans les zones qui conservent encore les caractéristiques
de leur habitat. Par exemple, au Sénégal, certaines espèces végétales telles que le Venn
et le Néré, qui étaient très répandues dans la région de Kaolack (centre-ouest) sont
maintenant réfugiés dans le Sud en Casamance et au Sénégal oriental. Il en est de même
de certaines espèces animales telles que les lions, autruches, antilopes et panthères
qu’ont ne trouvent plus que dans le Parc de Niokolo-Koba. Au plan de l’agriculture,
plusieurs variétés locales de riz adaptées, les unes à la sécheresse, les autres à la salinité
ont totalement disparues. Aujourd’hui, tous les pêcheurs ont constaté la rareté de
plusieurs espèces de poisson d’eau douce et de mer. Demain, en Afrique au Sud du Sahara,
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Cf. Projet d’élaboration de la Stratégie Nationale de Gestion de la Biodiversité –SEN/96/G31/1G/99.
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plusieurs espèces végétales auront disparues si les mêmes tendances, des prélèvements
supérieurs à la régénération, sont maintenues.
POURQUOI LA CONSERVER ?
Tout le monde connaît la diversité des plantes et des animaux qui constituent la
base des aliments produits par les hommes pour leur nourriture. En Afrique en général, le
riz, le mil, le manioc, etc., plusieurs races de poissons, le bœuf, le mouton et le poulet
représentent plus de 90% des espèces végétales et animales utilisées pour la nourriture.
Par ailleurs, plus de 60% des peuples de la terre dépendent directement des plantes pour
leurs médicaments. Les médicaments d’origine naturelle tirés des plantes et des animaux
dans le monde ont une valeur de quelques 20 000 milliards de francs CFA.
Très peu parmi les 250 000 espèces de plantes répertoriées dans le monde ont été
étudiées de sorte qu’on peut considérer que les espèces restantes contiennent de
nombreuses substances inconnues susceptibles d’avoir une importance thérapeutique.
En Afrique, on se soigne avec les plantes dans de nombreuses ; les fruits, les
écorces, les résines, les tubercules et les feuilles des plantes sauvages sont couramment
utilisés dans l’alimentation et la pharmacopée.
Tous ces exemples, pris parmi d’autres, indiquent l’importance de la diversité des
espèces animales et végétales, et l’intérêt que nous avons à la conserver.
POURQUOI UNE CONVENTION
Pourquoi une Convention internationale pour la conservation et la gestion de la
Biodiversité ?
Le rythme accéléré de la disparition des espèces a attiré l’attention de la
communauté internationale qui a pris des dispositions et des mesures d’urgence pour
protéger certaines espèces qui étaient, soit menacées, soit en voie de disparition. C’est
ainsi qu’au Sénégal, comme dans d’autres pays du Continent, un certain nombre d’espèces
forestières sont aujourd’hui intégralement protégées (abattage, arrachage, mutilation et
ébranchages sont formellement interdits), tandis que d’autres bénéficient d’une
protection partielle. Les espèces animales menacées bénéficient des mêmes types de
protection.
Au plan international, un certain nombre d’espèces sont intégralement protégées.
C’est le cas bien connu de l’éléphant et de certaines espèces de singes et des crocodiles.
Mais pourquoi et pour qui faut-il conserver la diversité biologique ? Il devient alors
important, non seulement de s’entendre pour conserver la diversité biologique, mais aussi
et surtout de s’entendre sur :
-ce qu’il faut conserver ;
-comment le conserver ;
-et au profit de qui.
Les objectifs majeurs de la Convention sont au nombre de trois, et répondent à ces
trois points. La Convention est donc un cadre arrêté d’un commun accord, au plan
international, pour une action concertée visant à conserver et à utiliser de façon durable
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la biodiversité biologique. L’utilisation durable signifiant que les prélèvements ne doivent
pas être supérieurs aux capacités de renouvellement de la ressource.
La Convention sur la diversité biologique (CDB) en tant que traité international, a
été adopté lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 (voir en Annexe 1 la liste
des 176 pays signataires).
OBJECTIFS DE LA CONVENTION
Parce qu’elle reconnait, pour la première fois, que la conservation de la diversité
biologique est une préoccupation commune de l’humanité, en même temps qu’elle doit
être une partie intégrante du processus de développement économique et social. La
Convention est organisée autour des objectifs suivants :
1. la conservation de la diversité des ressources biologiques ;
2. l’utilisation de manière durable par les pays de leurs ressources biologiques
3. enfin le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation
des ressources génétiques au sein des nations, entre les nations et entre les
générations.
Autrement dit, son objectif est de développer des stratégies nationales pour la
conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique. Il est considéré comme le
document clé concernant le développement durable.
Dans un premier temps les bureaux de la Convention se trouvaient à Genève avant
de déménager définitivement à Montréal au Canada.
Elle fut ouverte aux signatures le 5 juin 1992 et entra en vigueur le 29 décembre
1993. La CDB était en décembre 1993 signée par 168 pays ; le CDB compte aujourd’hui 176
signataires. Longtemps, la Convention n'a eu qu'une portée contraignante limitée, mais
elle commence, depuis la fin des années 1990, à être appliquée concrètement dans
certains pays et communautés supranationales comme l'Union Européenne. Elle contient un
rappel d'utilisation des termes dans son article 2, et introduit le principe de précaution. La
convention a pris une importance particulière en 2010 déclarée par les Nations Unies
« Année internationale de la biodiversité ».
La CDB, comme Accord, couvre l'ensemble des écosystèmes, des espèces et des
ressources génétiques. Il relie les efforts traditionnels de conservation aux objectifs
économiques en prônant une gestion durable et équilibrée des ressources biologiques. Lors
de la réunion de Buenos Aires, en 1996, l'accent sera mis sur les savoirs locaux. Des acteurs
essentiels, comme les communautés locales et les populations autochtones, doivent être
pris en compte par les États, qui gardent leur souveraineté sur la biodiversité de leurs
territoires qu'ils se doivent de protéger. Il établit les principes pour le partage juste et
équitable des bénéfices provenant de l'utilisation des ressources génétiques, notamment
celles destinées pour l'utilisation commerciale. Elle couvre également le domaine de la
biotechnologie à travers son protocole de Carthagène sur la biosécurité, abordant les
questions de développement technologique, des partages des avantages et de biosécurité.
Avant tout, la convention est juridiquement obligatoire ; les pays y adhérant sont
contraints à appliquer ses dispositions.
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Tandis que les efforts antérieurs de conservation visaient surtout la protection
d'espèces et d'habitats, la convention reconnaît, via l’importance des seaux écologiques,
que les processus écologiques, les écosystèmes, les espèces et les gènes doivent être
protégés pour pouvoir être durablement utilisés au profit de l'humanité, et ce, d'une façon
et à un rythme qui ne provoque pas un déclin à long terme de la diversité biologique.
Ce n'est cependant que 8 ans plus tard, par le biais de sa Conférence des parties
que l'approche éco systémique sera plus clairement adoptée impliquant une prise en
compte effective de la connectivité biologique fonctionnelle. En réalité, un des projets de
texte de la convention contenait le mot et la définition de corridor, mais cette version
avait été oubliée au profit d'un concept plus flou de systèmes d’aires protégées que les
parties doivent mettre en place.
La Convention sur la diversité biologique de 2004, à Kuala-Lumpur, a insisté sur le
besoin de protéger toute la biodiversité, y compris ordinaire, avec donc le besoin
d'instruments « combinant la gestion des réseaux d’aires protégées, des réseaux
écologiques et des zones qui ne font pas partie de ces réseaux ».
La 8
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Conférence des parties, à Curitiba en 2006, a été encore plus précise en
rappelant l'urgente nécessi de conserver la biodiversité aux échelles génétiques, en
recommandant notamment aux parties de rendre obligatoire l’évaluation d’impact sur
l’environnement pour « les activités dans les corridors écologiques identifiés comme
importants pour les processus écologiques ou évolutifs » afin notamment de mieux résister
aux conséquences des modifications climatiques.
La 10
e
Conférence des parties, à Nagoya en octobre 2010, a adopté le protocole de
Nagoya, qui adresse notamment les points suivants :
un meilleur accès aux ressources génétiques et un partage plus équitable des
avantages issus de leur utilisation (lutte contre la « Bio-piraterie ») ;
l'adoption d'un plan stratégique 2011-2020, avec 20 sous-objectifs quantifiés, dont
un objectif de suppression en 2020 des subventions dommageables à la biodiversité
ou la création d’un réseau d’espaces protégés couvrant au moins 17% de la surface
terrestre et 10% des océans ;
un accord pour la création d'une plateforme intergouvernementale IPBES (qui sera
l'équivalent du GIEC pour la biodiversité) ;
une mobilisation de ressources financières pour appliquer cette stratégie.
ASPECTS PARTICULIERS ET RENOVATEURS DE LA CONVENTION
La conservation de la diversité biologique n’est plus réduite à la protection des espèces ou
des écosystèmes menacés. Elle est désormais considérée comme une source et un facteur
de développement. Dans son application, la Convention doit promouvoir un esprit de
partenariat entre les nations sur la base :
-de la coopération scientifique et technique ;
-de l’accès aux ressources financières et génétiques, et
-du transfert de technologies écologiquement rationnelles.
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