Sommet mondial contre le cancer S’unir pour réagir Il y a un an était signée la Charte de Paris contre le cancer devant des personnalités venant de tous les horizons. Il faut rappeler que, chaque année, 10 millions de nouveaux cas de cancers se déclarent dans le monde et que 5 millions de personnes en meurent. « L a lutte doit être globale, en privilégiant la santé publique aux dépens de la chaîne économique », a déclaré Nicole Fontaine, présidente du Parlement européen. Premier accusé : le tabac. Les chiffres sont éloquents. En 30 ans, 50 % de cancers supplémentaires dus au tabac chez les femmes, faisant ainsi baisser leur taux de longévité. Derk Yack, responsable OMS, reconnaît « que les actions des compagnies ont continué à s’opposer aux succès des programmes nationaux et internationaux ». D’autant que les fabricants de cigarettes ont adapté leur stratégie, tentant même de conquérir une certaine respectabilité. L’intérêt de la Charte réside dans une sensibilisation plus globale au niveau des pouvoirs publics et des différents pays et, ainsi, dans la création des alliances. Bien des progrès restent à faire quand on connaît les lacunes de l’hôpital et ses besoins en hommes et en matériel de dépistage notamment. Pourtant, le nombre de cancers augmente, notamment chez les personnes âgées, plus nombreuses. Certes, au cours des vingt dernières années, les progrès ont été rapides. On estime à 2 millions le nombre de patients atteints, dont près de 800 000 en traitement. Un décès sur quatre est dû au cancer. La maladie est multifactorielle. Quelles en sont les causes ? La génétique semble jouer un rôle, l’influence de l’environnement est suspectée depuis quelques années (tabac, accidents nucléaires). L’alimentation peut être mise en cause, mais davantage en fonction des habitudes alimentaires souvent particulières à certaines régions (alcool, graisses animales) que des aliments eux-mêmes. Quant aux infections chroniques, 15 % des cancers y seraient liés. Certains déficits immunitaires favorisent aussi l’apparition de cancers durant l’enfance. Le rôle du stress et de la dépression est évoqué dans la genèse de certains cancers, mais cela n’a jamais été prouvé. Quelle stratégie thérapeutique ? Elle doit être cohérente et adaptée à chaque situation. La chirurgie est une arme maîtresse pour détruire les tumeurs et elle est aussi reconstructrice. La radiothérapie a connu d’importants progrès au cours des dix dernières années. La chimiothérapie reste, elle, le seul moyen de traiter les cellules cancéreuses où qu’elles se trouvent, en particulier au stade de métastases. Certains cancers bénéficient de l’hormonothérapie, d’autres sont soignés par immunothérapie, dont l’interféron alpha et l’interleukine 2 (IL-2) qui ont été les premiers médicaments mis sur le marché. Certaines thérapies sont au stade de la recherche : la vaccination, la thérapie cellulaire, les anticorps antitumoraux. Le cancer reste une maladie grave qui nécessite une mobilisation d’envergure. Les soignants doivent soutenir le patient en lui donnant les armes pour lutter efficacement. La maladie est aussi prisonnière de tabous culturels. Et la première revendication des patients est de ne pas être enfermés dans un ghetto social en commençant par banaliser le mot que l’on tait : cancer. Maladie de Parkinson et traitement chirurgical à l’AP-HM La maladie de Parkinson est une maladie chronique, fréquente audelà de 65 ans, et invalidante. Après quelques années de traitements médicamenteux, le malade ne réagit plus : c’est ce qu’on appelle “l’échappement thérapeutique” et il est alors nécessaire d’appliquer de nouveaux outils thérapeutiques. A l’AP-HM (Assistance publique-hôpitaux de Marseille), ces patients sont soignés grâce à la chirurgie. Le traitement consiste à implanter deux électrodes comprenant quatre sites de stimulation dans le noyau cible, le noyau subthalamique. Ces électrodes sont connectés par un câble sous-cutané à un générateur électrique (stimulateur) qui permet de délivrer un courant électrique à haute fréquence au niveau du noyau cible. Tous les patients atteints de maladie de Parkinson ne sont pas concernés par ce traitement. Des critères de sélection stricts sont nécessaires. Une expertise neurologique en pathologie du mouvement par des centres spécialisés, une technique chirurgicale sophistiquée et une approche multidisciplinaire sont indispensables. Le traitement médicamenteux seul peut suffire dans un grand nombre de cas et dans certaines formes de la maladie, et les malades ne répondent pas tous au traitement chirurgical. Sont surtout concernés les patients ayant débuté leur maladie avant l’âge de 60 ans et qui présentent cet échappement thérapeutique. A Marseille, deux nouvelles implantations sont réalisées chaque mois. Le CHU de la Timone se donne les moyens pour devenir un centre de référence dans cette indication et les équipes pourraient s’y regrouper afin de développer un pôle de recherche sur la maladie de Parkinson et la stimulation cérébrale profonde. A.-L.P. Journée mondiale contre le cancer Professions Santé Infirmier Infirmière - No 24 - mars 2001 9