Guide des végétations forestières et préforestières p 346-355

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Végétations annuelles des substrats
exondés oligotrophes à méso-eutrophes
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Photo : C. Blondel
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Description de la classe
Végétations pionnières rases, parfois amphibies, de plantes
annuelles colonisant des substrats humides au niveau de
dépressions inondables ou de berges d’étangs, de mares et de
cours d’eau.
Les communautés végétales de cette classe se développent
dans des conditions de trophie, de pH et d’humidité variables,
qui permettent de distinguer diverses alliances et associations.
Ces communautés apparaissent sur des grèves exondées, au
niveau de chemins forestiers ou de landes (ornières, petites
cuvettes), toujours en conditions héliophiles mais, sur le littoral,
dans des milieux parfois oligohalins (mares de chasses, certaines
pannes dunaires). Enfin, certaines associations peuvent être
observées en bordure de champs partiellement inondés en
hiver. La période de développement est assez courte, durant les
346
basses eaux estivales, jusqu’à l’automne. Beaucoup d’espèces
de cette classe possèdent des graines dormantes, capables de
survivre longtemps dans le sol humide et de se développer à la
période favorable en un temps extrêmement court (DELARZE
et al., 1998). Cela génère donc certaines végétations dites à
éclipses, qui se développent plus ou moins (voire pas du tout)
certaines années.
La présence et la composition floristique des végétations
sont très variables dans l’espace et dans le temps (présence
d’espèces végétales également à éclipses). Elles sont très
influencées par le climat et les niveaux d’eau qui conditionnent
la germination et le développement des jeunes plantules ; la
physionomie est celle de gazons assez ras (moins de 10 cm
le plus souvent), pauvres en espèces, et les recouvrements au
sol sont assez faibles. Ces végétations occupent en général de
petites surfaces et sont de ce fait souvent fragmentaires.
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
3
1
5
4
2
1 Gnaphalium uliginosum, 2 Juncus bufonius, 3 Lythrum portula,
4 Myosurus minimus, 5 Hypericum humifusum.
Flore caractéristique
Les espèces caractéristiques de la classe sont assez nombreuses
du fait de la variabilité des végétations qui la constituent. La
flore est composée de taxons eurasiatiques (Lythrum portula),
circumboréaux (Gnaphalium uliginosum, Limosella aquatica),
subcosmopolites (Juncus bufonius s.l.). Certaines espèces ont
une distribution élargie vers les régions méridionales (Cyperus
fuscus et Juncus pygmaeus).
Cette classe comporte certaines espèces relativement rares, y
compris à l’échelle de l’Europe. Dans le Nord-Pas de Calais, si
certaines d’entre elles sont communes (Gnaphalium uliginosum,
Juncus bufonius s.l.), d’autres sont rares (Limosella aquatica).
Diverses espèces caractéristiques de la classe ont disparu de
la région, à la suite probablement de la destruction de leurs
habitats : Gypsophila muralis, Illecebrum verticillatum. D’autres
espèces ont été découvertes ou retrouvées récemment :
Lythrum hyssopifolia, Isolepis cernua.
Distribution géographique
et statut régional
La classe a son centre de répartition en Europe médiane et
holarctique. Toutefois, certaines végétations sont davantage
thermophiles et ont des affinités méridionales (BRULLO &
MINISSALE, 1998).
Dans le Nord-Pas de Calais, les communautés de la classe
sont au moins assez rares. Les territoires phytogéographiques
où la classe serait la plus représentée sont le Boulonnais,
le Montreuillois, l’Artois septentrional (plateau d’Helfaut
notamment), la plaine de la Scarpe et de l’Escaut, le Mosan
et l’Ardennais. En dehors de ces stations intérieures, certaines
végétations sont typiques des pannes dunaires et bien
représentées tout le long du littoral du Nord-Pas de Calais, en
particulier au niveau des grands systèmes dunaires picards, du
sud de Boulogne-sur-Mer à la baie d’Authie.
Analyse synsystématique
Isoeto durieui - Juncetea bufonii Braun-Blanq. & Tüxen ex V. Westhoff, Dijk & Paschier 1946
Communauté basale à Juncus bufonius
Végétation mésotrophile amphibie réduite à quelques espèces de la classe, dominée par Juncus bufonius,
parfois accompagné de Gnaphalium uliginosum et, plus rarement, de Lythrum portula. Fréquent en contexte non
eutrophisé sur substrats favorables dénudés (argiles, sables humides, argiles à silex, etc.), notamment au niveau
de layons forestiers.
Isoetetalia durieui Braun-Blanq.1936
Cicendion filiformis (Rivas Goday in Rivas Goday & Borja 1961) Braun-Blanq. 1967
Elatino triandrae - Cyperetalia fusci de Foucault 1988
Elatino triandrae - Eleocharition ovatae (Pietsch & Müller-Stoll 1968) Pietsch 1969
Cypero fusci - Limoselletum aquaticae (Oberdorfer 1957) Korneck 1960
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Polygono hydropiperis - Callitrichetum stagnalis de Foucault 1989 nom. invers. propos.
Nanocyperetalia flavescentis Klika 1935
Radiolion linoidis Pietsch 1971
Centunculo minimi - Radioletum linoidis Krippel 1959
Myosuretum minimi Diemont, Sissingh & Westhoff 1940 ex Tüxen 1950
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Cicendietum filiformis Allorge 1922
cf. fiche “Centunculo minimi - Radioletum linoidis”
Nanocyperion flavescentis Koch ex Libbert 1932
Centaurio littoralis - Saginetum moniliformis Diemont, Sissingh & Westhoff 1940
Scirpo setacei - Stellarietum uliginosae Koch 1926 ex Libbert 1932
‘Cyperetum flavescenti - fusci’ Moor 1935 ex Philippi 1968
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
347
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Les conceptions et les limites de la classe sont très variables selon les auteurs ; une synthèse récente a été proposée par BRULLO &
MINISSALE (1998), après celle de de Foucault en 1991 qui traitait également des végétations vivaces des Littorelletea uniflorae.
Végétation annuelle à Callitriche des étangs
et Renouée poivre-d’eau
Polygono hydropiperis - Callitrichetum stagnalis
de Foucault 1989 nom. invers. propos.
Persicaria hydropiper (= Polygonum hydropiper, Renouée
poivre-d’eau), Callitriche stagnalis (Callitriche des étangs)
22.12x22.321
CORINE biotopescf.
(eaux mésotrophes) / ux
cf. 22.13x22.321 (ea
eutrophes)
Poa annua (Pâturin annuel), Juncus bufonius subsp. bufonius
(Jonc des crapauds), Stellaria alsine (Stellaire des fanges),
Gnaphalium uliginosum (Gnaphale des fanges)
UE
cf. 3130
Cahiers d'habitats cf.
NI
Physionomie
Hauteur de végétation modeste (de quelques centimètres à
quelques décimètres tout au plus) ; recouvrement variable
au cours de la saison, mais globalement faible (rarement
plus de 50 %).
Végétation ponctuelle liée à de petites dépressions.
Photo : E. Catteau
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Herbier semi-aquatique de petite dimension dominé par
des plantes annuelles (la plupart, des dicotylédones) dont
certaines à feuilles flottantes.
Aspect général plutôt diffus, Polygonum hydropiper et
surtout Callitriche stagnalis étant souvent bien représentés ;
mais la végétation reste pauvre en espèces.
Développement optimal : fin d’été début d’automne
348
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Dépressions, ornières des layons forestiers.
Sols limono-argileux, neutres à légèrement acides, plus ou
moins riches en matière organique, en conditions mésotrophes
à méso-eutrophes.
Dépressions inondées en période hivernale (eaux météoriques),
qui peuvent s’assécher complètement ou rester partiellement
en eau même au cours de l’été.
Situations de demi-ombre ou d’ombre.
Végétation pionnière bénéficiant des actions anthropiques
(ornières dues au passage d’engins).
Dynamique et végétations
de contact
Végétation pionnière à caractère plus ou moins fugace d’une
saison à l’autre.
Végétation succédant généralement au cours de la même
saison à une végétation composée uniquement de Callitriche
des étangs (Callitriche stagnalis) ; peut naturellement
évoluer, par assèchement ou atterrissement, vers certaines
végétations à caractère prairial des milieux piétinés ou tassés
des Arrhenatheretea elatioris en contexte forestier : Prunello
vulgaris - Ranunculetum repentis notamment.
Association qui peut se maintenir par le passage modéré
d’engins dans les layons forestiers.
En milieu forestier, peut jouxter une autre association de la
classe, mais en contexte davantage acide et un peu plus
mésotrophe : le Scirpo setacei - Stellarietum uliginosae.
Cette association ne possède pas d’intérêt patrimonial
particulier mais il peut y subsister quelques espèces végétales
peu communes. En revanche, sur le plan écologique, les
dépressions et ornières favorables à cette végétation accueillent
très souvent divers amphibiens plus ou moins rares (Salamandre
tachetée, tritons…), et des invertébrés ayant une phase larvaire
aquatique.
Gestion
Conservation de cette végétation par :
-maintien de layons forestiers avec des ornières, en favorisant
éventuellement un pâturage extensif au niveau des lisières
forestières ou le passage des grands animaux fouisseurs
(sangliers) ;
-
protection des dépressions et ornières en évitant leur
aménagement car elles sont parfois comblées par des gravats
ou des pierres pour faciliter le passage des engins de travaux
et des véhicules forestiers.
La valeur patrimoniale réduite de cette végétation ne mérite pas
d’engager des opérations de restauration spécifiques mais les
biotopes qui l’hébergent doivent être préservés.
Références
de FOUCAULT, 1989 (1)
Variations
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Aucune variation notable n’a été décrite.
Répartition géographique
et distribution régionale
Répartition géographique générale à préciser. Association
de description récente et régionale, mais probablement bien
répandue en France et en Europe du Nord-Ouest.
Assez largement répartie sur l’ensemble de la région. Signalée
dans le Bas Boulonnais, le bocage avesnois, la Fagne, les
collines de Flandre intérieure, le Haut-Artois, le Montreuillois, le
Mélantois et les marais de la Deûle et de la Marque, la plaine du
Bas-Cambrésis et de Gohelle, le Pévèle et la plaine de la Scarpe
et de l’Escaut.
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
349
Végétation annuelle à Centenille naine
et Radiole faux-lin
Centunculo minimi - Radioletum linoidis
Krippel 1959
Centunculus minimus (Centenille naine), Hypericum
humifusum (Millepertuis couché), Sagina procumbens
(Sagine couchée), Juncus bufonius subsp. bufonius
(Jonc des crapauds), Radiola linoides (Radiole faux-lin)
Anthoceros punctatus (Anthocérote ponctué), Isolepis
setacea (Scirpe sétacé), Centaurium pulchellum (Érythrée
élégante), Gnaphalium uliginosum (Gnaphale des fanges),
Plantago major subsp. intermedia (Plantain intermédiaire),
Lythrum portula (Salicaire pourpier)
.11x22.3233 (eaux
CORINE biotopes22
oligotrophes pauvres en33
calcaire) / 22.12x22.32
(eaux mésotrophes)
30
UE31
30-5
Cahiers d'habitats31
Photo : F. Duhamel
Écologie
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Physionomie
Végétation pionnière dominée par des plantes
annuelles, mais riche en mousses, notamment des
hépatiques à thalle.
Aspect général de gazon non stratifié.
Végétation rase (quelques centimètres) généralement
très clairsemée.
Végétation se développant de la fin du printemps au
début de l’automne, étroitement dépendante des
conditions climatiques saisonnières.
Végétation ponctuelle se développant rarement sur des
surfaces supérieures au mètre carré d’un seul tenant.
Développement optimal : début d’été
350
Bordures d’étangs, dépressions, ornières, zones décapées,
souvent en contexte de lande ou sur layon forestier. Parfois cité
en zone de culture sur sables plutôt acides, après la moisson.
Substrat modérément acide, argileux à limono-sableux, parfois
enrichi en matière organique.
Sol inondable en hiver, se ressuyant en fin de printemps, mais
restant humide en été. Les conditions climatiques du printemps
seront déterminantes pour l’expression optimale de cette
végétation qui peut aussi se développer plus tardivement si l’été
est pluvieux.
Situations bien ensoleillées.
Végétation susceptible d’être favorisée par certains décapages
limités (aspect pionnier).
Dynamique et végétations
de contact
Végétation pionnière à caractère plus ou moins fugace d’une
saison ou d’une année à l’autre, en fonction des conditions
climatiques.
Végétation susceptible d’être maintenue et favorisée par des
décapages superficiels du substrat (étrépage, orniérage).
Végétation qui peut être naturellement maintenue, çà et là, par
l’action de certains animaux fouisseurs qui, par un décapage
superficiel, permettent à cette végétation pionnière de se
maintenir à des endroits qui peuvent varier d’une année à
l’autre. Végétation qui peut dans certains cas, par minéralisation
de la matière organique, évoluer vers certaines végétations
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Variations
Vers l’ouest, cette association serait remplacée par le
Cicendietum filiformis, possédant des affinités davantage atlantiques à thermo-atlantiques. Cette dernière
est exceptionnelle et n’existerait que sur le communal
d’Ambleteuse, à l’état fragmentaire. Toutefois, B. de
Foucault, dans sa synthèse sur les végétations basses
amphibies de 1988, distingue encore le Centunculo
minimi – Radioletum linoidis mentionné par Géhu
en 1961 sur le communal d’Ambleteuse du Radiolo
linoidis – Cicendietum filiformis Allorge 1922 (syn. du
Cicendietum filiformis) dont il distingue la race nordatlantique, présente aussi selon lui dans le Nord de
la France et à laquelle il rapporterait les végétations
observées au plateau d’Helfaut notamment ! Ces deux
associations devraient donc être réétudiées dans la
partie ouest de la région Nord-Pas de Calais.
L’association est sujette à une forte variabilité en terme
de composition floristique, compte tenu de la présence
de plusieurs espèces à éclipses. Elle est favorisée par
les années humides, de même que certaines mousses
qui peuvent s’y développer.
Répartition géographique
et distribution régionale
Végétation à caractère subatlantique. Assez largement répartie
au nord-ouest et au centre de l’Europe. En France, semble
s’exprimer surtout dans le domaine médio-européen.
Dans la région, cette végétation (ou autres végétations affines)
serait signalée dans les collines de Flandre intérieure (plateau
d’Helfaut), sur le littoral boulonnais et le littoral flamand, dans
le Montreuillois (plateau de Sorrus/St-Josse) et dans la Fagne.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Végétation dont la répartition doit être affinée, à haute valeur
patrimoniale, menacée par la grande exiguïté et la fragilité des
biotopes favorables à son expression. Elle abrite par ailleurs de
nombreuses plantes rares et menacées (Centunculus minimus,
Radiola linoides…).
Habitat d’intérêt communautaire au niveau européen.
Gestion
Conservation par maintien de zones ouvertes par pâturage
extensif, par étrépage ou par une gestion par fauche avec
exportation des produits de coupe.
Sauvegarde des chemins en pratiquant une gestion adaptée
(fauches, décapages localisés) de façon à toujours maintenir
des zones de substrat nu. Proscrire les empierrements de
chemins dans les secteurs hébergeant ces végétations.
Restauration possible par étrépage de landes et de pelouses
acidiphiles possédant des potentialités écologiques favorables.
Références
ALLORGE, 1922
KOCH, 1926
LIBBERT, 1932
MOOR, 1936
KRIPPEL, 1959
HÜBSCHMANN, 1967
de FOUCAULT, 1988
BARDAT et al., 2002
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
des Bidentetea tripartitae ou encore, par augmentation de
la trophie, s’enrichir en espèces vivaces et évoluer vers
certaines communautés prairiales des Agrostietea stoloniferae
notamment.
Contact, en contexte de lande, avec des végétations de
l’Ulici minoris - Ericenion ciliaris, du Nardo strictae - Juncion
squarrosi, ou du Juncion acutiflori. Souvent en mosaïque avec
des végétations des Littorelletea uniflorae, en particulier en
bordure d’étang.
351
Végétation annuelle à Érythrée littorale
et Sagine noueuse
Centaurio littoralis - Saginetum moniliformis
Diemont, Sissingh & Westhoff 1940
Centaurium littorale (Érythrée littorale), Gnaphalium
luteoalbum (Gnaphale jaunâtre), Sagina nodosa (Sagine
noueuse)
Leontodon saxatilis (Liondent à tige nue), Blackstonia perfoliata
(Chlore perfoliée), Centaurium pulchellum (Érythrée élégante),
Centaurium erythraea (Érythrée petite-centaurée)
CORINE biotopes
16.32 x 22.322
90
UE21
90-2
Cahiers d'habitats21
Physionomie
Végétation de taille modeste (de quelques centimètres à
quelques décimètres) ; couvert végétal plutôt clairsemé.
Végétation à développement estival.
Végétation ponctuelle à linéaire, liée aux sables humides
des dépressions dunaires et de certains chemins inondables
peu végétalisés.
Photo : F. Duhamel
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Végétation pionnière caractérisée par la présence
remarquable de plusieurs espèces de la famille des Gentianacées.
Végétation pouvant sembler bistratifiée avec des plantes
rases (Sagina nodosa) ou à feuilles en rosettes (Centaurium
littorale), et des hampes florales qui montent davantage
(Blackstonia perfoliata).
Développement optimal : fin d’été
352
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Répartition géographique
et distribution régionale
Association littorale nord-atlantique présente en Angleterre et
du nord de la France aux Pays-Bas. Assez bien représentée sur
le littoral de la région (pannes dunaires). Signalée sur le littoral
flamand et très bien développée sur le littoral picard, notamment
entre Canche et Authie.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation pionnière à caractère plus ou moins fugace d’une
saison ou d’une année à l’autre en fonction des conditions
climatiques.
Association susceptible à terme d’évoluer vers des fourrés du
Pyrolo rotundifoliae - Hippophaetum rhamnoidis si le milieu
n’est pas rajeuni régulièrement.
Association pouvant être favorisée par des décapages partiels
localisés afin de favoriser les plantes pionnières qui s’y
développent.
Contact au niveau des pannes, à des niveaux inférieurs plus
inondés, avec des végétations rases du Caricenion pulchello trinervis (Samolo valerandi - littorelletum uniflorae notamment)
et souvent en mosaïque avec le Carici pulchellae - Agrostietum
“maritimae” dans les niveaux moyens à supérieurs.
Végétation herbacée marquant le passage de la xérosère (niveau
supérieur occupé par des pelouses du Koelerion albescentis ou
des fourrés du Ligustro vulgaris - Hippophaeion rhamnoidis) à
l’hygrosère (Caricenion pulchello - trinervis).
Variations
Association pionnière dont l’expression floristique et le
développement sont liés en grande partie aux niveaux
d’eau et aux conditions climatiques. Dans certains
cas, les espèces associées seront surtout des espèces
de pelouses de la xérosère (cas de pannes en cours
de formation) ; dans d’autres cas, cette végétation
s’insérera dans des végétations typiquement hygrophiles
mais ouvertes, à la faveur de l’étiage (mosaïque possible
avec le Samolo valerandi - Littorelletum uniflorae par
exemple, comme mentionné précédemment).
Cette association possède une valeur patrimoniale élevée.
De plus, elle héberge des plantes rares et menacées et des
endémiques nord-atlantiques comme l’Érythrée littorale
(Centaurium littorale). Elle constitue par ailleurs un très bon
indicateur écologique de la dynamique géomorphologique
de certaines dunes où des pannes peuvent encore se créer
aujourd’hui, lors d’années particulièrement pluvieuses, dans
des secteurs dénudés où la déflation atteint le niveau de la
nappe phréatique des sables.
Elle est également inscrite à l’annexe I de la directive HabitatsFaune-Flore en tant qu’habitat d’intérêt communautaire.
Gestion
Conservation par la maîtrise foncière des sites, le maintien des
niveaux piézométriques de la nappe phréatique et, surtout, la
lutte contre la dynamique de l’embroussaillement, en particulier
sur les marges externes des pannes.
Restauration possible par débroussaillage (cf. fiche) puis
décapage superficiel des substrats dans la mesure où
les secteurs choisis bénéficient d’inondations hivernales
(layons, dépressions, pannes). Le rétablissement des niveaux
piézométriques des nappes phréatiques par diminution des
pompages serait aussi à étudier dans certains secteurs où les
nappes ont très fortement baissé (plaine maritime flamande
notamment).
Références
BRAUN-BLANQUET & de LEEUW, 1936
DIEMONT et al., 1940
WATTEZ, 1975
GÉHU & GÉHU-FRANCK, 1982
de FOUCAULT, 1988
GÉHU, 1995
DUHAMEL, 1995
BARDAT et al., 2002
BIORET et al., 2004
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
353
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Végétation de la ceinture externe des dépressions et des pannes
dunaires, voire de certains chemins ouverts.
Sol mésotrophe à oligo-mésotrophe, sableux en surface, mais
présence éventuelle d’un gley en profondeur.
Inondé durant la période hivernale, mais le substrat s’assèche
nettement en période estivale.
Situations bien ensoleillées.
Végétation naturelle non liée à l’homme mais certaines de ses
activités peuvent la favoriser (fauche ou gyrobroyage de layons,
piétinement modéré…).
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Végétation annuelle à Scirpe sétacé
et Stellaire des fanges
Scirpo setacei - Stellarietum uliginosae
Koch 1926 ex Libbert 1932
Isolepis setacea (= Scirpus setaceus, Scirpe sétacé), Stellaria
alsine (= S. uliginosa, Stellaire des fanges)
Juncus bufonius subsp. bufonius (Jonc des crapauds), Gnaphalium
uliginosum (Gnaphale des fanges), Juncus articulatus (Jonc
articulé), Persicaria hydropiper (Renouée poivre-d’eau), Moehringia
trinervia (Méringie trinervée), Hypericum humifusum (Millepertuis
couché), Lysimachia nemorum (Lysimaque des bois), Lythrum
portula (Salicaire pourpier)
33
.12 ou 22.13) x 22.32
CORINE biotopes (22
30
UE31
30-5
Cahiers d'habitats 31
Physionomie
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Végétation amphibie dominée par des plantes annuelles,
pourvues globalement de feuilles de dimensions
modestes.
Aspect en général peu structuré, compte tenu des types
morphologiques divers des espèces présentes.
Hauteur de végétation modeste (quelques décimètres
au plus) ; recouvrement variable se densifiant au cours
de la saison, mais assez faible (inférieur à 80 %).
Végétation à développement estival.
Végétation ponctuelle liée à de petites dépressions.
Photo : B. de Foucault
Développement optimal : fin d’été
354
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Dépressions, ornières des layons forestiers.
Sols limono-argileux, plus ou moins riches en matière organique,
en conditions légèrement acides à neutres et mésotrophes à
méso-eutrophes.
Dépressions inondées en période hivernale (eaux météoriques
ou eaux de ruissellement), pouvant s’assécher partiellement au
cours de l’été.
Situations de demi-ombre.
Végétation s’accommodant d’actions anthropiques modérées
(ornières dues au passage d’engins).
Cette association d’intérêt patrimonial du fait de sa raréfaction
et de son statut de menace possède cependant une valeur
patrimoniale moyenne. Elle présente par ailleurs un cortège
floristique original d’espèces peu communes à assez rares. Elle
est principalement menacée par l’empierrement des chemins
forestiers aux ornières trop profondes.
Les biotopes favorables à cette association sont également très
prisés par divers amphibiens (Salamandre tachetée, tritons…)
et invertébrés forestiers à stade larvaire aquatique.
Gestion
Végétation pionnière à caractère plus ou moins fugace d’une année
à l’autre, selon les conditions d’inondation.
Végétation qui peut naturellement évoluer, par assèchement ou
atterrissement, vers certaines végétations à caractère prairial des
milieux piétinés ou tassés des Arrhenatheretea elatioris en contexte
forestier, notamment le Prunello vulgaris - Ranunculetum repentis.
En milieu forestier, la végétation à Sicrpe sétacé et Stellaire des
fanges peut cohabiter avec une autre association de la même
classe, mais plus neutrophile et eutrophile (Polygono hydropiperis
- Callitrichetum stagnalis) ; en contexte plus humide, peut
également se développer en mosaïque avec des végétations
à glycéries du Glycerio fluitantis - Sparganion neglecti. Dans
certains contextes forestiers plus mésotrophes, cette végétation
pionnière peut aussi apparaître dans des végétations amphibies
acidiphiles à Renoncule flammette (Ranunculo flammulae –
Juncetum bulbosi).
Variations
Maintien de layons forestiers avec des ornières en favorisant
éventuellement un pâturage extensif au niveau des lisières
forestières ou le passage des grands animaux fouisseurs
(sangliers) ou brouteurs. En revanche, l’intensification des
passages fait disparaître cette végétation.
Limitation des sports tout terrain (VTT, quad, moto, etc.) et de
la circulation équestre dans les chemins forestiers domaniaux
où s’expriment pleinement cette végétation et parfois d’autres
encore plus rares.
Restauration par recréation, dans les biotopes favorables,
d’ornières artificielles et d’ouvertures dans la végétation
herbacée existante.
Références
KOCH, 1926
LIBBERT, 1932
MOOR, 1936
de FOUCAULT, 1988
TAUBER & PETERSEN, 2000
BARDAT et al., 2002
Isoeto durieui - Juncetea bufonii
Dynamique et végétations
de contact
Aucune variation n’a été décrite pour cette association.
Répartition géographique
et distribution régionale
Association présente dans le nord-ouest et le centre de
l’Europe. Sans doute assez bien répandue en France (hors zone
méditerranéenne). Dans la région, signalée dans les collines
de Flandre intérieure, dans la Fagne, le Montreuillois, le basBoulonnais, le pays de Mormal et la Thiérache.
À rechercher ailleurs, notamment dans les forêts de plateaux
sur limons argileux du Haut-Artois, de l’Artois méridional et du
Haut-Cambrésis.
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