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n° 445
juin 2004
KS
et médecine du sport
KINÉSITHÉRAPIE,TRAUMATOLOGIE
La branche fessière se porte en bas et en
arrière vers le grand trochanter et se perd
dans les téguments de la fesse et de la face
postérieure de la cuisse.
La branche crurale se divise en plusieurs
rameaux qui descendent vers le genou et se
distribuent aux téguments de la région
antéro-externe de la cuisse.
Les atteintes du nerf fémoro-cutané (nerf
cutané latéral de la cuisse) sont essentielle-
ment dues à un conflit lors de son passage
dans le canal ostéofibreux formé par l’épine
iliaque antéro-supérieure, l’arcade crurale et le
dédoublement de l’aponévrose du psoas
iliaque. Malgré cela, un certain nombre de
méralgies paresthésiques sont qualifiées
“d’idiopathiques” : ceci est certainement lié à
des rapports et des variantes anatomiques com-
plexes cliniquement difficiles à appréhender.
Étiopathogénie
de la méralgie paresthésique
L’étiopathogénie de la maladie est le plus
souvent idiopathique, mais elle peut être soit
microtraumatique, traumatique, iatrogénique,
ou s’inscrire dans un cadre nosologique plus
large (métabolique par exemple).
L’étiologie microtraumatique s’explique
par les contraintes en tension, en frottement
ou en compression auquel le nerf fémoro-
cutané (nerf cutané latéral) est soumis dans
sa coulisse ostéo-fibreuse. Ces contraintes
itératives se retrouvent dans les sports solli-
citant fortement les muscles de la hanche ou
de la paroi abdominale (course de fond,
cross-country, football, musculation), et les
sports faisant appel à une posture en flexion
longtemps maintenue (canoë-kayak, aviron).
Ces microtraumatismes aboutissent à des
phénomènes irritatifs et inflammatoires
conduisant progressivement à la constitution
d’un épaississement localisé du nerf. Ce véri-
table “névrome de continuité” (Y. Guégan)
est à l’origine d’une production lente de
fibrose cicatricielle qui entraîne une dégéné-
rescence des fibres nerveuses avec associa-
tion fréquente de complications vasculaires,
au niveau de la microcirculation intraneurale,
responsables de lésions ischémiques.
La compression du nerf fémoro-cutané peut
être liée aussi à des vêtements trop serrés au
regard du pli inguinal (ceintures, ceintures
de contention lombaire, ceintures de sécu-
rité, vêtements compressifs).
L’étiologie traumatique est rare. Elle s’observe
soit chez les adultes au cours de traumatismes
graves de la hanche avec mécanisme par choc
direct, voire par arrachement des épines
iliaques, soit plus volontiers chez des adoles-
cents sportifs au cours d’une avulsion des épi-
nes iliaques antérieures (M. Thanikachalam et
coll.). Le mécanisme est alors lié à une contrac-
tion brutale du droit antérieur (arrachement de
l’épine iliaque antéro-inférieure) ou du tenseur
du fascia lata et du couturier (arrachement de
l’épine iliaque antéro-supérieure), associée à
une extension du tronc, chez des garçons pra-
tiquant le sport de manière intensive.
L’étiologie iatrogénique n’est pas spéci-
fique au sportif car cette complication peut
survenir après toute chirurgie de la hanche
par voie d’abord antérieure ou prélèvement
de greffon iliaque. On la retrouve aussi après
une compression per ou postopératoire
(latérocubitus homolatéral au nerf lésé, pos-
ture déclive imposant une flexion des han-
ches de longue durée).
La connaissance par le kinésithérapeute
d’une atteinte du nerf fémoro-cutané doit
imposer certaines précautions dans l’appli-
cation de techniques physiques (thermothé-
rapie, cryothérapie) ou manuelles (massa-
ges) sur cette région anesthésiée (risques de
brûlures ou d’autres lésions cutanées).
Les autres étiologies s’inscrivent dans un
cadre nosologique plus large. Les principales
causes de neuropathies périphériques sont :
– les pathologies métaboliques : diabète,
hypothroïdie, déficience en vitamine B12,
alcoolisme, etc. ;
– les connectivites : polyarthrite rhumatoïde,
lupus érythémateux, etc. ;
– les maladies toxiques : postchimiothérapie,
exposition au plomb, etc. ;
– les pathologies neurologiques héréditaires :
maladie de Charcot-Marie-Tooth, etc. ;
– les pathologies tumorales ;
– les pathologies infectieuses : maladie de
Lyme, infection HIV, etc.
Cette liste n’est pas exhausive car de nom-
breuses pathologies peuvent être à l’origine
Le syndrome canalaire (entrapment neuro-
pathy des auteurs anglo-saxons) se définit
comme la traduction clinique d’un conflit
entre un défilé ostéo-fibreux ou myo-apo-
névrotique (le contenant) et un tronc ner-
veux périphérique (le contenu).
L’augmentation de volume du nerf, liée à des
phénomènes irritatifs et inflammatoires,
aggrave ce conflit.
Variantes anatomiques
Selon P. Kamina et J.-J. Santini, le nerf
fémoro-cutané passe sous ou à travers l’ar-
cade crurale (ligament inguinal),
Selon K.-M. Erbil et coll., à partir d’une étude
réalisée sur 28 cadavres, les racines L2 et L3
sont parfois anastomosées et donnent nais-
sance à un nerf qui se divise en quatre bran-
ches : nerf obturateur, nerf crural (nerf fémo-
ral), rameau médial du nerf fémoro-cutané
(branche crurale), et rameau latéral du nerf
fémoro-cutané (branche fessière).
Selon J. Brizon et J. Castaing, le nerf fémoro-
cutané (nerf cutané latéral de la cuisse) peut
s’anastomoser après son passage sous l’ar-
cade crurale avec une branche collatérale
inconstante du nerf fémoral, le nerf fémoro-
cutané antéro-externe de Valentin.