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La Lettre du Gynécologue - n° 303 - juin 2005
e CRAT a participé à la journée de l’AFARED
(Association francophone pour l’étude des anomalies de
la reproduction et du développement) qui a eu lieu à
Paris, le 10 décembre 2004, et dont le thème était “Chimiothérapie
anticancéreuse et grossesse”. Les communications sont disponibles
sur demande auprès du Dr Eléfant (0144735397 ou elisabeth.ele-
Un des exposés, que nous reprenons ici, présentait une revue de la
littérature sur la descendance après traitement anticancéreux dans
l’enfance ou l’adolescence.
Grâce à l’amélioration des taux de survie et des progrès faits pour
diminuer les effets stérilisants des traitements anticancéreux, les
enfants et les adultes atteints de cancer sont de plus en plus nom-
breux à envisager une grossesse après leur traitement, et à l’obtenir.
Cependant, tous les antimitotiques, ainsi que les radiations ioni-
santes, sont mutagènes chez l’animal et le plus souvent dans
l’espèce humaine. Ils sont susceptibles, par ce biais, d’endommager
le matériel génétique des cellules germinales, au niveau génique
et/ou chromosomique. Les conséquences cliniques d’une concep-
tion à partir d’une telle cellule sont difficiles à appréhender, nous
avons donc mené une vaste revue de la littérature sur la descen-
dance après traitement anticancéreux.
•L’effet mutagène dépend du stade de différenciation de la cellule :
plus les cellules se divisent, plus elles sont sensibles à un effet létal
et mutagène, mais les capacités de réparation sont importantes. Au
total, sur la base des études réalisées chez l’animal, une atteinte des
spermatogonies différenciées et des spermatocytes de 1er ordre a
peu de conséquences, alors que le risque est plus important si les
spermatides et a fortiori les spermatozoïdes ont été directement
exposés. Lorsqu’une spermatogonie souche est atteinte, il existe un
risque résiduel faible mais définitif qui se retrouvera dans toutes les
cellules filles. Aucune donnée n’est disponible sur les ovocytes.
•Les études de chromosomes de spermatozoïdes chez l’homme ne
permettent pas de conclure. Le matériel chromosomique des sper-
matozoïdes d’environ 80 patients a été étudié après chimiothérapie
et/ou radiothérapie (cas isolés ou petites séries). Il semble que les
anomalies chromosomiques, de nombre ou de structure, soient plus
fréquentes si le délai depuis le traitement est court, en particulier
inférieur à trois mois et, peut-être, si les patients ont reçu une radio-
thérapie abdominale. Cependant, pour certains de ces patients, des
anomalies importantes sont retrouvées même 20 ans après le traite-
ment.
Par ailleurs, deux cohortes comparatives retrouvent dans les sper-
matozoïdes une diminution (significative dans un cas, non signifi-
cative dans l’autre) des fragmentations de l’ADN pendant 1 à 2 ans
après le traitement, leur nombre ré-augmentant jusqu’à celui des
témoins après ce délai.
•La descendance des enfants traités pour cancer est étudiée dans
plusieurs grandes cohortes rétrospectives (quelques centaines à
quelques milliers de grossesses dans chaque étude). Leurs résultats
sont concordants. Seules les femmes ayant reçu une radiothérapie
abdominale massive, essentiellement pour tumeur rénale dans
l’enfance, ont une fréquence accrue de fausses couches, et d’accou-
chements prématurés, de petits poids de naissance et de décès péri-
nataux. Tous ces “accidents” ne seraient pas liés à l’effet mutagène
des traitements mais à leurs séquelles locales et locorégionales au
niveau de l’utérus (endomètre, myomètre), de la vascularisation,
etc. L’absence d’augmentation significative de la fréquence des
malformations dans la descendance de ces femmes vient à l’appui
de cette origine non mutagène des complications de grossesse.
Pour tous les hommes traités et pour tous les autres types de traite-
ments chez la femme (chimiothérapie et/ou radiothérapie non abdo-
minale), on ne retrouve pas d’augmentation des fausses couches, ni
des grossesses pathologiques, ni des malformations, et cela, quels
que soient les types de cancer, les molécules utilisées, leur posolo-
gie et les doses-gonades de radiothérapie.
•Les résultats des études sur la descendance des adultes traités pour
cancer sont identiques, bien que les effectifs soient moins impor-
tants, et ne mettent en évidence ni d’augmentation des malforma-
tions ni d’augmentation des fausses couches. En ce qui concerne les
femmes traitées pour tumeur trophoblastique (plus de 3000 gros-
sesses publiées), les fausses couches sont plus fréquentes, surtout si
le délai est court, mais cela est à mettre sur le compte de la patholo-
gie (récidive), des séquelles locales du traitement chirurgical et non
des anticancéreux.
•Le caryotype de la descendance, sur sang périphérique ou amnio-
centèse, est normal dans les quelques études qui s’y sont intéres-
sées.
•La fréquence des cancers dans la descendance des parents traités
par anticancéreux avant la conception est augmentée, mais elle cor-
respond aux tumeurs à transmission génétique connue comme le
rétinoblastome et à la notion d’agrégation familiale de certains can-
cers sans qu’une cause génétique précise n’ait pu être identifiée à
l’heure actuelle. La fréquence des cancers de l’enfant dans la popu-
lation générale est suffisamment faible pour que des effectifs plus
grands et des suivis plus longs chez les enfants soient nécessaires
pour améliorer la possibilité de dépister un effet cancérigène dans la
descendance des parents traités.
LES INFORMATIONS DU CRAT
Y a-t-il un risque à concevoir une grossesse
après un traitement anticancéreux ?
L
Centre de Renseignements sur les Agents Tératogènes : hôpital Armand-
Trousseau, 26, av du Dr Arnold-Netter, 75571 Paris Cedex 12.
Tél/fax : 01 43 41 26 22. Internet : Http://lecrat.monsite.wanadoo.fr
Le CRAT est une association à but non lucratif (loi 1901) dont les subventions
sont exclusivement publiques.
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Drs E. Elefant, M.P. Cournot, F. Assari, C. Vauzelle, Mme Ralaimihoatra, Mme De Melo