Nicole
Anthropologie religieuse. Deus sol
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 3, 1902. pp. 325-333.
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Nicole . Anthropologie religieuse. Deus sol. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 3, 1902. pp. 325-
333.
doi : 10.3406/bmsap.1902.6049
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1902_num_3_1_6049
PAUL
NICOLE.
DEUS
SOL
325
l'état
du
développement
dentaire
chez
ce
sujet
aussi
bien
que
du
dévelop
pement
osseux
du
maxillaire
rien
ne
peut
faire
croire
que
l'évolution
dentaire
soit
plus
tardive
chez
nos
ancêtres
Gaulois
que
chez
nous,
il
est
permis
d'affirmer
que
cette
sépulture
renfermait
les
restes
d'un
enfant
de
10
à
11
ans
et
j'ajoute
que
pour
cet
âge
l'état
de
la
dentition
est
aussi
normale
que
possible.
Je
remercie
notre
président,
de
m'a
voir
permis
de
faire
cette
très
inté
ressante
étude
beaucoup
plus
intéressante
comme
je
disais
en
commenç
ant
que
s'il
s'était
agi
d'un
cas
d'anomalie,
car
elle
nous
permet
de
nous
prémunir
contre
une
cause
d'erreur
quand
nous nous
trouvons
en
pré
sence
de
squelettes
d'enfants
à
un
certain
moment
de
leur
développe
ment.
Erreur
assez
facile,
vous
voyez,
puisque
des
personnes
dont
nul
ne
conteste
la
compétence
ont
pu
s'y
tromper
et
se
laisser
prendre
à
des
apparences
contre
lesquelles
il
faut
savoir
se
tenir
en
garde.
Je
termine
en
priant
mes
collègues
de
vouloir
bien
excuser
ma
présomption
si
les
études
spéciales
auxquelles
je
me
suis
livré
m'ont
permis
d'affirmer
une
opinion
qui
n'était
pas
la
leur,
je
n'oublie
pas
du
tout
la
modestie
qui
doit
être
et
qui
est
mon
lot
vis-à-vis
d'eux.
ANTHROPOLOGIE
RELIGIEUSE
DEUS
SOL
Par
M.
Paul
Nicole.
Je
me
propose
de
faire
quelques
communications
à
la
Société,
touchant
l'Anthropologie
religieuse,
c'est-à-dire
l'étude
de
l'homme
envisagé
comme
auteur
ou
adhérent
des
religions.
La
présente
a
pour
objet
le
Deus
Sol,
ce
grand
Dieu,
qui
se
recom
mande
à
nos
recherches
et
à
nos
méditations^
par
son
culte
antique,
sa
théologie
savante,
son
évolution
triomphale.
Je
ne
manquerai pas
de
signaler
au
passage,
les
questions
de
théologie,
d'histoire
et
de
critique,
qui
se
rattachent
à
la
religion
solaire,
si
importante,
si
suggestive,
au
milieu
de
toutes
les
autres
religions.
Le
Dieu
Soleil,
Deus
Sol,
Sol
Oriens,
Solselernus,
a
été
le
plus
vénéré
des
anciens
dieux,
et
de
nos
jours
encore-,
il
est
adoré
dans
un
certain
nombre
de
pays.
Assimilé
à
un
personnage
humain
divinisé,
on
lui
attribuait
une
foule
d'aventures
merveilleuses,
empruntées
à
ses
révolutions
astronomiques,
fictions
mystiques,
allégories
sacrées,
imaginées
par
l'ignorance
des
lois
naturelles
;
ainsi,
ses
adorateurs
le
représentaient
souvent
aux
quatre
principales
époques
de
l'année,
sons
les
traits
de
l'homme
aux
quatre
époques
principales
de
la
vie,
savoir
:
l'enfance,
la
jeunesse,
la
maturité
et
la
vieillesse.
La
figure
de
l'enfance
était
celle
qu'on
lui
donnait
au
solstice
d'hiver,
326
17
avril
1902
au
moment
il
paraissait
le
plus
éloigné
de
la
terre
et
les
jours
devenus
les
plus
courts
allaient
commencer
à
croître.
C'est
alors
qu'on
célébrait
dans
les
mystères
antiques
la
naissance
du
dieu,
qu'on
pré
sentait
à
l'adoration
des
peuples
sous
l'image
d'un
enfant
nouveau-né.
Cet
enfant
était
censé
naître
avec
l'année
solaire
au
premier
instant
du
premier
jour,
c'est-à-dire
à
minuit
chez
la
plupart
des
peuples.
La
célébration
de
cet
événement
avait
été
fixée
chez
les
Romains,
gens
de
ponctualité
administrative^
à
la
date
invariable
du
23
décembre.
Le
calendrier
publié
par
Constantin
relate
cette
date,
que
les
nations
modernes
ont
conservée.
P.Hochart
dans
ses
Eludes
rel.
2i7,
fait
observer
que
cette
fête
était
parfois
ajournée
au
1er
janvier,
pour
la
faire
coïncider
avec
le
commencement
de
l'année
civile.
Macrobe,
le
grand
érudit
du
ve
siècle,
raconte
que
chaque
année
au
25
décembre,
une
foule
de
confréries
célébraient
par
tout
l'empire
ce
qu'on
appelait
la
Nativité
du
Soleil.
Des
processions
parcouraient
les
villes
et
les
campagnes.
Les
initiés
vêtus
de
costumes
symboliques,
portaient
triomphalement
l'enfant
divin
couché
dans
le
van
mystique
ou
dans
la
corbeille
sacrée
qui
lui
servait
de
berceau.
Tout
le
monde
l'entourait
en
chantant
et
criant,
comme
on
le
fait
encore
de
nos
jours
en
certaines
contrées
:
Ànnouël
ou
Noël,
c'est-à-dire
un
dieu
nous
est
né,
suivant
l'explication
de
Ferdinand
Hoefer
(loc.
cit.)
Des
fêtes
solennelles
en
l'honneur
du
Seigneur
Soleil
avaient
également
lieu
le
25
mars,
au
moment
de
l'équinoxe
du
printemps,
lorsque
le
dieu
revenait
aux
régions
boréales
et
aux
signes
célestes
qui
formaient
le
royaume
de
la
lumière.
L'équinoxe
du
printemps
était
pour
nombre
de
peuples
et
notamment
pour
les
Egyptiens,
chez
qui
la
religion
consista
longtemps
dans
ce
que
M.
Pierret
a
nommé
le
drame
solaire,
l'occasion
d'une
très
grande
fête.
Ce
retour
triomphal
du
Soleil
s'effectuait
par
son
passage
dans
le
signe
du
Bélier
ou
de
l'Agneau,
suivant
les
Perses.
Les
adorateurs
du
Soleil,
comme
le
fait
observer
Jamblique,
avaient
coutume
de
le
représenter
avec
les
attributs
des
signes,
auquel
il
s'unissait
alternativement
pendant
sa
révolution
;
il
en
résulta
que
le
Soleil
de
l'équinoxe
du
printemps
dut
offrir
les
attributs
du
Bélier
ou
de
l'Agneau.
Ainsi,
on
représentait
le
Soleil,
considéré
d'ailleurs
comme
étant
alors
dans
sa
pleine
jeunesse,
sous
la
forme
d'un
jeune
homme
conduisant
un
Bélier
ou
ayant
à
ses
côtés
un
Bélier;
d'autres
fois,
on
coiffait
le
jeune
homme
des
cornes
du
Bélier,
comme
le
dieu
Ammon.
Rappelons
ici,
qu'environ
quatre
mille
ans
avant
l'ère,
on
figurait
le
Dieu
sous
la
forme,
et
avec
les
attributs
du
taureau
céleste,
l'astre
solaire
avait
son
exal
tation
au
printemps.
De
là,
les
cornes
de
taureau
attribuées
au
Dieu
chaldéen
Marduk
;
de
là,
ces
dieux
cornus
et
même
les
déesses
Astarté
Tauropos,
Artemis
ïaurique,
et
la
Diane
latine,
dite
Regina
bicorais,,
etc.
Les
cornes
étaient
devenues
le
symbole
de
la
divinité
et
de
la
sou-
PAUL
NICOLE.
DEUS
SOL
327
veraineté.
A
noire
avis,
le
Moïse
cornu
que
vous
avez
pu
admirer
à
Rome,
à
l'église
St-Pierre
ès-liens,
n'a
pas
non
plus
d'autre
origine.
Mais
il
venait
un
moment
le
Soleil,
après
avoir
régné
glorieusement
pendant
les
mois
de
lumière,
descendait
vers
le
pôle
abaissé
comme
on
disait
alors,
sous
lequel
on
plaçait
la
partie
inférieure
du
monde,
pour
y
disparaître,
s'y
éteindre
et
mourir.
A
cette
époque
avaient
exister
des
fêtes
de
deuil
que,
par
des
raisons
qui
nous
sont
inconnues,
on
avait
reculées
jusqu'à
quelques
jours
avant
l'équinoxe
du
printemps.
C'était
donc
au
moment
de
célébrer
l'exaltation
du
Soleil
et
sa
résurrection,
que
l'on
pleurait
sa
mort.
Macrobe
fait
expressément
remarquer
à
ce
sujet,
que
ces
fêtes
con
sacrées
au
triomphe
du
Soleil
et
que
les
Romains
nommaient
Hilaries,
étaient
partout
précédées
de
quelques
jours
de
deuil
l'on
pleurait
la
mort
du
Dieu.
La
croyance
à
la
divinité
du
Soleil,
était
encore
vivace
au
siècle
de
l'ère,
a
en
juger
par
l'hymne
au
Soleil,
de
Martianus
Capella
:
«.
0
Soleil,
s'écrie
le
poète,
premier-né
du
père
inconnu,
source
de
notre
«
intelligence,
origine
de
la
lumière,
tu
es
la
gloire
des
Dieux
et
tu
«
prouves
leur
existence.
Tu
es
l'œil
du
monde,
la
splendeur
de
l'Olympe
«
et
il
t'est
permis
de
voir
le
Père
et
de
contempler
le
grand
Dieu,
C'est
à
«
toi
qu'obéit
le
cercle
du
Zodiaque
et
c'est
toi
qui
en
règle
le
mou-
ce
vement
dans
ses
courbes
immenses.
«
Les
Latins
t'appellent
Sol,
parce
que
seul
honoré
par
eux
après
le
«
Père
du
monde,
tu
es
la
perfection
et
la
kimière...
«
Le
Nil
te
vénère
sous
le
nom
de
Sérapis,
Memphis
sous
celui
d'Osiris.
«
D'autres
adorateurs
t'appellent
Mithra.
«
Le
bel
Atys,
c'est
encore
toi,
ainsi
que
l'enfant
bienfaisant
à
qui
nous
«
devons
la
charrue
recourbée.
C'est
toi
l'Ammon
de
l'aride
Lybie
et
«
l'Adonis
de
Byblos.
Ainsi,
tout
l'univers
t'invoque
sous
des
noms
«
différents.
»
L'idée
de
Martianus
Capella,
de
faire
du
Soleil
le
fils
premier-né
de
Dieu
n'est
point
une
simple
fiction
poétique,
elle
est
conforme
à
la
théo
logie
la
plus
ancienne.
Ce
même
dieu
Soleil
est
désigné
dans
l'Orphisme
sous
le
nom
de
Phanès
et
de
Protogone,
le
rayon
primitif
de
la
lumière
éternelle
qui
éclaire
le
cahos.
Mais
d'après
notre
poète,
le
Soleil
ne
serait
pas
le
pre
mier
dieu,
il
a
son
Père
qui
est
le
Père
invisible
placé
au-delà
des
sphères
et
que
lui
seul
peut
voir.
Ce
trait
fait
songer
à
la
réflexion
d'Origène
au
sujet
du
Christ.
Nemo
agnovit
patrem,
nisi
filius.
Pour
ces
grandes
asso
ciations
de
théosophes
et
de
cosmologues
auxquels
on
donna
dans
la
première
moitié
du
second
siècle
le
nom
de
gnostiques,
le
soleil
était
éga
lement
le
grand
médiateur
émané
de
Dieu,
intelligence
pure
et
être
vivant
à
la
fois
en
d'autres
termes
le
Logos
de
Platon.
(Secundus
Re-
villout
8.)
Mais
si
certains
théologiens
considéraient
le
Soleil
comme
le
fils
du
dieu
inconnu,
la
majorité
de
ses
adorateurs
l'envisagea
toujours
comme
un
grand
dieu
et
même
comme
un
dieu
suprême
■:
Qui
es
élevé
dans
le
ciel
328 17
avril
1902
«
disaient
les
théologiens
d'Assyrie
en
s'adressantau
dieu
Samas
le
Soleil?
«
Toi
seul
es
élevé.
Qui
est
élevé
sur
la
terre?
Toi
seul
est
élevé.
Ton
com-
«
mandement
glorieux
a
retenti
dans
le
ciel.
Les
dieux
se
prosternent...
«
Les
génies
baisent
le
sol.
Ton
glorieux
commandement
qui
vient
me
«
l'enseigner?
Qui
vient
me
le
faire
connaître?
»
En
Egypte
la
rel
igion
solaire
obtint,
vous
le
savez,
un
si
puissant
rayonnement,
Ra
l'un
des
dieux
solaires
fut
envisagé
comme
le
dieu
suprême
et
les
hymnes
en
son
honneur
le
qualifiaient
de
fort,
de
vivant,
grand,
lumineux,
bon,
puissant,
bienfaisant,
resplendissant,
flamboyant.
Les
Egyptiens
récitaient
au
nom
des
morts
une
prière
ainsi
conçue
:
«
0
Soleil
le
maître
de
toutes
choses,
et
vous
tous
les
autres
dieux
qui
«
donnez
la
vie
aux
hommes,
recevez-moi
et
faites
que
je
sois
admis
dans
«
la
société
des
dieux
éternels.
»
Porphyre,
de
Abstinentia
IV,
16.
Il
faudrait
un
ouvrage
étendu
pour
raconter
l'histoire
des
Dieux
So
laires,
fournir
des
données
précises
sur
leur
culte,
leurs
emblèmes,
faire
apprécier
les
dévotions
passionnées
et
parfois
cruelles
dont
ces
divinités
ont
été
l'objet,
enfin
décrire
leurs
divers
ennemis
serpentiformes,
rappe
lant
le
Dragon
maléfique
d'Automne.
Au
fond
des
religions
sémitiques
comme
au
fond
des
religions
aryennes,
les
principaux
mythes
sont
des
mythes
solaires.
Max
Muller
dit
à
ce
su
jet
:
«
Plus
on
pénétrera
dans
la
nature
intime
des
mythes
primitifs,
plus
on
se
convaincra
qu'ils
se
rapportent
pour
la
plus
grande
partie,
au
Soleil.
»
Parmi
les
noms
donnés
au
Soleil
nous
citerons
les
suivants
:
Hercule,
Bélus,
Ammon,
Osiris,
Saturne,
Ra,
Jupiter,
Pan,
Sérapis,
Esculape,
Mithra,
Pluton,
Apollon,
Astrochyton,
Atys,
Bacchos,
Panthée,
Liber,
Thésée,
Jason,
Jaô,
etc.
On
l'appela
aussi
Thammouz
ou
Adonis,
Mânou,
Krishna,
Bouddha.
Il
reçut
également
les
qualifications
de
dieu
du
Temps,
de
dieu
brillant,
de
dieu
éther,
dieu
aux
mille
noms.
Le
Soleil
fut
vénéré
en
outre
comme
un
dieu
poisson
:
Dagon
en
effet
personnifiait
le
Soleil
qui,
d'ailleurs,
dans
certains
pays,
notamment
chez
les
Papous,
est
considéré
actuellement
comme
un
dieu
aquatique
aussi
bien
que
céleste.
Pour
certains
critiques
le
Christ
serait
également
une
divinité
solaire,
et
si
l'opinion
est
juste
à.
nos
yeux,
nous
reconnaissons
qu'elle
n'est
pas
exprimée
avec
la
clarté
désirable.
Le
mot
christianisme
repose
en
effet
sur
la
confusion
des
désignations
suivantes
:
Chrestos,
le
Dieu
Bon,
d'où
chrestien,
chrestient,
Christos
l'Eon
suprême,
d'où
christianisme,
et
le
pseudo-christos
judéo-chrétien
traduc
tion
par
à
peu
près
de
Messias
ou
Shilo.
Or,
J.
B.
Mitchell,
critique
anglais
qui
a
étudié
attentivement 1287
ins
criptions
phrygiennes
de
chrestianoi
et
de
christianoi
déclare
que
le
chrisme,
emblème
solaire
antérieur
au
christianisme
proprement
dit
représentait
le
Dieu
bon
Chrestos.
Ajoutons
que l'Eon
suprême
Christos
fut
également
un
personnage
so-
jaire,
d'après
la
plus
ancienne
théologie,
et
que
le
Christ-Messie,
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