La prévention primaire : l’information, une priorité

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Tableau I. Recommandations de la Société
française d’alcoologie (SFA) : conduites
d’alcoolisation au cours de la grossesse,
10-11 octobre 2002.
Dépistage et prise en charge en réseau
des mésusages d’alcool
D. Boussiron*
En France, les femmes en âge d’avoir des enfants, et de manière
générale, l’ensemble de la population, ne sont pas assez
informées des conséquences néfastes des conduites
d’alcoolisation, même occasionnelles, durant la grossesse.
Et pourtant, seulement 30 % des femmes n’ont jamais bu une
goutte d’alcool ! Les femmes enceintes qui font un mésusage
d’alcool et, a fortiori celles qui ont une dépendance à l’alcool,
doivent être mieux repérées, accompagnées et prises en charge
en réseau. Comme le préconise depuis les 10 et 11 octobre
2002 la Société Française d’Alcoologie et d’Addictologie.
La prévention primaire :
l’information, une priorité
Les conséquences sur le fœtus de l’exposition prénatale à l’alcool sont maintenant
bien établies (1, 2). Et pourtant, les femmes
ne le savent pas. Ainsi, en 1996, une étude
(3) montrait que si, 95 % des femmes
enceintes interrogées avaient connaissance
des risques liés au tabagisme gravidique,
seulement 65 % connaissaient les risques
de l’association alcool-grossesse. De plus,
seulement 10 % avaient reçu une information sur les risques liés à la consommation
d’alcool.
La Société française d’alcoologie a rendu
publique, les 10 et 11 octobre 2002, ses
Recommandations, intitulées “Les conduites
d’alcoolisation au cours de la grossesse”
(4) (tableau I). Les auteurs insistent notamment sur la diffusion des connaissances
tant en direction des professionnels que du
grand public. Suivant les préconisations de
l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
(tableau II), qui a établi notamment des
seuils de consommations d’alcool, ils
conseillent l’abstinence durant toute la
durée de la grossesse. La prévention primaire doit donc se développer. Il existe trop
* Praticien hospitalier, centre hospitalier
Sainte-Marie de Clermont-Ferrand, directeur
scientifique Médidep.
peu de campagnes d’information en
France, notamment auprès des jeunes (5).
L’Association nationale de prévention en
alcoologie et addictologie (ANPAA), en
collaboration avec l’Institut national de
prévention et d’éducation pour la santé
(INPES) ont un rôle majeur à jouer dans la
mise en place de cette action de prévention
primaire de l’alcoolisation durant la grossesse.
Stratégies de dépistage
Les difficultés du dépistage
Si, comme l’exprime B. Rueff (6), “la
grossesse est un bon moment pour repérer
les femmes en danger à cause de leur
consommation et pour délivrer un message
de sobriété qui a de bonnes chances d’être
entendu”, il n’en demeure pas moins que
ce dépistage est loin d’être réalisé dans les
maternités et qu’il présente de nombreuses
difficultés. Tout d’abord que doit-on repérer ? Il convient d’avoir bien présent à l’esprit les différentes modalités d’usage de
l’alcool, telles que les a définies la SFA
dans ses Recommandations pour la pratique clinique : Les conduites d’alcoolisation. (7) (figure).
En France, seulement 30 % des femmes
sont abstinentes de première intention,
c’est-à-dire qu’elles n’ont jamais bu une
goutte d’alcool (8, 9).
137
Recommandations pour la diffusion des
connaissances et des messages concernant l’exposition prénatale à l’alcool :
• conseiller l’abstinence ;
• former les professionnels ;
• informer le grand public.
Recommandations pour le repérage et
la prise en charge des conduites d’alcoolisation chez la femme enceinte :
• repérer les conduites d’alcoolisation
durant la grossesse ;
• aider et accompagner les femmes
enceintes qui s’alcoolisent ;
• faciliter leur accès aux soins ;
• aider et accompagner la mère et l’enfant
lorsqu’il y a eu alcoolisation durant la
grossesse.
Tableau II. Les seuils de consommation
d’alcool de l’OMS.
Consommations régulières :
• femmes : pas plus de 2-3 unités d’alcool par jour (< 14 verres par semaine) ;
• hommes : pas plus de 3-4 unités d’alcool par jour (< 21 verres par semaine) ;
• au moins une fois par semaine sans
boissons alcoolisées.
Consommations occasionnelles :
• pas plus de 5 unités en une seule occasion ;
• pas d’alcool pendant la grossesse.
La SFA dans ses Recommandations insiste
sur le repérage des conduites d’alcoolisation au cours de la grossesse. En effet, les
professionnels de la santé, et notamment
ceux de la périnatalité, sont souvent peu
enclins à aborder le sujet. Pourtant les
gynécologues obstétriciens et les sagesfemmes ont un rôle capital à jouer en la
matière. Le groupe d’experts de ces
Recommandations préconise de s’enquérir
des pratiques de consommation d’alcool
chez toutes les femmes enceintes ou qui
désirent une grossesse.
Il faut souligner l’importante sous-évaluation
par les femmes enceintes de leur niveau de
consommation d’alcool. Elles ne savent pas,
notamment quelles quantités d’alcool
contiennent les différentes boissons qu’elles
sous-évaluent d’environ 30 % (10).
L’entretien de parentalité souhaité par le
législateur, de même que les séances de
préparation à la naissance ou les consultations obstétricales prénatales pourraient
être des opportunités que l’ensemble des
cliniciens concernés par la grossesse
devrait savoir saisir pour interroger la
femme enceinte sur ses pratiques addictives. Les services départementaux de pro-
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Amater nité
et al cool
tection maternelle et infantile comptent
dans leurs missions l’organisation de
consultations prénuptiales, prénatales et
postnatales et des actions de prévention
médico-sociale concernant les femmes
enceintes. Il est évident que ces services de
PMI devraient être des acteurs privilégiés
de la prévention secondaire des conduites
d’alcoolisation au cours de la grossesse.
Outre-Atlantique, les praticiens interrogent
plus facilement les femmes enceintes sur
leurs pratiques addictives. Ainsi, une étude
(11) de l’American College of Obstetricians
and Gynecologists (ACOG) montre que
97 % de ceux-ci interrogent les femmes
enceintes sur leur usage d’alcool ; 48 %
interrogent eux-mêmes la femme enceinte au
cours de la visite prénatale ; 41 % délèguent aux sages-femmes. Il est à noter que
dans cette étude 23 % utilisent un questionnaire standardisé de screening de mésusage
d’alcool (en l’occurrence le questionnaire
CAGE composé de 4 items).
Les moyens
L’expertise collective de l’Inserm
“Alcool, effets sur la santé” (12) recommande notamment que, “dans le cadre
d’études transversales répétées, la consommation d’alcool durant la grossesse soit
contrôlée systématiquement dans les
maternités à l’aide de questionnaires, afin
de relever la fréquence de consommation
mais également de suivre son évolution au
cours du temps.” Il y est aussi précisé que
“ce contrôle bénéficierait du développement d’un marqueur biologique simple et
fiable de la consommations d’alcool.”
Les questionnaires de dépistage standardisé de mésusage d’alcool (13, 14) peuvent
constituer un appoint à l’entretien. Ils sont
encore peu répandus dans la communauté des
obstétriciens et des sages-femmes. Un des
plus utilisé dans le repérage du mésusage
d’alcool en population générale est l’autoquestionnaire AUDIT. Il permet d’étayer le
diagnostic différentiel entre le mésusage d’alcool avec ou sans dépendance. La SFA
recommande de définir la valeur seuil du
score prédictif du questionnaire AUDIT chez
la femme enceinte. La validation en français
du questionnaire T-ACE, considéré comme
étant le questionnaire présentant les
meilleures sensibilité et spécificité pour le
repérage des conduites d’alcoolisation chez la
femme enceinte est recommandé.
Les trois marqueurs biologiques de
1er contact
mésusage d’alcool (1315) sont :
Expériences
Le volume globulaire
apprentissage
moyen (VGM), marqueur
d’une alcoolodépendance déjà installée. Il est
peu sensible et peu spécifique. Toutefois la grossesse n’a pas d’influence
Usage
sur ce marqueur, c’est-àdire qu’elle ne modifie
non
usage
pas les valeurs seuils.
La gammaglutamyltranspeptidase (γGT) est une
MÉSUSAGE
Usage à
enzyme membranaire
risque
d’origine hépatique. Sa
sensibilité dans l’abus
d’alcool est de l’ordre de
40 % avec une spécificité de 76 %. Dans l’alcooUsage avec
Usage
dépendance
lo-dépendance, sa sensinocif
bilité augmente à 80 %
mais toujours avec une
spécificité assez faible.
Ce marqueur est égale- Figure. Représentation schématique et dynamique des diffément non influencé par la rentes catégories de conduites d’alcoolisation et des principales
voies de passages de l’une à l’autre.
grossesse.
Dans plusieurs études
culaire du 8 septembre 2000, ont un rôle
(16), il a été observé une corrélation entre le majeur à jouer dans l’initiation de cette prise
taux de γGT de femmes enceintes et le retard en charge. Cette circulaire insiste, notamment,
de croissance intra-utérin, des anomalies sur le fait qu’une attention particulière sera
congénitales ou bien des complications péri- portée aux maternités et sur la nécessité de
et postnatales. Pour certains auteurs, l’aug- renforcer les formations en addictologie des
mentation des γGT est prédictive d’effet de sages-femmes.
l’alcool sur le fœtus dans 61,5 % des cas avec Idéalement, comme cela existe déjà dans cerun risque relatif de 2,4 (17).
taines régions, la prise en charge de ces
La Carbohydrate Deficient Transferrine femmes enceintes devrait s’effectuer dans le
(CDT) est une bêtaglycoprotéine, la transfer- cadre d’un réseau intégrant les professionnels
rine, participant au transport du fer. Il existe 9 de l’addictologie, ceux de la grossesse et ceux
isoformes. Cette protéine est influencée par la de la petite enfance.
grossesse qui en augmente les taux. De nom- L’ensemble des professionnels de la grossesse
breuses études ont montré que la CDT dans et de la périnatalité se doivent de passer outre
les problèmes d’alcool a une très bonne sen- les contre-attitudes positives (banalisation de
sibilité (82 %) et surtout une excellente spéci- la consommation d’alcool) ou négatives
ficité. Son intérêt dans le mésusage d’alcool (jugement de valeurs) qu’ils peuvent avoir sur
chez la femme enceinte doit être davantage les femmes enceintes qui s’alcoolisent. Parler
documenté.
aux femmes enceintes de leur consommation
d’alcool, vaincre leur déni, leur honte ou bien
Éléments de la prise en charge leur culpabilité, tels sont les enjeux à partir
desquels une relation d’aide pourra devenir
Comme le soulignent les auteurs des récentes une relation thérapeutique.
Recommandations de la SFA, les professionnels de l’addictologie doivent tout mettre en Prise en charge de la femme enceinte
œuvre pour faciliter l’accès aux soins des ayant un mésusage d’alcool (18)
femmes qui s’alcoolisent. De ce point de vue, Dans ses recommandations, la SFA précoles équipes de liaison et de soins en addicto- nise de développer les entretiens motivalogie (ELSA), telles que les a prévues la cir- tionnels et les interventions brèves. Celles-
Le Courrier des addictions (7), n° 4, octobre-novembre-décembre 2005
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ddi ctioints é
Am
ater n
et al cool
ci ont, en effet, fait la preuve de leur efficacité dans cette population si spécifique
des femmes enceintes en mésusage d’alcool afin qu’elles modifient leur comportement de consommation (19).
Prise en charge de la femme enceinte
alcoolodépendante (18, 20)
Il faut savoir que chez la femme la symptomatologie physique et psychique de l’alcoolodépendance est plus marquée que chez l’homme. Ainsi, les complications somatiques sont
plus précoces et plus sévères, notamment la
cirrhose (21).
• La comorbidité psychiatrique (21-23) est
plus fréquente chez la femme alcoolodépendante que chez l’homme. Les pathologies psychiatriques les plus fréquemment associées
sont les épisodes dépressifs, les troubles
anxieux, certains troubles de la personnalité
(personnalité hystérique et borderline) et des
conduites alimentaires. La prévalence de la
dépression chez la femme alcoolodépendante
est trois fois plus élevée que chez la femme
non alcoolique. Cette dépression est aussi plus
souvent primaire, c’est-à-dire débutant avant
la conduite alcoolique. Pour Dayan (21) :
“Cette fréquence de la dépression primaire est
la principale différence entre alcoolisme féminin et masculin.” En ce qui concerne les
troubles anxieux fréquemment associés, on
retrouve la phobie sociale, le trouble anxieux
généralisé, le syndrome de stress post-traumatique. Un facteur de risque à bien chercher
dans les antécédents est celui de violences physiques et abus sexuels subis pendant l’enfance.
Il est bien évident que cette comorbidité psychiatrique complique la prise en charge de la
femme enceinte alcoolo-dépendante tant sur
le plan du diagnostic que sur celui du choix
des thérapeutiques adaptées. En effet, comme
le souligne Dayan (21) : “Il paraît illusoire, du
fait de la fréquence des alcoolismes secondaires chez la femme, d’entreprendre un traitement spécifique de l’alcoolisme, y compris
en période périnatale, sans y adjoindre le traitement des troubles associés…”
• La comorbidité addictive : classiquement, il y a lieu de rechercher chez la femme
en mésusage d’alcool, une dépendance tabagique et un abus ou une dépendance aux
tranquillisants notamment benzodiazépiniques. Chez les femmes jeunes, les données
épidémiologiques récentes nous incitent
aussi à rechercher une consommation associée de cannabis.
• Aspects pharmacologiques et psychothérapeutiques du sevrage.
La SFA dans la conférence de consensus :
Objectifs, indications et modalités du sevrage
du patient alcoolodépendant (20) souligne
que, chez la femme enceinte, le risque de malformations pour le nouveau-né justifie l’indication impérative d’un sevrage thérapeutique.
Le sevrage en milieu hospitalier est préférable
au sevrage ambulatoire. L’utilisation de benzodiazépines (oxazépam) sur une courte
période (environ dix jours) est préconisée.
Pour l’accompagnement et le maintien de
l’abstinence, la naltrexone et l’acamprosate
n’ont fait l’objet d’aucune étude dans cette
indication et ne peuvent donc être prescrits.
En ce qui concerne le disulfirame, son utilisation est formellement contre-indiquée, de
nombreuses études ayant montré sa tératogénicité.
L’accompagnement psychothérapique est
habituel, qu’il s’agisse d’une psychothérapie
de soutien ou d’une psychothérapie d’inspiration analytique ou bien d’une psychothérapie
brève prénatale (21). Dans tous les cas, il est
recommandé que l’accompagnement avant,
pendant, et après la grossesse d’une femme
ayant un mésusage d’alcool prenne en compte l’importance du lien mère-enfant. La prévention de la séparation mère-enfant doit en
effet être une priorité.
• Faut-il aller jusqu’à une mesure d’hospitalisation sous contrainte ? Brousse (24)
pose une question éthique : dans quelle mesure une femme enceinte qui s’alcoolise ne metelle pas en danger l’enfant qu’elle porte ?
Qu’en est-il de son droit, qu’en est-il des
droits de l’embryon et du fœtus ? Peut-on parler de maltraitance à fœtus ? (25). Mais
comme l’écrit Blazy (26) : “Criminaliser la
maltraitance à fœtus ne fait qu’isoler davantage une population en manque de soins médicaux et sociaux.” Nous n’avons pas de
réponses claires à apporter à toutes ces interrogations légitimes. Elles dépassent le cadre
nécessairement limité de la thérapeutique et
nous conduisent dans le champ de l’éthique, et
plus généralement dans celui des valeurs
morales de notre société.
Conclusion
L’arrêt de la consommation de boissons alcoolisées est recommandé chez la femme enceinte à tout moment de la grossesse. Les femmes
enceintes qui continuent de s’alcooliser durant
la grossesse doivent être davantage repérées,
notamment à l’aide de questionnaires de dépistage standardisé et/ou de marqueurs biologiques. L’accès aux soins des femmes
139
enceintes présentant un mésusage d’alcool doit
être une priorité pour les professionnels de
l’addictologie. Les modalités de sevrage chez
la femme enceinte sont bien établies, de même
que les modalités d’accompagnement. Les
Équipes de liaison et de soins en addictologie
(ELSA) ont un rôle majeur à jouer à la fois
dans le dépistage et l’orientation de ces
femmes enceintes. Ces équipes se doivent de
développer un partenariat durable avec les différents professionnels médico-psycho-sociaux
des services de maternité, néonatologie, médecine, centres hospitaliers spécialisés, de la
PMI. La mise en place de professionnels référents en addictologie (sages-femmes, obstétriciens, pédiatres, puéricultrices…), au sein des
pôles mère-enfant, nous paraît être un objectif
de première intention qui ne peut se concevoir
sans l’engagement des chefs de service
concernés, afin qu’ils puissent l’intégrer dans
leur projet de service.
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Le dépistage, la prévention et la prise en charge
médicale du trouble des conduites restent insuffisants en France en
regard de ses conséquences (risque de mort prématurée, troubles
associés…) et du coût pour la société (instabilité professionnelle,
délinquance, criminalité…). Afin d’aider à mieux définir les actions de
santé publique et de recherche nécessaires, la Canam (Caisse nationale d’assurance maladie des professions indépendantes) a sollicité
l’Inserm pour réaliser, selon la procédure d’expertise collective, en complément de celle sur les troubles mentaux publiée en
2002, un bilan des connaissances scientifiques et médicales sur le
trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent (désobéissance et
colères répétées, agressivité chez l’enfant, coups, blessures, dégradations, fraudes et vols chez l’adolescent…). Le DSM-IV les caractérise comme un trouble mental accompagné de différents symptômes,
classés en quatre catégories :
• conduites agressives envers des personnes ou des animaux ;
• destruction de biens matériels sans agression physique ;
• fraudes ou vols ;
• violations graves de règles établies.
La constatation préliminaire de cette expertise qui a déjà suscité dans la
presse grand public une levée de boucliers est que : “contrairement à l’idée
reçue, le trouble des conduites ne se manifeste pas uniquement à l’adolescence
mais également chez l’enfant, avec une forte stabilité du trouble dans le temps.
Ainsi, les deux tiers des enfants présentant un trouble des conduites répondent
toujours aux critères diagnostiques à l’adolescence”, dit le communiqué de
presse de l’Inserm à propos de cette expertise. Il précise pourtant : “au
cours du développement de l’enfant, ces symptômes s’expriment à la maison, à
l’école ou à l’extérieur, de manière spécifique selon l’âge de l’enfant et de l’adolescent. Ils doivent être différenciés des conduites normales.Ainsi, les manifestations telles que les agressions physiques, les mensonges ou les vols d’objets, relativement fréquentes chez le petit enfant, ne deviennent “anormales” que si elles
sont très fréquentes et perdurent au-delà de l’âge de 4 ans.”
En conséquence,le groupe d’experts recommande d’étudier en France
une cohorte d’enfants de la période anténatale
à l’adolescence pour appréhender les effets des
événements précoces (mère très jeune, consommation de substances psychoactives pendant la grossesse, faible poids de naissance, complications autour de la naissance, criminalité au sein de la famille...), la transformation des symptômes au cours
du développement, l’apparition des troubles associés et l’impact de ces
troubles sur l’adaptation sociale.
Il recommande un repérage des familles présentant ces facteurs de
risque au cours de la surveillance médicale de la grossesse et préconise
de promouvoir la rencontre au sein des maternités de différents professionnels concernés par la prévention pour aborder avec les parents les
soins nécessaires à l’enfant.
Il demande que les professionnels de santé puissent prendre connaissance des critères définissant ce trouble par la formation initiale et continue. Les intervenants dans les services de protection maternelle et infantile (PMI), les centres médico-psychologiques (CMP) et les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP), les services de l’aide éducative (AEMO)
et le personnel médical de l’Éducation nationale doivent être formés à la
reconnaissance des symptômes du trouble des conduites.
Le groupe d’experts recommande également de favoriser les échanges
entre les professionnels de santé, les juges pour enfants et les juges aux
affaires familiales pour une meilleure information sur les caractéristiques
du trouble des conduites.
L’expertise collective accorde par ailleurs une place particulière à l’une
des pathologies psychiatriques qui lui sont les plus fréquemment associées : le déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH), très souvent
considéré comme un précurseur d’autres troubles mentaux (dépressifs et
anxieux), comme initiateur précoce et facteur de maintien d’usages et
abus de substances psychoactives. À ce propos, l’expertise fait état de plusieurs études qui ont mis en évidence un lien entre la présence d’un
trouble des conduites chez l’enfant et l’existence d’une personnalité antisociale chez les parents. Les enfants dont les pères avaient à la fois une
dépendance, en particulier à l’alcool, et une personnalité anti-sociale présentaient un risque élevé de trouble des conduites et de troubles déficit
de l’attention-hyperactivité (TDAH).
F.A.R.
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