Chapitre 2.8.10. — Encéphalomyélite à teschovirus (anciennement encéphalomyélite à entérovirus ou
maladie de Teschen/Talfan)
Manuel terrestre de l’OIE 2008 1257
A. INTRODUCTION
L’encéphalomyélite à Teschovirus (anciennement maladie de Teschen/Talfan puis, ensuite, encéphalomyélite à
entérovirus) présente une forme aiguë chez le porc caractérisée par des désordres du système nerveux central
(SNC). Teschen est le nom de la ville de la République Tchèque où la maladie a été décrite pour la première fois
en 1929 (4, 5). Dans les années 1950, la maladie a diffusé à travers l’Europe et a causé d’énormes pertes à
l’élevage porcin. Des formes moins sévères, d’expression enzootique bénigne, ont été reconnues tout d’abord au
Royaume-Uni sous le nom de maladie de Talfan et au Danemark, sous celui de « Poliomyelitis suum ».
L’encéphalomyélite à Teschovirus n’a pas été signalée en Europe occidentale depuis 1980 (en Autriche) et elle
est considérée comme rare à l’heure actuelle Au cours des douze dernières années (depuis 1996) la maladie n’a
été rapportée à l’OIE que par les pays suivants : Belarus (1996, 1999 et 2005), Japon (2002), Lettonie (1997 et
2000–2002), Madagascar (1996–2000, 2002 and 2004–2005), Moldavie (2002–2004), Roumanie (2002), Russie
(2004), Ouganda (2001) et Ukraine (1996–2005). Dans la plupart des cas, il n’est pas possible de savoir si le
diagnostic a été porté sur la base des seuls signes cliniques ou s’il y a eu confirmation par le laboratoire, excepté
au Japon en 2002 (17).
L’agent causal de l’encéphalomyélite à teschovirus est le teschovirus porcin de sérotype 1 (PTV-1 pour Porcine
Teschovirus-1) qui appartient à l’espèce Teschovirus porcin, du genre Teschovirus, de la famille des
Picornaviridae (2, 5). Auparavant, les PTV étaient classés parmi les Enterovirus et les 11 sérotypes des
entérovirus porcins, PEV-1 à PEV-11, étaient regroupés en 3 groupes – I, II et III – sur la base de l’effet
cytopathogène (ECP) observé, de leur culture sur des types cellulaires différents, et des réactions sérologiques
(7). Le groupe I est composé des sérotypes PEV-1 à PEV-7 et PEV-11 à PEV-13. Sur la base des séquences
nucléotidiques et des analyses phylogénétiques, les virus du groupe I des PEV sont maintenant classés parmi les
Teschovirus. Les PEV-1 à PEV-7 ont été renommés PTV-1 à PTV-7 et les PEV-11 à 13 ont été renommés PTV-8
à PTV-10 ; un sérotype supplémentaire, PTV-11, a été décrit récemment (8, 14). Le groupe II contient le PEV-8
(espèce Porcine enterovirus A) et le groupe III, les sérotypes PEV-9 et -10 (espèce Porcine enterovirus B),. Ces
deux derniers groupes appartiennent au genre Enterovirus (14, 18) bien qu’il ait été suggéré de reclasser le PEV-
8 dans un nouveau genre de picornavirus (8).
Les PTV-2, -3, -4, -5, -6, -9 et -10 ont été isolés de porcs présentant des formes atténuées de la maladie (16). Les
infections dues aux PTV sont souvent asymptomatiques. Les sérotypes peuvent être différenciés en utilisant un
test de séroneutralisation virale (SN) (2, 7), un test de fixation du complément (6) ou par immunofluorescence
indirecte (IFI) (1, 13).
Les infections à PTV se développent uniquement chez les suidés ; les autres espèces animales ne sont pas
connues comme étant sensibles.
Le diagnostic différentiel doit être fait avec la maladie d’Aujeszky (pseudo-rage) et la peste porcine classique
(forme aiguë). En outre, l’encéphalite japonaise, l’infection à Streptococcus suis et les encéphalomyélites à virus
hémagglutinants peuvent à l’occasion entraîner des symptômes similaires. Des étiologies non infectieuses,
notamment des intoxications, peuvent aussi être prises en considération.
Les PTV peuvent être identifiés par la sérologie et des sérums spécifiques de référence ont été préparés par
hyperimmunisation de cobayes, lapins, ou de porcelets indemnes d’immunité maternelle (privés de colostrum)
avec des souches de référence des sérotypes de PTV-1 à11.
Le porc s’infecte par voie oronasale. La période d’incubation est d’environ 14 jours. Les principaux signes de l’état
prodromique sont de l’hyperthermie jusqu’à 41,5 °C, de la lassitude, de l’anorexie et des problèmes locomoteurs.
Cette étape est suivie par une hypersensibilité, des tremblements, des spasmes des membres, une paralysie
flaque, de l’opisthotonos et du nystagmus. Des convulsions peuvent être observées chez les jeunes cochons. En
phase clinique terminale, il est observé de la paralysie démarrant de la zone lombaire et évoluant
progressivement vers la partie antérieure du sujet. La paralysie du centre de thermorégulation provoque une
hypothermie. Quand les muscles respiratoires sont paralysés, l’animal meurt de suffocation.
Le diagnostic de laboratoire est basé sur la présence de signes cliniques typiques associés à des lésions
histologiques du cerveau et de la moelle épinière, ainsi que sur l’identification du virus à partir du SNC des porcs
affectés et la détection d’anticorps spécifiques dans le sang des animaux convalescents.