CR / Conférence Hygia du 1er juin 2011 VF Page 2/
Inversement, une exposition durable à de faibles doses entraîne des mutations mais sans élimination des cellules.
4. Rôle de réparation. La lutte contre le vieillissement cutané repose sur un renouvellement cellulaire, la reformation
du réseau de fibres, la présence d’acide hyaluronique. A nouveau, on retrouve l’idée de maquillage donnant un effet
favorable sur l’image de la personne. Les caractéristiques des cosmétiques pourraient être mentionnées sur une
sorte de carte d’identité. L’étude de ce rôle de réparation passe par l’emploi de modèles reposant sur l’enlèvement
d’une petite surface de la couche externe et l’observation du processus de réparation. L’altération de cette barrière
cutanée avec le vieillissement serait impliquée dans le prurit des personnes âgées, causée par une activation plus
importante des terminaisons nerveuses présentes dans la surface cutanée.
Le développement récent de recherches sur la physiologie de la peau, induit des collaborations médicales avec l’industrie
cosmétologique, entraîne une meilleure connaissance des effets des cosmétiques, éventuellement au niveau moléculaire.
Ainsi, on peut caractériser les gènes impliqués dans la réparation cutanée et leur évolution après une agression de la
barrière cutanée. Une autre voie de recherche porte sur les relations entre peau et système nerveux. Ainsi, la sensation
d’agrément consécutive à l’application d’un cosmétique peut être reliée à une diminution d’expression de cytokines
agressives.
En conclusion, de nombreuses évolutions ont amené une très grande complémentarité entre dermatologie et cosmétologie
avec une meilleure compréhension de la biologie et de la physiologie cutanée.
Questions / Réponses
Monique ADOLPHE (Q) : Comment concilier la notion de cosmétique actif et celle de médicament ?
(R) : Le vrai débat passe par d’abord par la reconnaissance de l’activité réelle d’un cosmétique puis par la recherche des
mécanismes sous-tendant cette activité. On aboutit ainsi progressivement à la construction de dossiers de plus en plus
solides pour des produits cosmétiques sans qu’il soit nécessaire et utile de leur adjoindre l’étiquette de médicaments en
évitant ainsi des combats d’étiquette qui ne font pas progresser.
Monique SEILLER (Q) : Trois questions : - la séparation entre médicament et cosmétique reposait traditionnellement sur
l’absence de pénétration d’un cosmétique. Est ce toujours vrai ? peut-on faire intervenir une notion de chronobiologie
saisonnière dans le domaine de la cosmétologie ? - Une addiction aux cosmétiques est-elle envisageable ?
(R) : Vos questions me rappellent d’anciens débats. Certains cosmétiques pénètrent d’autres pas, ce qui n’empêche pas une
action pharmacologique pour ceux qui ne pénètrent pas. Effectivement, il serait souhaitable de prendre en considération
les saisons (hiver-été) en veillant à une adaptation des cosmétiques, par exemple en ce qui concerne la protection vis-à-vis
des UVA. La question de dépendance ou encore cosmétodépendance doit d’abord être réfléchie en terme de traitements
séquentiels pour permettre à la peau de ne pas être toujours exposée aux mêmes produits. En effet, on peut imaginer que
lorsque la peau reçoit l’application d’un cosmétique donné, elle perd sa capacité de réaction en étant protégée pour une
atteinte donnée, d’où une réaction cutanée en cas d’oubli, réaction perçue par la personne (« la peau qui tire »).
Alain ASTIER (Q) : Comment concilier le risque attribué à la présence de conservateurs tels que les parabens dans les
cosmétiques et celui consécutif aux contaminations dans les crèmes et autres onguents ? Les cosmétiques peuvent-ils être à
l’origine d’effets indésirables ?
(R) : Pour répondre à la première question, on se trouve en face d’un problème de société avec une utilisation perverse du
principe de précaution. Un cas exemplaire est celui du traitement de l’acné par le Roaccutane
(isotrétinoïne). Or, à la
suite du suicide d’un adolescent souffrant d’acné de manière très marquée et traité par ce médicament, une campagne est
menée contre ce médicament majeur de traitement de l’acné, en lui imputant l’acte suicidaire, sans prendre en compte le
fait que l’acné est un élément important d’induction de telles conduites. Actuellement, il y a une absence de méthodologie
permettant de répondre aux questions d’expositions à de faibles doses souvent de mélanges de multiples produits. Pour la
deuxième question, il faut savoir que l’inquiétude majeure des fabricants est celle d’incidents. Il y a un risque très réduit
mais existant d’où la nécessité d’une « pharmacovigilance » en veillant particulièrement aux allergies, parfois causées par
la présence d’impuretés.
Jean-Roger CLAUDE (Q) : Couplage scientifique et réglementaire concernant le domaine des cosmétiques avec une
proximité de plus en plus grande par rapport au par rapport au médicament ? Où se situe la frontière ?
(R) : A nouveau il faut prendre en considération le rapport bénéfice/risque. Le médicament agit sur une maladie qui
présente un certain risque. Le cosmétique agit sur une peau saine et son usage ne doit entraîner aucun risque.