JFR 2010 - Radiologie Interventionnelle Publié le 08/11/2010, mis à jour le 20/06/2011 par SFR Article issu du Quotidien des JFR du vendredi 22 octobre J Palussière - Unité de Radiologie Interventionnelle, Institut Bergonié, Bordeaux La radiologie interventionnelle est devenue ces dernières années un moyen thérapeutique très utilisé en cancérologie, offrant des indications très vastes. Elle intègre aussi bien des actes à visée antalgique ou palliative (dérivation) que des actes visant à détruire des lésions tumorales par des moyens physiques ou chimiques. Par exemple, lors de la prise en charge d’une fracture métastatique vertébrale, la question du recours à une vertébroplastie est devenue incontournable. Le radiologue doit donc acquérir la maîtrise des différents abords endovasculaire, endocanalaire, et transparenchymateux. Les outils nécessaires à un repérage précis, à une approche sûre des cibles à atteindre, puis au guidage de l’intervention sont multiples et en constant développement. Les avancées technologiques permanentes dans le ciblage, le guidage et le contrôle en cours de traitement permettent de repousser toujours plus loin les propositions thérapeutiques. Toutes les techniques d’imagerie (radiologie numérisée, scanner, échographie, endoscopie, IRM) peuvent être utilisées. Parallèlement à cette maîtrise technique, une implication permanente des radiologues interventionnels dans les réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) est fondamentale, à divers titres. Nous avons tout à apprendre de la maladie cancéreuse dans ces réunions afin de proposer le geste à bon escient et au bon moment pour le patient. Il est également évident que notre présence est indispensable pour proposer ces outils aux oncologues lors des prises de décision thérapeutiques. Un de nos atouts est d’évoluer dans des unités diagnostiques : ce lien naturel est une force majeure pour organiser le suivi des patients, dépister rapidement les problèmes et éventuellement proposer immédiatement des solutions. Le service rendu au patient ne peut qu’en être amélioré. Il faut bien évidemment que nous soyons plus nombreux pour assurer ce service. Il nécessite d’être proche du patient, avec une organisation solide basée sur des consultations, un suivi post-thérapeutique immédiat, puis à distance, des comptes rendus d’hospitalisation et l’établissement de relations avec le médecin traitant. Tout cela passe par la formation et l’enseignement des plus jeunes, qui lors des stages dans les unités d’interventionnel, sont pour la plupart enthousiastes, et très attirés par cette discipline. Sur ce point, la Fédération de Radiologie Interventionnelle (FRI), créée en 2005 à l’initiative du Pr Joffre, constitue une structure transversale au sein de la SFR, dont le but est de fédérer l’ensemble des radiologues interventionnels, en respectant l’appartenance aux sociétés d’organes. La FRI vise entre autres à promouvoir la formation, en organisant par exemple des cours aux JFR. Sans être exhaustif, un DIU de radiologie interventionnelle en cancérologie existe aussi, mis en œuvre par l’Université Paris XI ; la SFICV propose des initiations à l’embolisation périphérique sur simulateur ; en Europe, le CIRSE, par l’intermédiaire de l’ESIR (European school of interventional radiology) organise de multiples cours dans différentes universités européennes, et certains ont déjà eu lieu en France. Toutes ces activités imposent l’existence dans l’établissement d’une structure technique adaptée permettant d’effectuer ces actes en toute sécurité pour le patient, obéissant aux impératifs de radioprotection d’une salle de radiologie et aux règles d’hygiène et de fonctionnement d’un bloc opératoire. La coopération avec les équipes d’anesthésie est primordiale, car bien que ces interventions soient moins agressives que la chirurgie, le recours à une anesthésie générale ou loco-régionale est indispensable pour un déroulement dans les meilleures conditions. Plusieurs axes de travail sont nécessaires au développement de la discipline. Certains actes de radiologie interventionnelle ne figurent pas au tableau de la nomenclature, ce qui limite l’engagement dans cette voie de certains établissements, mais la FRI et la SFR sont engagées dans des démarches administratives pour une meilleure valorisation des actes. Le rapport de l’INCa consacré à la radiologie interventionnelle en cancérologie souligne un maillage satisfaisant du territoire, mais parfois insuffisant pour certaines thérapeutiques (radiofréquence, traitement de la douleur par RI) : « 27 départements sont dépourvus de centres polyvalents actifs de RI thérapeutique courante ». D’autre part, étant donné les services rendus, le nombre d’actes effectués se multiplie ; se profile le problème de l’exposition des patients aux radiations ionisantes nécessaires pour le guidage de ces actes. Comme le précise André-Claude Lacoste dans l’introduction à la conférence Antoine Béclère 2010, « en France les expositions aux rayonnements ionisants ont augmenté de 57 % en 5 ans (rapport 2010 IRSN) »,à la fois en raison de la mutiplication des actes diagnostiques et interventionnels, mais aussi à cause de l’augmentation des doses délivrées par les examens les plus performants (TEP, radiologie interventionnelle). Les procédures de radiologie interventionnelle sont donc examinées de près par l’ASN. Le guidage échographique se limite au foie et aux tissus mous. L’IRM, méthode non irradiante, pourrait être privilégiée. L’IRM est un atout majeur pour le guidage et le pilotage de certaines de ces interventions, avec la possibilité d'obtenir des cartographies de température lors des traitements par ablathermie. Bien que la recherche fondamentale, en France, soit d’excellent niveau dans ce domaine, très peu de centres hospitaliers ont pu développer l’IRM interventionnelle, en raison des investissements nécessaires mais aussi du faible taux d’équipement IRM sur le territoire, poussant à privilégier son utilisation pour les actes diagnostiques. La recherche clinique doit être un effort permanent, pour prouver que certains actes sont plus que des alternatives thérapeutiques. Ces dernières années, de nombreux PHRC et STIC répertoriés par l’INCa sont la preuve d’un grand dynamisme. Le côté « touche-à-tout » de la radiologie interventionnelle la met en relation avec de multiples technologies et disciplines scientifiques. Il y a là d’importantes possibilités en recherche translationnelle, qui vise à améliorer les transferts entre recherche fondamentale et applications cliniques. Dans quelles directions aurons-nous à nous positionner dans le futur ? La cancérologie évolue vers des traitements chroniques et souvent personnalisés, dans lesquels la part des thérapeutiques ciblées est de plus en plus importante. Les outils d'évaluation de la réponse thérapeutique sont maintenant fonctionnels et plus uniquement morphologiques. Il est tentant d'imaginer que ces outils seront partie prenante de la radiologie interventionnelle du futur, où nous proposerions par exemple de piloter un dépôt localisé de médicament, et éventuellement d'activer ce médicament une fois le site à traiter atteint. L’avenir est ouvert, immense au regard des progrès bio-technologiques qui s'annoncent, la discipline propose des solutions thérapeutiques attendues par les patients… et par l’économie de la santé (peu invasives, taux faibles de complications, séjours courts voire en ambulatoire). Ce cycle de cours des JFR 2010 a donc pour but de vous faire partager la place importante prise ces dernières années par la radiologie interventionnelle en cancérologie dans le traitement de la douleur, des tumeurs primitives et des métastases. Une session sera consacrée aux biopsies. Seront abordés aussi l'offre de soins sur le territoire, ainsi que les efforts conjugués de la FRI et de la SFR pour une meilleure reconnaissance de ces actes. Fig 1 – Stabilisation d’une métastase de C1 d’un cancer mammaire par cimentoplastie sous guidage scanner