Chapitre 2.1.8. — Fièvre de la vallée du Rift
Manuel terrestre de l’OIE 2005 209
Épreuves sérologiques : les animaux infectés produisent des anticorps spécifiques qui
peuvent être mis en évidence par la méthode de SN 3 jours seulement après l'infection, et dans
un délai de 6 à 7 jours par dosage immunoenzymatique, ou par inhibition de l'hémagglutination.
Certaines épreuves sérologiques sont moins utilisées, il s'agit des épreuves
d'immunofluorescence, de fixation du complément et d'immunodiffusion.
Spécifications applicables aux vaccins et aux produits biologiques à usage
diagnostique : les vaccins à virus vivant et les antigènes utilisés dans les pays où la FVR est
enzootique ou lors d'une épizootie, devront être préparés à partir de virus de la FVR
non-pathogènes pour la souris ou atténués par mutagénèse, multipliés en cultures cellulaires.
L'usage de la souche mutagène atténuée de la FVR ne peut être encore recommandé.
Dans les pays indemnes de FVR, les vaccins et les épreuves de diagnostic ne doivent utiliser
que des virus inactivés. Les souches appropriées de virus peuvent être obtenues auprès du
Laboratoire de référence de l'OIE pour la FVR (se reporter à la liste de la partie 3 de ce Manuel
terrestre).
A. INTRODUCTION
La fièvre de la Vallée du Rift (FVR) est une zoonose aiguë ou suraiguë, transmise par les moustiques, due à
un virus de la famille des Bunyaviridae du genre Phlebovirus. Elle est habituellement présente dans un pays
sous la forme épizootique sur de grands espaces après de fortes pluies ou des inondations. Elle se
caractérise par une hyperthermie, par des taux élevés d'avortement et de mortalité néonatale, elle affecte
principalement les ovins, les caprins, et les bovins. Il existe des variations considérables de la sensibilité à la
FVR selon la race de l'animal. L'infection chez certaines espèces animales d'origine africaine peut rester non-
apparente, alors qu'elle peut se manifester par des signes cliniques sévères, comme la mort ou l'avortement,
chez d'autres espèces, notamment les espèces qui ne sont pas d'origine africaine. Les animaux plus âgés non
gestants et certaines autres espèces, bien qu'ils soient également sensibles, développent rarement des
signes de la maladie. Les chameaux ont été régulièrement impliqués dans les épizooties de FVR en Afrique
de l’Est et en Egypte. Les signes cliniques de la maladie ne sont pas visibles chez les chameaux adultes, mais
l’avortement survient et quelques morts précoces en post-natal ont été observées.
Les signes de la maladie ont tendance à ne pas être pathognomoniques, ce qui rend les cas individuels
difficiles à identifier (5-8, 16, 28). Lors d'une épizootie, la maladie se caractérise néanmoins par de nombreux
avortements, de nombreux morts chez les jeunes animaux, associés à des cas d'infection humaine. La FVR a
une période d'incubation courte de 12 à 36 h par exemple chez l'agneau. Une hyperthermie biphasique
pouvant atteindre 41°C peut apparaître. La température reste élevée peu de temps avant la mort. Les
animaux affectés sont apathiques et peu enclins à bouger et à manger. Les noeuds lymphatiques peuvent être
tuméfiés et on observe des douleurs abdominales. Les agneaux survivent rarement plus de 36 h après
l'apparition des signes de la maladie. Les animaux âgés de plus de 2 semaines peuvent mourir d'une infection
suraiguë ou aiguë, ou développer une infection non-apparente. Certains animaux peuvent régurgiter leur
nourriture, avoir une diarrhée nauséabonde hémorragique ou noirâtre, ainsi que du jetage mucopurulent ou
hémorragique. Un ictère est possible, surtout chez les bovins. Chez les bovins adultes, la maladie peut se
manifester par d'autres signes : larmoiements, hypersalivation, diminution de la sécrétion lactée. Chez les
brebis gravides, selon les foyers et les troupeaux, les taux de mortalité et d'avortement varient de 5 % à
presque 100 %. Le taux de mortalité chez les bovins reste la plupart du temps inférieur à 10 %.
Les lésions hépatiques dues à la FVR varient très peu d'une espèce à l'autre, et surtout en fonction de l'âge
de l'animal infecté (6). La lésion la plus sévère affectant les foetus avortés et les agneaux nouveau-nés se
caractérise par une augmentation du volume du foie qui est friable et mou. Une congestion hépatique en
plaques irrégulières est aussi présente, associée à une modification de la couleur de l'organe qui devient brun-
jaunâtre ou brun-rougeâtre. De nombreux foyers nécrotiques grisâtres sont toujours présents dans le
parenchyme, mais peuvent être difficiles à distinguer. Chez les moutons adultes, les lésions sont moins
sévères et des foyers nécrotiques ponctuels rougeâtres ou grisâtres sont répartis sur l'ensemble du
parenchyme. Une hémorragie et un oedème de la paroi de la vésicule biliaire sont courants. Chez les
agneaux, les lésions hépatiques s'accompagnent presque toujours de nombreux petits foyers hémorragiques
au niveau de la muqueuse de la caillette. Le contenu de l'intestin grêle et de la caillette ont une couleur foncée
brun-chocolat, due à la présence de sang partiellement digéré. Chez tous les animaux, les noeuds
lymphatiques périphériques sont tuméfiés, oedémateux, et présentent des pétéchies.
Microscopiquement, la nécrose hépatique est la lésion la plus évidente de la FVR à la fois chez les animaux et
chez l’homme. Chez les foetus et les nouveaux-nés des bovins et des moutons, des foyers de nécrose sont
constitués d’aggrégats denses de débris cellulaires et nucléaires, d’un peu de fibrine et de quelques cellules