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BERGER À LA BERGÈRE
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au Professeur Erick Kuété
au Professeur Erick Kuétéau Professeur Erick Kuété
au Professeur Erick Kuété
Monsieur le Professeur Erick Kuété,
Je dois vous avouer, et ce dès l’ouverture de mon propos, que je n’ai pris aucun plaisir à
lire l’ignoble caricature que vous avez donnée de la troisième partie de mon article : « À propos
du Club Achille Mbembé », récemment publié sur mon blog qui n’a évidemment pas, j’en suis
conscient, le me retentissement intellectuel (inter)national de vos propres productions, dont
je présume, votre
Apologie de l’action
. Je me suis demandé pendant longtemps s'il est bien
nécessaire de « réagir » à ce monceau d’injures à mon endroit. En effet, vous usez davantage à
mon goût de l’agression plutôt que de l’argument, ce qui, vous en conviendrez sûrement avec
moi, n’est pas très flatteur. Dans votre grande sagesse, vous auriez quand même pu prendre la
peine, comme je pense l’avoir fait, d’éviter de m’arroser de camouflets. Et je suis encore content
d’avoir évité les noms d’oiseaux. La lecture de votre quisitoire enflammé empoisonné pour
bien dire m’a directement fait penser à Marcien Towa qui subît en 1979 les foudres d’un
certain Jean Sablé. En 1980, Basile-Juléat Fouda et Sindjoun-Pokam n’arrangeront rien à
l’affaire en faisant exploser l’ « injuriomètre ». Je crois que vous n’êtes pas loin de leur record
que vous battrez assurément avec encore un peu d’efforts. Sartre disait mais est-ce que j’ai
même pu lire Sartre ? demandais un de vos adjuvants – qu’il y a deux manières de se comporter
face à la « critique » – même si votre attaque n’en est pas vraiment une –, se taire ou répondre.
Dans l’un ou dans l’autre des cas, nous nous exposons. Sartre avait choisi de répondre.
Permettez-moi de le suivre dans cette lancée.
Qu’a donc à dire le « condamné » à remettre sa capite à la société que je suis ? Quelques
petites choses. Premièrement, j’aimerais souligner le « ton » caustique et peu orthodoxe –
j’euphémise comme vous l’aurez remarqué de votre publication. Vous manquez à bien
d’égard de tenue et de civisme lorsque vous essayez de me cantonner dans le rôle
d’ « étudiant de philosophie » Je suppose que vous êtes un Professeur, d’où l’honneur que je
vous rends dans mon titre –. Je suis certes un étudiant comme vous dites, mais vous oubliez
peut-on vraiment en être sûr ? – de préciser que je suis un étudiant d’un certain niveau, niveau
qui me place normalement un peu plus haut que l’ « herbe » du jardin dans lequel vous voulez
m’emprisonner. Mais effectivement, j’admets volontiers ne pas avoir la carrure de « penseur
pluridisciplinaire » que vous êtes, n’être ni disciple de Mills, ni disciple de Ricardo, n’avoir lu
que les noms de ces deniers, ne rien connaître ni à la psychologie ni à la sociologie, et encore
moins à la littérature. J’admets volontiers être un parfait idiot en ces matières et vous reconnaît
l’autorité d’affirmer de telles incongruités. Vous dites ne pas vouloir opposer le « char à l’épée »,
mais n’est-ce pas ce que vous faites lorsque vous pondez aux maigres trois paragraphes (500
mots) qui vous sont consacrés dans mon article par 2789 mots et trois bonnes pages au format
A4 ? Ne voyez-vous pas la disproportion entre la faute et le châtiment ou refusez-vous
simplement de la voir ? À mon avis mais ai-je seulement le droit d’en avoir un ? cette
réaction épidermique de votre part repose sur une méprise : une compréhension approximative
du concept de « critique ». À ce défaut, je rajouterais une bonne dose de « mauvaise foi »,
laquelle vous évite de voir mes mots pour ce qu’ils sont, mais vous pousse à construire à la place
de mon modeste discours une catilinaire comme la vôtre. Sur ce dernier point, je tiens à vous
préciser que si je vous ai « agressé » comme vous semblez le fantasmer, la main de fer à l’œuvre
dans mon propos m’a semblé avoir été accompagnée du gant de velours qu’est la courtoisie.
2
Que me reprochez-vous exactement ? Si j’en crois votre grognement, c’est le fait de vous
avoir « critiqué » sans avoir lu votre livre et sans même vous connaître. Aussi me conseillez-vous
d’inscrire vos célèbres initiales dans un moteur de recherche sur internet. Je crois savoir que
vous n’êtes pas le seul nom qui s’y trouve…Vous sous-entendez que votre livre a suscité chez
moi de la « colère », mais je vous mets au défi de retrouver dans la partie de mon article qui vous
est consacrée, le vocabulaire relatif à la colère et à l’agressivité. Vu vos multiples casquettes et
votre indéniable talent, ce jeu d’enfant ne devrait être qu’une formalité, comme lire un livre de
philosophie comme on vore son goûter pendant une pause, entre deux livres d’économie (de
l’environnement). Mais permettez-moi, Professeur, de répondre à chacun de vos arguments
avant de vous proposer modestement, la définition non-épidermique du terme « critique »,
après quoi je dirai encore deux ou trois mots concernant votre avanie.
I
Vous semblez comprendre que je m’en prends à votre culture intellectuelle en
commettant l’erreur de me qualifier de « contradicteur ». Je me permets de vous préciser que ce
mot est mal placé puisque je ne contredis rien dans vos propos en ce qui concerne votre
Apologie
. Vous devriez donc réviser le vocabulaire employé pour parler de mes « prises de
positions » vous concernant. Je ne sais vous avez appris qu’il fallait connaître
« personnellement » un auteur pour pouvoir émettre un jugement le concernant, mais à mon
avis cette idée a ses limites, autrement il n’y aurait de nos jours plus aucun spécialiste de Kant,
de Nkrumah, ou de Nyerere par exemple vu que les gens qui ont « connu » ces personnes
doivent normalement avoir pour la plupart pris le chemin des profondeurs de la terre. Pour
attester de votre formidable culture et ainsi réfuter ma « critique », vous affirmez lire au moins
deux livres par semaine. Laissez-moi vous dire que c’est formidable, même si je remarque vous
n’avez pas besoin de moi pour vous « jeter des fleurs » et verser dans l’« autoglorification » (vous
aviez inséré un trait d’union qui n’existe pas dans ce mot), car c’est un art dans lequel vous
excellez avec le plus grand des talents. Néanmoins, quel exploit ! J’avoue ne pas faire mieux, et
être à des années lumières d’une telle débauche d’énergie. Mais voulez-vous bien éclairer ma
lanterne sur un fait ? De quels genres de livres s’agit-il ? Des romans ? Des pamphlets ? Du
théâtre ? S’il s’agit en outre de livres qui se rapprochent de votre
Apologie
, je crois, vu votre
puissance de lecture, que vous pouvez mettre la barre encore plus haut et dévorer, disons, au bas
mot, au moins 10 livres chaque semaine. Ce chiffre, je crois, est davantage proche de votre
talent réel que le maigre 02 (deux) que vous vous attribuez modestement. J’aimerais moi aussi
avoir un tel talent. J’avoue courber l’échine devant un Professeur de votre rang, car cela fait
bientôt quatre ans que j’essaie, en vain, de lire les 77 pages ridicules que compte l’
Essai sur la
problématique philosophique dans l’Afrique actuelle
de Marcien Towa, et je n’y arrive toujours
pas ! Je serais honoré de prendre quelques « cours » – en plus du « cours de méthodologie » que
j’appelle de tous mes vœux auprès de vous sur la question. Mais revenons à votre critique de
ma « critique ». Vous semblez dire que j’ai écrit « béatement que [vous] ne lis[ez] pas assez. »
Est-ce bien ce que j’ai dit ? C’est à ce niveau que la « mauvaise foi » dont je vous ai créditée tout
à l’heure apparaît, à moins que ce soit une inaptitude réelle à comprendre le français ce dont
je doute fortement. Qu’ai-je réellement écrit ? Ceci : « À en juger par la taille de son livre (…)
Erick Kuété n’a pas DISCUTÉ de beaucoup d’auteurs traitant du sujet de l’action. » (Je
souligne). En tant que jeune étudiant, je crois quand même qu’il existe une différence entre lire
et discuter. Mon souci était le fait que la taille du livre ne reflétait pas à mon avis une
mobilisation pas une inexistence importante des ressources livresques sur la question de
l’Action. Vous dénaturez donc mon propos à des fins mesquines, c'est-à-dire dans le but de
3
nourrir votre attaque et lui donner une raison d’être. Je ne conteste donc pas votre bagage
intellectuel qui doit sûrement être beaucoup plus impressionnant que le mien même si sur ce
dernier sujet je vous conseille la prudence puisque vous ne savez de nos deux rythmes de lecture
et de nos deux bagages intellectuels que les vôtres…– mais j’émettais un doute quant au fait
qu’il ait émobilide manière suffisante pour la rédaction de cette
Apologie
. Plus bas, dans le
dernier paragraphe avant la « Remarque finale » je fais « la supposition qu’Erick Kuété a
effectivement pris la peine de lire une bonne quantité d’ouvrages traitant du problème de
l’action. », tout en faisant remarquer qu’il aurait alors été souhaitable qu’il nous en dise plus en
écrivant un livre plus gros ou au moins moins marqpar une mise en page catastrophique dont
je parlerais un peu tout à l’heure. M. Kuété, refuserez-vous encore de voir que je n’ai point mis
en doute votre « multidisciplinarité », ni davantage le fait que vous pourriez « créer d’énormes
problèmes à [m]on unidisciplinarité » dont vous savez sûrement quelque chose…Il n’y a dans
cette remarque aucune « indignation », aucune « colère » ; il n’y a qu’un souci tout à fait
légitime, celui d’être entretenu plus longuement sur un sujet aussi important par un auteur de
votre qualité. Finalement, je vous exhorte davantage à nous dire ce que vous savez plutôt que je
ne regrette que vous ne sachiez rien. Mais évidemment, pour les raisons de votre « pathos », il
était nécessaire de travestir mon propos. Vous inventez et construisez votre fameux « argument-
poison » en tentant de noyer le poisson dans l’eau et je soutiens contre votre glose que je n’ai fait
rien d’autre que « prendre mes précautions » en parlant de vous.
Ma première précaution a été ma « sincérité-humilité », précaution que vous retournez
admirablement – si on peut utiliser un terme aussi noble pour une tâche comme la votre – pour
me trainer dans la boue. J’ai déclaré, avant même de commencer à parler de vous, que « je n’ai
pas lu » votre livre. Cette précaution placée bien en exergue de mon propos, vous ne l’appréciez
jamais à sa juste valeur parce que comme je l’ai dit et comme je le montrerai tout à l’heure, vous
me semblez avoir une compréhension douteuse de ce qu’est la « critique ». Laissez-moi vous
dire pourquoi j’ai indiqué cette précaution : c’était pour prévenir le lecteur sur le fait que les
mots, les « prises de positions », en un mot les affirmations qui vont suivre, n’ont pas la force de
la « critique », mais ne sont que des « hypothèses » de lecture, des impressions qu’ont produit
sur moi l’appareillage éditorial de votre livre. Vous, le Professeur, devriez savoir mieux que moi
le simple « étudiant », qu’un livre avant même d’être lu, produit une certaine « impression » qui
oriente la lecture. Ces impressions ont valeur d’hypothèses de lecture et elles seront confirmées
ou infirmées par la lecture elle-même. Aron disait par exemple à Sartre que
L’être et le néant
donnait une très mauvaise impression, celle d’être un poids qui servirait à peser le poisson. La
première de couverture de
L’Afrique noire est mal partie
de René Dumont laisse penser à un
livre qui traitera de la misère de l’Afrique avec ces enfants squelettiques et nombreux, ce
paysage aride hostile à la verdure qui semble caractériser l’Afrique Noire. Serait-ce alors une
« légèreté » que de penser que Dumont parlera de la misère de l’Afrique de manière
suffisamment conséquente et approfondie lorsqu’on constate que son livre s’étend sur plus de
200 pages avec une police et une mise en page raisonnables ? Dans la même optique, mais de
manière négative, ne doit-on pas craindre qu’avec sa faible étendue (77 pages), l’
Essai sur la
problématique philosophique dans l’Afrique actuelle
de Marcien Towa n’étudie pas
suffisamment en profondeur l’idée de « philosophie africaine » ? (C’est par exemple l’avis de
Paulin Hountondji…) Ces questions ne sont pas des « injures » ; elles ne servent en rien à
discréditer le propos : ce sont des HYPOTHÈSES et aucunement comme vous peinez
véritablement ou feignez de le faire – à le voir, des « positions tranchées, des conclusions
scellées, des arguments finaux sur un ouvrage que l’on a jamais lu. » Il n’y a, dans ces propos de
ma part aucun argument, mais seulement des Conjectures qui appellent, si on est poppérien,
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des Réfutations ou alors si on est carnapien, des Confirmations. Ces deux conclusions ne
peuvent être obtenues que par la lecture proprement dite, et c’est ce que j’indique en fermeture
de propos, mais naturellement, de telles paroles échappent à votre vision perfidement rabougrie.
J’écris en effet, en espérant que vous lisiez cette fois-ci : « …je ne puis m’avancer plus loin dans
ces HYPOTHÈSES puisque je n’ai pas moi-même pris la peine et le temps de lire le livre en
question. JE SUSPENDS DONC MON JUGEMENT JUSQU’À LA LECTURE DE
CETTE
APOLOGIE
. » (Je souligne) : Voilà ma seconde précaution et contrairement à vous, je
suis honnête.
Plutôt que de m’effrayer avec vos griffes de tigre – je ne suis qu’un pauvre humain frêle
et fragile –, je vous conseille, Professeur, de nouveau, de « prendre le temps de lire », mais cette
fois-ci, lire avec objectivité et sans arrière-pensées néfastes, les propos du « philosophe en
herbe » et du simple « étudiant » que je suis. D’ailleurs à propos de votre « tigritude », je vous
réponds ce que pondit jadis Senghor à Soyinka (Ce sont des philosophes comme vous l’aurez
remarqué…)
Vous dites que je vous ai reproché de ne pas avoir « cité » des auteurs, notamment
Blondel, mais n’importe quel lecteur peut à présent juger de la pertinence de cette déclaration
en s’aidant de cette précision. DISCUTER un auteur comme je l’ai indiqué en HYPOTHÈSE,
ce n’est pas le citer, au contraire, c’est le « discuter » et ce mot signifie ce qu’il signifie, c'est-à-
dire le critiquer, l’évaluer, le juger pour retenir chez lui ce qui nous sert et rejeter ce qui ne nous
sert pas. Ce mot dans ma bouche a le même sens que « penser » dans la bouche de Towa.
Ouvrez
L’idée d’une philosophie négro-
africaine à la page 7 et vous lirez ceci je ne doute
d’ailleurs que vous l’ayez déjà fait vu votre cadence de lecture ahurissante : « Le pensée est
prise ici dans un sens restrictif : au sens de peser, de discuter (…), de les confronter, d’examiner
le pour et le contre de chacune, de les trier, de les critiquer (…) ». En transformant mon
DISCUTER en CITER, je constate une dégradation essentielle de la teneur de mon propos à
des fins que j’ai déjà eu à indiquer. Et puis, comment aurais-je pu vous reprocher de n’avoir pas
« cité » tel ou tel auteur puisque je n’ai pas lu votre livre ? Vous exagérez donc grandement
lorsque vous dites que mon intention était de « déposséder [votre] ouvrage de toute
pertinence. » Il y a dans cette affirmation la marque d’un réel fantasme. Si vous aviez accepté de
comprendre la nuance qui existe entre mon exhortation à discuter les auteurs et votre
focalisation sur la citation, vous auriez sûrement compris que « vouloir toujours tout faire avec
les grands esprits, [ce n’est pas] perdre en efficacité », c’est l’inverse. Alain que vous convoquez
ne dit d’ailleurs pas autre chose, car « lire » les penseurs, ce n’est pas les « citer », mais bien les
« discuter », c'est-à-dire cheminer avec eux à la lumière de notre propre pensée. Néanmoins,
j’accepte votre « conseil » immense Professeur, vous dont la légende n’est plus à construire ;
vous dont l’expérience dans le domaine de la philosophie est avérée et dont la renommée
dépasse de loin les frontières de la terre. J’accepte votre « conseil », car vous savez sûrement
dans cette matière qu’est la philosophie beaucoup plus de choses que moi, choses que vous avez
acquis en lisant un livre par ci et un autre par entre deux livres d’économie (de
l’environnement). Ceux qui ont passé tout leur temps à lire des livres de philosophie doivent
sûrement être en dessous de la compréhension que vous avez de cette discipline, j’en suis
intimement convaincu. Malheureusement, je n’ai pas pour habitude de lire les « biographies »
des auteurs, je préfère leurs livres, mais évidemment cette méthode révèle un ignoble défaut,
celui d’un « intellectualisme angélique, vantard et tapageur ». Peut-être ces « biographies »
m’aideraient-elles à sortir de mon « isolément intellectuel », ainsi qu’à augmenter « l’audience
flottante » de mon blog, tout en me permettant de prendre le chemin de votre éloquence et de
votre modestie à la place de ma « vantardise tapageuse ». Il est assez désolant de constater
5
combien des intellectuels de votre trempe vous êtes au moins Maître de Conférences si j’en
crois votre assurance… s’abaissent à de telles déformations dans le but de soutenir coûte que
coûte et il en coûte beaucoup leurs propres opinions. C’est cette situation déplorable que
regrettait M. Njoh-Mouelle dans les réponses aux « Essais critiques » dans le livre à lui consacré
par M. Emmanuel Malolo Dissakè,
L’Aspiration à être
, paru chez Dianoïa en 2002. Pour mieux
fonder en raison leurs jugements leurs insultes dans votre cas –, certains auteurs peu
scrupuleux se livrent à une déformation systématique du propos de l’autre pour pouvoir opposer
à cette reconstitution gauchie de toutes pièces, un triomphant contre-argumentaire. Voilà une
méthode peu orthodoxe qui force sûrement chez le lecteur et l’agressé autre chose que le
respect, car il est évidemment plus facile de s’en prendre à un ombre plutôt qu’à un corps…
Laissons de côté ces différentes erreurs de compréhension et ce que j’estime être une
preuve de votre « mauvaise foi ». Ce sont ces deux manquements qui ont parasité à mon avis la
lecture de la troisième partie de mon article « À propos du Club Achille Mbembé ». Je vous
propose maintenant une petite précision sur la notion de « critique » que vous semblez manier
avec beaucoup moins de talent que la diatribe, art dans lequel ne suis encore loin de vos
prouesses – j’aimerais d’ailleurs rester à bonne distance de ces dernières. Ne vous inquiétez pas,
je ne vous donne pas de « cours » ; je ne suis qu’un pauvre « étudiant » en face de la sommité
intellectuelle que vous êtes et je n’avance que timidement deux ou trois mots que vous pourriez,
dans votre Majesté, aisément réfuter.
II
Qu’est-ce que la critique ? Ou plus en rapport avec vos dires, « qu’est-ce que
critiquer ? », telle semble être la question fondamentale que votre philippique ne s’est jamais
posée. Pour éviter les malentendus et éviter aussi d’opposer ma vacui à votre profondeur
intellectuelle, je vais humblement et faiblement invoquer une éminence, car il faut une
éminence pour répondre à une autre. J’espère que Kant l’est assez à votre goût. Kant est célèbre
mais ça vous devez déjà le savoir pour avoir été l’auteur de trois
Critiques
. En 1781
d’abord, il a écrit une
Critique de la raison pure
(rééditée en 1787). En 1788 ensuite ce fût une
Critique de la raison pratique
, et en 1790, il termina cette trilogie par une
Critique de la faculté
de juger
. Pour cet auteur et pour la tradition philosophique en général, le travail de Critique est
un travail d’analyse patient. Il consiste à interroger la chose dans ce qu’elle a de plus
fondamental. Critiquer cest donc dans un premier temps et absolument, analyser. La
Critique
de la raison pure
est ainsi une analyse approfondie des capacités de la raison humaine afin de
déterminer le domaine d’action hors duquel elle devient caduque. Ce n’est qu’à ce moment
qu’intervient le second moment de la critique : la réfutation. La critique, c'est-à-dire la
réfutation de la raison pure chez Kant, n’intervient qu’après que ce dernier ait déployé
l’architectonique qui sous-tend son fonctionnement. Critiquer une chose signifie donc au
préalable l’étudier profondément, et seulement après, l’évaluer. D’ailleurs, ce n’est pas Kant qui
invente cette méthode, mais ça vous devez déjà le savoir. Alors qu’il s’attache à réfuter le
relativisme de Parménide dans le
Théétète
, Platon faisant parler Socrate, expose avec plus ou
moins de fidélité la théorie de Parménide. Ce n’est que cet examen préliminaire termiqu’il
s’engage dans ce que vous semblez appeler « critique ». De ce terme de « critique », vous ne
voyez donc qu’un seul aspect : le dernier, sans voir le plus important : le premier. Comment
expliquer autrement le fait que vous souteniez mordicus le fait que vous ait « critiqué » alors
même que j’explique et que je confesse le fait que je ne vous ai pas lu, c'est-à-dire que je n’ai en
rien réalisé le premier moment nécessaire de la critique. Je reconnais être un idiot, mais n’est-ce
pas malsain de m’accuser de quelque chose que je confesse moi-même, et de conclure à un fait
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