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En réalité le rapport de l’INCa apporte une touche d’optimisme :
le taux d’incidence se stabilise après la forte croissance notée depuis les années 1980 :
plusieurs facteurs interviennent en particulier les facteurs liés à la maternité (nombre
d’enfants choisi, allaitement maternel court, etc.) qui ont beaucoup changé à partir des
années 1960 et n’ont guère évolué depuis les années 1980, plus que les facteurs
hormonaux tels les traitements de la ménopause, dont le rôle est toujours sujet à
controverses ;
et surtout une mortalité en baisse de 13 % entre 1980 et 2010 liée au dépistage
mammographique (augmentation des cancers découverts à un stade précoce) et aux
progrès thérapeutiques majeurs du début des années 2000. Les taux de survie relative
observés en France se situent dans des valeurs élevées par rapport aux autres pays
d'Europe.
Le dépistage mammographique entraîne une réduction de mortalité de 10 % selon une étude
américaine récente [1]) corroborée par 2 études publiées en 2012 : une méta-analyse anglaise
[2] estimant à 11 % la réduction de mortalité par cancer du sein chez les femmes dépistées et
une étude basée sur le registre américain du cancer entre 1976 et 2008 [3] (soit avant et après le
dépistage mammographique chez les femmes de 40 ans et plus) où le nombre de cancers
diagnostiqués à un stade précoce a été multiplié par 2 et où la diminution observée des stades
évolués a été de 8 %. Toutefois, ces bénéfices sont à rapprocher d’un surdiagnostic de lésions
qui n’auraient probablement pas évolué vers un cancer cliniquement décelable : 10 % des cas
pour les britanniques et 31 % des cas pour les américains. Reste qu’aujourd’hui les médecins ne
sont pas capables de distinguer avec certitude face à un cas particulier son propre risque
évolutif.
Enfin, il est important de rappeler que les femmes les plus jeunes (moins de 45 ans) ont un
moins bon pronostic que les autres (tumeurs plus agressives, diagnostic à un stade plus évolué)
et que le dépistage classique dans cette frange jeune de la population ne semble pas apporter de
bénéfice net hormis sans doute en cas de risque génétique.
Rappel sur les spécificités du dépistage organisé du cancer du sein en France
L’examen clinique systématique par les médecins radiologues, au moment du dépistage, fait
partie des exigences que se sont fixées les radiologues pour la réalisation de la mammographie.
Exigences très élevées qui bénéficient aussi bien au dépistage organisé qu’au dépistage
individuel.
En effet, pour avoir le droit de pratiquer cet examen, ils doivent:
avoir suivi une formation spécifique ;
réaliser au moins 500 mammographies par an ;
être engagés dans le programme de dépistage organisé.
Dans ce cadre, les radiologues « premiers lecteurs » effectuent au moins 500 mammographies
par an, tandis que les radiologues assurant la deuxième lecture s’engagent à relire au moins
2000 mammographies supplémentaires par an.
Il faut cependant souligner que les actions sont certainement insuffisantes vis à vis des femmes
à risque élevé de cancer.
Certaines femmes ont un risque élevé (image anormale lors de la dernière mammographie,
antécédent personnel de cancer du sein, néoplasie lobulaire in situ, hyperplasie épithéliale
atypique) ou très élevé de cancer du sein (prédisposition génétique au cancer du sein).