ÉCOLE GEORGES-VANIER Nom de l’élève : ______________________________________ Conseiller : ______________________________________ Correcteur : ______________________________________ Groupe : ______________________________________ 3 e année du 2 e cycle du secondaire Français 132-506 C1 Lire des textes variés C2 Écrire des textes variés Culture, Culture ! / Module 12 Auteure : Marie-Claude Version : Octobre Chayer 2014 Fondation des AMIs de Vanier Ce module est un module électronique. Nul besoin de l’imprimer. Ayez-le dans un dossier quelque part, sur votre téléphone intelligent, votre tablette, votre ordinateur pour le consulter lorsque vous en avez besoin. Vous pouvez aussi le consulter sur tous les ordinateurs de l’école. AUSSI, ce module est continuellement ajusté et modifié. Surveillez la date de parution sur la couverture pour savoir si celui que vous avez est à jour. © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Module autosuffisant Auteure du module : Marie-Claude Chayer La Fondation des Amis de Vanier: organisme sans but lucratif voué à la recherche pédagogique et à la mise au point d'outils nouveaux en enseignement individualisé. La Fondation remercie les pédagogues–auteurs de l'École Georges-Vanier qui, en lui cédant leurs droits d'auteurs, rendent possible la diffusion d'outils nouveaux pertinents et contribuent à l'avancement de la pédagogie. Avis: Il nous a été impossible de retrouver les titulaires des droits d'auteurs de certains textes ou illustrations. Un arrangement pourra être conclu avec ces personnes dès qu'elles nous contacteront. Copyright 2014, Fondation des AMIs de Vanier Inc. Tous droits réservés. 3995 boul. Lévesque Est, Laval, Québec, H7E 2R3 Téléphone : 450-662-7000 poste 4745 Télécopieur : 450-661-5460 Courriel : [email protected] ISBN : 978-2-923158-43-3 Dépôt légal: – 2e trimestre 2014 Bibliothèque Nationale du Québec, 2014 Imprimé au Québec. Il est interdit de reproduire, adapter, enregistrer ou diffuser en tout ou en partie le présent ouvrage par quelque procédé que ce soit, électronique, mécanique, photographique, sonore, magnétique ou autre, sans avoir obtenu au préalable l'autorisation écrite de l'éditeur et de la Fondation des AMIs de Vanier inc. Version : Mai 2014 Mise en page : Marie-Claude Culture, Culture ! Chayer © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 2 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Liens avec le programme de formation Principalement, approfondir ses connaissances du français en utilisant l’univers créatif du cinéma et des différents évènements culturels qui sont offerts dans la grande région de Montréal. Compétences disciplinaires : - Lire et apprécier des textes variés - Écrire des textes variés Composantes accentuées : - Développer son jugement critique - Mettre à profit et acquérir des connaissances sur la langue - Lire des textes pour se cultiver - Réfléchir à sa pratique de lecteur - Développer ses capacités d’analyse - Approfondir ses connaissances de différents auteur(e)s appartenant à des genres différents Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 3 Introduction © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Culture, culture ! Dans le cadre du français de 5e secondaire, vous aurez l’occasion d’enrichir vos connaissances de la langue tout au long de l’année et d’élargir vos connaissances culturelles tout en mettant en pratique votre sens critique en ce qui concerne, entre autres, la littérature, les arts visuels, le théâtre et le cinéma. Ce module, le 12, contient tout ce dont vous avez besoin pour combler vos besoins en matière de culture à travers l’ensemble des modules de français de 5e secondaire. Consultez-le régulièrement, il vous aidera à répondre à certaines parties de modules de FRA506. Vous y retrouverez de l’information sur les auteurs que nous étudierons, les pièces de théâtre que nous verrons, les sorties culturelles que nous ferons. Pour obtenir votre attestation du module 12, vous devrez réaliser les deux (2) parties du module. Consultez le tableau de la page suivante dans lequel vous verrez les détails de ce qu’il y a à réaliser. Consultez-le régulièrement et gardez-le à portée de main. Vous devrez vous y référer souvent. Bonne saison 2014-2015 ! Pour obtenir votre attestation, il vous faudra réaliser les deux parties. La partie A et la partie B. Dès que l’une des parties est terminée, remettez-la. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 4 © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 page 5 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Sorties culturelles Partie A Des sorties vous seront proposées avec l’école. Les places étant limitées, faites vite lorsque les inscriptions seront annoncées. Pour vous inscrire : - procurez-vous la feuille d’inscription en classe (ou imprimez-la); - complétez-la; - faites signer un parent (autorisation parentale) - apportez le montant ($) exact au moment de l’inscription. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 6 © Fondation des AMIs de Vanier re Français 132 506 module 12 1 sortie Date à venir https://www.mbam.qc.ca/ http://imtl.org/ « L’art c’est la plus sublime mission de l’homme, puisque c’est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre ». Auguste Rodin http://www.musees-en-video.com/canada/montrealmuseum-fine-arts-muse-des-beaux-arts-montre-qc/ Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 7 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 Expositions à l’affiche : module 12 Du 14 juin au 5 octobre 2014 Le Musée des beaux-arts de Montréal présente, en exclusivité canadienne, la plus grande collection Fabergé à l’extérieur de la Russie en provenance du Virginia Museum of Fine Arts de Richmond (VMFA), à l’occasion de la première exposition au Canada consacrée au joaillier des tsars, qui se tiendra du 14 juin au 5 octobre 2014. Du 11 octobre 2014 au 25 janvier 2015 Marion Wagschal, peintures Du 23 septembre 2014 au 18 janvier 2015 Cette exposition représente un survol de la carrière de la peintre montréalaise Marion Wagschal dont l'œuvre compose un portrait de famille sur fond de tourments historiques tels le nazisme, la déportation et la fuite. Peintre figurative, l'artiste a été quelque peu marginalisée par une histoire de l'art qui, dès les années soixante, a priorisé le récit de l'abstraction sur celui de la figuration. Avec un gout marqué pour une figuration empathique parfois jusqu'à l'outrance, l'avant-garde dont elle se réclame est celle des corps en torsion d'Ensor, de Klimt, de Schiele, voir de Bacon. Avec celle de Betty Goodwin, son œuvre anticipe cette esthétique du corps qui inspirera les générations plus jeunes. Il s'agit de la première exposition bilan de Marion Wagschal dans un musée québécois. Marion Wagschal, Les artistes et les enfants, 1988, huile sur lin, feuille de métal, peinture métallique, 250 x 218,4 cm Les affiches d’Andy Warhol Du 26 octobre 2014 au 4 janvier 2015 Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 8 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Feuille d’inscription MBAM Sera déposée ici ou vous pourrez vous la procurer en classe, au local 1223. Surveillez les dates d’inscriptions. Détails à venir. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 9 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 e 2 sortie 20 novembre 2015 http://www.salondulivredemontreal.com/ http://ici.radio-canada.ca/ Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 10 © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 page 11 Les mouvements littéraires © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 module 12 En littérature, comme dans toutes les formes d’art, il y a des courants. Voici en tableau, les principaux courants littéraires français. © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 12 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Tableau 1 - 1549 à 1860 Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 13 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Tableau 2 – 1830 à 1980 Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 14 Français 132 506 module 12 Culture, culture ! © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 15 Module 2… © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 La littérature française Victor Hugo SOURCE de l’image et du texte : http://salon-litteraire.com/fr/victor-hugo/content/1817477-victor-hugobiographie Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 16 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Victor Hugo Victor Hugo (1802-1885), poète, romancier, dramaturge, homme politique, a révolutionné le théâtre et la langue poétique. Vie et œuvre de Victor Hugo (1802-1885) Victor-Marie Hugo naquit à Besançon le 26 février 1802. Il n'appartenait pas, comme il se plaisait à le dire, à une ancienne famille lorraine anoblie dès 1531. Son origine était plus modeste. Son grand-père, Joseph Hugo, fils d'un cultivateur, exerçait la profession de menuisier à Nancy. Marié deux fois, il avait eu douze enfants, dont Joseph-LéopoldSigisbert Hugo, né à Nancy en 1773, qui s'engagea très jeune et servit à l'armée du Rhin et en Vendée. Il était officier lorsqu'il épousa à Nantes, le 18 novembre 1797, la fille d'un armateur, Sophie-Françoise Trébuchet. De ce mariage il eut trois fils : Abel (1798-1855), Eugène (1800-1837) et Victor. Hugo n'avait pas deux mois lorsque son père fut affecté en Corse, d'où il passa ensuite à l'ile d'Elbe. Il emmena avec lui sa femme et ses enfants, qui habitèrent Bastia et Porto-Ferràjo jusqu'en 1805. Cette année, Sigisbert Hugo, ayant été rappelé sur le continent, envoya sa famille à Paris où elle resta près de deux ans. Pendant ce temps, Sigisbert Hugo s'était lié avec Joseph Bonaparte, qui, devenu roi de Naples en 1806, l'avait emmené avec lui et lui avait conféré le grade de colonel. En 1807, il fit venir à Naples sa femme et ses fils. Mais en 1808, Joseph ayant été mis par Napoléon sur le trône d'Espagne, Sigisbert Hugo dut le Culture, Culture ! suivre et renvoya sa famille à Paris. Mme Hugo alla habiter alors près du Val-de-Grâce l'ancien couvent des Feuillantines. Victor Hugo, qui avait six ans, reçut avec ses frères des leçons d'un ancien prêtre marié, Larivière, excellent latiniste, qui lui apprit à aimer Virgile. L'enfant eut également à cette époque pour maitre bénévole, le général Lahorie, alors proscrit et que Mme Hugo accueillit pendant quelque temps aux Feuillantines. Il continua ainsi des études peu suivies jusqu'en 1811. À cette époque, son père, devenu général et majordome du roi, qui lui avait donné le titre de comte de Cogolludo, appela sa femme et ses enfants en Espagne. La situation devint tellement grave en Espagne que le général Hugo, au printemps de 1812, fit repartir pour la France sa femme et deux de ses fils. Revenue à Paris avec Eugène et Victor, Mme Hugo reprit son habitation des Feuillantines, où elle recevait fréquemment la famille Foucher. Ce fut alors que Victor commença à jouer dans le grand jardin avec la petite Adèle Foucher et que commença l'idylle enfantine qui devait se terminer par un mariage. En 1813, le jardin des Feuillantines ayant été exproprié, Mme Hugo alla habiter rue du Cherche-Midi, tout près de l'hôtel des conseils de guerre où © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION logeait Pierre Foucher, chef de bureau à la Guerre, ce qui rendit plus fréquentes encore les relations des deux familles. Si, en ce temps, Victor étudiait peu, il se livrait à une lecture acharnée, dévorant les livres pris au hasard par sa mère dans un cabinet de lecture, les œuvres de Voltaire et de Rousseau, Diderot, les voyages du capitaine Cook, Faublas et bien d'autres. Cependant les évènements tragiques se succédaient : après les désastres de la campagne de Russie, l'évacuation de l'Espagne. Revenu en France en 1813, le général Hugo demanda à rentrer dans l’armée. On ne voulut d'abord le réintégrer qu'avec son ancien grade de major. Toutefois il fut nommé peu après commandant de la place de Thionville, qu'il défendit avec la plus grande énergie pendant l'invasion. En 1814, il fit acte d'adhésion à Louis XVIII et fut confirmé dans le grade de maréchal de camp. Cette même année, à la suite de graves dissentiments, il se sépara complètement de sa femme et alla habiter Blois. Voulant que ses fils Eugène et Victor entrent à l'École polytechnique, il les mit dans la pension Cordier et Decotte, où ils restèrent jusqu'en 1818, en suivant les cours du collège Louis-le-Grand. page 17 © Fondation des AMIs de Vanier À partir de 1815, Victor Hugo fit beaucoup de mathématiques, mais il fit surtout des vers et acquit ainsi un véritable talent de versificateur, selon le gout et les formules du temps. Le 10 juillet 1816, il écrivait sur un de ses cahiers de la pension Cordier : « Je veux être Chateaubriand ou rien. » En 1817, il envoya au concours annuel pour le prix de poésie décerné par l'Académie française trois-cents vers sur le sujet : « Le bonheur que procure l'étude dans toutes les situations de la vie ». Il y faisait allusion à ses quinze ans avec une modestie orgueilleuse. Les juges du concours, se croyant mystifiés, lui donnent une simple mention, au lieu du prix qu'il méritait. En 1818, Victor Hugo renonce à passer ses examens à l'École polytechnique et quitte la pension Cordier. Il écrit à son père qu'il vivra de son métier de poète et qu'il renonce à la petite pension qu'il lui donne. Alors Victor Hugo se met à l'œuvre et se livre à un travail incessant, dont il conservera l'habitude jusqu'à la fin de sa vie et qui explique l'énormité de son œuvre. En décembre 1819, il fonde avec son frère Abel une revue bimensuelle, Le conservateur littéraire, qui parait jusqu'en mars 1821. En même temps, il se crée des relations, visite quelquefois Chateaubriand, se lie avec Alfred de Vigny, Lamartine, Soumet, Émile Deschamps, Guiraud, Jules de Rességuier, l'abbé de Lamennais, qui devient son directeur de conscience. À dixneuf ans, ses satires royalistes Le Télégraphe et L'Enrôleur politique, Culture, Culture ! Français 132 506 ses odes Les Destins de la Vendée, Quiberon, Le Génie, La Vision, Le Poêle dans les révolutions et d'autres, l'ont rendu célèbre dans le monde des lettres et dans le monde monarchique. Mais alors il n'est pas hanté seulement par des rêves de gloire, il aime d'un amour juvénile et frais sa petite amie d'enfance, devenue une belle jeune fille, Adèle Foucher, et il veut l'épouser. Sa mère s'oppose à ce mariage, qui ne lui semble pas assez brillant pour son fils, et elle cesse de voir la famille Foucher. Mme Hugo meurt le 27 juin 1821 et moins d'un mois après, son père se remarie. La famille Hugo ayant été ruinée par la chute de l'Empire, le jeune Victor dut vivre fort modestement ; il cherche alors à se créer des ressources. En 1822, il publie le premier recueil de ses Odes, dont le succès est très grand. Louis XVIII le lit et accorde, en septembre, au jeune poète une pension. Rien ne s'oppose plus à son mariage. Le 22 octobre 1822, Victor Hugo voit enfin se réaliser son plus ardent désir. Il épouse Adèle-Julie Foucher, âgée de dix-neuf ans. Il est tout entier à son bonheur, lorsque, le soir même, son frère Eugène, qui, pendant le repas, avait prononcé des paroles incohérentes, fut pris, en rentrant chez lui, d'un accès de folie. On dut l'enfermer à Charenton, où il resta jusqu'à sa mort. Tout porte à croire qu'Eugène aimait Adèle et que le désespoir qu'il ressentit le troubla pour toujours. En 1824, Hugo entra dans l'intimité de Nodier. Charles Nodier, nommé bibliothécaire de © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 l'Arsenal, ouvrit son salon, devenu bientôt fameux, à un groupe de gens de lettres, qui forma le premier cénacle. Cette même année, Victor Hugo publia un second volume d'Odes et vit naitre sa fille Léopoldine, dont la mort tragique, en 1843, fut une de ses grandes douleurs. Il eut ensuite trois enfants : en 1826, CharlesVictor Hugo, mort à Bordeaux en 1871 ; en 1828, François-Victor Hugo, mort à Paris en 1873 et, en 1832, Adèle, qui fut internée en 1872. En 1825, Victor Hugo écrivit son Ode sur le sacre. Il fut, à cette occasion, invité à assister à la cérémonie du sacre, nommé chevalier de la Légion d'honneur en même temps que Lamartine, et son père reçut de Charles X le grade de lieutenant général. L'année suivante, il publia BugJargal et un volume d'Odes et Balladesdans lequel s'accusaient ses tendances à abandonner les formes classiques. Sainte-Beuve fit paraitre dans Le Globe du 2 janvier 1827 une étude critique sur ces poésies. C'est ainsi qu’ils entrèrent en relations et ne lardèrent pas à se lier d'une vive amitié. L'année 1827 marque une date très importante dans la vie du poète. Pour venger une insulte faite aux maréchaux de l'empire par l'ambassadeur d'Autriche, il écrit l'Ode à la colonne qui lui attira de vives attaques de la part des conservateurs royalistes. Hugo semble abandonner le culte de la monarchie traditionnelle et croit, comme beaucoup d'autres à cette époque, qu'en célébrant page 18 © Fondation des AMIs de Vanier les gloires de l'empire il fait acte de libéralisme. Puis il publie la fameuse préface de Cromwell, où il expose les idées de l'école romantique, dont, à partir de ce moment, il est le chef incontesté. Peu après, Hugo forme un nouveau cénacle, composé de romantiques : Alfred de Vigny, Sainte-Beuve, Émile et Antony Deschamps, Alfred de Musset, de Beauchêne, Gérard de Nerval, Alexandre Dumas, Mme Tastu, les peintres Delacroix, Boulanger, Deveria, le sculpteur David d'Angers. Hugo et ses amis continuent à fréquenter le salon de Nodier, lieu de réunion du premier cénacle. Victor Hugo était alors violemment attaqué par les conservateurs littéraires et par les conservateurs royalistes. Il publie Les Orientales et NotreDame de Paris; puis, en 1829, il prend la résolution d'écrire pour le théâtre. Son drame en vers, Marion de Lorme, écrit du 1er au 24 juin, est reçu par acclamation à la ComédieFrançaise, mais la censure en interdit la représentation. Hugo s'adresse directement à Charles X, qui maintient l'interdiction. En quelques semaines il écrivit Hernani, qu'il lut aux Français le 1er octobre. La première représentation de cette pièce eut lieu le 25 février 1830. Ce fut un grand évènement littéraire, une retentissante bataille, dans laquelle les romantiques et les classiques en vinrent presque aux mains. Le premier soir, le succès fut très Culture, Culture ! Français 132 506 grand et la victoire resta aux partisans de Hugo. Mais, aux représentations suivantes, la bataille recommença plus ardente encore, ce fut une suite ininterrompue d'incidents tumultueux. En 1830, Hugo écrivit en moins de six mois Notre-Dame de Paris, dont le succès fut retentissant. La révolution de juillet 1830 éclate et balaie la monarchie de droit divin. Hugo, jadis ultraroyaliste, ne parait nullement s'émouvoir. Les affaires politiques l'occupent fort peu à cette époque. Il est avant tout poète. ll publie Les Feuilles d'automne, il fait représenter Marion de Lorme en 1831 et Le Roi s'amuse en 1832. Mais, après la première représentation, la censure interdit cette seconde pièce. En vain le poète porta sa cause devant le tribunal et la plaida lui-même : l'interdiction fut maintenue. Ce fut seulement en 1882 que cette pièce reparut devant le grand public. En 1833, il eut avec Alexandre Dumas une brouille qui dura jusqu'en 1836, et il fit représenter deux drames, Lucrèce Borgia et Marie Tudor. Ce fut aux répétitions de Lucrèce Borgia que Victor Hugo vit pour la première fois, dans le rôle secondaire de la Negroni, une femme qui devait occuper une place considérable dans sa vie intime. Mlle Julienne-Joséphine Gauvain, qui avait pris le nom de son oncle, le général Drouet, et qu'on appelait Juliette Drouet. © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 Née à Fougères en 1805. Elle avait joué à l’Odéon lorsqu'elle vint à là Porte-Saint-Martin, où elle montra un médiocre talent ; mais elle était très belle. Victor Hugo ressentit pour elle une ardente passion, il sut se faire aimer. Pour lui elle consentit à quitter le théâtre et elle lui fut, jusqu'à la fin de sa vie, admirablement dévouée. Cette passion, Adèle Hugo ne tarda pas à la connaitre ; elle en fut vivement affectée ; mais comme Victor Hugo lui montrait toujours une réelle affection, elle se résigna à laisser faire ce qu'elle ne pouvait empêcher et pardonna. L’année 1834 fut marquée par la rupture définitive de Victor Hugo avec Sainte-Beuve. Ils étaient entrés en relations au commencement de 1827 et bientôt s'étaient liés de la plus vive amitié. Victor Hugo l'introduisit dans sa maison, dans son intimité familiale, et bientôt Sainte-Beuve aima Adèle. Vers 1830, Sainte-Beuve prévint loyalement son ami de ce qui se passait ; leurs relations en furent profondément troublées. Il fut décidé que Sainte-Beuve cesserait de venir chez Hugo, qu'il quitterait pendant quelque temps Paris ; il ne partit pas. Les deux amis cessent quelque temps de se voir, mais ils s'écrivent les lettres les plus affectueuses, puis ils recommencent une demi-intimité. Les deux amis continuèrent à s'écrire, à se voir de temps à autre. Trois années s'écoulent. Un instant il semble que l'ancienne affection va renaitre. Lorsque Victor Hugo se prit de passion pour Juliette, Adèle Hugo confia son chagrin à Sainte-Beuve, qui page 19 © Fondation des AMIs de Vanier était fort laid, mais que les femmes prenaient volontiers pour confident. Quelque temps après, Victor Hugo rompit définitivement avec Sainte-Beuve. Adèle Hugo rompit à son tour avec lui en 1837. En 1843, Sainte-Beuve eut l'inqualifiable idée de faire imprimer un petit recueil de vers, Le Livre d'amour, sur ses relations intimes avec Adèle Hugo. Hugo publie ou fait jouer successivement Claude Gueux (1834), éloquent plaidoyer contre la peine de mort ; Les Chants du crépuscule (1835), où l'on trouve des pièces brillantes consacrées à Juliette ; Angelo (1834), drame qui ne réussit point ; Les Voix intérieures (1832) ; BugJargal (1838), qui fut très applaudi ; Les Rayons et les Ombres (1840). On trouve dans ces œuvres, selon l'expression de Sainte-Beuve, « un mélange souvent entrechoqué de réminiscences monarchiques, de phraséologie chrétienne et de vœux saint-simoniens ». Le 7 janvier 1841, à la quatrième tentative, l'Académie française consent enfin à le recevoir au nombre de ses membres, par 17 voix contre 15. Les Burgraves, représenté à la Comédie-Française en novembre 1842 fut un échec fut complet. Victor Hugo en ressentit une telle amertume qu'il renonça désormais à faire du théâtre et laissa de côté Les Jumeaux, qu'il avait commencés. En ce moment se produisait une vive réaction contre le romantisme. Grâce à Culture, Culture ! Français 132 506 Rachel, les grands classiques revenaient en faveur, et l'on voyait surgir avec la Lucrèce de Ponsard, très applaudie (1843), une nouvelle école, celle des néoclassiques, dite aussi l'école du bon sens. Lassé, presque, découragé, Hugo quitte Paris, se rend en Espagne. Pendant ce voyage, il est frappé d'un deuil tragique ; sa fille ainée, Léopoldine, alors âgée de dixneuf ans, et qui avait épousé quelques mois auparavant Charles Vacquerie, frère du poète Auguste Vacquerie, se noie avec son mari en faisant une promenade en bateau sur la Seine, à Villequier (4 septembre 1843). La douleur du père est profonde, et l'on peut s'en faire une idée en lisant les vers admirables qu'il consacre à sa fille dans Les Contemplations. Après cette catastrophe, Hugo se recueille, continue à évoluer. Il reste conservateur, mais avec son culte de la monarchie, sa foi religieuse a disparu. L'art pour l'art ne lui suffit plus, il commence à aborder les idées sociales. Déjà, dans sa conclusion des Lettres sur le Rhin, il cherche à résoudre le problème de l'équilibre européen et propose de partager l'Europe entre la France et la Prusse. Comme Lamartine, il veut entrer dans la fournaise politique ; LouisPhilippe lui en ouvre la porte en lui donnant, en 1845, un siège à la Chambre des pairs. Rappelons en passant que le roi lui rendit à cette époque un énorme service en intervenant auprès d'un mari irrité, peintre de marine fort connu, pour éviter un procès au sujet d'une aventure galante de s'a femme, à laquelle le poète se trouvait mêlé. À la Chambre des © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 pairs, Victor Hugo alla siéger sur les bancs de la majorité ministérielle et vota avec elle. À diverses reprises, il prononça des discours ; il parla sur les marques de fabrique, sur la question polonaise, glorifia le pape libéral, demanda le retour de la famille Bonaparte ; mais son éloquence théâtrale, aux images hardies, aux chatoyantes antithèses, eut peu de succès auprès de ses collègues. La révolution de 1848, qui mit à la tête du gouvernement provisoire Lamartine, alors à l'apogée de la popularité, fit de Victor Hugo, pair de France, un simple particulier. Le poète, quelque peu effrayé et désorienté d'abord, se reprit, vit passer les évènements, entrevit des choses nouvelles, mais resta conservateur et se tint dans l'ombre jusqu'au 4 juin 1848. Porté candidat, sur une liste réactionnaire, il fut élu alors député de la Seine à l'Assemblée nationale. Là, il se fit accuser de contradiction en votant tantôt avec la droite pour l'abolition des ateliers nationaux, contre le droit au travail, l'impôt progressif, la suppression du remplacement militaire, l'amendement Grévy supprimant la présidence de la République ; tantôt avec la gauche pour l'abolition de la peine de mort, contre les poursuites intentées à Ledru-Rollin et à Louis Blanc, contre l'ordre du jour déclarant que Cavaignac avait bien mérité de la patrie. Le 1er aout 1848, il avait fondé un journal, L'Événement, portant pour épigraphe : « Haine vigoureuse de l'anarchie, tendre et profond amour du peuple. » Il fut le directeur et l'inspirateur de page 20 © Fondation des AMIs de Vanier cette feuille, dont les principaux rédacteurs étaient ses fils Charles et François-Victor, Paul Meurice, Auguste Vacquerie, Théophile Gautier, Théodore de Banville, Gérard de Nerval, etc. L'Événement attaqua vivement le général Cavaignac et, lors des élections pour la présidence de la République, soutint la candidature de Louis Napoléon. Victor Hugo, dont les Odes sur Napoléon, publiées à part en 1840, étaient une véritable épopée napoléonienne, s'était pris de sympathie pour son neveu, qu'il aida à porter au pouvoir suprême, pensant, dit-on, qu'il l'appellerait dans ses conseils ; mais son illusion fut de courte durée. Réélu représentant à la Législative (13 mai 1849), il se sépara, le 15 octobre, de ses amis de la droite, se rangea pour toujours du côté de la République et devint bientôt un des principaux chefs de la gauche démocratique et sociale. Chaque discours qu'il prononça à partir de ce moment souleva des interruptions violentes, dans lesquelles on lui rappelait son passé. Dans l’un l’eux, il montra une véhémence extraordinaire et attaqua violemment le président Louis-Napoléon, qu'il appelait Napoléon le petit et Augustule. Depuis qu'il avait compris que le prince voulait rétablir l'empire, il était devenu son adversaire irréductible. Son journal L'Événement n'avait cessé d'attaquer sa politique, s'était transformé en Avènement du peuple, et la plupart de ses rédacteurs, y compris les deux fils Hugo, se trouvaient alors Culture, Culture ! Français 132 506 emprisonnés à condamnations. la suite module 12 de contrefaçon, en gardant, pour eux tous les bénéfices. Lorsqu’éclata le coup d'État du 2 décembre 1851, Victor Hugo se joignit aux représentants républicains qui tentèrent de soulever le peuple et d'organiser la résistance. Il rédigea des proclamations enflammées ; mais peu d'ouvriers répondirent à son appel, et la résistance fut bientôt écrasée. Hugo, qui figurait sur les listes de proscription, dut se cacher et le 14 décembre il arriva à Bruxelles. Il publie Napoléon le Petit (1852), ardent pamphlet, qu'on s'arracha. Le cabinet belge redoutant des représentations du gouvernement français expulse le poète qui va chercher alors un refuge à l'ile Jersey. Son épouse, sa fille Adèle, son fils FrançoisVictor viennent le retrouver à Jersey, où il a déjà avec lui son fils Charles. Il a également à ses côtés Juliette Drouet. Victor Hugo, ayant protesté à la fin de 1855 contre l'expulsion de Félix Pyat et de deux autres proscrits réfugiés à Jersey, reçut du gouvernement l'ordre de quitter l'ile. Il partit alors pour Guernesey et il acheta en haut de Saint-Pierre-Port une maison abandonnée, Hauteville-House, qu'il transforma à sa guise et marqua de son originale empreinte. Après le coup d'État, la représentation de ses pièces avait été interdite, et l'on avait cessé momentanément en France d'acheter ses livres. Il en fut réduit alors à faire vendre les meubles de prix et les objets d'art qu'il avait laissés à Paris. En 1853, il publia Les Châtimentsà Saint-Hélier et à Bruxelles. Le livre eut un succès colossal à l'étranger et en France, où la vente en fut prohibée, mais où il pénétra quand même secrètement, au moyen de mille subterfuges, par la frontière, pendant longtemps caché dans des bustes en plâtre de Napoléon III. Il en eût tiré grand profit si des éditeurs belges n'avaient fait imprimer Les Châtiments en © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION Adèle Hugo ne restait point inactive, elle écrivait pendant ses loisirs Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie. De nombreux visiteurs venus de tous côtés traversaient la mer pour voir l'exilé à l'apogée de sa gloire, acclamé comme un des grands génies de l'humanité. Il était le « maitre » ; de toutes parts on lui écrivait. Il exerçait une sorte de royauté intellectuelle et morale. C'était, selon l'expression de Théodore de Banville, le « poète entré vivant dans l'immortalité ». Son nom était si universellement connu qu'il suffisait d'écrire sur une enveloppe : « Victor Hugo, Océan, » comme le firent un jour quelques jeunes gens, pour que la lettre lui parvînt. Pendant son long séjour à Hauteville-House, Victor Hugo ne fut point, exempt de peines. Sa dernière fille, Adèle, s'éprit d'un officier de marine anglaise commandant le stationnaire de Guernesey, l'épousa contre la volonté de son père, puis alla aux Indes, y perdit son mari et revint page 21 © Fondation des AMIs de Vanier en France en 1872, la raison tellement troublée qu'on dut l'enfermer dans une maison de santé. Le 28 aout 1868, Mme Hugo, malade, presque aveugle, meurt à Bruxelles. L'année suivante, Charles et FrançoisVictor se rendent à Paris pour fonder avec Vacquerie et Paul Meurice un journal de vive opposition à l'empire, Le Rappel, et Hugo, resté seul avec Juliette Drouet, va prononcer un grand discours à la clôture du congrès de Lausanne. Lors du plébiscite de 1870, l'auteur des Châtiments protesta encore une fois en publiant un pamphlet intitulé Non ! Quelques mois plus tard, le 4 septembre, l'empire croulait, laissant la France envahie, en proie à d'irréparables désastres. Après plus de dix-huit années d'exil, Hugo revient enfin à Paris, où ses amis et le peuple l'acclament. Il adresse alors aux Allemands un grandiloquent appel dans lequel il les convie à cesser la guerre, à fraterniser avec la France. Pendant le siège, il est garde national et participe aux souffrances communes. Ses Châtiments, réédités par Hetzel, se vendent à cent-mille exemplaires. Dans un manifeste aux Parisiens, daté du 10 octobre, il demande la défense à outrance. Après la capitulation, aux élections du 8 février 1871, il est élu député de la Seine à l'Assemblée nationale, qui va siéger à Bordeaux. Ayant été violemment interrompu par la droite pendant un discours qu'il prononce le 8 mars, il écrit au président de la Chambre : « Il y a trois semaines, l'Assemblée a refusé d'entendre Garibaldi ; Culture, Culture ! Français 132 506 aujourd'hui, m'entendre, démission. » elle je refuse donne de ma Le 13mars, son fils Charles meurt subitement à Bordeaux d'une congestion cérébrale. Il ramène son corps à Paris, où ses funérailles sont célébrées le 18 mars, le jour même où éclate l'insurrection communaliste. Hugo se tient à l'écart ; il proteste également contre la Commune, qui renverse la Colonne (Vendôme), et contre le gouvernement de Versailles qui bombarde l'Arc de triomphe. Au moment où l'insurrection est écrasée, il est à Bruxelles et il offre un asile aux réfugiés de la Commune. La population, ameutée, saccage sa maison, il est expulsé de Belgique, va à Londres, puis revient à Paris. Porté par les radicaux, candidat à l'Assemblée nationale dans la Seine, en 1872, Hugo échoua. Cette même année, il fonda avec son fils François-Victor, Meurice et Vacquerie, un journal démocratique, Le Peuple souverain, qui dura peu. Au mois de décembre 1873, il fut frappé d'un nouveau deuil, son fils François-Victor succomba dans un accès de fièvre chaude. Malgré tant de coups répétés, il restait vigoureux et fort, se retrempait dans le travail. En 1876, il rentra dans la politique. Nommé délégué sénatorial dans la Seine, il adressa aux électeurs un éloquent, manifeste dans lequel il les adjurait d'affermir la République, et fut élu sénateur le 30 janvier. Au Sénat, il alla siéger à l'extrême gauche et ne prit que rarement la parole. Dans un discours du 22 mai, il demanda © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 l’amnistie en faveur des condamnés de la Commune. Son mandat lui fut renouvelé en 1882 et il continua à ne tenir à la Chambre haute qu'un rôle effacé, se bornant à voter avec les républicains. Mais en revanche, son activité littéraire était extraordinaire. À ses livres, Actes et paroles (1872) ; L'Année terrible (1872) ; Mes fils ; Quatre-vingttreize (1873), il ajouta successivement La Légende des siècles, 2e série (1877) ; L'Art d'être grand-père (1877) ; L'Histoire d'un crime (1877) ; Discours pour Voltaire (1878) ; Le Domaine public payant l'impôt (1878) ; Le Pape (1878) ; La Pitié suprême(1879) ; L'Âne (1880) ; Reli gion et religions (1880) ; Les Quatre vents de l'esprit (1881) ;Torquemada (1882) ; La Légende des siècles, 3e série (1883) ; L'Archipel de la Manche (1883). Dans cette dernière partie de sa vie, celui qu'Émile Augier appelait « le Père » était l'objet d'une admiration universelle et sa popularité était sans égale. Le 26 février 1881, à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance, Paris rendit à Victor-Hugo un solennel et touchant hommage. Ce jour-là, le grand vieillard reçut dans sa maison de l'avenue d'Eylau, debout entre ses petitsenfants Georges et Jeanne, une députation d'enfants, une autre du conseil municipal ; puis, d'une fenêtre, ému jusqu'aux larmes, il vit défiler devant lui, l'acclamant et déposant des fleurs, des délégués de toute sorte et une innombrable foule. page 22 © Fondation des AMIs de Vanier Personne alors, pas plus à l'étranger qu'en France, ne contestait sa royauté littéraire. Ses anciens ennemis avaient désarmé. Tous les étrangers de distinction, de passage à Paris, altesses Royales, têtes couronnées, littérateurs, voyageurs, tenaient à l’honneur de visiter le poète. Dans son salon de l’avenue d'Eylau qui devait recevoir son nom quelques jours avant sa mort, Victor Hugo réunissait autour de lui, Mlle Drouet, grave et toujours affable, les deux enfants de Charles, Français 132 506 Georges et Jeanne qu'il adorait, leur mère et ses visiteurs habituels. Sa verte vieillesse faisait l'admiration de tous. En mars 1883 Victor Hugo vit s'éteindre Mlle Drouet qui présidait à tous ses diners et à toutes ses réceptions. Celle que Pradier avait prise pour modèle, dans l'éclat de sa beauté, lorsqu'il sculpta la statue de Strasbourg, succomba dans de cruelles souffrances, d'un cancer de l'estomac. Deux ans plus tard, le 22 mai 1885, après une agonie de module 12 huit jours, Victor Hugo cessait de vivre. Il avait demandé à être enterré civilement, conduit dans le corbillard des pauvres. La mort de Victor Hugo produisit une profonde émotion. Le gouvernement et la Chambre lui décrétèrent des obsèques nationales et les honneurs du Panthéon. [D’après Henri Universelle, 1902] Castets, Revue Procurez-vous votre exemplaire du roman : « Le dernier jour d’un condamné » pour le module 2 (au magasin scolaire et non à la bibliothèque). Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 23 Les classiques, de l’Antiquité au 21e siècle © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 Module 3… module 12 Miguel De Cervantes Lithographie du 19e siècle, non signée, domaine public © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 24 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Miguel De Cervantes Miguel de Cervantes Saavedra (29 septembre 1547 à Alcalá de Henares - 23 avril 1616 à Madrid) est un romancier, poète et dramaturge espagnol. Il est célèbre pour son roman L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, publié en 1605 et reconnu comme le premier roman moderne . personne ne s'occupa de son Miguel de Cervantes mène d'abord tombeau ni de la publication Cervantes avait des ancêtres une vie aventureuse de soldat et complète de ses ouvrages. » On convertis au christianisme dans les participe à la bataille de Lépante ignorait encore son lieu de deux branches de sa famille, en 1571, où il perd l'usage de la naissance cent ans après sa mort, comme l'ont signalé Américo main gauche. Cette main avant que Lord Carteret découvre Castro et Daniel Eisenberg. Jean paralysée lui vaut le surnom de « que la vie de Cervantes était à Canavaggio s'oppose à cette Manchot de Lépante ». Le 26 écrire. Mais beaucoup de analyse. Il insiste sur le fait que cette septembre 1575, à son retour vers biographes qui s'y sont essayés ont ascendance « n'est pas prouvée » l'Espagne, il est capturé par les émis des hypothèses fausses, les et compare Cervantes à Mateo Barbaresques avec son frère traducteurs ont usé de Alemán pour qui les origines sont Rodrigo et, malgré quatre supercheries, et des naïfs ont pris au documentées. Malgré la tentatives d'évasion, reste captif à pied de la lettre les récits controverse, il ne faut cependant Alger. En 1580, il est racheté en autobiographiques de l'auteur. pas en exagérer l'influence sur même temps que d'autres l'interprétation de l'œuvre de prisonniers espagnols et regagne Le lieu de naissance de Miguel de Cervantes. son pays. Cervantes reste inconnu, même s'il naquit le plus probablement en Peu de choses sont connues sur la Marié, puis séparé de sa femme et Alcalá de Henares, en Espagne. mère de Miguel de Cervantes. Elle occupant diverses fonctions, il se Selon son acte de baptême, c'est s'appelait Leonora de Cortinas lance alors dans l'écriture par le en effet dans cette ville qu'il fut Sánchez et il est possible qu'elle eût roman pastoral La Galatea en 1585. baptisé, et c'est également ce lieu parmi ses ascendants des convertis En 1605, il publie la première partie de naissance qu'il revendiqua dans au christianisme. Miguel était le de ce qui reste comme son chefson Información de Argel troisième d'une fratrie de cinq : d'œuvre : L'ingénieux hidalgo Don («Information d'Alger»), ouvrage Andrés (1543), Andrea (1544), Luisa Quichotte de la Manche dont la publié en 1580. Le jour exact de sa (1546), qui devint prieure dans un deuxième partie ne parait qu'en naissance est également incertain, couvent de carmélites, Rodrigo 1615. Sa parodie grandiose des mais étant donné la tradition (1550), soldat qui accompagna romans de chevalerie et la création espagnole de nommer son enfant Miguel dans sa captivité à Alger. des personnages mythiques de Don d'après le nom du Saint du jour, il Magdalena (1554) et Juan ne Quichotte, Sancho Panza et est probable que ce fut un 29 furent connus que parce que leur Dulcinée, ont fait de Cervantes la septembre, jour de célébration de père les mentionna dans son plus grande figure de la littérature l'archange saint Michel. Miguel de testament, ils moururent en bas espagnole. Cervantes fut donc baptisé à âge. Ses premières œuvres théâtrales, Alcalá de Henares le 9 octobre peu appréciées de son vivant, ont 1547 dans la paroisse de Santa Alors que le nom complet de pourtant donné lieu à de María la Mayor. Cervantes est « Miguel de nombreuses imitations. En Cervantes Saavedra », le nom « particulier, la tragédie en vers Le Ses grands-parents paternels Saavedra » n'apparut sur aucun Siège de Numance, écrite de 1581 étaient Juan de Cervantes, juriste, document de la jeunesse de à 1583, a connu entre 1600 et 1813 et madame Leonor de Torreblanca, Cervantes, et ne fut pas utilisé par cinq imitations sous des titres divers fille de Juan Luis de Torreblanca, un ses frères et sœurs. Selon la tradition et a inspiré à Lope de Vega La médecin cordouan. Son père espagnole, le nom de naissance Sainte Ligue. Rodrigo de Cervantes (1509-1585) aurait dû être « Miguel de naquit à Alcalá de Henares et était Cervantes Cortinas ». Miguel ne Les informations sur la vie de chirurgien. D'après Jean Babelon : « commença à utiliser le nom « Cervantes sont souvent c'était un médecin mal qualifié, et Saavedra » qu'après son retour de contradictoires et difficiles à besogneux, qui exerçait son métier captivité d'Alger, peut-être pour se rassembler. Parce que, selon Émile au cours de ses fréquentes errances différencier d'un certain Miguel de Chasles : « On le laissa mourir en », ce qui expliquerait que Miguel Cervantes Cortinas expulsé de la 1616 dans le silence (…). Pendant reçut une éducation assez peu cour. toute la durée du XVIIe siècle, méthodique. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 25 © Fondation des AMIs de Vanier Vers 1551, Rodrigo de Cervantes déménagea avec sa famille à Valladolid. Il fut emprisonné pour dettes pendant quelques mois et ses biens furent confisqués. En 1556 la famille est à Madrid, le père se rendit à Cordoue pour recevoir l'héritage de Juan de Cervantes, grand-père de l'écrivain, et pour fuir ses créanciers. Il n'existe pas de données précises sur les études de Miguel de Cervantes. Il est probable que celui-ci n'atteignit jamais un niveau universitaire. Valladolid, Cordoue et Séville se trouvent parmi les hypothèses de lieux possibles pour ses études. La Compagnie de Jésus constitue une autre piste puisque dans son roman Le Colloque des chiens, il décrit un collège de jésuites et fait allusion à une vie d'étudiant. Jean Babelon pense qu'il a certainement fréquenté l'université d'Alcalá et celle de Salamanque si l'on se fie à ses écrits sur la vie pittoresque des étudiants. Les informations qu'il fournit dans ses ouvrages ne permettent cependant pas de conclure formellement qu'il suivit un enseignement universitaire, comme le rappelle la bibliothèque virtuelle Cervantes. En 1566, il s'installa à Madrid. Il assista à l’Estudio de la Villa. L'institution était gérée par le professeur de grammaire Juan López de Hoyos, qui publia en 1569 un livre sur la maladie et la mort de la reine Élisabeth de Valois, la troisième épouse du roi Philippe II. López de Hoyos inclut dans ce livre trois poésies de Cervantes, « notre cher et aimé disciple », qui sont ses premières manifestations littéraires : le jeune homme avait écrit ces vers en hommage à la défunte reine. Ce fut à cette époque que Cervantès prit gout au théâtre en assistant aux représentations de Lope de Rueda et de Bartolomé Torres Naharro dont les pièces étaient jouées dans les villes et les villages par des comédiens ambulants. Il adorait le monde du Culture, Culture ! Français 132 506 théâtre et fit déclarer à son célèbre Hidalgo, dans la seconde partie de son chef-d'œuvre Don Quichotte de la Manche : « il n'avait d'yeux que pour le spectacle ». Une ordonnance de Philippe II de 1569 a été conservée. Le roi y ordonnait d'arrêter Miguel de Cervantès, accusé d'avoir blessé dans un duel un certain Antonio Sigura, maitre d'œuvre. Si cette ordonnance concerna réellement Cervantès et non un homonyme, elle pourrait expliquer sa fuite en Italie. Miguel de Cervantès arriva à Rome en décembre 1569. Il lut alors les poèmes de chevalerie de Ludovico Ariosto et les Dialogues d'amour du Juif séfarade León Hebreo (Juda Abravanel), d'inspiration néoplatonicienne et qui influencèrent sa vision de l'amour. Cervantès s'instruisit du style et des arts italiens dont il garda par la suite un très agréable souvenir. Mais malgré son gout pour la littérature, Cervantès cherchait d'abord à faire carrière dans les armes. Il s'engagea dans une compagnie de soldats de 1570 à 1574 avant d'entrer comme camérier au service de Giulio Acquaviva, qui devint cardinal en 1570 et qu'il suivit en Italie. Il avait probablement rencontré ce cardinal à Madrid, mais ce dernier ne le garda pas longtemps comme secrétaire, et Cervantès dut prendre rang dans les régiments des tercios d'Italie, à la solde des Colonna. Les hasards de la vie militaire l'entrainèrent sur les routes de toute l'Italie : Naples, Messine, Loreto, Venise, Ancône, Plaisance, Parme, Asti et Ferrare. Il consigna par la suite le souvenir de ces différents séjours dans l'une de ses Nouvelles exemplaires : Le Licencié Vidriera. Il lui arrivait de méditer sur la guerre, et de vitupérer la « diabolique invention de l'artillerie ». Mais tout en combattant, il complétait son éducation littéraire par la lecture des classiques anciens et des auteurs italiens de © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 son époque. En 1570, le sultan Selim II attaqua Nicosie (Chypre). Cervantès décrit l’évènement dans la nouvelle L'Amant généreux qui fait partie des Nouvelles exemplaires. Il fut alors enrôlé dans la compagnie du capitaine Diego de Urbina dans le tercio de Manuel de Moncada. La flotte, commandée par Don Juan d'Autriche, fils naturel du puissant Charles Quint et demi-frère du roi, réunit sous son pavillon les vaisseaux du Pape, ceux de Venise, et ceux de l'Espagne, et engagea la bataille de Lepante le 7 octobre 1571. Cervantès prit part à la victoire sur les Turcs dans le golfe de Patras à bord du bateau la Marquesa (la Marquise). Ce fut après cette bataille qu'il gagna le surnom de « manchot de Lépante » (el manco de Lepanto). Cervantès fut blessé lors de la bataille : sa main gauche ne fut pas coupée, mais elle perdit son autonomie de mouvement à cause du plomb qui lui avait sectionné un nerf. Après six mois d'hôpital à Messine, Cervantès renoua avec sa vie militaire en 1572. Il prit part aux expéditions navales de Navarin (1572), Corfou, Bizerte, et en 1573, il figurait dans le tercio de Figueroa lors de la Bataille de Tunis. Toutes ces missions furent exécutées sous les ordres du capitaine Manuel Ponce de León et dans le régiment du très fameux Lope de Figueroa dont il est fait mention dans Le maire de Zalamea de Pedro Calderón de la Barca. Le 20 septembre 1575, Cervantès bénéficia d'un congé et il s'embarqua de Naples pour l'Espagne. Mais au large des Saintes-Maries-de-la-Mer, et alors qu'il naviguait à bord de la galère espagnole El Sol, le bateau fut attaqué par trois navires turcs commandés par le renégat albanais Arnaute Mamí, le 26 septembre 1575. Miguel et son frère Rodrigo furent emmenés à Alger. Cervantès fut attribué comme esclave au renégat Dali Mamí, page 26 © Fondation des AMIs de Vanier marin aux ordres de Arnaute. Il fit le récit de sa mésaventure dans L'Espagnole-Anglaise, qui fait partie des Nouvelles exemplaires. Miguel, porteur de lettres de recommandation de la part de don Juan d'Autriche et du Duc de Sessa fut considéré par ses geôliers comme quelqu'un de très important et de qui ils pourraient obtenir une forte rançon. C'était, selon l'expression de l'époque un « esclave de rachat » pour lequel on demanda cinq-cents écus d'or de rançon. Les sources permettant de retracer la captivité de Cervantès sont des écrits autobiographiques : ses comédies Los tratos de Argel, Los baños de Argel («Les Bains d'Alger») et Le Récit du Captif inclus dans la première partie de Don Quichotte, aux chapitres 39 à 41. Le livre du frère Diego de Haedo, Topographie et histoire générale d'Alger (1612), qui offre des informations importantes sur la captivité de Cervantès, a été donné pour une source « indépendante ». Cependant, l'attribution de cette œuvre à Diego de Haedo est erronée, chose que lui-même reconnut en son temps. Selon Emilio Sola, Antonio de Sosa, bénédictin et compagnon de captivité de Cervantès, a coécrit cet ouvrage avec son ami. En conséquence, le livre de Diego de Haedo n'est pas une confirmation indépendante de la vie de Cervantes à Alger, mais un écrit de plus de la part de Cervantès et qui porte aux nues son héroïsme. Le récit de la captivité de Cervantès est épique. Pendant ses cinq ans d'emprisonnement, Cervantès, d'esprit fort et motivé, essaya de s'échapper à quatre occasions. Pour éviter des représailles sur ses compagnons de captivité, il assuma la totale responsabilité de ces tentatives devant ses ennemis et préféra la torture à la délation. Il n'a cependant jamais été châtié, peutêtre pour des raisons politiques. Culture, Culture ! Français 132 506 La première tentative de fuite fut un échec, car le complice maure qui devait conduire Cervantes et ses compagnons à Oran les abandonna dès le premier jour. Les prisonniers durent retourner à Alger, où ils furent enfermés et mieux gardés. En butte à de dures représailles, Cervantès fut alors employé aux carrières et aux fortifications du port. Il devint ensuite jardinier sous les murs de Bab El Oued pour son maitre Hassan. L'écrivain relate en partie ce dernier épisode dans L'Amant libéral inclus dans le tome I de Nouvelles espagnoles. Cependant, la mère de Cervantès avait réussi à réunir une certaine quantité de ducats, avec l'espoir de pouvoir sauver ses deux fils. En 1577, après avoir traité avec les geôliers, la quantité de ducats se révéla insuffisante pour libérer les deux frères. Miguel préféra que ce soit son frère qui fût libéré. Rodrigo rentra alors en Espagne en possession d'un plan élaboré par Miguel pour se libérer, lui et ses quatorze ou quinze autres compagnons. Cervantès s'associa au renégat El Dorador (le Doreur) pour une deuxième évasion. Le plan prévoyait que Cervantès se cachât avec les autres prisonniers dans une grotte, en attendant une galère espagnole qui viendrait les récupérer. La galère, effectivement, vint et tenta de s'approcher deux fois de la plage ; mais finalement elle fut capturée à son tour. Le traitre El Dorador dénonça les chrétiens cachés dans la grotte. Cervantès se déclara alors seul responsable de l'organisation, de l'évasion et d'avoir convaincu ses compagnons de le suivre. Le vice-roi d'Alger, Hassan Vénéziano, le racheta à son maitre pour une somme de cinq-cents écus d'or. Dans le quartier algérois de © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 Belouizdad, la « grotte de Cervantes » est réputée avoir été la cache de Cervantes et ses compagnons. La troisième tentative fut conçue par Cervantes dans le but de joindre par la terre Oran alors sous domination espagnole. Il envoya làbas un Maure avec des lettres pour Martín de Córdoba y Velasco, général de cette place, en lui expliquant la situation et lui demandant des guides. Le messager fut pris. Les lettres découvertes dénonçaient Miguel de Cervantès et montraient qu'il avait tout monté. Il fut condamné à recevoir deux-mille coups de bâtons, mais la condamnation ne fut pas appliquée, car de nombreuses personnes intercédèrent en sa faveur. La dernière tentative de fuite se produisit en 1579 avec la complicité du renégat Giron et à l'aide d'une importante somme d'argent que lui donna un marchand valencien de passage à Alger, Onofre Exarque. Cervantes acheta une frégate capable de transporter soixante captifs chrétiens. Alors que l'évasion était sur le point de réussir, l'un des prisonniers, l'ancien dominicain le docteur Juan Blanco de Paz, révéla tout le plan à Azán Bajá. Comme récompense, le traitre reçut un écu et une jarre de graisse. Cervantes fut repris et condamné à cinq mois de réclusion dans le bagne du vice-roi. Azán Bajá transféra alors Cervantes dans une prison plus sure, au sein de son palais. Il décida par la suite de l'emmener à Constantinople, d'où la fuite deviendrait une entreprise quasi impossible à réaliser. Une fois encore, Cervantes assuma toute la responsabilité. En mai 1580, les frères Trinitaires, frère Antonio de la Bella et frère Juan Gil, arrivèrent à Alger. Leur Ordre tentait de libérer des captifs, y compris en se proposant euxmêmes comme monnaie page 27 © Fondation des AMIs de Vanier d'échange. Cinq-cents captifs furent libérés par leur entremise. Les sources divergent sur les modalités d'obtention des fonds. Certaines biographies avancent que la famille fortunée de Cervantes paya sa rançon. Pour une autre source, Fray Jorge de Olivarès de l'ordre de la Merci resta en otage contre septmille autres prisonniers. Enfin, pour d'autres biographes, les frères Antonio de la Bella et Juan Gil ne disposaient que de trois-cents écus pour faire libérer Cervantès, dont on exigeait cinq cents pour la rançon. Frère Juan Gil collecta la somme qui manquait parmi les marchands chrétiens. Finalement, au moment où Cervantès était monté dans le vaisseau du Pacha Azán Bajá qui retournait à Constantinople avec tous ses esclaves, l'écrivain fut libéré le 19 septembre 1580 par un acte de rachat passé devant le notaire Pedro de Ribera, et il s'embarqua le 24 octobre 1580 en route pour Denia, d'où il gagna Valence en cherchant à gagner sa vie. Le 24 octobre, il revint enfin en Espagne avec d'autres captifs sauvés également. Il arriva à Dénia, d'où il partit pour Valence. Vers novembre ou décembre, il retrouva sa famille à Madrid. C'est à ce moment-là qu'il commença à écrire Le Siège de Numance, de 1581 à 1583. Il est probable que La Galatea fut écrite entre 1581 et 1583 ; c'est sa première œuvre littéraire remarquable. Elle fut publiée à Alcalá de Henares en 1585. Jusqu'alors il n'avait publié que quelques articles dans des œuvres d'autrui ou des recueils, qui réunissaient les productions de divers poètes. La Galatea est divisée en six livres, mais seule la « première partie » fut écrite. Cervantes promit de donner une suite à l'œuvre ; elle ne fut pourtant jamais imprimée. Dans le prologue de la Galatée, l'œuvre est qualifiée d'« églogue » Culture, Culture ! Français 132 506 et l'auteur insiste sur l'affection qu'il a toujours eue pour la poésie. C'est un roman pastoral, genre littéraire déjà publié en Espagne dans la Diana de Jorge de Montemayor. On peut encore y deviner les lectures qu'il a pu avoir quand il était soldat en Italie. De retour à Madrid, il eut une aventure avec la femme d'un aubergiste qui lui donna une fille naturelle, Isabelle, en octobre 1584. Deux mois plus tard, le 12 décembre 1584, Miguel de Cervantes se maria avec Catalina de Salazar y Palacios dans le village d'Esquivias près de Tolède où le couple déménagea. Catalina était une jeune fille qui n'avait pas vingt ans et qui lui apporta une dot modeste. Après deux ans de mariage, Cervantes entreprit de grands voyages à travers l'Andalousie. En 1587, il était à Séville, séparé de sa femme, sans que les raisons de leur séparation ne fussent claires. Cervantes ne parla jamais de son épouse dans ses textes autobiographiques, bien qu'il fut le premier à avoir abordé le thème du divorce dans son intermède Le juge des divorces et alors que cette procédure était impossible dans un pays catholique. Nommé commissaire aux vivres par le roi Philippe II lors de la préparation de l'attaque espagnole de l'Invincible Armada contre l'Angleterre, Cervantès séjourna à Séville entre 1585 et 1589. Il parcourut à nouveau le chemin entre Madrid et l'Andalousie, qui traverse la Castille et la Manche. Ce voyage est raconté dans Rinconete et Cortadillo. Mais, en 1589, il fut accusé d'exactions, arrêté et excommunié. L'affaire le mettait aux prises avec le doyen et le chapitre de Séville. Au cours de ses réquisitions à Écija, Cervantès aurait détourné des biens de l'Église. Un peu plus tard, en 1592, le commissaire aux vivres fut arrêté de nouveau à Castro del Río, dans la province de Cordoue pour vente illicite de blé. Il fut de nouveau emprisonné pour une courte © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 période et accepta un emploi à Madrid : il fut affecté au recensement des impôts dans la région de Grenade. C'est vers cette époque qu'il commença à rédiger Don Quichotte. Il eut l'idée du personnage probablement dans la prison de Séville, peut-être dans celle de Castro del Río. En tout cas, selon ses dires, « dans une prison, où toute incommodité a son siège, où tout bruit sinistre a son siège, où tout bruit lugubre fait sa demeure. » La malchance poursuivit l'écrivain qui avait déposé ses avoirs chez le banquier portugais Simon Freyre, lequel fit faillite. Cervantès se retrouva de nouveau en prison à Séville de septembre à décembre 1597 où il retourna encore en 1602 et 1603. En 1601, le roi Philippe III s'établit avec sa cour à Valladolid qui devint pour un temps la capitale de l'Espagne. Cervantès s'y installa en 1604 dans une maison près de l'hôpital de la résurrection qui lui inspira le décor du Colloque des chiens, et de Scipion et Berganza. À la fin de 1604, il publia la première partie de ce qui fut son chefd'œuvre : L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche. Le livre fut un succès immédiat. Il y raillait le gout des aventures romanesques et chevaleresques qui dominait en son temps. Cette œuvre marqua la fin du réalisme en tant qu'esthétique littéraire, créa le genre du roman moderne qui eut une très grande influence et constitue sans doute le plus bel exemple de roman picaresque. Cependant en juin de 1605, Don Santiago Gaspar de Espeleta fut assassiné devant la maison de l'écrivain. On accusa Cervantès sur la base d'insinuations des voisins, et sa famille fut mise à l'index. Il fut pourtant reconnu innocent. De retour à Madrid avec la cour, Cervantès bénéficia de la protection des ducs de Lerma, de page 28 © Fondation des AMIs de Vanier Bejar, et de Lemos ainsi que de celle du cardinal Bernardo de Sandoval, archevêque de Tolède. En 1613 parurent les Nouvelles exemplaires, un ensemble de douze récits brefs, écrits plusieurs années auparavant. Selon Jean Cassou, ce recueil de nouvelles représente le monument le plus achevé de l'œuvre narrative de Cervantès : « La peinture est sobre, juste ; le style brillant, précis (...) on assiste à la naissance d'une poésie brutale et cependant jamais vulgaire. » La critique littéraire est une constante dans l'œuvre de Cervantès. Elle apparut dans la Galatea et se poursuivit dans Don Quichotte. Il lui consacra le long poème en tercets enchainés le Voyage au Parnasse en 1614. De même, dans huit comédies et huit intermèdes, recueil de pièces de théâtre publié à Madrid en 1615, que Cervantès qualifie de « nouvelles » (œuvres nouvelles) pour les distinguer de ses œuvres du début, le prologue présente une synthèse du théâtre espagnol depuis les origines jusqu'aux productions de Lope de Rueda et Lope de Vega. Ce recueil réunit toute la production des dernières années de l'auteur. La seconde partie du Don Quichotte ne parut qu'en janvier 1615 : L'Ingénieux chevalier don Quichotte de la Manche. Cette partie sortit deux ans après la parution d'une suite apocryphe signée d'un mystérieux Alonso Fernández de Avellaneda publiée cours de l'été 1614 à Tarragone, et qui s'intitulait : L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, par le licencié Alonso Fernández de Avellaneda natif de Tordesillas. On n'a jamais pu identifier l'auteur de cette contrefaçon déloyale. On sait que Alonso Fernández de Avellaneda est le pseudonyme d'un écrivain espagnol. Les historiens ont émis plusieurs hypothèses quant au personnage qui se cachait derrière Culture, Culture ! Français 132 506 module 12 ce nom. Il pourrait s'agir de Lope de Vega, de Juan Ruiz de Alarcón y Mendoza, ou de Tirso de Molina. Un groupe d'amis de Lope est également évoqué. Les deux parties de Don Quichotte forment une œuvre qui donne à Cervantès un statut dans l'histoire de la littérature universelle, aux côtés de Dante, Shakespeare, Rabelais et Goethe comme un auteur incontournable de la littérature occidentale. L'étrange inventeur, comme luimême se nomme dans Le Voyage au Parnasse, mourut à Madrid le 23 avril 1616, en présentant les symptômes du diabète. Il était alors tertiaire de l'ordre de saint François. Il fut probablement enterré dans le couvent de cet ordre, entre les rues madrilènes Cantarranas et Lope de Vega. C'est là qu'il repose avec son épouse, sa fille et celle de Lope de Vega bien que certaines sources affirment que, Cervantes étant mort pauvre, sa dépouille fut mise en fosse commune, et est aujourd'hui perdue. Le roman Les Travaux de Persille et Sigismonde parut un an après la mort de l'écrivain ; sa dédicace au Comte de Lemos fut signée seulement deux jours avant le décès. Ce roman grec, qui prétend concurrencer le modèle classique grec d'Héliodore, connut quelques éditions supplémentaires à son époque, mais il fut oublié et effacé par le triomphe indiscutable du Don Quichotte © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 29 Module 3… Les classiques, de l’Antiquité au 21e siècle © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Émile Zola Gravure, non signée SOURCE : http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/%C3%89mile_Zola/15 0676 Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 30 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Émile Zola Émile Zola est un écrivain et journaliste français, né à Paris le 2 avril 1840 et mort dans la même ville le 29 septembre 1902 Chef de file du naturalisme, Émile Zola s’efforça d’appliquer la rigueur scientifique à l’écriture du roman. Ancré dans la France du Second Empire, régime qu'il détestait, son cycle romanesque des RougonMacquart brosse une fresque psychologique et sociale inégalée dans la littérature française. Il fut aussi un ardent combattant pour la justice et la vérité, lors de l'affaire Dreyfus, qui déchira la France de la IIIe République. d'un emploi subalterne à la direction du service publicité. Naissance Écrivain naturaliste (1867-1877) Émile Édouard Charles Antoine Zola nait le 2 avril 1840 à Paris, au 10, rue Saint-Joseph. Après Thérèse Raquin (1867) et Madeleine Férat (1868), conçoit la série des RougonMacquart dès 1868, mais n'en lance la publication qu'après la chute de Napoléon III : le cycle des RougonMacquart devient l’histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire. Mariage avec Alexandrine Meley (1870). Parution de la Fortune des Rougon (1871) ; le Ventre de Paris (1873). Attentif à la vie quotidienne et à la détresse jusque dans les classes inférieures de la société, l’auteur est accusé de se complaire dans l’ordure. Famille Père ingénieur italien (François Zola), mère beauceronne (née Émilie Aubert). Installation en 1843 à Aix-en-Provence. Mort du père en 1847 : la famille est dans la gêne. Jeunes années (1840-1862) À Aix, se lie avec Paul Cézanne. Revient à Paris avec sa mère. Échec au baccalauréat (1859) et abandon des études. Entre en 1862 chez Hachette ; y passe Culture, Culture ! Journaliste et écrivain (18621867) Publie les Contes à Ninon (1864), puis son premier roman, La Confession de Claude (1865). À partir de 1866, collaboration à plusieurs journaux, critique littéraire et artistique : admiration du réalisme d'Édouard Manet (Mes Haines, 1866). © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION Chef d’école (1877-1893) Scandale et triomphe de l'Assommoir (1877), qui installe Zola dans la position de maitre du naturalisme – et dans l’aisance matérielle. Achète une maison à Medan (1878) et y reçoit ses disciples. Intense activité critique pour promouvoir l’esthétique naturaliste (le Roman expérimental, 1880). Suite des RougonMacquart : Nana (1880), PotBouille (1882), Au bonheur des dames (1883) et consécration avec Germinal(1885)… Achèvement de la série des Rougon-Macquart (1893), avec une certaine lassitude. Liaison avec Jeanne Rozerot, une lingère au service de sa femme ; elle lui donne deux enfants : Denise (1889) et Jacques (1891). Fervent dreyfusard Retour au journalisme politique et engagement décisif dans l'affaire Dreyfus. Zola publie à la une de l'Auroreune lettre ouverte au président de la République : J'accuse…! (1898 ) . Condamné pour diffamation, il s’exile à Londres (1898-1899) pour se soustraire à la prison. Il écrit encore la Vérité en marche (1901) en faveur de la réhabilitation du capitaine Dreyfus. page 31 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 Dernières années Mort (accidentelle ?) 19 candidatures pour être élu à l’Académie française (18901898), autant d’échecs. Derniers cycles romanesques, dans une perspective messianique : les Trois Villes (1894-1898) ; les Quatre Évangiles(1899-inachevé). Meurt par asphyxie (intoxication par inhalation de gaz toxiques) dans la nuit du 28 au 29 septembre 1902, à Paris. La thèse de l'obstruction volontaire de la cheminée par un antidreyfusard est aujourd'hui privilégiée. Obsèques grandioses. Transfert des restes de Zola au module 12 Panthéon le 4 juin 1908. « Envions-le : il a honoré sa patrie et le monde par une œuvre immense et par un grand acte. Envions-le, sa destinée et son cœur lui firent le sort le plus grand : il fut un moment de la conscience humaine. »(Éloge funèbre prononcé par Anatole France, le 5 octobre 1902). http://www4.ac-nancy-metz.fr/ia54-briey/landres-emile-zola/ Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 32 Module 3… © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Les classiques, de l’Antiquité au 21e siècle Albert Camus http://salon-litteraire.com/fr/albertcamus/content/1811029-albert-camus-biographie L’ambigüité d’une révolte SOURCE : http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Albert_Camus/111047 Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 33 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Albert Camus Albert Camus, né le 7 novembre 1913 à Mondovi, près de Bône, en Algérie, et mort le 4 janvier 1960 à Villeblevin, dans l'Yonne, est un écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français. de l'enseignement secondaire : il et la vie de Camus se confondent En 1871, la famille Camus opte entre alors au lycée Mustapha dans la naissance d'un pour la France et, quittant d'Alger. Il est respecté de ses « message ». l'Alsace, va s'installer en Algérie. condisciples à cause de ses Le fils, Lucien, ouvrier agricole, multiples talents, qui font oublier En 1937, il publie un recueil de épouse Catherine Sintès, sa pauvreté ; on l'appelle nouvelles autobiographiques et Espagnole de Majorque. Deux affectueusement « le petit symboliques auquel il travaille garçons naissent de cette union. Prince » ; avec son professeur depuis plus de deux ans : « Pour Jean Grenier nait une amitié qui moi, je sais que ma source est dans l'Envers et l'endroit, dans ce durera jusqu'à la mort. Bachelier, Albert, le second, voit le jour à Camus commence la classe de monde de pauvreté et de lumière Mondovi, près de Constantine, le lettres supérieures, vivantavec où j'ai longtemps vécu et dont le 7 novembre 1913. Il n'a pas un an intensité sur tous les plans, souvenir me préserve encore des lorsque son père est mortellement lorsqu'il est atteintpar la deux dangers contraires qui blessé à la première bataille de la tuberculose : « Une grave menacent tout artiste, le Marne : « […] mort au champ maladie m'ôta provisoirement la ressentiment et la satisfaction. » d'honneur, comme on dit. En force de vie qui, en moi, Mais Pascal Pia l'engage comme bonne place, on peut voir dans un transfigurait tout » (Carnets). journaliste à Alger républicain, et cadre doré la croix de guerre et la Camus apprend son métier, médaille militaire » (l'Envers et Grâce à des prêts d'honneur, il écrivant des articles dans tous les l'endroit). peut cependant reprendre ses genres. Il publie notamment un compte rendu de la Nausée, études et s'inscrit à la section de La jeune veuve s'installe avec ses philosophie de l'université admirant le talent de Sartre, mais deux enfants et sa mère à Alger, d'Alger ; il obtient un diplôme déplorant sa perspective de la dans le quartier des pauvres, d'études supérieures sur le vie. Il donne alors un second faisant des ménages pour sujet Néoplatonisme et pensée recueil de nouvelles, Noces, écho subvenir aux besoins de sa chrétienne. Mais l'université n'est du premier (« Je comprends ici ce famille. Elle « donne son argent à pas pour lui une tour d'ivoire : il qu'on appelle gloire : le droit sa mère. Celle-ci fait l'éducation exerce divers métiers, se marie, d'aimer sans mesure »), puis, des enfants avec une cravache. divorce peu après ; il adhère au avec quelques amis, il fonde la Quand elle frappe trop fort, sa fille revue Rivages, qu'il veut consacrer parti communiste, puis lui dit : « Ne frappe pas sur la démissionne lors du pacte entre à une certaine forme de tête », parce que ce sont ses Staline et Pierre Laval ; il fonde la civilisation, aux antipodes de celle enfants, et elle les aime bien. » maison de la culture d'Alger et la de Sartre : « Ce gout triomphant troupe « Théâtre du travail ». de la vie, voilà la vraie Méditerranée. » Il fait alors la De 1918 à 1923, Camus Pour cette troupe, avec plusieurs connaissance de Malraux, mais, à fréquente l'école primaire camarades, il compose un drame la suite d'un reportage sur la communale du quartier Belcourt, antifasciste, Révolte dans les misère en Kabylie, il doit quitter où un instituteur, Louis Germain, Asturiesdevenant ainsi un écrivain l'Algérie. En mai 1940, à Paris, il discerne les aptitudes du petit termine l'Étranger, vivotant d'un engagé. Les représentations sont Albert et se consacre à lui, interdites par le gouvernement modeste emploi à la rédaction remplaçant le père. L'enfant de France-Soir. En juin, il se replie général. Dès ce moment, l'œuvre réussit au concours des bourses Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 34 © Fondation des AMIs de Vanier avec le journal à ClermontFerrand, où il rédige l'essentiel du recueil le Mythe de Sisyphe. Vers la fin de l'année, il épouse Francine Faure, une Oranaise. En 1941, il retourne en Algérie, à Oran, où il met la dernière main au Mythe de Sisyphe, puis il entame la Peste. Rentré en France vers la fin de l'année, il se jette dans la Résistance active : « C'était un matin, à Lyon, et je lisais dans un journal l'exécution de Gabriel Péri. » Il participe aux activités du réseau « Combat » (mouvement Libération-Nord) pour le renseignement et la presse clandestine. Sur les instances de Malraux, les éditions Gallimard publient l'Étranger en juillet 1942. Mais Camus a une grave rechute de tuberculose, et il se prépare à rejoindre Francine à Oran pour sa convalescence, lorsque les Alliés débarquent en Afrique du Nord. Le couple restera séparé jusqu'à la Libération. La parution du recueil d'essais philosophiques le Mythe de Sisyphe (1943) est marquée par le succès et l'incompréhension. Nombre de critiques rapprochent de la pensée de Sartre un ouvrage où Camus écrit : « Je prends ici la liberté d'appeler suicide philosophique l'attitude existentielle. » Camus devient cependant le délégué de « Combat » dans la fusion des mouvements de Résistance ; il publie clandestinement deux Lettres à un ami allemand et, le 24 aout 1944, pendant les batailles de rues pour Culture, Culture ! Français 132 506 la libération de Paris, donne l'éditorial du premier numéro du journal Combat, sorti de la clandestinité. Tandis que Marcel Herrand crée, au théâtre des Mathurins, avec Maria Casarès dans le rôle de Martha, le Malentendu, qui connait un semiéchec, Camus, codirecteur de Combat, veut donner au journal, et à toute la presse issue de la Libération, un visage nouveau : « Pour des hommes qui, pendant des années, écrivant un article, savaient que cet article pouvait se payer de la prison et de la mort, il est évident que les mots avaient une valeur et qu'ils devaient être réfléchis » (Actuelles I). En septembre 1945 naissent ses deux enfants, Jean et Catherine Camus. Quelques jours plus tard, la première de Caligula au théâtre Hébertot est un triomphe, mais on ne sait pas très bien si le succès est dû au texte de la pièce ou à la révélation, dans le rôle principal, d'un acteur de génie, Gérard Philipe. L'année suivante, Camus, qui a eu quelques difficultés avec le F.B.I., est accueilli chaleureusement par les universités américaines. Il se charge de la publication des œuvres inédites de Simone Weil, mais il n'arrive pas à faire prévaloir ses vues à la direction de Combat, avec lequel il rompt lors de sa prise de position contre la répression d'une révolte à Madagascar par l'armée française : c'est un échec personnel et la mort d'un idéal. En juin 1947, la Peste reçoit dès sa publication un accueil enthousiaste de la critique et du public, mais Camus semble © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 n'éprouver qu'une sorte désenchantement. de Cet état d'esprit est renforcé par un voyage en Algérie, suivi de l'échec, au théâtre Marigny, de l'État de siège, mis en scène par J.-L. Barrault. Camus voyage au Brésil en 1949. Dès son retour, à la fin aout, il doit s'aliter et ne se relève que le 15 décembre, pour assister à la première de sa pièce les Justes, qui remporte un succès. Affaibli, il travaille au ralenti, publie un recueil de ses articles Actuelles I. Puis un second ensemble d'essais philosophiques parait sous le titre de l'Homme révolté, origine d'une vaste, longue et amère polémique. Camus fait en 1952 un nouveau séjour en Algérie et, à son retour, rompt définitivement avec Sartre. Il met en chantier des nouvelles et adapte pour la scène les Possédés, de Dostoïevski. Après Actuelles II (1953), il réunit des textes écrits depuis 1939 sous le titre de l'Été (1954) : « Ce monde est empoisonné de malheurs et semble s'y complaire. Il est tout entier livré à ce mal que Nietzsche appelait l'esprit de lourdeur. N'y prêtons pas la main. Il est vain de pleurer sur l'esprit, il suffit de travailler pour lui. » Le 22 janvier 1956, il lance à Alger un courageux Appel pour une trêve civile en Algérie : « Pour intervenir sur ce point, ma seule qualification est d'avoir vécu le malheur algérien comme une tragédie personnelle et de ne page 35 © Fondation des AMIs de Vanier pouvoir, en particulier, me réjouir d'aucune mort, quelle qu'elle soit. » Français 132 506 module 12 En septembre, il met en scène au théâtre des Mathurins son adaptation de Requien pour une nonne, de William Faulkner, et publie son dernier roman, la Chute. En 1957, il donne un nouveau recueil de nouvelles, l'Exil et le royaume. Le 17 octobre, il reçoit le prix Nobel. Il dédie sesDiscours de Suède à l'instituteur Louis Germain. MaisActuelles III, recueil des articles sur l'Algérie, souffre d'une conspiration du silence. Camus fait un nouveau voyage en Grèce ; sa santé donne de nouveau de l'inquiétude. En 1959, il met en scène les Possédés au théâtre Antoine, puis va se reposer dans une maison récemment achetée à Lourmarin, en Provence. Le 20 décembre, il répond à une série de questions d'un professeur américain, R. D. Spector : « Je ne relis pas mes livres. Je veux faire autre chose, je veux le faire […]. » Le 4 janvier 1960, entre Sens et Paris, la puissante voiture de Michel Gallimard dérape et s'écrase contre un arbre ; le passager, Albert Camus, âgé de quarantesept ans, est tué sur le coup. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 36 Module 3… Les classiques, de l’Antiquité au 21e siècle © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Gabriel Garcìa Màrquez http://www.theguardian.com/books/2014/apr/17/gabri el-garcia-marquez-dies SOURCE : http://www.larousse.fr/archives/litterature/page/460 Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 37 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Gabriel Garcìa Màrquez Gabriel García Márquez, né le 6 mars 1927 à Aracataca et mort le 17 avril 2014 à Mexico, est un écrivain colombien. Romancier, nouvelliste, mais également journaliste et activiste politique, il reçoit en 1982 le prix Nobel de littérature. Devenu chroniqueur régulier à El Espectador, l'un des deux grands quotidiens de Bogotá, il est envoyé en Europe, et en particulier à Paris (1954). La fermeture de son journal pour raisons politiques le laisse dans une situation précaire, jusqu'au moment où il gagne Caracas (1957), et peut y reprendre ses activités de journaliste. Rentré à Bogotá en 1959, il y participe à la création de l'antenne locale de Prensa latina, l'agence de presse de la toute jeune République de Cuba, qu'il quittera dès 1961 pour s'installer à Mexico. Là, il participe de plus en plus activement à la vie politique du continent, en soutenant au grand jour les mouvements antiimpérialistes auxquels il collaborait depuis très longtemps. Puis il rentre dans son pays, qu'il retrouvera après chacun de ses nombreux voyages, avant de le quitter à nouveau en aout 1980. Il n'en garde pas moins un contact étroit et influent avec sa patrie, par l'intermédiaire d'El Espectador : il en est devenu l'éditorialiste et y Culture, Culture ! publie chaque dimanche une chronique reprise par un nombre considérable de journaux, et qui est célèbre sous le nom de « colonne de Gabo », diminutif de son prénom. Cette activité journalistique 'accompagne à partir de 1947 d'une très riche carrière romanesque. C'est à cette date, en effet, qu'El Espectador publie le premier de ses contes, qui seront recueillis pour certains dans Des yeux de chien bleu (1974) : ils marquent le point de départ d'une œuvre qui fera peu à peu de son auteur le maitre incontesté de l'art de conter en Amérique latine, et dont chaque nouveau livre constitue un évènement littéraire et un phénomène d'édition sans précédent. Dans son premier roman, les Étrangers de la banane (1955), García Márquez fait le récit d'une veillée mortuaire à « Macondo », village imaginaire qui deviendra un des hauts lieux de la fiction contemporaine, symbolisant ce qu'on a appelé un « régionalisme à vocation universelle ». Il reste en effet un écrivain des régions côtières de la Colombie, © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION dont il fait un véritable microcosme, où se nouent sans toujours se résoudre des conflits qui sont bien ceux du continent tout entier. Ce court récit est parcouru par une violence extraordinaire, qui évoque les plus sombres tragédies de la Grèce antique, comme ette Antigone dont il porte un passage en exergue. Autour du cadavre d'un suicidé que les habitants de Macondo refusent d'enterrer, trois personnages, dont un enfant, poursuivent des monologues intérieurs, selon une technique empruntée au Faulkner de Tandis que j'agonise. C'est aussi la violence qui caractérisera de lettre pour le colonel (1961), récit également très bref dont le héros est un vétéran des guerres fédéralistes qui, en compagnie de son coq de combat, attend vainement la gratification à laquelle il estime avoir droit. Ces deux récits contiennent en germe toute la production postérieure de García Márquez ; ils ont en effet pour thème essentiel, à côté de la violence et de la mort, la solitude de l'homme, sentie comme une fatalité page 38 © Fondation des AMIs de Vanier inexorable. Violence, mort et solitude se retrouvent dans les Funérailles de la Grande Mémé (1962), contes qui campent le portrait de personnages méditant ou agissant autour de différents cadavres : la nouvelle qui donne son titre au recueil a un caractère tout à fait hallucinatoire, et atteint au mythe, né de l'imagination et des voix populaires, traits récurrents de l'œuvre entière. García Márquez revient au roman en 1966 avecLa mala hora, dernière étape sur le long chemin de Macondo, que ferme l'histoire racontée dans Cent Ans de solitude (1967) ; ce roman fait de son auteur, du jour au lendemain, l'écrivain le plus célèbre de l'Amérique latine, célébrité entérinée par le prix Nobel (1982). Le Récit d'un naufragé (1970) est la reprise d'un reportage effectué en 1955 à propos de l'odyssée d'un homme de la marine de guerre de Colombie, qui dérive pendant dix jours sans manger ni boire, échoue sur la côte, où il est recueilli par la population, est proclamé héros national avant de retomber dans l'oubli le plus complet : cette trajectoire est caractéristique de bien des personnages de García Culture, Culture ! Français 132 506 Márquez. En 1972, les six nouvelles de l'Incroyable et Triste Histoire de la candide Erendira et de sa grandmère diabolique marquent un renouvèlement de l'inspiration et de l'écriture de García Márquez, mais apparaissent surtout comme une transition versl'Automne du patriarche (1974), qui traite de la solitude du dictateur. C'est à une forme plus classique que revient Chronique d'une mort annoncée (1981), roman de la fatalité où l'on assiste aux préparatifs d'un assassinat annoncé dès la première phrase ou l'Amour au temps du choléra (1985). Son dernier roman le Général dans son labyrinthe (1989) est inspiré par la vie du général Bolivar. L'œuvre entière de l'écrivain colombien est une longue méditation sur la mort physique et morale, sur la désintégration d'un monde qui, à l'image de Macondo, contient dès sa fondation les germes de sa destruction. Cette fatalité a pour maitre d'œuvre le temps, qui pèse de tout son poids sur les hommes et le monde, d'une certaine manière assignés à une échéance irrévocable : quelques mois pour certains, cent ans pour Macondo, l'éternité pour le patriarche, éternité paradoxale, d'ailleurs, puisqu'elle © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 s'achève un jour, le jour précisément où le mythe fait place à l'histoire. page 39 Module 3… © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Les classiques, de l’Antiquité au 21e siècle Élise Turcotte http://www.actualites.uqam.ca/2010/les-diplomeeselise-turcotte-sophie-voillot-parmi-les-laureats-prixlitteraires-gouverneur « Plusieurs choses arrivent dans ce monde. Quelquefois, tout est contenu dans un drame, une joie ou simplement dans l’état des paysages. Une femme désire un homme, le ciel devient noir, un arbre tombe sous la foudre, une guerre, un camp de réfugiés, les pleurs d’un enfant. Certaines personnes sentent leur cœur battre trop fort, d’autres ne pourront jamais exister. Par exemple, ce bébé qui est né en Iran, tout de suite après Noël. Je me le rappelle bien, le froid était intense et les cadeaux de Maria trainaient partout dans la maison. Je veux dire qu’ici les choses existent vraiment. À la télévision, l’image était très claire : un bébé avec deux têtes, un torse, deux cœurs, deux poumons. Le plus surprenant, c’est qu’une tête dormait pendant que l’autre pleurait. J’ai tout de suite pensé à une femme qui vient de tuer son mari. Elle est immobile, on sent partout cette immobilité : elle envahit toutes les pièces de la maison. La femme est assise sur le divan, elle a un œil qui pleure, l’autre est grand ouvert et sec. Je me suis levée pour aller voir Maria qui dormait. J’ai encore pensé : la cruauté n’est pas ce que nous croyons. » Le Bruit des choses vivantes Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 40 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Élise Turcotte Née à Sorel en 1957, Élise Turcotte enseigne la littérature au cégep depuis 1986 et consacre ses cours, depuis quelques années déjà, à la création littéraire. Élise Turcotte, poète, romancière et nouvelliste québécoise, enseigne la littérature au Cégep du Vieux-Montréal depuis 1986. Elle a complété une maitrise en études littéraires à l'Université du Québec à Montréal (1984) ainsi qu'un doctorat en création littéraire à l'Université de Sherbrooke en 1991. En plus de publier des recueils de poésie - Dans le delta de la nuit (1982), Deux ou trois feux (1997), Piano mélancolique (2005) - des recueils de nouvelles La mer à boire (1980), Caravane (1994) - et des romans - Le bruit des choses vivantes (1991), L'ile de la Merci (1997), La maison étrangère (2002) - Élise Turcotte compose aussi des oeuvres pour la jeunesse. Deux de ses ouvrages poétiques, La voix de Carla (1987) etLa terre est ici (1989), ont obtenu le Prix Émile-Nelligan. Turcotte est la récipiendaire du Grand Prix du festival international de poésie et du Prix de poésie Terrasses Saint-Sulpice de la revueEstuaire pour son recueil Sombre ménagerie (2002). L'Académie de Languedoc lui a décerné le Prix LouisHémon pour son roman Le bruit des choses vivantes (1991). Enfin, en 2003, son roman La maison étrangère a obtenu le Prix du Gouverneur général. Ses livres sont traduits en anglais, en catalan et en espagnol. SOURCE : http://auteurs.contemporain.info/elise-turcotte/ Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 41 Module 3… © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Les classiques, de l’Antiquité au 21e siècle Eric-Emmanuel Schmitt http://www.audiolib.fr/actualite/legoncourt-de-la-nouvelle-attribueeric-emmanuel-schmitt-3875 SOURCE : http://www.eric-emmanuel-schmitt.com/Portrait-biographieresume.html Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 42 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Eric-Emmanuel Schmitt Éric-Emmanuel Schmitt, né le 28 mars 1960 à Sainte-Foy-lès-Lyon dans la région Rhône-Alpes, est un dramaturge, nouvelliste, romancier et réalisateur français En deux décennies, EricEmmanuel Schmitt est devenu un des auteurs francophones les plus lus et les plus représentés dans le monde. Plébiscitées tant par le public que par la critique, ses pièces ont été récompensées par plusieurs Molière et le Grand Prix du théâtre de l’Académie française. Ses livres sont traduits en 43 langues et plus de 50 pays jouent régulièrement ses pièces. Selon des statistiques récentes (cf. rubrique « Statistiques »), il est aujourd’hui l’auteur le plus étudié en collèges et en lycées. Né en 1960, normalien, agrégé de philosophie, docteur, il s’est d’abord fait connaitre au théâtre avec La Nuit de Valognes en 1991, puis Le Visiteur, cette rencontre hypothétique entre Freud et peut-être Dieu, devenue un classique du répertoire international. Rapidement, d’autres succès ont suivi : Variations énigmatiques avec Alain Delon et Francis Huster, Le Libertin avec Bernard Giraudeau, Frédérick ou Le Boulevard du Crime avec Jean-Paul Belmondo, Hôtel des deux mondes avec Rufus, Petits crimes conjugaux avec Charlotte Culture, Culture ! Rampling et Bernard Giraudeau, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran avec Bruno Abraham-Kremer, L'évangile selon Pilate avec Jacques Weber, Oscar et la dame rose avec Danielle Darieux, La Tectonique des sentiments avec Clémentine Célarié et Tchéky Kario, Kiki Van Beethoven avec Danièle Lebrun, Le journal d'Anne Frank avec Francis Huster, une création mondiale qui bénéficie de l'autorisation exceptionnelle de la fondation Anne Frank, Un homme trop facile avec Roland Giraud, The Guitrys avec Claire Keim et Martin Lamotte La trahison d'Einstein avec Francis Huster, JeanClaude Dreyfus et Dan Herzberg. dame rose,L’Enfant de Noé, Le sumo qui ne pouvait pas grossir et Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus. Il acquiert le 28 mars 2012 avec Bruno Metzger le Théâtre Rive Gauche à Paris et en devient le directeur artistique. Pratiquant l’art de la nouvelle avec bonheur et succès, il a publié quatre recueils de nouvelles : Odette Toulemonde et autres histoires, La rêveuse d'Ostende, Concerto à la mémoire d'un ange qui se voit décerner le prestigieux prix Goncourt de la nouvelle, Les deux messieurs de Bruxelles. Il écrit le Cycle de l’Invisible, six récits sur l’enfance et la spiritualité qui rencontrent un immense succès aussi bien sur scène qu’en librairie : Milarepa, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION Une carrière de romancier, initiée par La Secte des égoïstes, absorbe une grande partie de son énergie depuis L’Évangile selon Pilate en 2000, livre lumineux sur Jésus dont La Part de l’autre sur Hitler se veut le côté sombre. Depuis, on lui doit Lorsque j’étais une œuvre d’art, une variation fantaisiste et contemporaine sur le mythe de Faust. Dans Ulysse from Bagdad, il livre une épopée picaresque de notre temps. Dans La Femme au miroir, il nous présente trois destins de femmes qui se rejoignent à travers les siècles. Dans Les Perroquets de la place d’Arezzo, il nous propose une petite encyclopédie romanesque des relations érotiques. Dans son dernier opus, L'élixir d'amour, il explore le mystère des attirances et des sentiments. page 43 © Fondation des AMIs de Vanier Encouragé par le succès international remporté par son premier film Odette Toulemonde avec Catherine Frot et Albert Dupontel, il adapte et réalise Oscar et la dame rose avec Michèle Laroque, Amir et Max von Sydow (2009). Amoureux de musique, EricEmmanuel Schmitt a également signé la traduction française des Noces de Figaroet de Don Giovanni. À Mozart, toujours, il consacre un livre, Ma Vie avec Mozart, une correspondance intime et Culture, Culture ! Français 132 506 originale avec le compositeur de Vienne, suivi par Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent. Curieux, il ouvre en permanence de nouvelles portes et évoque sa passion pour Georges Bizet et Carmen en faisant ses débuts à l’Opéra National de Paris dans Le Mystère Bizet en octobre 2012. En 2014, deux magnifiques opéras sont créés à partir de ses textes, Oscar und die Dame in rosa par Francis Bollon à Freiburg, Cosi Fanciulli sur un sujet original par Nicolas Bacri à St. Quentin-en-Yvelines puis © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION au théâtre Élysées. module 12 des Champs- Réalisant un rêve d’enfant, il publie en septembre 2013 chez Dupuis sa première bande dessinée, Les Aventures de Poussin 1er, croquées par le génial Janry. Il vit à Bruxelles. Il occupe le siège 33 de l’Académie royale de la langue et littérature française de Belgique, occupé avant lui par Colette et Cocteau. Toutes ses œuvres en français sont éditées par Albin Michel. page 44 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Littérature québécoise Module 3… Travail pratique à faire avant l’évaluation Culture, Culture ! Au Québec, nous avons aussi une littérature. Vous découvrirez un de nos plus grands auteurs : Michel Tremblay. Ses œuvres ont parcouru le monde. Pour réussir votre module 3, il faudra lire un roman de Michel Tremblay AVANT votre évaluation. © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 45 Français 132 506 module 12 Michel Ttremblay © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 46 Module 4… L’univers dramatique : du classique au contemporain © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 module 12 Consultez régulièrement FRACINQ, notre page Facebook, pour les détails des inscriptions aux différentes pièces de théâtre qui vous seront offertes. Identifiez une pièce de théâtre que vous avez envie d’aller voir parmi celles qui seront présentées cette année et inscrivez-vous auprès de votre enseignante. Ou encore, identifiez une pièce de théâtre que vous avez envie de lire, et faites-la approuver par votre enseignante. © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 47 1re pièce de théâtre © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 module 12 Mardi 27 janvier 2015 Date d’inscription à venir. Préparez-vous et surveillez FRACINQ sur Facebook. © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 48 © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 page 49 2e pièce de théâtre © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 module 12 Mercredi 18 mars 2015 Date d’inscription à venir. Préparez-vous et surveillez FRACINQ sur Facebook. © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 50 © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 page 51 3e pièce de théâtre © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 module 12 Mardi 31 mars 2015 Date d’inscription à venir. Préparez-vous et surveillez FRACINQ sur Facebook. © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 52 © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 page 53 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Aux pages suivantes, tu trouveras un aperçu des pièces qui ont été vues l’année dernière par les élèves de GeorgesVanier. Juste par curiosité ! Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 54 Français 132 506 module 12 Pièces de l’année dernière © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 55 Français 132 506 module 12 Pièces de l’année dernière © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 56 Français 132 506 module 12 Pièces de l’année dernière © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 57 © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 page 58 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Les détails des comptes-rendus seront connus éventuellement. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 59 © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 page 60 Module 4… © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Les classiques, de l’Antiquité au 21e siècle Sophocle Culture, Culture ! en grec ancien : Σοφοκλῆς / Sophoklễ © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 61 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Sophocle Sophocle, né à Colone en 496 ou 495 av. J.-C. et mort en 406 ou 405 av. J.-C. est l'un des trois grands tragiques grecs dont l'œuvre nous est partiellement parvenue, avec Eschyle (526456) et Euripide(480-406). Il est principalement l'auteur de centvingt-deux pièces (dont une centaine de tragédies), mais dont seules sept nous sont parvenues. Cité comme paradigme de la tragédie parAristote, notamment pour l'usage qu'il fait du chœur et pour sa pièce Œdipe roi, il remporte également le nombre le plus élevé de victoires au concours tragique des grandes Dionysies (dix-huit), et n'y figure jamais dernier. Son théâtre rompt avec la trilogie « liée » et approfondit les aspects psychologiques des personnages. Ses pièces mettent en scène des héros, souvent solitaires et même rejetés (Ajax, Antigone, Œdipe, Électre), et confrontés à des problèmes moraux desquels nait la situation tragique. Comparé à Eschyle, Sophocle ne met pas ou peu en scène les dieux, qui n'interviennent que par des oracles dont le caractère obscur trompe souvent les hommes, sur le mode de l'ironie tragique. Les détails de la vie de Sophocle sont connus, bien qu'assez mal, grâce à une compilation anonyme, à la Souda et aux mentions d'auteurs comme Plutarque ou Athénée. Il est le fils d'un certain Sophilos et nait en 496 (selon la chronique de Paros) ou en 495 (selon son biographe anonyme), à Colone, village près d'Athènes, où il situera sa dernière pièce Œdipe à Colone. Culture, Culture ! Il reçoit une éducation très soignée, notamment en musique, où il profite des leçons du célèbre Lampros, et en gymnastique : à seize ans, il lui revient de conduire le chœur du triomphe de Salamine. Exact contemporain de Périclès, Sophocle connait l'apogée athénien, et participe à la vie politique : il est désigné parmi les hellénotames (trésoriers de la ligue de Délos) en 443-442, et parmi les stratèges à deux reprises, notamment en 440 lors de l'expédition contre Samos. À quatre-vingt-trois ans, il fait également partie des dix conseillers désignés après le désastre de Sicile. La carrière d'auteur tragique de Sophocle débute au plus tôt en 468. Cette année-là, la trilogie dont fait partie son Triptolème est couronnée du premier prix, notamment devant Eschyle. Sophocle est le rival de ce dernier pendant douze ans, avant qu'Euripide le concurrence à son tour dès 455. Sophocle meurt en 406 ou 405. Il est le père de Iophon, fils de l'Athénienne Nicostrate, et d'Ariston, fils de la sicyonienne Thoris. Suidas mentionne trois autres fils : Léosthénès, Stéphanos et Ménécléidès. Ariston est le père de Sophocle le Jeune, également doué pour la tragédie, sous les soins de qui est représentée la dernière pièce de son grand-père, Œdipe à Colone, en 401. Sophocle est l'auteur de centvingt-trois tragédies, ainsi que des drames satyriques. La plupart ont été perdues : cent-quatorze titres sont parvenus jusqu'à notre © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION époque, mais seulement sept pièces, auxquelles on peut ajouter les fragments importants du drame satyrique Les Limiers, retrouvés en 1912. Sophocle remporte en 468 sa première victoire, pour la trilogie dont fait partie Triptolème, battant Eschyle. Il remporte en tout dixhuit victoires aux grandes Dionysies (auxquelles il ne figure jamais dernier), et six autres aux Lénéennes, pour un total de vingt-quatre victoires, inégalé dans la Grèce classique. Il remporte la dernière en 409, à quatre-vingt-sept ans, pour Philoctète. Seules trois des pièces de Sophocle qui subsistent sont datées avec certitude : Antigone (442), Philoctète (409) et Œdipe à Colone (représentation posthume en 401). On peut remarquer que sur les pièces subsistantes, trois concernent directement le cycle thébain (Antigone, Œdipe roi et Œdipe à Colone), trois concernent le cycle troyen (Ajax, Électre et Philoctète), la dernière étant consacrée à Héraclès (Les Trachiniennes). Mais une étude sur la récurrence des thèmes mythiques chez Sophocle devrait également prendre en compte les pièces perdues. Outre ses pièces, Sophocle est l'auteur d'œuvres diverses, comme une ode à Hérodote ou, selon Plutarque, un traité Sur le chœur (Περὶ χοροῦ), dans lequel il discourait sur son propre style et son évolution. On lui attribue aussi un péan pour Asclépios, dont Sophocle participa à introduire le culte. page 62 Module 4… © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Les classiques, de l’Antiquité au 21e siècle Eugène Ionesco Culture, Culture ! Publiée le 2013-06-14 13:07:02 par colimasson http://www.babelio.com/auteur/Eugene-Ionesco/5312/photos "Je pensais qu'il était bizarre de considérer qu'il est anormal de vivre ainsi continuellement à se demander ce que c'est que l'univers, ce qu'est ma condition, ce que je viens faire ici, s'il y a vraiment quelque chose à faire. Il me semblait qu'il est anormal au contraire que les gens n'y pensent pas, qu'ils se laissent vivre dans une sorte d'inconscience. Ils ont peut-être, tous les autres, une confiance non formulée, irrationnelle, que tout se dévoilera un jour. Il y aura peut-être un matin de grâce pour l'humanité. Il y aura peut-être un matin de grâce pour moi" (Extrait du "Solitaire", 1973) © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 63 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Eugène Ionesco Officier de la Légion d’honneur Commandeur de l’ordre national du Mérite Commandeur des Arts et des Lettres Auteur dramatique Né à Slatina (Roumanie), le 13 novembre 1909. en France, obtenant après la guerre sa naturalisation. Né d’un père roumain et d'une mère française, Eugène Ionesco passa sa petite enfance en France. Il y écrivit à onze ans ses premiers poèmes, un scénario de comédie et un « drame patriotique ». En 1925, le divorce de ses parents devait le conduire à retourner en Roumanie avec son père. Il fit là-bas des études de lettres françaises à l'université de Bucarest, participant à la vie de diverses revues avantgardistes. En 1950, sa première œuvre dramatique, La Cantatrice chauve, sous-titrée « antipièce », était représentée au théâtre des Noctambules. Échec lors de sa création, cette parodie de pièce allait durablement marquer le théâtre contemporain, et faisait de Ionesco l'un des pères du « théâtre de l'absurde », une dramaturgie dans laquelle le non-sens et le grotesque recèlent une portée satirique et métaphysique, présente dans la plupart des pièces du dramaturge. Citons, entre autres, La Leçon (1950), Les Chaises (1952), Amédée ou comment s'en débarrasser (1953),L'Improm ptu de l'Alma (1956), Rhinocéros (19 59), dont la création par Jean-Louis Barrault à En 1938 il regagnait la France pour préparer une thèse, interrompue par le déclenchement de la guerre qui l'obligea à regagner la Roumanie. C'est en 1942 qu'il devait se fixer définitivement Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION l’Odéon-Théâtre de France apporta à son auteur la véritable reconnaissance. Viendront ensuite Le Roi se meurt (1962), La Soif et la Faim (1964), Macbeth (1972). Auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur le théâtre, dont le célèbre Notes et contre-notes, Eugène Ionesco connut à la fin de sa vie cette consécration d'être l'un des premiers auteurs à être publié de son vivant dans la prestigieuse bibliothèque de la Pléiade. Eugène Ionesco fut élu à l'Académie française le 22 janvier 1970, par 18 voix contre 9 à Jules Roy, au fauteuil de Jean Paulhan. Il fut reçu par le professeur Jean Delay, le 25 février 1971. Mort le 28 mars 1994. page 64 Module 4… © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Les classiques, de l’Antiquité au 21e siècle Michel Tremblay Culture, Culture ! http://librairiephilanthropique.wordpress.com/2010/06/15/livresusages-de-michel-tremblay/ http://www.agencegoodwin.com/fr/artistes/mich el-tremblay © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 65 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Michel Tremblay Né en 1942, Michel Tremblay grandit dans un appartement de Montréal où s'entassent plusieurs familles. Ses origines modestes marqueront d'ailleurs ses œuvres, souvent campées au cœur de la classe ouvrière, où misères sociale et morale se côtoient. En 1964, il participe au Concours des jeunes auteurs de Radio-Canada, avec une pièce de théâtre intitulée Le train, et remporte le premier prix. C'est à peine un an plus tard qu'il écrit l'une de ses œuvres majeures, Les belles-sœurs, dont le succès perdure. La pièce est jouée pour la première fois en 1968 au Théâtre du Rideau Vert. Michel Tremblay est l'auteur d'un nombre considérable de pièces de théâtre, de romans, et d'adaptations d'œuvres d'auteurs et de dramaturges étrangers. On lui doit aussi quelques comédies musicales, des scénarios de films et un opéra. Ses univers sont peuplés de femmes, tantôt caractérielles et imparfaites, tantôt fragiles et attachantes, qu'il peint avec réalisme et humour. Vivant les difficultés du quotidien, ses personnages au dialecte coloré ont d'ailleurs contribué à introduire dans la dramaturgie et la littérature d'alors un niveau de langue boudé des artistes : le joual. Clique sur le lien suivant pour écouter une entrevue à Ici Radio-Canada : http://biographie.radio-canada.ca/personnalites/michel-tremblay Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 66 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Glossaire du théâtre Par André G. Bourassa. Soutien multimédia, François Bourassa. Scène du mystère de la mort-résurrection d'Osiris. Fresque, Thèbes, 3200 A.C. Isis allaitant Horus, l'enfant-soleil, dans un décor de papyrus. Fragment retrouvé à Luxor (autrefois Thèbes) en 1895. Illustration tirée de Robin May, History of the Theater, Secaucus N.J., Chartwell Books, 1986, p.6. Ces définitions sommaires ont pour but de faciliter une lecture critique des textes reliés au théâtre. Elles touchent à la fois l'écriture, l'espace et l'évènement. Des renvois indiquent les sources principales de certaines définitions et les ouvrages où l'on peut trouver des indications plus élaborées. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 67 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Acte Division externe de la pièce en parties d'importance sensiblement égale, en fonction du déroulement de l'action. *Acter Anglicisme (to act, ou dérivé de « acte » et « acteur »). Terme populaire pour « jouer un rôle », « simuler ». Glossaire du parler français du Canada, p. 14. Acteur, actrice Du latin agere, agir, faire. Celui, celle qui remplit le rôle d’un personnage. Certains ont tendance à réserver ces termes au cinéma et à employer de préférence, au théâtre, comédien, comédienne. Alexandrin Vers français de douze syllabes. Allitération Répétition, dans une réplique ou un simple vers, d'une ou de plusieurs consonnes initiales ou intérieures, à des fins de rythme ou de sonorité imitative. Ex. : «Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes?» Anaphore Répétition d'un mot ou d'une expression au début de phrases ou de vers successifs. On cite : « Ô Rome, unique objet de mon ressentiment, // Rome à qui vient ton bras d'immoler mon amant, // Rome qui t'a vu naitre et que ton cœur adore, // Rome enfin que je hais, parce qu’elle t’honore. » (Corneille, Horace, Acte IV, Sc. 5). À ne pas confondre avec allitération. Antagoniste Personnage en opposition ou en conflit. Anticipation Brève scène permettant de prévoir un moment ultérieur, voire même le dénouement. Antihéros Personnage principal ne correspondant pas aux caractéristiques ou aux valeurs du héros traditionnel (ex. : Joseph, dans Un simple soldat, de Marcel Dubé). Antonomase Figure de style qui remplace le nom d'un personnage par une périphrase ou par un nom commun qui le caractérise. Aparté Mot ou parole que l'acteur à l’insu des autres personnages (et que le spectateur seul est censé entendre). Assonance Répétition du même son, spécialement de la voyelle accentuée à la fin de chaque vers (ex. belle et rêve). Robert 1991. Attente Attitude d'expectative du public, reposant surtout, par anticipation, sur la conclusion et la résolution finale des conflits. L'horizon d'attente est l'ensemble des expectatives. Avant-scène Partie de la scène comprise entre la rampe et le cadre de scène. Balcon Galerie surplombant l’arrière du parterre et pouvant s’étendre sur les côtés, jusqu’à l’avantscène. Certaines salles ont des balcons superposés, qui peuvent être désignés par des noms différents : Corbeille, Paradis. Balustrade Rangée de colonnettes arrondies, ou balustres, portant une longue tablette et servant à délimiter un espace surélevé (patio, chœur d’église) ; du latin stratum, pavé. Césure Repos à l'intérieur d'un vers, après une syllabe accentuée. Chant Dans le théâtre grec, terme pour désigner le texte (poétique) de la choreia. (voir ce mot). Un des six éléments de la tragédie, selon Aristote, avec les caractères, l'élocution, la fable, la pensée et le spectacle. Chiasme Figure formée d'un croisement de termes (ex. : «J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes», Phèdre, v. 690). Chorégraphie Terme, issu du théâtre grec où il désignait l'art de diriger les chœurs, utilisé depuis le début du XVIIIe s pour désigner l'art de composer des danses et d'en régler les figures et les pas. Aujourd'hui employé pour désigner la mise en scène du théâtre gestuel. Chœur Groupe - ou groupes alternés - chargés d'intervenir collectivement, par le chant, la danse et le récitatif, dans le cadre d'un rituel ou d'un spectacle. Cintre Voute, cage aménagée au-dessus de la scène pour y recevoir les décors à dégagement vertical; on dit aussi « cage de scène et « tour de scène ». Par métonymie: support servant à suspendre le décor. Comédie Action scénique qui provoque le rire par la situation des personnages ou par la description des mœurs et des caractères, et dont le dénouement est heureux. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 68 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 Comédie musicale Comédie où l'intrigue, peu resserrée, sert de prétexte à une suite de chansons et de danses. La plus célèbre dont la musique ait été composée par un Québécois, Galt MacDermot, est Hair, créée en 1967. Comédien, Celui ou celle qui joue la comédie. De façon plus générale : celui ou celle qui tient une comédienne rôle (il n’y a pas de terme spécifique pour celui ou celle qui joue le drame). module 12 Commedia Comédie d’origine italienne dans laquelle des personnages typés improvisent à partir dell'arte canevas, voire même des seules caractéristiques traditionnelles des personnages. La Comédie italienne de Paris, originellement fondée sur les mêmes stéréotypes, en vint à produire des pièces écrites pour ces personnages par des dramaturges comme Marivaux. d’un Compagnie de théâtre Société de production dont les statuts sont normalement soumis aux lois du commerce (avec conseil d’administration, exécutif, etc.). Le choix des pièces revient généralement à une direction artistique et l’embauche varie avec la distribution. Contexte Ensemble des circonstances qui entourent l'émission du texte linguistique et/ou de sa représentation, circonstances qui en facilitent ou permettent la compréhension. Convention théâtrale Ensemble des présupposés idéologiques et esthétiques, explicites ou pas, qui permettent au public de recevoir correctement la pièce; entente selon laquelle cette dernière correspond à des normes connues et acceptées. Corbeille Terme parfois utilisé pour désigner le premier balcon. Costume Apparence extérieure des comédiens en représentation (y compris la nudité), vêtement de scène choisi selon ce qu’on appelait la coutume (époque, rang, type…). La commedia dell’arte a des costumes fixés par la tradition pour certains personnages à caractère, comme Arlequin, Colombine, Pantalon, Pierrot ou Polichinelle. Costumier Espace de rangement des costumes. Coulisse Glissière permettant le déplacement des panneaux décoratifs qui sont généralement distribués en paire de chaque côté de l'espace de jeu, et qui ont pour double fonction de dissimuler les dégagements latéraux et d'accentuer l'effet de perspective créé par le cyclorama. Par métonymie: dégagement dissimulé derrière les panneaux. Coups (trois) Trois coups frappés pour attirer l'attention du public au début d'une pièce, particulièrement quand il y a lever de rideau. Certains font remonter la tradition au Moyen Âge, où les trois coups finals (pour la Trinité) auraient été précédés d'un martèlement souvent constitué d'onze coups (les douze apôtres moins Judas). Cour Côté droit de la scène, vue prise de la salle. Couturière Répétition où se font les retouches aux costumes. Par métonymie: dernière répétition avant la générale. Critique Épistémologie, ou étude raisonnée d'un objet à partir d'un ou plusieurs critères servant de base à un jugement de valeur. Dansethéâtre Forme de danse où le caractère épuré des mouvements classiques fait place à une expression communicatrice proche du théâtre; on y introduit parfois du texte. Déclamation Art de dire un texte. Abus de l’emphase. Déclamer Dire un texte. Débiter une réplique sans tenir compte de la rétroaction. Décor Arrangement de la scène en vue de donner aux spectateurs un référent spatial. On a aujourd'hui tendance à restreindre ce mot pour désigner un aménagement constitué de panneaux peints et de quelques objets, et à recourir à scénographie pour désigner le décor construit. Dénouement Voir Nœud. Deus ex machina Personnage - ou évènement - dont l'occurrence opportune ou l'intervention conclusive, aidée parfois de la machinerie scénique, permet à l'auteur de couper court au développement d'un scénario, de façon à éviter la catastrophe (ex. : apparition du Commandeur dans Dom Juan). Diachronie Évolution des faits artistiques ou linguistiques dans le temps. Dialecte Variété régionale d'une langue. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 69 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Dialogue Entretien entre deux personnes. Ensemble des paroles qu'échangent les personnages d'une pièce de théâtre. Discours Mode d'appréhension du langage, considéré non comme structure arbitraire (langue), mais comme activité de sujets inscrits dans un système déterminé. Se dit d'une unité linguistique constituée d'une succession de phrases (linguistique textuelle), d'une unité de communication relevant d'un genre déterminé (théâtre), d'un système partagé dans un champ d'application (discours socialiste) ou de l'association d'un texte et de son contexte. Distribution Dramatique Drame cornélien Répartition des rôles. Se dit du tableau où sont présentés les personnages et leurs interprètes. Adj. : qui se rapporte au drame. Subst. Fém. : courte pièce de théâtre pour la radio ou la télévision. Subst. masc. : genre propre au théâtre. Action de composer une dramatique, un scénario. Transformation d’un concept ou d’une idée en image dans le processus du rêve ou du mythe. Auteur d'un texte dramatique . Art de la composition des pièces de théâtre. Technique ou poétique de l'art dramatique qui cherche à établir les principes de construction de l'œuvre. Conflit apparemment insoluble parce qu’opposant des protagonistes qui devraient défendre les mêmes sentiments et les mêmes devoirs. Ex. : lutte entre frères ennemis. Écriture dramatique Structure littéraire reposant sur quelques principes dramaturgiques : séparation des rôles, dialogues, tension dramatique, action des personnages. Écriture scénique Façon d'utiliser l'appareil théâtral pour mettre en scène les personnages, le lieu et l'action qui s'y déroule. Élocution Choix et ordre des mots du discours, façon de s'exprimer par figures. Un des six éléments de la tragédie, selon Aristote, avec les caractères, le chant, la fable, la pensée et le spectacle. On traduit parfois par " expression " le terme grec ici traduit par " élocution ". Classification des différents rôles en usage et qui revenaient de droit à un acteur, par contrat ou promotion, et dont il se faisait parfois un fief (jeune premier, jeune première, père noble, duègne, soubrette, etc.). On doit aux théâtres d'art la suppression de cette approche, remplacée par le casting. Philosophie du beau, distincte par son objet de celles du bon (éthique, ou morale), et du vrai (épistémologie, ou critique). Étude s'attachant à définir des critères de jugement en matière de poésie et d'art. Il existe une esthétique normative (jugement d'après des règles stylistiques particulières), et une esthétique descriptive (description des formes théâtrales situées par rapport à une sémiologie générale et à une théorie du discours. Voir Stylistique. Petit plancher surélevé, pouvant servir de tribune ou de tréteau ; du latin stratum, pavé. Expression atténuée d'une notion dont l'expression directe, pour des raisons de bienséance, aurait quelque chose de déplacé (ex. : feu, pour désir sexuel, vers 680 de Phèdre). Chant choral de sortie. Suite de faits qui constituent l'élément narratif d'une œuvre, agencement en système des faits racontés, logique des actions et syntaxe des personnages. Un des six éléments de la tragédie, selon Aristote, avec les caractères, le chant, l'élocution, la pensée et le spectacle. Dramatisation Dramaturge Dramaturgie Emploi Esthétique Estrade Euphémisme Exode Fable Fait social Se dit des actes relatifs à un groupe d'hommes, conçu comme une réalité distincte, notamment les actes de langage. Faire-valoir Personnage tenant un rôle de soutien dans un type particulier de comédie à deux, notamment le burlesque américain, ou slapstick. Sa fonction consistant surtout à rire des blagues ou subir les brimades du meneur de jeu ; il est parfois conduit à se tenir en retrait, à simuler la naïveté, la timidité. Farce Comédie triviale souvent caractérisée par une tromperie, et se terminant tout aussi souvent par une bastonnade. Fatalité Force surnaturelle par laquelle tout ce qui arrive (surtout ce qui est désagréable), est perçu comme déterminé d'avance d'une manière inévitable. La fatalité est un moteur de la tragédie grecque. Féerie Spectacle où apparaissent des personnages surnaturels (dieux et démons, fées et enchanteurs...), exigeant d'ordinaire des effets scéniques considérables. Feux Appareils (bougeoirs, lampes, projecteurs...) éclairant la scène de bas en haut, à partir de la rampe . Fiction Forme de discours qui fait référence à un univers connu, mais à travers des personnes et à des évènements imaginaires. Figurant Personnage à caractère « décoratif », sans réplique particulière : gardes, membres d’un jury, d’un sénat, etc. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 70 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Figure de rhétorique Mode d'expression stylistique, variable dans l’utilisation des images sonores, verbales et visuelles, les plus connues étant la métaphore et la métonymie. Figure Représentation par le langage (vocabulaire ou style). Robert 1991. Fosse d’orchestre Dans certains théâtres : espace réservé aux musiciens, entre la scène et le parterre, légèrement surbaissé de façon à ne pas obstruer la vue. Galerie Emplacement construit au-dessus du parterre et dont l’ouverture sur la scène, protégée par une simple balustrade, permet aux spectateurs une vue en contrebas. Gestuelle Ensemble et mode des mouvements d'un acteur ou d'un spectacle. Grime Moue (de la langue franque *grima, masque). A donné grimace (froncement), et grimage (maquillage vieillissant, puis maquillage de scène). Grotesque Comique caricatural, de type bizarre, burlesque ou fantastique, parfois absurde ou irréel. Terme ayant d'abord servi à caractériser les décorations de caveaux - ou grottes - étrusques découverts durant la Renaissance. Happening Spectacle qui exige la participation ou prévoit une réaction du public, et qui cherche à provoquer une création artistique spontanée, éventuellement collective. Héros Type de personnage doué de pouvoirs hors du commun et pouvant se dresser pour ou contre la Cité. Histoire À certains égards, équivalent de fable, narration (comme dans « conter une histoire ». Paradoxalement, se dit aussi d’une l’étude diachronique, aussi objective que possible, du passé, en opposition à l’approche subjective de la fable ou narration. Hors-scène Espace où se déroulent ou sont censés se dérouler des évènements qui sont en dehors du champ de perception du public. Il peut s'agir des coulisses d'où proviennent des effets spéciaux, d'une autre aire de jeu d'où l'action est retransmise de façon médiatique, ou d'un espace purement imaginaire. Icône Indication scénique Indice Interdisciplinaire Signe visuel qui renvoie à l'objet qu'il dénote simplement en vertu des caractères qu'il possède. Instruction d'interprétation ou de production fournie par une didascalie ou un indice. Interprétation Action de donner ou faire donner vie et sens à une œuvre destinée à la scène. L’incarnation d’un personnage est une interprétation. L’interprétation peut varier d’un interprète à l’autre. Interprète Personne dont le jeu donne vie et sens à une œuvre destinée à la scène (danse, musique ou théâtre). Intrigue Ensemble des évènements qui constituent le déroulement de la pièce. Suite de rebondissements, entrelacement de conflits ou d'obstacles, et moyens mis en œuvre pour les surmonter. Ironie Énoncé ou situation qui, au-delà de son sens manifeste, en cache un autre, différent et parfois opposé. Jardin Côté gauche de la scène, vue prise de la salle. Jeu Action libre, sentie comme fictive, située hors de la vie courante, accomplie selon des règles données, dans un temps et un espace expressément circonscrits. Au théâtre, le terme désigne aussi bien une forme médiévale de représentation et une démarche particulière dans l'enseignement des arts de la scène (jeu dramatique), que les modalités d'interprétation d'un acteur (jeu réaliste, jeu distancié, etc.). Jeu de rôle Joute théâtrale où les comédiens simulent des batailles ou des combats sportifs. (ex. : Ligue Nationale d’improvisation). Chacun évolue à l’intérieur des règles de la joute et des coordonnées de son personnage. Cette pratique, conçue à des fins de divertissement, se retrouvait déjà, à des fins thérapeutiques, dans le psychodrame et le sociodrame. Laïus Adresse, bref discours d’un personnage, à la manière de Laïos, père d’Œdipe. Langue de bois Discours obligé, paroles dictées par une fonction. Ex. : discours d’Estragon dans En attendant Godot de Samuel Beckett. Culture, Culture ! Indication scénique implicite, dans le corps du texte. Interaction existant entre deux ou plusieurs disciplines; cette interaction peut aller de la simple communication des idées jusqu'à l'intégration mutuelle des concepts directeurs, de l'épistémologie, de la terminologie, de la méthodologie, des procédures, des données et de l'organisation de la recherche et de l'enseignement s'y rapportant. Un groupe interdisciplinaire se compose de personnes qui ont reçu une formation dans différents domaines des connaissances (disciplines), ayant chacune des concepts, méthodes, données et termes propres. © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 71 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Lecture Au théâtre : Déchiffrement et interprétation des différents systèmes scéniques qui s'offrent à la perception du lecteur (texte dramatique) et du spectateur (texte scénique). La lecture peut être horizontale (syntagmatique) ou verticale (paradigmatique). Lire un texte, c'est établir des liens entre les variables productrices de sens et y importer des éléments interprétatifs susceptibles de tisser un texte dans le texte. Lecture publique Présentation orale d’une pièce, texte en mains, dans le cadre d’une mise en lecture. L’objectif consiste souvent à faire découvrir une œuvre et des interprètes en vue d’une éventuelle mise en scène. Voir Mise en lecture. Leitmotiv Thème musical associé à un personnage ou à une situation. Lever de rideau Courte pièce offerte en ouverture. Elle peut avoir différentes fonctions : servir de prologue, «réchauffer» la salle, compléter un programme ou permettre à une vedette en tournée de se manifester au public quand elle est particulièrement attendue ou ne figure pas au programme principal. Littérarité Caractère d'un texte considéré comme œuvre littéraire; ce en quoi un texte se définit comme configuration d'éléments stylistiques et de valeurs différentielles (phonèmes, mots, rythmes, personnages, objets, lieux, etc.), réglés, implicitement ou explicitement, par les lois du système littéraire. Loge 1. 2. Pièce commune ou particulière réservée aux artistes en vue du maquillage et des changements de costumes. Balcon privé réservé spectateurs de marque. Magasin Espace d’entreposage des décors et accessoires. Vieux : anthologie de rôles. Les costumes sont souvent rangés dans un espace particulier, le costumier. Masque Faux-visage utilisé dans la comédie à des fins d'identification à des types, alors que dans la tragédie ils servaient à garder une distance respectueuse. On recourt parfois au masque neutre, polyvalent. Maquillage Se dit des produits servant à recouvrir la peau, et surtout rehausser ou modifier les traits du visage. Le geste lui-même. Du moyen néerlandais maken, faire, comme dans « se faire une beauté ». Mélodrame Drame populaire, souvent accompagné d'une mélodie, caractérisé par l'invraisemblance de l'intrigue et des situations, la multiplicité des épisodes violents, l'outrance des caractères et du ton. Merde! Les comédiens, se considérant peu choyés par la chance, comme les soldats de Cambronne, croient la contourner en se souhaitant la malchance. Métaphore Trope par lequel on utilise un effet visuel, un mot ou un son pour un autre. Procédé de langage qui consiste dans un transfert de sens par substitution analogique. Métonymie Trope par lequel on désigne le tout pour la partie ou la partie pour le tout. Procédé de langage par lequel on s'exprime au moyen d'un effet visuel, d'un mot ou d'un son qui en désignent d'autres leur étant unis par une relation nécessaire. Mime Au sens premier, imitation directe d'une action, racontant une histoire par gestes. Mise en scène Ensemble des moyens d'interprétation scénique (scénographie, musique, jeu...); activité qui consiste à agencer ces moyens. Articulation entre le travail d'un maitre d'œuvre et celui de chacun des artistes qui concourent à l'œuvre; transposition - et non traduction - d'une écriture dramatique en écriture scénique. Modalité Marque de l'attitude du locuteur en face de ses énoncés (ex. : adhésion, distance). Mode ou style direct Discours rapporté dans sa forme originale, sans terme de liaison, après un verbe de parole. Monologue Scène parlée, à un personnage; discours apparemment adressé à soi-même, ou à un auditoire dont on n'attend pas de réponse. Dans l'analyse du discours théâtral, il est considéré comme une variété du dialogue (ex. : monologues d'Yvon Deschamps et de Sol). Montage Se dit d'un collage de textes et, parfois, de la mise en scène. Moralité Pièce médiévale, en vers, visant la diffusion des bonnes mœurs. Les personnages grotesques et la partie « pécheresse » qui précédait leur « conversion » avait apparemment plus d’effet que la finale édifiante. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 72 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Motif Image visuelle ou sonore, modulée ou répétée, faisant partie d'un thème. Unité indécomposable de l'intrigue, qui constitue une unité autonome de l'action. Multidisciplinaire Juxtaposition de disciplines diverses, parfois sans rapport apparent entre elles (ex. : musique + mathématiques + histoire). Musique de scène Contribution musicale à un texte scénique, pour annoncer et souligner une émotion, ou pour accompagner, voire même remplacer le texte dramatique. Narration Manière dont les faits sont relatés par un système, linguistique ou théâtral (en ce cas par une succession de gestes ou d'images scéniques). Nô Drame lyrique (mimé, chanté et dansé, avec chœurs et instruments), exécuté au théâtre, avec costumes et masques, sans décor. Objet Accessoire pouvant tenir lieu de tout décor ou même remplir une fonction actantielle. Une pièce québécoise publiée en 1924, La Lettre, féerie triste en un acte, d'Antonio Desjardins, est conçue pour un théâtre d'objets. Opéra Drame lyrique, entièrement chanté, exécuté au théâtre avec décors et costumes. Opérette Comédie lyrique, formée de chants et de dialogues ou pantomimes alternés, exécutée au théâtre avec décors et costumes. Orchestre 1. 2. Emplacement situé au pied de la scène et autrefois réservé au chœur. Dans les salles modernes, il constitue la partie avant du parterre. Spectateurs qui s’y trouvent. Quiproquo Situation de méprise qui fait prendre un personnage - ou une chose - pour un autre. Rampe Galerie lumineuse qui borde la scène ou, le cas échéant, l'avant-scène, du côté de la salle. Récit 1 . Fable 2. Discours d'un personnage narrant un évènement qui s'est produit hors scène (ex. : récit de Théramène, dans Phèdre, de Jean Racine). Reconnaissance Identification soudaine d'un personnage, grâce à un témoin ou à un souvenir; elle peut-être tragique (ex. : Œdipe Roi, de Sophocle), comique (L'École des femmes, de Molière), aussi bien que dramatique (ex. : Lucrèce Borgia, de Victor Hugo). Redondance Propriété des signes de réitérer l'information, en l'inscrivant notamment dans des systèmes signifiants différents (ex. : geste soulignant un mot). Régie Organisation matérielle du spectacle selon un cahier de charge, ce à quoi on réduisait autrefois la mise en scène (mise en place). Emplacement où se trouvent les consoles d'éclairage et de son. Répertoire Ensemble des pièces jouées par un même théâtre (angl. : stock); ensemble des pièces d'un même style ou d'une même époque; ensemble des rôles qu'un acteur a interprétés ou qui sont dans son registre . Répétition Exercice préparatoire, où on reprend plusieurs fois des passages d'une scène, voire la pièce en entier. Réplique Réponse à un discours; riposte; texte dit par un personnage au cours d'un dialogue. Pavis 1987, p. 333. Représentation Action (ou son résultat) de simuler, par un langage ou un jeu, la présence d’une personne, d’un lieu, d’un évènement. Il peut y avoir représentation en arts visuels, en danse ou au théâtre. Reprise Retour d'une pièce à l'affiche, par la même compagnie, selon la même mise en scène et, normalement, la même distribution. Rime Disposition identique, à la finale, de mots placés à la fin de deux unités rythmiques. Les rimes sont dites féminines ou masculines, selon qu'elles sont terminées par e muet ou ne le sont pas. Elles peuvent être plates, croisées ou embrassées; pauvres si elles sont réduites à une sonorité vocalique finale (ex. : ami - pari), ou riches si elles comprennent au moins une voyelle et sa consonne d'appui (ex. : image – hommage). Rôle Partition, verbale ou non verbale, propre à un personnage. Satire Écrit, discours qui s'attaque à quelque chose, à quelqu'un, en s'en moquant. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 73 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Saynète Petite comédie bouffonne, à mi-chemin entre l'opérette et la chanson comique; genre tiré du théâtre espagnol. Scénario Arguent, canevas d’une pièce de théâtre. Livret des répliques et actions d’un film, souvent tirées d’une pièce de théâtre ou d’un roman. Scène Terme désignant l'espace de jeu et ses dégagements, par rapport à la salle où se tient le public. Partie, division d'un acte où il n'est prévu aucun changement de personnages. Scénographie Art de l'organisation de l'espace théâtral. Ensemble des éléments (toiles peintes, praticables, mobilier...) qui déterminent cet espace. Situation dramatique Ensemble des données textuelles et scéniques dont la connaissance est indispensable à la compréhension du texte et de l'action. Souffleur Membre de l'équipe de production chargé d'aider les comédiens à se souvenir de leurs répliques. Il était parfois logé sous la scène, dissimulé des spectateurs par une trappe entre-ouverte. Son rôle était capital au temps où les troupes jouaient plusieurs pièces différentes en peu de jours. Spectacle Ce qui s'offre au regard (performance aussi bien que représentation). Un des six éléments de la tragédie, selon Aristote, avec les caractères, le chant, l'élocution, la fable et la pensée. Stylistique Étude des effets de style qui marquent une pièce dans sa réalité théâtrale, effets qui relèvent d'une poétique de l'écriture scénique et dramatique. Superstition Interdits qui ont cours dans le milieu et dont il ne sait plus toujours le sens ni l'origine, comme la pratique de se souhaiter « Merde ! » au lieu de « Bonne chance ! », et celles d'éviter de décorer en vert ou d'employer sur scène le mot « corde ». Voir Corde !, Merde ! et Vert. Suspense Moment ou passage de nature à faire naitre un sentiment d'attente angoissée; caractère de ce qui est susceptible de provoquer ce sentiment. Tableau Division d'un texte dramatique ou scénique, fondée sur un changement d'espace ou d'espace-temps. Constitue une alternative à l'acte ou à la scène (voir ces mots). Texte dramatique Écrit où la théâtralité est explicitement inscrite . Théâtre À l'origine : point d'observation; apparenté à théorie, point de vue. Le sens de «lieu d'où l'on regarde» (comme dans amphithéâtre), a pris de l'extension: édifice bâti ou aménagé pour la représentation (construire un théâtre), texte préparé pour une mise en scène (théâtre de Molière), et art de jouer sur scène (faire du théâtre). Thème Sujet, idée, proposition qu'on développe dans une œuvre. Le thème se détaille en motifs. Robert 1991. Tirade Longue suite de phrases récitées sans interruption par un personnage (ex. : tirade du nez, dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand). Tragédie Action scénique dont les péripéties sont mues par la fatalité et dont le dénouement est généralement funeste. Tragicomédie Tragédie dont l'action est romanesque et le dénouement heureux. Une tragi-comédie française non identifiée fut offerte en Nouvelle-France en 1639; la plus célèbre, Le Cid de Corneille, en 1645. Trame dramatique Intrigue, entrelacement des péripéties dont le système peut être mis à jour par l'élaboration d'un modèle actantiel. Troupe de théâtre Groupe de comédiennes et comédiens réunis de façon relativement artisanale autour de projets de représentation. La troupe est le plus souvent solidaire et parfois entretenue par un mécène, une communauté, une famille. Variétés Spectacle présentant diverses attractions (chansons, danses, etc.). Vaudeville Comédie de chansons, acrobaties, danses et monologues, dont on fait remonter l'histoire à un recueil de chants populaires, les Vaux-de-Vire de Jean Le Houx (1576). Souvent chargé d'incidents burlesques, de quiproquos, de reconnaissances, etc. Verset Vers libre inspiré de la traduction littérale des chants et de la segmentation des proses de la Bible. Il est généralement divisé en fonction d’une image centrale, d’une unité de sens ou d’une pause de la voix plutôt que d’une mesure fixe. Forme fréquente dans les textes de jeu choral et reprise notamment dans le théâtre de Paul Claudel. Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 74 © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 page 75 Module 5… © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Les classiques, de l’Antiquité au 19e siècle Arthur Rimbaud Culture, Culture ! http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20110713.OBS7003/ri mbaud-ado-quel-foutoir.html Ils avaient décidé de dire: «Zut!» Ils s'appelaient Rimbaud, Verlaine, Charles Cros, Camille Pelletan, Cabaner, Léon Valade et avaient fondé un groupe qu'ils dénommèrent le Cercle zutiste. Rejetant la poésie «officielle» incarnée par Leconte de Lisle et Coppée, ils composèrent, à l'automne 1871, un cahier oblong d'une trentaine de pages entremêlées de graffitis. Cet album mythique fut publié seulement en 1962. Bernard Teyssèdre a exploré ce qu'il appelle ce «foutoir», jouant sur les deux sens du terme -un lieu où toute pagaille est de rigueur et où l'obscénité est reine. Rimbaud écrit là des textes où il dévoile, à une époque décisive de sa vie, dans l'intervalle entre «le Bateau ivre» et «Une saison en enfer», une facette tout à fait originale de sa personnalité. Vingt-deux poèmes, pas moins! De tous les zutistes, il est le plus actif. Cet aspect de son oeuvre n'a guère été étudié jusqu'alors, puisqu'il n'existait aucune édition critique de ces textes. L'essai de Bernard Teyssèdre vient combler cette lacune. © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 76 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Arthur Rimbaud Arthur Rimbaud est né à Charleville-Mézières (dans les Ardennes) le 20 octobre 1854. Sa mère, Vitalie Cuif, est une femme très autoritaire et son père, Frédéric Rimbaud, est militaire. En octobre 1862, Rimbaud entre à l’Institut Rossat, une école fréquentée par les enfants de la bourgeoisie de Charleville. En 1865, il entre au collège de Charleville et commence à écrire. En 1870, il se lie d’amitié avec Georges Izambard, son professeur de rhétorique. C’est lui qui lui fait découvrir Rabelais, Victor Hugo et Théodore de Banville. Au mois d’aout de la même année, Rimbaud part pour Paris sans y être autorisé (alors que la France et la Prusse sont entrées en guerre) et il est incarcéré à la prison de Mazas. Son professeur Izambard parvient à le faire libérer. Avant de rentrer à Charleville, il séjourne quelque temps chez les demoiselles Gindre, amies de la famille Izambard. La mère de Rimbaud réclame le retour de son fils et, à peine rentré, il part à Bruxelles, Douai et rentre à Charleville en novembre. Il en est déjà à sa troisième fugue quand, en février 1871, il gagne Paris pour y rester deux semaines. Cette même année, il rencontre Verlaine et participe aux réunions parisiennes du « Cercle Zutique ». Il en sera exclu peu de temps après. L’année suivante, en 1872, Rimbaud et Verlaine mènent une vie dissolue. En mars, Rimbaud repart dans les Ardennes et revient à Paris en mai à la demande de Verlaine. Ils partent tous deux à Bruxelles, puis, en septembre, à Londres. Rimbaud regagne les Ardennes à la fin de l’année 1872. En 1873, il commence à rédiger Une Saison en enfer. Verlaine et Rimbaud regagnent Londres, mais connaissent de nombreuses querelles et ruptures. En Belgique, Verlaine tire même deux coups de feu sur son ami et est condamné par la justice belge à deux ans de prison. Rimbaud rentre chez lui et termine Une Saison en enfer. En 1874, Rimbaud est à Londres avec Germain Nouveau avec qui il s’est lié d’amitié. L’année suivante, Rimbaud part pour l’Allemagne, puis séjourne en Suisse et en Italie. À la fin de cette année, il rentre à Charleville. Il signe un engagement de six ans dans l’armée coloniale hollandaise en mai 1876, déserte et rentre à Charleville. L’année suivante, il se rend à Brême et à Hambourg, à Marseille, etc. Rimbaud trouve un emploi de chef de chantier fin 1878 à Chypre et rentre en France en 1879. Il retourne sur l’ile en 1880, s’embarque pour l’Égypte et gagne Aden en aout. Il trouve un emploi à la maison Viannay, Mazeran, Bardey et Cie., spécialisée dans le commerce des peaux et du café. En 1885, il fait du trafic d’armes, et ce jusqu’en 1888. En 1891, il est rapatrié en France en raison d’une tumeur au genou droit qui le fait souffrir et qui causera sa mort en novembre. http://www.etudes-litteraires.com/rimbaud.php Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 77 Module 5… © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Les classiques, de l’Antiquité au 19e siècle Anne Hébert Culture, Culture ! Bibliothèque et Archives Canada PA165981 L’oeuvre d’Anne Hébert occupe sans contredit la place d’honneur dans la littérature québécoise, comme en témoigne la fascination de nombreux lecteurs d'ici et à travers le monde depuis près d’un demi-siècle. Par la rigueur et la complexité de son écriture, cette oeuvre semble posséder la faculté de subsister hors de l’époque qui l’a vu naitre en restant toujours nouvelle. Peut-être parce que Anne Hébert, à l’instar des grands auteurs de la littérature universelle, a su s’approprier cet ensemble de schèmes, d’archétypes et de symboles qui définit le mythe, pour en faire l’armature de son oeuvre. http://www.anne-hebert.com © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 78 © Fondation des AMIs de Vanier Français 132 506 module 12 Anne Hébert Anne Hébert est une écrivaine, poétesse et scénariste canadienne. Poète et romancière, Anne Hébert est un des écrivains majeurs de la littérature moderne du Québec. Son art poétique révèle un désir d’absolu ; ses romans sont violents et ses personnages, tourmentés par des passions inavouables. Née dans la maison d’été louée par ses parents à Sainte-Catherine-deFossambault, Anne Hébert fait ses études au Collège Notre-Dame de Bellevue et au Collège Mérici de Québec. Poète et critique littéraire respecté, membre de la Société royale du Canada, son père nourrit la l’appétit de lecture de sa fille. Vers 1932, l’amitié profonde qu’elle noue avec son cousin, le poète Hector de Saint-Denys Garneau, lui ouvre d’autres horizons littéraires. La mort prématurée de ce cousin secrètement aimé la plonge dans une révolte qui se révèle dans ses premiers écrits. Elle publie ses premiers poèmes à l'âge de 23 ans. Son premier recueil (1942), Les Songes en équilibre, est bien reçu par la critique et lui vaut la troisième place au concours du prix AthanaseDavid. Le Torrent, recueil de nouvelles, essuie le refus des éditeurs pendant cinq ans, pour enfin paraitre en 1950. Le Tombeau des rois, deuxième recueil de poèmes qu’elle peaufine depuis dix ans, est publié en 1953, à compte d’auteur. La production de textes radiophoniques à RadioCanada lui assure un revenu modeste. En quête d’un travail plus stable, elle est finalement engagée par L'Office national du film comme scriptrice et scénariste, jusqu’en aout 1954. Elle est la première femme francophone scénariste de l'ONF. Cette expérience lui sera utile pour composer son premier roman, Les Chambres de bois. C’est l’obtention d’une bourse de la Société royale du Canada, en mai 1954, qui lui permet de séjourner à Paris et d’entreprendre l’écriture de ce roman. À partir de 1960, elle partage son temps entre Paris et Montréal. À la mort de sa mère en 1967, elle s’installe définitivement à Paris. Son roman Kamouraska (1970) lui vaut enfin le succès mérité, et les droits de suite pour son adaptation au cinéma, réalisé par Claude Jutra, lui permettent d’envisager une vie sans souci financier. Par la suite, c’est la consécration récompensée par de nombreuses distinctions, dont le prix Femina 1982 pour son cinquième roman Les Fous de Bassan, porté à l’écran, en 1986, par le cinéaste Yves Simoneau. http://www.francoidentitaire.ca/quebec/texte/T3047.htm Culture, Culture ! © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION page 79 © Fondation des AMIs de Vanier Culture, Culture ! Français 132 506 © REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION module 12 page 80