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Michel Ducreux
Quelles sont les avancées thérapeutiques
majeures que vous retenez
sur la période récente ?
Ces dernières années, elles concernent l’arrivée
des thérapies ciblées anti-VEGF et anti-EGFR et la
démonstration de l’intérêt de l’oxaliplatine en adjuvant.
Par ailleurs, de plus en plus de patients métastatiques
en situation sévère vont avoir accès à une stratégie thé-
rapeutique complexe qui permet de les faire basculer
d’une situation complètement palliative vers une situa-
tion à espoir curatif dans près d’un cas sur deux.”
Avec le développement des thérapies ciblées,
est-il actuellement possible d’identifier
des facteurs prédictifs de réponse
ou les groupes de patients candidats
à ces thérapeutiques ciblées ?
Il n’existe aucun moyen fiable de sélectionner les
patients qui vont le mieux répondre à une théra-
peutique, qu’elle soit de type anti-EGFR ou anti-VEGF.
Il existe quelques pistes pour les anti-EGFR qui sont
actuellement en cours d’exploration. La difficulté semble
encore plus grande pour sélectionner les patients
pouvant répondre à un traitement anti-VEGF.
Dans le domaine de la chimioprévention
en cancérologie digestive, quelles sont
les perspectives envisageables pour
les patients à risque, notamment
dans le cadre de pathologies génétiques ?
Un enrichissement de l’alimentation en légumes
et en fruits paraît plutôt bénéfique. Sur le plan
du type d’alimentation, il faut éviter les viandes rouges
et la charcuterie, qui augmentent le risque de cancer du
côlon. En revanche, manger du poisson diminue ce
risque. Les viandes blanches telles que le poulet ont un
effet neutre. En ce qui concerne des interventions thé-
rapeutiques, l’utilisation de l’aspirine et des anti-
inflammatoires non stéroïdiens reste discutée, car il
semble qu’il faille des doses relativement élevées de ces
médicaments, ce qui comporte un risque non négli-
geable. De même, le traitement par vitamine D ou la
supplémentation calcique n’ont pas fait la preuve de
leur efficacité et ne peuvent donc à ce jour être recom-
mandés.
En ce qui concerne les cancers génétiques, il n’y a
aujourd’hui aucun moyen d’éviter leur survenue dans ce
cadre, en dehors d’un cas très particulier éventuel de
traitement par anti-inflammatoires non stéroïdiens d’un
rectum restant en cas de polypose, mais il s’agit
d’une situation exceptionnelle.
■
Entretien avec...
La Lettre du Cancérologue - Suppl. n°1 Les Actualités au vol. XV - n° 3 - juillet 2006
Michel Ducreux est professeur
de cancérologie - Chef du service
de cancérologie de l’institut Gustave-
Roussy. Il participe à mi-temps
à l’activité de cancérologie digestive
de l’hôpital Paul-Brousse.
Le Pr Ducreux s’est intéressé très
tôt dans son cursus médical à la
cancérologie digestive.
Il a coordonné de multiples études de
phase II et de phase III évaluant l’effi-
cacité de nouvelles chimiothérapies
dans le domaine du cancer colorectal
et des tumeurs plus rares telles que
les tumeurs des voies biliaires et les
tumeurs endocrines. Il est à l’heure
actuelle président du groupe digestif
de la Fédération des centres de lutte
contre le cancer, membre de l’équipe
du groupe digestif de l’EORTC. Il a par-
ticipé tout récemment au rapproche-
ment entre le Groupe digestif de
la Fédération des centres contre le
cancer et la fédération francophone
de cancérologie digestive (FFCD),
donnant naissance à l’Intergroupe
coopératif PRODIGE.
Actualités dans le cancer du côlon
Entretien avec Michel Ducreux (gastroentérologue, institut Gustave-Roussy, Villejuif)
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