semble peu valoriser le métier et les compétences. Dans les faits, face à la pénurie, les
établissements parviennent cependant à dégager quelques marges de liberté par
rapport « à la grille ».
- La reconnaissance fluctuante du rôle du masseur-kinésithérapeute : entre « cinquième
roue du carrosse » et partie prenante reconnue du soin, l’hospitalier apparaît pour
beaucoup un exercice où la légitimité peut être remise en cause par une sorte de
hiérarchie de valeur des métiers hospitaliers.
- Les relations avec les patients, parce que les séjours sont courts, sont assez limitées.
- La déperdition progressive en termes de motivation, investissement et intérêt pour son
métier : les praticiens en hospitalier sont souvent perçus par les autres comme
démotivés voire « lessivés ». Il est possible que cette représentation soit en partie
induite par le fait qu’une journée de travail en hospitalier soit de 7h et celle d’un libéral
d’environ 10h : celui qui ne travaille « que » 7h serait alors implicitement perçu comme
démotivé. Par ailleurs la « forme » du temps n’y est pas la même qu’en libéral : il y a
l’image caricaturale mentionnée par certains, ou par des étudiants récemment revenus
de stages, du kiné qui passe son temps entre pauses café et pauses cigarettes… Sans
aller jusqu’à cette extrémité, il reste que le travail salarié est perçu comme moins dense
qu’en libéral. Il y a dans ce mode d’exercice des pauses possibles et la journée n’est
pas toujours une succession ininterrompue d’actes. Cela étant, dans certains
établissements où la pénurie de praticiens est forte, les conditions de travail sont vécues
comme très dégradées jusqu’à empêcher le bon travail.
Quand l’autonomie est mauvais signe
L’exercice en hôpital se réalise dans le cadre d’une hiérarchie et d’un rattachement à un
cadre référent. Cette hiérarchie peut limiter nettement l’autonomie des
masseurskinésithérapeutes.
Ceci est une caractéristique qui éloigne certains professionnels de ce type d’exercice.
Cependant elle n’a pas le même sens selon qu’elle est portée par un pair ou pas, Il y a,
selon les services et les hôpitaux, des kinésithérapeutes qui se trouvent de fait dans une
situation proche de celle décrite pour les libéraux. Ils sont autonomes, ont une
prescription parfois vague, rendent des comptes dans la limite de fiches de liaison
succinctes. La hiérarchie infirmière n’est pas à même de superviser leur travail.
Dans d’autres services, la situation va être tout à fait comparable à celle du centre de
rééducation : inscription dans une équipe de pairs, encadrement par un
kinésithérapeute garant d’une meilleure visibilité de la fonction, relation étroite avec les
prescripteurs impliqués dans le suivi, systématisation des bilans.
Parler indistinctement de l’hôpital parait donc trop réducteur, les récits de praticiens
hospitaliers et les expériences de stage témoignent de l’extrême variété des situations.
En particulier, tous les désavantages matériels (en réalité très relatifs quand les
praticiens calculent leur rémunération horaire réelle), peuvent être mis au second plan
de l’intérêt pour une pratique de pointe, réalisée dans un environnement d’excellence.