Act. Méd. Int. - Hypertension (10), n° 9, novembre 1998
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Démonstration des effets antago-
nistes vis-à-vis de l’angiotensine
Les propriétés antagonistes de ces médi-
caments peuvent, de façon très directe,
être évaluées sur un organe isolé (par
exemple une aorte de rat), soumis à des
doses croissantes d’angiotensine II. Sur de
telles préparations, l’irbésartan empêche
la vasoconstriction de façon concentra-
tion-dépendante (figure 1). Il faut remar-
quer qu’il n’est pas possible, en augmen-
tant les concentrations d’angiotensine II,
d’obtenir un effet maximal tel identique à
celui obtenu sans irbésartan, ce qui suggè-
re que l’antagonisme est non compétitif.
Cela peut être lié à une fixation prolongée
au niveau cellulaire.
In vivo, cet effet antagoniste est retrouvé
de façon tout à fait analogue sur l’inhibi-
tion de la vasoconstriction induite par la
perfusion d’angiotensine II. L’évaluation
se fait à partir du pourcentage de l’inhi-
bition de la réponse pressive induite par
l’angiotensine en présence de doses
croissantes d’irbésartan (6). On peut
noter que l’irbésartan est une molécule
dont l’aire sous la courbe de la baisse
tensionnelle en fonction du temps après
l’administration est proportionnelle à la
dose. Cela rend donc prédictibles les
effets du médicament en fonction de la
dose administrée (figure 2).
Données pharmacocinétiques
L’irbésartan est directement actif par voie
orale ; en effet, il ne nécessite pas de bio-
transformation pour agir. Le pic de
concentration plasmatique est obtenu 1,5
à 2 heures après administration unique, la
biodisponibilité est de 60 à 80 % et elle
est non infectée par la prise de nourriture.
En cas de prise répétée, la concentration
plasmatique à l’équilibre est obtenue en
trois jours. La demi-vie est prolongée (11
à 15 h), permettant d’obtenir un effet par-
faitement soutenu sur l’ensemble du nyc-
thémère. En pathologie, il faut noter que
linsuffisance hépatique légère à modérée,
de même que l’insuffisance rénale, quel-
le que soit leur sévérité, ne modifient pas
la pharmacocinétique de l’irbésartan.
Comment situer les ARA II
par rapport aux IEC ?
Avec les IEC, il n’est pas seulement
obtenu une inhibition du système réni-
ne-angiotensine mais également une
inhibition de la dégradation de la bra-
dykinine, ce qui aboutit à une potentia-
lisation des effets de ce peptide. Les
ARA II ont un effet beaucoup plus ciblé
sur le système rénine-angiotensine et
l’effet direct sur les récepteurs de l’an-
giotensine II supprime les possibilités
d’adaptation du SRA qui existent avec
Progrès en hypertension
Justifications pharmacologiques de
l’utilisation des antagonistes du récepteur
AT1de l’angiotensine II (ARA II)
Michel Andrejak (Amiens)
d'après la communication de Christian Thuilliez (Rouen, France)
Compte tenu des propriétés pharmacologiques de l’an-
giotensine II et de ses effets associés à la stimulation
des récepteurs AT1(constriction vasculaire, rétention
hydrosodée, sécrétion de l’aldostérone, hypertrophie de la
cellule vasculaire lisse associée ou non à des remaniements
de la matrice extracellulaire), le blocage des récepteurs
AT1par des antagonistes sélectifs fait de ces médicaments
d’intéressants antihypertenseurs. Plusieurs substances ont
été développées, la première étant la saralasine, antago-
niste peptidique qui présentait l’inconvénient de n’être uti-
lisable que par voie parentérale et de ne posséder que des
propriétés agonistes partielles. Les antagonistes actuels
exercent un effet très sélectif sur les récepteurs AT1et sont
actifs en administration orale.