Réhabilitation physique
Effet bénéfi que de l’activité physique
sur le niveau de fatigue
(diminution ≈ 20-30 %)
• Planifi er une APA dèsle début de la prise
encharge
• Un traitement spécifi que en cours
(chimiothérapie, radiothérapie, etc.) ne doit pas
constituer (sauf exception) un frein à la mise
enplace d’une APA
• Activité rythmique aérobie adaptée au patient,
progressive (exemples : marche, aquagym,
gymnastique douce, vélo, activité en salle)
• Intensité modérée à soutenue, aérobie
(55 à 75 % de la fréquence cardiaque,
soitfréquence cardiaque maximale = 220 – âge)
• Recommandation d’au moins 30 mn d’APA
(idéalement 45 à 60 mn), 2 à 5 fois parsemaine
• Nécessité d’un personnel qualifi é
(professeur STAPS, option APA, connaissant
lecancer)
• Programme réalisé au sein d’un groupe
depatients
• Programme individualisé prenant en compte
✓ Le stade de la maladie
✓ Les traitements prévus
✓ Les capacités physiques du sujet
✓ Ses préférences sur le type d’exercice
✓ Son état psychologique
• Rechercher et éliminer les contre-indications
✓ Altération psychique importante
✓ Cachexie sévère
✓ Troubles cardiopulmonaires
✓ Métastases osseuses à risque ou cérébrales
✓ …
• Nécessité d’un certifi cat médical d’aptitude
• Attention
✓ À la population métastatique
(fragilité osseuse, etc.)
✓ À l’anémie
✓ À la thrombopénie
✓ À la fi èvre
✓ À la neutropénie
Encadré. Résumé des recommandations concer-
nant l’activité physique adaptée (APA) pour traiter
la fatigue liée au cancer (d’après le référentiel du
Réseau régional de cancérologie Rhône-Alpes, validé
par l’AFSOS).
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La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 2 - février 2012 | 113
Résumé
Les patients traités pour un cancer sont susceptibles, lors de leur suivi, de présenter plusieurs situations
pathologiques en rapport avec le cancer et ses soins, les comorbidités et le mode de vie. L’activité physique
régulière lors des soins en cancérologie améliore la qualité de vie, les résultats des tests de fatigue et la
survie, en réduisant le taux de rechute. Nous résumons ici les données de la littérature. L’objectif, à partir
de ces données, est de favoriser l’adhérence et la participation en toute sécurité dans des unités dédiées
à la pratique de l’activité physique en oncologie. Les mécanismes d’action de l’exercice physique sur la
maladie cancéreuse commencent à être compris et passeraient par une modification des taux d’estrogènes,
d’insuline et d’adipokines.
Mots-clés
Activité physique
Fatigue
Qualité de vie
Survie
Mécanisme d’action
Mise en place
Summary
Survivors of cancer are to
increased risk for chronic
diseases and medical late
effects as a result of their
disease, treatment and life-
style factors. Physical activity
benefi ts after a cancer diag-
nosis include improved quality
of life, reduction in fatigue and
may reduce the risk of cancer
recurrence and mortality. We
summarize here the literature
that describes the effects of
exercise intervention. The
purpose is to increase the
adherence motivation and
assessment in specifi c PA unit
with tailored interventions.
Potential mechanisms regard
the association between PA
and survival may be circulating
levels estrogens, insulin and
adipokines.
Keywords
Physical activity
Fatigue
Quality of life
Cancer survival
Mechanisms of action
Realisation
de traiter la fatigue liée au cancer mieux que ne le
fait un placebo.
➤
Les soins non pharmacologiques (thérapies
cognitivocomportementales, gestion du sommeil
et des efforts du quotidien, exercice) ont en revanche
démontré une véritable action thérapeutique sur
la fatigue liée au cancer. L’AP permet d’améliorer
la fatigue quel que soit le moment de la prise en
charge du cancer. Environ 70 % des essais concernent
le cancer du sein, dont environ 70 % en situation
non métastatique. Trois méta-analyses récentes
d’essais randomisés ont évalué le bénéfi ce de l’AP
pour traiter la fatigue aux différents moments de
la prise en charge du patient cancéreux (11-13).
Les conclusions de ces méta-analyses permettent
de positionner l’AP avec un niveau de preuve de
grade A dans cette situation, et ce quels que soient
le type de cancer (résultats globaux, puis par sous-
type de cancer), le moment de la prise en charge
(pendant les traitements ou à distance) et le type
d’activité réalisée (aérobie ou anaérobie) [11].
Les résultats globaux (tous cancers, tous stades
confondus) montrent une réduction de 25 % du
niveau de fatigue, cette réduction atteignant 35 %
pour la population porteuse de cancer du sein.
Ce bénéfi ce existe tant sur la fatigue pendant le
traitement anticancéreux, avec une réduction de ce
symptôme de 20 %, qu’après la fi n des traitements,
avec une réduction de la fatigue de 40 %.
En revanche, une supervision directe est indispen-
sable. Un essai randomisé a analysé l’intérêt d’une
réhabilitation physique faite au domicile avec soutien
téléphonique seul pour améliorer la fatigue à diffé-
rents temps de prise en charge (14). Cette étude
est négative et ne retrouve aucun bénéfi ce d’une
prescription téléphonique de l’AP.
Les résultats très encourageants des différentes
études ont conduit plusieurs sociétés savantes à
établir des recommandations pour la pratique de l’AP
comme moyen de traitement de la fatigue liée au
cancer, dont récemment l’Association francophone
pour les soins oncologiques de support (AFSOS)
et le NCCN (15). L’ensemble de ces recommanda-
tions est listé dans l’encadré.
La planifi cation d’une AP en cancérologie dès le
début de la prise en charge apparaît primordiale
pour prévenir et contrôler au mieux la fatigue.