
La Lettre du Pneumologue • Vol. XVII - n° 3 - mai-juin 2014 | 103
Points forts
»Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France, responsable de plus de 30 % des décès
par cancer.
»La consommation de tabac est associée, après un diagnostic de cancer, à une moins bonne réponse au
traitement, à un risque accru de second cancer primitif, à une aggravation des effets indésirables destrai-
tements et à une dégradation de la qualité de vie des patients.
»
Il est important de systématiser l'aide à l'arrêt du tabac dans le cadre de la prise en charge des patients
atteints de cancer.
»
L’implication des professionnels de la cancérologie dans la prévention du tabagisme ne s’arrête pas
aux interventions auprès de leurs patients. Ils ont la légitimité nécessaire, en raison du poids de ce facteur
dans la mortalité due au cancer, pour être de véritables porte-parole de la lutte contre le tabac.
Mots-clés
Tabac
Patients atteints
decancer
Arrêt du tabac
Professionnels
delasanté
Highlights
»
Tobacco is the leading
preventable cause of death
in France, responsible for over
30% of cancer deaths.
»
Tobacco use is associated,
after diagnosis of cancer, with
a poorer response to treatment,
an increased risk of second
primary cancers, a worsening
of side effects of therapy and
a degradation of the quality of
life of patients.
»
It is important to systema-
tize the support of cessation
included in the care of cancer
patients.
»
The involvement of profes-
sionals in cancer prevention
of smoking does not stop at
an intervention with their
patients. They are legitimate,
by the weight that this factor
represents in cancer mortality,
to be true spokespersons in the
tobacco control.
Keywords
Smoking
Cancer survivors
Tobacco cessation
Health providers
souligne que l’arrêt du tabac représente un enjeu
pour l’ensemble des patients et pas seulement pour
ceux qui sont atteints d’un cancer dont l’étiologie
tabagique forte est bien établie (poumon, ORL).
Les patients atteints de cancer
sont demandeurs d’aide pour
modifier leurs comportements
L’annonce du diagnostic d’un cancer apparaît, selon
la littérature anglo-saxonne, comme un élément
clef de la motivation pour l’arrêt du tabac chez un
grand nombre de patients. Près de 30 à 60 % des
patients arrêtent spontanément de fumer après le
diagnostic d’un cancer ou pendant les traitements.
Et, parmi ceux qui continuent à fumer, la plupart
semblent fréquemment désirer réduire ou arrêter
leur consommation et ressentent le besoin d’être
aidés pour y parvenir (12). Une synthèse bibliogra-
phique sur le sujet montre que certains facteurs
renforcent la motivation du patient atteint de
cancer, comme le fait d’être atteint d’un cancer
connu pour être principalement lié au tabagisme
(cancer du poumon ou ORL, versus cancer du sein),
la gravité de la maladie et la lourdeur des traite-
ments administrés (radiothérapie/chimiothérapie
versus chirurgie seule). Les périodes d’hospitalisa-
tion ainsi que l’annonce du diagnostic constituent
des moments propices au renforcement de la
motivation du patient. Pourtant, le sevrage taba-
gique est souvent perçu par les soignants comme
une privation inutile de l’un des seuls plaisirs qu’il
reste aux patients atteints de cancer. D’une façon
générale, on observe que l’importance que l’onco-
logue apporte aux messages de prévention est un
élément déterminant dans l’adhésion des patients
aux recommandations (11-13). Les patients atteints
de cancer peuvent être très différents vis-à-vis de
leur dépendance au tabac et de la représentation
qu’ils ont des effets du tabac sur leur santé. L’accom-
pagnement à l’arrêt peut ainsi aller de la délivrance
d’un simple message de sensibilisation à l’orientation
vers des spécialistes du sevrage. Ces derniers seront
à même d’adapter la prise en charge de l’arrêt du
tabac en fonction des spécificités de chaque patient,
en anticipant les possibles coaddictions, le risque de
dépression, les effets indésirables des traitements
L’Institut national du cancer (INCa) est l’agence sani-
taire et scientifique de l’État chargée de coordonner les
actions de lutte contre le cancer.
Créé par la loi de santé publique du 9 août 2004, il est placé
sous la tutelle conjointe du ministère des Affaires sociales
et de la Santé et du ministère de l’Éducation nationale,
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
L’INCa a pour ambition de jouer un rôle d’accélérateur de
progrès au service des personnes malades, de leurs proches,
des usagers du système de santé, de la population générale,
des professionnels de la santé, des chercheurs, des experts et
des décideurs. Ses missions sont de :
➤coordonner les actions de lutte contre le cancer ;
➤
initier et soutenir des projets de recherche et l’innovation
médicale, technologique et organisationnelle ;
➤
agir sur l’organisation des dépistages, des soins et de
la recherche ;
➤
produire des expertises sous forme de recommandations
nationales, de référentiels, de rapports et d’avis ;
➤produire, analyser et évaluer des données dans tous les
domaines de la cancérologie ;
➤
favoriser l’appropriation des connaissances et des bonnes
pratiques par les différents publics.
Retrouvez les publications de l’INCa sur www.e-cancer.fr
Tableau I. Effets du tabagisme selon les traitements du cancer (11).
Chirurgie Radiothérapie Chimiothérapie
• Augmentation des complications
del’anesthésie générale
• Augmentation du risque
decomplications sévères pulmonaires
•Effets délétères sur la cicatrisation :
– compromet la circulation sanguine
capillaire
–augmente la vasoconstriction
–augmente le risque d’infection
•Réduit l’efcacité des traitements
• Augmente la toxicité et les effets
indésirables :
–xérostomie
–perte du goût
–pneumonie
–nécrose des tissus mous et osseux
–mauvaise qualité de la voix
• Potentielle exacerbation des effets
indésirables, incluant :
–immunosuppression
–perte de poids
–fatigue
–toxicités cardiaque et pulmonaire
• Augmentation de l’incidence
desinfections