lecture analytique - Documents pour réviser le Bac de Français

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LECTURE ANALYTIQUE
BAC Français
FENELON: les aventures de Télémaque.
Introduction :
Fénelon est en 1651 et mort en 1715. Précepteur du Duc de Bourgogne pour qui il écrit Les
Aventures de Télémaque, qui sous l'aspect romanesque d'une suite de L'odyssée est une œuvre
didactique d'histoire, de morale et philosophie politique à l'usage des princes.
Ce passage est relatif au pays de La Bétique, dont le frère d'un marin décrit les usages à Télémaque,
parti sur les mers en compagnie de son maître Mentor, à la recherche d'Ulysse.
Quelles sont les caractéristiques de cette contrée ?
Nous verrons en premier lieu que ce pays est une utopie, puis nous montrerons que
cette évocation recèle une critique des sociétés occidentales du XVllème siècle.
Axe 1: un pays utopique
Ce pays pourrait exister, on nous donne plusieurs précisions géographiques qui créent un effet de
réalité à ce lieu ; « Colonnes d'Hercule (L3)...terre de Tharsis...grande Afrique (L4) », pourtant il
semble difficile à atteindre : « mer furieuse ».
C'est également un pays merveilleux ; on trouve un lexique abondant à connotation positive. « Pays
fertile (l1)...ciel doux (L1)...serein (L2)...délices (L5)...beau pays (L13) » On remarque une évocation
biblique de « L'Âge d'or (L5) ».
Tous ces éléments évoquent immédiatement une utopie, mélange d'isolement et de situation idéale.
Le climat et les paysages sont très favorables comme le montre la répétition de l'adverbe « toujours
verts, toujours fleuris » (L11) qui vient même placer la beauté de ce pays dans un cadre temporel
infini comme appuyé par la récurrence de l’adverbe « jamais ». Cette notion d’infini est également
renforcée par le fait qu’il ne semble pas y avoir de véritable cycle des saisons : en effet on note une
certaine absence des saisons, qui sont même confondues comme le montre la métaphore de
« hymen » accompagnée des notations des « arbres toujours verts, toujours fleuris ».
Les saisons sont douces comme le montrent les effets d'opposition « hivers/tièdes (L5)...rigoureux
aquilons/n'y soufflent jamais (L6)...ardeur/tempérée... rafraîchissants (L6) »
Les saisons sont d'ailleurs personnifiées en deux allégories bienveillantes •. « Heureux hymen du
printemps et de l'automne", qui semblent se donner la main (L8/9).Elles sont privées de tous les
aléas naturels présents dans la réalité et ce de plus à tous les temps comme le traduit la répétition de
l'adverbe "toujours" et l'emploi du présent d'habitude.
La négation restrictive exclut tout accident : « ainsi toute l'année n'est qu'un heureux hymen ».
L'énumération des végétaux confère un aspect opulent et exotique a ce pays : «
lauriers...grenadiers...jasmins (L10/11).
La nature est généreuse et les hyperboles l'expriment ; « double moisson (L10)...Montagnes
couvertes de troupeaux(L12)...laine fines recherchées de toutes les nations (L13) ». La nature semble
même produire d’elle-même comme on le voit dans la syntaxe ou les « montagnes » (sujet du verbe)
nourrissent « les troupeaux » (sujet du verbe « fournissent ») qui semblent produire la laine d'eux-
mêmes.
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Les sous sols du pays sont riches en minéraux tels qu’en or et en argent et cela permet d'en arriver
au caractère des habitants : « ne daignent pas compter l'or et l'argent parmi leurs richesses
(L15)...employés aux mêmes usages que le fer ...pour des sacs de charrue (L18)...n'avaient besoin
d'aucune monnaie (L19)». . . _.,
La répétition des termes «simples...simplicité (L14...simple (L24) » crée un contraste avec la richesse
du pays ; les habitants ont un idéal de vie humble et harmonieux. Ceci est confirmé par leurs
occupations : bergers ou laboureurs (L20) , ainsi que par leurs principes de production: "que les arts
qui servent aux véritables nécessités des hommes (L21)...arts nécessaires pour leur vie simple et
frugale (L24)».
On voit bien que ce pays idéal tranche absolument, par ses mœurs surtout avec les sociétés
occidentales, et on peut supposer que ce récit cherche à critiquer les mœurs de l'époque.
Axe2: critiques des sociétés occidentales duXVIIe s
On peut rappeler le mépris montré par ces habitants envers l'or et l'argent ; ce qui n'est pas le cas
dans les sociétés réelles.
Par ailleurs, la quête de puissance et de pouvoir n'est même pas mentionnée, alors qu'elle occupe
fortement tous les hommes ; c'est donc une critique « en creux » que développe Fénelon.
Une partie de cette critique est plus explicite et habilement amenée à la ligne 25 : « quand on leur
parle... » , On ne sait pas qui est désigné par le "on" ; on suppose qu'il s'agit d'occidentaux, et ceux-ci
semblent vanter les œuvres de leur société : le lexique est hyperbolique pour évoquer leur art : «
bâtiments superbes...or et argent...broderies,..pierres précieuses... parfums exquis...mets
délicieux,..l'harmonie charme (L27 à 27) ».
Ce peuple se distingue par sa richesse et son raffinement, et on peut s'attendre à une réaction
admirative.
Au lieu de cela, les habitants de La Bétique jugent ces peuples « bien malheureux », ce qui semble
constituer un paradoxe.
Toute la fin du texte est une condamnation du luxe des sociétés occidentales, qui est qualifié de «
superflu (L29) ». La gradation de la ligne 29/30 « ce superflu amollit, enivre, tourmente... » explique
cette réaction de rejet.
On remarque ensuite une accumulation de questions rhétoriques qui démontrent l'inutilité des
productions occidentales, par rapport à la simplicité de principe de la Bétique : « Peut- on
nommer...plus gaie (L31 à 34) ». Ces questions interrogent sur les véritables enjeux de l'existence :
«la santé, la longévité, l'harmonie, la liberté et le bonheur".
La réponse est développée de la ligne 34 à la fin du texte, à travers une accumulation de termes et de
métaphores très péjoratifs et hyperboliques : «jaloux... rongés par une lâche et noire envie...agités
par l'ambition...crainte...avarice...esclaves de tant de fausses nécessités... ».
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Conclusion
C'est bien une leçon de mesure et de sagesse que Fénelon veut inculquer à son élève : cet apologue
montre les vertus de la frugalité par rapport aux vices d'une société uniquement préoccupée d'avoir
plutôt que d'être.
Les principes des habitants de La Bétique peuvent être rapprochés du détachement du sage
oriental, qui vit loin des enjeux de pouvoir, et dont la richesse consiste en quelques arpents de terre,
et ses valeurs d'humanité et de travail.
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