lorsqu’ils sont arrêtés. Cela doit nous inciter à une prescription
plus large, notamment en cas d’insuffisance rénale modérée (créa-
tininémie < 250 µmol/l), d’hypotension artérielle peu sévère
(PAS > 90 mmHg) ou d’hyperkaliémie modérée (< 5,5 mmol/l).
La question actuelle repose sur la dose d’IEC “idéale”. Dans
l’étude ATLAS (lisinopril 2,5/5 mg versus 32,5/35 mg), il n’y a
pas de différence de mortalité, mais une diminution significative
du nombre d’hospitalisations en faveur des doses les plus éle-
vées. Dans l’étude de NANAS (énalapril 10 mg x 2/j versus
30 mg x 2/j), il n’y a pas de différence ce qui concerne la mor-
talité ou le nombre d’hospitalisations (P. Gibelin, Nice). Les IEC
sont prescrits dans 60 % des cas dans les registres. Cela s’ex-
plique en partie par la fréquence de l’insuffisance cardiaque à
fonction systolique conservée, dans laquelle les IEC n’ont actuel-
lement pas d’indication, mais aussi par les critères d’inclusion
des études. Par exemple, en cas de dysfonction rénale majeure ou
chez les sujets âgés, il paraît souvent légitime, mais probable-
ment à tort dans certains cas, de ne pas en prescrire. Les recom-
mandations européennes conseillent la prescription isolée d’IEC
chez les patients asymptomatiques, en arrêtant notamment les
diurétiques ; en cas d’effet secondaire (toux essentiellement), on
peut remplacer l’IEC par un ARAII (M. Komajda, Paris).
L’alternative classique, lorsqu’un IEC ne peut être prescrit, reste
les ARAII (ELITE II). L’étude VAL-Heft associe IEC et valsar-
tan. Dans cette étude, on retrouve une baisse de morbi-mortalité
de 13,3 % (p = 0,009) et une diminution des hospitalisations pour
insuffisance cardiaque de 27,5 % (p = 0,00001). Cependant, il
faut rappeler que l’association IEC, ARAII et bêtabloquants est
à risque (hypotension surtout). Nous en sommes arrivés au stade
où le praticien doit faire des choix thérapeutiques et où l’asso-
ciation de plusieurs thérapeutiques actives peut être délétère pour
le patient (J.M. Davy, Montpellier).
LES TRAITEMENTS NON MÉDICAMENTEUX DANS
L’INSUFFISANCE CARDIAQUE
La stimulation multisite
L’étude MUSTIC est une étude multicentrique, randomisée en
simple insu, en cross-over, comparant sur des périodes de 3 mois
la stimulation biventriculaire et la stimulation spontanée avec,
ensuite, une période de stimulation de 12 mois dans le mode pré-
féré par le patient (figure 5). Les patients inclus étaient en stade
NYHA III, avec un traitement médical maximal, une FEVG infé-
rieure à 35 % et un diamètre diastolique ventriculaire gauche
supérieur à 60 mm. La durée du QRS est supérieure à 150 ms
chez les patients en rythme sinusal et à 200 ms chez ceux en fibril-
lation auriculaire. L’implantation a été possible dans 92 % des
cas. Dans 85 % des cas, les patients ont préféré le mode de
stimulation biventriculaire (p < 0,001). Chez les patients en
rythme sinusal, lors de la stimulation biventriculaire, la distance
de marche en 6 minutes (critère principal) augmente de 23 %
(p = 0,001), la qualité de vie évaluée par le questionnaire du Min-
nesota est améliorée de 32 % (p = 0,0001), le pic de VO2est amé-
lioré de 8 % (p < 0,03), et on note une baisse des hospitalisations
(p = 0,05). Les patients en fibrillation auriculaire représentent un
effectif plus restreint ; il n’y a pas de différence statistiquement
significative dans ce groupe. Cette étude démontre que la stimu-
lation multisite est réalisable dans l’insuffisance cardiaque et
qu’elle s’accompagne, chez les patients en rythme sinusal, d’une
amélioration fonctionnelle sans aucun élément actuel en termes
de morbi-mortalité (S. Cazeau, Paris).
Les règles hygiéno-diététiques et l’exercice physique
La réadaptation des insuffisants cardiaques augmente leur per-
formance à l’effort : augmentation du pic de VO2,de la durée
d’exercice, amélioration de la dyspnée, des paramètres neuro-
hormonaux et de la variabilité sinusale. On retrouve également
une amélioration de la qualité de vie non corrélée à l’augmen-
tation des paramètres hémodynamiques. Dans une étude de
Belardinelli (Circulation 1999), la réadaptation a un effet posi-
tif sur la morbi-mortalité. L’association bicyclette et callisthé-
nie est plus efficace que la réadaptation par bicyclette seule.
Enfin, la réadaptation permet une prise en charge plus globale
du patient insuffisant cardiaque : meilleure observance théra-
peutique, optimisation de la prise en charge des facteurs de
risque et de l’éducation hygiéno-diététique. La sélection des
patients répondeurs semble nécessaire, mais les critères de sélec-
tion restent à définir. Le type de structure et la pérennité à long
terme après les séances de réadaptation sont des questions qui
restent en suspens (J.F. Aupetit, Lyon). L’application des
recommandations éducatives limite les complications de l’in-
suffisance cardiaque. La restriction sodée peut être stricte (2 g/j)
ou modérée (3 à 6 g/j). La compréhension et l’aide de l’entou-
rage familial sont importantes pour le respect de cette règle. Un
écart de régime avec un apport salé important (fruits de mer par
exemple) peut engendrer une décompensation qui est souvent
décalée de plusieurs jours ou semaines. La restriction hydrique
de 1 à 1,5 litre par jour est à adapter au poids et au niveau de
rétention hydrosodée du patient : fortes chaleurs, doses de diu-
rétiques, etc. Enfin, il est indispensable de lutter contre la dénu-
trition (baisse du poids de 7,5 % en 6 mois), car celle-ci est de
mauvais pronostic (M. Krempf, Nantes).
La chirurgie dans l’insuffisance cardiaque en dehors de la
transplantation cardiaque
La correction d’une anomalie valvulaire ou d’une coronaropathie
représente la première indication chirurgicale dans l’insuffisance
cardiaque. La revascularisation coronarienne doit être la plus com-
plète possible et s’appliquer au myocarde viable. La chirurgie de
remodelage ventriculaire avec correction isolée d’une insuffi-
sance mitrale fonctionnelle reste peu étudiée dans la littérature.
La mortalité opératoire est faible (80 % de survie à un an sur une
série de 48 patients), mais l’amélioration des paramètres ventri-
culaires gauches et de la morbi-mortalité reste à démontrer. L’in-
tervention de Batista, qui comprend une correction de l’insuffi-
La Lettre du Cardiologue - n° 351 - janvier 2002
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INFORMATIONS
Inclusion Implantation Randomisation Mode préféré du patient