Différentes formes symptomatiques
La triade symptomatique caractéristique associe, après une
impression de plénitude de l’oreille, une crise vertigineuse, des
acouphènes et une surdité de perception, évoluant par crises plus
ou moins espacées.
Les formes au cours desquelles les symptômes sont dissociés
dans le temps sont fréquentes : les signes vestibulaires ou
cochléaires peuvent être isolés pendant plusieurs mois ou plu-
sieurs années. Les atteintes bilatérales ont une fréquence diver-
sement évaluée dans la littérature (de 15 % à 60 % [1]). Elles
font rechercher des arguments en faveur d’une atteinte auto-
immune de l’oreille interne. Les formes de Lermoyez (l’appari-
tion des vertiges s’accompagne d’une amélioration auditive) et
de Tumarkin (la brutalité et l’intensité du vertige entraînent une
chute) restent relativement rares. La difficulté réelle est de ratta-
cher à la maladie de Menière certains syndromes caractérisés par
des vertiges récidivants.
Données physiopathologiques
Les travaux anatomiques ont mis en évidence la présence de
lésions liées à l’hydrops endolymphatique impliqué dans la mala-
die de Menière. Au cours de l’hydrops apparaissent des anoma-
lies qui expliquent les symptômes : altération du fonctionnement
des cellules neurosensorielles, augmentation de la pression endo-
lymphatique et lésions du labyrinthe membraneux.
La liste des facteurs favorisants potentiels de l’hydrops est
longue : production excessive d’endolymphe, altération de la
réabsorption de celle-ci par le sac endolymphatique, déséquilibre
ionique, infection virale, anomalie génétique, facteurs diététiques,
pathologie auto-immune, allergie...
Les mécanismes d’apparition de l’hydrops sont discutés, mais les
principales voies de recherche sont une altération du fonction-
nement du sac endolymphatique, des anomalies de différentes
hormones, dont la prolactine et l’hormone antidiurétique, et enfin
des troubles immunitaires.
Dans une publication récente, Merchant et al. (2) ont étudié les
rochers de patients ayant présenté durant leur vie une maladie de
Menière. Dans tous les cas, des lésions caractéristiques de
l’hydrops ont été identifiées. Il existait un second groupe de
rochers porteurs d’anomalies caractéristiques d’un hydrops mais
avec une histoire clinique variable, non liée à une maladie de
Menière. Il s’agissait soit d’hydrops secondaires à une autre
pathologie otologique, soit d’hydrops idiopathiques, sans symp-
tomatologie typique.
Il existe donc une corrélation forte entre les manifestations de la
maladie de Menière et les lésions caractéristiques de l’hydrops,
même si ce type de lésions peut être constaté dans d’autres cir-
constances.
Quelle stratégie thérapeutique ?
Les modalités thérapeutiques de la maladie de Menière peuvent
être classées en trois catégories : traitement initial, traitement de
seconde intention et traitement “radical” pour les formes résis-
tant aux deux paliers thérapeutiques précédents (figure 1).
Le traitement initial comporte habituellement un certain nombre
de conseils sur le mode de vie, la limitation des excitants (tabac,
café, etc.) et de la consommation en sel, sans restriction sodée
stricte. Il s’accompagne d’une évaluation psychologique qui peut
conduire dans certains cas à une prise en charge spécifique. Les
classes de médicaments utilisées dans la maladie de Menière sont
nombreuses. Les habitudes de prescription varient d’un praticien
à l’autre et d’un pays à l’autre. Les diurétiques et les corticoïdes
nécessitent un suivi métabolique. Plusieurs auteurs insistent sur
l’incidence de l’allergie lors de la maladie de Menière. Il paraît
donc utile de la rechercher et, le cas échéant, de la traiter. La
rééducation vestibulaire est utile dans les formes où les troubles
de l’équilibre sont invalidants et mal contrôlés. Ayant, par défi-
nition, un caractère fluctuant, les vertiges doivent être traités par
un rééducateur expérimenté, évaluant régulièrement le niveau de
la compensation. En l’absence d’amélioration avec ces théra-
peutiques, d’autres modalités peuvent être proposées successi-
vement, en fonction de leur efficacité.
LE TRAITEMENT PRESSIONNEL
Principe et mise en œuvre
L’intérêt des traitements pressionnels dans la maladie de Menière
a été suggéré par les résultats obtenus avec les aérateurs trans-
tympaniques (3).
L’appareil Meniett 20®est de développement récent. Son objec-
tif est de restaurer l’équilibre des pressions liquidiennes de
l’oreille interne. Il comporte un générateur portable, de la taille
d’un baladeur, facile à transporter et dont la batterie est rechar-
geable. La procédure comporte deux étapes successives :
– la mise en place d’un aérateur transtympanique du côté atteint.
Celui-ci permet une amélioration significative des symptômes
dans un certain nombre de cas ;
– en l’absence d’amélioration par le drain seul, le traitement pres-
sionnel par Meniett 20®est instauré. Le générateur produit des
salves de pression pulsée de faible intensité (n’excédant pas 12 cm
H2O), transmises vers l’oreille moyenne par l’intermédiaire d’une
tubulure puis d’un embout de tympanométrie placé dans le
conduit auditif externe (figure 2).
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no303 - mars-avril 2006
Figure 1. Rapport efficacité-risque des traitements proposés aux patients
souffrant d’une maladie de Menière.