LEÇON IV
VERCINGÉTORIX ET SON JULES
a Gaule n’était qu’une partie du monde celte,
qui allait de l’Atlantique aux Carpathes, et dont
une bonne partie était déjà colonisée depuis le
II
e
siècle avant notre ère, notamment la Narbonnaise,
qui
s’étendait à l’ouest jusqu’à l’Aquitaine, et au nord
jusqu’à Lyon et au lac Léman
. Mais César va donner
ce nom à la province qu’il conquiert, qu’il distingue ar-
bitrairement de la Germanie, de l’autre côté du Rhin
.
L
Répondant à l’appel des tribus alliées de Rome et
notamment des Héduens, César entre en Gaule pour
refouler les Helvètes, qui avaient quitté leurs terres
pour migrer vers l’ouest. Mais il ne s’arrête pas en si
bon chemin : il continue vers le nord, et entame un
vaste mouvement tournant qui va le conduire jus-
qu’aux embouchures de la Seine, de la Loire et de la
Garonne. Au passage, il lance des expéditions contre
les Belges, les Bretons, les Vénètes, les Aquitains.
C’est au moment où il va boucler cette boucle et re-
gagner la Narbonnaise que se produit le soulèvement
de Vercingétorix. Les historiens du
XIX
e
siècle ont
tant voulu faire de lui le héros malheureux et pitto-
resque d’une patrie qui n’existait pas encore, qu’ils
ont occulté le déroulement réel de la campagne et
l’habileté stratégique des deux chefs.
Un fait majeur est que le cœur du soulèvement est
l’Auvergne. C’est la position idéale pour couper la
route à César. Et si Vercingétorix pratique la tactique
de la « terre brûlée », ce n’est pas pour forcer César à
quitter la Gaule mais pour l’en empêcher. Contraint à
combattre, ce dernier prend Bourges, mais il échoue
devant Gergovie.
Cette victoire gauloise entraîne un autre fait ma-
jeur: les Héduens, autrefois rivaux des Arvernes et al-
liés de Rome, se joignent (bon gré, mal gré) au soulè-
vement. Leur pays correspond à la Bourgogne. Du
coup, César n’a pas plus d’autre choix que de remon-
ter encore plus vers le nord. Il ne cache pas que son
intention est d’aller lever de nouvelles légions dans la
Province, car il est à court de troupes. Il pousse même
jusqu’en Germanie pour recruter des auxiliaires. Mais
il lui est désormais interdit de traverser le pays des
Héduens pour rejoindre la vallée du Rhône. Que
faire ? La campagne contre les Helvètes lui a appris
que ces derniers sont des adversaires redoutables. Il
va donc tenter de passer entre les deux : par le pays
des Séquanes (vieux alliés des Arvernes), l’actuelle
Franche-Comté.
De sa défaite à Gergovie jusqu’à sa victoire à Alé-
sia, c’est donc bien César qui est poursuivi par Ver-
cingétorix, et non l’inverse. Vercingétorix cherche
constamment à lui couper la route pour l’empêcher
d’aller chercher les troupes qui lui permettraient de
consolider ses conquêtes. Si bien que lorsque César
se trouve sous les murs d’Alésia, c’est lui qui est pris
au piège. Il met le siège devant la ville parce qu’il ne
peut pas faire autrement. Vercingétorix a choisi, long-
temps à l’avance, le lieu du combat.
Reste deux points à établir : où se trouve Alésia, et
comment cette place imprenable est-elle tombée ?