décembre 2008
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seulement pour l’hépatite B mais pour l’ensemble des vaccins… Un effet indési-
rable à distance incompréhensible est forcément inducteur de grandes anxiétés
chez les parents.
Pourquoi l’Engerix B10
®
? L’hypothèse proposée par les auteurs n’est pas plausible
et ne peut être retenue. Ce ne serait plus l’antigène HBs qui serait en cause mais la
quantité des résidus de levures ayant servi à fabriquer le vaccin (ces vaccins étant
recombinants sur cellule de levure).
Peut-on penser que l’incompétence est la cause d’erreurs méthodologiques aussi
grossières ? Peut-on penser que les auteurs ignorent que depuis des années en
France la vaccination contre l’hépatite B est en souffrance à la suite de polémiques
stériles ? La réponse pour moi est clairement non. Alors pourquoi ce gâchis ? Je
n’ai pas de réponse mais des hypothèses (l’une n’excluant pas l’autre) :
peut-être que certains de ces auteurs ont toujours pensé au fond d’eux mêmes
qu’il y avait peut-être un petit quelque chose, alors torturons les chiffres dans tous
les sens afin de trouver une différence…
il n’est pas innocent non plus que cet article soit publié dans Neurology. Cette
revue, certainement excellente en neurologie, est celle qui a publié l’article de
Hernan en 2004, dont la méthodologie avait déjà été largement critiquée ;
la course à « l’impact factor » ou « publish or perish » aurait-elle joué un rôle ?
Quant aux réponses du Pr Marc Tardieu dans l’interview de Médecine et enfance, si
elles paraissent, à la première lecture, rassurantes, elles laissent dans l’ombre de
nombreux points. On lit : « si un risque existe, il ne peut être que très faible » ; « le
nombre de cas de SEP avant seize ans en France est faible, de l’ordre de 20 à 25
nouveaux cas par an, et il est resté assez stable au fil du temps » ; « les bénéfices
de la vaccination hépatite B me paraissent importants ». Je prends acte de ces af-
firmations en faveur de la vaccination hépatite B, mais alors :
pourquoi publier une étude qui ne confirme rien quand on connaît les difficul-
tés de cette vaccination en France ?
pourquoi écrire qu’une analyse secondaire donne des résultats qui laissent pla-
ner le doute, résultats à confirmer ou à infirmer…, avec le vaccin le plus utilisé et
donc le seul testable (quid des autres alors ?), alors que la conclusion de l’étude
est l’absence d’augmentation du risque ?
De toute façon, ces explications ne compenseront jamais le mal produit par l’étu-
de auprès des familles et n’empêcheront pas que nos confrères les moins convain-
cus pour proposer cette vaccination soient encore plus hésitants. Je redoute les
conséquences néfastes de cette publication sur la couverture vaccinale, consé-
quences qui risquent de se prolonger pendant des années avec les effets sur l’état
de santé que l’absence de vaccination anti-hépatite B pourrait entraîner.
On ne peut s’empêcher de penser que les auteurs ont joué contre leur camp, celui
des pédiatres, dont la seule préoccupation est l’amélioration de la santé des en-
fants et donc des futurs adultes que deviendront ces jeunes patients. A chacun
d’en tirer les conséquences.
[1] MIKAELOFF Y., CARIDADE G., SUISSA S., TARDIEU M. : « Hepatitis B vaccine and the risk of CNS inflammatory demyelination in
childhood », Neurology, 2008 (epub ahead of print).
[2] COLLIGNON H. : «Entretien avec M. Tardieu : Vaccination hépatite B et risque de sclérose en plaques», Méd. Enf., 2008 ; 28 : 426-8.
[3] MIKAELOFF Y., CARIDADE G., ROSSIER M., SUISSA S., TARDIEU M. : « Hepatitis B vaccination and the risk of childhood-onset
multiple sclerosis », Arch. Pediatr. Adolesc. Med., 2007 ; 161 : 1176-82.
[4] MIKAELOFF Y., CARIDADE G., ASSI S., TARDIEU M., SUISSA S., on behalf of the KIDSEP study group of the French Neuropaedia-
tric Society : « Hepatitis B vaccine and risk of relapse after a first childhood episode of CNS inflammatory demyelinisation », Brain,
2007 ; 130 : 1105-10.
[5] HERNAN M.A., JICK S.S., OLEK M.J., JICK H. : « Recombinant hepatitis B vaccine and the risk of multiple sclerosis : a prospective
study », Neurology, 2004 ; 63 : 838-42.
[6] COMITÉ CONSULTATIF MONDIAL DE L’OMS POUR LA SÉCURITÉ DES VACCINS, communiqué du 13 septembre 2004 : « Hépa-
tite B et sclérose en plaques : l’essentiel en questions-réponses », Méd. Enf., 2004 ; 24 : 505-7.
Médecine
& enfance
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