lescence. Le dépistage sérologique prévaccinal systématique
des anticorps anti-VHA est supprimé du fait de l’abaissement
de la séroprévalence des anti-VHA à moins de 10 % chez les
jeunes recrues.
Les personnels féminins séronégatifs sont vaccinés contre la
rubéole sous contraception orale dès l’incorporation. La vac-
cination par le BCG des personnels ayant une IDR à la tuber-
culine négative est limitée à deux tentatives de vaccination par
voie intradermique.
Enfin, dans les armées, certaines vaccinations sont circonstan-
cielles, telles la vaccination contre l’encéphalite japonaise pour
les personnels envoyés en Asie du Sud-Est, la vaccination contre
l’encéphalite à tiques lors de séjours en zone rurale en Europe
centrale ou la vaccination antirabique pour les observateurs de
l’ONU dans les pays isolés.
Au sein des armées étrangères, la vaccination antitétanique est
obligatoire pour dix-huit pays de l’OTAN, les vaccinations
contre la diphtérie, la poliomyélite, les méningites à méningo-
coque, la fièvre typhoïde et la fièvre jaune pour quatorze pays.
!Schéma triennal de vaccination contre la grippe
(Y. Buisson, hôpital Val-de-Grâce, Paris). En l’absence de
glissements antigéniques majeurs des virus grippaux, la pro-
phylaxie de la grippe dans les armées repose sur un schéma
vaccinal de périodicité triennale. Cette stratégie se différencie
de la politique nationale de vaccination antigrippale qui
s’adresse à des groupes à risque et recherche une protection
individuelle. L’objectif du Service de Santé des Armées est
d’obtenir une couverture vaccinale supérieure à 80 % pour
acquérir une immunité de groupe afin de préserver les capaci-
tés opérationnelles des unités. L’efficacité de cette vaccination
s’adressant à des personnels jeunes, médicalement sélection-
nés, dépasse deux ans. L’évaluation de l’immunité post-vacci-
nale vis-à-vis de souches homologues vaccinales montre que
le titre des anticorps résiduels est supérieur au taux protecteur
de 40 unités inhibant l’hémagglutinine après deux ans. Le
schéma appliqué dans les armées depuis 1994 s’est élargi en
1999 à tous les militaires de carrière ou engagés. L’impact éco-
nomique de cette stratégie traduit une meilleure utilisation des
doses distribuées, 95 % environ des 130 000 doses étant réel-
lement administrées.
ÉPIDÉMIOLOGIE ET STRATÉGIES DE VACCINATION
Vers l’éradication de la poliomyélite
(N. Guérin, Centre
international pour l’enfance, Paris)
En dix ans, l’incidence mondiale de la poliomyélite et des para-
lysies flasques aiguës (PFA) a chuté, passant de 35 251 cas en
1988, dont 20 en Europe et plusieurs centaines dans la région
du Pacifique occidental, à 5 298 cas en 1998 avec aucun cas
déclaré à l’OMS par les pays européens, la Fédération de Rus-
sie et les pays du Pacifique occidental. Pour certains pays (Algé-
rie, Afrique du Sud, Libye, Thaïlande), une sous-déclaration
paraît probable. Cependant, à l’horizon des années 2010, l’éra-
dication de la poliomyélite semble possible. Afin d’atteindre
cet objectif, l’OMS recommande, outre le maintien des pro-
grammes de vaccination et les campagnes de vaccination de
masse, la réalisation de journées nationales de vaccination. En
1988 et 1998, respectivement 21 et 117 pays ont organisé de
telles journées. L’action coordonnée de plusieurs pays a per-
mis de vacciner plus de 250 millions d’enfants en Chine et dans
les pays d’Extrême-Orient ; en Afrique, ces journées nationales,
actuellement en cours dans 36 pays, ont abouti à la vaccination
de plus de 85 millions de jeunes. En 1997, la couverture vac-
cinale avec trois doses de vaccin polio oral a été évaluée à 83 %
pour l’ensemble de la planète, mais de grandes disparités régio-
nales existent : en Afrique, elle serait de 53 %.
Une autre des stratégies recommandées par l’OMS est la sur-
veillance épidémiologique des PFA. Parmi les pays notifiant
des cas de poliomyélite, 90 % déclarent mensuellement les cas
de PFA. La déclaration d’au moins un cas de PFA pour
100 000 enfants de moins de 15 ans, qui est la fréquence
moyenne de PFA due aux entérovirus autres que le poliovirus,
témoigne d’une surveillance fiable. Afin d’évaluer la circula-
tion du poliovirus, la recherche d’excrétion fécale doit être
effectuée à partir de deux échantillons de selles. Ce dépistage
est pratiqué pour 80 % des patients présentant une PFA (50 %
en Afrique en 1998). Après la certification mondiale à l’OMS
de l’absence de poliomyélite, l’avenir sera à l’arrêt de la vac-
cination.
Programmes nationaux de vaccination contre l’hépatite B
(F. Denis, CHU Dupuytren, Limoges)
L’évolution vers le portage chronique du virus de l’hépatite B
(VHB) est corrélée à l’âge de la contamination : respectivement
90 % et 70 % des nouveau-nés et des nourrissons infectés à
l’âge de 0 à 6 mois développent une forme chronique sans
ictère, alors que 8 à 10 % des sujets contaminés à l’âge adulte
évoluent vers une hépatopathie chronique. Ainsi, dans le monde,
parmi les 2 milliards de personnes infectées, on estime à
350 millions le nombre de porteurs chroniques et à 2 millions
le nombre de décès annuels. En France, l’évolution vers les
formes chroniques concerne 150 000 personnes et provoque
1000 décès annuels.
Suivant les recommandations de l’OMS, la France a mis en
place, dès 1994, un programme de vaccination généralisée
contre l’hépatite B vis-à-vis de personnes à risque, des nour-
rissons et des préadolescents, suivant en cela les États-Unis, le
Canada et l’Italie. La vaccination des enfants dès le plus jeune
âge permet d’obtenir une immunité de longue durée sans que
des rappels vaccinaux soient nécessaires à l’âge adulte, même
si le taux d’anticorps anti-HBs est inférieur au seuil protecteur
de 10 UI/l. En France, en 1997, 30 % des nourrissons et 86 %
des enfants âgés de 13 à 15 ans ont été vaccinés ; en Italie, la
vaccination systématique des nourrissons a concerné 90 %
d’entre eux. Mais la réalisation de ce programme a été entra-
vée par la campagne médiatique déclenchée à propos du risque
non démontré d’affections démyélinisantes après vaccination
contre l’hépatite B avec la suspension de la vaccination des pré-
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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 9 - novembre 1999
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