Liste des citoyens morts au champ d'honneur
De la tribu Erechthéide,
sont morts à la guerre à Chypre, en Egypte,
en Phénicie, à Halieis, à Egine, à Mégare,
la même année.
Résumé
Sous cet intitulé sont énumérés les noms de plus de 170 morts (dont deux généraux
[stratèges], lignes 5 et 63 à gauche, et un devin, ligne 65 à gauche.
Les institutions athéniennes
Les citoyens d'Athènes étaient partagés entre dix tribus (phylai). Depuis les réformes
de Clisthènes, vers 508 avant J.-C., cette répartition constituait le fondement de la
démocratie athénienne. Ici, la première ligne donne le nom de l'une de ses tribus : la
tribu Erechthéide, qui, comme toutes les tribus athéniennes porte le nom d'un héros
éponyme fondateur, Erechthée, considéré comme un des premiers rois d'Athènes.
Les morts évoqués sont donc tous des citoyens.
Le contexte historique
Habituellement, sur les "monuments aux morts" athéniens, les noms des morts de
toutes les tribus étaient groupés sur une même stèle ou sur plusieurs jointives. La
présente liste, consacrée aux morts d'une seule tribu, s'explique probablement par la
gravité exceptionnelle de la "saignée" subie cette année-là.
Les campagnes auxquelles l'intitulé fait allusion sont évoquées par l'historien du Ve
siècle avant J.-C., Thucydide (I, 104-105). On mesure la dispersion géographique
des champs de bataille où combattaient alors les Athéniens, qui étaient intervenus
jusqu'en Egypte pour appuyer une révolte locale contre le roi de Perse. En effet, aux
lendemains des guerres médiques (490 - 479 avant J.-C.), Athènes constitua une
ligue de défense contre les Perses, la ligue de Délos, formée en 478, qui lui permit
d'asseoir une véritable hégémonie en mer Egée. Cette politique gêna les intérêts de
Sparte et de ses alliés péloponnésiens, d'où des interventions à Halieis (près
d'Epidaure) et à Mégare cette même année. Thucydide explique ainsi les origines de
la guerre du Peloponnèse qui, de 431 à 404, voit l'affrontement entre les deux
systèmes d'alliances.