Télécoms (opérateurs)
Jeudi 30 Janvier 2014
CONSOLIDATION EN FRANCE : LES LIGNES BOUGENT ENFIN
Les faisceaux convergent vers une consolidation des Télécoms en France
depuis la fin du T4 chez de nombreuses parties prenantes. Suite à différents
contacts industriels et politiques, nous voyons les lignes bouger : i/ le
gouvernement (Élysée, Matignon et Ministère du redressement productif)
semble s’ouvrir à l’idée d’une consolidation, avec des exigences en termes
d’emplois et d’investissement (le gouvernement craint la mort d’un acteur) ; ii/
Bruxelles est plus ouvert aux consolidations intra-marché et devrait faire
jurisprudence en adoubant la consolidation du Mobile en Allemagne ; iii/ les
régulateurs français (Autorité de la Concurrence et Arcep) devraient rappeler
qu’ils ne sont pas attachés à un chiffre magique en termes de nombre d’acteurs
dans les Télécoms, a fortiori au moment où leur président ne devrait pas
reconduire leur mandat en 2014. Du côté des acteurs que nous percevons
comme acheteurs, le processus d’IPO d’Altice en janvier a été l’occasion pour
Patrick Drahi, son dirigeant, de souligner son vif intérêt pour un rachat de SFR
par Numericable dont Altice détient 40%. Du côté des acteurs que nous
percevons comme vendeurs, la prise de position de Martin Bouygues fin
décembre indiquant qu’il pourrait lancer la guerre des prix dans le Fixe est un
signe selon nous qu’il pourrait vendre Bouygues Telecom, au moment où la 4G
n’induit pas d’inflexion opérationnelle chez l’opérateur à l’EBIT et au FCF sous
pression.
Gouvernement : signes d’inflexion sur la consolidation,
pour peu que l’emploi et l’investissement perdurent
Le Gouvernement s’ouvre à l’idée d’une consolidation
Nous sentons les lignes bouger au sein du gouvernement, au sujet de la
consolidation des Télécoms en France. Certes, le message du
gouvernement reste encore à plusieurs facettes, la ministre Fleur Pellerin
indiquant le 16/01/14 : "Il est beaucoup trop tôt pour dire aujourd'hui que le
low-cost a gagné. Nous aviserons. Pour l'instant, il n'en est pas question."
Au-delà de cette déclaration laissant une porte s’entrouvrir, nous sentons
de nos contacts industriels et politiques que les lignes bougent au
gouvernement, y compris à Bercy, au Ministère du redressement productif.
Typiquement, Arnaud Montebourg entend "remettre de l'ordre" dans le
secteur des Télécommunications. Il a indiqué le 19 décembre 2013: "Cette
guerre des prix est ravageuse, elle pourrait faire un mort" et d’ajouter début
janvier "il est hors de question de laisser les prix s’effondrer dans le
secteur". En janvier, lors des vœux avec Fleur Pellerin, il indiquait : "Nous
voulons modérer les ardeurs des amoureux du low cost et préserver
l'équilibre économique du secteur. Nous attendons que les opérateurs
investissent 30 milliards d'euros ces prochaines années pour développer la
fibre optique [le très haut débit fixe]. S'ils ne le font pas eux, qui le fera ?".
Du côté du Ministère, on souligne ne pas souhaiter une concurrence
effrénée par les infrastructures, mais une nécessaire mutualisation pour
retrouver de la marge d’investissement. Un haut fonctionnaire de Bercy
aurait dit selon La Tribune du 16/01/14 : "on ne va pas laisser les acteurs
détruire le secteur, au détriment du très haut débit, de l’investissement et de
l’emploi. En cas de consolidation, vu les enjeux en termes de doublons et
d’emplois, il faudra trouver les meilleurs conditions. Il n’y a pas de chiffres
magiques." Nous comprenons également de contacts industriels que
Matignon serait ouvert à l’idée de la consolidation.