Le Syndrome d`H et la dynamique des langues en Belgique

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Communiqué de presse
Regards économiques n°42
Le Syndrome d’H et la dynamique des langues en Belgique
par Victor Ginsburgh1 et Shlomo Weber2
Les enquêtes menées par la Commission européenne en 2001 montrent que la Flandre est bien plus
multilingue que la Wallonie, ce qui est sans doute un fait bien connu, mais la différence est
considérable. Alors que 59 % et 53 % des Flamands connaissent le français ou l’anglais
respectivement, seulement 19 % et 17 % des Wallons connaissent le néerlandais ou l’anglais. Dans
une Europe de plus en plus multilingue, 57 % des Wallons déclarent connaître le français uniquement.
On dira que cela va mieux du côté des jeunes. A peine ! Si 12 % des Flamands de moins de 40 ans se
déclarent unilingues, ce pourcentage s’élève à 51 % dans la même classe d’âge en Wallonie. Le
syndrome d’H - du nom de ce personnage qui a signé le contrat Francorchamps sans très bien le
comprendre parce qu’il ne connaissait pas l’anglais - est plus répandu que ce qu’on pouvait croire, et
on est en droit de se demander s’il est compatible avec les déclarations de faire de la Wallonie une
technopole. Comment exporte-t-on si on ne parle pas la langue des pays importateurs, ou tout au
moins l’anglais qui devient, et ce pas nécessairement pour de bonnes raisons ou des raisons que l’on
aime, la langue internationale. Mais il n’y a pas que l’anglais. Nous vivons, que nous le voulions ou
non, dans un pays bilingue et nombreux sont ceux qui insistent sur la solidarité entre régions. Si le Sud
veut vraiment que le Nord reste solidaire, la moindre chose est de connaître sa langue, même si c’est
de façon imparfaite, même si le français est une langue plus internationale que le néerlandais et que la
logique économique induit naturellement plus de Flamands à apprendre le français que des
francophones à connaître le néerlandais.
Il faut reconnaître que ces questions ont été ouvertement posées dans le Plan Marshall. Les mesures
que celui-ci préconise vont certes dans la bonne direction, mais sont sans doute très insuffisantes pour
combler le retard dans un monde qui bouge très vite.
Pour votre information :
Le CORE (UCL) et ECARES (ULB) organisent une conférence ces 9 et 10 juin sur les langues en
Europe ("Challenges of Multi-Lingual Societies"). Le programme de la conférence ainsi que d’autres
informations pratiques sont disponibles à l’adresse Internet suivante :
http://164.15.69.62/ecare/ws/lingual/home.htm
1
Victor Ginsburgh est professeur de l’ULB et chercheur à ECARES (ULB) et au CORE (UCL).
2
Shlomo Weber est professeur au Département d’économie de la Southern Methodist University (Texas) et
chercheur au CORE (UCL) et au CEPR (Londres).
Institut de Recherches Economiques, IRES - Place Montesquieu 3, 1348 LOUVAIN-LA-NEUVE
Tél. 010/47.34.26 Fax : 010/47.39.45 Email : [email protected], [email protected]
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