Compte-rendu des 13 JNI es 1

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CONGRÈS
RÉUNION
Compte-rendu des 13es JNI1
Tours, du 13 au 15 juin 2012
A. Paugam*
pour tous les patients. La prévention repose sur la
cuisson des viandes (pour détruire les kystes) et la
lutte contre le péril fécal (pour éviter l’ingestion de
sporocystes).
Syndrome neurologique
postpaludisme (SNPP) :
une complication rare
du paludisme grave
Sarcocystose musculaire :
fièvre, myalgies
et hyperéosinophilie
au retour d’Indonésie
1 Journées nationales d’infectiologie.
* Laboratoire de parasitologie-mycologie, Centre de vaccination fièvre
jaune et consultations de médecine
tropicale, hôpital Cochin, Paris.
S. Ray et al. (Toulouse, abstract H-08) rapportent une
épidémie de sarcocystose musculaire survenue chez
10 voyageurs français ayant séjourné en Malaisie (île
de Pulau Tioman) en juillet et août 2011. La symptomatologie, apparue 2 à 6 semaines après leur
arrivée sur l’île, consistait en des myalgies (10 cas)
et de la fièvre (8 cas). Les patients présentaient tous
une hyperéosinophilie. Les sérologies parasitaires
étaient toutes négatives (trichinellose, toxocarose,
distomatose, cysticercose, filariose). Le diagnostic
de certitude, qui repose sur la mise en évidence du
parasite (Sarcocystis hominis) dans le muscle, a été
obtenu chez 2 touristes allemands.
La sarcocystose est une protozoose endémique en
Asie du Sud-Est. Le traitement n’est pas bien défini.
Habituellement, il associe albendazole et corticoïdes.
Dans cette observation, l’évolution a été favorable
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L. Sugers et al. (Paris, abstract H-06) rapportent
2 observations de SNPP. Il s’agissait de 2 hommes,
l’un de 28 ans, de retour de Madagascar (patient 1),
l’autre de 61 ans, de retour du Nigéria (patient 2).
Tous deux avaient consulté pour une fièvre et des
vomissements et présentaient un frottis sanguin
positif à Plasmodium falciparum (parasitémies
respectives de 9,5 % et 5,5 %). Ils ont été traités
par quinine i.v. Le patient 1 avait été hospitalisé en
réanimation en raison d’une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD). Les évolutions ont été
rapidement favorables, avec un retour à domicile
après 6 et 7 jours d’hospitalisation. Mais 12 jours
après sa sortie, le patient 1 a été réhospitalisé, pour
syndrome méningé et désorientation temporospatiale. Le frottis sanguin était négatif. La ponction
lombaire a permis de diagnostiquer une méningite lymphocytaire. Il en a été de même pour le
patient 2, qui a été réhospitalisé 7 jours après sa
sortie, avec un même tableau clinique (syndrome
méningé, désorientation, frottis négatif). Dans les
2 cas, l’IRM cérébrale injectée était normale. Les
2 patients ont été traités par aciclovir et amoxicilline
à doses méningées, puis, en l’absence de documentation microbiologique, par corticothérapie. À noter
que, pour le patient 1, le SNPP s’était compliqué
d’un état de mal épileptique, mais, dans les 2 cas,
l’évolution a été rapidement favorable (entre J2 et
J14), et à 6 mois aucun des patients ne présente de
séquelle neurologique.
Par une revue de la littérature, les auteurs ont
pu recenser 37 cas de SNPP publiés entre 1991
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et 2010. D’après ces données, le SNPP ne survient
qu’au décours d’un paludisme à P. falciparum. Il se
manifeste habituellement dans les 2 mois suivant
un paludisme grave. Les manifestations neuropsychiatriques vont du syndrome confusionnel à
l’état de mal épileptique. La ponction lombaire
met en évidence une méningite lymphocytaire.
L’IRM cérébrale et l’EEG peuvent être normaux ou
montrer des signes d’encéphalite. Dans tous les
cas décrits, l’évolution a été favorable, avec peu
ou pas de séquelles. En raison de la méconnaissance de la physiopathologie du SNPP, l’apport
de la corticothérapie, largement prescrite, reste
néanmoins à définir.
Fièvre au retour du Sénégal :
de l’intérêt d’une lecture
attentive du frottis sanguin
et de la PCR Borrelia
M. Maillet et al. (Grenoble, abstract F-06)
rapportent 5 cas de fièvre récurrente à tiques, tous
dus à la bactérie Borrelia crocidurae (4 contractées au Sénégal, 1 en Mauritanie). Les patients
avaient présenté de 1 à 5 épisodes fébriles avant
le diagnostic, mais le diagnostic n’avait été évoqué
que lors d’une lecture attentive du frottis, lors
d’une récurrence ou, majoritairement, dans le
cadre du diagnostic d’une méningite lymphocytaire. Il est à souligner que, dans tous les cas,
une fois le diagnostic suspecté, le frottis sanguin
a permis de mettre en évidence le spirochète. Le
diagnostic d’espèce avait été établi par une PCR
Borrelia sanguine suivie d’un séquençage. La PCR
n’était positive dans le LCR que pour 3 des 4 cas
présentant une méningite lymphocytaire. Pour tous
les patients, l’évolution a été favorable après une
antibiothérapie par doxycycline et/ou ceftriaxone
pendant 7 à 21 jours.
Les fièvres récurrentes dues à des tiques sont endémiques en Afrique de l’Ouest, dans les régions sahéliennes s’étendant de la Mauritanie jusqu’au Tchad.
L’incubation moyenne est de 7 jours (1-21 jours).
Les accès fébriles (1-14 jours) sont suivis d’apyrexies
d’environ 1 semaine (1-63 jours). En l’absence de
traitement, les récurrences peuvent aller de 3 à 20.
La sensibilité du frottis à la recherche des Borrelia
est estimée à 50-70 % ; aussi les auteurs insistentils sur l’intérêt de la PCR dans le sang et le liquide
céphalorachidien en cas de suspicion diagnostique
et de frottis négatif.
Fièvre jaune : conséquences
de la vaccination chez les
patients sous corticothérapie
systémique ne contreindiquant pas le vaccin
S. Kernéis et al. (Paris, abstract COL-02-03), par
une étude prospective, se sont intéressés à la tolérance et à l’immunogénicité du vaccin contre la fièvre
jaune en cas de corticothérapie systémique autorisant le vaccin (dose < 20 mg/j ou prescrite pour
moins de 15 jours). Trente-quatre voyageurs sous
corticoïdes ont été comparés à 64 témoins appariés
sur l’âge et la notion d’une vaccination antérieure. La
tolérance était évaluée par un questionnaire rempli
par le patient dans les 10 jours suivant la vaccination.
Les patients sous corticoïdes (durée médiane de
10 mois et dose médiane de 7 mg/j) ont présenté
plus de réactions locales modérées ou sévères que
les témoins (12 % versus 2 %), mais la fréquence des
réactions systémiques n’était pas significativement
différente entre les groupes.
Pour les 20 patients sous corticoïdes pour lesquels
les anticorps ont été testés, les titres étaient tous
protecteurs (> 10 UI).
Quelle est la persistance
des anticorps neutralisants
de la fièvre jaune plus de 10 ans
après la vaccination ?
V. Breind-Godet et al. (Nantes, abstract H-04)
ont voulu déterminer la durée de protection du
vaccin contre la fièvre jaune au-delà des 10 ans de
rappel. Pour ce faire, ils ont rétrospectivement inclus
113 patients ayant eu une sérologie plus de 10 ans
après la dernière injection du vaccin. Le délai médian
entre la sérologie et la dernière injection était de
14 ans (10-45 ans). Dans 94,7 % des cas, des anticorps protecteurs étaient détectés (taux > 10 UI). Six
patients n’étaient pas protégés : dans 2 cas, ils étaient
immunodéprimés, dans 1 cas, la réalité de la vaccination n’était pas établie, dans 1 cas, la vaccination
datait de plus de 45 ans, et, enfin, pour les 2 derniers
cas, les patients étaient âgés de plus de 80 ans.
La persistance des anticorps va bien au-delà des
10 ans suivant la vaccination, mais il semble bien
qu’un âge avancé, une immunodépression et un
délai supérieur à 40 ans concourent à la perte de
cette protection.
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La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVII - n° 5 - septembre-octobre 2012 | 193
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