
- l'intensité de la douleur évaluée par le patient sur
une échelle visuelle analogique de 100 mm (EVA),
- la mobilité cervicale mesurée avec un mètre ruban,
en flexion, en extension (distance menton sternum) et en
rotations (distances menton acromion),
- le traitement médicamenteux symptomatique réelle-
ment pris à cette date. Les doses d'AINS étaient
comparées en utilisant une table d'équivalence (30). Les
doses d'antalgiques étaient calculées en totalisant le
nombre de comprimés absorbés,
- la mesure de la sensibilité kinesthésique cervicale.
L'habileté à replacer la tête sur le tronc après un
mouvement actif dans un plan horizontal était mesurée
par un test clinique (TRC) décrit dans une précédente
étude (22).
Description : Le patient était assis face à une cible, la
tête droite, la vision occultée par des lunettes opaques et
portant sur la tête un casque muni d'un pointeur
lumineux. La distance entre le pointeur lumineux du
casque et les graduations de la cible était calculée de
manière à obtenir une conversion aisée en degrés
angulaires de l'écart en centimètres. L'écart mesurait la
distance entre le zéro (ou centre) de la cible et la projection
du faisceau lumineux sur la cible après réalisation de
l'exercice.
La position de la cible était choisie en plaçant le zéro
(ou centre) de la cible sur la projection du faisceau
lumineux dans la position céphalique de référence choisie
par le patient.
Après un effort de concentration cérébrale pour
mémoriser la position, le patient effectuait une rotation
horizontale d'amplitude maximum de la tête et essayait
de retrouver la position initiale avec le maximum de
précision. Ceci était réalisé sans indication de vitesse. La
distance entre la position du faisceau lumineux et le zéro
de la cible quantifiait l'erreur de repositionnement. Dix
essais étaient réalisés en rotation gauche et dix essais en
rotation droite. La valeur moyenne définissait la capacité
kinesthésique cervicale.
2) Test à10 semaines (S10)
Étaient notés :
- l'intensité de la douleur sur l'EVA de 100 mm,
- la consommation moyenne d'AINS et d'antalgiques
pendant la période d'étude,
- la mobilité cervicale en flexion-extension et en
rotations,
- la mesure de la sensibilité kinesthésique cervicale,
- l'auto-évaluation globale du patient sur l'améliora-
tion fonctionnelle (très amélioré, amélioré, un peu
amélioré, identique, aggravé).
Critères d'évaluation et échantillonnage
Le principal critère à évaluer était le changement dans
la sensibilité kinesthésique cervicale après 10 semaines de
rééducation oculo-cervicale chez des patients cervicalgi-
ques. Comme il n'y avait pas de précédent sur l'évolution
Ann. Kinésithér., 1995, t. 22, nO 6 243
spontanée de ce paramètre (valeur moyenne, variance),
nous n'avons pas pu calculer la taille de l'échantillon.
Nous avons donc opté arbitrairement pour un échantillon
de 30 patients par groupe.
En complément, la valeur moyenne de base de la
population pouvait nous permettre de confirmer les
valeurs trouvées dans une précédente étude.
Procédure de rééducation
L'objet du programme de rééducation était d'améliorer
la sensibilité kinesthésique et en même temps de diminuer
le syndrome douloureux et la gêne fonctionnelle. Nous
avions délibérément négligé les exercices de renforcement
musculaire ou à visée antalgique (même le massage était
réduit à 5 minutes) pour privilégier un programme de
rééducation sensori-motrice.
Ce programme était conduit par deux kinésithérapeutes
assurant 15 séances individuelles de rééducation, et ce à
raison de deux séances par semaine pendant 8 semaines.
Tous les exercices étaient basés sur le couplage
fonctionnel oculo-cervical.
TRAVAIL PRÉPARATOIRE AU DÉCOUPLA GE
OCULO-CERVICAL
Patient en décubitus, kinésithérapeute placé à la tête.
Exercice 1
Le kinésithérapeute effectuait un massage cervical de
5 minutes abordant les muscles paravertébraux, les
trapèzes et le plan musculaire antérieur.
Exercice 2
Le patient effectuait un travail des muscles cervicaux
à partir des muscles oculaires. Il portait, sans bouger la
tête, le regard au maximum de l'amplitude de mobilité
oculaire vers la droite, vers la gauche, vers le front, puis
enfin vers les pieds. Ceci, 3 fois de suite dans chaque
direction (fig. 1). Puis l'exercice était répété les paupières
fermées.
Exercice 3
Le kinésithérapeute mobilisait passivement le rachis
cervical en rotation et en flexion-extension. Le patient
maintenait pendant ce temps son regard dans la direction
d'une cible placée à la verticale du visage (fig. 2). Le même
exercice était répété les paupières fermées après mémorisa-
tion de la position de la cible.